Collection:
GA186 - Œuvres
complètes de Rudolf Steiner :
CHANGEMENTS SPIRITUELS ET SOCIAUX DANS
L'ÉVOLUTION HUMAINE
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La signification de la
science de l'initiation pour
la saisie des réalités de la
vie
PREMIÈRE CONFÉRENCE
Dornach, le 9 janvier 1920
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Die
Bedeutung der Wissenschaft
von der Initiation für die
Erfassung der
Lebenswirklichkeiten
ERSTER VORTRAG
Dornach,
9. Januar 1920
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Les
références Rudolf Steiner Œuvres
complètes ga 196 009-022 1992 09/01/1920 |
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Traducteur:
FG v.01 08/04/2022 |
Editeur: SITE |
Il ressort des observations qui ont
été faites ici avant mon départ, et
même de ce que j'appellerais le texte
de base des conférences publiques,
qu'il est en quelque sorte "lu" dans
le sens de l'histoire de l'évolution
humaine, comment doit intervenir, doit
absolument intervenir dans la vie
extérieure, dans tout ce qui devrait
être su et entrepris dans la vie
extérieure, la science de
l'initiation. Si l'on n'est pas
capable/en état aujourd'hui de
s'imprégner sérieusement de cette
vérité, alors on dort face aux
véritables exigences du temps. Ce
sommeil face aux véritables exigences
du temps est donc absolument le cas de
la plupart des humains actuels. On
doit en effet être clair à soi sur ce
que le présent pose à l'humanité des
questions auxquelles il est impossible
de répondre autrement qu'à partir de
la science de l'initiation. Il ne
s'agit pas seulement que donc une
science de l'initiation ait toujours
été là, en tous les temps à
l'intérieur de l'évolution de
l'humanité, qu'il y ait toujours eu,
dans une certaine mesure, des initiés
dans les événements et dans les forces
de l'existence/l'être-la, mais qu'il y
a aussi aujourd'hui de tels initiés
dans les fondements des événements et
dans les forces de l'être-là ;
seulement, comment cela se comporte
plus exactement avec cette chose, le
moins d'humains se font une
représentation ordonnée. Et en fait,
les humains d'aujourd'hui ne le
souhaitent pas du tout. Ils reculent
quand même de crainte devant ce que
l'on peut appeler la nécessité de
l'intervention de science initiée dans
la conscience du temps. On reçoit une
représentation de la gravité/du
sérieux de la situation actuelle
seulement si l'on observe la
différenciation de cette affaire de
par le monde civilisé. Car les choses
reposent toutes autres en rapport à
l'Orient, elles reposent toutes autres
en rapport à l'Occident. Et celui qui
croit aujourd'hui pouvoir s'en sortir
avec des jugements absolus, qui
devraient être valables pour tout, ne
vit pas dans la réalité, mais vit en
fait dans un monde abstrait. Mais il
est nécessaire que les choses soient
examinées encore et encore, de
différents points de vue, afin qu'au
moins en quelques personnes le sérieux
de la situation du temps soit propulsé
à la conscience.
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01
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Aus den
Betrachtungen, die hier angestellt
worden sind vor meiner Abreise, und
sogar aus dem, ich möchte sagen,
Grundtext der öffentlichen Vorträge
ist zu entnehmen, daß es
gewissermaßen «abgelesen» ist von
dem Sinn der menschlichen
Entwickelungsgeschichte, wie
einzugreifen hat, unbedingt
einzugreifen hat in das äußere
Leben, in all dasjenige, was im
äußeren Leben gewußt und unternommen
werden soll, die Wissenschaft von
der Initiation. Wenn man nicht
imstande ist, heute in vollem Ernste
sich zu durchdringen mit dieser
Wahrheit, dann schläft man gegenüber
den eigentlichen Zeitforderungen.
Dieses Schlafen gegenüber den
eigentlichen Zeitforderungen ist ja
bei den meisten Menschen der
Gegenwart eben durchaus der Fall.
Man muß sich nämlich darüber klar
sein, daß die Gegenwart an die
Menschheit Fragen stellt, die anders
nicht zu beantworten sind als aus
der Wissenschaft der Initiation
heraus. Dabei handelt es sich nicht
nur darum, daß ja eine Wissenschaft
der Initiation zu allen Zeiten
innerhalb der
Menschheitsentwickelung da war, daß
es zu allen Zeiten gewissermaßen
Eingeweihte in die Ereignisse, in
die Kräfte des Daseins gegeben hat,
sondern es handelt sich darum, daß
es auch heute solche Eingeweihte in
die Ereignisgründe und in die Kräfte
des Daseins gibt; allein wie es sich
im Genaueren mit dieser Sache
verhält, davon machen sich die
wenigsten Menschen eine ordentliche
Vorstellung. Und eigentlich möchten
das die Menschen der Gegenwart gar
nicht. Sie scheuen eigentlich doch
zurück vor dem, was man nennen kann
die Notwendigkeit des Eingreifens
initiierter Wissenschaft in das
Bewußtsein der Zeit. Man bekommt von
dem Ernste der Zeitlage nur dann
eine Vorstellung, wenn man die
Differenzierung dieser Angelegenheit
über die zivilisierte Welt hin
beobachtet. Denn die Dinge liegen
ganz anders mit Bezug auf den Osten,
sie liegen ganz anders mit Bezug auf
den Westen. Und wer heute glaubt,
mit absoluten Urteilen, die für
alles gelten sollen, auskommen zu
können, der lebt nicht in der
Wirklichkeit, sondern der lebt
eigentlich in einer abstrakten Welt.
Aber notwendig ist es, daß die Dinge
immer wieder und wiederum von
verschiedenen Gesichtspunkten aus
betrachtet werden, damit wenigstens
in einigen Leuten der Ernst der
Zeitlage zum Bewußtsein getrieben
werde.
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Si l'on jette d'abord un coup d'œil
sur l'Occident/l'ouest, de préférence
sur le monde de la population
terrestre anglophone/parlant anglais,
aujourd'hui le jugement public et ce
qui émane du jugement public pour les
événements extérieurs ne dépend pas
seulement, à l'intérieur de cette
population anglophone, de ce que - je
veux m'exprimer aujourd'hui une fois
de façon très décidée - les
non-initiés rêvent et présentent comme
des idéaux de vie. Tout de suite dans
le domaine de la population
anglophone, il est disponible d'un
côté un contraste énorme entre ce qui
apparait comme des idées dans la
conscience publique extérieure et ce
que pensent, derrière les coulisses de
l'histoire mondiale, ceux qui ont été
ou sont réellement initiés aux
événements du cours du monde.
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02
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Wenn man
zunächst auf den Westen blickt,
vorzugsweise auf die Welt der
englischsprechenden
Erdenbevölkerung, so ist heute das
öffentliche Urteil und dasjenige,
was herausfließt aus dem
öffentlichen Urteil für die äußeren
Geschehnisse, für die äußeren
Ereignisse, innerhalb dieser
englischsprechenden Bevölkerung
nicht etwa bloß abhängig von dem,
was — ich will mich heute einmal,
ich möchte sagen, ganz dezidiert
ausdrücken — die Uneingeweihten
träumen und als Lebensideale
hinstellen. Gerade im Gebiete der
englischsprechenden Bevölkerung ist
auf der einen Seite ein gewaltiger
Gegensatz vorhanden zwischen dem,
was so im öffentlichen äußeren
Bewußtsein als Ideen vorkommt, und
dem, was hinter den Kulissen der
Weltgeschichte diejenigen meinen,
die in die Ereignisse des
Weltenganges wirklich eingeweiht
waren oder sind.
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Car si l'on prend ainsi la
conscience générale telle qu'elle
s'exprime dans ces régions de la terre
civilisée, d'abord dans les meilleures
aspirations, dans les meilleures
publications publiques, nous pouvons
dire qu'il y a là une sorte d'idéal
d'une certaine humanité, d'un travail
de l'humanité vers une certaine
humanité, vers un regroupement des
efficacités humaines sous le point de
vue de l'humanité, de l'installation
d'institutions qui se placent au
service de l'humanité. Nous voulons
faire abstraction de tout ce qui est
abondance d'eaux troubles et
mensongères ; nous voulons regarder ce
qui, dans la vie publique, est le
meilleur, ce qui vient des
non-initiés. Il s'agit d'une certaine
aspiration à rassembler les hommes
sous le point de vue de l'humanité. -
Derrière cette aspiration extérieure
se trouve le savoir des initiés, le
savoir des initiés qui donnent le ton.
Et sans que le public le sache, sans
que le public ait l'occasion de se
procurer un savoir suffisant des
choses absolument, les jugements, les
forces directrices de la part de
certains cercles d'initiés coulent
dans l'opinion publique et dans le
cours en dépendant des événements, des
actes extérieurs.
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03
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Denn wenn man so
das allgemeine Bewußtsein nimmt, wie
es sich in diesen Gegenden der
zivilisierten Erde ausdrückt,
zunächst in den besten Bestrebungen,
in den besten öffentlichen
Publikationen, so können wir sagen:
Es ist da vorhanden eine Art Ideal
von einer gewissen Humanität, von
einem Hinarbeiten der Menschheit
nach einer gewissen Humanität, nach
einem Zusammenfassen der
menschlichen Wirksamkeiten unter
dem Gesichtspunkte der Humanität,
von dem Installieren von
Institutionen, welche sich in den
Dienst der Humanität stellen. Wir
wollen absehen von alledem, was
reichlich vorhandene trübe,
lügnerische Wasser sind; wir wollen
sehen auf dasjenige, was im
öffentlichen Leben das Beste ist,
das von den Uneingeweihten kommt.
Das ist ein gewisses Streben, die
Menschen unter dem Gesichtspunkte
der Humanität zusammenzufassen. —
Hinter diesem äußeren Streben steht
das Wissen der Eingeweihten, das
Wissen der tonangebenden
Eingeweihten. Und ohne daß die
Öffentlichkeit das weiß, ohne daß
die Öffentlichkeit Gelegenheit dazu
hat, sich ein genügendes Wissen von
den Dingen überhaupt zu verschaffen,
fließen die Urteile, die
richtunggebenden Kräfte von seiten
gewisser eingeweihter Kreise in die
öffentliche Meinung und in den
davon abhängenden Gang der
Ereignisse, der äußeren Taten ein.
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Une société quelconque peut s'ouvrir
ici ou là avec de beaux programmes, de
beaux idéaux. Les gens peuvent
dégouliner d'idéalisme. Mais chez eux,
sans qu'ils le sachent, vit non
seulement ce dont ils parlent qui vit,
mais il y a des moyens et des chemins
pour laisser pénétrer dans toutes ces
choses ce que l'on veut laisser
pénétrer d'un certain côté, du côté
des initiés. Et c'est ainsi que dans
le dernier tiers du XIXe siècle, au
début du XXe siècle - nous voulons
d'abord nous arrêter à ces choses et
ne pas revenir en arrière -, les
humains bien intentionnés, mais
non-initiés, qui rêvaient de toutes
sortes de beaux idéaux, se sont réunis
pour réaliser ces beaux idéaux en
s'associant dans des sociétés, mais
que derrière cette activité/propulsion
se trouve des initiés, ces initiés
qui, dans les années quatre-vingt -
comme nous l'avons dit, nous ne
voulons pas revenir plus en arrière -
du XIXe siècle, parlaient de ce qu'une
guerre mondiale devait venir qui
donnerait un tout autre visage aux
États européens du Sud et de l'Est.
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04
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Es kann sich da
oder dort irgendeine Gesellschaft
auftun mit schönen Programmen,
schönen Idealen. Die Leute können
von Idealismus nur so triefen. Aber
es lebt bei ihnen, ohne daß sie es
wissen, nicht nur dasjenige, wovon
sie reden, sondern es gibt Mittel
und Wege, um in alle diese Dinge
eindringen zu lassen dasjenige, was
man von einer gewissen Seite, von
seiten der Eingeweihten, eindringen
lassen will. Und so ist es denn
gekommen, daß im letzten Drittel des
19. Jahrhunderts, im Beginne des
20. Jahrhunderts — wir wollen
zunächst bei diesen Dingen
stehenbleiben und nicht weiter
zurückgehen —, die gutmeinenden
Menschen, die aber uneingeweiht
waren, die von allen möglichen
schönen Idealen träumten, sich
zusammentaten, um diese schönen
Ideale durch Vereinigung in
Gesellschaften zu verwirklichen, daß
aber hinter diesem Treiben
Eingeweihte stehen, jene
Eingeweihten, welche in den
achtziger Jahren — wie gesagt, wir
wollen nicht weiter zurückgehen —
des 19. Jahrhunderts davon
sprachen, daß ein Weltkrieg kommen
müsse, der vor allen Dingen den
europäischen Südstaaten und dem
europäischen Osten ein ganz anderes
Antlitz geben müsse.
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Si l'on est en situation de suivre
ce qui a été enseigné et dit sur ce
champ à l'intérieur des cercles des
initiés, alors on sait que l'on a
prédit avec une grande certitude les
choses qui se sont déversées sur le
monde civilisé au cours des cinq
dernières années, comme des choses
terribles et épouvantables. Toutes ces
choses n'étaient pas du tout un secret
pour les initiés de la population
anglophone, et à travers toutes les
discussions, va la divergence suivante
: d'un côté, de beaux idéaux
exotériques, l'idéal de l'humanité
avec les croyances réelles en cet
idéal de l'humanité dans les formes
les plus diverses du côté des
non-initiés ; de l'autre côté, la
doctrine, la doctrine consciente,
strictement soutenue, selon laquelle
tout ce qui est culture romane,
culture d'Europe centrale, doit
disparaître de la civilisation
moderne, que ce qui est la culture de
la population anglophone doit
prédominer, parvenir à la domination
mondiale.
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05
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Wenn man in der
Lage ist, zu verfolgen, was
innerhalb der Kreise der
Eingeweihten auf diesem Felde
gelehrt und gesprochen worden ist,
dann weiß man, daß da mit einer
großen Sicherheit vorausgesagt
worden sind die Dinge, die als die
schrecklichen, furchtbaren Dinge in
den letzten fünf Jahren sich über
die zivilisierte Welt ergossen
haben. Alle diese Dinge waren den
Eingeweihten der englischsprechenden
Bevölkerung durchaus nicht etwa ein
Geheimnis, und durch alle
Erörterungen hindurch geht die
folgende Diskrepanz: Auf der einen
Seite schöne exoterische Ideale,
das Ideal der Humanität mit dem
wirklichen Glauben an dieses Ideal
der Humanität in den verschiedensten
Formen von seiten der
Uneingeweihten; auf der andern Seite
die Lehre, die bewußte, streng
vertretene Lehre, daß alles
dasjenige verschwinden müsse aus der
modernen Zivilisation, was
romanische, was mitteleuropäische
Kultur ist, daß prädominieren müsse,
zur Weltherrschaft gelangen müsse,
was die Kultur der
englischsprechenden Bevölkerung ist.
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Quand ces choses sont prononcées
maintenant, ainsi elles ont beaucoup
plus de poids que si elles avaient été
prononcées il y a vingt ans, pour la
simple raison qu'il y a vingt ans, on
pouvait dire aux gens qui prononçaient
ces choses : maintenant oui, vous
entendez l'herbe pousser. -
Aujourd'hui, on peut faire remarquer
qu'une grande partie de ce qui a été
dit dans les cercles d'initiés s'est
réellement réalisée.
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06
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Wenn diese Dinge
jetzt ausgesprochen werden, so haben
sie viel mehr Gewicht, als wenn sie
vielleicht vor zwanzig Jahren
ausgesprochen worden sind, aus dem
einfachen Grunde, weil man vor
zwanzig Jahren den Leuten, die die
Sache aussprachen, sagen konnte: Nun
ja, Ihr hört das Gras wachsen. —
Heute kann man darauf hinweisen, daß
ja ein großer Teil von all dem, was
da ausgesprochen worden ist
innerhalb der Eingeweihtenkreise,
wirklich zur Realisierung gekommen
ist.
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Je parle avec autant de prudence que
possible, pour ne pas m'écarter d'une
manière ou d'une autre de la
représentation des faits. Mais cette
présentation de la réalité pure, c'est
quelque chose d'extrêmement
inconfortable pour la majorité des
humains contemporains. Ils aimeraient
s'en débarrasser, ils aimeraient ne
pas la laisser s'approcher d'eux. De
nos jours, il y a quelque chose de
tellement incendiaire pour la volonté
de l'âme lorsque l'on cultive le
nationalisme de telle ou telle
manière, lorsque l'on parle de la
Société des Nations, du rétablissement
des anciennes institutions nationales
et ainsi de suite. Les humains
aimeraient absolument encore ne pas
savoir justement aujourd'hui que nous
sommes dans le présent au cœur d'une
terrible crise de l'humanité.
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07
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Ich spreche so
vorsichtig, als es möglich ist, um
ja nicht irgendwie abzuweichen von
der Darstellung des rein
Tatsächlichen. Aber diese
Darstellung des rein Tatsächlichen,
das ist ja der Mehrzahl der
Gegenwartsmenschen etwas
außerordentlich Unbequemes. Sie
möchte es so abstreifen, sie möchte
es nicht an sich herankommen lassen.
Es ist ja in der Gegenwart etwas so
sehr die Seelenwollust Anfeuerndes,
wenn man den Nationalismus in dieser
oder jener Weise pflegt, wenn man
vom Völkerbund spricht, von der
Wiederaufrichtung altheiliger
nationaler Institutionen und so
weiter. Daß wir in der Gegenwart in
einer furchtbaren Menschheitskrisis
drinnen sind, das möchten die
Menschen heute eben durchaus noch
nicht wissen.
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Nous avons avec cela souligné en
quelques mots l'écart entre ce que les
non-initiés en Occident savent et ce
qui, sans qu'ils le sachent, palpite
dans leurs décisions. On peut donc
vraiment en premier savoir comment on
est intégré en tant qu'humain dans ce
qui se passe lorsqu’on s'efforce
d'apprendre à connaître ce qui est là
dans le monde, si l'on ne se laisse
pas propulser/motiver et pousser, mais
quand l'on essaie de trouver les
moyens et les chemins qui rendent
vraiment possible la liberté de la
volonté.
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08
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Nun haben wir
damit mit einigen Worten auf die
Diskrepanz hingewiesen zwischen
dem, was die Uneingeweihten im
Westen wissen, und dem, was, ohne
daß sie es wissen, pulst in ihren
Entschlüssen. Man kann ja wirklich
erst dadurch wissen, wie man als
Mensch eingegliedert ist in das, was
geschieht, wenn man sich bemüht, das
kennenzulernen, was da ist in der
Welt, wenn man sich nicht treiben
und stoßen läßt, sondern wenn man
versucht, Mittel und Wege zu finden,
die wirklich Freiheit des Willens
möglich machen.
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Et si l'on voit vers l'Orient :
par-dessus tout l'Orient, il y a aussi
cette dichotomie entre les initiés et
les non-initiés. Comment parlent là
les non-initiés ? - En Orient, ces
non-initiés parlent un peu comme
Rabindranath Tagore. Rabindranath
Tagore est un merveilleux idéaliste de
l'Orient, un homme qui a des idéaux
extraordinairement incisifs à
représenter. Tout est beau dans ce
qu'il exprime extérieurement. Mais
tout ce qui émane là de Tagore est
justement le discours d'un humain non
initié. Ceux qui sont initiés en
Orient parlent autrement, ou plutôt,
selon l'ancienne coutume de l'Orient,
ils ne parlent pas du tout. Ils ont
d'autres chemins d'amener à
l'efficacité, à l'efficacité sociale,
ce qu'ils veulent en fait. Ils veulent
obtenir que maintenant, non d'un
quelque côté de la domination
mondiale, soit ambitionné, car ils
sont clairs à soi - ils croient être
clairs - sur ce que s'il existe encore
un quelque rapport de domination sur
la terre, ce ne peut être que celui de
l'humanité anglo-américaine. Mais ils
ne le veulent pas. C'est pourquoi ils
veulent en fait laisser disparaître la
civilisation de la Terre. Ils sont en
effet familiers à un haut degré avec
le monde spirituel, et ils sont
convaincus que l'humanité progresse
mieux si elle se soustrait aux
incarnations terrestres suivantes. Ils
veulent donc travailler à ce que les
hommes se soustraient aux incarnations
suivantes. Pour ces initiés de
l'Orient, les résultats du léninisme
n'auront rien d'effrayant, car ces
initiés de l'Orient se disent : si ces
institutions du léninisme se répandent
de plus en plus sur la terre, c'est le
moyen le plus sûr de faire sombrer la
civilisation terrestre. Or, c'est tout
de suite ce qui sera favorable aux
humains qui, par leur incarnation
jusqu'à présent, se sont procuré la
possibilité de continuer à vivre sans
la Terre.
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09
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Und wenn man
nach dem Osten sieht: über den
ganzen Osten hin gibt es auch diesen
Zwiespalt zwischen Eingeweihten und
Uneingeweihten. Wie reden da die
Uneingeweihten ? — Diese
Uneingeweihten reden da im Osten
etwa so wie Rabindranath Tagore.
Rabindranath Tagore ist ein
wunderbarer Idealist des Ostens, ein
Mensch, der außerordentlich
einschneidende Ideale zu vertreten
hat. Alles ist schön an dem, was er
äußerlich zum Ausdruck bringt. Aber
alles, was da von Tagore ausgeht,
ist eben die Rede eines
uneingeweihten Menschen. Diejenigen,
die im Orient eingeweiht sind, die
reden anders, beziehungsweise nach
der alten Gepflogenheit des Orients:
Sie reden gar nicht. Sie haben
andere Wege, um dasjenige in
Wirksamkeit, in soziale Wirksamkeit
zu bringen, was sie eigentlich
wollen. Sie wollen erreichen, daß
nun nicht von irgendeiner Seite
Weltherrschaft angestrebt werde,
denn sie sind sich klar darüber —
sie glauben, sich klar darüber zu
sein — daß, wenn es noch irgendein
Herrschaftsverhältnis auf der Erde
gibt, dieses nur sein kann das der
englisch-amerikanischen Menschheit.
Das wollen sie aber nicht. Deshalb
wollen sie eigentlich die
Zivilisation der Erde verschwinden
lassen. Sie sind ja im intensivsten
Grade bekannt mit der spirituellen
Welt, und sie sind der Überzeugung,
daß die Menschheit besser
fortkommt, wenn sie sich den
folgenden irdischen Inkarnationen
entzieht. Sie wollen daher daran
arbeiten, daß die Menschen sich den
folgenden Inkarnationen entziehen.
Für diese Eingeweihten des Orients
werden die Ergebnisse des Leninismus
nichts Schreckhaftes haben, denn
diese Eingeweihten des Orients sagen
sich: Wenn diese Institutionen des
Leninismus sich immer mehr und mehr
über die Erde verbreiten, so ist das
der sicherste Weg, die
Erdenzivilisation zugrunde zu
richten. Das aber wird gerade für
die Menschen das Günstige sein, die
durch ihre bisherige Inkarnation
sich die Möglichkeit verschafft
haben, weiter fortzuleben ohne die
Erde.
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Quand on parle de telles choses aux
Européens, ils tiennent cela pour un
paradoxe. À l'intérieur des cercles
d'initiés orientaux, on parle de ces
choses comme l'Européen, dans sa
déraison analytique, parle de ce que
la soupe aux pois a un goût différent
de la soupe au riz ; car pour eux, ce
sont des réalités qui n'ont absolument
pas besoin de reposer en dehors du
domaine de ces discussions
quotidiennes. Si l'on considère la
constitution du monde civilisé
d'aujourd'hui et que l'on veut
vraiment la comprendre, il ne faut pas
oublier que ces choses viennent de
l'Est et de l'Ouest et qu'elles ont
une influence sur notre civilisation
actuelle. Et l'on ne peut pas
travailler dans le sens du progrès
humain à l'heure actuelle autrement
qu'en ayant une perception complète de
ces influences sur le cours de
l'évolution de l'humanité. La vie
extérieure, telle qu'elle se présente,
est-elle donc le reflet de ce que les
humains croient exotériquement, de ce
que pensent les humains qui se
laissent seulement dominer par la
science des non-initiés ?
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10
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Wenn man den
Europäern von solchen Dingen
spricht, so halten sie das für
Paradoxie. Innerhalb der Kreise der
orientalischen Eingeweihten redet
man von diesen Dingen so, wie der
Europäer in seinem Unverstand davon
redet, daß Erbsensuppe anders
schmecke als Reissuppe; denn für sie
sind das Realitäten, die durchaus
nicht außerhalb des Bereiches
dieser alltäglichen Erörterungen zu
liegen brauchen. Wenn man die
Verfassung der heutigen
zivilisierten Welt betrachtet und
sie wirklich verstehen will, dann
darf man nicht außer acht lassen,
daß vom Osten und Westen diese Dinge
in unsere gegenwärtige Zivilisation
hineinwirken. Und arbeiten im Sinne
des menschlichen Fortschrittes kann
man in der Gegenwart gar nicht
anders als mit einem vollständigen
Empfinden für diese Einflüsse auf
den Gang der
Menschheitsentwickelung. Das äußere
Leben, wie es sich darstellt, ist es
denn ein Abdruck desjenigen, was die
Menschen exoterisch glauben, was die
Menschen, die sich nur beherrschen
lassen von der Wissenschaft der
Uneingeweihten, meinen ?
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Pour celui qui veut étudier
sérieusement cette question, je lui
recommande de se choisir huit jours en
mai ou juin de l'année 1914 et des
articles de journaux, des livres de
mai ou juin 1914, et de se demander
quelle part d'esprit de réalité il y
trouve, c'est-à-dire, quelle part il y
trouve d'un savoir, qu'a germé au sein
de l'humanité civilisée, ce qui a
alors ensuite éclaté à partir du mois
d'août dans cette humanité civilisée.
Les non-initiés n'ont rien imaginé de
ces choses ! Justement aussi peu les
non-initiés se laissent aussi
aujourd'hui encore rêver de ce qui se
passe réellement. Mais les événements
de la vie extérieure ne sont pas le
reflet de la connaissance des
non-initiés. Il y a un grand écart
entre ce que les gens pensent et ce
qui se joue réellement dans la vie. On
devrait s'amener à la conscience cet
écart et se répondre
correctement/conformément à la
question : combien savent aujourd'hui
les non-initiés de la vie, de ce qui
régit/domine la vie ?
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11
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Wer diese Frage
ernstlich studieren möchte, dem
empfehle ich, bloß einmal sich acht
Tage auszusuchen im Mai oder Juni
des Jahres 1914 und Zeitungsartikel,
Bücher vom Mai oder Juni 1914 zu
lesen und sich zu fragen, wieviel
Wirklichkeitsgeist er darin findet,
das heißt, wieviel er darin findet
von einem Wissen, daß innerhalb der
zivilisierten Menschheit dasjenige
gekeimt hat, was dann vom August ab
in dieser zivilisierten Menschheit
ausgebrochen ist. Nichts haben sich
die Uneingeweihten von diesen Dingen
träumen lassen ! Ebensowenig lassen
sich die Uneingeweihten auch heute
noch träumen von dem, was eigentlich
vorgeht. Aber die Ereignisse des
äußeren Lebens sind keine
Abbildungen des Wissens der
Uneingeweihten. Es herrscht eine
starke Diskrepanz zwischen dem, was
die Leute meinen, und dem, was sich
im Leben wirklich abspielt. Diese
Diskrepanz sollte man sich zum
Bewußtsein bringen und sich die
Frage sachgemäß beantworten: Wieviel
wissen denn eigentlich die
Uneingeweihten heute vom Leben, von
dem, was das Leben beherrscht ?
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Les gens parlent sur la vie. Les
gens font des théories et des idéaux
et des programmes, mais sans connaître
la vie. Et quand une fois quelque
chose apparait qui est formé/façonné à
partir de la vie, alors les humains ne
le reconnaissent pas, alors ils
tiennent tout de suite cela pour des
théories ou pour des absurdités ou des
choses de ce genre. Pour la vie, les
influences de l'Occident et de
l'Orient ont une signification toute
différente. Cette différente
signification joue dans notre vie dans
le sens le plus éclatant pour celui
qui peut observer de telles choses.
Quand ce que l'on a en Occident comme
théories, comme programmes, comme
conceptions sociales devait dominer la
vie, il n'en sortirait rien, rien,
vraiment rien. S'il existe une
civilisation occidentale, si la vie
occidentale peut développer absolument
des institutions, ce n'est pas parce
que cette vie occidentale a des idées
comme celles de Spencer ou de Darwin
ou d'autres à la pensée plus sociale ;
car en réalité, il n'y a rien à faire
avec toutes ces théories et ces façons
de voir exotériques. Le fait que la
vie continue quand même, que la vie ne
se tienne pas silencieuse est
simplement dû à ce que de vieux
instincts traditionnels vivent dans la
population anglophone et que l'on
oriente la vie en fonction de ces
instincts et non des théories. Les
théories sont donc seulement une
décoration à travers laquelle on
prononce de belles paroles sur la vie.
Ce qui régit la vie, ce sont les
instincts, sont les instincts qui sont
propulsés à la surface depuis
l'inconscient de l'âme. C'est quelque
chose qui doit être observé et reconnu
dans le sens le plus sérieux.
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12
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Die Leute reden
über das Leben. Die Leute machen
Theorien und Ideale und Programme,
aber ohne das Leben zu kennen. Und
wenn einmal etwas auftritt, was aus
dem Leben heraus gestaltet ist, dann
erkennen das die Menschen nicht an,
dann halten sie gerade das für
Theorien oder für Absurditäten oder
dergleichen. Für das Leben haben nun
die Einflüsse des Westens und des
Ostens eine ganz verschiedene
Bedeutung. Diese verschiedene
Bedeutung spielt in unserem Leben im
eklatantesten Sinne mit für den, der
solche Dinge beobachten kann. Wenn
das, was man im Westen als Theorien,
als Programme, als soziale
Anschauungen hat, das Leben
beherrschen sollte, da käme nichts
heraus, gar nichts, wirklich gar
nichts. Daß es eine westliche
Zivilisation gibt, daß das westliche
Leben überhaupt Institutionen
entwickeln kann, das rührt nicht
davon her, daß dieses westliche
Leben solche Ideen hat, wie etwa
Spencer oder Darwin oder andere,
mehr sozial denkende Menschen
haben; denn mit all diesen
exoterischen Theorien und
Anschauungen ist in Wirklichkeit
nichts anzufangen. Daß das Leben
doch fortgeht, daß das Leben nicht
stillsteht, das rührt lediglich
davon her, daß alte traditionelle
Instinkte in der englischsprechenden
Bevölkerung leben und daß man nach
diesen Instinkten das Leben richtet,
nicht nach den Theorien. Die
Theorien sind ja nur eine
Dekoration, durch die man schöne
Worte über das Leben spricht.
Dasjenige, was das Leben regiert,
sind die Instinkte, die aus dem
Unbewußten der Seele an die
Oberfläche heraufgetrieben werden.
Das ist etwas, was in
allerernstestem Sinne beobachtet und
erkannt werden muß.
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Et si nous allons vers l'Est,
commençons ma foi par le Rhin, car
très vite, la vie du Rhin vers l'Est
ressemblera de plus en plus à celle de
l'Est. Regardons ce qui est disponible
à l'Est. Considérez-le d'abord
historiquement : à travers
l'Allemagne, à travers la Russie, et
même à travers l'Asie Mineure. Si vous
le considérez en Allemagne
historiquement, vous trouverez quelque
chose d'extraordinairement étrange.
Vous trouvez qu'ils avaient ces
esprits allemands comme Goethe, comme
Fichte, comme Schelling, comme Hegel,
comme Herder, mais qu'en réalité, ils
ne savent pas qu'ils ont eu de tels
esprits. À l'intérieur de l'Allemagne,
la civilisation était la propriété
d'une petite aristocratie de l'esprit.
Cette civilisation n'a jamais pris
place dans les cercles plus larges.
Goethe est resté une personnalité
inconnue pour d'autres cercles
allemands, même après 1862. Je dis
1862 parce qu'auparavant, il était
très difficile de trouver les œuvres
de Goethe en Allemagne. Elles
n'étaient pas encore libres, et les
Cotta ont fait en sorte qu'elles ne
puissent pas être trouvées facilement.
Depuis cette époque, elles sont libres
d'être imprimées. Elles sont certes
lues, mais elles n'ont jamais pénétré
dans la vie spirituelle réelle de
quelque chose comme une nation
allemande. C'est pourquoi les
Allemands commencent déjà par une
incertitude instinctive au plus haut
degré. Face à ces puissances
spirituelles qui interviennent
intensément et qui rayonnent d'un
Herder, d'un Goethe, d'un Fichte, face
à ces pulsions de vie déterminées, il
y a ce que l'on peut appeler une
insécurité instinctive au plus haut
degré, une insécurité instinctive pour
la raison que dans ces régions les
instincts ne sont pas restés
conservateurs. Dans l'ouest, ils sont
restés plus conservateurs. Ici, ils ne
sont pas restés conservateurs, mais
ils n'ont pas non plus été renouvelés,
ils n'ont pas été imprégnés de ce que
la substance spirituelle aurait pu
leur donner.
|
13
|
Und gehen wir
nach dem Osten, beginnen wir
meinetwillen diesen Osten schon beim
Rhein, denn sehr bald wird das Leben
vom Rhein ostwärts dem Osten immer
mehr und mehr ähnlich werden.
Schauen wir uns das an, was da im
Osten vorhanden ist. Betrachten Sie
es zunächst historisch: durch
Deutschland, durch Rußland, selbst
noch durch Vorderasien. Wenn Sie es
in Deutschland historisch
betrachten, so finden Sie etwas
außerordentlich Merkwürdiges. Sie
finden, daß diese Deutschen Geister
hatten wie Goethe, wie Fichte, wie
Schelling, wie Hegel, wie Herder,
daß sie aber eigentlich in
Wirklichkeit nichts davon wissen,
daß sie solche Geister gehabt haben.
Innerhalb Deutschlands war die
Zivilisation das Eigentum einer
kleinen Geistesaristokratie. Niemals
hat diese Zivilisation Platz
gegriffen in den weiteren Kreisen.
Goethe ist für weitere deutsche
Kreise eine unbekannte
Persönlichkeit geblieben, auch nach
1862. Ich sage 1862, weil man ja
vorher in Deutschland nur sehr
schwer die Werke Goethes hat
auftreiben können. Sie waren noch
nicht frei, und die Cottas haben
dafür gesorgt, daß sie nicht eben
leicht haben aufgetrieben werden
können. Seit jener Zeit sind sie
frei zu drucken. Sie werden zwar
gelesen, aber sie sind niemals in
das wirkliche geistige Leben von so
etwas wie einer deutschen Nation
eingedrungen. Daher beginnt es
bereits bei den Deutschen mit einer
Instinktunsicherheit im höchsten
Grade. Jenen intensiv eingreifenden
geistigen Mächten, die ausstrahlen
von einem Herder, einem Goethe,
einem Fichte, diesen bestimmten
Lebenstrieben steht gegenüber eine
im höchsten Grade so zu nennende
Instinktunsicherheit, eine
Instinktunsicherheit aus dem Grunde,
weil in diesen Gegenden die
Instinkte nicht konservativ
geblieben sind. Im Westen sind sie
konservativer geblieben. Hier sind
sie nicht konservativ geblieben,
aber sie sind auch nicht erneut
worden, sie sind nicht durchdrungen
worden von dem, was die
Geistessubstanz ihnen hätte geben
können.
|
C'est encore plus clairement
perceptible dans l'Est européen
proprement dit. Pensez donc au rôle
que la religion dite orthodoxe a joué
dans cet Est européen, comme elle a
coulé dans les institutions publiques,
comme elle a vécu une vie extérieure
et comme elle n'était rien, mais alors
rien du tout pour les âmes. La
conservation de cet orthodoxisme
oriental, qui a depuis longtemps vécu
dans son contenu, signifie que les
âmes des humains ont été poussées dans
l'incertitude de la vie. Celui qui a
fait la connaissance d'humains russes
en Europe occidentale a évidemment été
touché au plus haut degré par le
rapport particulier que ces humains
avaient d'un côté avec
l'universellement humain, de l'autre
côté avec cette religion orthodoxe.
Comme des âmes échappées de la
religion orthodoxe il y a de nombreux
siècles, qui se sont encore accrochées
aux appendices, aux souvenirs de cette
religion orthodoxe et qui ont cru que
cette religion orthodoxe pouvait quand
même être quelque chose pour elles,
ainsi apparaissent ces humains qui ne
pouvaient absolument pas se
représenter à quel point ils avaient
échappé à cette religion orthodoxe. -
C'est ce qui caractérise l'âme russe.
Et avec cela l'incertitude de
l'instinct est d'abord bien déverse
sur l'Est européen le fait de ne pas
être retenu par des instincts. La
mollesse particulière qui s'est
déversée sur l'humain russe est en fin
de compte pendante à cette incertitude
instinctive.
|
14
|
Noch deutlicher
wahrnehmbar ist dieses im
eigentlichen europäischen Osten.
Denken Sie doch nur, welche Rolle in
diesem europäischen Osten die
sogenannte orthodoxe Religion
gespielt hat, wie sie eingeflossen
ist in die öffentlichen
Institutionen, wie sie gelebt hat
ein äußeres Leben und wie sie
nichts, aber auch gar nichts war für
die Seelen. Das Konservieren dieses
östlichen Orthodoxismus, der sich
längst seinem Inhalte nach ausgelebt
hat, das bedeutet, daß die
Menschenseelen in die Unsicherheit
des Lebens geradezu gestoßen worden
sind. Wer in Westeuropa russische
Menschen kennengelernt hat, der war
selbstverständlich im höchsten
Grade berührt von dem eigentümlichen
Verhältnis, das diese Menschen auf
der einen Seite zu dem
Allgemein-Menschlichen, auf der
andern Seite zu dieser orthodoxen
Religion hatten. Wie vor vielen
Jahrhunderten der orthodoxen
Religion entlaufene Seelen, welche
die Anhängsel, die Andenken von
dieser orthodoxen Religion sich noch
umgehängt haben und welche den
Glauben hatten, daß ihnen diese
orthodoxe Religion doch etwas sein
könne, so erscheinen einem diese
Menschen, welche sich gar nicht
vorstellen konnten, wie sehr sie
entlaufen waren dieser orthodoxen
Religion. — Das ist dasjenige, was
die russische Seele charakterisiert.
Und damit ist erst recht ausgegossen
über den europäischen Osten die
Instinktunsicherheit, das
Nicht-innerlichGehaltenwerden durch
Instinkte. Das eigentümlich Weiche,
das über den russischen Menschen
ausgegossen ist, hängt letzten Endes
mit dieser Instinktunsicherheit
zusammen.
|
L'humanité entière de l'Asie peut
aujourd'hui, peut dans les prochaines
décennies, devenir la proie/le butin
des conquérants européens, parce que
ceux qui sont initiés là-bas ne se
soucient pas du tout que l'humanité
générale devienne la proie des
conquérants. Car les membres de cette
humanité générale prendront d'autant
plus vite goût à s'extraire/se tirer
hors de la vie terrestre et de
délaisser la Terre pour la prochaine
incarnation.
|
15
|
Die ganze
Menschheit Asiens kann heute, kann
in den nächsten Jahrzehnten eine
Beute der europäischen Eroberer
werden, weil diejenigen, die dort
eingeweiht werden, sich gar nichts
daraus machen, daß die allgemeine
Menschheit eine Beute der Eroberer
wird. Denn um so eher werden die
Glieder dieser allgemeinen
Menschheit Geschmack daran gewinnen,
aus dem irdischen Leben sich
herauszuziehen und die Erde für die
nächste Inkarnation zu verlassen.
|
C'est dans ces effets de force que
nous nous trouvons. Et parler sur la
vie aujourd'hui a absolument seulement
un sens quand on laisse ses paroles
être imprégnées de la conscience qu'il
en est justement ainsi aujourd'hui
dans la vie, qu'on doit partir de ce
que les forces qui ne vont pas dans un
sens ou dans l'autre doivent être
rachetées, extraites des âmes
humaines, mais qui vont aussi vers un
véritable renouvellement de la science
de l'initiation. C'est pourquoi doit
toujours et encore être indiqué sur ce
que l'humain contemporain doit
naviguer entre l'intellectualisme
extrême d'un côté et
l'émotivisme/émotionalisme de l'autre.
|
16
|
In diesen
Kräftewirkungen stehen wir drinnen.
Und es hat heute überhaupt nur einen
Sinn, über das Leben zu reden, wenn
man seine Worte durchdrungen sein
läßt von dem Bewußtsein, daß es eben
heute im Leben so ist, daß man davon
ausgehen muß, daß diejenigen Kräfte
aus den Menschenseelen erlöst,
herausgeholt werden müssen, die
nicht nach der einen und nicht nach
der andern Richtung gehen, sondern
die gehen nach einer wirklichen
Erneuerung auch der Wissenschaft der
Initiation. Deshalb muß immer wieder
und wieder darauf hingewiesen
werden, wie der Gegenwartsmensch
durchsteuern muß zwischen dem
extremen Intellektualismus auf der
einen Seite und dem Emotionalismus
auf der andern Seite.
|
Notre vie se déroule dans cette
dichotomie : entre un intellectualisme
qui s'accroît et s'emballe de plus en
plus, et entre l'émotivisme qui plonge
dans les pulsions les plus sauvages,
les plus animales de la vie humaine et
qui cherche ainsi les impulsions de
l'existence/l'être-la.
L'intellectualisme est ce qui se
développe de vie de l'esprit à partir
de ce qui est devenu grand depuis le
XVe siècle. Mais cette vie de l'esprit
est ombrageuse, cette vie de l'esprit
est mince, cette vie de l'esprit est
phraséologique/est de la puissance des
phrases. C'est pourquoi, parce que
cette vie de l'esprit est ténue, à
puissance d'ombre, les forces qui
œuvrent dans cette vie de l'esprit ne
se déterminent pas en fonction de ce
qui est réellement spirituel, mais en
fonction des instincts, des pulsions,
de l'animalité dans l'humanité.
L'humanité n'a pas aujourd'hui la
force d'impulser les instincts avec
ses idées intellectuelles à puissance
d'ombre et de les spiritualiser ainsi.
Et c'est ainsi que l'humain actuel est
à chaque instant de sa vie
profondément divisé en rapport à son
âme.
|
17
|
Unser Leben
verläuft in diesem Zwiespalte:
zwischen einem immer mehr und mehr
sich steigernden und sich
überschlagenden Intellektualismus
und zwischen dem Emotionalismus, der
in die wildesten, in die
animalischen Triebe des
Menschenlebens hinuntertaucht und
dadurch die Impulse des Daseins
sucht. Der Intellektualismus ist
dasjenige, was sich an Geistesleben
aus dem heraus entwickelt, was groß
geworden ist seit dem 15.
Jahrhundert. Aber dieses
Geistesleben ist schattenhaft,
dieses Geistesleben ist dünn, dieses
Geistesleben ist phrasenhaft.
Daher, weil dieses Geistesleben
dünn, schattenhaft ist, bestimmen
sich die Kräfte, die in diesem
Geistesleben wirken, nicht nach
wirklich Geistigem, sondern nach den
Instinkten, nach den Trieben, nach
dem Animalischen in der Menschheit.
Die Menschheit hat heute nicht die
Kraft, mit ihren schattenhaften
intellektuellen Ideen die Triebe zu
impulsieren und sie dadurch zu
vergeistigen. Und so ist der heutige
Mensch in jedem Augenblick seines
Lebens mit Bezug auf seine Seele
gründlich gespalten.
|
Supposons seulement une fois que
vous soyez en train de juger vos
semblables. Vous êtes notamment là
intellectualiste. Chaque fois que
l'humain exerce actuellement une
critique à ses semblables, il devient
intellectualiste. Lorsqu'il devrait
collaborer avec eux dans une
communauté sociale, il devient
émotionnel ; alors il devient ainsi
qu'il se laisse dominer par ses
pulsions animales. Tout ce que nous
cherchons dans le travail de la vie,
nous le plongeons peu à peu dans ce
qui a puissance d'instinct animal ;
tout ce que nous cherchons de
jugements de la vie, aussi quand cela
s'étend aux semblables/cohumains, nous
le plongeons dans l'intellectualisme.
Les humains du présent ne deviennent
même pas conscients de cette
dichotomie dans leur âme. Ils ne
remarquent pas du tout à quel point
ils sont différents lorsqu'ils jugent
sur leurs semblables et alors,
lorsqu'ils devraient traiter avec
leurs cohumains.
|
18
|
Nehmen Sie nur
einmal an, Sie stehen beurteilend
Ihren Mitmenschen gegenüber. Da
sind Sie nämlich
intellektualistisch. Jedesmal, wenn
der Mensch heute in der Gegenwart
Kritik übt an seinen Mitmenschen,
wird er intellektualistisch. Wenn er
mit ihnen zusammenwirken soll in
sozialer Gemeinschaft, wird er
emotionell; dann wird er so, daß er
sich beherrschen läßt von den
animalischen Trieben. Alles
dasjenige, was wir an Lebensarbeit
suchen, tauchen wir allmählich ins
Animalisch-Triebhafte; alles
dasjenige, was wir an
Lebensbeurteilungen suchen, auch
wenn es auf die Mitmenschen sich
erstreckt, tauchen wir ins
Intellektualistische. Die Menschen
der Gegenwart werden sich gar nicht
bewußt dieses Zwiespaltes in ihrer
Seele. Sie merken gar nicht, wie sie
ganz anders sind, wenn sie über ihre
Mitmenschen urteilen, und dann,
wenn sie mit ihren Mitmenschen
zusammen handeln sollen.
|
Mais la vie intellectualiste
s'emballe. La vie intellectualiste
aspire à dépasser toutes les réalités.
La vie intellectualiste est ce qui, en
tant que tel, n'attache aucune
importance particulière aux
conditions/rapports terrestres. Avec
la vie intellectualiste, c'est ainsi
qu'on élabore de beaux principes
moraux au milieu d'un ordre social
dans lequel les gens sont des
esclaves/valets, dans lequel ils sont
asservis. J'ai souvent évoqué cela
concrètement ici. Je rappelle
aujourd'hui encore l'enquête qui a été
menée en Angleterre au milieu du XIXe
siècle sur les travailleurs des mines
de charbon où il s'est avéré, entre
beaucoup d'autres choses, que des
enfants de neuf, onze ou treize ans
étaient envoyés dans les puits de
charbon avant le lever du soleil
pendant toute la semaine, puis
remontés après le coucher du soleil,
de sorte que les pauvres enfants ne
voyaient jamais la lumière du soleil,
sauf le dimanche, et devaient donc se
développer sous terre, dans des
conditions que je vous épargnerai de
décrire, car là aussi, il y aurait des
choses étranges à raconter. Mais avec
les charbons ainsi mis à jour, les
gens ont ensuite discuté dans des
salles à miroirs de l'amour du
prochain, de l'amour universel des
humains sans distinction de race, de
nation, de classe, etc.
|
19
|
Das
intellektualistische Leben aber
überschlägt sich. Das
intellektualistische Leben strebt
über alle Wirklichkeiten hinaus. Das
intellektualistische Leben ist
dasjenige, welches als solches
eigentlich keinen besonderen Wert
legt auf die irdischen Verhältnisse.
Mit dem intellektualistischen Leben
ist es so, daß man schöne moralische
Grundsätze ausarbeitet inmitten
einer sozialen Ordnung, in der die
Leute Knechte, in der sie versklavt
sind. Ich habe das im Konkreten
öfter hier angeführt. Ich erinnere
auch heute noch einmal an jene
Enquete, die in England in der
Mitte des 19. Jahrhunderts
aufgenommen worden ist über die
Kohlengrubenarbeiter, bei der sich
herausgestellt hat unter vielen
andern Schäden, daß neun-, elf-,
dreizehnjährige Kinder vor
Sonnenaufgang in die Kohlenschächte
hinuntergeschickt worden sind die
ganze Woche, dann heraufgeholt
worden sind nach Sonnenuntergang, so
daß die armen Kinder niemals das
Sonnenlicht, außer am Sonntag,
gesehen haben, sich also im
Unterirdischen entwickeln mußten,
unter Bedingungen, deren
Schilderung ich Ihnen ersparen
werde; denn auch da wäre Sonderbares
zu erzählen. Aber bei den Kohlen,
die so zutage gefördert worden sind,
haben sich dann die Leute
unterhalten in Spiegelzimmern über
Nächstenliebe, über allgemeine
Menschenliebe ohne Unterschied von
Rasse, Nation, Klasse und so weiter.
|
C'est l'extrême de la vie
intellectualiste. Nulle part ne
s'ouvrent les portes de la réalité. On
flotte/plane avec son intellect
au-delà de l'humanitude. Un esprit de
réalité est simplement celui qui, dans
tout ce qu'il pense, sait comment ce
qu'il pense est lié à ce qui se passe
à l'extérieur dans le monde. C'est la
tâche de la science de l'esprit
d'éveiller à nouveau ce sens de la
réalité dans l'humanité. C'est sur de
tels fondements que doit aujourd'hui
être exprimé plus souvent en public ce
que j'ai exprimé l'autre jour à Bâle :
pendant des siècles, les confessions
religieuses ont eu le monopole de tout
ce qui concerne l'âme et l'esprit -
l'esprit a en effet été aboli en 869
-, c'est-à-dire de tout ce qui peut
être dit sur l'âme. Les humains qui
faisaient des recherches extérieures
sur la nature n'avaient pas le droit
de chercher l'esprit dans la nature.
Et on doit dire que l'image la plus
parfaite d'une vision du monde de ce
point de vue a été créée par exemple,
par les jésuites extrêmement
intelligents ; quand ils deviennent
des naturalistes/chercheur sur la
nature, alors leur recherche sur la
nature ne contient rien d'esprit ! Si
quelqu'un prend alors au sérieux ce
qu'un jésuite écrit sur la nature, il
devient naturellement matérialiste
sous l'actuel esprit de l'époque/du
temps. Aujourd'hui, on doit distinguer
entre ce qui est théoriquement juste
et ce qui est réellement essentiel. Ce
qui est théoriquement vrai, c'est que
les jésuites défendent une vision
spirituelle du monde. Ce qui est
vraiment essentiel, c'est que les
jésuites propagent le matérialisme ! -
En théorie, il était vrai que Newton
en plus de sa vision mécaniste du
monde retirait son chapeau à chaque
fois qu'il prononçait le mot "Dieu".
Ce qui est vraiment essentiel, c'est
que le matérialisme d'une époque
ultérieure est issu de la vision
mécaniste du monde de Newton. Car ce
n'est pas ce que l'on pense
théoriquement qui décide, mais ce qui
se trouve dans les lois de la réalité.
Et la conception intellectualiste du
monde ne fournit jamais de lois de
conception du monde. Cette vision
intellectualiste du monde conduit
finalement au luciférianisme complet.
Elle luciférianise en réalité le
monde.
|
20
|
Das ist das
Extrem des intellektualistischen
Lebens. Nirgends öffnen sich die
Türen zur Wirklichkeit. Man schwebt
mit seinem Intellekt jenseits der
Menschlichkeit. Ein
Wirklichkeitsgeist ist lediglich
derjenige, der bei allem, was er
denkt, weiß, wie das, was er denkt,
zusammenhängt mit dem, was draußen
in der Welt geschieht. Das ist
Aufgabe der Geisteswissenschaft,
diesen Wirklichkeitssinn in der
Menschheit wiederum zu erwecken. Aus
solchen Untergründen heraus muß
heute öfter öffentlich ausgesprochen
werden, was ich neulich in Basel
ausgesprochen habe: Die
Religionsbekenntnisse haben durch
Jahrhunderte das Monopol sich
gebildet für alles dasjenige, was
über Seele und Geist — Geist ist ja
abgeschafft worden im Jahre 869 -,
also was über die Seele zu sagen
ist. Es durften die Menschen, die
äußerlich über die Natur forschten,
den Geist in der Natur nicht suchen.
Und man muß sagen: Das vollkommenste
Bild einer Weltanschauung von diesem
Gesichtspunkte haben zum Beispiel
die außerordentlich gescheiten
Jesuiten geschaffen; wenn die
Naturforscher werden, dann ist in
ihrer Naturforschung nichts von
Geist enthalten! Nimmt dann jemand
das ernst, was ein Jesuit über die
Natur schreibt, so wird er
selbstverständlich Materialist
unter dem heutigen Zeitgeiste. Heute
muß man unterscheiden zwischen dem,
was theoretisch richtig ist, und
dem, was wirklich wesenhaft ist.
Theoretisch richtig ist, daß die
Jesuiten eine spirituelle
Weltanschauung verfechten. Wirklich
wesenhaft ist, daß die Jesuiten den
Materialismus verbreiten ! —
Theoretisch richtig war es, daß
Newton neben seiner mechanistischen
Weltanschauung jedesmal den Hut zog,
wenn er das Wort «Gott» aussprach.
Wirklich wesenhaft ist, daß aus der
Newtonschen mechanistischen
Weltanschauung der Materialismus
einer späteren Zeit hervorgegangen
ist. Denn nicht das entscheidet, was
man theoretisch meint, sondern das
entscheidet, was in den
Wirklichkeitsgesetzen liegt. Und die
intellektualistische Weltanschauung
liefert niemals
Weltanschauungsgesetze. Diese
intellektualistische Weltanschauung
führt zuletzt zum vollständigen
Luziferianismus. Sie
luziferianisiert in Wirklichkeit die
Welt.
|
À côté de cet intellectualisme, nous
avons à l'heure actuelle l'émotivisme,
la vie issue des instincts, à partir
de l'animalité, de la façon dont je
l'ai amené. Cette vie instinctive,
cette vie animale, domine en fait
l'existence/l'être-là public au moment
où l'humain est enclin, justement à
vivre, où il n'a plus purement à
juger. On peut juger qu'il est
honteux, par exemple, de traiter les
gens dans les mines de telle ou telle
manière. On peut juger ainsi. Mais on
a des actions des mines ! En ce qu'on
découpe les coupons, c'est soi-même
qui martyrise les gens de cette
manière, mais on ne le remarque
seulement pas. Je parle de cela plus
comme d'un symbole de la vie, car
c'est ainsi que se déroule notre vie.
Les humains pensent d'un côté et
agissent de l'autre. Mais ils ne
remarquent pas l'énorme décalage qui
existe entre l'un et l'autre.
|
21
|
Neben diesem
Intellektualismus haben wir in der
Gegenwart den Emotionalismus, das
Leben aus den Instinkten, aus dem
Animalischen heraus in der Art, wie
ich das angeführt habe. Dieses
Instinktleben, dieses animalische
Leben, das beherrscht eigentlich das
öffentliche Dasein in dem Moment,
wo der Mensch geneigt ist, eben zu
leben, wo er nicht mehr bloß zu
urteilen braucht. Urteilen kann man,
daß es zum Beispiel schändlich ist,
nun, sagen wir, die Leute in den
Bergwerken so und so zu behandeln.
So kann man urteilen. Aber man hat
Bergwerksaktien ! Indem man die
Coupons abschneidet, ist man es
selber, der die Leute in dieser
Weise martert, man merkt es nur
nicht. Dies meine ich mehr als ein
Symbolum des Lebens, denn so
verläuft unser Leben. Die Menschen
denken auf der einen Seite und
handeln auf der andern Seite. Aber
sie merken nicht, welche gewaltige
Diskrepanz zwischen dem einen und
dem andern besteht.
|
Aujourd'hui, cet état de fait est dû
en grande partie à la complaisance/la
commodité des humains vis-à-vis de
toutes les occasions qui nous
permettent de nous procurer une vue
dans la vie. On veut aujourd'hui être
un "homme bon" dans la vie, sans avoir
l'ambition/l'effort d'apprendre à
connaître vraiment la vie. Mais il ne
se laisse aujourd'hui en réalité pas
vivre sans apprendre à connaître la
vie. Cette guerre mondiale est née du
fait que les humains, qui étaient les
ainsi nommés "gouvernants" - certains
le sont encore -, se tenaient très
éloignés de la vie. Certains sont
encore debout - à leur place
notamment.
|
22
|
An diesem
Zustande ist heute vielfach schuld
die Bequemlichkeit der Menschen
gegenüber allen Gelegenheiten, die
uns Einsichten in das Leben
verschaffen. Man will heute im Leben
ein «guter Mensch» sein, ohne das
Bestreben zu haben, dieses Leben
wirklich kennenzulernen. Aber es
läßt sich heute nicht in
Wirklichkeit leben, ohne das Leben
kennenzulernen. Dieser Weltkrieg, er
ist aus der Tatsache heraus
entstanden, daß die Menschen, welche
die sogenannten «Regierenden» waren
— manche sind es noch —, dem Leben
ganz ferne standen. Manche stehen
noch — auf ihren Plätzen nämlich.
|
Mais qu'est-ce qui pourrait montrer
plus clairement l'aliénation complète
des humains à la vie, dont il est
s'agit tant dans les dernières
décennies, que ces "mémoires" qui
parlent si clairement de notre
culture, de notre civilisation, et qui
s'entassent maintenant. Toutes les
semaines, il y en a un, d'abord des
puissances vaincues, les autres
suivront, qui publie ses mémoires. À
cela se montre si bien à quel point le
jugement de celui qui a dit cela était
juste : On ne croire pas du tout avec
combien peu de raison analytique le
monde est gouverné. - Mais les
conséquences de tels présupposés ne
sont pas volontiers tirées par les
hommes du présent. Car ces hommes du
présent ne veulent pas comprendre, par
exemple, qu'il ne peut y avoir de
sentiment social et de savoir social
sans un véritable savoir du monde. On
peut encore fonder la zoologie sans un
savoir du monde, parce que les animaux
sont organisés par leur organisation
physique en vue d'une certaine
activité, d'un certain fonctionnement.
Ce qui caractérise tout de suite
l'humain, c'est justement que son
organisation est laissée ouverte pour
ce qu'il devrait absorber du savoir du
monde. Et ainsi il ne peut y avoir
aucun savoir social sans qu'il y ait
un savoir du monde à la base. On ne
peut jamais construire une véritable
théorie sociale/un véritable
enseignement social sans que l'on
sache que tout ce à quoi l'être humain
doit aspirer à travers son être
intérieur est un résultat de toute
l'évolution que vous trouverez
présentée dans mon ouvrage "La science
secrète dans ses grandes lignes"
jusqu'à l'évolution terrestre
actuelle, et que tout ce que l'humain
du présent absorbe à travers la
communauté sociale est un germe pour
ce qui doit se passer plus loin dans
l'évolution terrestre.
|
23
|
Aber was könnte
deutlicher die vollständige
Lebensfremdheit der Menschen zeigen,
auf die es so viel ankommt,
angekommen ist in den letzten
Jahrzehnten, als jene von unserer
Kultur, von unserer Zivilisation so
deutlich sprechenden «Memoiren», die
sich jetzt so häufen. Alle Woche
gibt einer, zunächst von den
besiegten Mächten, die andern
werden auch nachkommen, seine
Memoiren heraus. Dabei zeigt sich so
recht, wie richtig das Urteil
desjenigen war, der da gesagt hat:
Man glaubt gar nicht, mit wie wenig
Verstand die Welt regiert wird. —
Aber die Konsequenzen aus solchen
Voraussetzungen werden ja nicht
gerne von den Menschen der Gegenwart
gezogen. Denn diese Menschen der
Gegenwart wollen zum Beispiel nicht
durchschauen, daß es kein soziales
Empfinden und soziales Wissen geben
kann ohne ein wirkliches Weltwissen.
Man kann noch Zoologie begründen
ohne ein Weltwissen, weil die Tiere
durch ihre physische Organisation
auf eine bestimmte Tätigkeit, auf
ein bestimmtes Funktionieren hin
organisiert sind. Beim Menschen ist
gerade das Charakteristische, daß
seine Organisation offengelassen
ist für das, was er aus dem
Weltwissen aufnehmen soll. Und so
kann es kein soziales Wissen geben,
ohne daß ihm ein Weltwissen
zugrunde liegt. Man kann niemals
eine wirkliche Sozialkunde aufbauen,
ohne daß man weiß, daß alles
dasjenige, was der Mensch zu
erstreben hat durch sein Inneres,
ein Ergebnis ist der ganzen
Entwickelung, die Sie in meiner
«Geheimwissenschaft im Umriß»
dargestellt finden bis zur jetzigen
Erdenentwickelung, und daß alles
dasjenige, was der Gegenwartsmensch
durch die soziale Gemeinschaft
aufnimmt, ein Keim ist für
dasjenige, was weiter geschehen soll
mit der Erdenentwickelung.
|
On ne peut pas comprendre la vie
sociale sans absolument comprendre le
monde. Il est impossible
qu'aujourd'hui les hommes
interviennent dans la vie publique
avec des programmes, des idées ou des
idéaux, sans se donner une base
spirituelle pour cette intervention ;
car ce qui manque partout, c'est que
l'âme soit saisie par ce qui est
réellement important.
|
24
|
Verstehen kann
man das soziale Leben nicht, ohne
daß man die Welt überhaupt versteht.
Es ist unmöglich, daß heute die
Menschen eingreifen mit Programmen
oder Ideen oder Idealen in das
öffentliche Leben, ohne sich eine
geistige Grundlage für dieses
Eingreifen zu legen; denn was
überall mangelt, das ist ein
Ergriffensein der Seele von dem,
worauf es eigentlich ankommt.
|
On vit alors des choses étranges.
L'excellent théoricien socialiste
allemand Karl Kautsky a maintenant
aussi écrit un livre intitulé "Comment
est née la guerre mondiale". Il y
parle d'abord de la question de la
culpabilité. Dans les premières pages,
on trouve chez Kautsky un étrange
aveu. Je voudrais dire ceci en
préambule. Je voudrais dire que
Kautsky fait partie de ceux qui, au
cours des dernières décennies, ont
martelé par tous les moyens une
doctrine et une discipline de parti
dans le prolétariat, ont martelé dans
les esprits la doctrine selon laquelle
ce ne sont pas les individus en tant
qu'individus qui sont responsables des
événements mondiaux, mais le
capitalisme, par exemple. Et c'est
ainsi que vous trouverez partout non
pas le discours des capitalistes, mais
celui du capitalisme. Avec de telles
doctrines de parti, on peut faire de
l'agitation, on peut fonder des
partis, on peut trouver des marteaux
efficaces pour la tête des humains, de
sorte que de telles doctrines
deviennent des professions de foi. Dès
que l'on est contraint, je ne veux pas
dire d'intervenir dans la réalité,
mais seulement de juger la réalité,
toute la doctrine s'évanouit/va comme
du pipeau ! Car maintenant où Kautsky
écrit sur les coupables, que fait-il ?
Il devrait laisser tout son livre non
écrit s'il voulait continuer ses
vieilles litanies sur le capitalisme.
Que fait-il donc ? Dès la première
page, il fait une confession, une
étrange confession que je me
contenterai de vous citer en quelques
mots tirés de son livre : "On ne peut
pas faire passer le capitalisme pour
le seul coupable. Car le capitalisme
n'est pas comme une abstraction
obtenue/qui est gagnée de
l'observation de nombreux phénomènes
particuliers et qui est un outil
d'aide indispensable dans l'effort
d'étudier ces pendants/rapports dans
leurs légités/mesures de lois.
Combattre une abstraction on le peut
seulement théoriquement, mais non
pratiquement. Pratiquement, nous
pouvons seulement combattre des
phénomènes isolés... certaines
institutions et personnes en tant que
titulaires/porteurs de certaines
fonctions sociétales".
|
25
|
Da erlebt man
sonderbare Dinge. Der ausgezeichnete
deutsche sozialistische Theoretiker
Karl Kautsky hat nun auch ein Buch
geschrieben: «Wie der Weltkrieg
entstand». Da spricht er zunächst
über die Schuldfrage. Auf den
ersten Seiten findet sich bei
Kautsky ein merkwürdiges Geständnis.
Ich möchte das Folgende
vorausschicken. Ich möchte sagen,
daß Kautsky zu denjenigen gehört,
die in den letzten Jahrzehnten mit
allen Mitteln eine Parteidoktrin und
Parteidisziplin in das Proletariat
einhämmerten, die Lehre in die Köpfe
einhämmerten, daß nicht einzelne
Menschen als Menschen für die
Weltereignisse verantwortlich sind,
sondern zum Beispiel der
Kapitalismus. Und so finden Sie denn
überall nicht die Rede von
Kapitalisten, sondern vom
Kapitalismus. Mit solchen
Parteidoktrinen kann man agitieren,
man kann Parteien begründen, man
kann wirksame Hämmer finden für die
Köpfe der Menschen, so daß solche
Doktrinen Glaubensbekenntnisse
werden. Sobald man genötigt ist,
ich will gar nicht sagen, in die
Wirklichkeit arbeitend
einzugreifen, sondern nur zu
urteilen über die Wirklichkeit, da
geht die ganze Doktrin flöten ! Denn
nun, wo Kautsky über die Schuldigen
schreibt, was tut er? Er müßte ja
sein ganzes Buch ungeschrieben
lassen, wenn er seine alten
Litaneien vom Kapitalismus
fortsetzen wollte. Was tut er also ?
Er legt auf der ersten Seite ein
Bekenntnis, ein merkwürdiges
Bekenntnis ab, das ich Ihnen nur
mit ein paar Worten aus seinem Buche
anführen will: «Man kann nicht den
Kapitalismus als den einzig
Schuldigen hinstellen. Denn der
Kapitalismus ist nichts als eine
Abstraktion, die gewonnen wird aus
der Beobachtung zahlreicher
Einzelerscheinungen und die ein
unentbehrliches Hilfsmittel ist bei
dem Streben, diese in ihren
gesetzmäßigen Zusammenhängen zu
erforschen. Bekämpfen kann man aber
eine Abstraktion nicht, außer
theoretisch; nicht aber praktisch.
Praktisch können wir nur
Einzelerscheinungen bekämpfen ...
bestimmte Institutionen und
Personen als Träger bestimmter
gesellschaftlicher Funktionen.»
|
Maintenant, le théoricien socialiste
est seulement placé devant, je ne veux
même pas dire, intervenir dans la vie
sociale en construisant, mais
seulement de juger la vie sociale dans
une question, et voilà que tout à coup
le capitalisme est une abstraction.
C'est seulement là qu'il y vient
d'abord ! À l'instant où le même Karl
Kautsky prendrait l'initiative, l'idée
de réalité de la triarticulation, le
capitalisme ferait marche à nouveau en
organisation militaire, non pas comme
une abstraction, mais comme quelque
chose de hautement réel ! - On ne
remarque même pas où repose la
différence entre ce qui est tiré d'une
observation réelle de la vie en tant
que vision sociale et ce qui est tiré
d'une pensée abstraite générale ou
d'un sentiment abstrait.
|
26
|
Nun ist der
sozialistische Theoretiker nur davor
hingestellt, ich will gar nicht
sagen, ins soziale Leben aufbauend
einzugreifen, sondern nur das
soziale Leben in einer Frage zu
beurteilen, und nun ist plötzlich
der Kapitalismus eine Abstraktion.
Da kommt er erst darauf ! In dem
Augenblich, wo derselbe Karl Kautsky
Veranlassung nehmen würde, die
Wirklichkeitsidee von der
Dreigliederung zu besprechen, da
würde in militärischer Organisation
wiederum aufmarschieren der
Kapitalismus, nicht als Abstraktion,
sondern als etwas höchst Wirkliches
! — Man merkt gar nicht, wo der
Unterschied liegt zwischen dem, was
als soziale An‑ schauung aus einer
wirklichen Lebensbeobachtung
herausgeholt ist, und dem, was aus
einem allgemeinen abstrakten Denken
oder auch abstrakten Empfinden
herausgeholt ist.
|
Le discernement, c'est ce que
l'humain du présent doit rechercher
comme moyen de protection contre
l'illusionnisme dans lequel il doit
tomber/succomber à cause de
l'intellectualisme poussé/propulsé à
l'extrême. C'est ainsi que j'ai essayé
aujourd'hui de vous rendre attentifs,
d'un certain point de vue, à des
choses importantes du présent. Je
continuerai à étoffer ces choses
demain et après-demain.
|
27
|
Einsicht, das
ist dasjenige, was der Mensch der
Gegenwart suchen muß als
Schutzmittel gegen jenen
Illusionismus, in den er verfallen
muß durch den auf die Spitze
getriebenen Intellektualismus. So
suchte ich Sie heute von einer
gewissen Seite her auf wichtige
Dinge der Gegenwart aufmerksam zu
machen. Ich werde morgen und
übermorgen diese Dinge weiter
ausbauen, fortsetzen.
|
PREMIÈRE CONFÉRENCE, Dornach, le 9 janvier
1920
La signification de la science de
l'initiation pour la saisie des réalités de la
vie
01
Il ressort des observations qui ont été faites
ici avant mon départ, et même de ce que
j'appellerais le texte de base des conférences
publiques, qu'il est en quelque sorte "lu" dans
le sens de l'histoire de l'évolution humaine,
comment doit intervenir, doit absolument
intervenir dans la vie extérieure, dans tout ce
qui devrait être su et entrepris dans la vie
extérieure, la science de l'initiation. Si l'on
n'est pas capable/en état aujourd'hui de
s'imprégner sérieusement de cette vérité, alors
on dort face aux véritables exigences du temps.
Ce sommeil face aux véritables exigences du
temps est donc absolument le cas de la plupart
des humains actuels. On doit en effet être clair
à soi sur ce que le présent pose à l'humanité
des questions auxquelles il est impossible de
répondre autrement qu'à partir de la science de
l'initiation. Il ne s'agit pas seulement que
donc une science de l'initiation ait toujours
été là, en tous les temps à l'intérieur de
l'évolution de l'humanité, qu'il y ait toujours
eu, dans une certaine mesure, des initiés dans
les événements et dans les forces de
l'existence/l'être-la, mais qu'il y a aussi
aujourd'hui de tels initiés dans les fondements
des événements et dans les forces de l'être-là ;
seulement, comment cela se comporte plus
exactement avec cette chose, le moins d'humains
se font une représentation ordonnée. Et en fait,
les humains d'aujourd'hui ne le souhaitent pas
du tout. Ils reculent quand même de crainte
devant ce que l'on peut appeler la nécessité de
l'intervention de science initiée dans la
conscience du temps. On reçoit une
représentation de la gravité/du sérieux de la
situation actuelle seulement si l'on observe la
différenciation de cette affaire de par le monde
civilisé. Car les choses reposent toutes autres
en rapport à l'Orient, elles reposent toutes
autres en rapport à l'Occident. Et celui qui
croit aujourd'hui pouvoir s'en sortir avec des
jugements absolus, qui devraient être valables
pour tout, ne vit pas dans la réalité, mais vit
en fait dans un monde abstrait. Mais il est
nécessaire que les choses soient examinées
encore et encore, de différents points de vue,
afin qu'au moins en quelques personnes le
sérieux de la situation du temps soit propulsé à
la conscience.
02
Si l'on jette d'abord un coup d'œil sur
l'Occident/l'ouest, de préférence sur le monde
de la population terrestre anglophone/parlant
anglais, aujourd'hui le jugement public et ce
qui émane du jugement public pour les événements
extérieurs ne dépend pas seulement, à
l'intérieur de cette population anglophone, de
ce que - je veux m'exprimer aujourd'hui une fois
de façon très décidée - les non-initiés rêvent
et présentent comme des idéaux de vie. Tout de
suite dans le domaine de la population
anglophone, il est disponible d'un côté un
contraste énorme entre ce qui apparait comme des
idées dans la conscience publique extérieure et
ce que pensent, derrière les coulisses de
l'histoire mondiale, ceux qui ont été ou sont
réellement initiés aux événements du cours du
monde.
03
Car si l'on prend ainsi la conscience générale
telle qu'elle s'exprime dans ces régions de la
terre civilisée, d'abord dans les meilleures
aspirations, dans les meilleures publications
publiques, nous pouvons dire qu'il y a là une
sorte d'idéal d'une certaine humanité, d'un
travail de l'humanité vers une certaine
humanité, vers un regroupement des efficacités
humaines sous le point de vue de l'humanité, de
l'installation d'institutions qui se placent au
service de l'humanité. Nous voulons faire
abstraction de tout ce qui est abondance d'eaux
troubles et mensongères ; nous voulons regarder
ce qui, dans la vie publique, est le meilleur,
ce qui vient des non-initiés. Il s'agit d'une
certaine aspiration à rassembler les hommes sous
le point de vue de l'humanité. - Derrière cette
aspiration extérieure se trouve le savoir des
initiés, le savoir des initiés qui donnent le
ton. Et sans que le public le sache, sans que le
public ait l'occasion de se procurer un savoir
suffisant des choses absolument, les jugements,
les forces directrices de la part de certains
cercles d'initiés coulent dans l'opinion
publique et dans le cours en dépendant des
événements, des actes extérieurs.
04
Une société quelconque peut s'ouvrir ici ou là
avec de beaux programmes, de beaux idéaux. Les
gens peuvent dégouliner d'idéalisme. Mais chez
eux, sans qu'ils le sachent, vit non seulement
ce dont ils parlent qui vit, mais il y a des
moyens et des chemins pour laisser pénétrer dans
toutes ces choses ce que l'on veut laisser
pénétrer d'un certain côté, du côté des initiés.
Et c'est ainsi que dans le dernier tiers du XIXe
siècle, au début du XXe siècle - nous voulons
d'abord nous arrêter à ces choses et ne pas
revenir en arrière -, les humains bien
intentionnés, mais non-initiés, qui rêvaient de
toutes sortes de beaux idéaux, se sont réunis
pour réaliser ces beaux idéaux en s'associant
dans des sociétés, mais que derrière cette
activité/propulsion se trouve des initiés, ces
initiés qui, dans les années quatre-vingt -
comme nous l'avons dit, nous ne voulons pas
revenir plus en arrière - du XIXe siècle,
parlaient de ce qu'une guerre mondiale devait
venir qui donnerait un tout autre visage aux
États européens du Sud et de l'Est.
05
Si l'on est en situation de suivre ce qui a été
enseigné et dit sur ce champ à l'intérieur des
cercles des initiés, alors on sait que l'on a
prédit avec une grande certitude les choses qui
se sont déversées sur le monde civilisé au cours
des cinq dernières années, comme des choses
terribles et épouvantables. Toutes ces choses
n'étaient pas du tout un secret pour les initiés
de la population anglophone, et à travers toutes
les discussions, va la divergence suivante :
d'un côté, de beaux idéaux exotériques, l'idéal
de l'humanité avec les croyances réelles en cet
idéal de l'humanité dans les formes les plus
diverses du côté des non-initiés ; de l'autre
côté, la doctrine, la doctrine consciente,
strictement soutenue, selon laquelle tout ce qui
est culture romane, culture d'Europe centrale,
doit disparaître de la civilisation moderne, que
ce qui est la culture de la population
anglophone doit prédominer, parvenir à la
domination mondiale.
06
Quand ces choses sont prononcées maintenant,
ainsi elles ont beaucoup plus de poids que si
elles avaient été prononcées il y a vingt ans,
pour la simple raison qu'il y a vingt ans, on
pouvait dire aux gens qui prononçaient ces
choses : maintenant oui, vous entendez l'herbe
pousser. - Aujourd'hui, on peut faire remarquer
qu'une grande partie de ce qui a été dit dans
les cercles d'initiés s'est réellement réalisée.
07
Je parle avec autant de prudence que possible,
pour ne pas m'écarter d'une manière ou d'une
autre de la représentation des faits. Mais cette
présentation de la réalité pure, c'est quelque
chose d'extrêmement inconfortable pour la
majorité des humains contemporains. Ils
aimeraient s'en débarrasser, ils aimeraient ne
pas la laisser s'approcher d'eux. De nos jours,
il y a quelque chose de tellement incendiaire
pour la volonté de l'âme lorsque l'on cultive le
nationalisme de telle ou telle manière, lorsque
l'on parle de la Société des Nations, du
rétablissement des anciennes institutions
nationales et ainsi de suite. Les humains
aimeraient absolument encore ne pas savoir
justement aujourd'hui que nous sommes dans le
présent au cœur d'une terrible crise de
l'humanité.
08
Nous avons avec cela souligné en quelques mots
l'écart entre ce que les non-initiés en Occident
savent et ce qui, sans qu'ils le sachent,
palpite dans leurs décisions. On peut donc
vraiment en premier savoir comment on est
intégré en tant qu'humain dans ce qui se passe
lorsqu’on s'efforce d'apprendre à connaître ce
qui est là dans le monde, si l'on ne se laisse
pas propulser/motiver et pousser, mais quand
l'on essaie de trouver les moyens et les chemins
qui rendent vraiment possible la liberté de la
volonté.
09
Et si l'on voit vers l'Orient : par-dessus tout
l'Orient, il y a aussi cette dichotomie entre
les initiés et les non-initiés. Comment parlent
là les non-initiés ? - En Orient, ces
non-initiés parlent un peu comme Rabindranath
Tagore. Rabindranath Tagore est un merveilleux
idéaliste de l'Orient, un homme qui a des idéaux
extraordinairement incisifs à représenter. Tout
est beau dans ce qu'il exprime extérieurement.
Mais tout ce qui émane là de Tagore est
justement le discours d'un humain non initié.
Ceux qui sont initiés en Orient parlent
autrement, ou plutôt, selon l'ancienne coutume
de l'Orient, ils ne parlent pas du tout. Ils ont
d'autres chemins d'amener à l'efficacité, à
l'efficacité sociale, ce qu'ils veulent en fait.
Ils veulent obtenir que maintenant, non d'un
quelque côté de la domination mondiale, soit
ambitionné, car ils sont clairs à soi - ils
croient être clairs - sur ce que s'il existe
encore un quelque rapport de domination sur la
terre, ce ne peut être que celui de l'humanité
anglo-américaine. Mais ils ne le veulent pas.
C'est pourquoi ils veulent en fait laisser
disparaître la civilisation de la Terre. Ils
sont en effet familiers à un haut degré avec le
monde spirituel, et ils sont convaincus que
l'humanité progresse mieux si elle se soustrait
aux incarnations terrestres suivantes. Ils
veulent donc travailler à ce que les hommes se
soustraient aux incarnations suivantes. Pour ces
initiés de l'Orient, les résultats du léninisme
n'auront rien d'effrayant, car ces initiés de
l'Orient se disent : si ces institutions du
léninisme se répandent de plus en plus sur la
terre, c'est le moyen le plus sûr de faire
sombrer la civilisation terrestre. Or, c'est
tout de suite ce qui sera favorable aux humains
qui, par leur incarnation jusqu'à présent, se
sont procuré la possibilité de continuer à vivre
sans la Terre.
10
Quand on parle de telles choses aux Européens,
ils tiennent cela pour un paradoxe. À
l'intérieur des cercles d'initiés orientaux, on
parle de ces choses comme l'Européen, dans sa
déraison analytique, parle de ce que la soupe
aux pois a un goût différent de la soupe au riz
; car pour eux, ce sont des réalités qui n'ont
absolument pas besoin de reposer en dehors du
domaine de ces discussions quotidiennes. Si l'on
considère la constitution du monde civilisé
d'aujourd'hui et que l'on veut vraiment la
comprendre, il ne faut pas oublier que ces
choses viennent de l'Est et de l'Ouest et
qu'elles ont une influence sur notre
civilisation actuelle. Et l'on ne peut pas
travailler dans le sens du progrès humain à
l'heure actuelle autrement qu'en ayant une
perception complète de ces influences sur le
cours de l'évolution de l'humanité. La vie
extérieure, telle qu'elle se présente, est-elle
donc le reflet de ce que les humains croient
exotériquement, de ce que pensent les humains
qui se laissent seulement dominer par la science
des non-initiés ?
11
Pour celui qui veut étudier sérieusement cette
question, je lui recommande de se choisir huit
jours en mai ou juin de l'année 1914 et des
articles de journaux, des livres de mai ou juin
1914, et de se demander quelle part d'esprit de
réalité il y trouve, c'est-à-dire, quelle part
il y trouve d'un savoir, qu'a germé au sein de
l'humanité civilisée, ce qui a alors ensuite
éclaté à partir du mois d'août dans cette
humanité civilisée. Les non-initiés n'ont rien
imaginé de ces choses ! Justement aussi peu les
non-initiés se laissent aussi aujourd'hui encore
rêver de ce qui se passe réellement. Mais les
événements de la vie extérieure ne sont pas le
reflet de la connaissance des non-initiés. Il y
a un grand écart entre ce que les gens pensent
et ce qui se joue réellement dans la vie. On
devrait s'amener à la conscience cet écart et se
répondre correctement/conformément à la question
: combien savent aujourd'hui les non-initiés de
la vie, de ce qui régit/domine la vie ?
12
Les gens parlent sur la vie. Les gens font des
théories et des idéaux et des programmes, mais
sans connaître la vie. Et quand une fois quelque
chose apparait qui est formé/façonné à partir de
la vie, alors les humains ne le reconnaissent
pas, alors ils tiennent tout de suite cela pour
des théories ou pour des absurdités ou des
choses de ce genre. Pour la vie, les influences
de l'Occident et de l'Orient ont une
signification toute différente. Cette différente
signification joue dans notre vie dans le sens
le plus éclatant pour celui qui peut observer de
telles choses. Quand ce que l'on a en Occident
comme théories, comme programmes, comme
conceptions sociales devait dominer la vie, il
n'en sortirait rien, rien, vraiment rien. S'il
existe une civilisation occidentale, si la vie
occidentale peut développer absolument des
institutions, ce n'est pas parce que cette vie
occidentale a des idées comme celles de Spencer
ou de Darwin ou d'autres à la pensée plus
sociale ; car en réalité, il n'y a rien à faire
avec toutes ces théories et ces façons de voir
exotériques. Le fait que la vie continue quand
même, que la vie ne se tienne pas silencieuse
est simplement dû à ce que de vieux instincts
traditionnels vivent dans la population
anglophone et que l'on oriente la vie en
fonction de ces instincts et non des théories.
Les théories sont donc seulement une décoration
à travers laquelle on prononce de belles paroles
sur la vie. Ce qui régit la vie, ce sont les
instincts, sont les instincts qui sont propulsés
à la surface depuis l'inconscient de l'âme.
C'est quelque chose qui doit être observé et
reconnu dans le sens le plus sérieux.
13
Et si nous allons vers l'Est, commençons ma foi
par le Rhin, car très vite, la vie du Rhin vers
l'Est ressemblera de plus en plus à celle de
l'Est. Regardons ce qui est disponible à l'Est.
Considérez-le d'abord historiquement : à travers
l'Allemagne, à travers la Russie, et même à
travers l'Asie Mineure. Si vous le considérez en
Allemagne historiquement, vous trouverez quelque
chose d'extraordinairement étrange. Vous trouvez
qu'ils avaient ces esprits allemands comme
Goethe, comme Fichte, comme Schelling, comme
Hegel, comme Herder, mais qu'en réalité, ils ne
savent pas qu'ils ont eu de tels esprits. À
l'intérieur de l'Allemagne, la civilisation
était la propriété d'une petite aristocratie de
l'esprit. Cette civilisation n'a jamais pris
place dans les cercles plus larges. Goethe est
resté une personnalité inconnue pour d'autres
cercles allemands, même après 1862. Je dis 1862
parce qu'auparavant, il était très difficile de
trouver les œuvres de Goethe en Allemagne. Elles
n'étaient pas encore libres, et les Cotta ont
fait en sorte qu'elles ne puissent pas être
trouvées facilement. Depuis cette époque, elles
sont libres d'être imprimées. Elles sont certes
lues, mais elles n'ont jamais pénétré dans la
vie spirituelle réelle de quelque chose comme
une nation allemande. C'est pourquoi les
Allemands commencent déjà par une incertitude
instinctive au plus haut degré. Face à ces
puissances spirituelles qui interviennent
intensément et qui rayonnent d'un Herder, d'un
Goethe, d'un Fichte, face à ces pulsions de vie
déterminées, il y a ce que l'on peut appeler une
insécurité instinctive au plus haut degré, une
insécurité instinctive pour la raison que dans
ces régions les instincts ne sont pas restés
conservateurs. Dans l'ouest, ils sont restés
plus conservateurs. Ici, ils ne sont pas restés
conservateurs, mais ils n'ont pas non plus été
renouvelés, ils n'ont pas été imprégnés de ce
que la substance spirituelle aurait pu leur
donner.
14
C'est encore plus clairement perceptible dans
l'Est européen proprement dit. Pensez donc au
rôle que la religion dite orthodoxe a joué dans
cet Est européen, comme elle a coulé dans les
institutions publiques, comme elle a vécu une
vie extérieure et comme elle n'était rien, mais
alors rien du tout pour les âmes. La
conservation de cet orthodoxisme oriental, qui a
depuis longtemps vécu dans son contenu, signifie
que les âmes des humains ont été poussées dans
l'incertitude de la vie. Celui qui a fait la
connaissance d'humains russes en Europe
occidentale a évidemment été touché au plus haut
degré par le rapport particulier que ces humains
avaient d'un côté avec l'universellement humain,
de l'autre côté avec cette religion orthodoxe.
Comme des âmes échappées de la religion
orthodoxe il y a de nombreux siècles, qui se
sont encore accrochées aux appendices, aux
souvenirs de cette religion orthodoxe et qui ont
cru que cette religion orthodoxe pouvait quand
même être quelque chose pour elles, ainsi
apparaissent ces humains qui ne pouvaient
absolument pas se représenter à quel point ils
avaient échappé à cette religion orthodoxe. -
C'est ce qui caractérise l'âme russe. Et avec
cela l'incertitude de l'instinct est d'abord
bien déverse sur l'Est européen le fait de ne
pas être retenu par des instincts. La mollesse
particulière qui s'est déversée sur l'humain
russe est en fin de compte pendante à cette
incertitude instinctive.
15
L'humanité entière de l'Asie peut aujourd'hui,
peut dans les prochaines décennies, devenir la
proie/le butin des conquérants européens, parce
que ceux qui sont initiés là-bas ne se soucient
pas du tout que l'humanité générale devienne la
proie des conquérants. Car les membres de cette
humanité générale prendront d'autant plus vite
goût à s'extraire/se tirer hors de la vie
terrestre et de délaisser la Terre pour la
prochaine incarnation.
16
C'est dans ces effets de force que nous nous
trouvons. Et parler sur la vie aujourd'hui a
absolument seulement un sens quand on laisse ses
paroles être imprégnées de la conscience qu'il
en est justement ainsi aujourd'hui dans la vie,
qu'on doit partir de ce que les forces qui ne
vont pas dans un sens ou dans l'autre doivent
être rachetées, extraites des âmes humaines,
mais qui vont aussi vers un véritable
renouvellement de la science de l'initiation.
C'est pourquoi doit toujours et encore être
indiqué sur ce que l'humain contemporain doit
naviguer entre l'intellectualisme extrême d'un
côté et l'émotivisme/émotionalisme de l'autre.
17
Notre vie se déroule dans cette dichotomie :
entre un intellectualisme qui s'accroît et
s'emballe de plus en plus, et entre l'émotivisme
qui plonge dans les pulsions les plus sauvages,
les plus animales de la vie humaine et qui
cherche ainsi les impulsions de
l'existence/l'être-la. L'intellectualisme est ce
qui se développe de vie de l'esprit à partir de
ce qui est devenu grand depuis le XVe siècle.
Mais cette vie de l'esprit est ombrageuse, cette
vie de l'esprit est mince, cette vie de l'esprit
est phraséologique/est de la puissance des
phrases. C'est pourquoi, parce que cette vie de
l'esprit est ténue, à puissance d'ombre, les
forces qui œuvrent dans cette vie de l'esprit ne
se déterminent pas en fonction de ce qui est
réellement spirituel, mais en fonction des
instincts, des pulsions, de l'animalité dans
l'humanité. L'humanité n'a pas aujourd'hui la
force d'impulser les instincts avec ses idées
intellectuelles à puissance d'ombre et de les
spiritualiser ainsi. Et c'est ainsi que l'humain
actuel est à chaque instant de sa vie
profondément divisé en rapport à son âme.
18
Supposons seulement une fois que vous soyez en
train de juger vos semblables. Vous êtes
notamment là intellectualiste. Chaque fois que
l'humain exerce actuellement une critique à ses
semblables, il devient intellectualiste.
Lorsqu'il devrait collaborer avec eux dans une
communauté sociale, il devient émotionnel ;
alors il devient ainsi qu'il se laisse dominer
par ses pulsions animales. Tout ce que nous
cherchons dans le travail de la vie, nous le
plongeons peu à peu dans ce qui a puissance
d'instinct animal ; tout ce que nous cherchons
de jugements de la vie, aussi quand cela s'étend
aux semblables/cohumains, nous le plongeons dans
l'intellectualisme. Les humains du présent ne
deviennent même pas conscients de cette
dichotomie dans leur âme. Ils ne remarquent pas
du tout à quel point ils sont différents
lorsqu'ils jugent sur leurs semblables et alors,
lorsqu'ils devraient traiter avec leurs
cohumains.
19
Mais la vie intellectualiste s'emballe. La vie
intellectualiste aspire à dépasser toutes les
réalités. La vie intellectualiste est ce qui, en
tant que tel, n'attache aucune importance
particulière aux conditions/rapports terrestres.
Avec la vie intellectualiste, c'est ainsi qu'on
élabore de beaux principes moraux au milieu d'un
ordre social dans lequel les gens sont des
esclaves/valets, dans lequel ils sont asservis.
J'ai souvent évoqué cela concrètement ici. Je
rappelle aujourd'hui encore l'enquête qui a été
menée en Angleterre au milieu du XIXe siècle sur
les travailleurs des mines de charbon où il
s'est avéré, entre beaucoup d'autres choses, que
des enfants de neuf, onze ou treize ans étaient
envoyés dans les puits de charbon avant le lever
du soleil pendant toute la semaine, puis
remontés après le coucher du soleil, de sorte
que les pauvres enfants ne voyaient jamais la
lumière du soleil, sauf le dimanche, et devaient
donc se développer sous terre, dans des
conditions que je vous épargnerai de décrire,
car là aussi, il y aurait des choses étranges à
raconter. Mais avec les charbons ainsi mis à
jour, les gens ont ensuite discuté dans des
salles à miroirs de l'amour du prochain, de
l'amour universel des humains sans distinction
de race, de nation, de classe, etc.
20
C'est l'extrême de la vie intellectualiste.
Nulle part ne s'ouvrent les portes de la
réalité. On flotte/plane avec son intellect
au-delà de l'humanitude. Un esprit de réalité
est simplement celui qui, dans tout ce qu'il
pense, sait comment ce qu'il pense est lié à ce
qui se passe à l'extérieur dans le monde. C'est
la tâche de la science de l'esprit d'éveiller à
nouveau ce sens de la réalité dans l'humanité.
C'est sur de tels fondements que doit
aujourd'hui être exprimé plus souvent en public
ce que j'ai exprimé l'autre jour à Bâle :
pendant des siècles, les confessions religieuses
ont eu le monopole de tout ce qui concerne l'âme
et l'esprit - l'esprit a en effet été aboli en
869 -, c'est-à-dire de tout ce qui peut être dit
sur l'âme. Les humains qui faisaient des
recherches extérieures sur la nature n'avaient
pas le droit de chercher l'esprit dans la
nature. Et on doit dire que l'image la plus
parfaite d'une vision du monde de ce point de
vue a été créée par exemple, par les jésuites
extrêmement intelligents ; quand ils deviennent
des naturalistes/chercheur sur la nature, alors
leur recherche sur la nature ne contient rien
d'esprit ! Si quelqu'un prend alors au sérieux
ce qu'un jésuite écrit sur la nature, il devient
naturellement matérialiste sous l'actuel esprit
de l'époque/du temps. Aujourd'hui, on doit
distinguer entre ce qui est théoriquement juste
et ce qui est réellement essentiel. Ce qui est
théoriquement vrai, c'est que les jésuites
défendent une vision spirituelle du monde. Ce
qui est vraiment essentiel, c'est que les
jésuites propagent le matérialisme ! - En
théorie, il était vrai que Newton en plus de sa
vision mécaniste du monde retirait son chapeau à
chaque fois qu'il prononçait le mot "Dieu". Ce
qui est vraiment essentiel, c'est que le
matérialisme d'une époque ultérieure est issu de
la vision mécaniste du monde de Newton. Car ce
n'est pas ce que l'on pense théoriquement qui
décide, mais ce qui se trouve dans les lois de
la réalité. Et la conception intellectualiste du
monde ne fournit jamais de lois de conception du
monde. Cette vision intellectualiste du monde
conduit finalement au luciférianisme complet.
Elle luciférianise en réalité le monde.
21
À côté de cet intellectualisme, nous avons à
l'heure actuelle l'émotivisme, la vie issue des
instincts, à partir de l'animalité, de la façon
dont je l'ai amené. Cette vie instinctive, cette
vie animale, domine en fait
l'existence/l'être-là public au moment où
l'humain est enclin, justement à vivre, où il
n'a plus purement à juger. On peut juger qu'il
est honteux, par exemple, de traiter les gens
dans les mines de telle ou telle manière. On
peut juger ainsi. Mais on a des actions des
mines ! En ce qu'on découpe les coupons, c'est
soi-même qui martyrise les gens de cette
manière, mais on ne le remarque seulement pas.
Je parle de cela plus comme d'un symbole de la
vie, car c'est ainsi que se déroule notre vie.
Les humains pensent d'un côté et agissent de
l'autre. Mais ils ne remarquent pas l'énorme
décalage qui existe entre l'un et l'autre.
22
Aujourd'hui, cet état de fait est dû en grande
partie à la complaisance/la commodité des
humains vis-à-vis de toutes les occasions qui
nous permettent de nous procurer une vue dans la
vie. On veut aujourd'hui être un "homme bon"
dans la vie, sans avoir l'ambition/l'effort
d'apprendre à connaître vraiment la vie. Mais il
ne se laisse aujourd'hui en réalité pas vivre
sans apprendre à connaître la vie. Cette guerre
mondiale est née du fait que les humains, qui
étaient les ainsi nommés "gouvernants" -
certains le sont encore -, se tenaient très
éloignés de la vie. Certains sont encore debout
- à leur place notamment.
23
Mais qu'est-ce qui pourrait montrer plus
clairement l'aliénation complète des humains à
la vie, dont il est s'agit tant dans les
dernières décennies, que ces "mémoires" qui
parlent si clairement de notre culture, de notre
civilisation, et qui s'entassent maintenant.
Toutes les semaines, il y en a un, d'abord des
puissances vaincues, les autres suivront, qui
publie ses mémoires. À cela se montre si bien à
quel point le jugement de celui qui a dit cela
était juste : On ne croire pas du tout avec
combien peu de raison analytique le monde est
gouverné. - Mais les conséquences de tels
présupposés ne sont pas volontiers tirées par
les hommes du présent. Car ces hommes du présent
ne veulent pas comprendre, par exemple, qu'il ne
peut y avoir de sentiment social et de savoir
social sans un véritable savoir du monde. On
peut encore fonder la zoologie sans un savoir du
monde, parce que les animaux sont organisés par
leur organisation physique en vue d'une certaine
activité, d'un certain fonctionnement. Ce qui
caractérise tout de suite l'humain, c'est
justement que son organisation est laissée
ouverte pour ce qu'il devrait absorber du savoir
du monde. Et ainsi il ne peut y avoir aucun
savoir social sans qu'il y ait un savoir du
monde à la base. On ne peut jamais construire
une véritable théorie sociale/un véritable
enseignement social sans que l'on sache que tout
ce à quoi l'être humain doit aspirer à travers
son être intérieur est un résultat de toute
l'évolution que vous trouverez présentée dans
mon ouvrage "La science secrète dans ses grandes
lignes" jusqu'à l'évolution terrestre actuelle,
et que tout ce que l'humain du présent absorbe à
travers la communauté sociale est un germe pour
ce qui doit se passer plus loin dans l'évolution
terrestre.
24
On ne peut pas comprendre la vie sociale sans
absolument comprendre le monde. Il est
impossible qu'aujourd'hui les hommes
interviennent dans la vie publique avec des
programmes, des idées ou des idéaux, sans se
donner une base spirituelle pour cette
intervention ; car ce qui manque partout, c'est
que l'âme soit saisie par ce qui est réellement
important.
25
On vit alors des choses étranges. L'excellent
théoricien socialiste allemand Karl Kautsky a
maintenant aussi écrit un livre intitulé
"Comment est née la guerre mondiale". Il y parle
d'abord de la question de la culpabilité. Dans
les premières pages, on trouve chez Kautsky un
étrange aveu. Je voudrais dire ceci en
préambule. Je voudrais dire que Kautsky fait
partie de ceux qui, au cours des dernières
décennies, ont martelé par tous les moyens une
doctrine et une discipline de parti dans le
prolétariat, ont martelé dans les esprits la
doctrine selon laquelle ce ne sont pas les
individus en tant qu'individus qui sont
responsables des événements mondiaux, mais le
capitalisme, par exemple. Et c'est ainsi que
vous trouverez partout non pas le discours des
capitalistes, mais celui du capitalisme. Avec de
telles doctrines de parti, on peut faire de
l'agitation, on peut fonder des partis, on peut
trouver des marteaux efficaces pour la tête des
humains, de sorte que de telles doctrines
deviennent des professions de foi. Dès que l'on
est contraint, je ne veux pas dire d'intervenir
dans la réalité, mais seulement de juger la
réalité, toute la doctrine s'évanouit/va comme
du pipeau ! Car maintenant où Kautsky écrit sur
les coupables, que fait-il ? Il devrait laisser
tout son livre non écrit s'il voulait continuer
ses vieilles litanies sur le capitalisme. Que
fait-il donc ? Dès la première page, il fait une
confession, une étrange confession que je me
contenterai de vous citer en quelques mots tirés
de son livre : "On ne peut pas faire passer le
capitalisme pour le seul coupable. Car le
capitalisme n'est pas comme une abstraction
obtenue/qui est gagnée de l'observation de
nombreux phénomènes particuliers et qui est un
outil d'aide indispensable dans l'effort
d'étudier ces pendants/rapports dans leurs
légités/mesures de lois. Combattre une
abstraction on le peut seulement théoriquement,
mais non pratiquement. Pratiquement, nous
pouvons seulement combattre des phénomènes
isolés... certaines institutions et personnes en
tant que titulaires/porteurs de certaines
fonctions sociétales".
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Maintenant, le théoricien socialiste est
seulement placé devant, je ne veux même pas
dire, intervenir dans la vie sociale en
construisant, mais seulement de juger la vie
sociale dans une question, et voilà que tout à
coup le capitalisme est une abstraction. C'est
seulement là qu'il y vient d'abord ! À l'instant
où le même Karl Kautsky prendrait l'initiative,
l'idée de réalité de la triarticulation, le
capitalisme ferait marche à nouveau en
organisation militaire, non pas comme une
abstraction, mais comme quelque chose de
hautement réel ! - On ne remarque même pas où
repose la différence entre ce qui est tiré d'une
observation réelle de la vie en tant que vision
sociale et ce qui est tiré d'une pensée
abstraite générale ou d'un sentiment abstrait.
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Le discernement, c'est ce que l'humain du
présent doit rechercher comme moyen de
protection contre l'illusionnisme dans lequel il
doit tomber/succomber à cause de
l'intellectualisme poussé/propulsé à l'extrême.
C'est ainsi que j'ai essayé aujourd'hui de vous
rendre attentifs, d'un certain point de vue, à
des choses importantes du présent. Je
continuerai à étoffer ces choses demain et
après-demain.
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