Représentation socialiste du passage
du capitalisme au socialisme.
L'approche de science de la nature
tifique de processus sociaux. Sans
considération spirituelle-
scientifique, pas de jugement
social. Le développement du
capitalisme. L'intervention du moral
chez l'artisan du Moyen-Âge. L'ordre
économique capitaliste : travailler
pour le profit. Dissociation du
processus économique de l'aspect
personnel. Les quatre idéaux
socialistes (socialisation des
moyens de production, production
uniquement pour les besoins,
conditions de travail et de salaire
démocratiques, plus-value à la
communauté). Le côté moral de la
question sociale. L'éveil des
instincts animaux comme conséquence
du manque d'intérêt spirituel.
Économie : imagination ; esprit :
Inspiration ; organisme politique :
Intuition.
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Sozialistische Vorstellung vom
Übergang des Kapitalismus in den
Sozialismus. Die
naturwissenschaftliche Betrachtung
sozialer Vorgänge. Ohne
geisteswissenschaftliche Betrachtung
kein soziales Urteil. Die
Entwicklung des Kapitalismus.
Hineinwirken des Moralischen beim
Handwerker des Mittelalters.
Kapitalistische Wirtschaftsordnung:
Arbeiten für Profit. Loslösung des
Wirtschaftsprozesses vom
Persönlichen. Die vier
sozialistischen Ideale
(Vergesellschaftung der
Produktionsmittel, Produktion nur
für den Bedarf, demokratische Lohn-
und Arbeitsverhältnisse, Mehrwert an
die Gemeinschaft). Die moralische
Seite der sozialen Frage. Das
Erwachen tierischer Instikte als
Folge des mangelnden geistigen
Interesses. Wirtschaft: Imagination;
Geist: Inspiration; politischer
Organismus: Intuition.
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|
|
Le socialisme est
d'avis que ce qu'il appelle l'ordre
économique socialiste est une
continuation immédiate et nécessaire,
conforme aux causes, de ce qui s'est
produit peu à peu dans l'ordre
économique au cours des derniers
siècles de l'évolution de l'humanité.
En quelque sorte, celui qui a
aujourd'hui une conception
prolétarienne et socialiste de la vie
pense que l'ordre économique
capitaliste doit se transformer peu à
peu en ordre économique socialiste, et
ce pour la simple raison qu'au sein de
ce qui s'est formé au cours des
derniers siècles par le capitalisme,
l'ordre économique socialiste est en
quelque sorte déjà là. Certains
disent, pour pouvoir caractériser
précisément ce processus de pensée,
comme ils le croient : tout ordre
humain, tout ordre de vie, lorsqu'il
est parvenu en quelque sorte à son
point culminant, au sommet de son
développement, contient déjà le germe
pour ce qui suit.
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01
|
Der
Sozialismus ist der Meinung, daß
dasjenige, was er sozialistische
Wirtschaftsordnung nennt, eine
unmittelbare und notwendige,
ursachengemäße Fortsetzung sei
dessen, was sich in der
Wirtschaftsordnung innerhalb der
letzten Jahrhunderte in der
Entwickelung der Menschheit nach und
nach ergeben hat. Gewissermaßen meint
der, welcher heute der
proletarisch-sozialistischen
Lebensauffassung ist, daß die
kapitalistische Wirtschaftsordnung von
selbst übergehen müsse nach und nach
in die sozialistische
Wirtschaftsordnung, und dies aus dem
einfachen Grunde, weil innerhalb
dessen, was sich herausgebildet hat in
den letzten Jahrhunderten durch den
Kapitalismus, die sozialistische
Wirtschaftsordnung gewissermaßen schon
stecke. Manche sagen, um diesen
Gedankengang, wie sie glauben, präzis
charakterisieren zu können: Jede
menschliche Ordnung, jede
Lebensordnung enthält, wenn sie
gewissermaßen in der Kulmination, auf
dem Gipfel ihrer Entwickelung
angelangt ist, dann schon den Keim für
das Folgende.
|
Maintenant, vu de
l'extérieur, je dirais même vu
statistiquement - et les savants
socialistes aiment particulièrement
les statistiques -, ce que je viens
d'exposer en tant qu'ordre socialiste
a beaucoup de mérites. La technique
moderne a en effet transformé dans
certains domaines - nous pouvons
caractériser sommairement le processus
de la manière suivante - ce qui était
auparavant une entreprise à taille
humaine, sous la tutelle de
l'individualité humaine, en une grande
entreprise. Il suffit de considérer
l'industrie sidérurgique moderne comme
un exemple tout à fait remarquable, et
l'on constatera que cette industrie
sidérurgique moderne a dû regrouper
toute une somme d'opérations qui
aboutissent toutes à la création de
certains produits, lesquels ne peuvent
toutefois être créés que par
l'interaction de processus compliqués.
Pour pouvoir exploiter de telles
entreprises géantes, telles qu'elles
se sont développées dans la vie
économique moderne, il faut de grandes
masses de capitaux,
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02
|
Nun,
äußerlich betrachtet, ich möchte
sagen, statistisch betrachtet — und
die Statistik lieben ja die
sozialistischen Gelehrten ganz
besonders — hat das, was ich eben
auseinandergesetzt habe als
sozialistische Ordnung, sehr viel für
sich. Die moderne Technik hat nämlich
auf gewissen Gebieten übergeführt —
wir können summarisch den Vorgang in
der folgenden Weise charakterisieren
—, was früher ein überschaubarer, in
der Obhut der menschlichen
Individualität stehender Betrieb war,
in den Großbetrieb. Man braucht nur
auf die moderne Eisenindustrie als ein
ganz hervorragendes Beispiel zu sehen,
und man wird finden, daß diese moderne
Eisenindustrie zusammenfassen mußte
eine ganze Unsumme von Verrichtungen,
die alle zuletzt dahin gipfeln,
gewisse Produkte zu schaffen, die aber
nur durch das Zusammenwirken
komplizierter Vorgänge geschaffen
werden können. Um solche
Riesenbetriebe, wie sie das moderne
Wirtschaftsleben herausgebildet hat,
betreiben zu können, bedarf es großer
Kapitalmassen,
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220
|
|
|
des accumulations de
capitaux en comparaison desquelles la
vie économique d'autrefois aurait été
risible. Or, c'est dans ces
accumulations de capitaux que réside,
pour le propriétaire individuel ou
pour un groupe de propriétaires de
telles entreprises géantes, la
possibilité d'employer une grande
main-d'œuvre. Du fait que les
entreprises se sont étendues jusqu'à
devenir gigantesques, une grande
main-d'œuvre a été rassemblée au sein
de ces entreprises. Les conditions de
circulation ont en outre eu pour
conséquence que de telles entreprises
géantes ne peuvent pas rester isolées,
car elles ne supporteraient pas la
concurrence ; elles se sont regroupées
d'une certaine manière, ce qui a créé
un groupe social encore plus grand
d'entrepreneurs et d'ouvriers. Ainsi,
la pensée socialiste de l'époque
récente pense que la vie de l'économie
elle-même a conduit d'une certaine
manière à la socialisation, et que les
phénomènes qui accompagnent cette
socialisation doivent nécessairement
poursuivre tout ce processus.
|
|
Kapital‑ anhäufungen, denen gegenüber
das Wirtschaftsleben früherer Zeiten
eine Lächerlichkeit gewesen wäre. In
diesen Kapitalanhäufungen liegt nun
aber auch für den einzelnen Besitzer
oder für eine Gruppe von Besitzern
solcher Riesenbetriebe die
Möglichkeit, eine große Arbeiterschaft
zu beschäftigen. Dadurch, daß die
Betriebe sich ins Riesenhafte
ausgedehnt haben, ist innerhalb der
Betriebe zusammengebracht worden eine
große Arbeiterschaft. Die
Verkehrsverhältnisse haben außerdem
noch dazu geführt, daß solche
Riesenbetriebe nicht vereinzelt stehen
können, weil sie die Konkurrenz nicht
aushalten würden; daß sie in einer
gewissen Weise sich
zusammengeschlossen haben, wodurch
noch größere Umfänge einer
zusammengehörigen sozialen Gruppe von
Unternehmern und Arbeitern geschaffen
worden sind. So meint der
sozialistische Gedanke der neueren
Zeit, das Wirtschaftsleben selbst habe
in einer gewissen Weise zur
Sozialisierung geführt, und das, was
nun die Begleiterscheinungen dieser
Sozialisierung seien, das müsse
notwendigerweise diesen ganzen Prozeß
fortsetzen.
|
La suite
consisterait en ce que ce ne serait
plus l'entrepreneur individuel qui
réunirait dans une large mesure une
communauté de travail, mais que les
collectivités, l'État, les communes,
les coopératives deviendraient les
entrepreneurs eux-mêmes, de sorte que
le processus de socialisation, qui
s'est déjà produit par la vie
technico-économique moderne, se
poursuivrait en quelque sorte d'une
manière réglementée/régulée.
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03
|
Die
Fortsetzung würde darinnen bestehen,
daß nun nicht mehr der einzelne
Unternehmer in weitem Umfange eine
Arbeitsgemeinschaft zusammenbrächte,
sondern daß die Gemeinwesen, Staat,
Kommune, Genossenschaften die
Unternehmer selbst werden, so daß
gewissermaßen nur der
Sozialisierungsprozeß, der durch das
moderne technisch-wirtschaftliche
Leben schon eingetreten ist, in einer
geregelten Weise fortgesetzt werde.
|
Or, au fond, l'idée
que je viens d'exprimer agit avec une
force suggestive énorme sur le
prolétariat moderne. Ce prolétariat
moderne doit être considéré aussi sous
l'angle de sa constitution d'âme par
celui qui veut vraiment voir les
choses dans leur ensemble. Et là, il
apparaît vraiment que de telles
pensées ont une force suggestive
extraordinairement forte sur le
prolétariat moderne. Cette force
suggestive repose sur le fait que
l'ouvrier moderne se croit livré au
patronat et qu'il pense ne pouvoir
échapper à cette livraison qu'en
s'occupant lui-même de ce que fait le
patronat.
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04
|
Nun
wirkt im Grunde genommen der Gedanke,
den ich soeben geäußert habe, mit
einer ungeheuren suggestiven Kraft auf
das moderne Proletariat. Dieses
moderne Proletariat muß von dem, der
die Verhältnisse wirklich restlos ins
Auge fassen will, auch hinsichtlich
seiner Seelenverfassung betrachtet
werden. Und da zeigt sich wirklich,
daß solche Gedanken eine
außerordentlich starke suggestive
Kraft auf das moderne Proletariat
haben. Diese suggestive Kraft beruht
darauf, daß sich in der Tat der
moderne Arbeiter ausgeliefert glaubt
dem Unternehmertum, und daß er glaubt,
dieser Auslieferung nur dadurch zu
entkommen, daß er das, was der
Unternehmer besorgt, selbst
mitbesorgt.
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221
|
|
|
Or, il est dans la
nature de l'humanité récente - et cela
est provoqué par les raisons les plus
différentes - de s'adonner volontiers
à des pensées unilatérales. La
guérison de certaines situations ne
viendra que si l'on renonce à cette
tendance à se laisser aller à des
pensées unilatérales et si l'on
apprend à considérer les choses de
manière globale. Considérer ainsi
l'évolution de la vie de l'économie
moderne, capitaliste et technique,
avec son apogée après la
socialisation, ne signifie en fait
rien d'autre que d'appliquer à la vie
de l'économie les formes de pensée
modernes, adaptées à la science de la
nature. D'un autre point de vue, je
vous ai exposé ce fait hier.
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05
|
Nun
liegt es in der Natur der neueren
Menschheit — und es wird dieses durch
die verschiedensten Gründe bewirkt —,
sich einseitigen Gedanken gerne
hinzugeben. Heilung für mancherlei
Verhältnisse wird nur dadurch kommen,
daß man abläßt von diesem Hange, sich
einseitigen Gedanken hinzugeben und
daß man lernt, die Dinge allseitig zu
betrachten. So die Entwickelung des
modernen kapitalistisch-technischen
Wirtschaftslebens mit seiner
Kulmination nach der Sozialisierung
betrachten, heißt eigentlich nichts
anderes, als die modernen,
naturwissenschaftlich tauglichen
Gedankenformen auf das
Wirtschaftsleben anwenden. Von einem
andern Gesichtspunkte aus habe ich
Ihnen diese Tatsache gestern
auseinandergesetzt.
|
Mais maintenant si
l'on considère les choses purement de
science de la nature, comme la forme
de pensée de science de la nature est
devenue à l'époque moderne, certaines
impulsions subsistent nécessairement
de cette manière de voir.
Naturellement, lorsque l'on expose de
telles choses, on doit dire maintes
choses qui, si elles sont mal
comprises, sont facilement
contestables. Mais vous savez quelles
méthodes sont nécessaires, précisément
dans la considération
spirituelle-scientifique, et vous
tiendrez à cause de cela aussi
convaincus que ce qui suit n'est qu'un
éclairage d'un côté, mais un éclairage
d'un côté dont on a besoin.
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06
|
Nun
aber, wenn man rein
naturwissenschaftlich betrachtet, so
wie die naturwissenschaftliche
Gedankenform in der neueren Zeit
geworden ist, dann bleiben aus einer
solchen Betrachtungsweise gewisse
Impulse notwendig fort. Natürlich,
wenn man solche Dinge
auseinandersetzt, muß man mancherlei
sagen, das, wenn es mißverstanden
wird, leicht anfechtbar ist. Sie
wissen aber, welche Methoden
notwendig sind gerade in der
geisteswissenschaftlichen
Betrachtung, und werden sich daher
auch überzeugt halten davon, daß das
Folgende auch nur eine Beleuchtung von
einer Seite ist, aber eine
Beleuchtung von einer Seite, die man
braucht.
|
L'approche de pure
science de la nature, qui considère
les phénomènes selon la seule loi de
cause à effet, s'applique en fait
aussi bien à l'organisme sain qu'à
l'organisme malade. Vous pouvez
observer l'organisme sain de manière
physiologique et, si vous voulez vous
arrêter à ce que la science de la
nature moderne aime particulièrement,
vous pourrez constater partout le lien
de cause à effet. Mais vous pouvez
tout aussi bien, si vous vous en tenez
à cette abstraction - le pendant de
cause à effet -, considérer
l'organisme malade comme pathologique.
Dans l'organisme malade aussi, tout
est lié par la cause et l'effet. Et si
l'on se base unilatéralement et
abstraitement sur une suite
d'événements orientés selon la cause
et l'effet, alors l'impulsion que l'on
doit qualifier d'un côté de saine et
de l'autre de malade, reste
nécessairement absente.
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07
|
Die
rein naturwissenschaftliche
Betrachtungsweise, welche
die Erscheinungen bloß nach dem
Gesetz von Ursache und Wirkung
betrachtet, ist im Grunde
sowohl auf den gesunden als auch auf
den kranken Organismus anwendbar. Sie
können den gesunden Organismus
physiologisch betrachten, und Sie
werden, wenn Sie stehenbleiben wollen
bei dem, was die moderne
Naturwissenschaft besonders liebt,
überall den Zusammenhang von Ursache
und Wirkung konstatieren können. Sie
können aber geradeso, wenn Sie bei
dieser Abstraktion — Zusammenhang von
Ursache und Wirkung — stehenbleiben,
den kranken Organismus pathologisch
betrachten. Auch in dem kranken
Organismus hängt alles nach Ursache
und Wirkung zusammen. Und legt man
einseitig, abstrakt nur zugrunde eine
nach Ursache und Wirkung orientierte
Folge der Ereignisse, dann bleibt der
Impuls, den man auf der einen Seite
als gesunden, auf der andern Seite als
kranken Impuls bezeichnen muß,
notwendigerweise fort.
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222
|
|
|
Elle tombe hors de
la manière d'observer. Ce n'est pas
plus loin grave pour l'a manière
d'observer de science de la nature en
rapport aux tâches que la science de
la nature cherche d'abord à l'époque
moderne. Mais cela devient grave si
l'on veut appliquer le même mode de
pensée aux processus sociaux, car on
ne peut pas simplement exclure du
processus de développement de
l'humanité la différence entre le sain
et le malade. Cela ne se laisse pas
faire. Et c'est ce qui doit d'abord
être accentué principalement, à savoir
que, de même que les humains se
tiennent devant les questions sociales
devenues si brûlantes, leur manque
justement de gagner un jugement, si
une quelque chose est un processus
sain ou malade, si une quelque chose
doit être promue/exigée ou guérie.
C'est pourquoi on pourrait dire, une
telle tragédie repose sur l'humanité
moderne, parce que manque tout de
suite cette différence, que j'ai
justement caractérisée m'en
approchant.
|
|
Er
fällt heraus aus der
Betrachtungsweise. Das ist für die
naturwissenschaftliche
Betrachtungsweise mit Bezug auf die
Aufgaben, welche die Naturwissenschaft
zunächst in der neueren Zeit sucht,
nicht weiter schlimm. Das wird aber
schlimm, wenn man dieselbe Denkweise
anwenden will auf die sozialen
Vorgänge, denn da läßt sich nicht aus
dem Werdeprozeß der Menschheit einfach
der Unterschied zwischen dem Gesunden
und dem Kranken ausschließen. Das läßt
sich nicht tun. Und das ist es, was
zunächst hauptsächlich betont werden
muß, daß, so wie die Menschen heute
vor den durch die Wirklichkeit so
brennend gewordenen sozialen Fragen
stehen, ihnen eben durchaus fehlt die
Möglichkeit, ein Urteil zu gewinnen,
ob irgend etwas ein gesunder oder
kranker Prozeß ist, ob irgend etwas
gefördert werden muß oder geheilt
werden muß. Deshalb, könnte man sagen,
liegt eine solche Tragik über der
modernen Menschheit, weil gerade
dieser Unterschied, den ich eben
annähernd charakterisiert habe, fehlt.
|
Si l'on considère
l'évolution moderne de l'humanité
depuis trois ou quatre siècles, si
l'on suit en particulier la manière
dont s'est développé ce que l'on
appelle le capitalisme, alors il faut
prendre en considération un autre
point de vue que celui du regroupement
des entreprises en grandes entreprises
et autres. On doit par exemple se
poser la question de savoir comment le
mode de production capitaliste se
situe dans l'ensemble du processus
social de l'humanité. On ne peut
vraiment porter un jugement sur ce
point que si l'on compare le mode de
production capitaliste moderne, d'un
certain point de vue, avec le mode de
production de l'ancien artisan.
L'ancien artisan fabriquait ses
produits, il livrait ses produits au
consommateur, et en payant ses
produits, il avait la possibilité de
vivre à son tour. Si l'on suit la vie
d'un tel artisan, si l'on suit en
général la vie de production des
siècles précédents, notamment jusqu'en
1300 environ, on constate que les
humains se sont fait payer ou ont
échangé des marchandises contre ce
qu'ils ont produit. En échange de ce
qu'ils produisaient, ils se
procuraient ce qui était nécessaire à
leur subsistance.
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08
|
Wenn
man die moderne, seit drei oder vier
Jahrhunderten gehende Entwickelung der
Menschheit ins Auge faßt, wenn man
namentlich verfolgt, wie sich das, was
Kapitalismus genannt wird, entwickelt
hat, dann muß man auch noch einen
andern Gesichtspunkt als den der
Zusammendrängung der Betriebe in
Großbetriebe und ähnliches ins Auge
fassen. Man muß zum Beispiel die Frage
durchgreifend stellen : Wie steht
eigentlich die kapitalistische
Produktionsweise im gesamten
Gesellschaftsprozeß der Menschheit
drinnen? Man kann darüber eigentlich
nur ein Urteil gewinnen, wenn man die
moderne kapitalistische
Produktionsweise mit Bezug auf einen
gewissen Gesichtspunkt mit der
Produktionsweise des ehemaligen
Handwerkers vergleicht. Der ehemalige
Handwerker, er fertigte seine
Produkte, er lieferte seine Produkte
an den Konsumenten, und durch die
Bezahlung seiner Produkte war er in
die Möglichkeit versetzt, seinerseits
zu leben. Verfolgt man ein solches
Handwerkerleben, verfolgt man
überhaupt das Produktionsleben
früherer Jahrhunderte, namentlich bis
etwa zum Jahre 1300, so findet man,
daß die Menschen sich haben bezahlen
lassen oder Waren eingetauscht haben
meinetwillen für das, was sie
produziert haben. Für das, was sie
produziert haben, verschaffen sie sich
dasjenige, was zu ihrem
Lebensunterhalte notwendig war.
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223
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|
C'était, dans un
certain sens une économie limitée,
mais une économie étroitement liée à
la personnalité. Toute production
était aussi étroitement liée à la
compétence personnelle, au zèle
personnel, à l'honneur que l'on
mettait à faire un produit aussi bien
que possible, etc. A l'époque de la
vie simple des artisans, des
impulsions morales pleines de
significations étaient liées à l'ordre
économique.
|
|
Das war
in gewissem Sinne eine eingeschränkte
'Wirtschaft, aber es war eine
Wirtschaft, welche eng gebunden war an
die Persönlichkeit. Alle
Hervorbringung war auch eng gebunden
an persönliche Tüchtigkeit, an
persönlichen Eifer, an die Ehre, die
jemand darinnen sah, ein Produkt so
gut als möglich zu machen und so
weiter. Bedeutungsvolle moralische
Impulse waren in der Zeit des
einfachen Handwerkerlebens mit der
wirtschaftlichen Ordnung verbunden.
|
Tout cela est devenu
autre au cours des trois ou quatre
derniers siècles. Après une transition
entre le 15e siècle et le 16e ou 17e
siècle, les choses ont changé au cours
des trois ou quatre derniers siècles.
Car c'est au cours de ces trois ou
quatre derniers siècles que s'est
vraiment développé ce que l'on peut
appeler le mode de production
capitaliste. Si l'on examine ce qui
est réellement à la base de la
question sociale et que l'on ne se
base pas sur ce que les gens croient,
il faut prendre en considération la
caractéristique suivante : l'essentiel
pour le capitaliste, dans la mesure où
il est un membre de l'ordre économique
capitaliste, n'est pas de gagner sa
vie comme l'artisan, mais de veiller à
ce que le capital s'accroisse, qu'il
se multiplie. Ce qui fait croître le
capital, c'est le profit. Ce n'est
donc pas le travailler sur le statut
de vie, mais le travail en vue du
profit qui caractérise
particulièrement l'ordre économique
capitaliste. Mais cela rend le capital
en tant que tel très autonomisé.
N'est-ce pas lorsqu'une certaine masse
de capital s'accroît/se multiplie au
cours des années par le processus de
production, lorsqu'elle grandit, et
que c'est précisément le but de la
formation de capital, ce qui est en
fait la chose principale dans le
processus économique est détaché de
tout ce qui est personnel. Et c'est le
point de vue qui vient avant toute
chose en considération dans le
jugement correct de la question
sociale moderne, ce détachement du
processus économique du personnel/de
ce qui est personnel.
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09
|
Das
alles ist anders geworden im Laufe der
letzten drei bis vier Jahrhunderte.
Nachdem ein Übergang war vom 15.
Jahrhundert bis etwa ins 16., 17.
Jahrhundert hinein, ist die Sache in
den letzten drei bis vier
Jahrhunderten anders geworden. Denn in
diesen letzten drei bis vier
Jahrhunderten entwickelte sich
eigentlich erst so recht das, was man
kapitalistische Produktionsweise
nennen kann. Wenn man nun dem
nachgeht, was der sozialen Frage
wirklich zugrunde liegt und nicht
abstellt auf das, was die Leute
glauben, so muß folgendes Merkmal ins
Auge gefaßt werden: Das Wesentliche
für den Kapitalisten, insofern er ein
Glied der kapitalistischen
Wirtschaftsordnung ist, besteht nicht
darin, sich wie der Handwerker seinen
Lebensstand zu verschaffen, sondern
dafür zu sorgen, daß das Kapital
Zuwachs erhält, daß es sich vermehrt.
Dasjenige, um was das Kapital wächst,
das ist der Profit. Also nicht das
Arbeiten auf den Lebensstatus,
sondern das Arbeiten auf den Profit
hin, das ist das besonders
Charakteristische der
kapitalistischen Wirtschaftsordnung.
Dadurch aber wird im hohen Maße das
Kapital als solches verselbständigt.
Nicht wahr, wenn eine gewisse
Kapitalmasse sich im Laufe der Jahre
durch den Produktionsprozeß vermehrt,
wenn sie wächst, und wenn das
geradezu der Zweck der Kapitalbildung
ist, so wird ja von allem Persönlichen
losgelöst dasjenige, was eigentlich
die Hauptsache im Wirtschaftsprozeß
ist. Und das ist der Gesichtspunkt,
der bei der richtigen Beurteilung der
modernen sozialen Frage vor allen
Dingen in Betracht kommt, diese
Loslösung des Wirtschaftsprozesses von
dem Persönlichen.
|
Malheureusement, peu
de gens parmi les classes/états
sociaux cultivés d'aujourd'hui ont
vraiment envie de s'intéresser à ces
choses ; s'ils le faisaient, ils
pourraient déjà voir comment l'humain
|
10
|
Leider
haben die wenigsten Menschen der
heutigen gebildeten Stände wirklich
Neigung, sich mit diesen Dingen zu
befassen; wenn sie dies nämlich tun
würden, könnten sie schon sehen, wie
der moderne
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224
|
|
|
moderne est dans une
certaine mesure séparé de tout ce qui
constitue le processus économique. Je
vous demande : à quel degré est-il
aujourd'hui disponible, en dehors de
cercles très restreints, un plaisir
pour le produit que l'on fabrique ? Ce
qui était fondamental dans l'ordre
économique des époques précédentes, à
savoir que l'humain tirait une grande
joie par exemple de chaque clé qu'il
produisait, qu'il devait mettre son
honneur à réaliser la chose le mieux
possible, n'existe plus. L'humain est
en quelque sorte séparé du processus
économique en tant que tel. C'est tout
au plus dans le domaine artistique et
dans ce qui est apparenté au domaine
artistique que se produit encore ce
qui, autrefois, traversait l'artisanat
comme un moment moral pénétrant. On ne
peut même pas dire que dans la vie
spirituelle, le lien entre l'humain et
sa prestation soit resté intact.
Regardez à tous les professeurs qui
sont actifs dans telle ou telle
discipline, si les gens sont
maintenant vraiment entièrement
attachés avec ce qu'ils produisent !
|
|
Mensch
gewissermaßen getrennt ist von alldem,
was den Wirtschaftsprozeß eigentlich
ausmacht. Ich frage Sie: In welchem
Grade ist denn heute außerhalb ganz
eng umgrenzter Kreise Freude am
Produkte, das man erzeugt, vorhanden?
Was durchgreifend in der
Wirtschaftsordnung früherer Epochen
war, daß der Mensch zum Beispiel an
jedem Schlüssel, den er hervorbrachte,
seine große Freude hatte, seine Ehre
dareinsetzen mußte, die Sache so gut
als möglich zustande zu bringen, das
ist vorbei. Der Mensch ist
gewissermaßen abgetrennt von dem
Wirtschaftsprozeß als solchem.
Höchstens auf künstlerischem Gebiete
und auf dem, was dem künstlerischen
Gebiete verwandt ist, findet noch
statt, was früher wie ein
durchgreifendes moralisches Moment das
Handwerk durchzogen hat. Man kann
nicht einmal sagen, daß im geistigen
Leben die Verbindung des Menschen mit
seiner Leistung aufrechterhalten
geblieben ist. Sehen Sie sich an all
die Professoren, die in den oder jenen
Fächern tätig sind, ob die Leute nun
wirklich ganz menschlich verwachsen
sind mit demjenigen, was sie
hervorbringen!
|
Mais d'une manière
englobante, cela est déjà pendant à ce
caractère fondamental de l'ordre
économique capitaliste, qui intervient
finalement dans tout. Vous pouvez le
déduire des remarques finales d'hier.
Il ressort de ce caractère fondamental
de l'ordre économique capitaliste que
l'humain est en quelque sorte détaché,
dans ses aspirations personnelles, du
processus économique qui devient de
plus en plus objectif. La conséquence
en est très large et colore toute la
conception socialiste d'aujourd'hui.
Il apparaît notamment la croyance que
vraiment cette séparation malsaine
entre la production humaine et
l'humain lui-même et ce qui
l'intéresse devrait être établie dans
un nouvel ordre économique. Où
songe-t-on aujourd'hui à rechercher à
nouveau un lien entre l'humain et ses
productions ? Au contraire, on pense à
extérioriser autant que possible le
processus économique, à le séparer de
l'humain. Et la conséquence en serait
que l'humain devrait chercher dans
d'autres domaines la satisfaction pour
ce qui est en fait lié/pendant à sa
personnalité,
|
11
|
Aber in
umfassender Weise hängt das schon
zusammen mit diesem Grundcharakter der
kapitalistischen Wirtschaftsordnung,
die ja schließlich in alles eingreift.
Aus den gestrigen Schlußbemerkungen
können Sie das entnehmen. Aus diesem
Grundcharakter der kapitalistischen
Wirtschaftsordnung geht es hervor, daß
der Mensch gewissermaßen losgelöst
ist in seinen persönlichen
Aspirationen von dem objektiver und
objektiver werdenden
Wirtschaftsprozeß. Die Folge davon ist
eine ganz weitgehende und färbt die
ganze sozialistische Auffassung von
heute. Es entsteht nämlich der Glaube,
daß wirklich dieses ungesunde
Abtrennen der menschlichen Produktion
von dem Menschen selbst und dem, was
ihn interessiert, gerade festgelegt
werden müßte in einer neuen
Wirtschaftsordnung. Wo denkt man heute
daran, wiederum ein Band zu suchen
zwischen dem Menschen und seinen
Hervorbringungen? Im Gegenteil, man
denkt daran, den Wirtschaftsprozeß so
weit wie nur irgend möglich nach außen
zu verlegen, vom Menschen abzusondern.
Und die Folge davon würde sein, daß
der Mensch auf andern Gebieten
Befriedigung suchen müßte für
dasjenige, was eigentlich mit seiner
Persönlichkeit,
|
225
|
|
|
à tous les intérêts
de son être. C'est ainsi que ce
préjugé agit sur ce que l'on appelle
aujourd'hui les idéaux socialistes.
Voyons en quoi consiste l'idéal
socialiste pour de larges cercles
aujourd'hui.
|
|
was mit
allen Interessen seines Wesens
zusammenhängt. So wirkt dieses
Vorurteil auf das, was man heute
sozialistische Ideale nennt. Führen
wir uns einmal vor Augen, worinnen das
sozialistische Ideal für weite Kreise
heute besteht.
|
Nous avons là quatre
points dans lesquels nous pouvons
résumer tout ce qui est en quelque
sorte l'idéal socialiste en ce qui
concerne la structure de l'organisme
de société humaine. Premièrement, cet
idéal socialiste aspire à ce que
toutes les entreprises de production
deviennent la propriété de la
communauté, que cette communauté soit
l'État ou la commune ou les
coopératives ; en d'autres termes, à
ce que toute propriété privée des
moyens de production soit abolie, à ce
que les moyens de production
deviennent tous la propriété de la
communauté, de sorte que toutes les
entreprises doivent aussi être gérées
par la communauté.
|
12
|
Da
haben wir vier Punkte, in denen wir
zusammenfassen können alles dasjenige,
was gewissermaßen sozialistisches
Ideal mit Bezug auf die Struktur des
menschlichen Gesellschaftsorganismus
ist. Erstens strebt dieses
sozialistische Ideal danach, daß alle
Produktionsbetriebe Eigentum der
Gemeinschaft werden, sei diese
Gemeinschaft der Staat oder die
Kommune oder Genossenschaften; daß,
mit andern Worten, abgeschafft werde
aller Privatbesitz an
Produktionsmitteln, daß die
Produktionsmittel alle Gemeineigentum
werden, so daß alle Betriebe durch die
Gemeinschaft auch geführt werden
müssen.
|
La deuxième chose,
dans le cadre de l'idéal socialiste,
est que la production soit réglée
d'après le besoin, c'est-à-dire que la
production ne se règle pas librement
d'après l'offre et la demande, que
non, si un article est demandé ici ou
là, une branche de production soit
ouverte pour cet article, mais que
soit établit dans une certaine mesure
étatiquement ou communalement ou
coopérativement : les gens ont besoin
de cela, donc la communauté crée une
entreprise de production pour cet
article dont il est besoin là. Une
troisième est la réglementation
démocratique des conditions de travail
et de salaire, et le quatrième est que
toute plus-value revient à la
communauté. Nous avons ainsi posé
devant notre âme les quatre éléments
de l'idéal socialiste. Je le répète :
toutes les entreprises de production
doivent devenir la propriété de la
communauté, la production doit être
réglée en fonction des besoins ; les
conditions de travail et de salaire
doivent être réglées démocratiquement
; toute plus-value, c'est-à-dire tout
profit, doit être délivré à la
communauté.
|
13
|
Das
zweite ist innerhalb des
sozialistischen Ideals, daß die
Produktion geregelt werde nach dem
Bedarf, das heißt, daß die Produktion
sich nicht regle frei nach Angebot und
Nachfrage, daß nicht, wenn da oder
dort ein Artikel verlangt wird, ein
Produktionszweig für diesen Artikel
eröffnet wird, sondern daß
gewissermaßen staatlich oder kommunal
oder genossenschaftlich festgestellt
werde : Das benötigen die Leute, also
errichtet die Gemeinschaft einen
Produktionsbetrieb für diesen Artikel,
der da benötigt wird. Ein drittes ist
die demokratische Regelung der
Arbeits- und Lohnverhältnisse, und ein
viertes ist, daß jeder Mehrwert der
Gemeinschaft zufällt. Damit haben wir
ungefähr die vier Glieder des
sozialistischen Ideals vor unsere
Seele hingestellt. Ich wiederhole:
Alle Produktionsbetriebe sollen
Eigentum der Gemeinschaft werden, die
Produktion soll geregelt werden nach
dem Bedarf; die Arbeits- und
Lohnverhältnisse sollen demokratisch
geregelt werden; jeglicher Mehrwert,
das heißt, jeglicher Profit soll an
die Gemeinschaft abgeliefert werden.
|
En effet, pour des
millions et des millions d'humains,
c'est dans ces quatre points que
réside aujourd'hui ce à quoi elles
aspirent. Et face à cela, il y a déjà
la nécessité absolue de se demander :
comment est-il possible de faire
comprendre aux huains que ces quatre
soi-disant idéaux sont absolument
impossibles au sein de la communauté
humaine réelle ?
|
14
|
In
diesen vier Punkten liegt in der Tat
für Millionen und Millionen von
Menschen heute das, was sie anstreben.
Und dem gegenüber be‑ steht schon die
absolute Notwendigkeit, zu fragen: Wie
ist es möglich, den Menschen
klarzumachen, daß diese vier
sogenannten Ideale absolut unmöglich
sind innerhalb der wirklichen
menschlichen Gemeinschaft?
|
226
|
|
|
N'est-ce pas, si il
y a trente ans, les humains avaient
montré autant de zèle pour la question
sociale qu'ils en montrent aujourd'hui
dans les pays où les anciens
gouvernements ont été chassés - dans
les pays où les anciens gouvernements
n'ont pas été chassés, on ne s'y
intéresse pas encore -, on pourrait
même dire que si les humains avaient
montré à l'époque une partie de
l'intérêt qu'ils montrent aujourd'hui
pour la question sociale, la chose
aurait déjà été bonne, tout aurait été
différent. Mais là où l'eau ne coule
pas encore dans la bouche des gens, il
n'est pas encore possible aujourd'hui
d'éveiller un intérêt vraiment profond
pour les énigmes sociales. Ce que la
bourgeoisie dirigeante, dite
intelligente, a manqué dans ce sens au
cours des deux ou trois dernières
décennies est tout de même monstrueux.
Et elle s'apprête à continuer à
négliger les mêmes choses, mais dans
un autre domaine. Ce qui est surtout
nécessaire aujourd'hui, c'est que les
humains apprennent à comprendre : de
même que l'organisme individuel doit
être compris
spirituellement-scientifiquement, de
même l'organisme social doit être
compris
spirituellement-scientifiquement. Dans
ce domaine, on doit enfin dépasser les
abstractions sans essence/être. On
peut déjà se rattacher à des intérêts
humains plus profonds, à des
impulsions humaines plus profondes qui
agissent tout de suite maintenant en
cette époque de l'humanité dans
l'évolution humaine.
|
15
|
Nicht
wahr, wenn die Menschen vor dreißig
Jahren so viel Eifer gezeigt hätten
für die soziale Frage, als heute
notgedrungen einzelne Menschen in
denjenigen Ländern zeigen, wo die
alten Regierungen weggejagt worden
sind — in den Ländern, wo die alten
Regierungen nicht weggejagt worden
sind, wird noch kein Interesse gezeigt
—, man könnte sogar sagen, wenn die
Menschen damals einen Teil jenes
Interesses gezeigt hätten für die
soziale Frage, das sie heute zeigen,
so wäre die Sache schon gut gewesen,
so wäre alles anders gekommen. Aber
da, wo den Leuten noch nicht das
Wasser in den Mund rinnt, ist es ja
heute noch nicht möglich, ein wirklich
durchgreifendes Interesse für die
sozialen Rätsel zu wecken. Das, was in
dieser Richtung das führende,
sogenannte intelligente Bürgertum
versäumt hat in den letzten zwei bis
drei Jahrzehnten, das ist doch
ungeheuerlich. Und es schickt sich an,
dieselben Dinge weiter zu versäumen,
nur auf einem andern Gebiete. Das, was
heute vor allen Dingen notwendig ist,
das ist, daß die Menschen begreifen
lernen : so wie der einzelne
Organismus geisteswissenschaftlich
begriffen werden muß, so muß auch der
soziale Organismus
geisteswissenschaftlich begriffen
werden. Man muß endlich auf diesem
Gebiete hinauskommen über die
wesenlosen Abstraktionen. Man kann
schon anknüpfen da an tiefere
menschliche Interessen, tiefere
menschliche Impulse, die gerade jetzt
in dieser Epoche der Menschheit
hereinwirken in die menschliche
Entwickelung.
|
La somnolence
actuelle de l'humanité est immense, et
il est nécessaire de se réveiller dans
une certaine direction. Combien de
fois entend-on aujourd'hui ce jugement
étrange, là où l'on tient compte de la
science de l'esprit : la science de
l'esprit n'est pas nécessaire à
l'humain qui croit et qui est chrétien
dans le bon vieux sens du terme, et
d'ailleurs la foi est simple et la
science de l'esprit compliquée, et on
ne voit donc pas pourquoi on
échangerait le compliqué contre le
simple. Mais cette adhésion
confortable au simple, cette croyance
pure impitoyable, cette insistance
confortable : nous n'avons pas besoin
d'y penser, nous n'avons pas besoin de
chercher la vérité, la foi nous la
donne -, c'est cela qui est
responsable, au sens profond du terme,
des événements catastrophiques dans
lesquels nous vivons. Et il doit
encore et encore être accentué que
c'est cela qui porte la faute.
|
16
|
Die
gegenwärtige Schläfrigkeit der
Menschheit ist eine ungeheure, und
notwendig ist ein Aufwachen nach einer
gewissen Richtung hin. Wie oft hört
man heute das sonderbare Urteil da, wo
man überhaupt Geisteswissenschaft
berücksichtigt : Geisteswissenschaft
sei ja nicht nötig für denjenigen
Menschen, der glaube und im guten
alten Sinne ein Christ sei, und
übrigens sei der Glaube einfach und
die Geisteswissenschaft kompliziert
und es sei daher nicht einzusehen,
warum man das Komplizierte für das
Einfache umtauschen sollte. Aber
dieses bequeme Kleben an dem
Einfachen, dieses ruchlose bloße
Glauben, dieses bequeme Pochen: Wir
brauchen nicht daran zu denken, wir
brauchen nicht nach Wahrheit zu
forschen, uns gibt es der Glaube ein
—, das trägt im tieferen Sinne des
Wortes die Schuld an den
katastrophalen Ereignissen, in denen
wir leben. Und es muß immer wieder und
wiederum betont werden, daß dieses die
Schuld trägt.
|
227
|
|
|
Malheur s'il ne se
trouve pas assez d'humains dans la vie
qui ont le cœur et l'esprit pour se
consacrer entièrement à une pensée et
à une recherche sérieuses et
laborieuses des vérités ! Car les
temps sont révolus où il suffisait de
croire au monde spirituel, où l'on
pouvait se prélasser dans l'existence
physique et croire que l'on serait
délivré par les puissances dont on ne
se soucie plus et qui, de leur côté,
contribueront à la délivrance
correspondante. Ce qui importe dans
l'évolution de l'humanité, c'est que
l'humain ne se contente pas de croire
en Dieu et aux dieux, mais qu'il
laisse le Dieu et les dieux agir dans
son propre être, qu'il laisse les
forces du monde spirituel s'infiltrer
dans ce qu'il fait lui-même, dans ce
qu'il fait dans la vie de tous les
jours. Ce que nous faisons, du matin
au soir, doit être fait de telle sorte
que la force spirituelle divine soit
présente dans nos actes. Elle ne sera
dans nos actes que si elle est avant
tout dans notre pensée. Accueillir
Dieu en nous de manière active, et pas
seulement par la foi, telle est la
tâche de l'humanité moderne. Ne pas
simplement penser à Dieu, mais penser
de telle sorte que Dieu vive dans nos
pensées, voilà ce qui importe. Si l'on
s'abandonne à un tel idéal, on
développera déjà l'intérêt nécessaire
pour tout ce pour quoi,
malheureusement, la plus grande partie
de l'humanité moderne n'a pas
développé d'intérêt au cours des
dernières décennies.
|
|
Wehe,
wenn sich nicht genügend Menschen im
Leben finden, die Herz und Sinn haben
für eine völlige Hingabe an ernstes,
innerlich arbeitsreiches Denken und
Forschen nach den Wahrheiten! Denn die
Zeiten sind vorüber, wo man an die
geistige Welt bloß zu glauben
brauchte, wo man hier im physischen
Dasein auf der faulen Haut liegen
durfte und glauben konnte, man werde
erlöst werden von den Mächten, um die
man sich nicht weiter kümmert, und die
ihrerseits das ihrige beitragen werden
zu der entsprechenden Erlösung.
Dasjenige, worauf es ankommt im
Fortgange der Menschheit, das ist, daß
der Mensch nicht bloß an Gott und die
Götter glaubt, sondern daß er den Gott
und die Götter in seinem eigenen Wesen
wirksam sein läßt, daß er einfließen
läßt die Kräfte der geistigen Welt in
das, was er selber tut, was er tut im
alleralltäglichsten Leben. Was wir tun
vom Morgen bis zum Abend, das muß so
geschehen, daß göttlich-geistige Kraft
in unserem Tun ist. Es wird in unserem
Tun nur sein, wenn es vor allen Dingen
in unserem Denken ist. Den Gott tätig,
nicht bloß glaubensinhaltlich in uns
aufnehmen, das ist es, was die Aufgabe
der modernen Menschheit ist. Nicht
bloß über Gott denken, sondern so
denken, daß in unseren Gedanken der
Gott lebt, darauf kommt es an. Gibt
man sich einem solchen Ideale hin,
dann wird man schon das nötige
Interesse entwickeln für alles
dasjenige, wofür nun leider in den
letzten Jahrzehnten von dem weitaus
größten Teile der modernen Menschheit
kein Interesse entwickelt worden ist.
|
Ce qui importe,
c'est que nous trouvions la
possibilité de faire comprendre aux
humains qu'une conversion de
l'ensemble du monde de la pensée est
nécessaire. Il est grand temps, car
après que les dits intellectuels ont
négligé d'agir dans cette direction,
les instincts les plus fous de
l'humanité se réveillent maintenant
sur presque tout le monde civilisé, du
moins sur une grande partie du monde
civilisé. Pensez-vous que lorsque ces
instincts de l'humanité auront atteint
une certaine culmination, un certain
point culminant, il sera facile de les
bannir ? Il s'écoulera beaucoup,
beaucoup de temps avant qu'ils ne se
consument à leur tour. Ce n'est que
jusqu'à un certain moment que
l'enseignement, l'exemple, agissent
pour apaiser, pour calmer les
instincts de l'humanité.
|
17
|
Worauf
es ankommt, das ist, daß wir die
Möglichkeit finden, den Menschen
klarzumachen, daß eine Umkehr in der
ganzen Gedankenwelt notwendig ist. Es
ist höchste Zeit; denn nachdem von den
sogenannten Intellektuellen versäumt
worden ist, nach dieser Richtung zu
wirken, erwachen jetzt die wüstesten
Instinkte der Menschheit fast über die
ganze zivilisierte Welt, wenigstens
über einen großen Teil der
zivilisierten Welt hin. Glauben Sie,
daß, wenn diese Instinkte der
Menschheit eine bestimmte Kulmination,
einen bestimmten Höhepunkt erlangt
haben, daß sie dann leicht zu bannen
sind? Bis sie sich wiederum selbst
verzehren, wird lange, lange Zeit
vergehen. Nur bis zu einem gewissen
Zeitpunkte hin wirkt Lehre, wirkt
Vorbild zur Besänftigung, zur Zügelung
der Instinkte der Menschheit.
|
228
|
|
|
L'animal dans
l'humanité tend vers la surface, parce
qu'on a négligé de stimuler ce qu'il y
a de plus noble dans l'être humain. Et
c'est ici que nous en sommes au point
où il faut parler de l'aspect moral de
la question sociale moderne. J'ai dit
: ce que j'ai appelé la dernière
caractéristique de l'ordre économique
capitaliste, l'augmentation du capital
en tant que tel, la croissance du
capital qui n'aspire pas aux
prestations, mais au profit, détache
l'humain de son produit. Et c'est dans
ce détachement de l'humain de son
produit que réside une caractéristique
essentielle de toute l'évolution
moderne. Mais dans le monde, il est
vrai qu'en règle générale, un
phénomène ne se produit pas sans
l'autre, mais que les phénomènes sont
liés entre eux de la manière la plus
diverse. Vous ne pouvez pas marcher
sur un sol mou sans que des traces de
pas ne s'y impriment en même temps.
C'est un exemple que vous pouvez
utiliser partout pour voir comment,
dans le monde réel, l'un va toujours
avec l'autre. Ce qui a poussé le monde
moderne à l'augmentation du capital, à
la croissance du capital, qui réside
dans le capitalisme moderne, a
justement lié d'un autre côté - non
pas de manière logique unilatérale,
mais de manière logique par rapport à
la réalité - à l'avènement du
capitalisme le manque d'intérêt que
nous trouvons dans l'humanité moderne
précisément pour les impulsions les
plus profondes de l'âme humaine. D'un
côté, la mise à nu/l'exfoliation de la
personnalité humaine du processus
économique et, de l'autre,
l'assèchement de cette personnalité,
qui s'est détachée du processus
l'économie, tout de suite pour les
qualités les plus intimes de l'être
spirituel et d'âme de l'humain. Les
deux vont de pair. Ces deux choses ont
engendré cette effroyable agitation
des grandes villes modernes où le
capitalisme a établi ses sièges
particuliers, où, d'un côté, le
capitalisme fonctionne et, de l'autre,
règne l'indifférence pour les
questions les plus intimes de l'être
humain.
|
|
Das
Tier in der Menschheit strebt nach der
Oberfläche hin, weil versäumt worden
ist, das Edlere in der
Menschenwesenheit anzuregen. Und hier
stehen wir an dem Punkt, wo über die
moralische Seite der modernen sozialen
Frage gesprochen werden muß. Ich
sagte: Das, was ich das letzte Merkmal
der kapitalistischen
Wirtschaftsordnung genannt habe,
Vermehrung des Kapitals als solches,
das Wachsen des Kapitals, das
hinstrebt nicht nach den Leistungen,
sondern nach Profit —, das löst den
Menschen los von seinem Produkte. Und
in dieser Loslösung des Menschen von
seinem Produkte liegt ein wesentliches
Charakteristikon der ganzen modernen
Entwickelung. Aber in der Welt ist es
so, daß in der Regel nicht eine
Erscheinung ohne die andere auftritt,
sondern daß Erscheinungen in der
verschiedensten Weise zusammengehören.
Sie können nicht über einen weichen
Erdboden gehen, ohne daß sich zu
gleicher Zeit auf diesem Boden die
Fußspuren eindrücken. Das ist ein
Beispiel, das Sie überall anwenden
können, um zu sehen, wie in der
wirklichen Welt immer eins zu dem
andern gehört. Was die moderne Welt
zugetrieben hat der im modernen
Kapitalismus liegenden Vermehrung des
Kapitals, dem Wachsen des Kapitals,
das hat eben auf der andern Seite —
nicht einseitig logisch, aber
wirklichkeitslogisch — verknüpft mit
dem Aufkommen des Kapitalismus die
Interesselosigkeit, die wir in der
modernen Menschheit gerade für die
tiefsten Impulse der menschlichen
Seele finden. Auf der einen Seite das
Herausschälen der menschlichen
Persönlichkeit aus dem
Wirtschaftsprozeß, auf der andern
Seite die Austrocknung dieser
Persönlichkeit, die sich aus dem
Wirtschaftsprozeß herausgelöst hat,
gerade für die intimsten Eigenschaften
des geistig-seelischen Wesens des
Menschen. Beide Dinge gehören
zusammen. Beide Dinge haben jenes
furchtbare Treiben der modernen
Großstädte, in denen der Kapitalismus
seine besonderen Sitze aufgeschlagen
hat, hervorgebracht, wo auf der einen
Seite der Kapitalismus wirkt, auf der
andern Seite die Interesselosigkeit
für die intimsten Fragen des
menschlichen innersten Wesens
herrscht.
|
Ces choses sont
souvent dissimulées dans les
apparences et ne se révèlent qu'à un
examen plus attentif. Vous pouvez bien
sûr dire : il y a quand même un grand
nombre d'humains
|
18
|
Diese
Dinge sind in der äußeren Erscheinung
vielfach verhüllt, und nur einer
genaueren Betrachtungsweise werden sie
offenbar. Sie können natürlich sagen:
Es gibt doch eine große Anzahl von
Menschen,
|
229
|
|
|
qui ne sont
absolument pas impliqués dans le
processus capitaliste moderne. -
Certes, quelques-uns y participent de
manière directe, mais de manière
indirecte, toute l'humanité moderne,
notamment l'humanité moderne cultivée,
participe au processus capitaliste.
Par le fait que les existences
dépendent de l'ordre économique
capitaliste. Qu'un artiste produise
autrefois pour le prince ou pour le
pape, il produit aujourd'hui pour le
capitaliste. Et si vous tirez de tels
fils, tels qu'ils s'enroulent
aujourd'hui de l'art au capitalisme,
sur les domaines les plus divers de la
vie, vous verrez comment le
capitalisme a étendu ses tentacules de
tous côtés, en particulier sur la vie
spirituelle. Il y a beaucoup
d'inconscient dans ces choses, qui ne
se dévoilent pas aussitôt si l'on
regarde seulement la surface de la
vie.
|
|
die
durchaus nicht beteiligt sind an dem
modernen kapitalistischen Prozeß. —
Gewiß, es sind wenige, die daran
beteiligt sind in direkter Weise, aber
in indirekter Weise ist die ganze
moderne Menschheit, namentlich auch
die gebildete moderne Menschheit an
dem kapitalistischen Prozesse
beteiligt. Dadurch beteiligt, daß die
Existenzen abhängen von der
kapitalistischen Wirtschaftsordnung.
Es sei einer ein Künstler: Wie er
früher für den Fürsten produziert hat
oder für den Papst, so produziert er
heute für den Kapitalisten. Und wenn
Sie solche Fäden, wie sie sich von der
Kunst heute zum Kapitalismus
schlingen, über die verschiedensten
Gebiete des Lebens ziehen, dann werden
Sie sehen, wie der Kapitalismus seine
Fangarme nach allen Seiten
ausgebreitet hat, insbesondere über
das geistige Leben. Da wirkt
allerdings sehr viel Unbewußtes in
diesen Dingen drinnen, das, wenn man
bloß die Oberfläche des Lebens
ansieht, sich nicht gleich enthüllt.
|
Je vais maintenant
devoir caractériser quelque peu un
processus inconscient ou subconscient
: cette objectivation du processus de
production, ce détachement du
processus de production des
aspirations humaines, tel qu'il se
produit dans le capitalisme moderne,
nécessite en un certain sens une
justification. Les humains ont
toujours besoin d'une justification
pour ce qu'ils font, et il ne leur
importe pas, lorsqu'ils veulent se
justifier, de rechercher la vérité,
mais il leur importe seulement de dire
quelque chose qui les justifie. Prenez
un exemple évident. L'Entente a gagné
; il s'agit de justifier cette
victoire. C'est pourquoi on dit ce qui
est dit aujourd'hui par l'Entente, non
pas parce que c'est la vérité, mais
parce qu'il faut justifier la
victoire. Il en va de même dans la vie
humaine individuelle. Qu'est-ce qui
importe à la plupart des humains de
fonder réellement la vérité ? Ce qui
leur importe, c'est de justifier ce
qu'ils font. C'est ce que veut le
capitalisme : justifier son existence
avant toute chose. Il ne peut le
justifier que s'il observe le
processus matériel le plus extrême, le
processus économique le plus matériel
dans son image reflet, dans
l'augmentation du capital.
|
19
|
Ich
werde jetzt einen unbewußten oder
unterbewußten Prozeß etwas
charakterisieren müssen: Diese
Verobjektivierung des
Produktionsprozesses, dieses Loslösen
des Produktionsprozesses von den
menschlichen Aspirationen, wie sie
sich vollziehen im modernen
Kapitalismus, bedarf in gewissem
Sinne der Rechtfertigung. Die
Menschen brauchen ja immer eine
Rechtfertigung für dasjenige, was sie
tun, und es kommt ihnen nicht darauf
an, wenn sie sich rechtfertigen
wollen, die Wahrheit zu erforschen,
sondern es kommt ihnen nur darauf an,
etwas zu sagen, was sie rechtfertigt.
Nehmen Sie ein naheliegendes
Beispiel. Die Entente hat gesiegt; es
handelt sich darum, diesen Sieg zu
rechtfertigen. Daher sagt man
dasjenige, was eben von der Entente
heute gesagt wird, nicht, weil das die
Wahrheit ist, sondern weil man den
Sieg rechtfertigen muß. So ist es auch
im einzelnen menschlichen Leben. Was
liegt den meisten Menschen an der
wirklichen Ergründung der Wahrheit!
Es liegt ihnen an der Rechtfertigung
desjenigen, was sie tun. Das ist es,
was der Kapitalismus will: Vor allen
Dingen rechtfertigen sein Dasein. Er
kann es nur rechtfertigen, wenn er
den alleräußersten materiellen Prozeß,
den materiellsten wirtschaftlichen
Prozeß in seinem Spiegelbilde, in der
Vermehrung des Kapitals beobachtet.
|
230
|
|
|
Mais alors, quand
doit être justifié, dans ce monde
physique, l'ordre économique
capitaliste, tout ce qui concerne les
affaires d'âme et spirituelles doit
être déconnecté. Elles doivent être
placées dans un domaine particulier.
Le pasteur peut parler en chaire des
choses de la foi comme il veut - je
peux le croire, un autre peut le
croire, je peux ne pas le croire, un
autre peut ne pas le croire -, il
parle d'un tout autre monde. Dans le
monde dans lequel on doit vivre, cela
ne peut pas se passer comme le dit le
pasteur en chaire, bien sûr que non,
cela doit se passer de manière
capitaliste.
|
|
Dann
aber muß, wenn gerechtfertigt sein
soll in dieser physischen Welt die
kapitalistische Wirtschaftsordnung,
ausgeschaltet sein alles das, was
geistig-seelische Angelegenheiten
sind. Die müssen auf ein besonderes
Gebiet kommen. Mag der Pfarrer auf
seiner Kanzel über die Dinge des
Glaubens sprechen, wie er will — ich
kann es glauben, ein anderer kann es
glauben, ich kann es lassen zu
glauben, ein anderer kann es lassen zu
glauben —, er redet von einer ganz
andern Welt. In der Welt, in der man
leben muß, da kann es nicht so
zugehen, wie es der Pfarrer von der
Kanzel sagt, selbstverständlich nicht,
da muß es kapitalistisch zugehen.
|
Ainsi, c'est
précisément le capitalisme extrême qui
a provoqué d'un côté cette vie
morale-spirituelle terriblement
abstraite, qui veut se détacher
complètement de toutes les réalités
extérieures de l'existence. Tout aussi
grave dans la vie moderne que le
capitalisme matériel d'un côté, a agi
de l'autre côté cet état d'esprit qui
dit : "Ah, qu'est-ce que je me soucie
d'Ahriman ! Ahriman peut rester
Ahriman, je me consacre aux impulsions
du plus profond de mon âme, je
m'abandonne au monde spirituel, je
cherche le monde spirituel tel que je
peux le trouver en moi ; les affaires
de l'âme m'intéressent. Que me
soucierais-je de ce système de crédit,
d'argent, de fortune et de propriété
ahrimanien ! Que m'importe la
différence entre rente et intérêt,
entre revenu brut et bénéfice net, et
ainsi de suite. Je m'occupe des
affaires de mon âme ! -- Mais, de même
que l'humain est une unité de corps,
d'âme et d'esprit, et que son corps,
son âme et son esprit sont liés entre
la naissance et la mort, de même sont
liées dans l'existence physique
extérieure les impulsions que nous
pouvons trouver dans la structure
intime de notre âme, et les impulsions
qui se trouvent dans l'ordre
économique extérieur. Et tout aussi
coupables de la catastrophe moderne
sont, d'un côté, les capitalistes
matérialistes avec leur mode de pensée
et d'attitude, et, de l'autre, ceux
qui veulent seulement être pieux,
seulement spirituel-scientifiques,
dans leur sens, cette limitation
abstraite spirituelle-scientifique et
ne pas s'engager sur l'englobement de
la réalité quotidienne par une pensée
intrusive/opératoire.
|
20
|
So hat
gerade der extreme Kapitalismus auf
der einen Seite dieses furchtbar
abstrakte moralisch-geistige Leben
hervorgerufen, welches sich ganz
abtrennen will von allen äußeren
Wirklichkeiten des Daseins. Ebenso
schlimm im modernen Leben wie auf der
einen Seite der materielle
Kapitalismus, hat auf der andern Seite
gewirkt jene Gesinnung, die da sagt:
Ach, was kümmere ich mich um Ahriman !
Ahriman mag Ahriman bleiben, ich widme
mich den Impulsen des Innersten meiner
Seele, ich gebe mich der geistigen
Welt hin, ich suche die geistige Welt
so, wie ich sie in meinem Inneren
finden kann; die Angelegenheiten der
Seele interessieren mich. Was kümmert
mich dieses ahrimanische Kredit-,
Geld-, Vermögens- und Besitzwesen! Was
kümmert mich der Unterschied zwischen
Rente und Zins, zwischen
Bruttoeinnahmen und Reingewinn und so
weiter. Ich kümmere mich um die
Angelegenheiten meiner Seele! -- Aber,
wie der Mensch eine Einheit ist nach
Leib, Seele und Geist, und wie ihm
zwischen Geburt und Tod Leib und Seele
und Geist zusammengebunden sind, so
sind im äußeren physischen Dasein
verbunden diejenigen Impulse, die wir
finden können durch das innerste
Gefüge unserer Seele, und diejenigen
Impulse, die in der äußeren
Wirtschaftsordnung liegen. Und ebenso
schuldig an dem modernen
Katastrophalen, wie es auf der einen
Seite die materialistischen
Kapitalisten sind mit ihrer Denk-und
Gesinnungsweise, ebenso schuldig sind
diejenigen, die auf der andern Seite
nur fromm, nur geisteswissenschaftlich
sein wollen, in ihrem Sinne dieses
Geisteswissenschaftliche abstrakt
einschränken und sich nicht einlassen
auf die Durchdringung der alltäglichen
Wirklichkeit mit einem eingreifenden
Denken.
|
231
|
|
|
C'est ce qui m'a
toujours de nouveau et à nouveau mû à
vous parler de ce que vous ne devriez
donc quand même pas prendre ce
mouvement spirituel anthroposophique
comme une occasion d'écouter de
simples sermons du dimanche
après-midi, qui vous font du bien à
l'âme parce qu'ils vous disent que la
vie est éternelle et ainsi de suite,
mais pour que vous preniez ce
mouvement anthroposophique comme le
moyen d'aborder réellement et de
manière significative les tâches
modernes de l'existence/l'être-là qui
nous arrivent de manière si brûlante.
Et l'une des premières nécessités est
de comprendre par où il faut
commencer, et que tout cela ne sert à
rien si les humains n'accèdent pas à
une pensée non prévenue.
|
|
Das ist
es, was mich immer wieder und wiederum
bewogen hat, zu Ihnen davon zu
sprechen, daß Sie doch ja nicht diese
anthroposophische Geistesbewegung als
eine Gelegenheit nehmen sollen, bloße
Sonntagnachmittagspredigten zu hören,
die einem wohltun in der Seele, weil
sie einem davon sprechen, daß das
Leben ein Ewiges ist und so weiter,
sondern daß Sie diese
anthroposophische Bewegung nehmen als
den Weg, die modernen Aufgaben des
Daseins, die so brennend an uns
herandringen, wirklich sinngemäß
anzugreifen. Und eine der ersten
Notwendigkeiten ist diese: zu
verstehen, wo begonnen werden muß, und
daß alles nichts hilft, wenn die
Menschen nicht den Zugang gewinnen zu
einem unbefangenen Denken.
|
Et c'est ici que
j'aimerais, à la fin de mes réflexions
d'aujourd'hui, exprimer ce à quoi nous
nous rattacherons demain dans une
réflexion pratique et sociale. Ce que
je vais dire sera apparemment très
éloigné de toute pensée socialiste ou
de toute pensée sur la question
sociale, mais vous verrez demain à
quel point ce qui est apparemment
éloigné est proche, et comment nous
pourrons, grâce à ces réflexions,
redresser les quatre points que je
vous ai indiqués comme étant les
éléments de l'idéal socialiste. Les
humains disent si souvent dans la vie
: les opinions sont différentes, les
convictions sont différentes, l'un
croit ceci, l'autre croit cela. - Ne
semble-t-il pas que lorsque nous nous
laissons aller à penser, l'un peut se
faire telle idée, l'autre telle autre,
et que telle ou telle idée peut alors
être justifiée ? Il semble que ce soit
le cas, mais ce n'est pas du tout le
cas. En tenant compte du fait que
chaque caractéristique d'une chose au
sens supérieur est toujours en quelque
sorte une photographie d'un côté,
qu'il y a donc des éclairages sous les
angles les plus divers - toujours en
supposant qu'on en tienne compte -,
tous les humains ont la même opinion
sur une seule et même chose au plus
profond d'eux-mêmes. Il
n'y a pas deux personnes dans le
monde qui n'ont pas la même opinion
sur une seule et même chose - comme
je l'ai dit, toujours à la condition
que ce soit le cas. Cela n'existe
pas. Pourquoi donc les humains
parlent-ils quand même de
différentes opinions ?
|
21
|
Und
hier möchte ich am Schlusse der
heutigen Betrachtungen dasjenige
aussprechen, an was dann morgen bei
einer praktisch-sozialen Betrachtung
weiter angeknüpft werden soll. Was ich
aussprechen werde, wird scheinbar sehr
weit abliegen von allem
sozialistischen Denken oder Denken
über die soziale Frage, aber Sie
werden morgen sehen, wie nahe das
liegt, was scheinbar fern liegt, und
wie wir gerade durch diese
Betrachtungen werden zurechtrücken
können die vier Punkte, die ich Ihnen
als die Glieder des sozialistischen
Ideals angegeben habe. Die Menschen
sagen im Leben so oft : Die Meinungen
sind verschieden, Überzeugungen sind
verschieden, der eine glaubt das, der
andere glaubt jenes. — Sieht das nicht
so aus, als ob, wenn wir uns unserem
Denken hingeben, der eine sich diese,
der andere sich jene Gedanken machen
kann, und diese und jene Gedanken dann
berechtigt sein können? Es sieht so
aus, und ist doch durchaus nicht so.
Unter Berücksichtigung des Umstandes,
daß eine jede Charakteristik einer
Sache im höheren Sinne immer
gewissermaßen eine Photographie von
der einen Seite ist, daß es also
Beleuchtungen von den verschiedensten
Seiten gibt — immer vorausgesetzt, daß
dies berücksichtigt wird —, haben
alle Menschen über ein und dieselbe
Sache die gleiche Meinung in ihrem
tiefsten Inneren. Es gibt nicht zwei
Menschen in der Welt; die über ein
und dieselbe Sache — wie gesagt, immer
unter der gemachten Voraussetzung —
nicht dieselbe Meinung haben. Das gibt
es nicht. Warum reden denn die
Menschen doch von verschiedenen
Meinungen?
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232
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Parce
que entre la vérité et entre ce que
l'humain perçoit dans son for
intérieur, son émotionnel
pousse/inserre, son préjugé égoïste
pousse/insère et lui déforme,
caricature la chose. Les humains
sont vraiment différents seulement
en rapport à leurs émotions, pas en
rapport à leurs concepts et à leurs
idées. Une fois que l'on a
gagner un accès à un concept réel, on
ne peut pas avoir une opinion
différente sur ce concept de celle
d'un autre humain qui a également eu
accès à ce concept. Et c'est la plus
grande frivolité de l'âme que de
croire que l'on a un certain droit à
des opinions subjectives. On n'a pas
ce droit aux opinions subjectives,
mais on a l'obligation, en tant
qu'être humain, de dépasser sa
subjectivité pour atteindre
l'objectif. Pour voir ce qui est juste
sur ce point, il est cependant très
nécessaire de tenir compte de toutes
les sources d'erreur qui découlent des
émotions humaines. Un humain croit
qu'il peut être convaincu de n'importe
quelle chose. Souvent, la raison pour
laquelle il croit être convaincu d'une
chose quelconque n'est autre que le
fait qu'il est trop paresseux pour
envisager réellement le concept, oui,
on doit quand même indiquer sur ce
côté intérieur moral de la nature de
l'humain quand on veut indiquer sur ce
qui fait nécessité du temps actuel.
|
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Weil
sich zwischen die Wahrheit und
zwischen dasjenige, was der Mensch
vernimmt in seinem Inneren, sein
Emotionelles schiebt, sein
egoistisches Vorurteil schiebt und ihm
die Sache verzerrt, karikiert.
Wahrhaftig verschieden sind die
Menschen nur mit Bezug auf ihre
Emotionen, nicht mit Bezug auf ihre
Begriffe und Ideen. Hat man einmal den
Zugang zu einem wirklichen Begriff
gewonnen, so kann man über diesen
Begriff nicht anderer Meinung sein als
ein anderer Mensch, der ebenfalls den
Zugang zu diesem Begriff gewonnen hat.
Und es ist die größte Frivolität der
Seele, zu glauben, daß man ein
gewisses Recht auf subjektive
Meinungen habe. Dieses Recht auf
subjektive Meinungen hat man nicht,
sondern man hat als Mensch die
Verpflichtung, hinauszudringen über
seine Subjektivität zu dem Objektiven.
Um in diesem Punkte das Richtige zu
sehen, ist allerdings sehr notwendig,
daß man alle die Fehlerquellen
berücksichtigt, die aus den
menschlichen Emotionen folgen. Ein
Mensch glaubt, er kann von irgendeiner
Sache überzeugt sein. Oftmals ist der
Grund, warum er glaubt, daß er von
irgendeiner Sache überzeugt ist, kein
anderer, als daß er zu faul ist, den
Begriff wirklich ins Auge zu fassen.
ja, man muß schon auf diese innerlich
moralische Seite der Menschennatur
hinweisen, wenn man auf dasjenige
hinweisen will, was der heutigen Zeit
not tut.
|
Ce temps actuel est
avant tout plein d'orgueil,
d'émotions, même dans ce que l'on
appelle la science objective, et elle
n'est pas du tout encline à chercher
l'accès au jugement qui réside en de
vraies idées et de vrais concepts.
Mais où irons-nous si les brûlantes
énigmes sociales qui sont maintenant à
notre porte sont résolues à partir des
émotions des humains ? Vous le savez :
Il y a des imaginations, il y a des
inspirations, il y a des intuitions.
En réalité, tout ce qui doit être
élucidé/étudier en ce qui concerne les
pendants économiques, de gestion
économique et de gestion/législation
économiques, réside dans les
imaginations ; tout ce qui doit être
étudier dans l'organisme économique
réside dans les imaginations. Chez la
plupart des gens, ces imaginations
peuvent n'émerger de l'inconscient que
sous forme de pressentiments. Mais
alors, ces pressentiments sont
meilleurs que les concepts étudiés qui
figurent aujourd'hui souvent dans
l'humanité.
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22
|
Diese
heutige Zeit ist ja vor allen Dingen
voller Hochmut, voller Emotionen
selbst in dem, was man objektive
Wissenschaft nennt, und gar nicht
geneigt, den Zugang zu suchen zu dem
Urteil, das in wirklichen Ideen und
in wirklichen Begriffen liegt. Wohin
sollen wir aber kommen, wenn die
brennenden sozialen Rätsel, die jetzt
vor der Türe stehen, aus den Emotionen
der Menschen heraus gelöst werden ?
Sie wissen: Es gibt Imaginationen, es
gibt Inspirationen, es gibt
Intuitionen. In Wahrheit liegt alles
dasjenige, was mit Bezug auf die
ökonomischen, die wirtschaftlichen
und wirtschaftsgesetzlichen
Zusammenhänge ergründet werden muß,
in Imaginationen; alles dasjenige, was
im Wirtschaftsorganismus ergründet
werden muß, das liegt in
Imaginationen. Diese Imaginationen
mögen ja bei den meisten Menschen nur
aus dem Unbewußten herausdämmern in
Ahnungen. Aber dann sind diese
Ahnungen besser als die erstudierten
Begriffe, die heute vielfach in der
Menschheit figurieren.
|
233
|
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Tout ce qui vit dans
ce qu'on appelle la vie spirituelle,
que nous avons caractérisée de la même
manière que nous avons caractérisé la
vie spirituelle comme un membre de
l'ordre social futur, tout cela repose
sur des inspirations : un organisme
spirituel. Et tout ce qui peut exister
réellement en dehors de l'humain, et
même qui doit exister en dehors de
l'humain, tout ce en quoi les humains
doivent être égaux, égaux, comme on
dit, devant la loi, tout cela ne peut
reposer que sur des intuitions. C'est
donc sur cela que repose ce que l'on
pourrait appeler l'organisme
politique. Imagination
: organisme économique - Inspiration
: organisme spirituel - Intuition :
organisme politique.
|
|
Alles,
was in dem lebt, das man nennen kann
das geistige Leben, was wir so
charakterisiert haben, wie wir das
geistige Leben als ein Glied der
künftigen Gesellschaftsordnung
charakterisiert haben, alles das
beruht auf Inspirationen : geistiger
Organismus. Und alles das, was nun
wirklich losgelöst vom Menschen
existieren darf, ja losgelöst vom
Menschen existieren muß, das, worinnen
die Menschen gleich sein müssen,
gleich, wie man sagt, vor dem Gesetze,
das kann nur auf Intuitionen beruhen.
Darauf beruht also der, man könnte
sagen, politische Organismus. Imagination
: Wirtschaftsorganismus —
Inspiration: Geistiger Organismus —
Intuition: Politischer Organismus.
|
De cette manière
l'inspiration, l'intuition et
l'imagination doivent réellement
coopérer dans l'organisation des
conditions/rapports de vie. Là, on
doit seulement une fois réflechir
qu'il en est ainsi. Et l'on comprendra
alors comment les questions sociales
qui sont aujourd'hui non seulement à
la porte, mais brûlantes, ne peuvent
être orientées vers leur solution qu'à
partir des méthodes
spirituelle-scientifiques . C'est ce
qui importe : se débarrasser de toute
nonchalance, de tout confort dans la
pensée, et aller vraiment vers ce qui
relie l'âme humaine à la réalité. En
fin de compte, cela ne peut que nous
mener là où nous devons aller dans le
présent. C'est de ce point de vue que
nous voulons caractériser et discuter
critique demain les quatre membres de
ce que l'on appelle l'idéal
socialiste.
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23
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In
dieser Weise müssen zusammenwirken
wirklich Inspiration, Intuition,
Imagination in der Gestaltung der
Lebensverhältnisse. Da muß man nur
einmal bedenken, daß dies so ist. Und
dann wird man auch einsehen, wie im
Grunde genommen nur aus
geisteswissenschaftlichen Methoden
heraus die sozialen Fragen, die heute
vor der Türe nicht nur stehen, sondern
brennen, in die Richtung ihrer Lösung
gebracht werden können. Das ist es,
worauf es ankommt: ablegen alle
Lässigkeit, alle Bequemlichkeit im
Denken, und wirklich losgehen auf
dasjenige, was die Menschenseele mit
der Wirklichkeit verbindet. Das kann
letzten Endes doch nur dahin bringen,
wohin wir kommen müssen in der
Gegenwart. Von diesem Gesichtspunkte
aus wollen wir dann morgen die vier
Glieder des sogenannten
sozialistischen Ideals einmal
charakterisieren, kritisch besprechen.
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234
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Français
seulement
ONZIÈME CONFÉRENCE - Dornach, 1er février 1919
- Le détachement du processus économique
du personnel - La séparation de la vie
morale-spirituelle des réalités
extérieures de l'existence l'être-là
Représentation socialiste du passage du
capitalisme au socialisme. L'approche de
science de la nature tifique de processus
sociaux. Sans considération spirituelle-
scientifique, pas de jugement social. Le
développement du capitalisme. L'intervention
du moral chez l'artisan du Moyen-Âge.
L'ordre économique capitaliste : travailler
pour le profit. Dissociation du processus
économique de l'aspect personnel. Les quatre
idéaux socialistes (socialisation des moyens
de production, production uniquement pour
les besoins, conditions de travail et de
salaire démocratiques, plus-value à la
communauté). Le côté moral de la question
sociale. L'éveil des instincts animaux comme
conséquence du manque d'intérêt spirituel.
Économie : imagination ; esprit :
Inspiration ; organisme politique :
Intuition.
Trad. F. G. - v. 02 - 20240630
01
Le socialisme est d'avis que ce qu'il appelle
l'ordre économique socialiste est une
continuation immédiate et nécessaire, conforme
aux causes, de ce qui s'est produit peu à peu
dans l'ordre économique au cours des derniers
siècles de l'évolution de l'humanité. En
quelque sorte, celui qui a aujourd'hui une
conception prolétarienne et socialiste de la
vie pense que l'ordre économique capitaliste
doit se transformer peu à peu en ordre
économique socialiste, et ce pour la simple
raison qu'au sein de ce qui s'est formé au
cours des derniers siècles par le capitalisme,
l'ordre économique socialiste est en quelque
sorte déjà là. Certains disent, pour pouvoir
caractériser précisément ce processus de
pensée, comme ils le croient : tout ordre
humain, tout ordre de vie, lorsqu'il est
parvenu en quelque sorte à son point
culminant, au sommet de son développement,
contient déjà le germe pour ce qui suit.
02
Maintenant, vu de l'extérieur, je dirais même
vu statistiquement - et les savants
socialistes aiment particulièrement les
statistiques -, ce que je viens d'exposer en
tant qu'ordre socialiste a beaucoup de
mérites. La technique moderne a en effet
transformé dans certains domaines - nous
pouvons caractériser sommairement le processus
de la manière suivante - ce qui était
auparavant une entreprise à taille humaine,
sous la tutelle de l'individualité humaine, en
une grande entreprise. Il suffit de considérer
l'industrie sidérurgique moderne comme un
exemple tout à fait remarquable, et l'on
constatera que cette industrie sidérurgique
moderne a dû regrouper toute une somme
d'opérations qui aboutissent toutes à la
création de certains produits, lesquels ne
peuvent toutefois être créés que par
l'interaction de processus compliqués. Pour
pouvoir exploiter de telles entreprises
géantes, telles qu'elles se sont développées
dans la vie économique moderne, il faut de
grandes masses de capitaux, des accumulations
de capitaux en comparaison desquelles la vie
économique d'autrefois aurait été risible. Or,
c'est dans ces accumulations de capitaux que
réside, pour le propriétaire individuel ou
pour un groupe de propriétaires de telles
entreprises géantes, la possibilité d'employer
une grande main-d'œuvre. Du fait que les
entreprises se sont étendues jusqu'à devenir
gigantesques, une grande main-d'œuvre a été
rassemblée au sein de ces entreprises. Les
conditions de circulation ont en outre eu pour
conséquence que de telles entreprises géantes
ne peuvent pas rester isolées, car elles ne
supporteraient pas la concurrence ; elles se
sont regroupées d'une certaine manière, ce qui
a créé un groupe social encore plus grand
d'entrepreneurs et d'ouvriers. Ainsi, la
pensée socialiste de l'époque récente pense
que la vie de l'économie elle-même a conduit
d'une certaine manière à la socialisation, et
que les phénomènes qui accompagnent cette
socialisation doivent nécessairement
poursuivre tout ce processus.
03
La suite consisterait en ce que ce ne serait
plus l'entrepreneur individuel qui réunirait
dans une large mesure une communauté de
travail, mais que les collectivités, l'État,
les communes, les coopératives deviendraient
les entrepreneurs eux-mêmes, de sorte que le
processus de socialisation, qui s'est déjà
produit par la vie technico-économique
moderne, se poursuivrait en quelque sorte
d'une manière réglementée/régulée.
04
Or, au fond, l'idée que je viens d'exprimer
agit avec une force suggestive énorme sur le
prolétariat moderne. Ce prolétariat moderne
doit être considéré aussi sous l'angle de sa
constitution d'âme par celui qui veut vraiment
voir les choses dans leur ensemble. Et là, il
apparaît vraiment que de telles pensées ont
une force suggestive extraordinairement forte
sur le prolétariat moderne. Cette force
suggestive repose sur le fait que l'ouvrier
moderne se croit livré au patronat et qu'il
pense ne pouvoir échapper à cette livraison
qu'en s'occupant lui-même de ce que fait le
patronat.
05
Or, il est dans la nature de l'humanité
récente - et cela est provoqué par les raisons
les plus différentes - de s'adonner volontiers
à des pensées unilatérales. La guérison de
certaines situations ne viendra que si l'on
renonce à cette tendance à se laisser aller à
des pensées unilatérales et si l'on apprend à
considérer les choses de manière globale.
Considérer ainsi l'évolution de la vie de
l'économie moderne, capitaliste et technique,
avec son apogée après la socialisation, ne
signifie en fait rien d'autre que d'appliquer
à la vie de l'économie les formes de pensée
modernes, adaptées à la science de la nature.
D'un autre point de vue, je vous ai exposé ce
fait hier.
06
Mais maintenant si l'on considère les choses
purement de science de la nature, comme la
forme de pensée de science de la nature est
devenue à l'époque moderne, certaines
impulsions subsistent nécessairement de cette
manière de voir. Naturellement, lorsque l'on
expose de telles choses, on doit dire maintes
choses qui, si elles sont mal comprises, sont
facilement contestables. Mais vous savez
quelles méthodes sont nécessaires, précisément
dans la considération
spirituelle-scientifique, et vous tiendrez à
cause de cela aussi convaincus que ce qui suit
n'est qu'un éclairage d'un côté, mais un
éclairage d'un côté dont on a besoin.
07
L'approche de pure science de la nature, qui
considère les phénomènes selon la seule loi de
cause à effet, s'applique en fait aussi bien à
l'organisme sain qu'à l'organisme malade. Vous
pouvez observer l'organisme sain de manière
physiologique et, si vous voulez vous arrêter
à ce que la science de la nature moderne aime
particulièrement, vous pourrez constater
partout le lien de cause à effet. Mais vous
pouvez tout aussi bien, si vous vous en tenez
à cette abstraction - le pendant de cause à
effet -, considérer l'organisme malade comme
pathologique. Dans l'organisme malade aussi,
tout est lié par la cause et l'effet. Et si
l'on se base unilatéralement et abstraitement
sur une suite d'événements orientés selon la
cause et l'effet, alors l'impulsion que l'on
doit qualifier d'un côté de saine et de
l'autre de malade, reste nécessairement
absente. Elle tombe hors de la manière
d'observer. Ce n'est pas plus loin grave pour
l'a manière d'observer de science de la nature
en rapport aux tâches que la science de la
nature cherche d'abord à l'époque moderne.
Mais cela devient grave si l'on veut appliquer
le même mode de pensée aux processus sociaux,
car on ne peut pas simplement exclure du
processus de développement de l'humanité la
différence entre le sain et le malade. Cela ne
se laisse pas faire. Et c'est ce qui doit
d'abord être accentué principalement, à savoir
que, de même que les humains se tiennent
devant les questions sociales devenues si
brûlantes, leur manque justement de gagner un
jugement, si une quelque chose est un
processus sain ou malade, si une quelque chose
doit être promue/exigée ou guérie. C'est
pourquoi on pourrait dire, une telle tragédie
repose sur l'humanité moderne, parce que
manque tout de suite cette différence, que
j'ai justement caractérisée m'en approchant.
08
Si l'on considère l'évolution moderne de
l'humanité depuis trois ou quatre siècles, si
l'on suit en particulier la manière dont s'est
développé ce que l'on appelle le capitalisme,
alors il faut prendre en considération un
autre point de vue que celui du regroupement
des entreprises en grandes entreprises et
autres. On doit par exemple se poser la
question de savoir comment le mode de
production capitaliste se situe dans
l'ensemble du processus social de l'humanité.
On ne peut vraiment porter un jugement sur ce
point que si l'on compare le mode de
production capitaliste moderne, d'un certain
point de vue, avec le mode de production de
l'ancien artisan. L'ancien artisan fabriquait
ses produits, il livrait ses produits au
consommateur, et en payant ses produits, il
avait la possibilité de vivre à son tour. Si
l'on suit la vie d'un tel artisan, si l'on
suit en général la vie de production des
siècles précédents, notamment jusqu'en 1300
environ, on constate que les humains se sont
fait payer ou ont échangé des marchandises
contre ce qu'ils ont produit. En échange de ce
qu'ils produisaient, ils se procuraient ce qui
était nécessaire à leur subsistance.
C'était, dans un certain sens une économie
limitée, mais une économie étroitement liée à
la personnalité. Toute production était aussi
étroitement liée à la compétence personnelle,
au zèle personnel, à l'honneur que l'on
mettait à faire un produit aussi bien que
possible, etc. A l'époque de la vie simple des
artisans, des impulsions morales pleines de
significations étaient liées à l'ordre
économique.
09
Tout cela est devenu autre au cours des trois
ou quatre derniers siècles. Après une
transition entre le 15e siècle et le 16e ou
17e siècle, les choses ont changé au cours des
trois ou quatre derniers siècles. Car c'est au
cours de ces trois ou quatre derniers siècles
que s'est vraiment développé ce que l'on peut
appeler le mode de production capitaliste. Si
l'on examine ce qui est réellement à la base
de la question sociale et que l'on ne se base
pas sur ce que les gens croient, il faut
prendre en considération la caractéristique
suivante : l'essentiel pour le capitaliste,
dans la mesure où il est un membre de l'ordre
économique capitaliste, n'est pas de gagner sa
vie comme l'artisan, mais de veiller à ce que
le capital s'accroisse, qu'il se multiplie. Ce
qui fait croître le capital, c'est le profit.
Ce n'est donc pas le travailler sur le statut
de vie, mais le travail en vue du profit qui
caractérise particulièrement l'ordre
économique capitaliste. Mais cela rend le
capital en tant que tel très autonomisé.
N'est-ce pas lorsqu'une certaine masse de
capital s'accroît/se multiplie au cours des
années par le processus de production,
lorsqu'elle grandit, et que c'est précisément
le but de la formation de capital, ce qui est
en fait la chose principale dans le processus
économique est détaché de tout ce qui est
personnel. Et c'est le point de vue qui vient
avant toute chose en considération dans le
jugement correct de la question sociale
moderne, ce détachement du processus
économique du personnel/de ce qui est
personnel.
10
Malheureusement, peu de gens parmi les
classes/états sociaux cultivés d'aujourd'hui
ont vraiment envie de s'intéresser à ces
choses ; s'ils le faisaient, ils pourraient
déjà voir comment l'humain moderne est dans
une certaine mesure séparé de tout ce qui
constitue le processus économique. Je vous
demande : à quel degré est-il aujourd'hui
disponible, en dehors de cercles très
restreints, un plaisir pour le produit que
l'on fabrique ? Ce qui était fondamental dans
l'ordre économique des époques précédentes, à
savoir que l'humain tirait une grande joie par
exemple de chaque clé qu'il produisait, qu'il
devait mettre son honneur à réaliser la chose
le mieux possible, n'existe plus. L'humain est
en quelque sorte séparé du processus
économique en tant que tel. C'est tout au plus
dans le domaine artistique et dans ce qui est
apparenté au domaine artistique que se produit
encore ce qui, autrefois, traversait
l'artisanat comme un moment moral pénétrant.
On ne peut même pas dire que dans la vie
spirituelle, le lien entre l'humain et sa
prestation soit resté intact. Regardez à tous
les professeurs qui sont actifs dans telle ou
telle discipline, si les gens sont maintenant
vraiment entièrement attachés avec ce qu'ils
produisent !
11
Mais d'une manière englobante, cela est déjà
pendant à ce caractère fondamental de l'ordre
économique capitaliste, qui intervient
finalement dans tout. Vous pouvez le déduire
des remarques finales d'hier. Il ressort de ce
caractère fondamental de l'ordre économique
capitaliste que l'humain est en quelque sorte
détaché, dans ses aspirations personnelles, du
processus économique qui devient de plus en
plus objectif. La conséquence en est très
large et colore toute la conception socialiste
d'aujourd'hui. Il apparaît notamment la
croyance que vraiment cette séparation
malsaine entre la production humaine et
l'humain lui-même et ce qui l'intéresse
devrait être établie dans un nouvel ordre
économique. Où songe-t-on aujourd'hui à
rechercher à nouveau un lien entre l'humain et
ses productions ? Au contraire, on pense à
extérioriser autant que possible le processus
économique, à le séparer de l'humain. Et la
conséquence en serait que l'humain devrait
chercher dans d'autres domaines la
satisfaction pour ce qui est en fait
lié/pendant à sa personnalité, à tous les
intérêts de son être. C'est ainsi que ce
préjugé agit sur ce que l'on appelle
aujourd'hui les idéaux socialistes. Voyons en
quoi consiste l'idéal socialiste pour de
larges cercles aujourd'hui.
12
Nous avons là quatre points dans lesquels nous
pouvons résumer tout ce qui est en quelque
sorte l'idéal socialiste en ce qui concerne la
structure de l'organisme de société humaine.
Premièrement, cet idéal socialiste aspire à ce
que toutes les entreprises de production
deviennent la propriété de la communauté, que
cette communauté soit l'État ou la commune ou
les coopératives ; en d'autres termes, à ce
que toute propriété privée des moyens de
production soit abolie, à ce que les moyens de
production deviennent tous la propriété de la
communauté, de sorte que toutes les
entreprises doivent aussi être gérées par la
communauté.
13
La deuxième chose, dans le cadre de l'idéal
socialiste, est que la production soit réglée
d'après le besoin, c'est-à-dire que la
production ne se règle pas librement d'après
l'offre et la demande, que non, si un article
est demandé ici ou là, une branche de
production soit ouverte pour cet article, mais
que soit établit dans une certaine mesure
étatiquement ou communalement ou
coopérativement : les gens ont besoin de cela,
donc la communauté crée une entreprise de
production pour cet article dont il est besoin
là. Une troisième est la réglementation
démocratique des conditions de travail et de
salaire, et le quatrième est que toute
plus-value revient à la communauté. Nous avons
ainsi posé devant notre âme les quatre
éléments de l'idéal socialiste. Je le répète :
toutes les entreprises de production doivent
devenir la propriété de la communauté, la
production doit être réglée en fonction des
besoins ; les conditions de travail et de
salaire doivent être réglées démocratiquement
; toute plus-value, c'est-à-dire tout profit,
doit être délivré à la communauté.
14
En effet, pour des millions et des millions
d'humains, c'est dans ces quatre points que
réside aujourd'hui ce à quoi elles aspirent.
Et face à cela, il y a déjà la nécessité
absolue de se demander : comment est-il
possible de faire comprendre aux huains que
ces quatre soi-disant idéaux sont absolument
impossibles au sein de la communauté humaine
réelle ?
15
N'est-ce pas, si il y a trente ans, les
humains avaient montré autant de zèle pour la
question sociale qu'ils en montrent
aujourd'hui dans les pays où les anciens
gouvernements ont été chassés - dans les pays
où les anciens gouvernements n'ont pas été
chassés, on ne s'y intéresse pas encore -, on
pourrait même dire que si les humains avaient
montré à l'époque une partie de l'intérêt
qu'ils montrent aujourd'hui pour la question
sociale, la chose aurait déjà été bonne, tout
aurait été différent. Mais là où l'eau ne
coule pas encore dans la bouche des gens, il
n'est pas encore possible aujourd'hui
d'éveiller un intérêt vraiment profond pour
les énigmes sociales. Ce que la bourgeoisie
dirigeante, dite intelligente, a manqué dans
ce sens au cours des deux ou trois dernières
décennies est tout de même monstrueux. Et elle
s'apprête à continuer à négliger les mêmes
choses, mais dans un autre domaine. Ce qui est
surtout nécessaire aujourd'hui, c'est que les
humains apprennent à comprendre : de même que
l'organisme individuel doit être compris
spirituellement-scientifiquement, de même
l'organisme social doit être compris
spirituellement-scientifiquement. Dans ce
domaine, on doit enfin dépasser les
abstractions sans essence/être. On peut déjà
se rattacher à des intérêts humains plus
profonds, à des impulsions humaines plus
profondes qui agissent tout de suite
maintenant en cette époque de l'humanité dans
l'évolution humaine.
16
La somnolence actuelle de l'humanité est
immense, et il est nécessaire de se réveiller
dans une certaine direction. Combien de fois
entend-on aujourd'hui ce jugement étrange, là
où l'on tient compte de la science de l'esprit
: la science de l'esprit n'est pas nécessaire
à l'humain qui croit et qui est chrétien dans
le bon vieux sens du terme, et d'ailleurs la
foi est simple et la science de l'esprit
compliquée, et on ne voit donc pas pourquoi on
échangerait le compliqué contre le simple.
Mais cette adhésion confortable au simple,
cette croyance pure impitoyable, cette
insistance confortable : nous n'avons pas
besoin d'y penser, nous n'avons pas besoin de
chercher la vérité, la foi nous la donne -,
c'est cela qui est responsable, au sens
profond du terme, des événements
catastrophiques dans lesquels nous vivons. Et
il doit encore et encore être accentué que
c'est cela qui porte la faute. Malheur s'il ne
se trouve pas assez d'humains dans la vie qui
ont le cœur et l'esprit pour se consacrer
entièrement à une pensée et à une recherche
sérieuses et laborieuses des vérités ! Car les
temps sont révolus où il suffisait de croire
au monde spirituel, où l'on pouvait se
prélasser dans l'existence physique et croire
que l'on serait délivré par les puissances
dont on ne se soucie plus et qui, de leur
côté, contribueront à la délivrance
correspondante. Ce qui importe dans
l'évolution de l'humanité, c'est que l'humain
ne se contente pas de croire en Dieu et aux
dieux, mais qu'il laisse le Dieu et les dieux
agir dans son propre être, qu'il laisse les
forces du monde spirituel s'infiltrer dans ce
qu'il fait lui-même, dans ce qu'il fait dans
la vie de tous les jours. Ce que nous faisons,
du matin au soir, doit être fait de telle
sorte que la force spirituelle divine soit
présente dans nos actes. Elle ne sera dans nos
actes que si elle est avant tout dans notre
pensée. Accueillir Dieu en nous de manière
active, et pas seulement par la foi, telle est
la tâche de l'humanité moderne. Ne pas
simplement penser à Dieu, mais penser de telle
sorte que Dieu vive dans nos pensées, voilà ce
qui importe. Si l'on s'abandonne à un tel
idéal, on développera déjà l'intérêt
nécessaire pour tout ce pour quoi,
malheureusement, la plus grande partie de
l'humanité moderne n'a pas développé d'intérêt
au cours des dernières décennies.
17
Ce qui importe, c'est que nous trouvions la
possibilité de faire comprendre aux humains
qu'une conversion de l'ensemble du monde de la
pensée est nécessaire. Il est grand temps, car
après que les dits intellectuels ont négligé
d'agir dans cette direction, les instincts les
plus fous de l'humanité se réveillent
maintenant sur presque tout le monde civilisé,
du moins sur une grande partie du monde
civilisé. Pensez-vous que lorsque ces
instincts de l'humanité auront atteint une
certaine culmination, un certain point
culminant, il sera facile de les bannir ? Il
s'écoulera beaucoup, beaucoup de temps avant
qu'ils ne se consument à leur tour. Ce n'est
que jusqu'à un certain moment que
l'enseignement, l'exemple, agissent pour
apaiser, pour calmer les instincts de
l'humanité. L'animal dans l'humanité tend vers
la surface, parce qu'on a négligé de stimuler
ce qu'il y a de plus noble dans l'être humain.
Et c'est ici que nous en sommes au point où il
faut parler de l'aspect moral de la question
sociale moderne. J'ai dit : ce que j'ai appelé
la dernière caractéristique de l'ordre
économique capitaliste, l'augmentation du
capital en tant que tel, la croissance du
capital qui n'aspire pas aux prestations, mais
au profit, détache l'humain de son produit. Et
c'est dans ce détachement de l'humain de son
produit que réside une caractéristique
essentielle de toute l'évolution moderne. Mais
dans le monde, il est vrai qu'en règle
générale, un phénomène ne se produit pas sans
l'autre, mais que les phénomènes sont liés
entre eux de la manière la plus diverse. Vous
ne pouvez pas marcher sur un sol mou sans que
des traces de pas ne s'y impriment en même
temps. C'est un exemple que vous pouvez
utiliser partout pour voir comment, dans le
monde réel, l'un va toujours avec l'autre. Ce
qui a poussé le monde moderne à l'augmentation
du capital, à la croissance du capital, qui
réside dans le capitalisme moderne, a
justement lié d'un autre côté - non pas de
manière logique unilatérale, mais de manière
logique par rapport à la réalité - à
l'avènement du capitalisme le manque d'intérêt
que nous trouvons dans l'humanité moderne
précisément pour les impulsions les plus
profondes de l'âme humaine. D'un côté, la mise
à nu/l'exfoliation de la personnalité humaine
du processus économique et, de l'autre,
l'assèchement de cette personnalité, qui s'est
détachée du processus l'économie, tout de
suite pour les qualités les plus intimes de
l'être spirituel et d'âme de l'humain. Les
deux vont de pair. Ces deux choses ont
engendré cette effroyable agitation des
grandes villes modernes où le capitalisme a
établi ses sièges particuliers, où, d'un côté,
le capitalisme fonctionne et, de l'autre,
règne l'indifférence pour les questions les
plus intimes de l'être humain.
18
Ces choses sont souvent dissimulées dans les
apparences et ne se révèlent qu'à un examen
plus attentif. Vous pouvez bien sûr dire : il
y a quand même un grand nombre d'humains qui
ne sont absolument pas impliqués dans le
processus capitaliste moderne. - Certes,
quelques-uns y participent de manière directe,
mais de manière indirecte, toute l'humanité
moderne, notamment l'humanité moderne
cultivée, participe au processus capitaliste.
Par le fait que les existences dépendent de
l'ordre économique capitaliste. Qu'un artiste
produise autrefois pour le prince ou pour le
pape, il produit aujourd'hui pour le
capitaliste. Et si vous tirez de tels fils,
tels qu'ils s'enroulent aujourd'hui de l'art
au capitalisme, sur les domaines les plus
divers de la vie, vous verrez comment le
capitalisme a étendu ses tentacules de tous
côtés, en particulier sur la vie spirituelle.
Il y a beaucoup d'inconscient dans ces choses,
qui ne se dévoilent pas aussitôt si l'on
regarde seulement la surface de la vie.
19
Je vais maintenant devoir caractériser quelque
peu un processus inconscient ou subconscient :
cette objectivation du processus de
production, ce détachement du processus de
production des aspirations humaines, tel qu'il
se produit dans le capitalisme moderne,
nécessite en un certain sens une
justification. Les humains ont toujours besoin
d'une justification pour ce qu'ils font, et il
ne leur importe pas, lorsqu'ils veulent se
justifier, de rechercher la vérité, mais il
leur importe seulement de dire quelque chose
qui les justifie. Prenez un exemple évident.
L'Entente a gagné ; il s'agit de justifier
cette victoire. C'est pourquoi on dit ce qui
est dit aujourd'hui par l'Entente, non pas
parce que c'est la vérité, mais parce qu'il
faut justifier la victoire. Il en va de même
dans la vie humaine individuelle. Qu'est-ce
qui importe à la plupart des humains de fonder
réellement la vérité ? Ce qui leur importe,
c'est de justifier ce qu'ils font. C'est ce
que veut le capitalisme : justifier son
existence avant toute chose. Il ne peut le
justifier que s'il observe le processus
matériel le plus extrême, le processus
économique le plus matériel dans son image
reflet, dans l'augmentation du capital. Mais
alors, quand doit être justifié, dans ce monde
physique, l'ordre économique capitaliste, tout
ce qui concerne les affaires d'âme et
spirituelles doit être déconnecté. Elles
doivent être placées dans un domaine
particulier. Le pasteur peut parler en chaire
des choses de la foi comme il veut - je peux
le croire, un autre peut le croire, je peux ne
pas le croire, un autre peut ne pas le croire
-, il parle d'un tout autre monde. Dans le
monde dans lequel on doit vivre, cela ne peut
pas se passer comme le dit le pasteur en
chaire, bien sûr que non, cela doit se passer
de manière capitaliste.
20
Ainsi, c'est précisément le capitalisme
extrême qui a provoqué d'un côté cette vie
morale-spirituelle terriblement abstraite, qui
veut se détacher complètement de toutes les
réalités extérieures de l'existence. Tout
aussi grave dans la vie moderne que le
capitalisme matériel d'un côté, a agi de
l'autre côté cet état d'esprit qui dit : "Ah,
qu'est-ce que je me soucie d'Ahriman ! Ahriman
peut rester Ahriman, je me consacre aux
impulsions du plus profond de mon âme, je
m'abandonne au monde spirituel, je cherche le
monde spirituel tel que je peux le trouver en
moi ; les affaires de l'âme m'intéressent. Que
me soucierais-je de ce système de crédit,
d'argent, de fortune et de propriété
ahrimanien ! Que m'importe la différence entre
rente et intérêt, entre revenu brut et
bénéfice net, et ainsi de suite. Je m'occupe
des affaires de mon âme ! -- Mais, de même que
l'humain est une unité de corps, d'âme et
d'esprit, et que son corps, son âme et son
esprit sont liés entre la naissance et la
mort, de même sont liées dans l'existence
physique extérieure les impulsions que nous
pouvons trouver dans la structure intime de
notre âme, et les impulsions qui se trouvent
dans l'ordre économique extérieur. Et tout
aussi coupables de la catastrophe moderne
sont, d'un côté, les capitalistes
matérialistes avec leur mode de pensée et
d'attitude, et, de l'autre, ceux qui veulent
seulement être pieux, seulement
spirituel-scientifiques, dans leur sens, cette
limitation abstraite spirituelle-scientifique
et ne pas s'engager sur l'englobement de la
réalité quotidienne par une pensée
intrusive/opératoire. C'est ce qui m'a
toujours de nouveau et à nouveau mû à vous
parler de ce que vous ne devriez donc quand
même pas prendre ce mouvement spirituel
anthroposophique comme une occasion d'écouter
de simples sermons du dimanche après-midi, qui
vous font du bien à l'âme parce qu'ils vous
disent que la vie est éternelle et ainsi de
suite, mais pour que vous preniez ce mouvement
anthroposophique comme le moyen d'aborder
réellement et de manière significative les
tâches modernes de l'existence/l'être-là qui
nous arrivent de manière si brûlante. Et l'une
des premières nécessités est de comprendre par
où il faut commencer, et que tout cela ne sert
à rien si les humains n'accèdent pas à une
pensée non prévenue.
21
Et c'est ici que j'aimerais, à la fin de mes
réflexions d'aujourd'hui, exprimer ce à quoi
nous nous rattacherons demain dans une
réflexion pratique et sociale. Ce que je vais
dire sera apparemment très éloigné de toute
pensée socialiste ou de toute pensée sur la
question sociale, mais vous verrez demain à
quel point ce qui est apparemment éloigné est
proche, et comment nous pourrons, grâce à ces
réflexions, redresser les quatre points que je
vous ai indiqués comme étant les éléments de
l'idéal socialiste. Les humains disent si
souvent dans la vie : les opinions sont
différentes, les convictions sont différentes,
l'un croit ceci, l'autre croit cela. - Ne
semble-t-il pas que lorsque nous nous laissons
aller à penser, l'un peut se faire telle idée,
l'autre telle autre, et que telle ou telle
idée peut alors être justifiée ? Il semble que
ce soit le cas, mais ce n'est pas du tout le
cas. En tenant compte du fait que chaque
caractéristique d'une chose au sens supérieur
est toujours en quelque sorte une photographie
d'un côté, qu'il y a donc des éclairages sous
les angles les plus divers - toujours en
supposant qu'on en tienne compte -, tous les
humains ont la même opinion sur une seule et
même chose au plus profond d'eux-mêmes. Il n'y
a pas deux personnes dans le monde qui n'ont
pas la même opinion sur une seule et même
chose - comme je l'ai dit, toujours à la
condition que ce soit le cas. Cela n'existe
pas. Pourquoi donc les humains parlent-ils
quand même de différentes opinions ? Parce que
entre la vérité et entre ce que l'humain
perçoit dans son for intérieur, son émotionnel
pousse/inserre, son préjugé égoïste
pousse/insère et lui déforme, caricature la
chose. Les humains sont vraiment différents
seulement en rapport à leurs émotions, pas en
rapport à leurs concepts et à leurs idées. Une
fois que l'on a gagner un accès à un concept
réel, on ne peut pas avoir une opinion
différente sur ce concept de celle d'un autre
humain qui a également eu accès à ce concept.
Et c'est la plus grande frivolité de l'âme que
de croire que l'on a un certain droit à des
opinions subjectives. On n'a pas ce droit aux
opinions subjectives, mais on a l'obligation,
en tant qu'être humain, de dépasser sa
subjectivité pour atteindre l'objectif. Pour
voir ce qui est juste sur ce point, il est
cependant très nécessaire de tenir compte de
toutes les sources d'erreur qui découlent des
émotions humaines. Un humain croit qu'il peut
être convaincu de n'importe quelle chose.
Souvent, la raison pour laquelle il croit être
convaincu d'une chose quelconque n'est autre
que le fait qu'il est trop paresseux pour
envisager réellement le concept, oui, on doit
quand même indiquer sur ce côté intérieur
moral de la nature de l'humain quand on veut
indiquer sur ce qui fait nécessité du temps
actuel.
22
Ce temps actuel est avant tout plein
d'orgueil, d'émotions, même dans ce que l'on
appelle la science objective, et elle n'est
pas du tout encline à chercher l'accès au
jugement qui réside en de vraies idées et de
vrais concepts. Mais où irons-nous si les
brûlantes énigmes sociales qui sont maintenant
à notre porte sont résolues à partir des
émotions des humains ? Vous le savez : Il y a
des imaginations, il y a des inspirations, il
y a des intuitions. En réalité, tout ce qui
doit être élucidé/étudier en ce qui concerne
les pendants économiques, de gestion
économique et de gestion/législation
économiques, réside dans les imaginations ;
tout ce qui doit être étudier dans l'organisme
économique réside dans les imaginations. Chez
la plupart des gens, ces imaginations peuvent
n'émerger de l'inconscient que sous forme de
pressentiments. Mais alors, ces pressentiments
sont meilleurs que les concepts étudiés qui
figurent aujourd'hui souvent dans
l'humanité. Tout ce qui vit dans ce
qu'on appelle la vie spirituelle, que nous
avons caractérisée de la même manière que nous
avons caractérisé la vie spirituelle comme un
membre de l'ordre social futur, tout cela
repose sur des inspirations : un organisme
spirituel. Et tout ce qui peut exister
réellement en dehors de l'humain, et même qui
doit exister en dehors de l'humain, tout ce en
quoi les humains doivent être égaux, égaux,
comme on dit, devant la loi, tout cela ne peut
reposer que sur des intuitions. C'est donc sur
cela que repose ce que l'on pourrait appeler
l'organisme politique. Imagination : organisme
économique - Inspiration : organisme spirituel
- Intuition : organisme politique.
23
De cette manière l'inspiration, l'intuition et
l'imagination doivent réellement coopérer dans
l'organisation des conditions/rapports de vie.
Là, on doit seulement une fois réflechir qu'il
en est ainsi. Et l'on comprendra alors comment
les questions sociales qui sont aujourd'hui
non seulement à la porte, mais brûlantes, ne
peuvent être orientées vers leur solution qu'à
partir des méthodes spirituelle-scientifiques
. C'est ce qui importe : se débarrasser de
toute nonchalance, de tout confort dans la
pensée, et aller vraiment vers ce qui relie
l'âme humaine à la réalité. En fin de compte,
cela ne peut que nous mener là où nous devons
aller dans le présent. C'est de ce point de
vue que nous voulons caractériser et discuter
critique demain les quatre membres de ce que
l'on appelle l'idéal socialiste.
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