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Œuvres complètes de Rudolf Steiner - GA188

LE GOETHÉANISME, UNE IMPULSION DE TRANSFORMATION
ET UNE PENSÉE DE RÉSURRECTION.
SCIENCE HUMAINE ET SOCIALE.




  ONZIÈME CONFÉRENCE - Dornach, 1er février 1919
Le détachement du processus économique du personnel - La séparation de la vie morale-spirituelle des réalités extérieures de l'existence l'être-là
  ELFTER VORTRAG - Dornach, 1. Februar 1919
Die Loslösung des Wirtschaftsprozesses von dem Persönli­chen — Die Abtrennung des moralisch-geistigen Lebens von den äußeren Wirklichkeiten des Daseins

 


 

Les références Rudolf Steiner Œuvres complètes ga 188  220-234 1999  01/02/1919



Original





Traducteur: FG v.02 - 30/06/2024 Editeur: SITE

Représentation socialiste du passage du capitalisme au socialisme. L'approche de science de la nature tifique de processus sociaux. Sans considération spirituelle- scientifique, pas de jugement social. Le développement du capitalisme. L'intervention du moral chez l'artisan du Moyen-Âge. L'ordre économique capitaliste : travailler pour le profit. Dissociation du processus économique de l'aspect personnel. Les quatre idéaux socialistes (socialisation des moyens de production, production uniquement pour les besoins, conditions de travail et de salaire démocratiques, plus-value à la communauté). Le côté moral de la question sociale. L'éveil des instincts animaux comme conséquence du manque d'intérêt spirituel. Économie : imagination ; esprit : Inspiration ; organisme politique : Intuition.


Sozialistische Vorstellung vom Übergang des Kapitalismus in den Sozialis­mus. Die naturwissenschaftliche Betrachtung sozialer Vorgänge. Ohne geisteswissenschaftliche Betrachtung kein soziales Urteil. Die Entwicklung des Kapitalismus. Hineinwirken des Moralischen beim Handwerker des Mittelalters. Kapitalistische Wirtschaftsordnung: Arbeiten für Profit. Los­lösung des Wirtschaftsprozesses vom Persönlichen. Die vier sozialistischen Ideale (Vergesellschaftung der Produktionsmittel, Produktion nur für den Bedarf, demokratische Lohn- und Arbeitsverhältnisse, Mehrwert an die Gemeinschaft). Die moralische Seite der sozialen Frage. Das Erwachen tie­rischer Instikte als Folge des mangelnden geistigen Interesses. Wirtschaft: Imagination; Geist: Inspiration; politischer Organismus: Intuition.




Le socialisme est d'avis que ce qu'il appelle l'ordre économique socialiste est une continuation immédiate et nécessaire, conforme aux causes, de ce qui s'est produit peu à peu dans l'ordre économique au cours des derniers siècles de l'évolution de l'humanité. En quelque sorte, celui qui a aujourd'hui une conception prolétarienne et socialiste de la vie pense que l'ordre économique capitaliste doit se transformer peu à peu en ordre économique socialiste, et ce pour la simple raison qu'au sein de ce qui s'est formé au cours des derniers siècles par le capitalisme, l'ordre économique socialiste est en quelque sorte déjà là. Certains disent, pour pouvoir caractériser précisément ce processus de pensée, comme ils le croient : tout ordre humain, tout ordre de vie, lorsqu'il est parvenu en quelque sorte à son point culminant, au sommet de son développement, contient déjà le germe pour ce qui suit.

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Der Sozialismus ist der Meinung, daß dasjenige, was er sozialistische Wirtschaftsordnung nennt, eine unmittelbare und notwendige, ur­sachengemäße Fortsetzung sei dessen, was sich in der Wirtschafts­ordnung innerhalb der letzten Jahrhunderte in der Entwickelung der Menschheit nach und nach ergeben hat. Gewissermaßen meint der, welcher heute der proletarisch-sozialistischen Lebensauffassung ist, daß die kapitalistische Wirtschaftsordnung von selbst übergehen müsse nach und nach in die sozialistische Wirtschaftsordnung, und dies aus dem einfachen Grunde, weil innerhalb dessen, was sich herausgebildet hat in den letzten Jahrhunderten durch den Kapitalismus, die sozia­listische Wirtschaftsordnung gewissermaßen schon stecke. Manche sagen, um diesen Gedankengang, wie sie glauben, präzis charakteri­sieren zu können: Jede menschliche Ordnung, jede Lebensordnung enthält, wenn sie gewissermaßen in der Kulmination, auf dem Gipfel ihrer Entwickelung angelangt ist, dann schon den Keim für das Folgende.

Maintenant, vu de l'extérieur, je dirais même vu statistiquement - et les savants socialistes aiment particulièrement les statistiques -, ce que je viens d'exposer en tant qu'ordre socialiste a beaucoup de mérites. La technique moderne a en effet transformé dans certains domaines - nous pouvons caractériser sommairement le processus de la manière suivante - ce qui était auparavant une entreprise à taille humaine, sous la tutelle de l'individualité humaine, en une grande entreprise. Il suffit de considérer l'industrie sidérurgique moderne comme un exemple tout à fait remarquable, et l'on constatera que cette industrie sidérurgique moderne a dû regrouper toute une somme d'opérations qui aboutissent toutes à la création de certains produits, lesquels ne peuvent toutefois être créés que par l'interaction de processus compliqués. Pour pouvoir exploiter de telles entreprises géantes, telles qu'elles se sont développées dans la vie économique moderne, il faut de grandes masses de capitaux,

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Nun, äußerlich betrachtet, ich möchte sagen, statistisch betrachtet — und die Statistik lieben ja die sozialistischen Gelehrten ganz beson­ders — hat das, was ich eben auseinandergesetzt habe als sozialistische Ordnung, sehr viel für sich. Die moderne Technik hat nämlich auf gewissen Gebieten übergeführt — wir können summarisch den Vor­gang in der folgenden Weise charakterisieren —, was früher ein über­schaubarer, in der Obhut der menschlichen Individualität stehender Betrieb war, in den Großbetrieb. Man braucht nur auf die moderne Eisenindustrie als ein ganz hervorragendes Beispiel zu sehen, und man wird finden, daß diese moderne Eisenindustrie zusammenfassen mußte eine ganze Unsumme von Verrichtungen, die alle zuletzt dahin gipfeln, gewisse Produkte zu schaffen, die aber nur durch das Zusammen­wirken komplizierter Vorgänge geschaffen werden können. Um solche Riesenbetriebe, wie sie das moderne Wirtschaftsleben herausgebildet hat, betreiben zu können, bedarf es großer Kapitalmassen,

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des accumulations de capitaux en comparaison desquelles la vie économique d'autrefois aurait été risible. Or, c'est dans ces accumulations de capitaux que réside, pour le propriétaire individuel ou pour un groupe de propriétaires de telles entreprises géantes, la possibilité d'employer une grande main-d'œuvre. Du fait que les entreprises se sont étendues jusqu'à devenir gigantesques, une grande main-d'œuvre a été rassemblée au sein de ces entreprises. Les conditions de circulation ont en outre eu pour conséquence que de telles entreprises géantes ne peuvent pas rester isolées, car elles ne supporteraient pas la concurrence ; elles se sont regroupées d'une certaine manière, ce qui a créé un groupe social encore plus grand d'entrepreneurs et d'ouvriers. Ainsi, la pensée socialiste de l'époque récente pense que la vie de l'économie elle-même a conduit d'une certaine manière à la socialisation, et que les phénomènes qui accompagnent cette socialisation doivent nécessairement poursuivre tout ce processus.


Kapital‑ anhäufungen, denen gegenüber das Wirtschaftsleben früherer Zeiten eine Lächerlichkeit gewesen wäre. In diesen Kapitalanhäufungen liegt nun aber auch für den einzelnen Besitzer oder für eine Gruppe von Besitzern solcher Riesenbetriebe die Möglichkeit, eine große Arbeiterschaft zu beschäftigen. Dadurch, daß die Betriebe sich ins Riesenhafte ausgedehnt haben, ist innerhalb der Betriebe zusammengebracht worden eine große Arbeiterschaft. Die Verkehrsverhältnisse haben außerdem noch dazu geführt, daß solche Riesenbetriebe nicht vereinzelt stehen können, weil sie die Konkurrenz nicht aushalten würden; daß sie in einer gewissen Weise sich zusammengeschlossen haben, wodurch noch größere Umfänge einer zusammengehörigen sozialen Gruppe von Unternehmern und Arbeitern geschaffen worden sind. So meint der sozialistische Gedanke der neueren Zeit, das Wirtschaftsleben selbst habe in einer gewissen Weise zur Sozialisierung geführt, und das, was nun die Begleiterscheinungen dieser Sozialisierung seien, das müsse notwendigerweise diesen ganzen Prozeß fortsetzen.

La suite consisterait en ce que ce ne serait plus l'entrepreneur individuel qui réunirait dans une large mesure une communauté de travail, mais que les collectivités, l'État, les communes, les coopératives deviendraient les entrepreneurs eux-mêmes, de sorte que le processus de socialisation, qui s'est déjà produit par la vie technico-économique moderne, se poursuivrait en quelque sorte d'une manière réglementée/régulée.

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Die Fortsetzung würde darinnen bestehen, daß nun nicht mehr der einzelne Unternehmer in weitem Umfange eine Arbeitsgemeinschaft zusammenbrächte, sondern daß die Gemeinwesen, Staat, Kommune, Genossenschaften die Unternehmer selbst werden, so daß gewisser­maßen nur der Sozialisierungsprozeß, der durch das moderne tech­nisch-wirtschaftliche Leben schon eingetreten ist, in einer geregelten Weise fortgesetzt werde.

Or, au fond, l'idée que je viens d'exprimer agit avec une force suggestive énorme sur le prolétariat moderne. Ce prolétariat moderne doit être considéré aussi sous l'angle de sa constitution d'âme par celui qui veut vraiment voir les choses dans leur ensemble. Et là, il apparaît vraiment que de telles pensées ont une force suggestive extraordinairement forte sur le prolétariat moderne. Cette force suggestive repose sur le fait que l'ouvrier moderne se croit livré au patronat et qu'il pense ne pouvoir échapper à cette livraison qu'en s'occupant lui-même de ce que fait le patronat.

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Nun wirkt im Grunde genommen der Gedanke, den ich soeben geäußert habe, mit einer ungeheuren suggestiven Kraft auf das mo­derne Proletariat. Dieses moderne Proletariat muß von dem, der die Verhältnisse wirklich restlos ins Auge fassen will, auch hinsichtlich seiner Seelenverfassung betrachtet werden. Und da zeigt sich wirklich, daß solche Gedanken eine außerordentlich starke suggestive Kraft auf das moderne Proletariat haben. Diese suggestive Kraft beruht darauf, daß sich in der Tat der moderne Arbeiter ausgeliefert glaubt dem Unternehmertum, und daß er glaubt, dieser Auslieferung nur dadurch zu entkommen, daß er das, was der Unternehmer besorgt, selbst mitbesorgt.

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Or, il est dans la nature de l'humanité récente - et cela est provoqué par les raisons les plus différentes - de s'adonner volontiers à des pensées unilatérales. La guérison de certaines situations ne viendra que si l'on renonce à cette tendance à se laisser aller à des pensées unilatérales et si l'on apprend à considérer les choses de manière globale. Considérer ainsi l'évolution de la vie de l'économie moderne, capitaliste et technique, avec son apogée après la socialisation, ne signifie en fait rien d'autre que d'appliquer à la vie de l'économie les formes de pensée modernes, adaptées à la science de la nature. D'un autre point de vue, je vous ai exposé ce fait hier.

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Nun liegt es in der Natur der neueren Menschheit — und es wird dieses durch die verschiedensten Gründe bewirkt —, sich einseitigen Gedanken gerne hinzugeben. Heilung für mancherlei Verhältnisse wird nur dadurch kommen, daß man abläßt von diesem Hange, sich einseitigen Gedanken hinzugeben und daß man lernt, die Dinge allseitig zu betrachten. So die Entwickelung des modernen kapitalistisch-technischen Wirtschaftslebens mit seiner Kulmination nach der Sozialisierung betrachten, heißt eigentlich nichts anderes, als die modernen, naturwissenschaftlich tauglichen Gedankenformen auf das Wirtschaftsleben anwenden. Von einem andern Gesichtspunkte aus habe ich Ihnen diese Tatsache gestern auseinandergesetzt.

Mais maintenant si l'on considère les choses purement de science de la nature, comme la forme de pensée de science de la nature est devenue à l'époque moderne, certaines impulsions subsistent nécessairement de cette manière de voir. Naturellement, lorsque l'on expose de telles choses, on doit dire maintes choses qui, si elles sont mal comprises, sont facilement contestables. Mais vous savez quelles méthodes sont nécessaires, précisément dans la considération spirituelle-scientifique, et vous tiendrez à cause de cela aussi convaincus que ce qui suit n'est qu'un éclairage d'un côté, mais un éclairage d'un côté dont on a besoin.

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Nun aber, wenn man rein naturwissenschaftlich betrachtet, so wie die naturwissenschaftliche Gedankenform in der neueren Zeit ge­worden ist, dann bleiben aus einer solchen Betrachtungsweise ge­wisse Impulse notwendig fort. Natürlich, wenn man solche Dinge auseinandersetzt, muß man mancherlei sagen, das, wenn es miß­verstanden wird, leicht anfechtbar ist. Sie wissen aber, welche Metho­den notwendig sind gerade in der geisteswissenschaftlichen Betrach­tung, und werden sich daher auch überzeugt halten davon, daß das Folgende auch nur eine Beleuchtung von einer Seite ist, aber eine Be­leuchtung von einer Seite, die man braucht.

L'approche de pure science de la nature, qui considère les phénomènes selon la seule loi de cause à effet, s'applique en fait aussi bien à l'organisme sain qu'à l'organisme malade. Vous pouvez observer l'organisme sain de manière physiologique et, si vous voulez vous arrêter à ce que la science de la nature moderne aime particulièrement, vous pourrez constater partout le lien de cause à effet. Mais vous pouvez tout aussi bien, si vous vous en tenez à cette abstraction - le pendant de cause à effet -, considérer l'organisme malade comme pathologique. Dans l'organisme malade aussi, tout est lié par la cause et l'effet. Et si l'on se base unilatéralement et abstraitement sur une suite d'événements orientés selon la cause et l'effet, alors l'impulsion que l'on doit qualifier d'un côté de saine et de l'autre de malade, reste nécessairement absente.

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Die rein naturwissenschaftliche Betrachtungsweise, welche die Er­scheinungen bloß nach dem Gesetz von Ursache und Wirkung be­trachtet, ist im Grunde sowohl auf den gesunden als auch auf den kranken Organismus anwendbar. Sie können den gesunden Organis­mus physiologisch betrachten, und Sie werden, wenn Sie stehen­bleiben wollen bei dem, was die moderne Naturwissenschaft be­sonders liebt, überall den Zusammenhang von Ursache und Wirkung konstatieren können. Sie können aber geradeso, wenn Sie bei dieser Abstraktion — Zusammenhang von Ursache und Wirkung — stehen­bleiben, den kranken Organismus pathologisch betrachten. Auch in dem kranken Organismus hängt alles nach Ursache und Wirkung zu­sammen. Und legt man einseitig, abstrakt nur zugrunde eine nach Ursache und Wirkung orientierte Folge der Ereignisse, dann bleibt der Impuls, den man auf der einen Seite als gesunden, auf der andern Seite als kranken Impuls bezeichnen muß, notwendigerweise fort.

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Elle tombe hors de la manière d'observer. Ce n'est pas plus loin grave pour l'a manière d'observer de science de la nature en rapport aux tâches que la science de la nature cherche d'abord à l'époque moderne. Mais cela devient grave si l'on veut appliquer le même mode de pensée aux processus sociaux, car on ne peut pas simplement exclure du processus de développement de l'humanité la différence entre le sain et le malade. Cela ne se laisse pas faire. Et c'est ce qui doit d'abord être accentué principalement, à savoir que, de même que les humains se tiennent devant les questions sociales devenues si brûlantes, leur manque justement de gagner un jugement, si une quelque chose est un processus sain ou malade, si une quelque chose doit être promue/exigée ou guérie. C'est pourquoi on pourrait dire, une telle tragédie repose sur l'humanité moderne, parce que manque tout de suite cette différence, que j'ai justement caractérisée m'en approchant.


Er fällt heraus aus der Betrachtungsweise. Das ist für die naturwissenschaftliche Betrachtungsweise mit Bezug auf die Aufgaben, welche die Naturwissenschaft zunächst in der neueren Zeit sucht, nicht weiter schlimm. Das wird aber schlimm, wenn man dieselbe Denkweise anwenden will auf die sozialen Vorgänge, denn da läßt sich nicht aus dem Werdeprozeß der Menschheit einfach der Unterschied zwischen dem Gesunden und dem Kranken ausschließen. Das läßt sich nicht tun. Und das ist es, was zunächst hauptsächlich betont werden muß, daß, so wie die Menschen heute vor den durch die Wirklichkeit so brennend gewordenen sozialen Fragen stehen, ihnen eben durchaus fehlt die Möglichkeit, ein Urteil zu gewinnen, ob irgend etwas ein gesunder oder kranker Prozeß ist, ob irgend etwas gefördert werden muß oder geheilt werden muß. Deshalb, könnte man sagen, liegt eine solche Tragik über der modernen Menschheit, weil gerade dieser Unterschied, den ich eben annähernd charakterisiert habe, fehlt.

Si l'on considère l'évolution moderne de l'humanité depuis trois ou quatre siècles, si l'on suit en particulier la manière dont s'est développé ce que l'on appelle le capitalisme, alors il faut prendre en considération un autre point de vue que celui du regroupement des entreprises en grandes entreprises et autres. On doit par exemple se poser la question de savoir comment le mode de production capitaliste se situe dans l'ensemble du processus social de l'humanité. On ne peut vraiment porter un jugement sur ce point que si l'on compare le mode de production capitaliste moderne, d'un certain point de vue, avec le mode de production de l'ancien artisan. L'ancien artisan fabriquait ses produits, il livrait ses produits au consommateur, et en payant ses produits, il avait la possibilité de vivre à son tour. Si l'on suit la vie d'un tel artisan, si l'on suit en général la vie de production des siècles précédents, notamment jusqu'en 1300 environ, on constate que les humains se sont fait payer ou ont échangé des marchandises contre ce qu'ils ont produit. En échange de ce qu'ils produisaient, ils se procuraient ce qui était nécessaire à leur subsistance.

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Wenn man die moderne, seit drei oder vier Jahrhunderten gehende Entwickelung der Menschheit ins Auge faßt, wenn man namentlich verfolgt, wie sich das, was Kapitalismus genannt wird, entwickelt hat, dann muß man auch noch einen andern Gesichtspunkt als den der Zu­sammendrängung der Betriebe in Großbetriebe und ähnliches ins Auge fassen. Man muß zum Beispiel die Frage durchgreifend stellen : Wie steht eigentlich die kapitalistische Produktionsweise im gesamten Ge­sellschaftsprozeß der Menschheit drinnen? Man kann darüber eigentlich nur ein Urteil gewinnen, wenn man die moderne kapitalistische Pro­duktionsweise mit Bezug auf einen gewissen Gesichtspunkt mit der Produktionsweise des ehemaligen Handwerkers vergleicht. Der ehe­malige Handwerker, er fertigte seine Produkte, er lieferte seine Pro­dukte an den Konsumenten, und durch die Bezahlung seiner Produkte war er in die Möglichkeit versetzt, seinerseits zu leben. Verfolgt man ein solches Handwerkerleben, verfolgt man überhaupt das Produk­tionsleben früherer Jahrhunderte, namentlich bis etwa zum Jahre 1300, so findet man, daß die Menschen sich haben bezahlen lassen oder Waren eingetauscht haben meinetwillen für das, was sie produziert haben. Für das, was sie produziert haben, verschaffen sie sich dasjenige, was zu ihrem Lebensunterhalte notwendig war.

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C'était, dans un certain sens une économie limitée, mais une économie étroitement liée à la personnalité. Toute production était aussi étroitement liée à la compétence personnelle, au zèle personnel, à l'honneur que l'on mettait à faire un produit aussi bien que possible, etc. A l'époque de la vie simple des artisans, des impulsions morales pleines de significations étaient liées à l'ordre économique.


Das war in gewissem Sinne eine eingeschränkte 'Wirtschaft, aber es war eine Wirtschaft, welche eng gebunden war an die Persönlichkeit. Alle Hervorbringung war auch eng gebunden an persönliche Tüchtigkeit, an persönlichen Eifer, an die Ehre, die jemand darinnen sah, ein Produkt so gut als möglich zu machen und so weiter. Bedeutungsvolle moralische Impulse waren in der Zeit des einfachen Handwerkerlebens mit der wirtschaftlichen Ordnung verbunden.

Tout cela est devenu autre au cours des trois ou quatre derniers siècles. Après une transition entre le 15e siècle et le 16e ou 17e siècle, les choses ont changé au cours des trois ou quatre derniers siècles. Car c'est au cours de ces trois ou quatre derniers siècles que s'est vraiment développé ce que l'on peut appeler le mode de production capitaliste. Si l'on examine ce qui est réellement à la base de la question sociale et que l'on ne se base pas sur ce que les gens croient, il faut prendre en considération la caractéristique suivante : l'essentiel pour le capitaliste, dans la mesure où il est un membre de l'ordre économique capitaliste, n'est pas de gagner sa vie comme l'artisan, mais de veiller à ce que le capital s'accroisse, qu'il se multiplie. Ce qui fait croître le capital, c'est le profit. Ce n'est donc pas le travailler sur le statut de vie, mais le travail en vue du profit qui caractérise particulièrement l'ordre économique capitaliste. Mais cela rend le capital en tant que tel très autonomisé. N'est-ce pas lorsqu'une certaine masse de capital s'accroît/se multiplie au cours des années par le processus de production, lorsqu'elle grandit, et que c'est précisément le but de la formation de capital, ce qui est en fait la chose principale dans le processus économique est détaché de tout ce qui est personnel. Et c'est le point de vue qui vient avant toute chose en considération dans le jugement correct de la question sociale moderne, ce détachement du processus économique du personnel/de ce qui est personnel.

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Das alles ist anders geworden im Laufe der letzten drei bis vier Jahrhunderte. Nachdem ein Übergang war vom 15. Jahrhundert bis etwa ins 16., 17. Jahrhundert hinein, ist die Sache in den letzten drei bis vier Jahrhunderten anders geworden. Denn in diesen letzten drei bis vier Jahrhunderten entwickelte sich eigentlich erst so recht das, was man kapitalistische Produktionsweise nennen kann. Wenn man nun dem nachgeht, was der sozialen Frage wirklich zugrunde liegt und nicht abstellt auf das, was die Leute glauben, so muß folgendes Merkmal ins Auge gefaßt werden: Das Wesentliche für den Kapi­talisten, insofern er ein Glied der kapitalistischen Wirtschaftsordnung ist, besteht nicht darin, sich wie der Handwerker seinen Lebensstand zu verschaffen, sondern dafür zu sorgen, daß das Kapital Zuwachs erhält, daß es sich vermehrt. Dasjenige, um was das Kapital wächst, das ist der Profit. Also nicht das Arbeiten auf den Lebensstatus, son­dern das Arbeiten auf den Profit hin, das ist das besonders Charakteri­stische der kapitalistischen Wirtschaftsordnung. Dadurch aber wird im hohen Maße das Kapital als solches verselbständigt. Nicht wahr, wenn eine gewisse Kapitalmasse sich im Laufe der Jahre durch den Produktionsprozeß vermehrt, wenn sie wächst, und wenn das gerade­zu der Zweck der Kapitalbildung ist, so wird ja von allem Persönlichen losgelöst dasjenige, was eigentlich die Hauptsache im Wirtschafts­prozeß ist. Und das ist der Gesichtspunkt, der bei der richtigen Be­urteilung der modernen sozialen Frage vor allen Dingen in Betracht kommt, diese Loslösung des Wirtschaftsprozesses von dem Per­sönlichen.

Malheureusement, peu de gens parmi les classes/états sociaux cultivés d'aujourd'hui ont vraiment envie de s'intéresser à ces choses ; s'ils le faisaient, ils pourraient déjà voir comment l'humain

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Leider haben die wenigsten Menschen der heutigen gebildeten Stände wirklich Neigung, sich mit diesen Dingen zu befassen; wenn sie dies nämlich tun würden, könnten sie schon sehen, wie der moderne

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moderne est dans une certaine mesure séparé de tout ce qui constitue le processus économique. Je vous demande : à quel degré est-il aujourd'hui disponible, en dehors de cercles très restreints, un plaisir pour le produit que l'on fabrique ? Ce qui était fondamental dans l'ordre économique des époques précédentes, à savoir que l'humain tirait une grande joie par exemple de chaque clé qu'il produisait, qu'il devait mettre son honneur à réaliser la chose le mieux possible, n'existe plus. L'humain est en quelque sorte séparé du processus économique en tant que tel. C'est tout au plus dans le domaine artistique et dans ce qui est apparenté au domaine artistique que se produit encore ce qui, autrefois, traversait l'artisanat comme un moment moral pénétrant. On ne peut même pas dire que dans la vie spirituelle, le lien entre l'humain et sa prestation soit resté intact. Regardez à tous les professeurs qui sont actifs dans telle ou telle discipline, si les gens sont maintenant vraiment entièrement attachés avec ce qu'ils produisent !


Mensch gewissermaßen getrennt ist von alldem, was den Wirtschaftsprozeß eigentlich ausmacht. Ich frage Sie: In welchem Grade ist denn heute außerhalb ganz eng umgrenzter Kreise Freude am Produkte, das man erzeugt, vorhanden? Was durchgreifend in der Wirtschaftsordnung früherer Epochen war, daß der Mensch zum Beispiel an jedem Schlüssel, den er hervorbrachte, seine große Freude hatte, seine Ehre dareinsetzen mußte, die Sache so gut als möglich zustande zu bringen, das ist vorbei. Der Mensch ist gewissermaßen abgetrennt von dem Wirtschaftsprozeß als solchem. Höchstens auf künstlerischem Gebiete und auf dem, was dem künstlerischen Gebiete verwandt ist, findet noch statt, was früher wie ein durchgreifendes moralisches Moment das Handwerk durchzogen hat. Man kann nicht einmal sagen, daß im geistigen Leben die Verbindung des Menschen mit seiner Leistung aufrechterhalten geblieben ist. Sehen Sie sich an all die Professoren, die in den oder jenen Fächern tätig sind, ob die Leute nun wirklich ganz menschlich verwachsen sind mit demjenigen, was sie hervorbringen!

Mais d'une manière englobante, cela est déjà pendant à ce caractère fondamental de l'ordre économique capitaliste, qui intervient finalement dans tout. Vous pouvez le déduire des remarques finales d'hier. Il ressort de ce caractère fondamental de l'ordre économique capitaliste que l'humain est en quelque sorte détaché, dans ses aspirations personnelles, du processus économique qui devient de plus en plus objectif. La conséquence en est très large et colore toute la conception socialiste d'aujourd'hui. Il apparaît notamment la croyance que vraiment cette séparation malsaine entre la production humaine et l'humain lui-même et ce qui l'intéresse devrait être établie dans un nouvel ordre économique. Où songe-t-on aujourd'hui à rechercher à nouveau un lien entre l'humain et ses productions ? Au contraire, on pense à extérioriser autant que possible le processus économique, à le séparer de l'humain. Et la conséquence en serait que l'humain devrait chercher dans d'autres domaines la satisfaction pour ce qui est en fait lié/pendant à sa personnalité,

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Aber in umfassender Weise hängt das schon zusammen mit diesem Grundcharakter der kapitalistischen Wirtschaftsordnung, die ja schließlich in alles eingreift. Aus den gestrigen Schlußbemerkungen können Sie das entnehmen. Aus diesem Grundcharakter der kapita­listischen Wirtschaftsordnung geht es hervor, daß der Mensch ge­wissermaßen losgelöst ist in seinen persönlichen Aspirationen von dem objektiver und objektiver werdenden Wirtschaftsprozeß. Die Folge davon ist eine ganz weitgehende und färbt die ganze sozialistische Auffassung von heute. Es entsteht nämlich der Glaube, daß wirklich dieses ungesunde Abtrennen der menschlichen Produktion von dem Menschen selbst und dem, was ihn interessiert, gerade festgelegt werden müßte in einer neuen Wirtschaftsordnung. Wo denkt man heute daran, wiederum ein Band zu suchen zwischen dem Menschen und seinen Hervorbringungen? Im Gegenteil, man denkt daran, den Wirtschaftsprozeß so weit wie nur irgend möglich nach außen zu verlegen, vom Menschen abzusondern. Und die Folge davon würde sein, daß der Mensch auf andern Gebieten Befriedigung suchen müßte für dasjenige, was eigentlich mit seiner Persönlichkeit,

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à tous les intérêts de son être. C'est ainsi que ce préjugé agit sur ce que l'on appelle aujourd'hui les idéaux socialistes. Voyons en quoi consiste l'idéal socialiste pour de larges cercles aujourd'hui.


was mit allen Interessen seines Wesens zusammenhängt. So wirkt dieses Vorurteil auf das, was man heute sozialistische Ideale nennt. Führen wir uns einmal vor Augen, worinnen das sozialistische Ideal für weite Kreise heute besteht.

Nous avons là quatre points dans lesquels nous pouvons résumer tout ce qui est en quelque sorte l'idéal socialiste en ce qui concerne la structure de l'organisme de société humaine. Premièrement, cet idéal socialiste aspire à ce que toutes les entreprises de production deviennent la propriété de la communauté, que cette communauté soit l'État ou la commune ou les coopératives ; en d'autres termes, à ce que toute propriété privée des moyens de production soit abolie, à ce que les moyens de production deviennent tous la propriété de la communauté, de sorte que toutes les entreprises doivent aussi être gérées par la communauté.

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Da haben wir vier Punkte, in denen wir zusammenfassen können alles dasjenige, was gewissermaßen sozialistisches Ideal mit Bezug auf die Struktur des menschlichen Gesellschaftsorganismus ist. Erstens strebt dieses sozialistische Ideal danach, daß alle Produktionsbetriebe Eigentum der Gemeinschaft werden, sei diese Gemeinschaft der Staat oder die Kommune oder Genossenschaften; daß, mit andern Worten, abgeschafft werde aller Privatbesitz an Produktionsmitteln, daß die Produktionsmittel alle Gemeineigentum werden, so daß alle Betriebe durch die Gemeinschaft auch geführt werden müssen.

La deuxième chose, dans le cadre de l'idéal socialiste, est que la production soit réglée d'après le besoin, c'est-à-dire que la production ne se règle pas librement d'après l'offre et la demande, que non, si un article est demandé ici ou là, une branche de production soit ouverte pour cet article, mais que soit établit dans une certaine mesure étatiquement ou communalement ou coopérativement : les gens ont besoin de cela, donc la communauté crée une entreprise de production pour cet article dont il est besoin là. Une troisième est la réglementation démocratique des conditions de travail et de salaire, et le quatrième est que toute plus-value revient à la communauté. Nous avons ainsi posé devant notre âme les quatre éléments de l'idéal socialiste. Je le répète : toutes les entreprises de production doivent devenir la propriété de la communauté, la production doit être réglée en fonction des besoins ; les conditions de travail et de salaire doivent être réglées démocratiquement ; toute plus-value, c'est-à-dire tout profit, doit être délivré à la communauté.

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Das zweite ist innerhalb des sozialistischen Ideals, daß die Produk­tion geregelt werde nach dem Bedarf, das heißt, daß die Produktion sich nicht regle frei nach Angebot und Nachfrage, daß nicht, wenn da oder dort ein Artikel verlangt wird, ein Produktionszweig für diesen Artikel eröffnet wird, sondern daß gewissermaßen staatlich oder kommunal oder genossenschaftlich festgestellt werde : Das benötigen die Leute, also errichtet die Gemeinschaft einen Produktionsbetrieb für diesen Artikel, der da benötigt wird. Ein drittes ist die demo­kratische Regelung der Arbeits- und Lohnverhältnisse, und ein viertes ist, daß jeder Mehrwert der Gemeinschaft zufällt. Damit haben wir ungefähr die vier Glieder des sozialistischen Ideals vor unsere Seele hingestellt. Ich wiederhole: Alle Produktionsbetriebe sollen Eigentum der Gemeinschaft werden, die Produktion soll geregelt werden nach dem Bedarf; die Arbeits- und Lohnverhältnisse sollen demokratisch geregelt werden; jeglicher Mehrwert, das heißt, jeglicher Profit soll an die Gemeinschaft abgeliefert werden.

En effet, pour des millions et des millions d'humains, c'est dans ces quatre points que réside aujourd'hui ce à quoi elles aspirent. Et face à cela, il y a déjà la nécessité absolue de se demander : comment est-il possible de faire comprendre aux huains que ces quatre soi-disant idéaux sont absolument impossibles au sein de la communauté humaine réelle ?

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In diesen vier Punkten liegt in der Tat für Millionen und Millionen von Menschen heute das, was sie anstreben. Und dem gegenüber be‑ steht schon die absolute Notwendigkeit, zu fragen: Wie ist es möglich, den Menschen klarzumachen, daß diese vier sogenannten Ideale absolut unmöglich sind innerhalb der wirklichen menschlichen Gemeinschaft?

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N'est-ce pas, si il y a trente ans, les humains avaient montré autant de zèle pour la question sociale qu'ils en montrent aujourd'hui dans les pays où les anciens gouvernements ont été chassés - dans les pays où les anciens gouvernements n'ont pas été chassés, on ne s'y intéresse pas encore -, on pourrait même dire que si les humains avaient montré à l'époque une partie de l'intérêt qu'ils montrent aujourd'hui pour la question sociale, la chose aurait déjà été bonne, tout aurait été différent. Mais là où l'eau ne coule pas encore dans la bouche des gens, il n'est pas encore possible aujourd'hui d'éveiller un intérêt vraiment profond pour les énigmes sociales. Ce que la bourgeoisie dirigeante, dite intelligente, a manqué dans ce sens au cours des deux ou trois dernières décennies est tout de même monstrueux. Et elle s'apprête à continuer à négliger les mêmes choses, mais dans un autre domaine. Ce qui est surtout nécessaire aujourd'hui, c'est que les humains apprennent à comprendre : de même que l'organisme individuel doit être compris spirituellement-scientifiquement, de même l'organisme social doit être compris spirituellement-scientifiquement. Dans ce domaine, on doit enfin dépasser les abstractions sans essence/être. On peut déjà se rattacher à des intérêts humains plus profonds, à des impulsions humaines plus profondes qui agissent tout de suite maintenant en cette époque de l'humanité dans l'évolution humaine.

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Nicht wahr, wenn die Menschen vor dreißig Jahren so viel Eifer gezeigt hätten für die soziale Frage, als heute notgedrungen einzelne Menschen in denjenigen Ländern zeigen, wo die alten Regierungen weggejagt worden sind — in den Ländern, wo die alten Regierungen nicht weggejagt worden sind, wird noch kein Interesse gezeigt —, man könnte sogar sagen, wenn die Menschen damals einen Teil jenes Inter­esses gezeigt hätten für die soziale Frage, das sie heute zeigen, so wäre die Sache schon gut gewesen, so wäre alles anders gekommen. Aber da, wo den Leuten noch nicht das Wasser in den Mund rinnt, ist es ja heute noch nicht möglich, ein wirklich durchgreifendes Interesse für die sozialen Rätsel zu wecken. Das, was in dieser Richtung das führende, sogenannte intelligente Bürgertum versäumt hat in den letzten zwei bis drei Jahrzehnten, das ist doch ungeheuerlich. Und es schickt sich an, dieselben Dinge weiter zu versäumen, nur auf einem andern Gebiete. Das, was heute vor allen Dingen notwendig ist, das ist, daß die Menschen begreifen lernen : so wie der einzelne Organis­mus geisteswissenschaftlich begriffen werden muß, so muß auch der soziale Organismus geisteswissenschaftlich begriffen werden. Man muß endlich auf diesem Gebiete hinauskommen über die wesenlosen Abstraktionen. Man kann schon anknüpfen da an tiefere menschliche Interessen, tiefere menschliche Impulse, die gerade jetzt in dieser Epo­che der Menschheit hereinwirken in die menschliche Entwickelung.

La somnolence actuelle de l'humanité est immense, et il est nécessaire de se réveiller dans une certaine direction. Combien de fois entend-on aujourd'hui ce jugement étrange, là où l'on tient compte de la science de l'esprit : la science de l'esprit n'est pas nécessaire à l'humain qui croit et qui est chrétien dans le bon vieux sens du terme, et d'ailleurs la foi est simple et la science de l'esprit compliquée, et on ne voit donc pas pourquoi on échangerait le compliqué contre le simple. Mais cette adhésion confortable au simple, cette croyance pure impitoyable, cette insistance confortable : nous n'avons pas besoin d'y penser, nous n'avons pas besoin de chercher la vérité, la foi nous la donne -, c'est cela qui est responsable, au sens profond du terme, des événements catastrophiques dans lesquels nous vivons. Et il doit encore et encore être accentué que c'est cela qui porte la faute.

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Die gegenwärtige Schläfrigkeit der Menschheit ist eine ungeheure, und notwendig ist ein Aufwachen nach einer gewissen Richtung hin. Wie oft hört man heute das sonderbare Urteil da, wo man überhaupt Geisteswissenschaft berücksichtigt : Geisteswissenschaft sei ja nicht nötig für denjenigen Menschen, der glaube und im guten alten Sinne ein Christ sei, und übrigens sei der Glaube einfach und die Geistes­wissenschaft kompliziert und es sei daher nicht einzusehen, warum man das Komplizierte für das Einfache umtauschen sollte. Aber dieses bequeme Kleben an dem Einfachen, dieses ruchlose bloße Glauben, dieses bequeme Pochen: Wir brauchen nicht daran zu denken, wir brauchen nicht nach Wahrheit zu forschen, uns gibt es der Glaube ein —, das trägt im tieferen Sinne des Wortes die Schuld an den kata­strophalen Ereignissen, in denen wir leben. Und es muß immer wieder und wiederum betont werden, daß dieses die Schuld trägt.

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Malheur s'il ne se trouve pas assez d'humains dans la vie qui ont le cœur et l'esprit pour se consacrer entièrement à une pensée et à une recherche sérieuses et laborieuses des vérités ! Car les temps sont révolus où il suffisait de croire au monde spirituel, où l'on pouvait se prélasser dans l'existence physique et croire que l'on serait délivré par les puissances dont on ne se soucie plus et qui, de leur côté, contribueront à la délivrance correspondante. Ce qui importe dans l'évolution de l'humanité, c'est que l'humain ne se contente pas de croire en Dieu et aux dieux, mais qu'il laisse le Dieu et les dieux agir dans son propre être, qu'il laisse les forces du monde spirituel s'infiltrer dans ce qu'il fait lui-même, dans ce qu'il fait dans la vie de tous les jours. Ce que nous faisons, du matin au soir, doit être fait de telle sorte que la force spirituelle divine soit présente dans nos actes. Elle ne sera dans nos actes que si elle est avant tout dans notre pensée. Accueillir Dieu en nous de manière active, et pas seulement par la foi, telle est la tâche de l'humanité moderne. Ne pas simplement penser à Dieu, mais penser de telle sorte que Dieu vive dans nos pensées, voilà ce qui importe. Si l'on s'abandonne à un tel idéal, on développera déjà l'intérêt nécessaire pour tout ce pour quoi, malheureusement, la plus grande partie de l'humanité moderne n'a pas développé d'intérêt au cours des dernières décennies.


Wehe, wenn sich nicht genügend Menschen im Leben finden, die Herz und Sinn haben für eine völlige Hingabe an ernstes, innerlich arbeitsreiches Denken und Forschen nach den Wahrheiten! Denn die Zeiten sind vorüber, wo man an die geistige Welt bloß zu glauben brauchte, wo man hier im physischen Dasein auf der faulen Haut liegen durfte und glauben konnte, man werde erlöst werden von den Mächten, um die man sich nicht weiter kümmert, und die ihrerseits das ihrige beitragen werden zu der entsprechenden Erlösung. Dasjenige, worauf es ankommt im Fortgange der Menschheit, das ist, daß der Mensch nicht bloß an Gott und die Götter glaubt, sondern daß er den Gott und die Götter in seinem eigenen Wesen wirksam sein läßt, daß er einfließen läßt die Kräfte der geistigen Welt in das, was er selber tut, was er tut im alleralltäglichsten Leben. Was wir tun vom Morgen bis zum Abend, das muß so geschehen, daß göttlich-geistige Kraft in unserem Tun ist. Es wird in unserem Tun nur sein, wenn es vor allen Dingen in unserem Denken ist. Den Gott tätig, nicht bloß glaubensinhaltlich in uns aufnehmen, das ist es, was die Aufgabe der modernen Menschheit ist. Nicht bloß über Gott denken, sondern so denken, daß in unseren Gedanken der Gott lebt, darauf kommt es an. Gibt man sich einem solchen Ideale hin, dann wird man schon das nötige Interesse entwickeln für alles dasjenige, wofür nun leider in den letzten Jahrzehnten von dem weitaus größten Teile der modernen Menschheit kein Interesse entwickelt worden ist.

Ce qui importe, c'est que nous trouvions la possibilité de faire comprendre aux humains qu'une conversion de l'ensemble du monde de la pensée est nécessaire. Il est grand temps, car après que les dits intellectuels ont négligé d'agir dans cette direction, les instincts les plus fous de l'humanité se réveillent maintenant sur presque tout le monde civilisé, du moins sur une grande partie du monde civilisé. Pensez-vous que lorsque ces instincts de l'humanité auront atteint une certaine culmination, un certain point culminant, il sera facile de les bannir ? Il s'écoulera beaucoup, beaucoup de temps avant qu'ils ne se consument à leur tour. Ce n'est que jusqu'à un certain moment que l'enseignement, l'exemple, agissent pour apaiser, pour calmer les instincts de l'humanité.

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Worauf es ankommt, das ist, daß wir die Möglichkeit finden, den Menschen klarzumachen, daß eine Umkehr in der ganzen Gedanken­welt notwendig ist. Es ist höchste Zeit; denn nachdem von den so­genannten Intellektuellen versäumt worden ist, nach dieser Richtung zu wirken, erwachen jetzt die wüstesten Instinkte der Menschheit fast über die ganze zivilisierte Welt, wenigstens über einen großen Teil der zivilisierten Welt hin. Glauben Sie, daß, wenn diese Instinkte der Menschheit eine bestimmte Kulmination, einen bestimmten Höhe­punkt erlangt haben, daß sie dann leicht zu bannen sind? Bis sie sich wiederum selbst verzehren, wird lange, lange Zeit vergehen. Nur bis zu einem gewissen Zeitpunkte hin wirkt Lehre, wirkt Vorbild zur Besänftigung, zur Zügelung der Instinkte der Menschheit.

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L'animal dans l'humanité tend vers la surface, parce qu'on a négligé de stimuler ce qu'il y a de plus noble dans l'être humain. Et c'est ici que nous en sommes au point où il faut parler de l'aspect moral de la question sociale moderne. J'ai dit : ce que j'ai appelé la dernière caractéristique de l'ordre économique capitaliste, l'augmentation du capital en tant que tel, la croissance du capital qui n'aspire pas aux prestations, mais au profit, détache l'humain de son produit. Et c'est dans ce détachement de l'humain de son produit que réside une caractéristique essentielle de toute l'évolution moderne. Mais dans le monde, il est vrai qu'en règle générale, un phénomène ne se produit pas sans l'autre, mais que les phénomènes sont liés entre eux de la manière la plus diverse. Vous ne pouvez pas marcher sur un sol mou sans que des traces de pas ne s'y impriment en même temps. C'est un exemple que vous pouvez utiliser partout pour voir comment, dans le monde réel, l'un va toujours avec l'autre. Ce qui a poussé le monde moderne à l'augmentation du capital, à la croissance du capital, qui réside dans le capitalisme moderne, a justement lié d'un autre côté - non pas de manière logique unilatérale, mais de manière logique par rapport à la réalité - à l'avènement du capitalisme le manque d'intérêt que nous trouvons dans l'humanité moderne précisément pour les impulsions les plus profondes de l'âme humaine. D'un côté, la mise à nu/l'exfoliation de la personnalité humaine du processus économique et, de l'autre, l'assèchement de cette personnalité, qui s'est détachée du processus l'économie, tout de suite pour les qualités les plus intimes de l'être spirituel et d'âme de l'humain. Les deux vont de pair. Ces deux choses ont engendré cette effroyable agitation des grandes villes modernes où le capitalisme a établi ses sièges particuliers, où, d'un côté, le capitalisme fonctionne et, de l'autre, règne l'indifférence pour les questions les plus intimes de l'être humain.


Das Tier in der Menschheit strebt nach der Oberfläche hin, weil versäumt worden ist, das Edlere in der Menschenwesenheit anzuregen. Und hier stehen wir an dem Punkt, wo über die moralische Seite der modernen sozialen Frage gesprochen werden muß. Ich sagte: Das, was ich das letzte Merkmal der kapitalistischen Wirtschaftsordnung genannt habe, Vermehrung des Kapitals als solches, das Wachsen des Kapitals, das hinstrebt nicht nach den Leistungen, sondern nach Profit —, das löst den Menschen los von seinem Produkte. Und in dieser Loslösung des Menschen von seinem Produkte liegt ein wesentliches Charakteristikon der ganzen modernen Entwickelung. Aber in der Welt ist es so, daß in der Regel nicht eine Erscheinung ohne die andere auftritt, sondern daß Erscheinungen in der verschiedensten Weise zusammengehören. Sie können nicht über einen weichen Erdboden gehen, ohne daß sich zu gleicher Zeit auf diesem Boden die Fußspuren eindrücken. Das ist ein Beispiel, das Sie überall anwenden können, um zu sehen, wie in der wirklichen Welt immer eins zu dem andern gehört. Was die moderne Welt zugetrieben hat der im modernen Kapitalismus liegenden Vermehrung des Kapitals, dem Wachsen des Kapitals, das hat eben auf der andern Seite — nicht einseitig logisch, aber wirklichkeitslogisch — verknüpft mit dem Aufkommen des Kapitalismus die Interesselosigkeit, die wir in der modernen Menschheit gerade für die tiefsten Impulse der menschlichen Seele finden. Auf der einen Seite das Herausschälen der menschlichen Persönlichkeit aus dem Wirtschaftsprozeß, auf der andern Seite die Austrocknung dieser Persönlichkeit, die sich aus dem Wirtschaftsprozeß herausgelöst hat, gerade für die intimsten Eigenschaften des geistig-seelischen Wesens des Menschen. Beide Dinge gehören zusammen. Beide Dinge haben jenes furchtbare Treiben der modernen Großstädte, in denen der Kapitalismus seine besonderen Sitze aufgeschlagen hat, hervorgebracht, wo auf der einen Seite der Kapitalismus wirkt, auf der andern Seite die Interesselosigkeit für die intimsten Fragen des menschlichen innersten Wesens herrscht.

Ces choses sont souvent dissimulées dans les apparences et ne se révèlent qu'à un examen plus attentif. Vous pouvez bien sûr dire : il y a quand même un grand nombre d'humains

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Diese Dinge sind in der äußeren Erscheinung vielfach verhüllt, und nur einer genaueren Betrachtungsweise werden sie offenbar. Sie kön­nen natürlich sagen: Es gibt doch eine große Anzahl von Menschen,

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qui ne sont absolument pas impliqués dans le processus capitaliste moderne. - Certes, quelques-uns y participent de manière directe, mais de manière indirecte, toute l'humanité moderne, notamment l'humanité moderne cultivée, participe au processus capitaliste. Par le fait que les existences dépendent de l'ordre économique capitaliste. Qu'un artiste produise autrefois pour le prince ou pour le pape, il produit aujourd'hui pour le capitaliste. Et si vous tirez de tels fils, tels qu'ils s'enroulent aujourd'hui de l'art au capitalisme, sur les domaines les plus divers de la vie, vous verrez comment le capitalisme a étendu ses tentacules de tous côtés, en particulier sur la vie spirituelle. Il y a beaucoup d'inconscient dans ces choses, qui ne se dévoilent pas aussitôt si l'on regarde seulement la surface de la vie.


die durchaus nicht beteiligt sind an dem modernen kapitalistischen Prozeß. — Gewiß, es sind wenige, die daran beteiligt sind in direkter Weise, aber in indirekter Weise ist die ganze moderne Menschheit, namentlich auch die gebildete moderne Menschheit an dem kapitalistischen Prozesse beteiligt. Dadurch beteiligt, daß die Existenzen abhängen von der kapitalistischen Wirtschaftsordnung. Es sei einer ein Künstler: Wie er früher für den Fürsten produziert hat oder für den Papst, so produziert er heute für den Kapitalisten. Und wenn Sie solche Fäden, wie sie sich von der Kunst heute zum Kapitalismus schlingen, über die verschiedensten Gebiete des Lebens ziehen, dann werden Sie sehen, wie der Kapitalismus seine Fangarme nach allen Seiten ausgebreitet hat, insbesondere über das geistige Leben. Da wirkt allerdings sehr viel Unbewußtes in diesen Dingen drinnen, das, wenn man bloß die Oberfläche des Lebens ansieht, sich nicht gleich enthüllt.

Je vais maintenant devoir caractériser quelque peu un processus inconscient ou subconscient : cette objectivation du processus de production, ce détachement du processus de production des aspirations humaines, tel qu'il se produit dans le capitalisme moderne, nécessite en un certain sens une justification. Les humains ont toujours besoin d'une justification pour ce qu'ils font, et il ne leur importe pas, lorsqu'ils veulent se justifier, de rechercher la vérité, mais il leur importe seulement de dire quelque chose qui les justifie. Prenez un exemple évident. L'Entente a gagné ; il s'agit de justifier cette victoire. C'est pourquoi on dit ce qui est dit aujourd'hui par l'Entente, non pas parce que c'est la vérité, mais parce qu'il faut justifier la victoire. Il en va de même dans la vie humaine individuelle. Qu'est-ce qui importe à la plupart des humains de fonder réellement la vérité ? Ce qui leur importe, c'est de justifier ce qu'ils font. C'est ce que veut le capitalisme : justifier son existence avant toute chose. Il ne peut le justifier que s'il observe le processus matériel le plus extrême, le processus économique le plus matériel dans son image reflet, dans l'augmentation du capital.

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Ich werde jetzt einen unbewußten oder unterbewußten Prozeß et­was charakterisieren müssen: Diese Verobjektivierung des Produk­tionsprozesses, dieses Loslösen des Produktionsprozesses von den menschlichen Aspirationen, wie sie sich vollziehen im modernen Ka­pitalismus, bedarf in gewissem Sinne der Rechtfertigung. Die Men­schen brauchen ja immer eine Rechtfertigung für dasjenige, was sie tun, und es kommt ihnen nicht darauf an, wenn sie sich rechtfertigen wollen, die Wahrheit zu erforschen, sondern es kommt ihnen nur dar­auf an, etwas zu sagen, was sie rechtfertigt. Nehmen Sie ein nahe­liegendes Beispiel. Die Entente hat gesiegt; es handelt sich darum, diesen Sieg zu rechtfertigen. Daher sagt man dasjenige, was eben von der Entente heute gesagt wird, nicht, weil das die Wahrheit ist, son­dern weil man den Sieg rechtfertigen muß. So ist es auch im einzelnen menschlichen Leben. Was liegt den meisten Menschen an der wirk­lichen Ergründung der Wahrheit! Es liegt ihnen an der Rechtferti­gung desjenigen, was sie tun. Das ist es, was der Kapitalismus will: Vor allen Dingen rechtfertigen sein Dasein. Er kann es nur recht­fertigen, wenn er den alleräußersten materiellen Prozeß, den materiell­sten wirtschaftlichen Prozeß in seinem Spiegelbilde, in der Vermeh­rung des Kapitals beobachtet.

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Mais alors, quand doit être justifié, dans ce monde physique, l'ordre économique capitaliste, tout ce qui concerne les affaires d'âme et spirituelles doit être déconnecté. Elles doivent être placées dans un domaine particulier. Le pasteur peut parler en chaire des choses de la foi comme il veut - je peux le croire, un autre peut le croire, je peux ne pas le croire, un autre peut ne pas le croire -, il parle d'un tout autre monde. Dans le monde dans lequel on doit vivre, cela ne peut pas se passer comme le dit le pasteur en chaire, bien sûr que non, cela doit se passer de manière capitaliste.


Dann aber muß, wenn gerechtfertigt sein soll in dieser physischen Welt die kapitalistische Wirtschaftsordnung, ausgeschaltet sein alles das, was geistig-seelische Angelegenheiten sind. Die müssen auf ein besonderes Gebiet kommen. Mag der Pfarrer auf seiner Kanzel über die Dinge des Glaubens sprechen, wie er will — ich kann es glauben, ein anderer kann es glauben, ich kann es lassen zu glauben, ein anderer kann es lassen zu glauben —, er redet von einer ganz andern Welt. In der Welt, in der man leben muß, da kann es nicht so zugehen, wie es der Pfarrer von der Kanzel sagt, selbstverständlich nicht, da muß es kapitalistisch zugehen.

Ainsi, c'est précisément le capitalisme extrême qui a provoqué d'un côté cette vie morale-spirituelle terriblement abstraite, qui veut se détacher complètement de toutes les réalités extérieures de l'existence. Tout aussi grave dans la vie moderne que le capitalisme matériel d'un côté, a agi de l'autre côté cet état d'esprit qui dit : "Ah, qu'est-ce que je me soucie d'Ahriman ! Ahriman peut rester Ahriman, je me consacre aux impulsions du plus profond de mon âme, je m'abandonne au monde spirituel, je cherche le monde spirituel tel que je peux le trouver en moi ; les affaires de l'âme m'intéressent. Que me soucierais-je de ce système de crédit, d'argent, de fortune et de propriété ahrimanien ! Que m'importe la différence entre rente et intérêt, entre revenu brut et bénéfice net, et ainsi de suite. Je m'occupe des affaires de mon âme ! -- Mais, de même que l'humain est une unité de corps, d'âme et d'esprit, et que son corps, son âme et son esprit sont liés entre la naissance et la mort, de même sont liées dans l'existence physique extérieure les impulsions que nous pouvons trouver dans la structure intime de notre âme, et les impulsions qui se trouvent dans l'ordre économique extérieur. Et tout aussi coupables de la catastrophe moderne sont, d'un côté, les capitalistes matérialistes avec leur mode de pensée et d'attitude, et, de l'autre, ceux qui veulent seulement être pieux, seulement spirituel-scientifiques, dans leur sens, cette limitation abstraite spirituelle-scientifique et ne pas s'engager sur l'englobement de la réalité quotidienne par une pensée intrusive/opératoire.

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So hat gerade der extreme Kapitalismus auf der einen Seite dieses furchtbar abstrakte moralisch-geistige Leben hervorgerufen, welches sich ganz abtrennen will von allen äußeren Wirklichkeiten des Da­seins. Ebenso schlimm im modernen Leben wie auf der einen Seite der materielle Kapitalismus, hat auf der andern Seite gewirkt jene Gesinnung, die da sagt: Ach, was kümmere ich mich um Ahriman ! Ahriman mag Ahriman bleiben, ich widme mich den Impulsen des Innersten meiner Seele, ich gebe mich der geistigen Welt hin, ich suche die geistige Welt so, wie ich sie in meinem Inneren finden kann; die Angelegenheiten der Seele interessieren mich. Was kümmert mich dieses ahrimanische Kredit-, Geld-, Vermögens- und Besitzwesen! Was kümmert mich der Unterschied zwischen Rente und Zins, zwi­schen Bruttoeinnahmen und Reingewinn und so weiter. Ich kümmere mich um die Angelegenheiten meiner Seele! -- Aber, wie der Mensch eine Einheit ist nach Leib, Seele und Geist, und wie ihm zwischen Geburt und Tod Leib und Seele und Geist zusammengebunden sind, so sind im äußeren physischen Dasein verbunden diejenigen Impulse, die wir finden können durch das innerste Gefüge unserer Seele, und diejenigen Impulse, die in der äußeren Wirtschaftsordnung liegen. Und ebenso schuldig an dem modernen Katastrophalen, wie es auf der einen Seite die materialistischen Kapitalisten sind mit ihrer Denk-und Gesinnungsweise, ebenso schuldig sind diejenigen, die auf der andern Seite nur fromm, nur geisteswissenschaftlich sein wollen, in ihrem Sinne dieses Geisteswissenschaftliche abstrakt einschränken und sich nicht einlassen auf die Durchdringung der alltäglichen Wirklich­keit mit einem eingreifenden Denken.

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C'est ce qui m'a toujours de nouveau et à nouveau mû à vous parler de ce que vous ne devriez donc quand même pas prendre ce mouvement spirituel anthroposophique comme une occasion d'écouter de simples sermons du dimanche après-midi, qui vous font du bien à l'âme parce qu'ils vous disent que la vie est éternelle et ainsi de suite, mais pour que vous preniez ce mouvement anthroposophique comme le moyen d'aborder réellement et de manière significative les tâches modernes de l'existence/l'être-là qui nous arrivent de manière si brûlante. Et l'une des premières nécessités est de comprendre par où il faut commencer, et que tout cela ne sert à rien si les humains n'accèdent pas à une pensée non prévenue.


Das ist es, was mich immer wieder und wiederum bewogen hat, zu Ihnen davon zu sprechen, daß Sie doch ja nicht diese anthroposophische Geistesbewegung als eine Gelegenheit nehmen sollen, bloße Sonntagnachmittagspredigten zu hören, die einem wohltun in der Seele, weil sie einem davon sprechen, daß das Leben ein Ewiges ist und so weiter, sondern daß Sie diese anthroposophische Bewegung nehmen als den Weg, die modernen Aufgaben des Daseins, die so brennend an uns herandringen, wirklich sinngemäß anzugreifen. Und eine der ersten Notwendigkeiten ist diese: zu verstehen, wo begonnen werden muß, und daß alles nichts hilft, wenn die Menschen nicht den Zugang gewinnen zu einem unbefangenen Denken.

Et c'est ici que j'aimerais, à la fin de mes réflexions d'aujourd'hui, exprimer ce à quoi nous nous rattacherons demain dans une réflexion pratique et sociale. Ce que je vais dire sera apparemment très éloigné de toute pensée socialiste ou de toute pensée sur la question sociale, mais vous verrez demain à quel point ce qui est apparemment éloigné est proche, et comment nous pourrons, grâce à ces réflexions, redresser les quatre points que je vous ai indiqués comme étant les éléments de l'idéal socialiste. Les humains disent si souvent dans la vie : les opinions sont différentes, les convictions sont différentes, l'un croit ceci, l'autre croit cela. - Ne semble-t-il pas que lorsque nous nous laissons aller à penser, l'un peut se faire telle idée, l'autre telle autre, et que telle ou telle idée peut alors être justifiée ? Il semble que ce soit le cas, mais ce n'est pas du tout le cas. En tenant compte du fait que chaque caractéristique d'une chose au sens supérieur est toujours en quelque sorte une photographie d'un côté, qu'il y a donc des éclairages sous les angles les plus divers - toujours en supposant qu'on en tienne compte -, tous les humains ont la même opinion sur une seule et même chose au plus profond d'eux-mêmes. Il n'y a pas deux personnes dans le monde qui n'ont pas la même opinion sur une seule et même chose - comme je l'ai dit, toujours à la condition que ce soit le cas. Cela n'existe pas. Pourquoi donc les humains parlent-ils quand même de différentes opinions ?

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Und hier möchte ich am Schlusse der heutigen Betrachtungen das­jenige aussprechen, an was dann morgen bei einer praktisch-sozialen Betrachtung weiter angeknüpft werden soll. Was ich aussprechen werde, wird scheinbar sehr weit abliegen von allem sozialistischen Denken oder Denken über die soziale Frage, aber Sie werden morgen sehen, wie nahe das liegt, was scheinbar fern liegt, und wie wir gerade durch diese Betrachtungen werden zurechtrücken können die vier Punkte, die ich Ihnen als die Glieder des sozialistischen Ideals an­gegeben habe. Die Menschen sagen im Leben so oft : Die Meinungen sind verschieden, Überzeugungen sind verschieden, der eine glaubt das, der andere glaubt jenes. — Sieht das nicht so aus, als ob, wenn wir uns unserem Denken hingeben, der eine sich diese, der andere sich jene Gedanken machen kann, und diese und jene Gedanken dann berechtigt sein können? Es sieht so aus, und ist doch durchaus nicht so. Unter Berücksichtigung des Umstandes, daß eine jede Charakte­ristik einer Sache im höheren Sinne immer gewissermaßen eine Photo­graphie von der einen Seite ist, daß es also Beleuchtungen von den verschiedensten Seiten gibt — immer vorausgesetzt, daß dies berück­sichtigt wird —, haben alle Menschen über ein und dieselbe Sache die gleiche Meinung in ihrem tiefsten Inneren. Es gibt nicht zwei Men­schen in der Welt; die über ein und dieselbe Sache — wie gesagt, immer unter der gemachten Voraussetzung — nicht dieselbe Meinung haben. Das gibt es nicht. Warum reden denn die Menschen doch von verschiedenen Meinungen?

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Parce que entre la vérité et entre ce que l'humain perçoit dans son for intérieur, son émotionnel pousse/inserre, son préjugé égoïste pousse/insère et lui déforme, caricature la chose. Les humains sont vraiment différents seulement en rapport à leurs émotions, pas en rapport à leurs concepts et à leurs idées. Une fois que l'on a gagner un accès à un concept réel, on ne peut pas avoir une opinion différente sur ce concept de celle d'un autre humain qui a également eu accès à ce concept. Et c'est la plus grande frivolité de l'âme que de croire que l'on a un certain droit à des opinions subjectives. On n'a pas ce droit aux opinions subjectives, mais on a l'obligation, en tant qu'être humain, de dépasser sa subjectivité pour atteindre l'objectif. Pour voir ce qui est juste sur ce point, il est cependant très nécessaire de tenir compte de toutes les sources d'erreur qui découlent des émotions humaines. Un humain croit qu'il peut être convaincu de n'importe quelle chose. Souvent, la raison pour laquelle il croit être convaincu d'une chose quelconque n'est autre que le fait qu'il est trop paresseux pour envisager réellement le concept, oui, on doit quand même indiquer sur ce côté intérieur moral de la nature de l'humain quand on veut indiquer sur ce qui fait nécessité du temps actuel.


Weil sich zwischen die Wahrheit und zwischen dasjenige, was der Mensch vernimmt in seinem Inneren, sein Emotionelles schiebt, sein egoistisches Vorurteil schiebt und ihm die Sache verzerrt, karikiert. Wahrhaftig verschieden sind die Menschen nur mit Bezug auf ihre Emotionen, nicht mit Bezug auf ihre Begriffe und Ideen. Hat man einmal den Zugang zu einem wirklichen Begriff gewonnen, so kann man über diesen Begriff nicht anderer Meinung sein als ein anderer Mensch, der ebenfalls den Zugang zu diesem Begriff gewonnen hat. Und es ist die größte Frivolität der Seele, zu glauben, daß man ein gewisses Recht auf subjektive Meinungen habe. Dieses Recht auf subjektive Meinungen hat man nicht, sondern man hat als Mensch die Verpflichtung, hinauszudringen über seine Subjektivität zu dem Objektiven. Um in diesem Punkte das Richtige zu sehen, ist allerdings sehr notwendig, daß man alle die Fehlerquellen berücksichtigt, die aus den menschlichen Emotionen folgen. Ein Mensch glaubt, er kann von irgendeiner Sache überzeugt sein. Oftmals ist der Grund, warum er glaubt, daß er von irgendeiner Sache überzeugt ist, kein anderer, als daß er zu faul ist, den Begriff wirklich ins Auge zu fassen. ja, man muß schon auf diese innerlich moralische Seite der Menschennatur hinweisen, wenn man auf dasjenige hinweisen will, was der heutigen Zeit not tut.

Ce temps actuel est avant tout plein d'orgueil, d'émotions, même dans ce que l'on appelle la science objective, et elle n'est pas du tout encline à chercher l'accès au jugement qui réside en de vraies idées et de vrais concepts. Mais où irons-nous si les brûlantes énigmes sociales qui sont maintenant à notre porte sont résolues à partir des émotions des humains ? Vous le savez : Il y a des imaginations, il y a des inspirations, il y a des intuitions. En réalité, tout ce qui doit être élucidé/étudier en ce qui concerne les pendants économiques, de gestion économique et de gestion/législation économiques, réside dans les imaginations ; tout ce qui doit être étudier dans l'organisme économique réside dans les imaginations. Chez la plupart des gens, ces imaginations peuvent n'émerger de l'inconscient que sous forme de pressentiments. Mais alors, ces pressentiments sont meilleurs que les concepts étudiés qui figurent aujourd'hui souvent dans l'humanité.

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Diese heutige Zeit ist ja vor allen Dingen voller Hochmut, voller Emotionen selbst in dem, was man objektive Wissenschaft nennt, und gar nicht geneigt, den Zugang zu suchen zu dem Urteil, das in wirk­lichen Ideen und in wirklichen Begriffen liegt. Wohin sollen wir aber kommen, wenn die brennenden sozialen Rätsel, die jetzt vor der Türe stehen, aus den Emotionen der Menschen heraus gelöst werden ? Sie wissen: Es gibt Imaginationen, es gibt Inspirationen, es gibt Intuitio­nen. In Wahrheit liegt alles dasjenige, was mit Bezug auf die ökono­mischen, die wirtschaftlichen und wirtschaftsgesetzlichen Zusammen­hänge ergründet werden muß, in Imaginationen; alles dasjenige, was im Wirtschaftsorganismus ergründet werden muß, das liegt in Ima­ginationen. Diese Imaginationen mögen ja bei den meisten Menschen nur aus dem Unbewußten herausdämmern in Ahnungen. Aber dann sind diese Ahnungen besser als die erstudierten Begriffe, die heute vielfach in der Menschheit figurieren.

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Tout ce qui vit dans ce qu'on appelle la vie spirituelle, que nous avons caractérisée de la même manière que nous avons caractérisé la vie spirituelle comme un membre de l'ordre social futur, tout cela repose sur des inspirations : un organisme spirituel. Et tout ce qui peut exister réellement en dehors de l'humain, et même qui doit exister en dehors de l'humain, tout ce en quoi les humains doivent être égaux, égaux, comme on dit, devant la loi, tout cela ne peut reposer que sur des intuitions. C'est donc sur cela que repose ce que l'on pourrait appeler l'organisme politique. Imagination : organisme économique - Inspiration : organisme spirituel - Intuition : organisme politique.


Alles, was in dem lebt, das man nennen kann das geistige Leben, was wir so charakterisiert haben, wie wir das geistige Leben als ein Glied der künftigen Gesellschaftsordnung charakterisiert haben, alles das beruht auf Inspirationen : geistiger Organismus. Und alles das, was nun wirklich losgelöst vom Menschen existieren darf, ja losgelöst vom Menschen existieren muß, das, worinnen die Menschen gleich sein müssen, gleich, wie man sagt, vor dem Gesetze, das kann nur auf Intuitionen beruhen. Darauf beruht also der, man könnte sagen, politische Organismus. Imagination : Wirtschaftsorganismus — Inspiration: Geistiger Organismus — Intuition: Politischer Organismus.

De cette manière l'inspiration, l'intuition et l'imagination doivent réellement coopérer dans l'organisation des conditions/rapports de vie. Là, on doit seulement une fois réflechir qu'il en est ainsi. Et l'on comprendra alors comment les questions sociales qui sont aujourd'hui non seulement à la porte, mais brûlantes, ne peuvent être orientées vers leur solution qu'à partir des méthodes spirituelle-scientifiques . C'est ce qui importe : se débarrasser de toute nonchalance, de tout confort dans la pensée, et aller vraiment vers ce qui relie l'âme humaine à la réalité. En fin de compte, cela ne peut que nous mener là où nous devons aller dans le présent. C'est de ce point de vue que nous voulons caractériser et discuter critique demain les quatre membres de ce que l'on appelle l'idéal socialiste.

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In dieser Weise müssen zusammenwirken wirklich Inspiration, In­tuition, Imagination in der Gestaltung der Lebensverhältnisse. Da muß man nur einmal bedenken, daß dies so ist. Und dann wird man auch einsehen, wie im Grunde genommen nur aus geisteswissenschaft­lichen Methoden heraus die sozialen Fragen, die heute vor der Türe nicht nur stehen, sondern brennen, in die Richtung ihrer Lösung gebracht werden können. Das ist es, worauf es ankommt: ablegen alle Lässigkeit, alle Bequemlichkeit im Denken, und wirklich los­gehen auf dasjenige, was die Menschenseele mit der Wirklichkeit ver­bindet. Das kann letzten Endes doch nur dahin bringen, wohin wir kommen müssen in der Gegenwart. Von diesem Gesichtspunkte aus wollen wir dann morgen die vier Glieder des sogenannten sozialisti­schen Ideals einmal charakterisieren, kritisch besprechen.

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 Français seulement


ONZIÈME CONFÉRENCE - Dornach, 1er février 1919 - Le détachement du processus économique du personnel - La séparation de la vie morale-spirituelle des réalités extérieures de l'existence l'être-là

Représentation socialiste du passage du capitalisme au socialisme. L'approche de science de la nature tifique de processus sociaux. Sans considération spirituelle- scientifique, pas de jugement social. Le développement du capitalisme. L'intervention du moral chez l'artisan du Moyen-Âge. L'ordre économique capitaliste : travailler pour le profit. Dissociation du processus économique de l'aspect personnel. Les quatre idéaux socialistes (socialisation des moyens de production, production uniquement pour les besoins, conditions de travail et de salaire démocratiques, plus-value à la communauté). Le côté moral de la question sociale. L'éveil des instincts animaux comme conséquence du manque d'intérêt spirituel. Économie : imagination ; esprit : Inspiration ; organisme politique : Intuition.

Trad. F. G. - v. 02 - 20240630

01
Le socialisme est d'avis que ce qu'il appelle l'ordre économique socialiste est une continuation immédiate et nécessaire, conforme aux causes, de ce qui s'est produit peu à peu dans l'ordre économique au cours des derniers siècles de l'évolution de l'humanité. En quelque sorte, celui qui a aujourd'hui une conception prolétarienne et socialiste de la vie pense que l'ordre économique capitaliste doit se transformer peu à peu en ordre économique socialiste, et ce pour la simple raison qu'au sein de ce qui s'est formé au cours des derniers siècles par le capitalisme, l'ordre économique socialiste est en quelque sorte déjà là. Certains disent, pour pouvoir caractériser précisément ce processus de pensée, comme ils le croient : tout ordre humain, tout ordre de vie, lorsqu'il est parvenu en quelque sorte à son point culminant, au sommet de son développement, contient déjà le germe pour ce qui suit.
02
Maintenant, vu de l'extérieur, je dirais même vu statistiquement - et les savants socialistes aiment particulièrement les statistiques -, ce que je viens d'exposer en tant qu'ordre socialiste a beaucoup de mérites. La technique moderne a en effet transformé dans certains domaines - nous pouvons caractériser sommairement le processus de la manière suivante - ce qui était auparavant une entreprise à taille humaine, sous la tutelle de l'individualité humaine, en une grande entreprise. Il suffit de considérer l'industrie sidérurgique moderne comme un exemple tout à fait remarquable, et l'on constatera que cette industrie sidérurgique moderne a dû regrouper toute une somme d'opérations qui aboutissent toutes à la création de certains produits, lesquels ne peuvent toutefois être créés que par l'interaction de processus compliqués. Pour pouvoir exploiter de telles entreprises géantes, telles qu'elles se sont développées dans la vie économique moderne, il faut de grandes masses de capitaux, des accumulations de capitaux en comparaison desquelles la vie économique d'autrefois aurait été risible. Or, c'est dans ces accumulations de capitaux que réside, pour le propriétaire individuel ou pour un groupe de propriétaires de telles entreprises géantes, la possibilité d'employer une grande main-d'œuvre. Du fait que les entreprises se sont étendues jusqu'à devenir gigantesques, une grande main-d'œuvre a été rassemblée au sein de ces entreprises. Les conditions de circulation ont en outre eu pour conséquence que de telles entreprises géantes ne peuvent pas rester isolées, car elles ne supporteraient pas la concurrence ; elles se sont regroupées d'une certaine manière, ce qui a créé un groupe social encore plus grand d'entrepreneurs et d'ouvriers. Ainsi, la pensée socialiste de l'époque récente pense que la vie de l'économie elle-même a conduit d'une certaine manière à la socialisation, et que les phénomènes qui accompagnent cette socialisation doivent nécessairement poursuivre tout ce processus.
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La suite consisterait en ce que ce ne serait plus l'entrepreneur individuel qui réunirait dans une large mesure une communauté de travail, mais que les collectivités, l'État, les communes, les coopératives deviendraient les entrepreneurs eux-mêmes, de sorte que le processus de socialisation, qui s'est déjà produit par la vie technico-économique moderne, se poursuivrait en quelque sorte d'une manière réglementée/régulée.
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Or, au fond, l'idée que je viens d'exprimer agit avec une force suggestive énorme sur le prolétariat moderne. Ce prolétariat moderne doit être considéré aussi sous l'angle de sa constitution d'âme par celui qui veut vraiment voir les choses dans leur ensemble. Et là, il apparaît vraiment que de telles pensées ont une force suggestive extraordinairement forte sur le prolétariat moderne. Cette force suggestive repose sur le fait que l'ouvrier moderne se croit livré au patronat et qu'il pense ne pouvoir échapper à cette livraison qu'en s'occupant lui-même de ce que fait le patronat.
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Or, il est dans la nature de l'humanité récente - et cela est provoqué par les raisons les plus différentes - de s'adonner volontiers à des pensées unilatérales. La guérison de certaines situations ne viendra que si l'on renonce à cette tendance à se laisser aller à des pensées unilatérales et si l'on apprend à considérer les choses de manière globale. Considérer ainsi l'évolution de la vie de l'économie moderne, capitaliste et technique, avec son apogée après la socialisation, ne signifie en fait rien d'autre que d'appliquer à la vie de l'économie les formes de pensée modernes, adaptées à la science de la nature. D'un autre point de vue, je vous ai exposé ce fait hier.
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Mais maintenant si l'on considère les choses purement de science de la nature, comme la forme de pensée de science de la nature est devenue à l'époque moderne, certaines impulsions subsistent nécessairement de cette manière de voir. Naturellement, lorsque l'on expose de telles choses, on doit dire maintes choses qui, si elles sont mal comprises, sont facilement contestables. Mais vous savez quelles méthodes sont nécessaires, précisément dans la considération spirituelle-scientifique, et vous tiendrez à cause de cela aussi convaincus que ce qui suit n'est qu'un éclairage d'un côté, mais un éclairage d'un côté dont on a besoin.
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L'approche de pure science de la nature, qui considère les phénomènes selon la seule loi de cause à effet, s'applique en fait aussi bien à l'organisme sain qu'à l'organisme malade. Vous pouvez observer l'organisme sain de manière physiologique et, si vous voulez vous arrêter à ce que la science de la nature moderne aime particulièrement, vous pourrez constater partout le lien de cause à effet. Mais vous pouvez tout aussi bien, si vous vous en tenez à cette abstraction - le pendant de cause à effet -, considérer l'organisme malade comme pathologique. Dans l'organisme malade aussi, tout est lié par la cause et l'effet. Et si l'on se base unilatéralement et abstraitement sur une suite d'événements orientés selon la cause et l'effet, alors l'impulsion que l'on doit qualifier d'un côté de saine et de l'autre de malade, reste nécessairement absente. Elle tombe hors de la manière d'observer. Ce n'est pas plus loin grave pour l'a manière d'observer de science de la nature en rapport aux tâches que la science de la nature cherche d'abord à l'époque moderne. Mais cela devient grave si l'on veut appliquer le même mode de pensée aux processus sociaux, car on ne peut pas simplement exclure du processus de développement de l'humanité la différence entre le sain et le malade. Cela ne se laisse pas faire. Et c'est ce qui doit d'abord être accentué principalement, à savoir que, de même que les humains se tiennent devant les questions sociales devenues si brûlantes, leur manque justement de gagner un jugement, si une quelque chose est un processus sain ou malade, si une quelque chose doit être promue/exigée ou guérie. C'est pourquoi on pourrait dire, une telle tragédie repose sur l'humanité moderne, parce que manque tout de suite cette différence, que j'ai justement caractérisée m'en approchant.
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Si l'on considère l'évolution moderne de l'humanité depuis trois ou quatre siècles, si l'on suit en particulier la manière dont s'est développé ce que l'on appelle le capitalisme, alors il faut prendre en considération un autre point de vue que celui du regroupement des entreprises en grandes entreprises et autres. On doit par exemple se poser la question de savoir comment le mode de production capitaliste se situe dans l'ensemble du processus social de l'humanité. On ne peut vraiment porter un jugement sur ce point que si l'on compare le mode de production capitaliste moderne, d'un certain point de vue, avec le mode de production de l'ancien artisan. L'ancien artisan fabriquait ses produits, il livrait ses produits au consommateur, et en payant ses produits, il avait la possibilité de vivre à son tour. Si l'on suit la vie d'un tel artisan, si l'on suit en général la vie de production des siècles précédents, notamment jusqu'en 1300 environ, on constate que les humains se sont fait payer ou ont échangé des marchandises contre ce qu'ils ont produit. En échange de ce qu'ils produisaient, ils se procuraient ce qui était nécessaire à leur subsistance.
C'était, dans un certain sens une économie limitée, mais une économie étroitement liée à la personnalité. Toute production était aussi étroitement liée à la compétence personnelle, au zèle personnel, à l'honneur que l'on mettait à faire un produit aussi bien que possible, etc. A l'époque de la vie simple des artisans, des impulsions morales pleines de significations étaient liées à l'ordre économique.
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Tout cela est devenu autre au cours des trois ou quatre derniers siècles. Après une transition entre le 15e siècle et le 16e ou 17e siècle, les choses ont changé au cours des trois ou quatre derniers siècles. Car c'est au cours de ces trois ou quatre derniers siècles que s'est vraiment développé ce que l'on peut appeler le mode de production capitaliste. Si l'on examine ce qui est réellement à la base de la question sociale et que l'on ne se base pas sur ce que les gens croient, il faut prendre en considération la caractéristique suivante : l'essentiel pour le capitaliste, dans la mesure où il est un membre de l'ordre économique capitaliste, n'est pas de gagner sa vie comme l'artisan, mais de veiller à ce que le capital s'accroisse, qu'il se multiplie. Ce qui fait croître le capital, c'est le profit. Ce n'est donc pas le travailler sur le statut de vie, mais le travail en vue du profit qui caractérise particulièrement l'ordre économique capitaliste. Mais cela rend le capital en tant que tel très autonomisé. N'est-ce pas lorsqu'une certaine masse de capital s'accroît/se multiplie au cours des années par le processus de production, lorsqu'elle grandit, et que c'est précisément le but de la formation de capital, ce qui est en fait la chose principale dans le processus économique est détaché de tout ce qui est personnel. Et c'est le point de vue qui vient avant toute chose en considération dans le jugement correct de la question sociale moderne, ce détachement du processus économique du personnel/de ce qui est personnel.
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Malheureusement, peu de gens parmi les classes/états sociaux cultivés d'aujourd'hui ont vraiment envie de s'intéresser à ces choses ; s'ils le faisaient, ils pourraient déjà voir comment l'humain moderne est dans une certaine mesure séparé de tout ce qui constitue le processus économique. Je vous demande : à quel degré est-il aujourd'hui disponible, en dehors de cercles très restreints, un plaisir pour le produit que l'on fabrique ? Ce qui était fondamental dans l'ordre économique des époques précédentes, à savoir que l'humain tirait une grande joie par exemple de chaque clé qu'il produisait, qu'il devait mettre son honneur à réaliser la chose le mieux possible, n'existe plus. L'humain est en quelque sorte séparé du processus économique en tant que tel. C'est tout au plus dans le domaine artistique et dans ce qui est apparenté au domaine artistique que se produit encore ce qui, autrefois, traversait l'artisanat comme un moment moral pénétrant. On ne peut même pas dire que dans la vie spirituelle, le lien entre l'humain et sa prestation soit resté intact. Regardez à tous les professeurs qui sont actifs dans telle ou telle discipline, si les gens sont maintenant vraiment entièrement attachés avec ce qu'ils produisent !
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Mais d'une manière englobante, cela est déjà pendant à ce caractère fondamental de l'ordre économique capitaliste, qui intervient finalement dans tout. Vous pouvez le déduire des remarques finales d'hier. Il ressort de ce caractère fondamental de l'ordre économique capitaliste que l'humain est en quelque sorte détaché, dans ses aspirations personnelles, du processus économique qui devient de plus en plus objectif. La conséquence en est très large et colore toute la conception socialiste d'aujourd'hui. Il apparaît notamment la croyance que vraiment cette séparation malsaine entre la production humaine et l'humain lui-même et ce qui l'intéresse devrait être établie dans un nouvel ordre économique. Où songe-t-on aujourd'hui à rechercher à nouveau un lien entre l'humain et ses productions ? Au contraire, on pense à extérioriser autant que possible le processus économique, à le séparer de l'humain. Et la conséquence en serait que l'humain devrait chercher dans d'autres domaines la satisfaction pour ce qui est en fait lié/pendant à sa personnalité, à tous les intérêts de son être. C'est ainsi que ce préjugé agit sur ce que l'on appelle aujourd'hui les idéaux socialistes. Voyons en quoi consiste l'idéal socialiste pour de larges cercles aujourd'hui.
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Nous avons là quatre points dans lesquels nous pouvons résumer tout ce qui est en quelque sorte l'idéal socialiste en ce qui concerne la structure de l'organisme de société humaine. Premièrement, cet idéal socialiste aspire à ce que toutes les entreprises de production deviennent la propriété de la communauté, que cette communauté soit l'État ou la commune ou les coopératives ; en d'autres termes, à ce que toute propriété privée des moyens de production soit abolie, à ce que les moyens de production deviennent tous la propriété de la communauté, de sorte que toutes les entreprises doivent aussi être gérées par la communauté.
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La deuxième chose, dans le cadre de l'idéal socialiste, est que la production soit réglée d'après le besoin, c'est-à-dire que la production ne se règle pas librement d'après l'offre et la demande, que non, si un article est demandé ici ou là, une branche de production soit ouverte pour cet article, mais que soit établit dans une certaine mesure étatiquement ou communalement ou coopérativement : les gens ont besoin de cela, donc la communauté crée une entreprise de production pour cet article dont il est besoin là. Une troisième est la réglementation démocratique des conditions de travail et de salaire, et le quatrième est que toute plus-value revient à la communauté. Nous avons ainsi posé devant notre âme les quatre éléments de l'idéal socialiste. Je le répète : toutes les entreprises de production doivent devenir la propriété de la communauté, la production doit être réglée en fonction des besoins ; les conditions de travail et de salaire doivent être réglées démocratiquement ; toute plus-value, c'est-à-dire tout profit, doit être délivré à la communauté.
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En effet, pour des millions et des millions d'humains, c'est dans ces quatre points que réside aujourd'hui ce à quoi elles aspirent. Et face à cela, il y a déjà la nécessité absolue de se demander : comment est-il possible de faire comprendre aux huains que ces quatre soi-disant idéaux sont absolument impossibles au sein de la communauté humaine réelle ?
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N'est-ce pas, si il y a trente ans, les humains avaient montré autant de zèle pour la question sociale qu'ils en montrent aujourd'hui dans les pays où les anciens gouvernements ont été chassés - dans les pays où les anciens gouvernements n'ont pas été chassés, on ne s'y intéresse pas encore -, on pourrait même dire que si les humains avaient montré à l'époque une partie de l'intérêt qu'ils montrent aujourd'hui pour la question sociale, la chose aurait déjà été bonne, tout aurait été différent. Mais là où l'eau ne coule pas encore dans la bouche des gens, il n'est pas encore possible aujourd'hui d'éveiller un intérêt vraiment profond pour les énigmes sociales. Ce que la bourgeoisie dirigeante, dite intelligente, a manqué dans ce sens au cours des deux ou trois dernières décennies est tout de même monstrueux. Et elle s'apprête à continuer à négliger les mêmes choses, mais dans un autre domaine. Ce qui est surtout nécessaire aujourd'hui, c'est que les humains apprennent à comprendre : de même que l'organisme individuel doit être compris spirituellement-scientifiquement, de même l'organisme social doit être compris spirituellement-scientifiquement. Dans ce domaine, on doit enfin dépasser les abstractions sans essence/être. On peut déjà se rattacher à des intérêts humains plus profonds, à des impulsions humaines plus profondes qui agissent tout de suite maintenant en cette époque de l'humanité dans l'évolution humaine.
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La somnolence actuelle de l'humanité est immense, et il est nécessaire de se réveiller dans une certaine direction. Combien de fois entend-on aujourd'hui ce jugement étrange, là où l'on tient compte de la science de l'esprit : la science de l'esprit n'est pas nécessaire à l'humain qui croit et qui est chrétien dans le bon vieux sens du terme, et d'ailleurs la foi est simple et la science de l'esprit compliquée, et on ne voit donc pas pourquoi on échangerait le compliqué contre le simple. Mais cette adhésion confortable au simple, cette croyance pure impitoyable, cette insistance confortable : nous n'avons pas besoin d'y penser, nous n'avons pas besoin de chercher la vérité, la foi nous la donne -, c'est cela qui est responsable, au sens profond du terme, des événements catastrophiques dans lesquels nous vivons. Et il doit encore et encore être accentué que c'est cela qui porte la faute. Malheur s'il ne se trouve pas assez d'humains dans la vie qui ont le cœur et l'esprit pour se consacrer entièrement à une pensée et à une recherche sérieuses et laborieuses des vérités ! Car les temps sont révolus où il suffisait de croire au monde spirituel, où l'on pouvait se prélasser dans l'existence physique et croire que l'on serait délivré par les puissances dont on ne se soucie plus et qui, de leur côté, contribueront à la délivrance correspondante. Ce qui importe dans l'évolution de l'humanité, c'est que l'humain ne se contente pas de croire en Dieu et aux dieux, mais qu'il laisse le Dieu et les dieux agir dans son propre être, qu'il laisse les forces du monde spirituel s'infiltrer dans ce qu'il fait lui-même, dans ce qu'il fait dans la vie de tous les jours. Ce que nous faisons, du matin au soir, doit être fait de telle sorte que la force spirituelle divine soit présente dans nos actes. Elle ne sera dans nos actes que si elle est avant tout dans notre pensée. Accueillir Dieu en nous de manière active, et pas seulement par la foi, telle est la tâche de l'humanité moderne. Ne pas simplement penser à Dieu, mais penser de telle sorte que Dieu vive dans nos pensées, voilà ce qui importe. Si l'on s'abandonne à un tel idéal, on développera déjà l'intérêt nécessaire pour tout ce pour quoi, malheureusement, la plus grande partie de l'humanité moderne n'a pas développé d'intérêt au cours des dernières décennies.
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Ce qui importe, c'est que nous trouvions la possibilité de faire comprendre aux humains qu'une conversion de l'ensemble du monde de la pensée est nécessaire. Il est grand temps, car après que les dits intellectuels ont négligé d'agir dans cette direction, les instincts les plus fous de l'humanité se réveillent maintenant sur presque tout le monde civilisé, du moins sur une grande partie du monde civilisé. Pensez-vous que lorsque ces instincts de l'humanité auront atteint une certaine culmination, un certain point culminant, il sera facile de les bannir ? Il s'écoulera beaucoup, beaucoup de temps avant qu'ils ne se consument à leur tour. Ce n'est que jusqu'à un certain moment que l'enseignement, l'exemple, agissent pour apaiser, pour calmer les instincts de l'humanité. L'animal dans l'humanité tend vers la surface, parce qu'on a négligé de stimuler ce qu'il y a de plus noble dans l'être humain. Et c'est ici que nous en sommes au point où il faut parler de l'aspect moral de la question sociale moderne. J'ai dit : ce que j'ai appelé la dernière caractéristique de l'ordre économique capitaliste, l'augmentation du capital en tant que tel, la croissance du capital qui n'aspire pas aux prestations, mais au profit, détache l'humain de son produit. Et c'est dans ce détachement de l'humain de son produit que réside une caractéristique essentielle de toute l'évolution moderne. Mais dans le monde, il est vrai qu'en règle générale, un phénomène ne se produit pas sans l'autre, mais que les phénomènes sont liés entre eux de la manière la plus diverse. Vous ne pouvez pas marcher sur un sol mou sans que des traces de pas ne s'y impriment en même temps. C'est un exemple que vous pouvez utiliser partout pour voir comment, dans le monde réel, l'un va toujours avec l'autre. Ce qui a poussé le monde moderne à l'augmentation du capital, à la croissance du capital, qui réside dans le capitalisme moderne, a justement lié d'un autre côté - non pas de manière logique unilatérale, mais de manière logique par rapport à la réalité - à l'avènement du capitalisme le manque d'intérêt que nous trouvons dans l'humanité moderne précisément pour les impulsions les plus profondes de l'âme humaine. D'un côté, la mise à nu/l'exfoliation de la personnalité humaine du processus économique et, de l'autre, l'assèchement de cette personnalité, qui s'est détachée du processus l'économie, tout de suite pour les qualités les plus intimes de l'être spirituel et d'âme de l'humain. Les deux vont de pair. Ces deux choses ont engendré cette effroyable agitation des grandes villes modernes où le capitalisme a établi ses sièges particuliers, où, d'un côté, le capitalisme fonctionne et, de l'autre, règne l'indifférence pour les questions les plus intimes de l'être humain.
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Ces choses sont souvent dissimulées dans les apparences et ne se révèlent qu'à un examen plus attentif. Vous pouvez bien sûr dire : il y a quand même un grand nombre d'humains qui ne sont absolument pas impliqués dans le processus capitaliste moderne. - Certes, quelques-uns y participent de manière directe, mais de manière indirecte, toute l'humanité moderne, notamment l'humanité moderne cultivée, participe au processus capitaliste. Par le fait que les existences dépendent de l'ordre économique capitaliste. Qu'un artiste produise autrefois pour le prince ou pour le pape, il produit aujourd'hui pour le capitaliste. Et si vous tirez de tels fils, tels qu'ils s'enroulent aujourd'hui de l'art au capitalisme, sur les domaines les plus divers de la vie, vous verrez comment le capitalisme a étendu ses tentacules de tous côtés, en particulier sur la vie spirituelle. Il y a beaucoup d'inconscient dans ces choses, qui ne se dévoilent pas aussitôt si l'on regarde seulement la surface de la vie.
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Je vais maintenant devoir caractériser quelque peu un processus inconscient ou subconscient : cette objectivation du processus de production, ce détachement du processus de production des aspirations humaines, tel qu'il se produit dans le capitalisme moderne, nécessite en un certain sens une justification. Les humains ont toujours besoin d'une justification pour ce qu'ils font, et il ne leur importe pas, lorsqu'ils veulent se justifier, de rechercher la vérité, mais il leur importe seulement de dire quelque chose qui les justifie. Prenez un exemple évident. L'Entente a gagné ; il s'agit de justifier cette victoire. C'est pourquoi on dit ce qui est dit aujourd'hui par l'Entente, non pas parce que c'est la vérité, mais parce qu'il faut justifier la victoire. Il en va de même dans la vie humaine individuelle. Qu'est-ce qui importe à la plupart des humains de fonder réellement la vérité ? Ce qui leur importe, c'est de justifier ce qu'ils font. C'est ce que veut le capitalisme : justifier son existence avant toute chose. Il ne peut le justifier que s'il observe le processus matériel le plus extrême, le processus économique le plus matériel dans son image reflet, dans l'augmentation du capital. Mais alors, quand doit être justifié, dans ce monde physique, l'ordre économique capitaliste, tout ce qui concerne les affaires d'âme et spirituelles doit être déconnecté. Elles doivent être placées dans un domaine particulier. Le pasteur peut parler en chaire des choses de la foi comme il veut - je peux le croire, un autre peut le croire, je peux ne pas le croire, un autre peut ne pas le croire -, il parle d'un tout autre monde. Dans le monde dans lequel on doit vivre, cela ne peut pas se passer comme le dit le pasteur en chaire, bien sûr que non, cela doit se passer de manière capitaliste.
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Ainsi, c'est précisément le capitalisme extrême qui a provoqué d'un côté cette vie morale-spirituelle terriblement abstraite, qui veut se détacher complètement de toutes les réalités extérieures de l'existence. Tout aussi grave dans la vie moderne que le capitalisme matériel d'un côté, a agi de l'autre côté cet état d'esprit qui dit : "Ah, qu'est-ce que je me soucie d'Ahriman ! Ahriman peut rester Ahriman, je me consacre aux impulsions du plus profond de mon âme, je m'abandonne au monde spirituel, je cherche le monde spirituel tel que je peux le trouver en moi ; les affaires de l'âme m'intéressent. Que me soucierais-je de ce système de crédit, d'argent, de fortune et de propriété ahrimanien ! Que m'importe la différence entre rente et intérêt, entre revenu brut et bénéfice net, et ainsi de suite. Je m'occupe des affaires de mon âme ! -- Mais, de même que l'humain est une unité de corps, d'âme et d'esprit, et que son corps, son âme et son esprit sont liés entre la naissance et la mort, de même sont liées dans l'existence physique extérieure les impulsions que nous pouvons trouver dans la structure intime de notre âme, et les impulsions qui se trouvent dans l'ordre économique extérieur. Et tout aussi coupables de la catastrophe moderne sont, d'un côté, les capitalistes matérialistes avec leur mode de pensée et d'attitude, et, de l'autre, ceux qui veulent seulement être pieux, seulement spirituel-scientifiques, dans leur sens, cette limitation abstraite spirituelle-scientifique et ne pas s'engager sur l'englobement de la réalité quotidienne par une pensée intrusive/opératoire. C'est ce qui m'a toujours de nouveau et à nouveau mû à vous parler de ce que vous ne devriez donc quand même pas prendre ce mouvement spirituel anthroposophique comme une occasion d'écouter de simples sermons du dimanche après-midi, qui vous font du bien à l'âme parce qu'ils vous disent que la vie est éternelle et ainsi de suite, mais pour que vous preniez ce mouvement anthroposophique comme le moyen d'aborder réellement et de manière significative les tâches modernes de l'existence/l'être-là qui nous arrivent de manière si brûlante. Et l'une des premières nécessités est de comprendre par où il faut commencer, et que tout cela ne sert à rien si les humains n'accèdent pas à une pensée non prévenue.
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Et c'est ici que j'aimerais, à la fin de mes réflexions d'aujourd'hui, exprimer ce à quoi nous nous rattacherons demain dans une réflexion pratique et sociale. Ce que je vais dire sera apparemment très éloigné de toute pensée socialiste ou de toute pensée sur la question sociale, mais vous verrez demain à quel point ce qui est apparemment éloigné est proche, et comment nous pourrons, grâce à ces réflexions, redresser les quatre points que je vous ai indiqués comme étant les éléments de l'idéal socialiste. Les humains disent si souvent dans la vie : les opinions sont différentes, les convictions sont différentes, l'un croit ceci, l'autre croit cela. - Ne semble-t-il pas que lorsque nous nous laissons aller à penser, l'un peut se faire telle idée, l'autre telle autre, et que telle ou telle idée peut alors être justifiée ? Il semble que ce soit le cas, mais ce n'est pas du tout le cas. En tenant compte du fait que chaque caractéristique d'une chose au sens supérieur est toujours en quelque sorte une photographie d'un côté, qu'il y a donc des éclairages sous les angles les plus divers - toujours en supposant qu'on en tienne compte -, tous les humains ont la même opinion sur une seule et même chose au plus profond d'eux-mêmes. Il n'y a pas deux personnes dans le monde qui n'ont pas la même opinion sur une seule et même chose - comme je l'ai dit, toujours à la condition que ce soit le cas. Cela n'existe pas. Pourquoi donc les humains parlent-ils quand même de différentes opinions ? Parce que entre la vérité et entre ce que l'humain perçoit dans son for intérieur, son émotionnel pousse/inserre, son préjugé égoïste pousse/insère et lui déforme, caricature la chose. Les humains sont vraiment différents seulement en rapport à leurs émotions, pas en rapport à leurs concepts et à leurs idées. Une fois que l'on a gagner un accès à un concept réel, on ne peut pas avoir une opinion différente sur ce concept de celle d'un autre humain qui a également eu accès à ce concept. Et c'est la plus grande frivolité de l'âme que de croire que l'on a un certain droit à des opinions subjectives. On n'a pas ce droit aux opinions subjectives, mais on a l'obligation, en tant qu'être humain, de dépasser sa subjectivité pour atteindre l'objectif. Pour voir ce qui est juste sur ce point, il est cependant très nécessaire de tenir compte de toutes les sources d'erreur qui découlent des émotions humaines. Un humain croit qu'il peut être convaincu de n'importe quelle chose. Souvent, la raison pour laquelle il croit être convaincu d'une chose quelconque n'est autre que le fait qu'il est trop paresseux pour envisager réellement le concept, oui, on doit quand même indiquer sur ce côté intérieur moral de la nature de l'humain quand on veut indiquer sur ce qui fait nécessité du temps actuel.
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Ce temps actuel est avant tout plein d'orgueil, d'émotions, même dans ce que l'on appelle la science objective, et elle n'est pas du tout encline à chercher l'accès au jugement qui réside en de vraies idées et de vrais concepts. Mais où irons-nous si les brûlantes énigmes sociales qui sont maintenant à notre porte sont résolues à partir des émotions des humains ? Vous le savez : Il y a des imaginations, il y a des inspirations, il y a des intuitions. En réalité, tout ce qui doit être élucidé/étudier en ce qui concerne les pendants économiques, de gestion économique et de gestion/législation économiques, réside dans les imaginations ; tout ce qui doit être étudier dans l'organisme économique réside dans les imaginations. Chez la plupart des gens, ces imaginations peuvent n'émerger de l'inconscient que sous forme de pressentiments. Mais alors, ces pressentiments sont meilleurs que les concepts étudiés qui figurent aujourd'hui souvent dans l'humanité.  Tout ce qui vit dans ce qu'on appelle la vie spirituelle, que nous avons caractérisée de la même manière que nous avons caractérisé la vie spirituelle comme un membre de l'ordre social futur, tout cela repose sur des inspirations : un organisme spirituel. Et tout ce qui peut exister réellement en dehors de l'humain, et même qui doit exister en dehors de l'humain, tout ce en quoi les humains doivent être égaux, égaux, comme on dit, devant la loi, tout cela ne peut reposer que sur des intuitions. C'est donc sur cela que repose ce que l'on pourrait appeler l'organisme politique. Imagination : organisme économique - Inspiration : organisme spirituel - Intuition : organisme politique.
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De cette manière l'inspiration, l'intuition et l'imagination doivent réellement coopérer dans l'organisation des conditions/rapports de vie. Là, on doit seulement une fois réflechir qu'il en est ainsi. Et l'on comprendra alors comment les questions sociales qui sont aujourd'hui non seulement à la porte, mais brûlantes, ne peuvent être orientées vers leur solution qu'à partir des méthodes spirituelle-scientifiques . C'est ce qui importe : se débarrasser de toute nonchalance, de tout confort dans la pensée, et aller vraiment vers ce qui relie l'âme humaine à la réalité. En fin de compte, cela ne peut que nous mener là où nous devons aller dans le présent. C'est de ce point de vue que nous voulons caractériser et discuter critique demain les quatre membres de ce que l'on appelle l'idéal socialiste.