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Œuvres complètes de Rudolf Steiner - GA188

LE GOETHÉANISME, UNE IMPULSION DE TRANSFORMATION
ET UNE PENSÉE DE RÉSURRECTION.
SCIENCE HUMAINE ET SOCIALE.




DOUZIÈME CONFÉRENCE - Dornach, le 2 février 1919
Les trois conditions préalables dans la position de l'humain au monde, aux autres humains et à la spiritualité
 ZWÖLFTER VORTRAG - Dornach, 2. Februar 1919
Die drei Vorbedingungen in der Stellung des Menschen zur Welt, zu andern Menschen und zur Geistigkeit

 


 

Les références Rudolf Steiner Œuvres complètes ga 188  235-244 1999  02/02/1919



Original





Traducteur: FG v.01 - 06/06/2024 Editeur: SITE

Les quatre éléments du programme socialiste : sociétalisation des moyens de production ; production seulement d'après  besoin ; rapports de vie et de travail démocratiques ; plus-value à la communauté. Aucune confiance du prolétariat dans la moralité de la classe régnante. L'aspiration après un savoir de la nature libre de moralité. Le spirituel est le plus important lors de la question sociale dans le présent. Nécessité d'un libre être/système d'idéal. Danger de la montée d'instincts virulents. La science de l'esprit conduit à une contemplation spirituelle à la place de croire, à une  appréciation de l'humain vis-à-vis de l'indifférence, à une correcte appréciation de toutes choses.


  Die vier Glieder des sozialistischen Programms: Vergesellschaftung der Produktionsmittel; Produktion nur nach Bedarf; demokratische Lebens-und Arbeitsverhältnisse; Mehrwert an die Gemeinschaft. Kein Vertrauen des Proletariats in die Moralität der herrschenden Klasse. Das Streben nach moralitätsfreiem Naturwissen. Das Geistige ist das Wichtigste bei der sozialen Frage in der Gegenwart. Notwendigkeit eines freien Idealwesens. Gefahr des Aufkommens wütender Instinkte. Geisteswissenschaft führt zur geistigen Anschauung anstelle von Glauben, zur echten Menschen­schätzung gegenüber Gleichgültigkeit, zur richtigen Wertung aller Dinge.

J'ai amené hier les quatre principaux membres de l'actuel programme socialiste. Ils sont, comme vous vous en souvenez : premièrement : les entreprises de production sont à transférer dans la sociétalisation. Deuxièmement, les productions ont à s'orienter d'aprés le besoin. Troisièmement : les rapports de travail et de salaire seraient à régler démocratiquement. Quatrièmement : toute plus-value tomberait à la communauté. - Hier déjà, nous avons dû attirer l'attention sur certains éléments qui nous ont montré qu'à l'intérieur des courants de jugement et de sentiment qui ont conduit à ce programme en quatre parties, il n'y a pas seulement des faits totalement détachés de l'humain, comme la mentalité social-démocrate le déduit aujourd'hui de ce que nous avons appris à connaître comme conception matérialiste de l'histoire et comme doctrine de la lutte économique des classes. Dans les choses qui sont devenues aujourd'hui, qui se sont fixées notamment en tant que conceptions et aspirations du prolétariat, jouent des potentialités spirituelles, des impulsions spirituelles. Et il sera fatal si l'on ne veut pas se faire une vue suffisante de la force des impulsions spirituelles qui interviennent dans le cours de la pensée socialiste et de la volonté socialiste des temps modernes. On peut dire que ce qui est le plus frappant dans cette pensée socialiste et cette volonté socialiste, c'est la méfiance absolue à l'égard de toute intervention de la moralité humaine, de l'ethique humaine dans l'ordonnancement de l'organisme social. Cela repose simplement comme un dépôt de la pensée et de la volonté prolétariennes de ne pas croire que, chez les classes dominantes, n'importe quelles impulsions morales, ou aussi seulement des impulsions spirituelles, peuvent contribuer en quelque chose à la solution du problème social.

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Ich habe gestern angeführt die vier hauptsächlichsten Glieder des gegenwärtigen sozialistischen Programms. Sie sind, wie Sie sich er­innern werden: Erstens : Die Produktionsbetriebe sind überzuführen in Vergesellschaftung. Zweitens : Die Produktionen haben sich zu richten nach dem Bedarf. Drittens : Arbeits- und Lohnverhältnisse seien demokratisch zu regeln. Viertens : Jeglicher Mehrwert falle an die Gemeinschaft. — Wir haben schon gestern auf einiges hinweisen müssen, welches uns zeigte, daß innerhalb jener Urteils- und Emp­findungsströmungen, die zu diesem viergliedrigen Programm geführt haben, doch nicht bloß solche vom Menschen ganz losgelöste Tat­sachen liegen, wie sozialdemokratische Gesinnung heute aus dem ab­leitet, was wir ja kennengelernt haben als materialistische Geschichts­auffassung und als Lehre vom ökonomischen Klassenkampfe. Es spielen in die Dinge, die heute geworden sind, die sich namentlich als Anschauungen und als Aspirationen des Proletariats festgesetzt haben, geistige Potenzen, geistige Impulse hinein. Und es wird verhängnis­voll werden, wenn man sich nicht genügend Einsicht verschaffen will, wie stark die geistigen Impulse sind, die in den Verlauf des sozialisti­schen Denkens und sozialistischen Wollens der neueren Zeit hinein­spielen. Man kann sagen: Das Auffälligste in diesem sozialistischen Denken und sozialistischen Wollen ist das absolute Mißtrauen in ein jegliches Mitsprechen der menschlichen Moralität, der menschlichen Ethik bei der Ordnung des sozialen Organismus. Es liegt einfach wie ein Bodensatz dem proletarischen Denken und Wollen zugrunde, nicht daran zu glauben, daß bei den herrschenden Klassen irgend­welche moralischen Impulse oder auch nur geistigen Impulse irgend etwas zur Lösung des sozialen Problemes beitragen könnten.

Qu'on ne se méprenne pas sur ces choses, notamment pas par la formulation qui peut parfois être entendue des socialistes. Certes, cette formulation est surtout là où est critiqué, là où est parlé des erreurs des classes dirigeantes, ainsi que certaines choses sont moralement condamnées/jugées dans les classes dominantes.

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Man täusche sich über diese Dinge nicht, namentlich nicht durch den Wortlaut, der manchmal auch von Sozialisten gehört werden kann. Gewiß, dieser Wortlaut ist besonders da, wo kritisiert wird, wo über die Fehler der herrschenden Klassen gesprochen wird, so, daß manches in den herrschenden Klassen moralisch verurteilt wird.

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Mais là où le prolétariat socialiste réfléchit en pleine conscience à ce qu'il espère dans les temps modernes, il dit seulement : même si les classes dirigeantes se proposaient d'aspirer à une quelconque amélioration de la situation sociale du prolétariat sur la base d'impulsions morales, elles ne le pourraient pas du tout. Une amélioration ne peut résulter que de la véritable lutte des classes, de la lutte des intérêts économiques et des forces économiques en tant que telles. - Il est extrêmement important d'en être pleinement conscient. Car ce qui subsiste encore aujourd'hui comme un reste de foi et de confiance dans la force morale des classes régnantes, cela disparaîtra encore aussi.


Aber da, wo das sozialistische Proletariat sich vollbewußt besinnt auf dasjenige, wovon es etwas erhofft in der neueren Zeit, da sagt es nur: Selbst wenn die herrschenden Klassen sich vornehmen würden, aus moralischen Impulsen heraus irgendeine Besserung der sozialen Lage des Proletariats anzustreben, sie könnten es ja gar nicht. Eine Besserung kann sich nur ergeben aus dem wirklichen Klassenkampf, aus dem Kampf der ökonomischen Interessen und ökonomischen Kräfte als solchen. — Es ist außerordentlich wichtig, daß man sich das voll klarmacht. Denn was heute vielleicht noch als ein Rest eines Glaubens und Vertrauens in die moralische Kraft der herrschenden Klassen da ist, das wird auch noch verschwinden.

On doit se rendre clair qu'à partir des prémisses du capitalisme dont j'ai parlé hier, ce qu'on appelle l'intelligence, les dirigeants intellectuels de l'humanité actuelle sont peu à peu arrivés eux-mêmes, dans le cercle le plus large, à ne pas croire à la force des impulsions morales ou même spirituelles. Les cercles bourgeois aussi, au plus profond de leur cœur, ne croient pas beaucoup à la force efficace des impulsions morales. Certes, ils parlent beaucoup de telles impulsions morales, mais par rapport à la manière dont ces choses se produisent, ce discours apparaît souvent comme une fausseté plus ou moins consciente ou inconsciente. Car n'oublions jamais l'un des faits les plus funestes de l'évolution de l'humanité contemporaine, un fait que nous avons déjà évoqué sous les angles les plus divers ; nous pouvons le caractériser à peu près ainsi : d'un côté, nous avons aujourd'hui une certaine confiance dans un pur savoir, on aimerait dire libre de morale, libre d'esprit, sur les choses extérieures de la nature. Réfléchissez seulement à quel point l'époque actuelle s'efforce de façonner le savoir de la nature de telle sorte qu'il n'y ait aucun rapport entre les pensées que l'on se fait sur l'être naturel et les pensées que l'on se fait sur l'ordre moral du monde. Un fait caractéristique est que, par exemple, l'Église catholique romaine, qui compte parmi ses prêtres des gens vraiment très érudits, rend attentif

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Klarmachen muß man sich, daß aus jenen Voraussetzungen des Kapitalismus heraus, von denen ich gestern gesprochen habe, die so­genannte Intelligenz, die intellektuellen Führer der heutigen Mensch­heit allmählich im weitesten Umkreise selber zu einem Unglauben ge­kommen sind mit Bezug auf die Kraft moralischer oder sogar geisti­ger Impulse. Auch die bürgerlichen Kreise halten ja im tiefsten Grunde ihres Herzens nicht viel von der wirksamen Kraft moralischer Im­pulse. Gewiß, sie sprechen viel von solchen moralischen Impulsen, aber gegenüber dem, wie dann diese Dinge auftreten, erscheint oftmals dieses Sprechen wie eine mehr oder weniger bewußte oder unbewußte Unwahrhaftigkeit. Denn vergessen wir niemals eine der verhängnis­vollsten Tatsachen in der Entwickelung der Menschheit der Gegen­wart, eine Tatsache, die wir von den verschiedensten Gesichtspunkten aus schon berührt haben; wir können sie etwa so charakterisieren: Wir haben heute auf der einen Seite ein gewisses Vertrauen zu einem reinen, man möchte sagen, moralitätsfreien, geistfreien Wissen über die äußeren Naturdinge. Bedenken Sie nur, wie sehr die Gegenwart danach strebt, das Naturwissen so zu gestalten, daß nur ja keine Be­ziehung herrscht zwischen den Gedanken, die man sich über das Naturwesen macht und den Gedanken, die man sich macht über die moralische Weltenordnung. Eine charakteristische Tatsache ist ja diese, daß zum Beispiel die römisch-katholische Kirche, welche unter ihren Priestern wahrhaftig gründlich gelehrte Leute hat, darauf aufmerksam macht,

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à ce que les gens savants qui sont dans ses rangs s'en tiennent uniquement aux faits sensoriels extérieurs et n'essaient pas de mêler à la connaissance purement causale, comme on dit, quelque chose qui se rapporte au spirituel ou au moral. Tout au plus le fera-t-on à manière de parabole/comparaison.


daß die gelehrten Leute, die in ihren Reihen sind, nur ja sich bloß an die äußeren sinnlichen Tatsachen halten und nur ja nicht versuchen sollen, in das, wie man sagt, rein kausale Wissen mit Bezug auf die äußeren Tatsachen irgend etwas hineinzumischen, was auf Geistiges oder Moralisches sich bezieht. Höchstens gleichnisweise wird man das tun.

Et de l'autre côté, vous prenez ces choses qui sont écrites aujourd'hui sur des questions morales, éthiques et spirituelles par les instances et les personnes les plus diverses valant pour appelées. Certes, on y énumère toutes sortes d'impulsions et d'idéaux éthiques plus ou moins onctueux ou non, pathétiques ou non, aspirant à la compassion ou voulant susciter le dégoût. Mais convainquez-vous une fois et prenez vraiment en main de tels écrits : demandez-vous ce que l'on peut gagner aujourd'hui face aux questions brûlantes du présent, que l'on appelle les questions sociales, les énigmes sociales, à partir de ces livres d'éthique ou de ces livres spirituels du présent ? Rien, mais alors rien du tout ! D'une certaine manière, la pensée éthique s'est retirée de ce qui est directement et quotidiennement actif dans la vie sociale. Vous pouvez toujours trouver dans les livres d'éthique des termes tels que la bienveillance, l'amour - l'amour est particulièrement apprécié -, la noblesse, le droit - le droit est à nouveau particulièrement apprécié - et d'autres choses similaires. Mais ainsi qu'est parlé là, cela n'a pas la force pour agir dans l'humain. Cela n'a pas d'impulsivité morale, ce qui là aborde abstraitement les humains en concepts moraux. C'est ainsi que l'on a d'un côté une rhétorique jouant dans l'éthique, le moral, et qui n'est pas en état de saisir réellement l'humain, et c'est ainsi que l'on a ce qui saisit l'humain, l'ordre économique, qui ne se préoccupe plus de cette éthique purement rhétorique, mais veut seulement construire sur la simple pensée de la causalité naturelle, et veut introduire cette causalité naturelle dans l'ordre économique, dans l'ordre économique de l'humanité.

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Und auf der andern Seite nehmen Sie diejenigen Dinge, die heute von den verschiedensten, als berufen geltenden Stellen und Leuten über moralische, ethische, geistige Fragen geschrieben werden. Ge­wiß, es werden mancherlei mehr oder weniger salbungsvolle oder auch nicht salbungsvolle, pathetische oder nicht pathetische, zum Mit­leid hinstrebende oder Abscheu erregen wollende ethische Impulse und Ideale aufgezählt. Aber überzeugen Sie sich einmal und nehmen Sie solche Schriften wirklich zur Hand: Fragen Sie sich, was man heute gewinnen kann gegenüber den brennenden Fragen der Gegen­wart, die man die sozialen Fragen, die sozialen Rätsel nennt, aus die­sen Ethikbüchern oder geistigen Büchern der Gegenwart? Nichts, aber auch gar nichts ! Zurückgezogen in gewisser Beziehung hat sich dasjenige, was ethisches Denken ist, von dem unmittelbar, alltäglich im sozialen Leben Wirksamen. Sie können immer und immer wieder in ethischen Büchern solche Begriffe finden, wie Wohlwollen, Liebe -­Liebe ist besonders beliebt —, Vornehmheit, Recht — Recht ist wieder besonders beliebt — und ähnliche Dinge. Aber so, wie da gesprochen wird, hat es keine Kraft, um im Menschen zu wirken. Es hat keine moralische Impulsivität, was da in moralischen Begriffen abstrakt an die Menschen herantritt. So hat man auf der einen Seite eine ins Ethi­sche, ins Moralische hinüberspielende Rhetorik, die nicht imstande ist, den Menschen wirklich zu ergreifen, und so hat man das, was die Menschen ergreift, die ökonomische Ordnung, die sich gar nicht mehr um diese bloß rhetorische Ethik kümmert, sondern nur noch bauen will auf die bloßen Gedanken von der Naturkausalität, und in die ökonomische, in die wirtschaftliche Ordnung der Menschheit auch nur diese Naturkausalität hineinbringen will.

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Où entendez-vous aujourd'hui, quand les gens issus des cercles dits intelligents veulent parler éthique, ou où lisez-vous aujourd'hui, lorsque les gens veulent écrire de manière éthique, quelque chose qui s'adresse réellement à l'humain de telle sorte que les exigences éthiques deviennent directement des exigences socio-économiques ? Ce serait aujourd'hui l'essentiel, qu'un chemin droit passe de l'éthique, de la religion et de la spiritualité aux questions économiques et sociales les plus quotidiennes. Il ne faut pas négliger de connaître ce chemin si l'on ne veut pas que l'humanité rentre dans des malheurs encore plus grands que ceux dans lesquels elle est déjà rentrée ces derniers temps. Car avec rapport à ces choses, le parti socialiste-prolétarien du présent, de son aile la plus à droite à son centre jusqu'à son aile la plus à gauche, partage tout ce qu'il a hérité de la bourgeoisie capitaliste telle qu'elle s'est développée montant au cours des derniers siècles. C'est en effet la particularité de cette bourgeoisie que, d'un côté, elle a complètement objectivé, détaché le processus de formation du capital, l'économie, des aspirations personnelles de l'humain, et que, de l'autre côté, cette bourgeoisie, bien égal, qu'elle penche vers telle ou telle communauté religieuse traditionnelle ou vers une formation de secte plus récente, que cette bourgeoisie, parce qu'elle considère cela comme noble, comme juste, veut mener la vie de l'âme séparément de la vie quotidienne et perd ainsi toute vue d'ensemble de la vie, cette vue d'ensemble qui serait justement si nécessaire aux humains d'aujourd'hui. J'ai fait la connaissance de membres de cette société anthroposophique, qui ont par exemple parmi d'autres, posé une question comme celle-ci : oui, doit-on accepter dans la société une personne qui travaille dans une brasserie, qui contribue donc à ce que les gens boivent de la bière ? - Je ne veux pas parler ici pour ou contre la consommation de bière ; le point de départ des gens était justement qu'ils étaient contre la consommation de bière. Dans un tel cas, on ne peut que dire : "oui, vous voyez, vous jugez à peu près aussi loin que votre nez peut aller ; car, n'est-ce pas, votre jugement par le nez va juste assez loin pour voir le membre ou le non-membre qui occupe une position relativement indifférente dans une brasserie. Mais je parle de faits. Vous avez des actions, vous avez aussi toutes sortes de titres bancaires :

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Wo hören Sie heute, wenn die Leute, die aus den sogenannten intelligenten Kreisen hervorgegangen sind, ethisch reden wollen, oder wo lesen Sie heute, wenn die Leute ethisch schreiben wollen, etwas, was wirklich an den Menschen so herantritt, daß aus den ethischen Forderungen unmittelbar sozialökonomische werden? Das wäre heute gerade das Wesentliche, daß ein gerader Weg gehen würde von Ethik, Religion und Geistigkeit zu den alleralltäglichsten ökonomischen, volkswirtschaftlichen sozialen Fragen. Diesen Weg zu . wissen, das darf nicht versäumt werden, wenn nicht noch größeres Unheil in die Menschheit hineinkommen soll, als in der letzten Zeit schon hineingekommen ist. Denn mit Bezug auf diese Dinge macht die sozialistisch-proletarische Partei der Gegenwart von ihrem rechtesten Flügel zu ihrer Mitte bis zu ihrem linkesten Flügel alles dasjenige mit, was sie als Erbschaft angetreten hat von der kapitalistischen Bourgeoisie, wie sie in den letzten Jahrhunderten sich heraufentwickelt hat. Das ist ja das Eigentümliche dieser Bourgeoisie, daß sie auf der einen Seite ganz verobjektiviert, losgelöst hat den Kapitalbildungsprozeß, die Wirtschaft, von den persönlichen Aspirationen des Menschen, und daß auf der andern Seite diese Bourgeoisie, ganz gleichgültig, ob sie hinneigt zu dieser oder jener traditionellen Religionsgemeinschaft oder zu irgendeiner neueren Sektenbildung, daß diese Bourgeoisie, weil sie das für vornehm, für richtig hält, das Seelenleben getrennt führen will von dem alltäglichen Leben und so alle Übersicht über das Leben verliert, jene Übersicht, die gerade den heutigen Menschen so notwendig wäre. Ich habe Mitglieder dieser Anthroposophischen Gesellschaft kennengelernt, die haben zum Beispiel unter anderem eine Frage gestellt wie diese: Ja, soll man denn einen Menschen in die Gesellschaft hereinnehmen, der in einer Bierbrauerei ist, also mitwirkt dazu, daß die Leute Bier trinken? — Ich will hier weder für noch gegen das Biertrinken sprechen; der Ausgangspunkt der Leute war eben dieser, daß sie gegen das Biertrinken waren. Man kann in einem solchen Falle dann nur sagen: Ja, sehen Sie, Sie urteilen ungefähr gerade so weit, als Ihre Nase geht; denn, nicht wahr, Ihr Nasenurteil reicht gerade so weit, daß Sie das Mitglied sehen oder Nichtmitglied sehen, das in einer Bierbrauerei eine verhältnismäßig gleichgültige Stellung hat. Aber ich rede von Tatsachen. Sie haben Aktien, Sie haben auch allerlei Bankpapiere :

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savez-vous combien de bières vous brassez avec vos actions, vos titres bancaires ? Vous ne vous en souciez pas du tout ; vous vous souciez seulement de ce qui vous passe immédiatement sous le nez.


Wissen Sie denn, wieviel Bier Sie brauen mit Ihren Aktien, mit Ihren Bankpapieren? Darum kümmern Sie sich gar nicht; Sie kümmern sich nur um dasjenige, was Ihnen unmittelbar vor die Nase tritt.

Il ne s'agit pas de blâmer qui que ce soit parce qu'il pense de telle ou telle manière, mais de souligner l'incohérence, l'inconsistance, le manque de visibilité de cette pensée. Car c'est le plus grand malheur de notre époque que les humains, par commodité, en restent et veulent en rester à cette pensée incohérente, à cette incohérence intérieure, parce qu'ils ne veulent pas jeter un pont entre l'éthique, la religion, la spiritualité d'un côté et l'autre, la vie immédiatement réelle qui se présente aujourd'hui devant cette humanité sous la forme des exigences sociales, économiques, des énigmes sociales en général.

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Nicht darum handelt es sich, irgend jemanden zu tadeln, weil er so oder so denkt, sondern darum, auf die Inkonsequenz, auf das In­kohärente, auf das Unübersichtliche dieses Denkens hinzuweisen. Denn das ist das größte Unglück in unserer Zeit, daß die Menschen aus Bequemlichkeit bei diesem unzusammenhängenden, inkohären­ten Denken, bei dieser inneren Inkonsequenz verbleiben und ver­bleiben wollen, weil sie nicht die Brücke schlagen wollen von Ethik, Religion, Geistigkeit auf der einen Seite zur andern Seite, zu dem unmittelbar realen Leben, das heute in der Gestalt der sozialen, öko­nomischen Forderungen, der sozialen Rätsel überhaupt vor diese Menschheit hintritt.

En cette relation doit en fait être appris encore beaucoup. Rappelez-vous seulement, comme je l'ai souligné à maintes reprises, que dans le traitement de la question sociale à l'heure actuelle, le plus important est la prise en compte des affaires spirituelles. Les questions scolaires, les questions de la vie spirituelle absolument, ce sont les plus importantes. Si l'on regarde les choses de plus près, on peut même dire que tant que vous laisserez la vie spirituelle être dépendante de la communauté politique, aussi longtemps que vous laisserez la communauté spirituelle, la vie spirituelle, être dépendante, aspirée par la pure communauté politique, vous pourrez faire ce que vous voudrez, vous ne vous en sortirez pas. - Ce dont il s'agit, c'est de laisser le système scolaire se débrouiller tout seul/placé libre sur lui-même, que le traitement des affaires spirituelles soit placer sur soi-même. Et l'humanité n'a pas beaucoup de temps pour le faire, car il pourrait bientôt être trop tard pour cela. Car le temps est seulement aussi long qu'on l'a encore absolument en main de s'approcher de l'entité intérieure des humains à travers la fureur des instincts. Essayez aujourd'hui de prêcher à des humains qui, dans le chaos social actuel, ont déjà développé leurs instincts furieux ; on vous rira au nez.

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In dieser Beziehung muß in der Tat vieles noch gelernt werden. Erinnern Sie sich nur daran, wie ich doch immer wieder und wieder­um betont habe, daß bei der Behandlung der sozialen Frage in der Gegenwart das Allerwichtigste der Hinblick auf die geistigen An­gelegenheiten ist. Die Schulfragen, die Fragen des geistigen Lebens überhaupt, das sind die allerwichtigsten. Man kann sogar, wenn man tiefer in die Dinge hineinblickt, sagen : Solange ihr das geistige Leben abhängig sein lasset von der politischen Gemeinschaft, solange ihr die geistige Gemeinschaft, das geistige Leben abhängig sein laßt, auf­gesogen sein lasset von der bloßen politischen Gemeinschaft, so lange könnt ihr tun, was ihr wollt, ihr werdet nicht zurechtkommen. — Dasjenige, um was es sich handelt, ist, daß das Schulwesen frei auf sich selbst gestellt wird, daß die Behandlung der geistigen Angelegen­heiten frei auf sich gestellt wird. Und die Menschheit hat im Grunde genommen gar nicht sehr viel Zeit, dies zu tun, denn es könnte sehr bald zu spät sein dazu. Denn Zeit ist nur so lange, als man es in der Hand hat, durch das wilde Wüten der Instinkte hindurch überhaupt noch an die innere Wesenheit der Menschen heranzukommen. Ver­suchen Sie heute, Menschen, die im sozialen Chaos der Gegenwart ihre wütenden Instinkte schon entwickelt haben, versuchen Sie, ihnen zu predigen; Sie werden ausgelacht.

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C'est pour cela qu'on aimerait toujours de nouveau et à nouveau faire appel aux cœurs, aux âmes, pour que l'on écoute ce qui est réellement nécessaire. De même que l'évolution vers le capitalisme au cours des derniers siècles a poussé l'intérêt pour le spirituel et, par conséquent, l'intérêt pour le monde en général, dans une pleine non clarté, de même la science de l'esprit orientée anthroposophiquement veut amener ces choses à la clarté.


Das ist es, warum man immer wieder und wiederum an die Herzen, an die Seelen appellieren möchte, daß doch gehört werde auf dasjenige, was eigentlich notwendig ist. Geradeso wie die Entwickelung in den Kapitalismus hinein in den letzten Jahrhunderten die Beschäftigung mit dem Geistigen und dadurch die Beschäftigung mit der Welt überhaupt ins völlig Unklare getrieben hat, so will anthroposophisch orientierte Geisteswissenschaft diese Dinge zur Klarheit bringen.

Considérons une fois le premier point de l'idéal socialiste quadrimembré : la transformation des entreprises de production en propriété commune, en propriété sociale. Oui, ce dont il s'agit ici dépend tout de suite de questions spirituelles, d'une compréhension claire de certaines réponses aux questions spirituelles. Qu'est-ce qu'en fait la science de l'esprit, si elle n'est pas considérée comme une pure théorie sèche, apportera aux âmes humaines ? Cette science de l'esprit apportera trois choses aux âmes humaines : Premièrement, pas purement une croyance en un quelconque spirituel-divin, mais une vision, quand aussi peut-être une médiatisée/transmise par des concepts, mais pour cela saisissable pour le bon sens humain/la saine raison analytique humaine des mondes spirituels. Face au discours brouillé, souvent panthéiste ou aussi vague/indéterminé que possible sur le monde spirituel, la science de l'esprit orientée anthroposophiquement donne des visions de ce monde spirituel, parle d'une articulation/un membrement bien déterminé des êtres spirituels, d'une articulation d'ordres hiérarchiques au sein du monde spirituel, donne des visions du monde spirituel qui sont aussi concrètes que les visions des règnes minéral, végétal et animal au sein du monde physique. Ces visions/façon de voir ont été complètement mises de côté par l'évolution des derniers siècles. Pensez seulement à la manière dont les humains insistent aujourd'hui sur la foi sans vision ! C'est la caractéristique de la science de l'esprit orientée anthroposophiquement qu'elle veut donner des visions/façon de voir du monde spirituel.

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Betrachten wir einmal den ersten Punkt in dem viergliedrigen sozia­listischen Ideal: Überführung der Produktionsbetriebe in gemein­sames Eigentum, in Gesellschaftseigentum. Ja, um was es sich dabei handelt, das hängt gerade ab von geistigen Fragen, von einer klaren Einsicht in gewisse Antworten auf geistige Fragen. Was wird denn eigentlich Geisteswissenschaft, wenn sie nicht bloß als eine trockene Theorie genommen wird, den menschlichen Seelen bringen? Drei Dinge wird diese Geisteswissenschaft den menschlichen Seelen brin­gen: Erstens nicht bloß einen Glauben an irgendein Geistig-Gött­liches, sondern eine Anschauung, wenn auch vielleicht nur eine durch Begriffe vermittelte, dafür aber für den gesunden Menschenverstand erfaßbare Anschauung von den geistigen Welten. Gegenüber dem verwaschenen, oftmals pantheistischen oder möglichst unbestimmten Sprechen von der geistigen Welt gibt die anthroposophisch orien­tierte Geisteswissenschaft Anschauungen von dieser geistigen Welt, redet von ganz bestimmter Gliederung der geistigen Wesen, von einer Gliederung hierarchischer Ordnungen innerhalb der geistigen Welt, gibt Anschauungen der geistigen Welt, die ebenso konkret sind wie die Anschauungen über das mineralische, das pflanzliche, das tierische Reich innerhalb der physischen Welt. Diese Anschauungen, sie wur­den gänzlich beiseite geschoben durch die Entwickelung der letzten Jahrhunderte. Bedenken Sie nur, wie heute die Menschen pochen auf den Glauben ohne Anschauung! Das ist das Charakteristische der anthroposophisch orientierten Geisteswissenschaft, daß sie von der geistigen Welt Anschauung geben will.

Une deuxième chose que cette science de l'esprit donne à celui qui ne la prend pas seulement comme une théorie sèche et austère, mais qui laisse le cœur et l'âme se saisir de cela, c'est un véritable incommensurable respect et une estime de large portée de l'humain.

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Ein zweites, was diese Geisteswissenschaft dem gibt, der sie nicht bloß als nüchterne, trockene Theorie nimmt, sondern der Herz und Seele davon ergreifen läßt, ist wirkliche, unermeßlich weitgehende Menschenachtung und Menschenschätzung.

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Une conception spirituelle de la vie qui se présente comme elle a été tentée de le faire, par exemple dans ma "Science secrète dans ses grandes lignes", peut-elle conduire à autre chose, si elle est reçue par l'âme entière et pas seulement par l'intellect théorique, qu'à une véritable estime de l'humain ? Pensez que le cosmos entier est considéré dans la mesure où l'humain est placé dans ce cosmos. Au fond, en ne parlant pas seulement de l'évolution terrestre, mais même de l'évolution lunaire, solaire et saturnienne, c'est toujours l'humain qui est considéré. Comparez à cet égard la science de l'esprit orientée anthroposophiquement avec la science de la nature ordinaire de notre époque. Elle se laisse conduire à des hypothèses comme celle de Kant-Laplace. Elle ne remonte pas très loin, comparée à celle à laquelle on remonte dans la conception de la Lune, du Soleil, de Saturne ; elle remonte à un certain état de la Terre. Mais dans cette folie philosophique et de science de la nature que l'on appelle la théorie de Kant-Laplace, l'humain est déjà perdu depuis longtemps. Il n'est plus à l'intérieur, c'est un brouillard gris originel dont parle cette théorie folle, mais que l'on ressent aujourd'hui comme scientifique. Face à cette perte de l'humain au sein même du terrestre, il y a la contemplation de la science de l'esprit, qui va à la rencontre de l'humain dans tout le cosmos. Certes, on peut le faire en appliquant à la chose de simples pensées intelligentes, en poursuivant la chose de façon simplement théorique. Mais pour celui qui ne poursuit pas cela de manière purement théorique, mais pour qui la poursuite de cette chose est le contenu le plus intime de tout son être humain, il résulte d'une telle contemplation du monde une appréciation de l'humain qui s'étend à des distances incommensurables, une appréciation de l'humain en tant que tel.


Kann denn eine geistige Lebensauffassung, die sich so darlebt, wie sie versucht worden ist darzuleben zum Beispiel in meiner «Geheimwissenschaft im Umriß », zu etwas anderem führen, wenn sie von der ganzen Seele, nicht nur von dem theoretischen Verstande aufgenommen wird, als zu einer wirklichen Menschenschätzung? Denken Sie, der ganze Kosmos wird betrachtet, insoferne der Mensch hineingestellt ist in diesen Kosmos. Es ist ja im Grunde genommen, indem nicht bloß gesprochen wird von der Erdenentwickelung, sondern sogar von Monden-, Sonnen-und Saturnentwickelung, immer der Mensch, der betrachtet wird. Vergleichen Sie in dieser Beziehung anthroposophisch orientierte Geisteswissenschaft mit der gewöhnlichen Naturwissenschaft der Gegenwart. Die läßt sich führen zu solchen Hypothesen wie der KantLaplaceschen. Sie geht nicht weit zurück, verglichen mit dem, zu welchem zurückgegangen wird in der Monden-, Sonnen-, Saturnanschauung; sie geht zurück zu einem gewissen Erdenzustand. Allein in jenem philosophisch naturwissenschaftlichen Wahnsinn, den man Kant-Laplacesche Theorie nennt, ist ja längst schon der Mensch verloren. Da ist er nicht mehr drinnen, da ist ein grauer Urnebel, von dem diese wahnsinnige Theorie, die man heute aber als wissenschaftlich empfindet, spricht. Diesem Verlust des Menschen schon innerhalb des Irdischen selber steht gegenüber die Betrachtung der Geisteswissenschaft, die im ganzen Kosmos den Menschen aufsucht. Gewiß, man kann das tun, indem man auf die Sache bloß gescheite Gedanken wendet, indem man die Sache bloß theoretisch verfolgt. Wer aber das nicht bloß theoretisch verfolgt, sondern wem die Verfolgung dieser Sache innerster Gehalt seines ganzen Menschenwesens ist, für den folgt aus einer solchen Weltenbetrachtung eine in unermeßliche Weiten gehende Menschenschätzung, Schätzung des Menschen als solchen.

L'appréciation de l'être humain en tant que tel, voilà ce qui manque à cette vision moderne qui ne s'intéresse qu'à l'aspect extérieur des sens. La science de l'esprit reste dans la réalité, pour elle, la sensorialité extérieure est justement un simulacre. Mais si l'on s'arrête à la réalité extérieure, on n'a pas de correctif, pas de correctif tel que celui dont dispose la science de l'esprit en considérant l'humain cosmique

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Die Schätzung des Menschen als solchen, die fehlt jener modernen Anschauung, die nur auf das äußerlich Sinnliche geht. Geisteswissen­schaft bleibt in der Wirklichkeit, ihr ist gerade die äußere Sinnlichkeit ein Scheinbild. Aber wenn man bei der äußeren Wirklichkeit stehen­bleibt, hat man kein Korrektiv, kein solches Korrektiv, wie die Gei­steswissenschaft es hat, indem sie den kosmischen Menschen betrachtet

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et par cela arrive à une appréciation de l'humain, au contraire de ce que parfois dit une façon de voir sensorielle sur l'humain. Cette conception matérialiste ne peut pas arriver à une appréciation de l'humain ; elle devrait donc être fausse. Elle devrait absolument estimer l'humain individuel empirique, l'humain de tous les jours, c'est-à-dire ce qu'elle sait de cet humain. Eh bien, cela ne va pas volontiers tout de suite !


und dadurch zur Menschenschätzung kommt, im Gegensatz zu dem, was manchmal die sinnliche Anschauung über den Menschen aussagt. Diese materialistische Anschauung kann zu keiner Menschenschätzung kommen; sie müßte ja unwahr sein. Sie müßte ja den einzelnen empirischen Menschen, den. alltäglichen Menschen, das heißt das, was sie von diesem Menschen weiß, unbedingt schätzen. Nun, das geht wohl nicht gerade !

Ainsi, la science de l'esprit est premièrement le chemin vers la vision spirituelle par rapport à la simple croyance, ainsi elle est le chemin vers une véritable estime de l'humain par rapport à l'indifférence envers les humains qui découle nécessairement de la pure vision matérialiste. Encore une troisième chose. Il y a naturellement dans le cosmos des choses et des processus en dehors de l'humain. Comment la science de l'esprit considère-t-elle ces choses et ces processus en dehors de l'humain ? Toutes en rapport à l'humain ! Rien n'est considéré que par rapport à l'humain. Le règne minéral, le règne végétal, le règne animal sont considérés par la science de l'esprit en référence à l'humain. Cela donne une certaine appréciation de ce qui existe à côté de l'humain, ou on pourrait aussi dire sous l'humain, dans le monde physique extérieur. Prenez cette sensation, qui est une véritable science de l'esprit, et que Christian Morgenstern a prise de la science de l'esprit et transformée en forme poétique : l'humain se sent à la hauteur des royaumes physiques de la terre. En dessous de lui, il y a le règne animal, le règne végétal et le règne minéral. Mais si ce règne végétal pouvait réfléchir de manière sensible sur le règne minéral, que devrait-il se dire ? Je m'incline devant toi avec respect, toi le minéral, car c'est à toi que je dois mon être-là. Si tu ne m'avais pas donné le sol, bien que tu sois plus bas que moi dans l'ordre hiérarchique de la nature, si tu ne m'avais pas donné le sol, je n'aurais pas pu être. De même, l'animal doit s'incliner avec respect vers la plante et dire: Je te remercie de mon être-là. — Et ainsi vers en haut. Tout empire supérieur s'incline dans la crainte de l'empire inférieur.

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So ist die Geisteswissenschaft erstens der Weg zur geistigen An­schauung gegenüber dem bloßen Glauben, so ist sie der Weg zur echten Menschenschätzung gegenüber jener Gleichgültigkeit gegen die Menschen, die notwendigerweise aus der bloß materialistischen Anschauung folgt. Noch ein Drittes. Es gibt natürlich im Kosmos Dinge und Vorgänge außerhalb des Menschen. Wie betrachtet die Geisteswissenschaft diese Dinge und Vorgänge außerhalb des Men­schen? Alle in bezug auf den Menschen! Es wird ja nichts betrachtet als in bezug auf den Menschen. Das mineralische, das pflanzliche, das tierische Reich, mit Bezug auf den Menschen werden sie betrachtet von der Geisteswissenschaft. Das gibt eine gewisse Schätzung des­jenigen, was neben dem Menschen, oder man könnte auch sagen : unter dem Menschen in der äußeren physischen Welt vorhanden ist. Nehmen Sie jene Empfindung, die eine echt geisteswissenschaftliche ist, und die aus der Geisteswissenschaft heraus Christian Morgenstern genommen und in dichterische Form umgeprägt hat : Der Mensch fühlt sich auf der Höhe der physischen Erdenreiche. Unter ihm ist das tierische, das pflanzliche, das mineralische Reich. Aber wenn dieses pflanzliche Reich empfindungsgemäß nachdenken könnte über das mineralische, was müßte es sich sagen? Ich neige mich in Ehrfurcht vor dir, du Mineral, denn dir verdanke ich mein Dasein. Gäbest du mir nicht den Boden, trotzdem du niedriger bist in der hierarchischen Naturordnung als ich, gäbest du mir nicht den Boden, ich könnte nicht sein. Ebenso muß sich in Ehrfurcht neigen das Tier zur Pflanze und sagen : Ich danke dir mein Dasein. — Und so hinauf. Jedes höhere Reich neigt sich in Ehrfurcht vor dem niedrigeren Reich.

C'est ainsi que la science de l'esprit trouve la possibilité de regarder aussi l'autre monde en rapport à l'humain, à l'amener dans un rapport correct.

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So findet Geisteswissenschaft die Möglichkeit, auch die andere Welt mit Bezug auf den Menschen anzuschauen, in ein richtiges Verhältnis zu bringen.

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La science de l'esprit intervient dans trois directions lorsqu'elle est en mesure d'intervenir dans la vie spirituelle, mais aussi dans la vie matérielle du présent : premièrement, par la contemplation spirituelle ; deuxièmement, par l'appréciation de l'humain ; troisièmement, par l'évaluation correcte de toutes les choses du monde par rapport à l'humain. Si ces choses n'arrivent pas, toute exigence de socialisation des entreprises de production reste une exigence dépourvue d'essence. Car tant que les trois conditions préalables mentionnées ne sont pas remplies dans la position de l'humain par rapport au monde, aux autres humains et à la spiritualité, il est impossible que des impulsions justes règnent dans la vie communautaire qui doit propulser quelque chose de socialiste.


Nach drei Richtungen hin greift Geisteswissenschaft ein, wenn sie einzugreifen vermag in das geistige Leben, in das Leben aber auch des Materiellen in der Gegenwart : Erstens durch geistige Anschauung; zweitens durch Menschenschätzung; drittens durch richtige Wertung aller Dinge der Welt gegenüber dem Menschen. Ohne daß diese Dinge eintreten, bleibt jede Forderung der Sozialisierung der Produktionsbetriebe eine wesenlose Forderung. Denn solange nicht vorhanden sind die drei genannten Vorbedingungen in der Stellung des Menschen zur Welt, zu andern Menschen und zur Geistigkeit, so lange ist es unmöglich, daß richtige Impulse in dem Gemeinschaftsleben herrschen, das irgend etwas sozialistisch betreiben soll.

Il est tout aussi peu possible de réaliser n'importe comment le deuxième point : régulation de la production d'aprés le besoin. En effet, le besoin n'est pas quelque chose qui peut être enregistré statistiquement et d'après quoi se laisse justement régler autre chose. Dans la vie réelle, le besoin se transforme continuellement, se métamorphose continuellement. Je demande, j'aimerais une fois que quelqu'un établisse de quelle grandeur etait le besoin des humains pour des chemins de fer électriques en 1840 ! Ce besoin est créé par magie par le processus culturel lui-même, il est transformé par le processus culturel même. Si vous voulez régler la production en fonction d'un besoin existant, si vous ne voulez pas donner d'initiative à la production, vous faites stagner le besoin. Vous pouvez seulement etablir le rapport correct entre le besoin et la production uniquement si vous structurez/articulez l'organisme social de trois façons. Alors, la collaboration vivante de la régulation entre production et besoin, comme entre les autres impulsions de l'organisme social, est là d'elle-même. - Les rapports de travail et de salaire doivent être réglés démocratiquement. Oui, la démocratie ne sert à rien si ne repose pas à sa base une correcte appréciation de l'humain, cette appréciation qui ne peut vraiment être inscrite à fond dans l'âme humaine qu'à partir de la science de l'esprit. La démocratie contient toujours le ferment de sa propre destruction si elle ne contient pas en même temps le germe pour une véritable appréciation de l'humain.

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Ebensowenig ist es möglich, den zweiten Punkt irgendwie zu reali­sieren: Regelung der Produktion nach dem Bedarf. Ja, der Bedarf ist ja nicht irgend etwas, was statistisch aufgenommen werden kann und wonach sich eben anderes regeln läßt. Der Bedarf im wirklichen Leben wandelt sich fortwährend, metamorphosiert sich fortwährend. Ich bitte, ich möchte einmal, daß jemand feststellt, wie groß im Jahre 1840 der Bedarf der Menschen nach elektrischen Eisenbahnen war ! Dieser Bedarf wird hervorgezaubert durch den Kulturprozeß selber, wird verwandelt durch den Kulturprozeß selbst. Wollen Sie nach einem vorhandenen Bedarf die Produktion regeln, wollen Sie der Pro­duktion nicht Initiative geben, so bringen Sie den Bedarf zur Stagna­tion. Sie können allein das richtige Verhältnis zwischen Bedarf und Produktion herstellen, wenn Sie den sozialen Organismus dreifach gliedern. Dann ist im lebendigen Zusammenwirken die Regelung von selbst da zwischen Produktion und Bedarf, wie zwischen den andern Impulsen des sozialen Organismus. — Arbeits- und Lohnverhältnisse sollen demokratisch geregelt werden. Ja, da handelt es sich darum, daß eine Demokratie gar nichts hilft, wenn nicht die richtige Men­schenschätzung zugrunde liegt, jene Menschenschätzung, die wirk­lich nur gründlich in die menschliche Seele geschrieben werden kann aus der Geisteswissenschaft heraus. Demokratie enthält immer das Ferment zu ihrem eigenen Untergang, wenn sie nicht zu gleicher Zeit den Keim zu wirklicher Menschenschätzung enthält.

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La valeur ajoutée/plus-value - c'est le quatrième point - doit être transmise à la communauté. Mes chers amis, j'aimerais dire qu'avec une telle chose, on surprend justement la pensée absolument impossible en soi d'une telle direction. Qu'est-ce que la valeur ajoutée ? La plus-value est ce que le prolétariat marxiste blâme comme l'impossible, comme ce qu'il faut abolir. Pour qu'il n'y ait plus de plus-value, il faut fonder un ordre socialiste. Dans cet ordre socialiste, il est essentiel qu'il n'y ait plus de plus-value. Mais l'un de ses points idéaux est que cette plus-value doit être versée à la communauté ! Cela figure en effet parmi les points particuliers. Pourquoi cela figure-t-il ? Oui, parce qu'il y aura déjà de la plus-value, et parce que le fait qu'il y aura de la plus-value jette son ombre sur le programme. Mais c'est l'ombre qui tombe sur le programme. Elle jette en retour à nouveau toute son obscurité sur l'ensemble de la théorie.

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Der Mehrwert -- das ist der vierte Punkt — soll der Gemeinschaft überliefert werden. Meine lieben Freunde, ich möchte sagen: Bei einer solchen Sache ertappt man gerade das absolut in sich unmögliche Denken einer solchen Richtung. Was ist denn der Mehrwert? Der Mehrwert ist dasjenige, was gerade das marxistische Proletariat als das Unmögliche, als das Abzuschaffende. tadelt. Damit es keinen Mehrwert mehr gibt, soll eine sozialistische Ordnung begründet werden. In dieser sozialistischen Ordnung ist ein Wesentliches, daß kein Mehrwert mehr da wäre. Aber einer ihrer idealen Punkte ist, daß dieser Mehrwert an die Gemeinschaft abgeliefert werden soll! Das figuriert in der Tat unter den besonderen Punkten. Warum figuriert es? Ja, weil schon Mehrwert da sein wird, und weil die Tatsache, daß Mehrwert da sein wird, auf das Programm seinen Schatten wirft. Aber das ist der Schatten, der durchaus auf das Programm fällt. Der wirft wiederum seine ganze Finsternis zurück auf die ganze Theorie.

Et c'est ainsi que l'humanité d'aujourd'hui vit en chancelant dans une terrible obscurité qui ne peut être éclairée que si l'on surmonte l'inconfort de passer de la croyance à la contemplation/vision, de la simple position empiriquement donnée d'un humain par rapport à un autre, à la véritable appréciation de l'humain, de la simple consommation des choses et autres choses semblables à cette appréciation des choses extra-humaines dans le monde, qui est donnée si l'on sait anthroposophiquement rapporter toutes choses à l'humain.

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Und so lebt die heutige Menschheit taumelnd in einer furchtbaren Finsternis, die nur erhellt werden kann, wenn man die Unbequem­lichkeit überwindet, vom Glauben zum Anschauen, von der bloßen empirisch gegebenen Stellung des einen Menschen zum andern, zur wirklichen Menschenschätzung zu kommen, von dem bloßen Essen der Dinge und ähnlichem zu jener Würdigung der außermensch­lichen Dinge in der Welt, die ja gegeben ist, wenn man anthroposo­phisch weiß, alle Dinge auf den Menschen zu beziehen.

C'est ainsi que le destin des efforts en matière spirituelle-scientifique est étroitement lié aux énigmes sociales du présent. Et plus que ce besoin de répandre absolument la science de l'esprit, repose sur l'âme de celui qui est sérieux au sujet de la science de l'esprit, le besoin d'appeler sur le devant chez les humains le sentiment de combien est nécessaire, tout de suite pour les besoins les plus importants et les plus justifiés du présent, une propagation de ces idées, sentiments et impulsions de volonté qui peuvent seuls provenir de la science de l'esprit. Mainrenant, nous allons aussi encore continuer à parler sur ces choses.

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So eng hängt das Schicksal geisteswissenschaftlicher Bestrebungen mit den sozialen Rätseln der Gegenwart zusammen. Und mehr als jenes Bedürfnis, Geisteswissenschaft überhaupt zu verbreiten, liegt dem, welchem es ernst ist um die Geisteswissenschaft, das Bedürfnis auf der Seele: in den Menschen ein Gefühl hervorzurufen davon, wie notwendig gerade für die wichtigsten und berechtigtsten Bedürfnisse der Gegenwart eine Ausbreitung derjenigen Ideen, Gefühle und Wil­lensimpulse ist, die allein aus der Geisteswissenschaft kommen kön­nen. Nun, wir werden ja auch über diese Dinge noch weiter sprechen.

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 Français seulement


DOUZIÈME CONFÉRENCE - Dornach, le 2 février 1919

Les trois conditions préalables dans la position de l'humain au monde, aux autres humains et à la spiritualité

Les quatre éléments du programme socialiste : sociétalisation des moyens de production ; production uniquement selon les besoins ; conditions de vie et de travail démocratiques ; plus-value à la communauté. Pas de confiance du prolétariat dans la moralité de la classe régnante. L'aspiration à un savoir naturel libre de moralité. Le spirituel est le plus important dans la question sociale dans le présent. Nécessité d'un être/système d'idéal libre. Danger de la montée d'instincts virulents. La science de l'esprit conduit à la contemplation spirituelle au lieu de la foi/la croyance, à une véritable appréciation de l'humain vis-à-vie de l'indifférence, à une juste appréciation de toutes choses.

Trad. F.G. v. 01- 06/06/2024

01
J'ai amené hier les quatre principaux membres de l'actuel programme socialiste. Ils sont, comme vous vous en souvenez : premièrement : les entreprises de production sont à transférer dans la sociétalisation. Deuxièmement, les productions ont à s'orienter d'aprés le besoin. Troisièmement : les rapports de travail et de salaire seraient à régler démocratiquement. Quatrièmement : toute plus-value tomberait à la communauté. - Hier déjà, nous avons dû attirer l'attention sur certains éléments qui nous ont montré qu'à l'intérieur des courants de jugement et de sentiment qui ont conduit à ce programme en quatre parties, il n'y a pas seulement des faits totalement détachés de l'humain, comme la mentalité social-démocrate le déduit aujourd'hui de ce que nous avons appris à connaître comme conception matérialiste de l'histoire et comme doctrine de la lutte économique des classes. Dans les choses qui sont devenues aujourd'hui, qui se sont fixées notamment en tant que conceptions et aspirations du prolétariat, jouent des potentialités spirituelles, des impulsions spirituelles. Et il sera fatal si l'on ne veut pas se faire une vue suffisante de la force des impulsions spirituelles qui interviennent dans le cours de la pensée socialiste et de la volonté socialiste des temps modernes. On peut dire que ce qui est le plus frappant dans cette pensée socialiste et cette volonté socialiste, c'est la méfiance absolue à l'égard de toute intervention de la moralité humaine, de l'ethique humaine dans l'ordonnancement de l'organisme social. Cela repose simplement comme un dépôt de la pensée et de la volonté prolétariennes de ne pas croire que, chez les classes dominantes, n'importe quelles impulsions morales, ou aussi seulement des impulsions spirituelles, peuvent contribuer en quelque chose à la solution du problème social.
02
Qu'on ne se méprenne pas sur ces choses, notamment pas par la formulation qui peut parfois être entendue des socialistes. Certes, cette formulation est surtout là où est critiqué, là où est parlé des erreurs des classes dirigeantes, ainsi que certaines choses sont moralement condamnées/jugées dans les classes dominantes. Mais là où le prolétariat socialiste réfléchit en pleine conscience à ce qu'il espère dans les temps modernes, il dit seulement : même si les classes dirigeantes se proposaient d'aspirer à une quelconque amélioration de la situation sociale du prolétariat sur la base d'impulsions morales, elles ne le pourraient pas du tout. Une amélioration ne peut résulter que de la véritable lutte des classes, de la lutte des intérêts économiques et des forces économiques en tant que telles. - Il est extrêmement important d'en être pleinement conscient. Car ce qui subsiste encore aujourd'hui comme un reste de foi et de confiance dans la force morale des classes régnantes, cela disparaîtra encore aussi.
03
On doit se rendre clair qu'à partir des prémisses du capitalisme dont j'ai parlé hier, ce qu'on appelle l'intelligence, les dirigeants intellectuels de l'humanité actuelle sont peu à peu arrivés eux-mêmes, dans le cercle le plus large, à ne pas croire à la force des impulsions morales ou même spirituelles. Les cercles bourgeois aussi, au plus profond de leur cœur, ne croient pas beaucoup à la force efficace des impulsions morales. Certes, ils parlent beaucoup de telles impulsions morales, mais par rapport à la manière dont ces choses se produisent, ce discours apparaît souvent comme une fausseté plus ou moins consciente ou inconsciente. Car n'oublions jamais l'un des faits les plus funestes de l'évolution de l'humanité contemporaine, un fait que nous avons déjà évoqué sous les angles les plus divers ; nous pouvons le caractériser à peu près ainsi : d'un côté, nous avons aujourd'hui une certaine confiance dans un pur savoir, on aimerait dire libre de morale, libre d'esprit, sur les choses extérieures de la nature. Réfléchissez seulement à quel point l'époque actuelle s'efforce de façonner le savoir de la nature de telle sorte qu'il n'y ait aucun rapport entre les pensées que l'on se fait sur l'être naturel et les pensées que l'on se fait sur l'ordre moral du monde. Un fait caractéristique est que, par exemple, l'Église catholique romaine, qui compte parmi ses prêtres des gens vraiment très érudits, rend attentif à ce que les gens savants qui sont dans ses rangs s'en tiennent uniquement aux faits sensoriels extérieurs et n'essaient pas de mêler à la connaissance purement causale, comme on dit, quelque chose qui se rapporte au spirituel ou au moral. Tout au plus le fera-t-on à manière de parabole/comparaison.
04
Et de l'autre côté, vous prenez ces choses qui sont écrites aujourd'hui sur des questions morales, éthiques et spirituelles par les instances et les personnes les plus diverses valant pour appelées. Certes, on y énumère toutes sortes d'impulsions et d'idéaux éthiques plus ou moins onctueux ou non, pathétiques ou non, aspirant à la compassion ou voulant susciter le dégoût. Mais convainquez-vous une fois et prenez vraiment en main de tels écrits : demandez-vous ce que l'on peut gagner aujourd'hui face aux questions brûlantes du présent, que l'on appelle les questions sociales, les énigmes sociales, à partir de ces livres d'éthique ou de ces livres spirituels du présent ? Rien, mais alors rien du tout ! D'une certaine manière, la pensée éthique s'est retirée de ce qui est directement et quotidiennement actif dans la vie sociale. Vous pouvez toujours trouver dans les livres d'éthique des termes tels que la bienveillance, l'amour - l'amour est particulièrement apprécié -, la noblesse, le droit - le droit est à nouveau particulièrement apprécié - et d'autres choses similaires. Mais ainsi qu'est parlé là, cela n'a pas la force pour agir dans l'humain. Cela n'a pas d'impulsivité morale, ce qui là aborde abstraitement les humains en concepts moraux. C'est ainsi que l'on a d'un côté une rhétorique jouant dans l'éthique, le moral, et qui n'est pas en état de saisir réellement l'humain, et c'est ainsi que l'on a ce qui saisit l'humain, l'ordre économique, qui ne se préoccupe plus de cette éthique purement rhétorique, mais veut seulement construire sur la simple pensée de la causalité naturelle, et veut introduire cette causalité naturelle dans l'ordre économique, dans l'ordre économique de l'humanité.
05
Où entendez-vous aujourd'hui, quand les gens issus des cercles dits intelligents veulent parler éthique, ou où lisez-vous aujourd'hui, lorsque les gens veulent écrire de manière éthique, quelque chose qui s'adresse réellement à l'humain de telle sorte que les exigences éthiques deviennent directement des exigences socio-économiques ? Ce serait aujourd'hui l'essentiel, qu'un chemin droit passe de l'éthique, de la religion et de la spiritualité aux questions économiques et sociales les plus quotidiennes. Il ne faut pas négliger de connaître ce chemin si l'on ne veut pas que l'humanité rentre dans des malheurs encore plus grands que ceux dans lesquels elle est déjà rentrée ces derniers temps. Car avec rapport à ces choses, le parti socialiste-prolétarien du présent, de son aile la plus à droite à son centre jusqu'à son aile la plus à gauche, partage tout ce qu'il a hérité de la bourgeoisie capitaliste telle qu'elle s'est développée montant au cours des derniers siècles. C'est en effet la particularité de cette bourgeoisie que, d'un côté, elle a complètement objectivé, détaché le processus de formation du capital, l'économie, des aspirations personnelles de l'humain, et que, de l'autre côté, cette bourgeoisie, bien égal, qu'elle penche vers telle ou telle communauté religieuse traditionnelle ou vers une formation de secte plus récente, que cette bourgeoisie, parce qu'elle considère cela comme noble, comme juste, veut mener la vie de l'âme séparément de la vie quotidienne et perd ainsi toute vue d'ensemble de la vie, cette vue d'ensemble qui serait justement si nécessaire aux humains d'aujourd'hui. J'ai fait la connaissance de membres de cette société anthroposophique, qui ont par exemple parmi d'autres, posé une question comme celle-ci : oui, doit-on accepter dans la société une personne qui travaille dans une brasserie, qui contribue donc à ce que les gens boivent de la bière ? - Je ne veux pas parler ici pour ou contre la consommation de bière ; le point de départ des gens était justement qu'ils étaient contre la consommation de bière. Dans un tel cas, on ne peut que dire : "oui, vous voyez, vous jugez à peu près aussi loin que votre nez peut aller ; car, n'est-ce pas, votre jugement par le nez va juste assez loin pour voir le membre ou le non-membre qui occupe une position relativement indifférente dans une brasserie. Mais je parle de faits. Vous avez des actions, vous avez aussi toutes sortes de titres bancaires : savez-vous combien de bières vous brassez avec vos actions, vos titres bancaires ? Vous ne vous en souciez pas du tout ; vous vous souciez seulement de ce qui vous passe immédiatement sous le nez.
06
Il ne s'agit pas de blâmer qui que ce soit parce qu'il pense de telle ou telle manière, mais de souligner l'incohérence, l'inconsistance, le manque de visibilité de cette pensée. Car c'est le plus grand malheur de notre époque que les humains, par commodité, en restent et veulent en rester à cette pensée incohérente, à cette incohérence intérieure, parce qu'ils ne veulent pas jeter un pont entre l'éthique, la religion, la spiritualité d'un côté et l'autre, la vie immédiatement réelle qui se présente aujourd'hui devant cette humanité sous la forme des exigences sociales, économiques, des énigmes sociales en général.
07
En cette relation doit en fait être appris encore beaucoup. Rappelez-vous seulement, comme je l'ai souligné à maintes reprises, que dans le traitement de la question sociale à l'heure actuelle, le plus important est la prise en compte des affaires spirituelles. Les questions scolaires, les questions de la vie spirituelle absolument, ce sont les plus importantes. Si l'on regarde les choses de plus près, on peut même dire que tant que vous laisserez la vie spirituelle être dépendante de la communauté politique, aussi longtemps que vous laisserez la communauté spirituelle, la vie spirituelle, être dépendante, aspirée par la pure communauté politique, vous pourrez faire ce que vous voudrez, vous ne vous en sortirez pas. - Ce dont il s'agit, c'est de laisser le système scolaire se débrouiller tout seul/placé libre sur lui-même, que le traitement des affaires spirituelles soit placer sur soi-même. Et l'humanité n'a pas beaucoup de temps pour le faire, car il pourrait bientôt être trop tard pour cela. Car le temps est seulement aussi long qu'on l'a encore absolument en main de s'approcher de l'entité intérieure des humains à travers la fureur des instincts. Essayez aujourd'hui de prêcher à des humains qui, dans le chaos social actuel, ont déjà développé leurs instincts furieux ; on vous rira au nez. C'est pour cela qu'on aimerait toujours de nouveau et à nouveau faire appel aux cœurs, aux âmes, pour que l'on écoute ce qui est réellement nécessaire. De même que l'évolution vers le capitalisme au cours des derniers siècles a poussé l'intérêt pour le spirituel et, par conséquent, l'intérêt pour le monde en général, dans une pleine non clarté, de même la science de l'esprit orientée anthroposophiquement veut amener ces choses à la clarté.
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Considérons une fois le premier point de l'idéal socialiste quadrimembré : la transformation des entreprises de production en propriété commune, en propriété sociale. Oui, ce dont il s'agit ici dépend tout de suite de questions spirituelles, d'une compréhension claire de certaines réponses aux questions spirituelles. Qu'est-ce qu'en fait la science de l'esprit, si elle n'est pas considérée comme une pure théorie sèche, apportera aux âmes humaines ? Cette science de l'esprit apportera trois choses aux âmes humaines : Premièrement, pas purement une croyance en un quelconque spirituel-divin, mais une vision, quand aussi peut-être une médiatisée/transmise par des concepts, mais pour cela saisissable pour le bon sens humain/la saine raison analytique humaine des mondes spirituels. Face au discours brouillé, souvent panthéiste ou aussi vague/indéterminé que possible sur le monde spirituel, la science de l'esprit orientée anthroposophiquement donne des visions de ce monde spirituel, parle d'une articulation/un membrement bien déterminé des êtres spirituels, d'une articulation d'ordres hiérarchiques au sein du monde spirituel, donne des visions du monde spirituel qui sont aussi concrètes que les visions des règnes minéral, végétal et animal au sein du monde physique. Ces visions/façon de voir ont été complètement mises de côté par l'évolution des derniers siècles. Pensez seulement à la manière dont les humains insistent aujourd'hui sur la foi sans vision ! C'est la caractéristique de la science de l'esprit orientée anthroposophiquement qu'elle veut donner des visions/façon de voir du monde spirituel.
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Une deuxième chose que cette science de l'esprit donne à celui qui ne la prend pas seulement comme une théorie sèche et austère, mais qui laisse le cœur et l'âme se saisir de cela, c'est un véritable incommensurable respect et une estime de large portée de l'humain. Une conception spirituelle de la vie qui se présente comme elle a été tentée de le faire, par exemple dans ma "Science secrète dans ses grandes lignes", peut-elle conduire à autre chose, si elle est reçue par l'âme entière et pas seulement par l'intellect théorique, qu'à une véritable estime de l'humain ? Pensez que le cosmos entier est considéré dans la mesure où l'humain est placé dans ce cosmos. Au fond, en ne parlant pas seulement de l'évolution terrestre, mais même de l'évolution lunaire, solaire et saturnienne, c'est toujours l'humain qui est considéré. Comparez à cet égard la science de l'esprit orientée anthroposophiquement avec la science de la nature ordinaire de notre époque. Elle se laisse conduire à des hypothèses comme celle de Kant-Laplace. Elle ne remonte pas très loin, comparée à celle à laquelle on remonte dans la conception de la Lune, du Soleil, de Saturne ; elle remonte à un certain état de la Terre. Mais dans cette folie philosophique et de science de la nature que l'on appelle la théorie de Kant-Laplace, l'humain est déjà perdu depuis longtemps. Il n'est plus à l'intérieur, c'est un brouillard gris originel dont parle cette théorie folle, mais que l'on ressent aujourd'hui comme scientifique. Face à cette perte de l'humain au sein même du terrestre, il y a la contemplation de la science de l'esprit, qui va à la rencontre de l'humain dans tout le cosmos. Certes, on peut le faire en appliquant à la chose de simples pensées intelligentes, en poursuivant la chose de façon simplement théorique. Mais pour celui qui ne poursuit pas cela de manière purement théorique, mais pour qui la poursuite de cette chose est le contenu le plus intime de tout son être humain, il résulte d'une telle contemplation du monde une appréciation de l'humain qui s'étend à des distances incommensurables, une appréciation de l'humain en tant que tel.
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L'appréciation de l'être humain en tant que tel, voilà ce qui manque à cette vision moderne qui ne s'intéresse qu'à l'aspect extérieur des sens. La science de l'esprit reste dans la réalité, pour elle, la sensorialité extérieure est justement un simulacre. Mais si l'on s'arrête à la réalité extérieure, on n'a pas de correctif, pas de correctif tel que celui dont dispose la science de l'esprit en considérant l'humain cosmique et par cela arrive à une appréciation de l'humain, au contraire de ce que parfois dit une façon de voir sensorielle sur l'humain. Cette conception matérialiste ne peut pas arriver à une appréciation de l'humain ; elle devrait donc être fausse. Elle devrait absolument estimer l'humain individuel empirique, l'humain de tous les jours, c'est-à-dire ce qu'elle sait de cet humain. Eh bien, cela ne va pas volontiers tout de suite !
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Ainsi, la science de l'esprit est premièrement le chemin vers la vision spirituelle par rapport à la simple croyance, ainsi elle est le chemin vers une véritable estime de l'humain par rapport à l'indifférence envers les humains qui découle nécessairement de la pure vision matérialiste. Encore une troisième chose. Il y a naturellement dans le cosmos des choses et des processus en dehors de l'humain. Comment la science de l'esprit considère-t-elle ces choses et ces processus en dehors de l'humain ? Toutes en rapport à l'humain ! Rien n'est considéré que par rapport à l'humain. Le règne minéral, le règne végétal, le règne animal sont considérés par la science de l'esprit en référence à l'humain. Cela donne une certaine appréciation de ce qui existe à côté de l'humain, ou on pourrait aussi dire sous l'humain, dans le monde physique extérieur. Prenez cette sensation, qui est une véritable science de l'esprit, et que Christian Morgenstern a prise de la science de l'esprit et transformée en forme poétique : l'humain se sent à la hauteur des royaumes physiques de la terre. En dessous de lui, il y a le règne animal, le règne végétal et le règne minéral. Mais si ce règne végétal pouvait réfléchir de manière sensible sur le règne minéral, que devrait-il se dire ? Je m'incline devant toi avec respect, toi le minéral, car c'est à toi que je dois mon être-là. Si tu ne m'avais pas donné le sol, bien que tu sois plus bas que moi dans l'ordre hiérarchique de la nature, si tu ne m'avais pas donné le sol, je n'aurais pas pu être. De même, l'animal doit s'incliner avec respect vers la plante et dire: Je te remercie de mon être-là. — Et ainsi vers en haut. Tout empire supérieur s'incline dans la crainte de l'empire inférieur.
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C'est ainsi que la science de l'esprit trouve la possibilité de regarder aussi l'autre monde en rapport à l'humain, à l'amener dans un rapport correct. La science de l'esprit intervient dans trois directions lorsqu'elle est en mesure d'intervenir dans la vie spirituelle, mais aussi dans la vie matérielle du présent : premièrement, par la contemplation spirituelle ; deuxièmement, par l'appréciation de l'humain ; troisièmement, par l'évaluation correcte de toutes les choses du monde par rapport à l'humain. Si ces choses n'arrivent pas, toute exigence de socialisation des entreprises de production reste une exigence dépourvue d'essence. Car tant que les trois conditions préalables mentionnées ne sont pas remplies dans la position de l'humain par rapport au monde, aux autres humains et à la spiritualité, il est impossible que des impulsions justes règnent dans la vie communautaire qui doit propulser quelque chose de socialiste.
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Il est tout aussi peu possible de réaliser n'importe comment le deuxième point : régulation de la production d'aprés le besoin. En effet, le besoin n'est pas quelque chose qui peut être enregistré statistiquement et d'après quoi se laisse justement régler autre chose. Dans la vie réelle, le besoin se transforme continuellement, se métamorphose continuellement. Je demande, j'aimerais une fois que quelqu'un établisse de quelle grandeur etait le besoin des humains pour des chemins de fer électriques en 1840 ! Ce besoin est créé par magie par le processus culturel lui-même, il est transformé par le processus culturel même. Si vous voulez régler la production en fonction d'un besoin existant, si vous ne voulez pas donner d'initiative à la production, vous faites stagner le besoin. Vous pouvez seulement etablir le rapport correct entre le besoin et la production uniquement si vous structurez/articulez l'organisme social de trois façons. Alors, la collaboration vivante de la régulation entre production et besoin, comme entre les autres impulsions de l'organisme social, est là d'elle-même. - Les rapports de travail et de salaire doivent être réglés démocratiquement. Oui, la démocratie ne sert à rien si ne repose pas à sa base une correcte appréciation de l'humain, cette appréciation qui ne peut vraiment être inscrite à fond dans l'âme humaine qu'à partir de la science de l'esprit. La démocratie contient toujours le ferment de sa propre destruction si elle ne contient pas en même temps le germe pour une véritable appréciation de l'humain.
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La valeur ajoutée/plus-value - c'est le quatrième point - doit être transmise à la communauté. Mes chers amis, j'aimerais dire qu'avec une telle chose, on surprend justement la pensée absolument impossible en soi d'une telle direction. Qu'est-ce que la valeur ajoutée ? La plus-value est ce que le prolétariat marxiste blâme comme l'impossible, comme ce qu'il faut abolir. Pour qu'il n'y ait plus de plus-value, il faut fonder un ordre socialiste. Dans cet ordre socialiste, il est essentiel qu'il n'y ait plus de plus-value. Mais l'un de ses points idéaux est que cette plus-value doit être versée à la communauté ! Cela figure en effet parmi les points particuliers. Pourquoi cela figure-t-il ? Oui, parce qu'il y aura déjà de la plus-value, et parce que le fait qu'il y aura de la plus-value jette son ombre sur le programme. Mais c'est l'ombre qui tombe sur le programme. Elle jette en retour à nouveau toute son obscurité sur l'ensemble de la théorie.
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Et c'est ainsi que l'humanité d'aujourd'hui vit en chancelant dans une terrible obscurité qui ne peut être éclairée que si l'on surmonte l'inconfort de passer de la croyance à la contemplation/vision, de la simple position empiriquement donnée d'un humain par rapport à un autre, à la véritable appréciation de l'humain, de la simple consommation des choses et autres choses semblables à cette appréciation des choses extra-humaines dans le monde, qui est donnée si l'on sait anthroposophiquement rapporter toutes choses à l'humain.
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C'est ainsi que le destin des efforts en matière spirituelle-scientifique est étroitement lié aux énigmes sociales du présent. Et plus que ce besoin de répandre absolument la science de l'esprit, repose sur l'âme de celui qui est sérieux au sujet de la science de l'esprit, le besoin d'appeler sur le devant chez les humains le sentiment de combien est nécessaire, tout de suite pour les besoins les plus importants et les plus justifiés du présent, une propagation de ces idées, sentiments et impulsions de volonté qui peuvent seuls provenir de la science de l'esprit. Mainrenant, nous allons aussi encore continuer à parler sur ces choses.