Les
"Lettres esthétiques" de Schiller
et le "Conte" de Goethe.
L'intention de Schiller d'un acte
politique. Pensée fondamentale des
"Lettres" : la liberté dans le
contexte social. L'humain libre
entre la nécessité sensorielle et
la nécessité de raison
synthétique. L'esthétique comme
état idéal. Schiller, humain
d'intellect/de raison analytique
sensorialisé, Goethe, humain
d'instinct spiritualisé. Milieu du
19e siècle : franchissement d'un
abîme. La question sociale avant
et après cette date. La nature
triarticulée de l'humain (tête,
poitrine, membres ; inspiration,
jugement, expérience ; perception
sensorielle, respiration,
alimentation). L'humain
triarticulé et les hiérarchies. La
triarticulation dans le social :
nature, économie - fraternité ;
État, lois - égalité ; vie de
l'esprit - liberté.
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Schillers
«Ästhetische Briefe» und Goethes
«Märchen». Schillers Absicht einer
politischen Tat. Grundgedanke der
«Briefe»: Freiheit im sozialen
Zusammenhang. Der freie Mensch
zwischen sinnlicher Notwendigkeit
und Vernunftnotwendigkeit. Das
Ästhetische als Idealzustand.
Schiller versinnlichter
Verstandesmensch, Goethe
vergeistigter Instinktmensch.
Mitte des 19. Jahrhunderts:
Überschreiten eines Abgrunds. Die
soziale Frage vor und nach diesem
Zeitpunkt. Die dreigliedrige
Natur des Menschen (Kopf, Brust,
Gliedmaßen; Eingebung, Urteil,
Erfahrung; Sinneswahrnehmung,
Atmung, Ernährung). Dreigliedriger
Mensch und Hierarchien.
Dreigliederung im Sozialen: Natur,
Wirtschaft — Brüderlichkeit;
Staat, Gesetze — Gleichheit;
Geistesleben — Freiheit.
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Une
étude paraît utile : celle qui a
trait à tout ce qui, dans un sens
profond, se rattache à la conception
de la vie sociale à notre époque, et
peut faire suite aux derniers
exposés sur Goethe, qui se
rapportent à notre spectacle du «
Faust ». En parler me paraît utile
parce que le 19c siècle, tout de
suite en ce qui concerne la vie
sociale actuelle, constitue un
tournant extrêmement significatif
dans l'évolution de l'humanité. La
manière de penser des humains s'est
modifiée, au milieu précisément du
19e siècle, beaucoup plus qu'on ne
pense d'ordinaire. Certes, si l'on
voulait souligner ce tournant, on
pourrait prendre pour point de
départ d'autres personnalités que
des esprits allemands ; on pourrait
peut-être prendre Shaftesbury ou
Hemsterhuis. Seulement, en prenant
l'esprit anglais ou hollandais comme
point de départ, Shaftesbury ou
Hemsterhuis, on ne pourrait guère
atteindre — en ce qui concerne tout
ce qui mène à comprendre le thème
concerné — aux profondeurs qu'offre
le goethéanisme. Et à l'époque
présente où, davantage et plus
profondément qu'on ne le pense
aujourd'hui, tant de choses se
préparent à détruire ce qui est né
de cet esprit de l'Europe du Centre,
il n'est sans doute pas inutile de
reprendre ces choses qui devront
sans doute continuer de vivre dans
l'humanité d'une tout autre façon
que ne se le représentent la plupart
des Allemands d'aujourd'hui.
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01
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Mit
Bezug auf alles dasjenige, was in
tieferem Sinne mit der Auffassung
des sozialen Lebens in der Gegenwart
zusammenhängt, scheint eine
Betrachtung nützlich, die sich
anschließen kann an unsere letzten
Darstellungen über Goethe, welche
wir im Zusamrnenhange mit der
Darstellung unserer «Faust»-Szene
gepflogen haben. Ein solches
Besprechen scheint mir deshalb
nützlich zu sein, weil gerade in
bezug auf das soziale Leben der
Gegenwart das 19. Jahrhundert einen
außerordentlich bedeutsamen
Wendepunkt in der Entwickelung der
Menschheit bildet. Die Denkweise der
Menschen hat sich viel mehr, als man
gewöhnlich meint, gerade in der
Mitte des 19. Jahrhunderts sehr,
sehr umgeändert. Nun könnte man ja
gewiß, wenn man auf diese Wendung
hinweisen wollte, auch andere als
gerade deutsche Geister als
Ausgangspunkt nehmen; man könnte
vielleicht Shaftesbury oder
Hemsterhuis nehmen. Allein, würde
man den englischen oder den
holländischen Geist als
Ausgangspunkt nehmen, Shaftesbury
oder Hemsterhuis, so würde man — und
das darf ganz objektiv gesagt
werden — wohl kaum so tief schürfen
können in bezug auf alles das, was
zum Verständnisse des einschlägigen
Themas führt, wie gerade in
Anlehnung an den Goetheanismus. Und
in unserer Gegenwart, wo sich so
vieles, mehr und gründlicher als man
heute denkt, gerade zur Vernichtung
desjenigen anschickt, was aus diesem
mitteleuropäischen Geiste geboren
ist, mag es nicht unnützlich sein,
an diese Dinge anzuknüpfen, die
wohl in ganz anderer Weise in der
Menschheit werden fortleben müssen,
als sich die meisten auch heutigen
Deutschen etwa vorstellen.
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Lorsqu'on
envisage honnêtement et sans parti
pris l'époque présente, on doit
ressentir aujourd'hui de
l'accablement à entendre une
affirmation comme celle d'Herman
Grimm, donc d'un esprit éminent, qui
vivait il n'y a pas si longtemps, si
l'on a quelque sens de la culture de
l'Europe du Centre — et vraiment, on
n'a pas besoin pour cela d'être
Allemand. Herman Grimm disait un
jour qu'il y avait quatre esprits,
quatre personnalités vers lesquelles
l'Allemand élève son regard
lorsqu'il veut en quelque sorte
recueillir l'orientation à donner à
sa vie ; et il nomme Luther,
Frédéric le Grand, Goethe et
Bismarck. Grimm dit ensuite :
lorsque l'Allemand ne peut plus
élever son regard vers la force
d'orientation qui émane de ces
quatre esprits, il se sent en
quelque sorte sans point d'appui,
abandonné dans le concert des
nations. On peut aujourd'hui
entendre avec un certain accablement
cette déclaration, de la justesse de
laquelle beaucoup de gens - dont je
ne fais pas partie - ne doutaient
absolument pas dans les années 90.
Seulement, devant une telle
affirmation justement, il faut
s'avouer ce qui suit : Luther n'est
plus vraiment une réalité vivante
dans les traditions de l'être
allemand. Goethe n'a au fond jamais
pris vie réellement, nous l'avons
constamment souligné, Frédéric le
Grand et Bismarck appartiennent à
une œuvre qui a aujourd'hui disparu.
Si bien que le moment serait venu où
tout de suite l'Allemand de l'Europe
du Centre, l'Allemand en général,
devrait se sentir sans appui et
abandonné parmi les nations du
monde. On ne dispose plus
aujourd'hui d'un sentiment assez
intense pour ressentir assez
profondément dans l'âme une chose de
ce genre. On est trop superficiel.
Pourtant, un tel fait devrait donner
au moins à penser aux humains : le
fait qu'il n'y a pas tout à fait
trois décennies, ce qui était pour
un esprit éclairé une évidence est
aujourd'hui impossible. Si
l'humanité actuelle n'était pas si
superficielle, bien des choses
seraient ressenties plus
profondément que ce n'est le cas
aujourd'hui, où l'indifférence
vis-à-vis de la vie qui passe à
travers le monde pourrait parfois
briser le cœur.
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02
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Man
muß ja doch, wenn man ehrlich und
unbefangen auf die Gegenwart
hinsieht, bei einem Ausspruche wie
dem von Herman Grimm, also eines
hervorragenden Geistes, der noch
nicht sehr lange zurückliegt, heute
etwas Bedrückendes empfinden -- man
braucht dazu wahrhaftig nicht
Deutscher zu sein —, wenn man
einiges Gefühl für
mitteleuropäische Kultur hat.
Herman Grimm sagte einmal, daß es
vier Geister gebe, vier
Persönlichkeiten, zu denen der
Deutsche hinaufschaut, wenn er
gewissermaßen die Richtung seines
Lebens empfangen will, und er nennt
als diese vier Geister Luther,
Friedrich den Großen, Goethe und
Bismarck. Grimm sagt : Wenn der
Deutsche nicht mehr hinaufblicken
kann zu der richtunggebenden Kraft
dieser vier Geister, dann fühlt er
sich gewissermaßen ohne Halt und
verlassen im Zusammenhange der
Nationen der Welt. — Man kann heute
mit einer gewissen Bedrücktheit
diesen Ausspruch hören, an dessen
Richtigkeit viele — ich gehörte
nicht zu diesen — in den neunziger
Jahren durchaus nicht gezweifelt
haben. Allein man muß sich ja doch
folgendes gestehen, gerade einem
solchen Ausspruch gegenüber: Luther
lebt eigentlich nicht wesenhaft in
den Traditionen des deutschen
Wesens. Goethe ist im Grunde
genommen niemals wirklich lebendig
geworden, das haben wir ja immer
wieder betonen müssen, und Friedrich
der Große und Bismarck gehören einem
Werke an, das heute aus der Welt
geschafft ist. So daß der Zeitpunkt
eingetreten sein würde, wo sich
gerade der mitteleuropäische
Deutsche, der Deutsche überhaupt,
unter den Nationen der Welt ohne
Halt und verlassen fühlen müßte. Man
fühlt heute nicht gründlich genug,
um so etwas wirklich in der Seele
ganz auszuschöpfen. Man ist zu
oberflächlich. Allein, zu denken
wenigstens sollte eine solche
Tatsache doch den Menschen geben :
die Tatsache, daß etwas vor noch
nicht ganz drei Jahrzehnten für
einen erleuchteten Geist eine
Selbstverständlichkeit war, was
heute eine Unmöglichkeit ist. Würde
die gegenwärtige Menschheit nicht so
oberflächlich sein, so würde in der
Tat manches viel tiefer gefühlt
werden, als es heute geschieht, wo
einem über das Nichtfühlen dessen,
was durch die Welt pulsiert,
zuweilen das Herz brechen möchte.
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Lorsqu'on
contemple rétrospectivement
l'évolution de l'humanité en
remontant par-dessus le 19e
siècle jusque dans le 18e siècle, le
regard tombe sur un grand moment. Ce
fut ce moment qui a œuvré en
Schiller lorsqu'il écrivit ses «
Lettres sur l'éducation esthétique
de l'humain », ce moment où Goethe
s'est stimuler par ce qui, dans le
temps où Schiller écrivait les «
Lettres sur l'éducation esthétique
de l'humain » a été débattu cette
fois-là entre Schiller et Goethe.
Goethe se sentit par là incité à
réaliser de son côté, à sa façon,
dans son « Conte du Serpent vert et
de la belle Lilia », l'impulsion qui
vit dans ces Lettres esthétiques de
Schiller. Vous pourrez lire ce qui
concerne le pendant entre les «
Lettres esthétiques » de Schiller et
le « Conte » de Goethe dans un des
essais de mon dernier petit livre
Goethe ( « L'Esprit de Goethe, sa
manifestation dans Faust et dans le
Conte du Serpent vert »). Je n'en
mentionnerai aujourd'hui que ce
qu'exige notre considération.
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03
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Es
fällt der Blick, wenn man rückgängig
die Entwickelung der Menschheit über
das 19. Jahrhundert in das 18.
Jahrhundert hinein betrachtet, auf
einen großen Moment. Es war jener
Moment, welcher in Schiller gewirkt
hat, als er seine «Briefe über die
ästhetische Erziehung des Menschen»
schrieb, jener Moment, wo sich
Goethe angeregt hat durch
dasjenige, was in der Zeit, als
Schiller die «Briefe über
ästhetische Erziehung des Menschen»
schrieb, dazumal zwischen Schiller
und Goethe verhandelt worden war.
Dadurch hat sich Goethe veranlaßt.
gefühlt, dann seinerseits den
Impuls, der in Schillers
Ästhetischen Briefen lebt, in
seinem «Märchen von der grünen
Schlange und der schönen Lilie» auf
seine Art auszuführen. Sie können
den Zusammenhang zwischen Schillers
Ästhetischen Briefen und Goethes
«Märchen von der grünen Schlange und
der schönen Lilie» in einem der
Aufsätze meines letzten kleinen
Goethe-Büchelchens nachlesen. Ich
will heute nur so viel davon
erwähnen, als zu unserer Betrachtung
notwendig ist.
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En
écrivant ces « Lettres sur
l'éducation esthétique de l'humain »
Schiller ne voulait pas seulement
écrire un ouvrage littéraire ; il
voulait, au fond, en faire un acte
politique. Le début du livre le
révèle aussitôt. Il se rattache à la
Révolution française, et Schiller
s'efforce en quelque sorte, à sa
manière, dans la perspective que
constituait sa formation, de dire ce
que peut faire naître dans la tête
de l'humain les buts poursuivis par
la Révolution française, par la
révolution de la fin du 18e siècle
absolument. Tout d'abord, d'un grand
bouleversement politique dont les
révolutionnaires français se
promettaient tout, Schiller ne se
promettait rien de particulier. Il
se promettait bien plus d'une
éducation approfondie de l'être
humain par lui-même. Et c'est de
cette auto-éducation nécessaire,
historiquement nécessaire, qu'il
voulait parler dans ses « Lettres
sur l'éducation esthétique de
l'humain ».
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04
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Schiller
wollte mit seinen «Briefen über
ästhetische Erziehung des Menschen»
nicht nur einen literarischen
Aufsatz schreiben, sondern er wollte
im Grunde genommen eine politische
Tat dadurch tun. Der Anfang der
«Briefe über ästhetische Erziehung»
verrät das ja sogleich. Es wird
angeknüpft an die Französische
Revolution, und es wird sozusagen
von Schiller angestrebt, in seiner
Art, von seinem Bildungsund
Gesichtspunkte aus dasjenige zu
sagen, was dem Menschen durch den
Kopf gehen kann durch das Wollen aus
der Französischen Revolution
heraus, aus der Revolution vom Ende
des 18. Jahrhunderts heraus
überhaupt. Schiller versprach sich
zunächst von einer großen
politischen Umwälzung, von der sich
die französischen Revolutionäre
alles versprochen hatten, nichts
Besonderes. Er versprach sich viel
mehr etwas von einer durchgreifenden
Selbsterziehung des Menschen. Und
von dieser notwendigen,
zeitgeschichtlich notwendigen
Selbsterziehung des Menschen wollte
er in seinen «Briefen über die
ästhetische Erziehung des Menschen»
sprechen.
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Évoquons
encore une fois la pensée
fondamentale de ces « Lettres sur
l'éducation esthétique de l'humain
», comme nous l'avons déjà fait
souvent. Schiller veut répondre à sa
manière à la question : comment
l'être humain accède-t-il à une
liberté réelle dans le social, dans
la vie avec autrui? Schiller ne se
serait jamais rien promis du seul
fait que purement les institutions
sociales, dans lesquelles vit
l'humain, soient façonnées n'importe
comment pour conduire l'humain à la
liberté. Schiller réclamait bien
plus que par un travail accompli sur
lui-même, par une auto-éducation,
l'humain parvienne à cet état de la
liberté à l'intérieur de l'ordre
social. Schiller pensait dans une
certaine mesure que l'humain devait
d'abord devenir intérieurement libre
avant de pouvoir réaliser la liberté
vers dehors. Et ainsi Schiller se
dit : en fait l'être humain est
placé entre deux pulsions. D'un
côté, il se tient en face de la
pulsion qui vient de la nature
physique — Schiller la nomme la
pulsion de besoin — tout ce que la
nature sensorielle l'humain lui-même
produit de désirs et ainsi de suite.
Schiller compte ceci parmi les
pulsions sensorielles, à ce à quoi
l'humain est poussé par une pure
nécessité physique. Et il se disait
: si l'humain suit cette pulsion, il
ne pourra jamais être libre, car il
suit justement seulement cette
pulsion sensorielle d'une nécessité
physique.
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05
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Stellen
wir den Grundgedanken dieser «Briefe
über die ästhetische Erziehung des
Menschen» noch einmal vor unsere
Seele hin. Wir haben es ja schon
öfter getan. Schiller will die Frage
in seiner Art beantworten: Wie kommt
der Mensch zu einer wirklichen
Freiheit im sozialen Zusammenleben
mit andern Menschen? Schiller würde
sich nie etwas versprochen haben
davon, daß bloß die sozialen
Einrichtungen, in denen der Mensch
lebt, irgendwie gestaltet werden, um
den Menschen zur Freiheit zu führen.
Schiller verlangte vielmehr, daß der
Mensch selber durch innere Arbeit an
sich, durch Selbsterziehung, zu
diesem Stande der Freiheit innerhalb
der sozialen Ordnung komme. Schiller
meinte gewissermaßen, der Mensch
müsse selbst erst innerlich frei
werden, bevor er die Freiheit nach
außen hin realisieren könne. Und so
sagte sich Schiller : Der Mensch
steht eigentlich zwischen zwei
Trieben mitten drinnen. Er steht auf
der einen Seite gegenüber dem Trieb,
der aus der physischen Natur kommt —
Schiller nennt ihn den Trieb der
Notdurft —, alldem, was die
sinnliche Natur des Menschen selber
an Begierden und so weiter
hervorbringt. Das rechnet Schiller
zu dem sinnlichen Triebe, zu dem,
wozu der Mensch durch eine gewisse
bloß physische Notwendigkeit
gedrängt wird. Und er sagte sich:
Wenn der Mensch diesem Trieb folgt,
so kann er nimmermehr frei sein,
denn er folgt eben nur aus einer
physischen Notwendigkeit diesem
sinnlichen Triebe.
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En
face de cette pulsion sensorielle,
une autre prend place ; c'est la
pulsion de la nécessité de raison
synthétique, de la nécessité
logique, de la nécessité de penser.
Suivre cette pulsion de nécessité de
raison synthétique, l'humain peut
maintenant aussi s'y abandonner
comme l'autre pôle de son être. Mais
il ne peut pas aussi par là, être un
humain vraiment libre. Car s'il suit
logiquement la nécessité de raison
synthétique, il suit justement une
nécessité. Et aussi si cette
nécessité de raison synthétique se
consolide, se fixe dans une loi
d’État ou semblable extérieure,
ainsi l'humain suit, s'il suit cette
loi, aussi une nécessité. En ce
qu'il suit sa raison synthétique, il
n'est donc en aucun cas un être
libre. L'humain est ainsi placé
entre raison synthétique et
sensorialité. S'il suit la
sensorialité, ainsi il suit une
nécessité, non une liberté. S'il
suit la raison synthétique, il suit
aussi la nécessité ; quand aussi une
nécessité spirituelle, mais
justement quand même une nécessité.
Il n'est pas un humain libre.
L'humain peut seulement être libre
au sens de Schiller lorsqu'il ne
suit ni unilatéralement la pulsion
sensorielle , ni unilatéralement la
pulsion de raison synthétique, mais
quand il amène les choses à ce qu'il
peut rapprocher sa pulsion de raison
synthétique de son humanité, il
amène les choses aussi loin, qu'il à
ne se soumette pas comme un esclave
de la nécessité logique ou légale,
mais lorsqu'il fait du contenu de la
loi, du contenu de la nécessité de
raison synthétique celui de son
propre être.
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06
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Dem
sinnlichen Triebe steht ein anderer
gegenüber; das ist der Trieb der
Vernunftnotwendigkeit, der logischen
Notwendigkeit, der
Denknotwendigkeit. Diesem Trieb der
Vernunftnotwendigkeit zu folgen,
kann sich der Mensch gewissermaßen
als dem andern Pol seines Wesens nun
auch überlassen. Aber ein richtig
freier Mensch kann er auch dadurch
nicht sein. Denn wenn er logisch der
Vernunftnotwendigkeit folgt, folgt
er eben einer Notwendigkeit. Und
auch wenn diese
Vernunftnotwendigkeit sich in einem
äußeren Staats- oder ähnlichen
Gesetze konsolidiert, festsetzt, so
folgt der Mensch, wenn er diesem
Gesetze folgt, auch einer
Notwendigkeit. Er ist also auf
keinen Fall, indem er seiner
Vernunft folgt, ein freies Wesen.
Der Mensch ist also hineingestellt
zwischen Vernunft und Sinnlichkeit.
Folgt er der Sinnlichkeit, so folgt
er der Notwendigkeit, nicht einer
Freiheit. Folgt er der Vernunft, so
folgt er auch der Notwendigkeit,
wenn auch einer geistigen
Notwendigkeit, aber eben doch einer
Notwendigkeit. Er ist nicht ein
freier Mensch. Frei sein kann der
Mensch im Sinne Schillers nur, wenn
er weder einseitig dem sinnlichen
Trieb noch einseitig dem
Vernunfttrieb folgt, sondern wenn er
es dahin bringt, daß er seinen
Vernunfttrieb seiner Menschlichkeit
annähern kann, wenn er es so weit
bringt, daß er nicht nur wie ein
Sklave sich der logischen oder
gesetzmäßigen Notwendigkeit
unterwirft, sondern wenn er den
Inhalt des Gesetzes, den Inhalt der
Vernunftnotwendigkeit zu seinem
eigenen Wesen macht.
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En
cette relation, Schiller est
effectivement, vis-à-vis de Kant par
exemple, un esprit beaucoup plus
libre, bien que sur plus d'un point
il ait suivi Kant — on peut dire :
pour son malheur. Car Kant
considérait la poursuite de la
nécessité de raison synthétique,
l'adonnement à la nécessité de
raison synthétique tout de suite
comme l'idéal le plus élevé auquel
l'humain puisse aspirer ; la
soumission absolue à ce qu'il
appelle le devoir, c'est-à-dire à la
nécessité de raison synthétique,
cela vaut justement à Kant comme le
plus haut en l'humain. Schiller dit
: « Je rends volontiers service à
mon ami, malheureusement je le fais
de bon gré, ainsi je crains de ne
pas être vertueux. » Car Kant, pense
Schiller, exigerait que rendre
service à son ami soit un devoir. «
Devoir, ô grand nom sublime », dit
Kant, la seule fois en quelque sorte
où il devient poétique, « qui ne
porte en toi ni séduction ni rien de
semblable... ». En disant : « Je
rends volontiers service à mon ami,
malheureusement je le fais par
goût, et je m'inquiète souvent de
savoir si je suis vertueux »,
Schiller raille Kant. Il faut donc
avoir développé son humanité assez
pour faire de bon gré, par
affection, par évidence, ce que
l'humain non libre accomplit par
devoir, par impératif catégorique.
Voilà un point.
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07
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In
dieser Beziehung ist Schiller
tatsächlich zum Beispiel Kant
gegenüber, dem er sonst in manchem —
man darf sagen, zum Unheile
Schillers — folgte, ein viel
freierer Geist. Denn Kant
betrachtete das Folgen der
Vernunftnotwendigkeit, die Hingabe
an die Vernunftnotwendigkeit gerade
als das Höchste, das der Mensch
anstreben kann; die absolute
Unterwerfung unter das, was Kant die
Pflicht nennt, das heißt unter die
Vernunftnotwendigkeit, das gilt eben
Kant als das Höchste im Menschen.
Schiller sagt : «Gern dien' ich dem
Freunde, doch tu ich es leider mit
Neigung, und so fürchte ich, daß ich
nicht tugendhaft bin», denn Kant,
meint Schiller, würde fordern, daß
es Pflicht ist, dem Freunde zu
dienen. «Pflicht, du erhabener
großer Name», sagt Kant, das einzige
Mal gewissermaßen, wo er poetisch
wird, «der du nichts bei dir führst,
was Einschmeichelung und dergleichen
heißt ...» Schiller sagt : « Gerne
dien' ich den Freunden, doch tu' ich
es leider mit Neigung. Und so wurmt
es mir oft, daß ich nicht tugendhaft
bin.» Satirisch sagt er das Kant
gegenüber. Also man muß so weit mit
seiner Menschlichkeit kommen, daß
man dasjenige, was der unfreie
Mensch als Inhalt eben gegenüber der
Pflicht, dem kategorischen
Imperativ, vollbringt, aus Neigung,
aus Liebe, aus innerer
Selbstverständlichkeit tut. Das ist
das eine.
|
Schiller
veut donc ramener la nécessité de
raison synthétique au niveau humain,
afin que l'humain n'ait pas besoin
de s'y soumettre, mais puisse
déployer cette nécessité de raison
synthétique comme la propre loi de
son être. Il veut donc rapprocher la
nécessité de raison synthétique de
l'humain. La nécessité sensorielle,
la pulsion sensorielle », il veut
l'élever, il veut la
trans-spiritualiser afin que l'être
humain ne suive plus purement ce
vers quoi la sensorialité presse,
mais qu'il embellisse, ennoblisse
cette sensorialité, qu'il ait
permission de la suivre parce qu'il
l'a élevée à son sommet. En ce que
dans un contexte médian, pense
Schiller sensorialité et raison
synthétique se rencontrent l'humain
devient un être libre.
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08
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Schiller
will die Vernunftnotwendigkeit also
ins Menschliche herunterziehen,
damit der Mensch sich ihr nicht zu
unterwerfen brauche, sondern diese
Vernunftnotwendigkeit als das eigene
Gesetz seines Wesens entfalten
könne. Die Vernunftnotwendigkeit
will er herunter-rücken zum
Menschen. Die sinnliche
Notwendigkeit, den sinnlichen Trieb,
will er herauf heben, er will ihn
durchgeistigen, so daß der Mensch
nicht mehr bloß dem folgt, wonach
die Sinnlichkeit drängt, sondern daß
er diese Sinnlichkeit verschönt,
veredelt, daß er ihr folgen darf,
weil er sie heraufgehoben hat zu
seinem Gipfel. Indem sich in einem
mittleren Zustand, meint Schiller,
Sinnlichkeit und Vernunft treffen,
wird der Mensch ein freies Wesen.
|
Il
semble comme si l'humanité actuelle
ne puisse plus vraiment ressentir
correctement ce que Schiller a
ressenti lorsqu'il a établi que cet
état médian était en fait ce à quoi
l'être humain devait tendre, un état
idéal dans une certaine mesure, dans
lequel s'accomplit toujours cette
interpénétration de la nécessité de
raison synthétique avec la nécessité
sensorielle, et trouva cet état
idéal, dans la création artistique
et dans la jouissance artistique.
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09
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Es
scheint, als ob die heutige
Menschheit nicht mehr so recht
empfinden könnte, was Schiller
empfunden hat, indem er diesen
mittleren Zustand als das eigentlich
Erstrebenswerte des Menschen
hinstellte. Er stellte dann
gewissermaßen den Idealzustand hin,
in welchem immer erfüllt ist diese
Durchdringung der
Vernunftnotwendigkeit und der
sinnlichen Notwendigkeit, und fand
den Idealzustand im künstlerischen
Schaffen und im künstlerischen
Genießen.
|
C'est
là quelque chose de bien
caractéristique de cette époque de
Goethe et de Schiller, cette
recherche dans l'art de ce qui
devait orienter l'activité humaine.
Ici, le goethéanisme s'oppose à tout
pompiérisme/toute philistrosité : il
recherche dans l'art vrai,
authentique, un état idéal vers
lequel il faut tendre. Car l'artiste
crée en utilisant un matériau
sensoriel. Et il produirait des
œuvres belles, mais tout au plus
abstraites, des symboles, s'il
s'abandonnait dans son travail de
création à la nécessité de raison
synthétique. Ce qu'il veut créer, il
faut qu'il le lise dans la matière
et dans sa formation. En ce qu'il
donne forme au matériau, il doit
tout de suite spiritualiser
l'activité des sens. Mais en ce
qu'il forme la substance, il doit
donner une forme à la substance,
laquelle fait que la substance
n’œuvre plus en tant que substance,
mais qu'elle œuvre comme œuvre
l'esprit. Donc l'artiste pousse du
spirituel et du sensoriel l'un dans
l'autre dans sa création. Lorsque
tout l'ouvrage de l'humain dans le
monde extérieur devient ainsi que
l'humain fait tout ce qui est mesure
de devoir, à mesure de loi de sa
propre inclination— comme on crée
artistiquement — et quand tout ce
qui est sensorialité est réalisé de
telle façon que l'esprit y vie,
alors la liberté au sens de Schiller
est acquise, tant pour l'individu
que pour l'État et les structures
sociales.
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10
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Das
ist so recht bezeichnend für die
Schiller-Goethe-Zeit, daß in der
Kunst etwas gesucht wurde, wonach
sich die übrige menschliche
Tätigkeit richten müsse. Das ist der
Gegensatz des Goetheanismus zu aller
Philistrosität, daß in der wahren,
echten Kunst etwas gesucht wird, was
ein Idealzustand ist, dem
nachgestrebt werden soll. Denn der
Künstler schafft im sinnlichen
Material. Selbst wenn er in Worten
schafft, schafft er im sinnlichen
Material. Und er würde schönes Zeug,
höchstens symbolisches, abstraktes
Zeug zusammenbringen, wenn er sich
einer Vernunftnotwendigkeit im
Schaffen überließe. Er muß, was er
schaffen will, dem Stoffe und seiner
Formung ablauschen. Er muß gerade
die Sinnlichkeit vergeistigen, indem
er den Stoff formt. Aber indem er
den Stoff formt, muß er dem Stoff
eine Gestalt geben, welche macht,
daß der Stoff nicht mehr als Stoff
wirkt, sondern daß er so wirkt, wie
das Geistige wirkt. Also der
Künstler schiebt Geistiges und
Sinnliches in seiner Schöpfung
ineinander. Wenn alles Wirken des
Menschen in der Außenwelt so wird,
daß der Mensch alles Pflichtgemäße,
Gesetzgemäße aus eigener Neigung
macht, wie man künstlerisch
schafft, und wenn alles das, was
Sinnlichkeit ist, so verrichtet
wird, daß Geist drinnen lebt, dann
ist für den einzelnen Menschen, aber
auch für Staat und soziale Struktur
die Freiheit erreicht im
Schillerschen Sinne.
|
Cela
signifie, Schiller demande : «
Comment les différentes forces de
l'âme doivent-elles collaborer en
l'humain — l'état de raison
synthétique, l'état des sens, l'état
esthétique — si l'humain doit rester
un être libre à l'intérieur de la
structure sociale ? » C'est dans une
certaine collaboration des forces de
l'âme que Schiller cherchait ce à
quoi il faut tendre. Et il croyait
que quand de tels humains, dans
lesquels la nécessité de raison
synthétique s'empare de la nécessité
sensorielle et la nécessité
sensorielle est spiritualisée par la
nécessité de raison synthétique,
quand de tels humains forment un
ordre social, ainsi un bon
état/contexte de cet ordre social
sera la suite/conséquence nécessaire
de cet ordre social.
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11
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Das
heißt, Schiller frägt: Wie müssen
die verschiedenen Seelenkräfte im
Menschen zusammenwirken — der
Vernunftzustand, der Sinneszustand,
der ästhetische Zustand —, wenn der
Mensch als ein freies Wesen
innerhalb der sozialen Struktur
stehen soll? In einem gewissen
Zusammenwirken der Seelenkräfte
suchte Schiller dasjenige, was
angestrebt werden soll. Und er
glaubte, daß wenn solche Menschen,
in denen die Vernunftnotwendigkeit
die sinnliche Notwendigkeit
durchdringt, und die sinnliche
Notwendigkeit vergeistigt wird durch
die Vernunftnotwendigkeit, wenn
solche Menschen eine soziale Ordnung
bilden, so wird ein guter Zustand
dieser sozialen Ordnung die
notwendige Folge sein.
|
Goethe
parla beaucoup avec Schiller,
correspondit beaucoup à l'époque où
ce dernier rédigeait les «Lettres
sur l'éducation esthétique ». Goethe
était un tout autre humain que
Schiller. Schiller était d'une
ardente passion poétique, et en même
temps un penseur acéré. Goethe
n'était pas dans le sens un penseur
acéré, abstrait comme Schiller; il
était même moins animé de la passion
poétique ; mais il était armé avec
ce qui manquait tout de suite à
Schiller, que Schiller n'avait pas :
avec des instincts
énergiques/radicaux , pleinement
humains, harmonieux, spiritualisés.
Schiller était l'humain
réfléchissant, l'humain
rationaliste, Goethe l'humain
d'instinct, mais l'humain d'instinct
spiritualisé. Comme ils se tenaient
ainsi en vis-à-vis, Schiller et
Goethe étaient pour Schiller
lui-même un problème. Lisez le bel
article qu'il a écrit sur « Poésie
naïve et poésie sentimentale», ainsi
vous aurez toujours le sentiment que
Schiller aurait justement aussi
bien, s'il avait voulu devenir
personnel, pu écrire : sur Goethe et
moi — sur Goethe et Schiller. Car le
poète naïf c'est Goethe, le poète
sentimental, c'est Schiller. Il
décrit en fait, dans cet article sur
la poésie naïve et la poésie
sentimentale, seulement lui-même, et
Goethe.
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12
|
Goethe
sprach viel mit Schiller,
korrespondierte viel mit Schiller in
der Zeit, als dieser die
Ästhetischen Briefe verfaßte. Goethe
war ein ganz anderer Mensch als
Schiller. Schiller war von
gewaltiger innerer dichterischer
Leidenschaft, aber zu gleicher Zeit
ein scharfer Denker. Goethe war
nicht in dem Sinne scharfer,
abstrakter Denker wie Schiller, war
sogar von geringerer dichterischer
Leidenschaft, aber er war
ausgerüstet mit dem, was Schiller
gerade fehlte, was Schiller nicht
hatte: mit durchgreifenden
vollmenschlichen, harmonischen
Instinkten, vergeistigten
Instinkten. Schiller war der
reflektierende Mensch, der
rationalistische Mensch, Goethe war
der Instinktmensch, aber der
vergeistigte Instinktmensch. Wie sie
sich so gegenüberstanden, Schiller
und Goethe, das wurde für Schiller
selber zum Problem. Lesen Sie den
schönen Aufsatz, den Schiller
geschrieben hat über «Naive und
sentimentalische Dichtung», so
werden Sie immer das Gefühl haben,
Schiller hätte ebensogut, wenn er
persönlich hätte werden wollen,
schreiben können: Über Goethe und
mich — Über Goethe und Schiller. —
Denn der naive Dichter ist Goethe,
der sentimentalische Dichter ist
Schiller. Er beschreibt eigentlich
in diesem Aufsatz über naive und
sentimentalische Dichtung nur sich
selbst und Goethe.
|
Goethe,
qui était humain d'instinct, ne
voyait pas la chose sous un jour
aussi simple. Comme je le disais à
l'instant, il traitait/négociait,
comme je disais justement, beaucoup
avec Schiller tandis que celui-ci
écrivait les « Lettres sur
l'éducation esthétique », sur ce
problème. Chaque discours
philosophique abstrait, déjà un tel
sur nécessité de raison synthétique,
nécessité sensorielle et état
esthétique — qui sont donc
finalement aussi des abstractions,
lorsqu'on contraste ces choses —,
chaque tel « philosophiage » était
en fait quand même répugnant à
Goethe dans le plus intérieur. Il
s'y pliait parce qu'il était ouvert
à tout ce qui est humain, et parce
qu'il se disait : Il y a tant de
gens qui font de la philosophie, il
faut bien qu'on s'en occupe. Il
n'était jamais entièrement
contestant. C'est ce qui apparaît le
mieux quand il est transposé dans la
nécessité de parler sur Kant ! Et il
se trouvait de ce fait dans une
situation tout à fait particulière.
Pour Schiller et pour un grand
nombre d'humains, Kant était le
grand humain de son siècle. Et
Goethe ne pouvait justement pas
comprendre cela. Mais il n'était pas
intolérant, il n'était pas de ceux
qui n'accordent de valeur exclusive
qu'à leur propre jugement. Goethe se
disait : Il y a tant de gens qui
estiment si bien Kant, laissons-les
faire, et même, il faut s'efforcer
de chercher dans ce que l'on ne
trouve pas très important une
signification cachée. J'ai eu en
mains l'exemplaire de la « Critique
de la force de jugement » que Goethe
a lu ; il y a souligné des passages
importants. On voit l'effort qu'il a
fait pour s'adapter à la lecture de
cette « Critique de la force de
jugement ». Seulement, dès avant le
milieu de l'ouvrage, les traits se
raréfient et finalement
disparaissent tout à fait. On voit
qu'il n'est pas allé jusqu'au bout.
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13
|
Goethe,
der Instinktmensch war, dem kam die
Sache nicht so einfach vor. Er
verhandelte, wie ich eben sagte,
viel mit Schiller, während dieser
die Ästhetischen Briefe schrieb,
über dieses Problem. Jedes
abstrakt-philosophische Reden, schon
ein solches über
Vernunftnotwendigkeit, sinnliche
Notwendigkeit und ästhetischen
Zustand — was ja schließlich auch
Abstraktionen sind, wenn man diese
Dinge kontrastiert —, jedes solche
«Philosopheln» war Goethe eigentlich
im Innersten doch zuwider. Er ließ
sich dazu herbei, weil er für alles
Menschliche empfänglich war, und
weil er sich sagte: So und so viele
Menschen treiben eben
Philosophiererei, also muß man sich
auf so etwas schon einlassen. — Er
war nie ganz absprechend. Das zeigt
sich am besten, wenn er in die
Notwendigkeit versetzt wird, über
Kant zu reden. Da war Goethe in
einer ganz besonderen Lage. Kant
galt Schiller und einer ganzen
Anzahl anderer Menschen als der
größte Mann seines Jahrhunderts.
Goethe konnte das eben nicht
verstehen, daß Kant als der größte
Mann seines Jahrhunderts gelten
sollte. Aber er war durchaus nicht
intolerant, er war nicht ein Mensch,
der nur auf sein eigenes Urteil
eigensinnig etwas gab. Goethe sagte
sich: Wenn so viele Menschen in Kant
so viel finden, dann muß man sie
halt gehen lassen, ja, man muß sich
sogar anstrengen, dasjenige, was man
nicht sehr bedeutend findet,
vielleicht doch nach einer geheimen
Bedeutung einmal zu erforschen. —
Ich habe das Exemplar der «Kritik
der Urteilskraft», das Goethe
gelesen hat, in der Hand gehabt; da
hat er bedeutende Stellen
angestrichen. Man sieht, wie Goethe
sich bestrebt hat, hineinzukommen
gerade in das Lesen der Kantschen
«Kritik der Urteilskraft». Allein,
ziemlich vor der Mitte schon werden
die Striche dann seltener, und
zuletzt versiegen sie ganz. Man
sieht, zu Ende ist er nicht
gekommen.
|
Et
quand la conversation vint sur Kant,
là il ne s'attacha pas ainsi
entièrement au véritable contenu
d'une telle conversation. Il lui
était désagréable de parler du monde
et de ses secrets en des
abstractions philosophiques. Et
ainsi il lui était clair aussi que
l'on ne règle pas simplement la
question en voulant saisir l'humain
comme évoluant entre la nécessité et
la liberté, comme Schiller l'a fait.
Voyez-vous, il y a quelque chose de
tout à fait grandiose dans ces
Lettres esthétiques. Et cette
grandeur, Goethe la reconnaissait.
Mais elle lui paraissait trop
simple. Il lui semblait dans
l'ensemble trop simple de ramener
cet être humain complexe, et surtout
l'âme humaine si complexe, à trois
catégories : la nécessité de raison
synthétique, l'état esthétique, la
nécessité sensorielle. Pour lui, il
y avait beaucoup d'autres choses
dans cette âme humaine, et l'on ne
pouvait aligner ainsi les éléments
les uns à côté des autres.
|
14
|
Und
wenn das Gespräch auf Kant kam, da
ließ er sich auch nicht so ganz auf
den wirklichen Inhalt eines solchen
Gespräches ein. Es war ihm
unangenehm, in philosophischen
Abstraktionen über die Welt und ihre
Geheimnisse zu reden. Und so war es
ihm auch klar, daß man so einfach
nicht wegkommt, wenn man den
Menschen in seiner Ent wickelung von
der Notwendigkeit zur Freiheit
auffassen will, wie Schiller das
getan hat. Sehen Sie, es liegt etwas
außerordentlich Großes in diesen
Ästhetischen Briefen. Dieses Große
erkannte Goethe an. Aber es war ihm
zu einfach. Es war ihm überhaupt zu
einfach, diesen komplizierten
Menschen, namentlich den
komplizierten Seelenmenschen auf
drei Kategorien zurückzuführen:
Vernunftnotwendigkeit, ästhetischen
Zustand, sinnliche Notwendigkeit.
Ihm war viel, viel mehr in dieser
menschlichen Seele, und die Dinge
ließen sich auch für ihn nicht so
nebeneinanderstellen.
|
C'est
ainsi qu'il fut incité à écrire le «
Conte du Serpent vert et de la belle
Lilia », où l'on ne trouve pas
trois, mais à peu près vingt forces
de l'âme, qui ne sont pas exprimées
en concepts, mais en figures de
nombreuses significations, œuvrant
par force d'image, qui alors
culminent dans le roi doré, qui
représente la sagesse — ne symbolise
pas, mais représente — le roi
argenté qui représente l'apparence,
le roi d'airain, qui représente la
puissance, et l'amour qui les
couronne. Mais tous les autres
personnages sont aussi des forces de
l'âme — il vous suffira ici de lire
l'article que j'ai écrit à ce sujet
(2).
|
15
|
Daher
wurde er angeregt, das «Märchen von
der grünen Schlange und der schönen
Lilie» zu schreiben, wo nicht drei,
sondern etwa zwanzig Seelenkräfte
sind, die nicht in Begriffe gefaßt
sind, sondern in vieldeutigen,
bildhaft wirkenden Gestalten, die
dann gipfeln in dem goldenen König,
der die Weisheit repräsentiert —
nicht symbolisiert, sondern
repräsentiert —, dem silbernen
König, der den Schein repräsentiert,
dem ehernen König, der die Gewalt
repräsentiert, und der sie krönenden
Liebe. Aber alles andere sind auch
Seelenkräfte; Sie brauchen das nur
in meinem Aufsatze nachzulesen.
|
Goethe
se trouva donc aussi incité à placer
le chemin qui conduit l'humain de la
nécessité à la liberté devant son
âme. Seulement, le problème lui
parut énormément plus complexe. Il
était l'humain d'instinct
spiritualisé. Schiller était —
laissez-moi employer cette
expression, vous la comprendrez
comme il faut — l'humain de
l'intellect/de la raison analytique
sensorialisée ; non un humain de
raison analytique ordinaire, mais
l'humain de raison analytique
sensorialisé.
|
16
|
So
wurde Goethe angeregt, diesen Weg
des Menschen von der Notwendigkeit
zur Freiheit auch vor seine Seele
hinzustellen. Für ihn wurde das
Problem nur ungeheuer viel
komplizierter. Er war der
vergeistigte Instinktmensch.
Schiller war der — lassen Sie mich
den Ausdruck gebrauchen, Sie werden
ihn nicht mißverstehen --
versinnlichte Verstandesmensch;
nicht ein gewöhnlicher
Verstandesmensch, sondern der
versinnlichte Verstandesmensch.
|
Maintenant
lorsqu'on considère honnêtement
l'évolution dans le temps, on peut
dire : une telle manière de voir
comme chacun l'a labourée/charruée à
sa façon : Schiller
abstraitement-philosophiquement d'un
côté, Goethe
imaginativement-artistiquement, de
telles manière de regarder les
choses, même si l'on en néglige la
forme, ne convient guère à l'humain
d'aujourd'hui, quant à son contenu.
Un ami très proche, plus âgé que
moi, Karl Julius Schröer, qui était
membre d'une commission d'examen,
voulut un jour examiner sur les
Lettres esthétiques de Schiller les
candidats au poste de professeur
d'école primaire supérieure, qui
devaient enseigner des enfants de
dix à dix-huit ans. Ce fut une
véritable émeute. Ces gens qui
auraient trouvé tout naturel qu'on
les interroge sur Platon, qu'on leur
fasse commenter les dialogues de
Platon, étaient bien éloignés de
connaître les «Lettres sur
l'éducation esthétique de l'humain
», qui représentent un point
culminant de la culture moderne.
|
17
|
Nun,
wenn man ehrlich die
Zeitentwickelung ins Auge faßt, so
kann man sagen: Solche
Betrachtungsweise, wie sie da jeder
in seiner Art, Schiller auf der
einen Seite abstrakt-philosophisch,
Goethe imaginativ-künstlerisch
gepflogen haben, solche
Betrachtungsweise, ganz abgesehen
von der Form, ist auch ihrem Inhalte
nach dem heutigen Menschen wenig
gelegen. Ein sehr naher älterer
Freund von mir, Karl Julius Schröer,
der auch einmal Prüfungskommissär
für Prüfungskandidaten des
Realschullehramtes war, wollte über
Schillers Ästhetische Briefe diese
Leute prüfen, die dann Kinder von
zehn bis achtzehn Jahren
unterrichten sollten. Ja, die haben
einen reinen Aufruhr gemacht! Leute,
die es ganz selbstverständlich
gefunden hätten, daß man sie über
Plato gefragt hätte, daß sie die
platonischen Gespräche hätten
interpretieren sollen, solchen
Leuten lag es ganz ferne, irgendwie
etwas zu wissen von Schillers
«Briefen über ästhetische
Erziehung», die einen Höhepunkt der
neueren Geistesbildung darstellen.
|
Maintenant,
la chose est cependant quand même
ainsi que le milieu du 19e siècle,
bien plus qu'on ne peut encore le
penser aujourd'hui, présente une
césure extrêmement profonde dans
l'histoire spirituelle humaine.
Avant ce moment, on trouve ce qui se
présente encore en Schiller et en
Goethe, et après ce milieu du 19e
siècle jusqu'à nous, repose
justement quand même quelque chose
de tout autre qui peut seulement
comprendre ce qui a précédé dans une
mesure très restreinte. Il serait
beaucoup mieux si les humains
d'aujourd'hui s'avouent simplement
que nous avons franchi une sorte
d'abîme qui seulement lorsque nous
employons des moyens de
compréhension biens déterminés, nous
rend aussi compréhensible le passé
proche avant le milieu du 19e
siècle. Et on peut dire : ce que
nous nommons aujourd'hui la question
sociale — le terme étant pris dans
le sens le plus large, qu'en fait
l'humanité n'appréhende pas encore,
mais qu'il faudra peu à peu saisir —
on ne la connaissait pas du tout
avant le milieu du 19e siècle. Elle
est d'abord née, sous la forme dans
laquelle elle a pénétré dans la
conscience de l'humanité, seulement
dans la seconde moitié du 19e
siècle. Et l'on n'acquiert une
compréhension de ce fait qu'en se
demandant : pourquoi, dans ces
considérations représentatives,
significatives, que Schiller a
cherché à exposer dans les Lettres
esthétiques, que Goethe a évoquées à
force d'images dans son « Conte du
Serpent vert et de la belle Lilia »,
pourquoi ne trouve-t-on là-dedans —
bien que Goethe fasse aussi
nettement allusion avec son conte à
des façonnements politiques — rien
du tout de cette manière singulière
dont nous sommes obligés aujourd'hui
de penser la structure sociale de
l'humain ? Et pourquoi en
sommes-nous à nous faire sur la
structure sociale de véritables
pensées dans le sens que j'ai
souvent exposé ici ? Nous ne pouvons
plus être tout à fait comme Schiller
et Goethe. Nous sommes bien éloignés
du goethéanisme si nous ne voulons
pas poursuivre le travail de Goethe,
si nous voulons seulement le singer.
Lorsqu'on se consacre avec une
compréhension intérieure aux Lettres
esthétiques de Schiller qu'au «
Conte du Serpent vert et de la belle
Lilia » de Goethe, on s'aperçoit
qu'une spiritualité considérable y
est contenue, qui depuis a abandonné
l'humanité, qui n'est plus présente.
Quelque chose est là agissant à quoi
aujourd'hui très peu d'humains sont
vraiment sensibles. Celui qui lit
les Lettres esthétiques de Schiller
devrait ressentir ceci : dans
l'écriture même, un élément d'âme et
d'esprit est encore présent,
différent de celui qui règne
aujourd'hui, même chez les esprits
les plus éminents ; et croire que
quelqu'un pourrait aujourd'hui
écrire spontanément une chose comme
le Conte de Goethe, c'est une
sottise. Car cette spiritualité
n'est plus présente depuis le milieu
du 19e siècle. Cela ne parle plus
immédiatement à l'humain
d'aujourd'hui, si ce n'est par le
medium de la science de l'esprit,
qui élargit l'horizon, et peut aussi
vraiment s'adapter aux choses du
passé. Et le mieux serait que les
humains s'avouent ceci : sans la
science de l'esprit, ils ne
comprendraient pas du tout Schiller
et Goethe. Chaque scène du « Faust »
peut vous le prouver.
|
18
|
Nun,
die Sache ist aber doch so, daß die
Mitte des 19. Jahrhunderts viel
mehr, als man heute noch denken
kann, einen ungeheuer tiefen
Einschnitt der menschlichen
Geistesgeschichte darstellt.
Jenseits, nach vorne, liegt auch
dasjenige, was noch in Schiller und
Goethe sich darstellt, und hinter
der Mitte des 19. Jahrhunderts, bis
zu uns herüber, liegt eben doch
etwas ganz anderes, was das
Vorhergehende nur in sehr geringem
Maße verstehen kann. Es wäre viel
besser, wenn sich die heutigen
Menschen einfach gestehen würden,
daß wir eine Art von Abgrund
überschritten haben, der uns nur
dann, wenn wir ganz bestimmte
Verständnismittel anwenden, auch die
nahe Vergangenheit vor der Mitte des
19. Jahrhunderts verständlich macht.
Und man darf sagen: Dasjenige, was
wir heute soziale Frage nennen —
jetzt nicht im engen Sinne, sondern
im weitesten Sinne aufgefaßt, wie
sie eigentlich noch nicht aufgefaßt
wird von der Menschheit, wie sie
aber aufgefaßt werden soll und auch
nach und nach aufgefaßt werden muß
—, das kannte man vor der Mitte des
19. Jahrhunderts noch gar nicht. Das
ist erst, so wie es in das
Bewußtsein der Menschheit
eingetreten ist, in der zweiten
Hälfte des 19. Jahrhunderts geboren.
Und ein Verständnis für diese
Tatsache gewinnt man nur, wenn man
sich frägt: Warum ist in solchen
repräsentativen, signifikanten
Betrachtungen, wie sie Schiller
angestrebt hat in seinen
Ästhetischen Briefen, wie sie Goethe
bildhaft vor die Seele gestellt hat
in seinem «Märchen von der grünen
Schlange und der schönen Lilie»,
warum ist darinnen, trotzdem Goethe
mit seinem Märchen auch deutlich auf
politische Gestaltungen hinweist,
gar nichts von jener eigentümlichen
Art, wie wir heute über die soziale
Struktur der Menschen denken müssen?
Und warum sind wir heute darauf
angewiesen, über diese soziale
Struktur in dem Sinne, wie ich das
oftmals hier auseinandergesetzt
habe, uns wirkliche Gedanken zu
machen? Wir können eben nicht mehr
ganz so sein, wie Schiller und
Goethe waren. Wir betreiben am
wenigsten richtig Goetheanismus,
wenn wir Goethe nicht weiterbilden
wollen, sondern ihn nur nachäffen
wollen. Wenn man sich mit innerem
Verständnis einläßt sowohl auf
Schillers Ästhetische Briefe wie auf
Goethes «Märchen von der grünen
Schlange und der schönen Lilie», so
merkt man, daß da etwas von einer
ungeheuren Geistigkeit drinnen ist,
die seither die Menschheit verlassen
hat, die seither nicht mehr da ist.
Da waltet etwas, wofür die wenigsten
Menschen heute eigentlich so
richtige Empfindung haben. Wer
Schillers Ästhetische Briefe liest,
müßte die Empfindung haben: Da
waltet noch ein anderes
seelisch-geistiges Element in der
Schreibart selbst, als es heute auch
bei den hervorragendsten Geistern
waltet, und zu glauben, daß heute
jemand so unmittelbar etwas
schreiben könnte wie Goethes
«Märchen von der grünen Schlange und
der schönen Lilie», ist überhaupt
eine Dummheit. Denn diese
Geistigkeit ist so nicht mehr da
seit der Mitte des 19. Jahrhunderts.
Das spricht nicht unmittelbar zum
heutigen Menschen, das kann nur
eigentlich sprechen durch das Medium
der Geisteswissenschaft, die den
Gesichtskreis erweitert, und die
sich auch in Früheres wirklich
einlassen kann. Und es wäre
eigentlich am besten, wenn sich die
Menschen gestehen würden: Ohne
Geisteswissenschaft verstehen sie
Schiller und Goethe gar nicht. Jede
«Faust»-Szene kann Ihnen das
beweisen.
|
Et
lorsqu'on suit ce qui règne là, pas
tant dans les affirmations que dans
la façon dont ces affirmations sont
exposées, là on trouve qu'à cette
époque, il est encore en l'humain le
tout dernier reste, le dernier écho
de la vielle spiritualité. On parle
là encore à partir de l'ancienne
spiritualité. Elle s'est évanouie,
évaporée vers le milieu du 19e
siècle, et à ce moment les humains
commencent par toute la terre à
mettre en œuvre une pensée dans
laquelle, lorsqu'ils sont laissés à
eux-mêmes, ce n'est plus l'esprit
qui règne, mais seulement l'humain.
Naturellement, ceci n'est exact
qu'en général. Chez Schiller et
Goethe, et de même chez leurs
contemporains, quelque chose de
l'ancienne spiritualité, de la
spiritualité atavique peut-on dire,
régnait encore. Elle ne se perd que
lentement, progressivement. Quand on
indique toujours qu'avec la
naissance du christianisme
l'ancienne spiritualité serait à sa
fin ; il faut ajouter qu'en fait,
cela ne signifie qu'une étape ; la
dernière trace s'en trouve dans des
productions du tournant du 18e au
19e siècle comme celles que nous
citons aujourd'hui. Et le dernier
reste vivait encore de façon telle
en l'humain que celui qui pensait
abstraitement, comme Schiller, avait
encore cette spiritualité dans sa
pensée abstraite, et que celui qui,
comme Goethe, était doté d'instincts
spiritualisés, disposait encore de
l'ancienne spiritualité. Elle y
vivait en quelque façon. Maintenant,
doit être recherché sur les voies
spirituelles-scientifiques,
maintenant l'humain doit justement
se résoudre à la spiritualité en
liberté. C'est de cela dont il
s'agit. Et sans la compréhension de
cette césure au milieu du 19e
siècle, on ne vient pas à une
véritable saisie de ce qui est
aujourd'hui d'une particulière
importance. Car prenez donc
seulement une fois ce fait :
Schiller porte son regard sur la
structure sociale. Les yeux fixés
sur la Révolution française, il
écrit alors ses Lettres esthétiques
; mais c'est l'humain qu'il regarde
lorsqu'il veut répondre à la
question : comment donner forme à
l'état/au contexte social ? Ce n'est
pas la question sociale telle que
nous la formulons au sens actuel. Ce
n'est qu'une conception purement
humaniste, que Schiller utilise pour
l'humanité commune, une conception
purement humaniste.
|
19
|
Und
wenn man dem nachgeht, was da
waltet, nicht so sehr in den
Behauptungen, sondern in der Art,
wie diese Behauptungen aufgestellt
werden, dann findet man: Es ist in
jener Zeit im Menschen noch der
allerletzte Rest, der letzte
Nachklang von der alten
Geistigkeit. Man redet da noch aus
der alten Geistigkeit heraus. Die
alte Geistigkeit ist letzten Endes
erst verrauscht und verraucht um die
Mitte des 19. Jahrhunderts, und um
die Mitte des 19. Jahrhunderts
beginnen die Menschen auf dem ganzen
Erdenrund so zu denken, daß in dem
Denken nicht mehr der Geist als
solcher waltet, sondern nur das
Menschliche, wenn sie sich sich
selbst überlassen. Natürlich ist das
nur im allgemeinen richtig. Bei
Schiller und Goethe, bei ihren
Zeitgenossen ebenso, waltete noch
etwas von Nachklängen der alten, man
darf sagen atavistischen
Geistigkeit. Das geht ja nur langsam
und allmählich verloren. Wenn man
immer wieder den Zeitpunkt angibt,
mit der Entstehung des Christentums
sei die alte Geistigkeit zu Ende
gewesen, so bedeutet das doch nur
eine Etappe; der letzte Ausläufer
liegt in dem, was um die Wende des
18. zum 19. Jahrhundert in solchen
Hervorbringungen gelebt hat wie in
den beiden heute angeführten. Er
lebte im Menschen so, daß derjenige,
der abstrakt dachte wie Schiller, in
dem abstrakten Denken die
Geistigkeit drinnen hatte, und bei
dem, der vergeistigte Instinkte
hatte wie Goethe, da lebte das in
den vergeistigten Instinkten
drinnen. Aber es lebte in
irgendeiner Weise. Jetzt muß es auf
geisteswissenschaftlichem Wege
gesucht werden, jetzt muß der
Mensch sich eben aus Freiheit zur
Geistigkeit durchringen. Das ist es,
worauf es ankommt. Und ohne das
Verständnis dieses Einschnittes in
der Mitte des 19. Jahrhunderts kommt
man nicht zu einer wirklichen
Erfassung dessen, was heute von
besonderer Wichtigkeit ist. Denn
nehmen Sie nur einmal diese
Tatsache: Schiller sieht auf die
soziale Struktur hin. Im Hinblick
auf die Französische Revolution
schreibt er dann seine Ästhetischen
Briefe; aber er blickt auf den
Menschen, indem er die Frage
beantworten will: Wie soll der
soziale Zustand sich gestalten? —
Das ist nicht die soziale Frage im
heutigen Sinne. Das ist eine bloß
humanistische Auffassung, die
Schiller für die ganz allgemeine
Menschheit verwendet, eine rein
humanistische Auffassung.
|
Depuis
le milieu du 19e siècle
maintenant, le regard n'est plus
tellement orienté vers l'humain,
mais sur l'extra-humain. Et
aujourd'hui il est généralement
d'usage, lorsqu'on parle sur la
question sociale, de faire
abstraction/de déconnecter de l'être
humain individuel, avec ses combats
intérieurs, avec ce qu'il fait de
soi par son auto-éducation, et de
regarder les contextes, sur ce qui
tout de suite repose dans la
structure sociale. Ce que Schiller
attendait de l'auto-éducation,
l'humain aujourd'hui l'attend de la
transformation des conditions
extérieures. Schiller disait : si
les humains deviennent ce qu'ils
peuvent être dans l'état médian, ils
créeront d'eux-mêmes une structure
sociale juste. Aujourd'hui, l'humain
dit : établissons une structure
sociale véritable, correcte, et
alors l'humain deviendra là-dedans
ainsi que ce qu'il devrait devenir.
|
20
|
Seit
der Mitte des 19. Jahrhunderts nun
wird der Blick nicht mehr so sehr
auf den Menschen gelenkt, sondern
auf das Außermenschliche. Und heute
ist es ja allgemein üblich, wenn
über die soziale Frage gesprochen
wird, den individuellen Menschen mit
seinen inneren Kämpfen, mit dem,
was er durch eigene Selbsterziehung
aus sich macht, eigentlich
auszuschalten und auf die Zustände,
auf dasjenige, was eben in der
sozialen Struktur liegt, zu sehen.
Der Mensch erwartet heute das, was
Schiller von der Selbsterziehung
erwartet, von der Umgestaltung der
äußeren Verhältnisse. Schiller
sagte: Werden die Menschen, wie sie
werden können im mittleren Zustande,
dann werden sie von selbst eine
richtige soziale Struktur schaffen.
Heute sagt der Mensch: Richten wir
eine wirkliche, richtige soziale
Struktur ein, dann wird der Mensch
darinnen so, wie er werden soll.
|
Ainsi,
en un court laps de temps, toute la
façon de ressentir, la forme de la
sensibilité s'est vraiment inversée.
Il est très important de bien
considérer cela. Un Schiller, un
Goethe, Ils n'auraient pas pu croire
que l'humain auto-éduqué conduit à
une structure sociale correcte dans
la vie en commun, s'ils n'avaient
pas encore senti dans l'humain
lui-mème l'universellement l'humain
dans la vie en commun. Ils ont dans
une certaine mesure senti dans
l'individu la réalité de la société
humaine. Mais ce n'était plus
efficace. On pouvait bien, à
l'époque de Schiller et de Goethe,
se livrer à de belles considérations
pleines d'esprit sur la meilleure
auto-éducation — c'était précisément
l'écho de la vie atavique du passé,
c'était dans une certaine mesure une
image de l'ancienne vie atavique ;
mais il ne vivait plus d'impulsivité
correcte dedans.
|
21
|
So
hat sich im Verlaufe von kurzer Zeit
die ganze Empfindungsweise, die
Form der Empfindungsweise wirklich
umgedreht. Das ist sehr wichtig, daß
man das ins Auge faßt. Ein Schiller,
ein Goethe, sie würden nicht haben
glauben können, daß der
selbsterzogene Mensch zu einer
richtigen sozialen Struktur im
Zusammenleben führt, wenn sie nicht
im Menschen selbst das
Allgemein-Menschliche im
Zusammenleben noch gefühlt hätten.
Sie haben gewissermaßen die
menschliche Gesellschaft im
einzelnen Menschen mitgefühlt. Aber
es war nicht mehr wirksam. Man
konnte gewissermaßen zur Zeit
Schillers und Goethes geistvolle,
schöne Betrachtungen über die beste
Selbsterziehung anstellen — es war
eben der Nachklang des alten
atavistischen Lebens, es war
gewissermaßen ein Bild des alten
atavistischen Lebens, aber es lebte
nicht mehr richtige Impulsivität
darin.
|
Et
aujourd'hui, dans ce que les humains
élaborent sur les meilleures
conditions sociales dans lesquelles
les humains devraient vivre, il n'y
a pas davantage une force
d'impulsion/une impulsivité vers le
social. Chez Schiller, la société
humaine était encore disponible en
l'humain individuel pour la
réflexion/considération ; mais elle
n'était plus agissante. Aujourd'hui,
dans l'hypothèse, dans la structure
sociétale que la pensée construit,
l'humain est disponible, mais pas
agissant. Il faut d'abord que soit
trouvé l'être humain par la
considération du monde extérieur,
dans le regard sur le monde
extérieur. Et d'ailleurs l'humain
doit être trouvé au plein sens du
mot. Schiller croyait encore trouver
la société humaine en l'individu.
Nous devons porter le regard sur le
monde, sur la société humaine
absolument, et hors nous-mêmes,
pouvoir trouver l'humain.
|
22
|
Ebensowenig
lebt heute in dem, was die Menschen
so ausdenken über die besten
sozialen Verhältnisse, in denen die
Menschen leben sollen, schon irgend
etwas, was soziale Impulsivität hat.
Bei Schiller war die menschliche
Gesellschaft im einzelnen Menschen
noch vorhanden für die Betrachtung,
aber nicht mehr wirksam. Heute ist
in der Hypothese, in der
ausgedachten gesellschaftlichen
sozialen Struktur, der Mensch
vorhanden, aber nicht wirksam. Es
muß der Mensch erst wiederum
gefunden werden in der Betrachtung
der Außenwelt, in dem Hinblick auf
die Außenwelt. Und zwar in
durchgreifendem Sinne muß der Mensch
gefunden werden. Schiller glaubte
noch, die menschliche Gesellschaft
im einzelnen Menschen zu finden. Wir
müssen auf die menschliche
Gesellschaft überhaupt, auf die Welt
blicken und draußen uns selbst, den
Menschen finden können.
|
Seule
la science de l'esprit véritable le
fait en un sens radical/fondamental.
Prenez ma « Science de l'Occulte»,
prenez ce qui aujourd'hui provoque
avant tout l'animosité/choque
encore le plus souvent : la doctrine
de l'évolution, évolution de
Saturne, Soleil, Lune, Terre :
partout l'humain est dedans. Pensez
à quel point la cosmologie usuelle,
la manière courante de voir les
choses a perdu l'humain de vue.
Pensez à la grotesque — « insensée
», dit justement Herman Grimm —
théorie de Kant-Laplace ! : Une
nébuleuse universelle se meut
lentement, ce qui est là en rotation
se développe et finalement, l'humain
fait son apparition, comme s'il
sortait d'une boite. Prenez
l'évolution comme la science de
l'esprit l'enseigne, prenez le
premier état décrit, le contexte
saturnien. Vous avez là les
premières dispositions de l'humain ;
vous n'avez nulle part le monde
purement abstrait, le cosmos
purement abstrait, vous avez partout
de quelque façon l'humain reposant
dans la chose. L'humain n'est
absolument pas isolé du monde. Et
c'est là le commencement de ce que
l'époque veut instinctivement, à
partir d'impulsions tout à fait
obscures. Avant le milieu du 19e
siècle, l'époque a regardé l'humain
et a cru trouver le monde en lui.
Après le milieu du 19e
siècle, l'époque veut seulement
regarder le monde. Mais c'est
infructueux. Cela conduit finalement
tout de suite à des théories vides
d'humain si pas déjà l'humain est
trouvé dans ce qui constitue le seul
monde. C'est pourquoi la science de
l'esprit sert véritablement les
instincts sinon les plus obscurs,
cependant justifiés. Elle est, si je
puis employer cette expression
écœurante des journalistes, ce qui
est vraiment actuel, car elle est au
service des impulsions que l'époque
engendre. Ce que les humains veulent
sans savoir qu'ils le veulent, la
science de l'esprit y répond :
porter le regard sur le monde
extérieur et trouver l'humain dans
le monde extérieur. Mais c'est cela
qui importe. Et c'est ce qui,
aujourd'hui, est encore mal vu, et
même exécré ; mais qu'il faudra
nécessairement cultiver si sur ce
point une forme quelconque de salut
doit vraiment apparaître à l'avenir.
|
23
|
In
durchgreifendem Sinne tut das nur
die wirkliche Geisteswissenschaft.
Nehmen Sie meine «Geheimwissenschaft
im Umriß», nehmen Sie dasjenige, was
heute noch am allermeisten Anstoß
erregt, die Entwickelungslehre,
Saturn-, Sonnen-, Monden-,
Erdenentwickelung : überall ist der
Mensch drinnen. Denken Sie, wie die
übrige Betrachtungsweise, die
kosmologische Betrachtung, den
Menschen verloren hat. Denken Sie an
die groteske — wie Herman Grimm
richtig sagt —, wahnsinnige
Kant-Laplacesche Theorie! Denken
Sie: Da ist ein allgemeiner
Weltennebel in langsamer Bewegung,
da entwickelt sich das nachher
weiter, was da in rotierender
Bewegung ist, und zuletzt tritt der
Mensch wie aus der Pistole
geschossen auf. Nehmen Sie die
Evolution, wie sie die
Geisteswissenschaft lehren muß,
nehmen Sie den ersten Zustand, der
beschrieben werden kann, den
Saturnzustand. Sie haben die ersten
Anlagen des Menschen drinnen;
nirgends haben Sie die bloße
abstrakte Welt, den bloßen
abstrakten Kosmos, überall haben Sie
irgendwie den Menschen in der Sache
drinnen liegen. Der Mensch ist gar
nicht abgesondert von der Welt. Das
ist der Anfang dessen, was aus ganz
dunkeln, aus ganz finstern Impulsen
heraus die Zeit instinktiv will. Die
Zeit vor der Mitte des 19.
Jahrhunderts hat auf den Menschen
geblickt und geglaubt, im Menschen
die Welt zu finden. Die Zeit nach
der Mitte des 19. Jahrhunderts will
nur noch auf die Welt blicken. Aber
das ist unfruchtbar. Das führt
zuletzt zu geradezu menschenleeren
Theorien, wenn nicht in allein
Weltlichen schon der Mensch gefunden
wird. Deshalb dient diese
Geisteswissenschaft wirklich den
sonst finstersten, aber berechtigten
Instinkten. Sie ist, wenn ich den
ekelhaften Journalistenausdruck
gebrauchen darf, das wirklich
Zeitgemäße, denn sie dient den
Impulsen, welche die Zeit aus sich
selbst hervortreibt. Das, was die
Menschen wollen, ohne daß sie
wissen, was sie wollen, das wird
durch die Geisteswissenschaft
erfüllt: Hinzublicken auf die
Außenwelt und in der Außenwelt den
Menschen zu finden. Das ist es aber,
worauf es ankommt. Und das ist es,
was heute noch verpönt, ja
verabscheut wird, was aber notwendig
wird gepflegt werden müssen, wenn
irgendein Heil in diesem Punkte in
der Zukunft wirklich eintreten soll.
|
L'humain
d'aujourd'hui devrait s'assimiler
des écrits comme ces Lettres
esthétiques de Schiller, pour,
j'aimerais dire volontiers, donner
de l'élasticité à son esprit, qui
sinon reste fixé sur les conditions
matérielles. L'esprit devient plus
libre lorsqu'on laisse agir ces
choses sur soi. Mais il faut alors
progresser vers une nouvelle
appréhension du monde. On ne peut
pas en rester là. On peut
aujourd'hui comprendre Schiller et
Goethe dans le sens du goethéanisme,
mais non pas en restant là où ils
étaient ; il faut reconnaître ce qui
était fécond en eux avec l'aide de
ce que la science de l'esprit offre
aujourd'hui.
|
24
|
Solche
Schriften wie Schillers Ästhetische
Briefe soll der heutige Mensch
aufnehmen, ich möchte sagen, um
seinen Geist zu lockern, der sonst
fest hereinversetzt ist in das
materielle physische Dasein. Man
wird freier im Geiste, wenn man
diese Dinge auf sich wirken läßt.
Aber man muß dann vorschreiten zur
neuen Erfassung der Welt. Man kann
nicht stehenbleiben bei diesen
Dingen. Man darf heute Schiller, man
darf Goethe im Sinne des
Goetheanismus verstehen, aber nicht
so, daß man bei Schiller und Goethe
stehenbleibt, sondern daß man das
Fruchtbare in ihnen gerade mit Hilfe
dessen erkennt, was die
Geisteswissenschaft heute bietet.
|
Et
ainsi un élargissement de la
connaissance de l'humain doit aussi
intervenir si l'on veut maintenant
trouver l'humain dans les conditions
extérieures, dans le monde
extérieur. Ce qui sera important,
c'est de comprendre réellement
l'organisme social extérieur dans
lequel l'humain vit. Mais on ne le
comprendra que lorsqu'on y verra
l'humain présent. L'être humain est
un être trimembré/triarticulé. A
toutes les époques, il s'active
aussi de manière trimembrée, à
l'exception de notre époque où,
parce que tout de suite à l'époque
de l'âme de conscience il doit se
placer en un point unique : celui de
son propre soi, il concentre en lui
en quelque sorte tout sur une seule
force ; sinon, au cours de
l'évolution de l'humanité, il s'est
activé de manière triarticulée.
Aujourd'hui, chacun a en fait la
sensation qu'en tant qu'humain, tout
lui viendrait d'une chose unique. Il
pense : quand on me pose une
question quelconque, quand la vie
m'impose une tâche, j'en juge en
humain de mon point de vue. — Mais
ce n'est plus l'entité humaine tout
entière qui en juge ; l'entité
humaine a premièrement l'humain au
milieu, puis au-dessus quelque
chose, et au-dessous quelque chose.
Ce qui se trouve au milieu, c'est le
jugement, ce sont les actions que
les jugements engendrent. Ce qui est
au-dessus, est l'inspiration/le
‘donné dedans’ ("Eingebung", , pas
"Inspiration"), ce que l'on
contemple, par sentiment religieux
ou autre 'donné dedans' spirituel
sinon, comme quelque chose de plus
haut, de suprasensible. Et ce qui
est en dessous du jugement c'est
l'expérience, c'est la somme des
expériences vécues : 'donné dedans'
— jugement — expérience.
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25
|
Und
so muß eine Erweiterung auch der
Menschenlehre eintreten, wenn man in
den äußeren Verhältnissen, in der
Außenwelt nun den Menschen finden
will. Das, worauf es ankommen wird,
wird sein: den äußeren sozialen
Organismus, in dem der Mensch
drinnen lebt, wirklich zu verstehen.
Aber man wird ihn erst verstehen,
wenn man den Menschen drinnen schaut
in dem sozialen Organismus. Der
Mensch ist ein dreigliedriges Wesen.
Er betätigt sich auch in allen
Zeitaltern in dreigliedriger Weise,
mit Ausnahme unseres Zeitalters, in
welchem der Mensch, weil er gerade
auf sich selbst, auf den einzigen
Punkt des eigenen Selbstes sich
stellen soll im
Bewußtseinszeitalter, gewissermaßen
alles auf eine einzige Kraft in ihm
konzentriert; sonst betätigt er sich
auch in der Menschheitsentwickelung
in dreigliedriger Weise. Denn heute
hat jeder eigentlich das Gefühl, daß
ihm als Mensch alles aus einem
Einzigen fließe. Er denkt: Nun, wenn
mir irgendeine Frage vorgelegt wird,
wenn mir das Leben irgendeine
Aufgabe stellt, dann urteile ich als
Mensch so aus mir heraus. — Das ist
aber eigentlich nicht die ganze
menschliche Wesenheit, aus dem
heraus da geurteilt wird, sondern
die menschliche Wesenheit hat
erstens den Menschen in der Mitte,
dann darüber etwas und darunter
etwas. Das, was in der Mitte ist,
ist das jeweilige Urteilen, aus
Urteilen handeln. Dasjenige, was
darüber ist, ist die Eingebung, das,
was man durch Religion oder sonstige
geistige Eingebung als etwas
Höheres, Übersinnliches anschaut.
Und dasjenige, was unter dem
jeweiligen Urteil ist, ist die
Erfahrung, ist die Summe der
Erlebnisse: Eingebung — jeweiliges
Urteilen — Erfahrung.
|
L'humain
tient actuellement peu compte des
deux. Le 'donné dedans' : vieille
superstition doit être surmonté !
L'expérience aussi, l'humain moderne
la considère peu, sinon il tiendrait
mieux compte de la différence entre
l'ignorance de la jeunesse et le
savoir que l'expérience apporte avec
l'âge. Et certes, ce n'est pas
seulement dans sa conscience qu'il
s'y arrête peu, c'est aussi dans la
pratique. Et il n'expérimentera rien
en effet, l'humain moderne, parce
qu'il ne croit pas à l'expérience.
Aujourd'hui, la plupart des humains,
quand ils ont des cheveux gris et
des rides, ne sont pas plus avisés
qu'à vingt ans, parce que l'humain
ne croit pas à l'expérience. En
effet, on devient vraiment plus
avisé dans la vie, et pourtant on
reste toujours bête ; on engrange de
l'expérience, et l'expérience est
l'autre pôle du 'donné dedans' . Le
'donné dedans' peut venir à tout âge
; l'expérience ne peut venir qu'au
cours du temps vécu entre la
naissance et la mort. Entre les deux
se tient alors le jugement du
moment.
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26
|
Beides
berücksichtigt heute der Mensch
wenig. Eingebung : alter Aberglaube,
muß überwunden werden! Erfahrung
berücksichtigt heute der Mensch auch
wenig, sonst würde er den
Unterschied zwischen jugendlichem
Nichtswissen und älterem
Wissen-durch-Erfahrung mehr
berücksichtigen. Er berücksichtigt
ihn allerdings nicht nur im
Bewußtsein nicht, sondern auch in
der Praxis nicht. Er wird nämlich
nichts erfahren, der heutige Mensch,
aus dem Grunde, weil er nicht an die
Erfahrung glaubt. Die meisten
Menschen sind heute, wenn sie graue
Haare und Runzeln haben, auch nicht
viel gescheiter, als wenn sie
zwanzig Jahre alt sind, weil der
Mensch nicht an die Erfahrung
glaubt. Man wird nämlich wirklich im
Leben immer gescheiter, und man
bleibt doch immer dumm; aber
Erfahrung sammelt man, und die
Erfahrung ist der andere Pol von der
Eingebung. Die Eingebung kann in
jedem Lebensalter kommen; die
Erfahrung kann nur kommen, indem man
durch die Zeit hindurchlebt zwischen
Geburt und Tod. Dazwischen steht
dann das jeweilige Urteil.
|
Je
l'ai souvent dit : aujourd'hui, on
lit des jugements ; des jugements
critiques émanant des plus jeunes,
qui n'ont pas encore vu le monde. Il
arrive même que des personnes âgées
produisent quelque chose, écrivent
des gros livres, sur lesquels les
blancs-becs portent des jugements
critiques. Ce n'est pas la méthode
par laquelle on peut vraiment
progresser comme humain. Celle qui
fait progresser, c'est celle par
laquelle on s'efforce de s'appuyer
sur les gens d'âge, par laquelle on
s'efforce de les suivre, parce qu'on
les tient pour plus capables de
jugement en raison de leur
expérience.
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27
|
Ich
habe es oft gesagt, heute liest man
Urteile, kritische Urteile von den
jüngsten Leuten, die sich gar nicht
in der Welt umgesehen haben. Da
kommt es sogar vor, daß alte
Menschen etwas produzieren, dicke
Bücher schreiben, und die jüngsten
Dachse beurteilen sie kritisch. Das
ist nicht die Methode, durch die man
wirklich als Mensch vorwärtskommt.
Die Methode, durch die man als
Mensch vorwärtskommt, ist diese, daß
man sich an dem Alter aufrichtet,
daß man ihm nachstrebt, daß man es
für urteilsfähiger hält durch die
Erfahrung.
|
Donc,
dans ses activités pratiques,
l'humain est donc aussi un être
triarticulé, et il l'est à tout
point de vue. Dans mon livre « Von
Seelenrätseln (Des énigmes de
l'âme)» (3) vous trouverez ce qui
correspond au 'donné dedans' :
l'humain-tête, l'humain
neuro-sensoriel — ce qui correspond
à la faculté de jugement :
l'humain-poitrine, et correspondant
à l'expérience : l'humain-membres.
Je pourrais dire aussi : l'humain de
la vie neuro-sensorielle, l'humain
de la vie des rythmes, et l'humain
du métabolisme, des échanges. On ne
tient pas compte aujourd'hui de
cette nature triarticulée de
l'humain. C'est pourquoi aussi on
n'atteint pas à son corollaire
cosmique, parce qu'on ne veut pas,
d'une manière générale, passer du
sensible au suprasensible. Lorsqu'il
mange, l'humain unit à son organisme
des aliments qu'il reçoit de
l'extérieur et il pense : eh oui,
là-dedans l'organisme triture la
chose, prend ce dont il a besoin ;
le reste est éliminé, et ainsi de
suite. Ceci d'un côté.
|
28
|
Also
der Mensch ist auch in der
praktischen Betätigung ein
dreigliedriges Wesen, und er ist in
jeder Hinsicht ein dreigliedriges
Wesen. Lesen Sie mein Buch «Von
Seelenrätseln», so werden Sie finden
der Eingebung entsprechend den
Kopfmenschen, Sinnes-Nervenmenschen,
dem jeweiligen Urteile entsprechend
den Brustmenschen, und der Erfahrung
entsprechend den
Extremitätenmenschen. Ich könnte
auch sagen : den Menschen des
Sinnes-Nervenlebens, den Menschen
des rhythmischen Lebens und den
Menschen des Stoffwechsels. Diese
dreigliedrige Natur des Menschen
berücksichtigt man heute nicht.
Deshalb kommt man auch nicht zu dem
entsprechenden kosmischen Korrelat.
Man kann nicht zu dem
entsprechenden kosmischen Korrelat
kommen, weil man ja überhaupt vom
Sinnlichen zu dem übersinnlichen
nicht aufsteigen will. Der Mensch
ißt heute, das heißt, er vereinigt
die äußeren Nahrungsmittel mit
seinem Organismus, und er denkt :
Nun ja, dadrinnen ist der
Organismus, der verkocht so die
Sache, nimmt sich so, was er
braucht, heraus; das andere, nicht
wahr, läßt er unverbraucht abgehen,
und so geht die Geschichte weiter.
Das auf der einen Seite.
|
De
l'autre côté : je regarde le monde
avec mes sens. J'assimile ce qui est
sensible, je l'élabore par la
compréhension, et je l'introduis
dans mon âme comme j'introduis les
aliments dans mon corps. Ce qui est
dehors, ce que les yeux voient et
que les oreilles entendent, je le
porte ensuite en moi sous forme de
représentations ; ce qui est
au-dehors : froment, poisson, viande
— que sais-je — je le porte en moi
et le digère là-dedans, le cuit
jusqu’au bout, etc.
|
29
|
Auf
der andern Seite: Ich sehe mit
meinen Sinnen in die Welt hinaus.
Das Sinnliche nehme ich auf und
verarbeite das verstandesmäßig, und
das führe ich nun in die Seele
hinein, wie die Nahrungsmittel in
den Leib. Das, was da draußen ist,
was Augen sehen, was Ohren hören,
trage ich dann in mir als
Vorstellung; das, was da draußen ist
als Weizen, Fisch, Fleisch, was weiß
ich, trage ich dann in mir, indem
ich es dadrinnen verdaue, verkoche
und so weiter.
|
Mais
ainsi, on ne tient pas compte du
fait que tout ce qui est aliment a
aussi son aspect interne. Ce que
l'on voit avec les sens extérieurs
n'a aucun rapport avec notre nature
profonde. Avec ce que votre langue
savoure, ce que votre estomac
digère, et de façon telle qu'on peut
le constater avec les moyens de la
science ordinaire, vous pouvez
entretenir votre métabolisme
quotidien, mais vous ne pouvez
entretenir l'autre métabolisme,
celui qui par exemple fait qu'aux
environs de la septième année, les
dents de lait tombent et sont
remplacées par des nouvelles. Ce
métabolisme-là n'est pas nourri par
ce que les sens ordinaires
perçoivent dans les aliments ; il
est constitué par les forces plus
profondes des aliments, celles
qu'aucune chimie ne peut faire
apparaître par un moyen quelconque.
Ce que l'être humain absorbe comme
aliment possède une nature
spirituelle profonde, cette nature
spirituelle qui engendre aussi une
activité intense en l'humain, mais
seulement quand il dort. Dans vos
aliments vivent en effet les esprits
des plus hautes Hiérarchies, les
Séraphins, les Chérubins, les
Trônes. Vos aliments ont une réalité
extérieure, celle dont vous percevez
le goût, celle que la pepsine ou la
ptyaline dissolvent ; mais en outre,
dans ces aliments vivent des forces
qui modèlent l'univers, si
puissantes que ces forces
hyposensibles — dirais-je mieux—
recèlent les impulsions qui
engendrent le changement de
dentition, la puberté, la
métamorphose future de la nature
humaine. Seul le métabolisme
quotidien est entretenu par ce que
l'humain connaît grâce à la science
extérieure. Le métabolisme dont le
courant accompagne la vie est
entretenu par les Hiérarchies les
plus hautes, qui sont à la base des
aliments. Et derrière ce que les
sens perçoivent résident en réalité
les êtres de la troisième Hiérarchie
: Angeloï, Archangeloï, Archaï. — Si
bien que vous pouvez dire :
perception sensorielle : troisième
Hiérarchie, — substances
alimentaires : première Hiérarchie,
et entre les deux la seconde
Hiérarchie qui vit dans la
respiration et d'une manière
générale dans toute activité
rythmique de l'humain.
|
30
|
Ja,
dabei wird eben nicht
berücksichtigt, daß alles, was
Nahrungsstoffe sind, auch seine
Innenseite hat. Das, was man sieht
mit den äußeren Sinnen und was man
erlebt mit den äußeren Sinnen an den
Nahrungsmitteln, das hat keinen
Bezug zu unserer tieferen Natur. Sie
können mit dem, was Ihre Zunge
schmeckt, was Ihr Magen verdaut, so
verdaut, daß es nachkonstatierbar
ist mit der gewöhnlichen heutigen
Wissenschaft, Ihren täglichen
Stoffwechsel besorgen, aber Sie
können niemals den andern
Stoffwechsel besorgen, der zum
Beispiel dazu führt, daß Sie
ungefähr im siebenten Jahre die
ersten Zähne auswerfen und neue
bekommen. Das, was diesen
Stoffwechsel ausmacht, das liegt
nicht in dem, was durch die
gewöhnlichen Sinne aufgefaßt wird
von den Nahrungsmitteln, sondern das
liegt in den tieferen Kräften der
Nahrungsmittel, die heute keine
Chemie irgendwie an die Oberfläche
bringt. Das, was der Mensch als
Nahrungsmittel aufnimmt, das enthält
eine tief geistige Seite, jene
geistige Seite, die sich auch sehr
stark im Menschen betätigt, aber nur
wenn er schläft. In dem, was Ihre
Nahrungsmittel sind, leben nämlich
die Geister der höchsten
Hierarchien, Seraphim, Cherubim,
Throne. Ihre Nahrungsmittel haben
eine äußere Seite, wenn Sie sie
schmecken, wenn Sie sie auflösen in
Pepsin oder Ptyalin; aber in diesen
Nahrungsmitteln lebt etwas
Weltgestaltendes, so weltgestaltend,
daß in den Kräften, die da
untersinnlich -- werde ich besser
sagen — in den Nahrungsmitteln
leben, die Impulse sind für den
Zahnwechsel, für die
Geschlechtsreife, für die spätere
Metamorphose der menschlichen Natur.
Das lebt dadrinnen. Nur der
tägliche Stoffwechsel wird besorgt
durch das, was der Mensch durch
äußere Wissenschaft kennt. Dieser
Stoffwechsel, der durch das Leben
geht, der wird durch die höchsten
Hierarchien besorgt, die in den
Nahrungsmitteln als Unterlagen
drinnen sind. Und hinter dem, was
die Sinne schauen, da breiten sich
in Wirklichkeit aus die Wesen der
dritten Hierarchie: Angeloi,
Archangeloi, Archai. — So daß Sie
sagen können: Sinneswahrnehmung:
Dritte Hierarchie, Nahrungsstoff:
Erste Hierarchie, und dazwischen ist
die zweite Hierarchie, die lebt im
Atmen, überhaupt in aller
rhythmischen Tätigkeit des Menschen.
[Le
sensoriel et l'alimentaire !!!!!!]
|
La
Bible expose cela de façon tout à
fait juste. Les esprits nommés les
Élohim sont avec Yahvé introduits
dans les êtres humains par le
souffle. La science du passé avait
encore de ces choses une
connaissance atavique tout à fait
juste. Et ainsi, en vous consacrant
à une véritable connaissance de
l'humain, vous êtes aussi conduits
dehors à une cosmologie
exacte/correcte.
|
31
|
Die
Bibel hat das noch ganz richtig
dargestellt. Diejenigen Geister, die
die Elohim sind, mit Jahve, werden
durch den Atem in die Menschen
eingeführt. Die alte Wissenschaft
wußte atavistisch diese Dinge noch
ganz richtig. Da werden Sie, wenn
Sie auf eine wirkliche
Menschenkenntnis eingehen, auch in
eine richtige Kosmologie
hinausgeführt.
|
La
science de l'esprit inaugure en
premier à nouveau cette manière de
voir. Elle cherche à nouveau
l'humain dans le monde extérieur,
elle fait du monde entier un être
humain. Mais cela, on ne peut pas le
faire si l'on ne considère pas
l'humain triarticulé, si l'on ignore
que l'humain est vraiment une
trinité. Aujourd'hui on
réfrène/opprime l'inspiration/le
'donné dedans' et l'expérience. Les
humains n'apprécient à leur valeur
ni l'inspiration ni l'expérience.
Et pas davantage ce qui va dans les
sens, ni ce qui va dans les aliments
; car au cours de la vie, les
aliments ne leur sont rien de plus
que ce que les sens extérieurs
proposent. Mais c'est là une
caricature ahrimanienne des
aliments, ce n'est pas ce que voit
un regard qui porte sur les réalités
profondes en toute création, dans
les aliments par exemple. La science
de l'esprit ne conduit pas à
mépriser la matière, mais à la
spiritualiser. Et si quelqu'un
jetait un regard méprisant sur les
aliments, il lui faudrait faire
l'expérience suivante : la science
de l'esprit lui dirait ces paroles
apparemment grotesques : ce sont les
plus hautes Hiérarchies, les
Séraphins, les Chérubins, les
Trônes, qui vivent précisément dans
les aliments.
|
32
|
Diese
Betrachtungsweise inauguriert erst
wiederum die Geisteswissenschaft.
Sie sucht den Menschen wiederum in
der Außenwelt auf, macht die ganze
Welt zum Menschen. Aber das kann man
nicht, wenn man nicht den
dreigliedrigen Menschen ins Auge
faßt, wenn man nicht weiß, daß der
Mensch wirklich eine Trinität ist.
Heute ist Eingebung und Erfahrung
unterdrückt. Der Mensch wird nicht
gerecht der Eingebung und der
Erfahrung. Er wird auch nicht
gerecht dem, was in die Sinne geht,
und er wird nicht gerecht dem, was
in die Nahrungsmittel geht, denn im
Verlaufe des Lebens sind ihm die
Nahrungsmittel bloß das, was die
äußeren Sinne darbieten. Das ist
aber nur eine ahrimanische
Verzerrung der Nahrungsmittel, das
ist nicht ein Hinblicken auf das,
was tiefer in allem Geschöpflichen
lebt, wie zum Beispiel in den
Nahrungsmitteln. Geisteswissenschaft
führt nicht zur Verachtung der
Materie, sondern zum Durchgeistigen
der Materie. Und wenn irgend jemand
auf die Nahrungsmittel mit
Verachtung hinblicken würde, so
müßte er es erleben, daß die
Geisteswissenschaft ihm nun sogar
groteskerweise sagt: Die höchsten
Hierarchien, Seraphim, Cherubim und
Throne, die leben gerade in den
Nahrungsmitteln drinnen.
|
Donc
notre époque rassemble d'une manière
confuse, chaotique, l'humaine
triarticulé, le fait un monôme.
Pratiquement, pour la structure
sociale, la contre-image [de
l'humain triarticulé] est là, en ce
que tout est fait monôme de légalité
étatique. C'est l'exacte
contre-image. Tout devrait s'insérer
dans la légalité étatique. Nous
voyons donc une trinité qui
doit/devrait se composer de trois
membres : premièrement la base de
nature de la vie, de tout
l'économique de la vie, l'économie.
Deuxièmement de la régulation
législative/légale qui aussi
correspond au milieu/médian de
l'humain, au rythme. Et
troisièmement de la vie spirituelle.
Et nous voyons comment cette
triade/ce triple veut s'unifier. La
gestion, l'économique doit
progressivement être pris en charge
par l’État, l’État doit être
l'unique entrepreneur. La vie
spirituelle a depuis longtemps été
absolument remise à la charge de
l’État. La même chose que d'un côté
l'humain qui ne se comprend plus,
représente, devrait la représenter
de l'autre côté l'État, qu'on ne
comprend plus parce qu'on ne trouve
plus l'humain dans la structure
sociale. Ces trois membres de la
structure sociale : économie,
régulation à la mesure de lois, vie
spirituelle, sont aussi radicalement
différents entre eux que tête,
poitrine et ventre. Si vous voulez
charger l’État avec l'économie,
c'est comme si vous vouliez manger
avec votre cœur et vos poumons à la
place de l'estomac. L'humain
prospère seulement parce que ces
trois systèmes sont hors l'un de
l'autre, et en cet hors l'un de
l'autre œuvrent ensemble. Ainsi,
l'organisme social peut seulement
prospérer quand les trois membres
comme membres autonomes, œuvrent
ensemble vraiment à côté l'un de
l'autre sans être confondus en un
monôme. Car à toute régulation par
la loi/législative, qui correspond
en l'humain au rythme, au système
respiratoire qui maintient
l'équilibre entre le ventre et la
tête, correspond un élément
absolument impersonnel devant lequel
tous les humains sont égaux. Dans la
formule : devant la loi tous les
humains sont égaux -, s'exprime
aussi cela ; là, n'est rien de
l'humain dedans. C'est pourquoi tous
les humains doivent aussi en prendre
soin, c'est pourquoi représentation
générale sur ce domaine, c'est
pourquoi aussi une certaine volonté
de fixité chez ces choses, mais à
cause de cela aussi quelque chose
qui des deux côtés est resté
stérile. Nous devons respirer. Mais
si d'un côté du processus du
respirer, la nourriture n'est pas
assurée/amenée, et de l'autre côté
les impressions sensorielles, nous
ne sommes plus des humains. Nous
devons avoir un État qui règle les
choses de par les lois/légalement en
des lois impersonnelles. Mais si
dans cet État n'agit pas dedans le
semi/demi-personnel de l'économie,
où l'humain y est participant et le
tout à fait personnel, notamment
pour la vie extérieure de l'état la
toute personnelle vie de l'esprit ,
ainsi l'organisme étatique est
justement ainsi impossible qu'un
humain qui voudrait seulement vivre
comme humain de respiration. Aussi
peut chez l'humain actuel, l'estomac
ne peut faire ce que font le cœur et
les poumons, et la tête ne peut pas
exercer son activité si elle se fait
aussi cœur et poumons ; il est de
même impossible que s'établisse une
structure sociale saine si l'on
impose à l'État la charge des deux
autres systèmes : le système
économique, où l'humain doit être
présent, dont les entreprises ne
peuvent pas s'isoler/se détacher
tout à fait de l'humain, et la vie
spirituelle, qui doit venir pour
l’État comme pour l'humain ainsi que
ce qu'il mange, de la nature, entre
de dehors dans l'humain. Cela doit
devenir un enseignement nouveau qui
doit valoir comme fondamentale : la
structure sociale est triarticulée.
Vous ne pouvez pas agir en humain
dans le monde si vous ne mangez pas,
il faut que la nourriture vous
vienne de dehors. Vous ne pouvez pas
placer un État dans le monde et ne
pas lui apporter sa nourriture -
c'est l'inverse ici, c'est pourquoi
je l'ai aussi écrit à l'envers (4) —
de l'humain produisant
spirituellement.
|
33
|
Also
unser Zeitalter faßt zusammen in
einer unklaren, chaotischen Weise
den dreigliedrigen Menschen, macht
ihn zum Monon. Praktisch, für die
soziale Struktur, ist das Gegenbild
[des dreigliedrigen Menschen] da,
indem alles zum Monon staatlicher
Gesetzlichkeit gemacht wird. Das ist
das genaue Gegenbild. Alles soll
aufgehen in die staatliche
Gesetzmäßigkeit. Wir sehen also eine
Trinität, welche sich aus drei
Gliedern zusammensetzen soll:
Erstens aus der Naturgrundlage des
Lebens, aus allem Wirtschaftlichen
des Lebens, Ökonomie. Zweitens aus
'der gesetzlichen Regulierung, die
auch dem Mittleren des Menschen
entspricht, dem Rhythmus. Und
drittens dem geistigen Leben. Und
wir sehen, wie sich dieses Dreifache
vereinheitlichen will. Die
Wirtschaft, das Ökonomische, soll
allmählich dem Staat aufgebuckelt
werden, der Staat soll der alleinige
Unternehmer werden. Das geistige
Leben ist ja schon vor langer Zeit
überhaupt dem Staate aufgebuckelt
worden. Dasselbe, was auf der einen
Seite der Mensch, der sich nicht
mehr versteht, darstellt, soll auf
der anderen Seite der Staat
darstellen, den man nicht mehr
versteht, weil man nicht mehr den
Menschen in der sozialen Struktur
drinnen findet. Diese drei Glieder
der sozialen Struktur, Wirtschaft,
gesetzmäßige Regelung, geistiges
Leben, sind so radikal voneinander
verschieden wie Kopf, Brust und
Unterleib. Wenn Sie den Staat mit
der Wirtschaft belasten wollen, so
bedeutet das dasselbe, wie wenn Sie
mit Lunge und Herz essen wollten,
statt mit dem Magen. Der Mensch
gedeiht nur dadurch, daß seine drei
Systeme außereinander sind und im
Außereinander zusammenwirken. So
kann auch der soziale Organismus nur
gedeihen, wenn die drei Glieder als
selbständige Glieder nebeneinander
wirklich wirken und nicht
zusammengepfercht werden in einen
Monon. Denn aller gesetzlichen
Regulierung, die im Menschen dem
Rhythmus, dem Atmungssystem
entspricht, das auch nur zwischen
Bauch und Kopf reguliert,
entspricht ein absolut
unpersönliches Element, vor dem alle
Menschen gleich sind. In dem
Ausspruch: Vor dem Gesetz sind alle
Menschen gleich —, drückt sich das
auch aus ; da ist nichts vom
Menschen drinnen. Daher müssen es
auch alle Menschen besorgen, daher
allgemeine Vertretung auf diesem
Gebiete, daher auch ein gewisses
Stehenbleiben-Wollen bei diesen
Dingen; aber daher auch etwas, was
nach beiden Seiten hin steril
geblieben ist. Wir müssen atmen.
Aber wenn nicht auf der einen Seite
dem Prozeß des Atmens die Nahrung
zugeführt wird und auf der andern
Seite die Sinnesempfindung, dann
sind wir nicht Menschen. Wir müssen
einen Staat haben, der gesetzlich
regelt in unpersönlichen Gesetzen.
Wenn aber in diesen Staat nicht
hineinwirkt das halb Persönliche
der Ökonomie, wo der Mensch daran
beteiligt ist, und das ganz
Persönliche, nämlich für das
Außenleben des Staates ganz
persönliche Geistesleben, so ist der
staatliche Organismus ebenso
unmöglich, wie wenn der Mensch nur
als Atmungsmensch leben wollte. So
wenig der Magen beim gegenwärtigen
Menschen das tun kann, was Herz und
Lunge tun, und der Kopf seine
Betätigung ausführen kann, wenn er
auch Herz und Lunge wird,
ebensowenig ist es möglich, wenn
eine gesunde soziale Struktur
eintreten soll, daß Sie dem Staate
auf buckeln die beiden andern
Systeme: Das ökonomische System, bei
dem der Mensch dabei sein muß,
dessen Unternehmungen sich nicht
ganz loslösen können vom Menschen,
und das geistige Leben, das für den
Staat wie für den Menschen so
kommen muß, wie das, was er ißt,
von der Natur aus von außen in den
Menschen hereinkommt. Das muß eine
neue Lehre werden, die als
fundamental gelten muß : daß die
soziale Struktur eine dreigliedrige
ist. Sie können sich nicht
hinstellen als Mensch in die Welt
und nichts essen, sondern Sie müssen
das Essen von außen hereinbekommen.
Sie können den Staat nicht
hinstellen in die Welt und ihm nicht
seine Nahrung zuführen — es ist
umgekehrt hier, deshalb habe ich
auch umgekehrt geschrieben — von
dem geistigen Produzieren der
Menschen.
|
Cette
productivité spirituelle des humains
est pour l’État a même chose que ce
qu'est la nourriture physique
extérieure pour l'humain particulier
individuel. Et vous ne pouvez pas
non plus édifier un État sans lui
donner d'autre part une certaine
base de nature dans l'économie. Car
l'économie est pour l’État
exactement ce qu'est chez l'individu
isolé humain l'élément qui est
amené/conduit à la respiration de
l'autre côté, par la perception
sensorielle.
|
|
Das
geistige Produzieren der Menschen
ist für den Staat dasselbe, was die
äußere physische Nahrung für den
einzelnen individuellen Menschen
ist. Und Sie können einen Staat
nicht hinstellen, ohne ihm auf der
andern Seite eine gewisse
Naturgrundlage in der Wirtschaft zu
geben. Denn die Wirtschaft ist für
den Staat genau dasselbe, was beim
einzelnen, individuellen Menschen
das Element ist, welches dem
Atmungsprozeß von der andern Seite
zugeführt wird, was dem Menschen
zugeführt wird durch die
Sinneswahrnehmung.
|
Tableau
|
|
|
Perception
sensorielle : Troisième Hiérarchie
Deuxième Hiérarchie :
Aliments
: Première Hiérarchie }
Respiration
Inspiration
| Homme-tête
— Vie neuro-sensorielle : 1. Base
naturelle, vie économique. Élément
semi-personnel, Fraternité
Jugement
du moment |
Homme-poitrine — Rythme :
2. Régulation par les lois,
Élément impersonnel Égalité
Expérience
| Extrémités
— Métabolisme : 3. Vie
spirituelle, personnalité,
liberté.
|
|
|
Vous
voyez par là que la véritable
connaissance de l'humain et la
véritable connaissance de la
structure sociale se conditionnent
réciproquement, et que l'on ne peut
parvenir à l'une sans l'autre. De
même que l'être humain est
homme-tête, homme-poitrine et
homme-métabolisme, donc homme
neuro-sensoriel, homme rythmique et
homme métabolique, l'État n'est pas
à lui seul un organisme complet ; la
structure sociale est : État et
économie et vie spirituelle.
|
34
|
Sie
sehen daraus, daß wirkliche
Menschenerkenntnis und wirkliche
Erkenntnis der sozialen Struktur
sich gegenseitig bedingen, daß man
zu dem einen nicht kommen kann ohne
das andere. So wie der Mensch
Kopfmensch, Brustmensch,
Stoffwechselmensch ist, also Sinnes-
und Nervenmensch, rhythmischer
Mensch und Stoffwechselmensch ist,
so ist der Staat nicht ein ganzer
Organismus, sondern die soziale
Struktur ist: Staat und Wirtschaft
und geistiges Leben.
|
Ceci
doit vraiment devenir l'a b c d'une
compréhension du social dans
l'avenir. Le péché qui est fait en
rapport à l'humain e ce qu'on
élimine l'inspiration/le 'donné
dedans' et l'expérience, est le fait
de la pensée socialiste, qui ignore
d'un côté le semi/demi-personnel
dans le cadre d'une pensée sociale
où la fraternité doit régner pour
soi ; où est ignoré de l'autre côté
la vie spirituelle dans laquelle
doit régner la liberté, tandis que
l'égalité a à dominer dans l'élément
impersonnel de la loi.
|
35
|
Das
muß geradezu das Einmaleins werden
für die soziale Einsicht in die
Zukunft. Und die Sünde, die in bezug
auf den Menschen gemacht wird,
indem man Eingebung und Erfahrung
eliminiert, die wird heute gemacht
von dem sozialistischen Denken,
indem ignoriert wird auf der einen
Seite das Halbpersönliche, in jenem
sozialen Denken, in dem die
Brüderlichkeit walten muß für sich;
indem ignoriert wird auf der andern
Seite das geistige Leben, in welchem
die Freiheit walten muß, während auf
dem unpersönlichen Gesetzeselemente
die Gleichheit zu walten hat.
|
Vous
ne pouvez pas introduire la
fraternité dans l’État ; mais vous
ne pouvez pas édifier une
organisation économique sans la
fraternité. La grande erreur du
socialisme actuel, c'est de croire
que par une réglementation
administrative, et surtout par la
socialisation des moyens de
production, il peut créer de quelque
façon une structure sociale. Pour
établir une structure sociale saine,
il faut faire appel à toutes les
forces de l'organisme social. Il
faut qu'à côté de l'égalité — la
seule composante à laquelle on
aspire aujourd'hui, et à juste titre
pour le domaine des lois, — règnent
la fraternité et la liberté. Mais
elles ne peuvent le faire si l'on
n'instaure pas une
triarticulation/triarticulité. Dire
: il faut que dans l’État règnent la
liberté, l'égalité et la fraternité,
alors que l'état est omnipotent,
c'est comme si l'on disait : Tu n'as
pas besoin de tête ni d'estomac, tu
n'auras qu'un cœur et des poumons,
car il faut que le cœur pense, que
les poumons boivent et mangent. Il
est absurde d'exiger du cœur et des
poumons qu'ils pensent et qu'ils
mangent, et tout aussi absurde
d'exiger d'un État omnipotent qu'il
dirige la vie économique et assure
la vie spirituelle. La vie
spirituelle doit être autonome tout
en collaborant, comme l'estomac
collabore avec la tête et avec le
cœur. Sans doute, les différents
éléments agissent conjointement dans
la vie, mais ils n'agissent
correctement que si on leur donne
les formes qui conviennent à chacun
d'eux, et non pas quand on les
agglomère. Voilà ce qu'il faut avant
tout comprendre, et sans cette vue
approfondie, on ne progressera
certainement pas. Qu'il faille
l'acquérir, c'est ce que prouvent
précisément les faits actuels. Il
est à un haut degré remarquable de
voir que les humains de notre temps
ne voient pas tout ce lien entre le
matérialisme d'un côté et la pensée
abstraite de l'autre, tout de suite
en rapport à la question sociale.
|
36
|
Sie
können in den Staat nicht die
Brüderlichkeit hineinbringen; Sie
können aber keine wirtschaftliche
Organisation zustande bringen ohne
die Brüderlichkeit. Das ist der
große Irrtum des gegenwärtigen
Sozialismus, daß er glaubt, durch
staatliche Regelung, vor allen
Dingen durch Sozialisierung der
Produktionsmittel irgendwie eine
gesunde soziale Struktur schaffen zu
können. An alle Kräfte des sozialen
Organismus muß appelliert werden,
wenn eine gesunde soziale Struktur
geschaffen werden soll. Da muß neben
der Gleichheit, die heute einzig und
allein angestrebt wird, die für
alles Gesetzmäßige ganz richtig
angestrebt wird, walten die
Brüderlichkeit und die Freiheit.
Aber sie können nicht walten, wenn
nicht Dreigliedrigkeit eintritt.
Sagt man: im Staate muß walten
Freiheit, Gleichheit und
Brüderlichkeit, und der Staat ist
omnipotent, dann ist das dasselbe,
als wenn man sagt : Du brauchst
keinen Kopf und du brauchst keinen
Magen, sondern du sollst nur Herz
und Lunge haben, denn das Herz muß
denken, und die Lunge muß essen oder
trinken. Geradeso unsinnig, wie es
ist, vom Herzen und der Lunge zu
verlangen, daß sie denken und essen
sollen, so unsinnig ist es, von
einem omnipotenten Staatswesen zu
verlangen, daß es Wirtschaft führt
und daß es das geistige Leben
versorgt. Das geistige Leben muß auf
sich selbst gestellt sein und nur so
zusammenwirken, wie der Magen mit
dem Kopf zusammenwirkt und mit dem
Herzen. Es wirken schon die Dinge im
Leben zusammen, aber sie wirken nur
dann richtig, wenn sie ihre
individuelle Ausgestaltung
bekommen, nicht wenn man sie
abstrakt zusammenpfercht. Das ist
es, was vor allen Dingen eingesehen
werden muß, und ohne diese Einsicht
kommt man sicher nicht weiter. Und
daß diese Einsicht errungen werden
muß, das beweisen gerade die
Tatsachen der Gegenwart. Es ist im
höchsten Grade bemerkenswert, wie
die Menschen in der Gegenwart diesen
Zusammenhang zwischen Materialismus
auf der einen Seite und abstraktem
Denken auf der andern Seite gerade
in bezug auf die soziale Frage gar
nicht sehen.
|
Une
raison puissante qui a contribué à
la naissance du matérialisme, c'est
la mainmise progressive de l’État
sur toutes les institutions
corporatives libres à mesure
d'école. Si vous vous reportez aux
temps où, par un sentiment atavique
naissant de la clairvoyance, les
choses ont été instituées, vous
verrez qu'on a encore ressenti à ce
moment la nécessité d'une
collaboration des trois membres. Ce
n'est qu'à partir du 16e siècle
qu'ils se sont peu à peu confondus,
au moment de la montée du
matérialisme. Regardez les
universités du passé : c'étaient des
corps libres ayant une vie tout à
fait autonome au sein de l'édifice
social. L'humain du passé, lorsqu'il
voulait devenir un juriste de renom,
allait faire ses études dans une
Faculté de droit importante, disons
Padoue ; s'il voulait devenir un
médecin éminent, il allait à
Montpellier ou à Naples ; s'il
voulait devenir un théologien de
valeur, il allait à Paris. Aucun
État n'était propriétaire de ces
institutions, c'était le bien de
l'humanité qui prenait place en
membre autonome dans l'organisme
social. Aujourd'hui, quelqu'un qui
vit en Suisse et s'en va faire
d'excellentes études de médecine
dans un pays quelconque n'en est pas
mieux pourvu en Suisse ; car
aujourd'hui, le domaine dans lequel
devait se faire la régulation a
absorbé la productivité économique
et aussi la productivité
spirituelle. C'est ainsi que s'est
introduit un élément malsain.
N'est-ce pas, l'être humain peut
oublier qu'il a une tête et un
estomac. Dans la sphère de la
science, il l'a oublié, car il se
traite comme s'il était seulement un
humain de respiration. Mais dans le
domaine de la réalité, cela ne
conduit pas seulement à des théories
inexactes, mais aussi à des
institutions fausses et à des
établissements faux. Chaque école
qui se trouve directement sous le
seul pouvoir de l’État est un
établissement impossible. On ne s'en
aperçoit pas quand on est myope,
pourtant, c'est un établissement
impossible qui provoque peu à peu
des dégâts. Chaque entreprise qui va
au-delà du pur régulant, qui veut
être productive, est une source de
dommages lorsqu'elle est dirigée par
l’État. C'est de cela dont il
s'agit. Quand vous avez soif, vous
ne pouvez rien verser dans vos
poumons, même pas de l'eau ; et si
cela arrive, voyez les dégâts
provoqués.
|
37
|
Ein
starker Grund für die Entstehung des
Materialismus ist, daß sich der
Staat nach und nach bemächtigt hat
aller freikorporativen, schulmäßigen
Institutionen. Wenn Sie zurückgehen
in die Zeiten, in denen man noch aus
atavistischem Empfinden heraus, das
aus dem Hellsehen entsprang, die
Dinge gegründet hat, da werden Sie
sehen, wie man da noch gefühlt hat
die Notwendigkeit des
Zusammenwirkens der drei Glieder.
Erst seit dem 16. Jahrhundert ist
das allmählich ineinandergeflossen,
mit der Zeit des Heraufkommens des
Materialismus. Sehen Sie sich die
Universitäten an in früheren Zeiten:
sie waren freie Korporationen, und
sie stellten sich ganz selbständig
in die menschliche soziale Struktur
hinein. Der Mensch des früheren
Zeitalters, wenn er ein bedeutender
Jurist werden wollte, ging an eine
bedeutende juristische Universität,
also sagen wir nach Padua; wenn er
ein bedeutender Mediziner werden
wollte, nach Montpellier oder nach
Neapel; wenn er ein bedeutender
Theologe werden wollte, an die
Universität in Paris. Das gehörte
nicht irgendeinem Staate an, das
gehörte der Menschheit an, denn das
stellte sich als ein selbständiges
Glied hinein in den sozialen
Organismus. Heute hilft es einem
Menschen, der in der Schweiz lebt,
nichts, wenn er ein bedeutender
Mediziner in irgendeinem andern
Lande wird, denn da ist er gar
nichts in der Schweiz auf dem
Gebiete der Medizin, denn heute hat
dasjenige, was nur die Regulierung
machen sollte, die wirtschaftliche
Produktivität und auch die geistige
Produktivität aufgesogen. Und damit
ist ein ungesundes Element
hineingekommen. Nicht wahr, der
Mensch kann vergessen, daß er einen
Kopf hat und daß er einen Magen hat.
Er hat es vergessen in der neueren
Wissenschaft, denn er behandelt sich
so, als ob er nur ein Atmungsmensch
wäre. Aber auf dem Gebiete der
Wirklichkeit führt das nicht nur zu
falschen Theorien, sondern zu
falschen Institutionen und falschen
Einrichtungen. Jede Schule, die
unmittelbar nur unter der Gewalt des
Staates steht, ist eine unmögliche
Einrichtung. Das braucht man nicht
zu durchschauen, wenn man eben
kurzsichtig ist, aber trotzdem ist
das eine unmögliche Einrichtung, die
nach und nach zum Unheile führt.
Jede Unternehmung, die über das bloß
Regulierende hinausgeht, die
produktiv sein will, ist, wenn sie
vom Staate betrieben wird, Unheil.
Das ist es, worauf es ankommt. Sie
können in die Lunge nichts
hineingießen, nicht einmal Wasser,
wenn Sie Durst haben. Wenn es einmal
passiert, dann sehen Sie, was das
für Unheil anrichtet.
|
Mais
aujourd'hui, on verse dans le
domaine de l'existence qui devrait
n'assurer que la régulation
juridique toutes les entreprises
économiques possibles, et même
celles de la vie spirituelle. On est
même considéré comme passablement
toqué lorsqu'on met au point dans ce
domaine ce qui en est le principe
élémentaire, le fondement juste. Les
partis radicaux admettent encore un
point : la séparation de l’Église et
de l’État ; ils vont jusque-là.
Cette partie de la vie spirituelle,
l’Église, ils veulent éventuellement
la séparer de l'État, parce qu'ils
espèrent que les humains ne
s'intéresseront qu'à l'État. De
cette manière, et par un détour
habile, l’Église finira par mourir.
On pourrait croire les mêmes gens
capables d'admettre ce qui est
nécessaire : à savoir qu'avant tout
l'école doit être indépendante, afin
que la vie spirituelle retrouve sa
productivité, mais ils sont
exactement de l'avis opposé. Chaque
institution qui au domaine de la
régulation intervient dans la vie
spirituelle, doit nécessairement
conduire dans l'infécondité, à la
stérilité. Et justement ainsi, il
doit être faux pour chaque
initiative nécessaire à la vie
économique si la pure vie de
régulation intervient là. La police,
les services de sécurité, tout ce
qui est droit sociétal — non droit
privé ni droit pénal, qui
appartiennent au troisième élément,
à la vie spirituelle — font partie
du système de régulation. Tout ce
qui est système économique, est un
système pour soi, doit avoir une
structure/articulation corporative,
semi-personnelle. Et tout ce qui est
vie spirituelle doit être placé sur
l'individualité humaine, et ne peut
prospérer que centré sur
l'individualité humaine.
L'individualité humaine dans sa
productivité spirituelle est pour
l’État exactement ce que sont pour
les poumons et pour le cœur les
aliments qui doivent passer par
l'estomac, et ne peuvent entrer
directement dans les poumons et dans
le cœur.
|
38
|
Aber
heute gießt man in dasjenige, was
nur die gesetzliche Regulierung des
Daseienden übernehmen soll, alle
möglichen Wirtschaftsunternehmungen
hinein und auch sogar die
Unternehmungen des geistigen Lebens.
Man wird heute sogar als ziemlich
verdreht angesehen, wenn man das
einzig Elementare, fundamental
Richtige auf diesem Gebiete
klarlegt. Nun, die radikalen
Parteien, so weit gehen sie noch:
Trennung von Kirche und Staat,
darauf lassen sie sich noch ein.
Diesen Teil des geistigen Lebens,
die Kirche, wollen sie unter
Umständen vom Staate trennen, weil
sie dann hoffen, daß die Menschen ja
doch nur Interesse für das
Staatliche haben. Dann wird die
Kirche auf diese Weise, auf einem
klugen Umwege, ganz absterben. Aber
wenn man denselben Leuten zumuten
würde, was notwendig ist : daß vor
allen Dingen die Schule auf sich
selbst gestellt wird, damit das
geistige Leben seiner Produktivität
zurückgegeben wird, dann würden sie
sehr entschieden widersprechen. Jede
Einrichtung, die von der
Regulierung aus in das geistige
Leben eingreift, muß aber notwendig
zur Unfruchtbarkeit, zur Sterilität
führen. Und ebenso muß es für jene
Initiative falsch sein, welche zum
wirtschaftlichen Leben notwendig
ist, wenn das bloße
Regulierungsleben da eingreift.
Polizei, Sicherheitsdienst, alles
das, was das gesellschaftliche Recht
ist — nicht das Privatrecht und
nicht das Strafrecht, das gehört zum
dritten Gliede, zum geistigen Leben
—, gehört zum Regulierungssystem.
Alles das, was Wirtschaftssystem
ist, ist ein System für sich, das
muß eine korporative Gliederung
haben, halbpersönlich. Und alles,
was geistiges Leben ist, muß auf die
menschliche Individualität gestellt
werden und kann nie und nimmer
gedeihen, wenn es nicht auf die
menschliche Individualität gestellt
wird. Die menschliche Individualität
in ihrer geistigen Produktion ist
für den Staat ganz genau dasselbe,
was für Lunge und Herz die
Nahrungsmittel sind, die durch den
Magen gehen müssen und nicht direkt
in die Lunge und in das Herz.
|
Vous
voyez là l'autre pôle. Schiller
parvient à l'humanité la plus
extérieure — état médian — et
rattache même à l'état/au contexte
suivant, à l'art. Nous sommes dans
une certaine mesure contraints à
prendre notre point de départ dans
l'élément le plus robuste, le plus
grossier, le plus solide, et à y
chercher l'humain dedans ; mais nous
devons prendre cette voie, sinon il
n'est pas de salut pour l'évolution
humaine du présent ni du proche
avenir. Dans ses Lettres
esthétiques, Schiller a formulé
cette phrase audacieuse : l'humain
est seulement là entièrement humain
où il joue, et il ne joue que là où
il est un humain au plein sens du
mot. Schiller considère le jeu comme
l'état idéal en fait, — si l'on se
représente naturellement le jouer
ainsi que Schiller : que là la
nécessité de raison synthétique a
été conduite vers en bas jusqu'à
l'inclination, et l'inclination
conduite vers en haut pour qu'elle
ait justement ainsi été
spiritualisée comme la nécessité de
raison synthétique. Il nomme alors
le sérieux de la vie un jeu, parce
qu'on procède comme l'enfant dans le
jeu qui n'obéit à aucune contrainte,
mais s'abandonne à ses pulsions —
mais quand même en certaine relation
s'y abandonne librement, parce que
les nécessités qu'impose la vie
n'interviennent pas encore dans la
vie enfantine. Ainsi est saisi un
point culminant de l'humain dans les
Lettres esthétiques de Schiller :
l'humain est seulement tout à fait
humain là où il joue, et il ne joue
que là où il est humain au plein
sens du mot. Et ainsi il est de
l'autre côté nécessaire que
maintenant, là où nous devons
commencer avec le robuste du cosmos
pour y trouver l'humain, avec la
solidité de tout le cosmos, nous
devons nous dire là : l'humain ne
fera progresser l'humanité que s'il
sait élever au niveau de la grande
gravité dans le Cosmos les plus
petites choses de la vie
quotidienne, et jusqu'au jeu le plus
courant. C'est pourquoi il faut dire
: à notre époque, un tournant a été
pris par l'humanité, et la gravité
frappe d'un poing redoutable à notre
porte. C'est cela qu'il faut
admettre, et nous en parlerons
encore demain.
|
39
|
So
sehen Sie den andern Pol. Schiller
kommt zu der äußersten
Menschlichkeit — mittlerer Zustand
—, knüpft an sogar an den nächsten
Zustand, an die Kunst. Wir sind
gewissermaßen genötigt, bei dem
Robustesten, bei dem Gröbsten, bei
dem Derbsten einzusetzen und den
Menschen drinnen zu suchen; aber wir
müssen diesen Weg einschlagen,
sonst ist kein Heil für die
Entwickelung der Menschheit der
Gegenwart und der nächsten Zukunft.
Schiller hat kühn den Satz
ausgesprochen in seinen Ästhetischen
Briefen: Der Mensch ist nur da ganz
Mensch, wo er spielt, und der Mensch
spielt nur, wo er im vollsten Sinne
des Wortes Mensch ist. — Das Spielen
betrachtet Schiller als den
eigentlichen Idealzustand, wenn man
das Spielen natürlich so vorstellt,
wie Schiller: daß da die
Vernunftnotwendigkeit zur Neigung
heruntergeführt und die Neigung
hinaufgeführt worden ist, daß sie
ebenso vergeistigt worden ist wie
die Vernunftnotwendigkeit. Er nennt
dann den Ernst des Lebens ein Spiel,
weil man so verfährt wie das Kind im
Spiel, das auch keiner Pflicht
gehorcht, sondern sich seinen
Trieben überläßt, aber doch in
gewisser Beziehung sich frei seinen
Trieben überläßt, weil die Notdurft
des Lebens noch nicht hineinreicht
in das kindliche Leben. So ist wie
ein Gipfelpunkt des Menschen gefaßt
in Schillers Ästhetischen Briefen:
Der Mensch ist nur da ganz Mensch,
wo er spielt, und der Mensch spielt
nur, wo er im vollsten Sinne des
Wortes Mensch ist. -- Und so ist es
auf der andern Seite notwendig, daß
jetzt, wo wir beginnen müssen mit
dem Robusten des Kosmos, um den
Menschen drinnen zu finden, mit dem
Derben des ganzen Kosmos, um im
ganzen Kosmos den Menschen zu
finden, daß wir uns sagen müssen:
Der Mensch wird nur dadurch wirklich
die Menschheit vorwärtsbringen, daß
er auch das Allerkleinste im
alltäglichsten Leben, selbst das
alltäglichste Spiel, in den großen
Ernst des kosmischen Daseins
hinaufzurücken versteht. — Deshalb
muß man sagen: In der Gegenwart ist
ein Wendepunkt für die Menschheit
eingetreten, wo der Ernst furchtbar
an unsere Türe klopft. Das muß eben
eingesehen werden. Davon dann morgen
weiter.
|
Français
seulement
SEPTIÈME CONFÉRENCE – Dornach, 24 janvier
1919 - Le dix-neuvième siècle, un tournant
dans l'évolution de l'humanité
Traduction d'Henriette Bideau, revue par F.G.
v.02 - 12/05/2024
Les "Lettres esthétiques" de Schiller et le
"Conte" de Goethe. L'intention de Schiller
d'un acte politique. Pensée fondamentale des
"Lettres" : la liberté dans le contexte
social. L'humain libre entre la nécessité
sensorielle et la nécessité de raison
synthétique. L'esthétique comme état idéal.
Schiller, humain d'intellect/de raison
analytique sensorialisé, Goethe, humain
d'instinct spiritualisé. Milieu du 19e
siècle : franchissement d'un abîme. La
question sociale avant et après cette date.
La nature triarticulée de l'humain (tête,
poitrine, membres ; inspiration, jugement,
expérience ; perception sensorielle,
respiration, alimentation). L'humain
triarticulé et les hiérarchies. La
triarticulation dans le social : nature,
économie - fraternité ; État, lois - égalité
; vie de l'esprit - liberté.
01
Une étude paraît utile : celle qui a trait à
tout ce qui, dans un sens profond, se rattache
à la conception de la vie sociale à notre
époque, et peut faire suite aux derniers
exposés sur Goethe, qui se rapportent à notre
spectacle du « Faust ». En parler me paraît
utile parce que le 19c siècle, tout de suite
en ce qui concerne la vie sociale actuelle,
constitue un tournant extrêmement significatif
dans l'évolution de l'humanité. La manière de
penser des humains s'est modifiée, au milieu
précisément du 19e siècle, beaucoup plus
qu'on ne pense d'ordinaire. Certes, si l'on
voulait souligner ce tournant, on pourrait
prendre pour point de départ d'autres
personnalités que des esprits allemands ; on
pourrait peut-être prendre Shaftesbury ou
Hemsterhuis. Seulement, en prenant l'esprit
anglais ou hollandais comme point de départ,
Shaftesbury ou Hemsterhuis, on ne pourrait
guère atteindre — en ce qui concerne tout ce
qui mène à comprendre le thème concerné — aux
profondeurs qu'offre le goethéanisme. Et à
l'époque présente où, davantage et plus
profondément qu'on ne le pense aujourd'hui,
tant de choses se préparent à détruire ce qui
est né de cet esprit de l'Europe du Centre, il
n'est sans doute pas inutile de reprendre ces
choses qui devront sans doute continuer de
vivre dans l'humanité d'une tout autre façon
que ne se le représentent la plupart des
Allemands d'aujourd'hui.
02
Lorsqu'on envisage honnêtement et sans parti
pris l'époque présente, on doit ressentir
aujourd'hui de l'accablement à entendre une
affirmation comme celle d'Herman Grimm, donc
d'un esprit éminent, qui vivait il n'y a pas
si longtemps, si l'on a quelque sens de la
culture de l'Europe du Centre — et vraiment,
on n'a pas besoin pour cela d'être Allemand.
Herman Grimm disait un jour qu'il y avait
quatre esprits, quatre personnalités vers
lesquelles l'Allemand élève son regard
lorsqu'il veut en quelque sorte recueillir
l'orientation à donner à sa vie ; et il nomme
Luther, Frédéric le Grand, Goethe et Bismarck.
Grimm dit ensuite : lorsque l'Allemand ne peut
plus élever son regard vers la force
d'orientation qui émane de ces quatre esprits,
il se sent en quelque sorte sans point
d'appui, abandonné dans le concert des
nations. On peut aujourd'hui entendre avec un
certain accablement cette déclaration, de la
justesse de laquelle beaucoup de gens - dont
je ne fais pas partie - ne doutaient
absolument pas dans les années 90. Seulement,
devant une telle affirmation justement, il
faut s'avouer ce qui suit : Luther n'est plus
vraiment une réalité vivante dans les
traditions de l'être allemand. Goethe n'a au
fond jamais pris vie réellement, nous l'avons
constamment souligné, Frédéric le Grand et
Bismarck appartiennent à une œuvre qui a
aujourd'hui disparu. Si bien que le moment
serait venu où tout de suite l'Allemand de
l'Europe du Centre, l'Allemand en général,
devrait se sentir sans appui et abandonné
parmi les nations du monde. On ne dispose plus
aujourd'hui d'un sentiment assez intense pour
ressentir assez profondément dans l'âme une
chose de ce genre. On est trop superficiel.
Pourtant, un tel fait devrait donner au moins
à penser aux humains : le fait qu'il n'y a pas
tout à fait trois décennies, ce qui était pour
un esprit éclairé une évidence est aujourd'hui
impossible. Si l'humanité actuelle n'était pas
si superficielle, bien des choses seraient
ressenties plus profondément que ce n'est le
cas aujourd'hui, où l'indifférence vis-à-vis
de la vie qui passe à travers le monde
pourrait parfois briser le cœur.
03
Lorsqu'on contemple rétrospectivement
l'évolution de l'humanité en remontant
par-dessus le 19e siècle jusque dans le 18e
siècle, le regard tombe sur un grand moment.
Ce fut ce moment qui a œuvré en Schiller
lorsqu'il écrivit ses « Lettres sur
l'éducation esthétique de l'humain », ce
moment où Goethe s'est stimuler par ce qui,
dans le temps où Schiller écrivait les «
Lettres sur l'éducation esthétique de l'humain
» a été débattu cette fois-là entre Schiller
et Goethe. Goethe se sentit par là incité à
réaliser de son côté, à sa façon, dans son «
Conte du Serpent vert et de la belle Lilia »,
l'impulsion qui vit dans ces Lettres
esthétiques de Schiller. Vous pourrez lire ce
qui concerne le pendant entre les « Lettres
esthétiques » de Schiller et le « Conte » de
Goethe dans un des essais de mon dernier petit
livre Goethe ( « L'Esprit de Goethe, sa
manifestation dans Faust et dans le Conte du
Serpent vert »). Je n'en mentionnerai
aujourd'hui que ce qu'exige notre
considération.
04
En écrivant ces « Lettres sur l'éducation
esthétique de l'humain » Schiller ne voulait
pas seulement écrire un ouvrage littéraire ;
il voulait, au fond, en faire un acte
politique. Le début du livre le révèle
aussitôt. Il se rattache à la Révolution
française, et Schiller s'efforce en quelque
sorte, à sa manière, dans la perspective que
constituait sa formation, de dire ce que peut
faire naître dans la tête de l'humain les buts
poursuivis par la Révolution française, par la
révolution de la fin du 18e siècle absolument.
Tout d'abord, d'un grand bouleversement
politique dont les révolutionnaires français
se promettaient tout, Schiller ne se
promettait rien de particulier. Il se
promettait bien plus d'une éducation
approfondie de l'être humain par lui-même. Et
c'est de cette auto-éducation nécessaire,
historiquement nécessaire, qu'il voulait
parler dans ses « Lettres sur l'éducation
esthétique de l'humain ».
05
Évoquons encore une fois la pensée
fondamentale de ces « Lettres sur l'éducation
esthétique de l'humain », comme nous l'avons
déjà fait souvent. Schiller veut répondre à sa
manière à la question : comment l'être humain
accède-t-il à une liberté réelle dans le
social, dans la vie avec autrui? Schiller ne
se serait jamais rien promis du seul fait que
purement les institutions sociales, dans
lesquelles vit l'humain, soient façonnées
n'importe comment pour conduire l'humain à la
liberté. Schiller réclamait bien plus que par
un travail accompli sur lui-même, par une
auto-éducation, l'humain parvienne à cet état
de la liberté à l'intérieur de l'ordre social.
Schiller pensait dans une certaine mesure que
l'humain devait d'abord devenir intérieurement
libre avant de pouvoir réaliser la liberté
vers dehors. Et ainsi Schiller se dit : en
fait l'être humain est placé entre deux
pulsions. D'un côté, il se tient en face de la
pulsion qui vient de la nature physique —
Schiller la nomme la pulsion de besoin — tout
ce que la nature sensorielle l'humain lui-même
produit de désirs et ainsi de suite. Schiller
compte ceci parmi les pulsions sensorielles, à
ce à quoi l'humain est poussé par une pure
nécessité physique. Et il se disait : si
l'humain suit cette pulsion, il ne pourra
jamais être libre, car il suit justement
seulement cette pulsion sensorielle d'une
nécessité physique.
06
En face de cette pulsion sensorielle, une
autre prend place ; c'est la pulsion de la
nécessité de raison synthétique, de la
nécessité logique, de la nécessité de penser.
Suivre cette pulsion de nécessité de raison
synthétique, l'humain peut maintenant aussi
s'y abandonner comme l'autre pôle de son être.
Mais il ne peut pas aussi par là, être un
humain vraiment libre. Car s'il suit
logiquement la nécessité de raison
synthétique, il suit justement une nécessité.
Et aussi si cette nécessité de raison
synthétique se consolide, se fixe dans une loi
d’État ou semblable extérieure, ainsi l'humain
suit, s'il suit cette loi, aussi une
nécessité. En ce qu'il suit sa raison
synthétique, il n'est donc en aucun cas un
être libre. L'humain est ainsi placé entre
raison synthétique et sensorialité. S'il suit
la sensorialité, ainsi il suit une nécessité,
non une liberté. S'il suit la raison
synthétique, il suit aussi la nécessité ;
quand aussi une nécessité spirituelle, mais
justement quand même une nécessité. Il n'est
pas un humain libre. L'humain peut seulement
être libre au sens de Schiller lorsqu'il ne
suit ni unilatéralement la pulsion sensorielle
, ni unilatéralement la pulsion de raison
synthétique, mais quand il amène les choses à
ce qu'il peut rapprocher sa pulsion de raison
synthétique de son humanité, il amène les
choses aussi loin, qu'il à ne se soumette pas
comme un esclave de la nécessité logique ou
légale, mais lorsqu'il fait du contenu de la
loi, du contenu de la nécessité de raison
synthétique celui de son propre être.
07
En cette relation, Schiller est effectivement,
vis-à-vis de Kant par exemple, un esprit
beaucoup plus libre, bien que sur plus d'un
point il ait suivi Kant — on peut dire : pour
son malheur. Car Kant considérait la poursuite
de la nécessité de raison synthétique,
l'adonnement à la nécessité de raison
synthétique tout de suite comme l'idéal le
plus élevé auquel l'humain puisse aspirer ; la
soumission absolue à ce qu'il appelle le
devoir, c'est-à-dire à la nécessité de raison
synthétique, cela vaut justement à Kant comme
le plus haut en l'humain. Schiller dit : « Je
rends volontiers service à mon ami,
malheureusement je le fais de bon gré, ainsi
je crains de ne pas être vertueux. » Car Kant,
pense Schiller, exigerait que rendre service à
son ami soit un devoir. « Devoir, ô grand nom
sublime », dit Kant, la seule fois en quelque
sorte où il devient poétique, « qui ne porte
en toi ni séduction ni rien de semblable... ».
En disant : « Je rends volontiers service à
mon ami, malheureusement je le fais par goût,
et je m'inquiète souvent de savoir si je suis
vertueux », Schiller raille Kant. Il faut donc
avoir développé son humanité assez pour faire
de bon gré, par affection, par évidence, ce
que l'humain non libre accomplit par devoir,
par impératif catégorique. Voilà un point.
08
Schiller veut donc ramener la nécessité de
raison synthétique au niveau humain, afin que
l'humain n'ait pas besoin de s'y soumettre,
mais puisse déployer cette nécessité de raison
synthétique comme la propre loi de son être.
Il veut donc rapprocher la nécessité de raison
synthétique de l'humain. La nécessité
sensorielle, la pulsion sensorielle », il veut
l'élever, il veut la trans-spiritualiser afin
que l'être humain ne suive plus purement ce
vers quoi la sensorialité presse, mais qu'il
embellisse, ennoblisse cette sensorialité,
qu'il ait permission de la suivre parce qu'il
l'a élevée à son sommet. En ce que dans un
contexte médian, pense Schiller sensorialité
et raison synthétique se rencontrent l'humain
devient un être libre.
09
Il semble comme si l'humanité actuelle ne
puisse plus vraiment ressentir correctement ce
que Schiller a ressenti lorsqu'il a établi que
cet état médian était en fait ce à quoi l'être
humain devait tendre, un état idéal dans une
certaine mesure, dans lequel s'accomplit
toujours cette interpénétration de la
nécessité de raison synthétique avec la
nécessité sensorielle, et trouva cet état
idéal, dans la création artistique et dans la
jouissance artistique.
10
C'est là quelque chose de bien caractéristique
de cette époque de Goethe et de Schiller,
cette recherche dans l'art de ce qui devait
orienter l'activité humaine. Ici, le
goethéanisme s'oppose à tout pompiérisme/toute
philistrosité : il recherche dans l'art vrai,
authentique, un état idéal vers lequel il
faut tendre. Car l'artiste crée en utilisant
un matériau sensoriel. Et il produirait des
œuvres belles, mais tout au plus abstraites,
des symboles, s'il s'abandonnait dans son
travail de création à la nécessité de raison
synthétique. Ce qu'il veut créer, il faut
qu'il le lise dans la matière et dans sa
formation. En ce qu'il donne forme au
matériau, il doit tout de suite spiritualiser
l'activité des sens. Mais en ce qu'il forme la
substance, il doit donner une forme à la
substance, laquelle fait que la substance
n’œuvre plus en tant que substance, mais
qu'elle œuvre comme œuvre l'esprit. Donc
l'artiste pousse du spirituel et du sensoriel
l'un dans l'autre dans sa création. Lorsque
tout l'ouvrage de l'humain dans le monde
extérieur devient ainsi que l'humain fait tout
ce qui est mesure de devoir, à mesure de loi
de sa propre inclination— comme on crée
artistiquement — et quand tout ce qui est
sensorialité est réalisé de telle façon que
l'esprit y vie, alors la liberté au sens de
Schiller est acquise, tant pour l'individu que
pour l'État et les structures sociales.
11
Cela signifie, Schiller demande : « Comment
les différentes forces de l'âme doivent-elles
collaborer en l'humain — l'état de raison
synthétique, l'état des sens, l'état
esthétique — si l'humain doit rester un être
libre à l'intérieur de la structure sociale ?
» C'est dans une certaine collaboration des
forces de l'âme que Schiller cherchait ce à
quoi il faut tendre. Et il croyait que quand
de tels humains, dans lesquels la nécessité de
raison synthétique s'empare de la nécessité
sensorielle et la nécessité sensorielle est
spiritualisée par la nécessité de raison
synthétique, quand de tels humains forment un
ordre social, ainsi un bon état/contexte de
cet ordre social sera la suite/conséquence
nécessaire de cet ordre social.
12
Goethe parla beaucoup avec Schiller,
correspondit beaucoup à l'époque où ce dernier
rédigeait les «Lettres sur l'éducation
esthétique ». Goethe était un tout autre
humain que Schiller. Schiller était d'une
ardente passion poétique, et en même temps un
penseur acéré. Goethe n'était pas dans le sens
un penseur acéré, abstrait comme Schiller; il
était même moins animé de la passion poétique
; mais il était armé avec ce qui manquait tout
de suite à Schiller, que Schiller n'avait pas
: avec des instincts énergiques/radicaux ,
pleinement humains, harmonieux, spiritualisés.
Schiller était l'humain réfléchissant,
l'humain rationaliste, Goethe l'humain
d'instinct, mais l'humain d'instinct
spiritualisé. Comme ils se tenaient ainsi en
vis-à-vis, Schiller et Goethe étaient pour
Schiller lui-même un problème. Lisez le bel
article qu'il a écrit sur « Poésie naïve et
poésie sentimentale», ainsi vous aurez
toujours le sentiment que Schiller aurait
justement aussi bien, s'il avait voulu devenir
personnel, pu écrire : sur Goethe et moi — sur
Goethe et Schiller. Car le poète naïf c'est
Goethe, le poète sentimental, c'est Schiller.
Il décrit en fait, dans cet article sur la
poésie naïve et la poésie sentimentale,
seulement lui-même, et Goethe.
13
Goethe, qui était humain d'instinct, ne voyait
pas la chose sous un jour aussi simple. Comme
je le disais à l'instant, il
traitait/négociait, comme je disais justement,
beaucoup avec Schiller tandis que celui-ci
écrivait les « Lettres sur l'éducation
esthétique », sur ce problème. Chaque discours
philosophique abstrait, déjà un tel sur
nécessité de raison synthétique, nécessité
sensorielle et état esthétique — qui sont donc
finalement aussi des abstractions, lorsqu'on
contraste ces choses —, chaque tel «
philosophiage » était en fait quand même
répugnant à Goethe dans le plus intérieur. Il
s'y pliait parce qu'il était ouvert à tout ce
qui est humain, et parce qu'il se disait : Il
y a tant de gens qui font de la philosophie,
il faut bien qu'on s'en occupe. Il n'était
jamais entièrement contestant. C'est ce qui
apparaît le mieux quand il est transposé dans
la nécessité de parler sur Kant ! Et il se
trouvait de ce fait dans une situation tout à
fait particulière. Pour Schiller et pour un
grand nombre d'humains, Kant était le grand
humain de son siècle. Et Goethe ne pouvait
justement pas comprendre cela. Mais il n'était
pas intolérant, il n'était pas de ceux qui
n'accordent de valeur exclusive qu'à leur
propre jugement. Goethe se disait : Il y a
tant de gens qui estiment si bien Kant,
laissons-les faire, et même, il faut
s'efforcer de chercher dans ce que l'on ne
trouve pas très important une signification
cachée. J'ai eu en mains l'exemplaire de la «
Critique de la force de jugement » que Goethe
a lu ; il y a souligné des passages
importants. On voit l'effort qu'il a fait pour
s'adapter à la lecture de cette « Critique de
la force de jugement ». Seulement, dès avant
le milieu de l'ouvrage, les traits se
raréfient et finalement disparaissent tout à
fait. On voit qu'il n'est pas allé jusqu'au
bout.
14
Et quand la conversation vint sur Kant, là il
ne s'attacha pas ainsi entièrement au
véritable contenu d'une telle conversation. Il
lui était désagréable de parler du monde et de
ses secrets en des abstractions
philosophiques. Et ainsi il lui était clair
aussi que l'on ne règle pas simplement la
question en voulant saisir l'humain comme
évoluant entre la nécessité et la liberté,
comme Schiller l'a fait. Voyez-vous, il y a
quelque chose de tout à fait grandiose dans
ces Lettres esthétiques. Et cette grandeur,
Goethe la reconnaissait. Mais elle lui
paraissait trop simple. Il lui semblait dans
l'ensemble trop simple de ramener cet être
humain complexe, et surtout l'âme humaine si
complexe, à trois catégories : la nécessité de
raison synthétique, l'état esthétique, la
nécessité sensorielle. Pour lui, il y avait
beaucoup d'autres choses dans cette âme
humaine, et l'on ne pouvait aligner ainsi les
éléments les uns à côté des autres.
15
C'est ainsi qu'il fut incité à écrire le «
Conte du Serpent vert et de la belle Lilia »,
où l'on ne trouve pas trois, mais à peu près
vingt forces de l'âme, qui ne sont pas
exprimées en concepts, mais en figures de
nombreuses significations, œuvrant par force
d'image, qui alors culminent dans le roi doré,
qui représente la sagesse — ne symbolise pas,
mais représente — le roi argenté qui
représente l'apparence, le roi d'airain, qui
représente la puissance, et l'amour qui les
couronne. Mais tous les autres personnages
sont aussi des forces de l'âme — il vous
suffira ici de lire l'article que j'ai écrit à
ce sujet (2).
16
Goethe se trouva donc aussi incité à placer le
chemin qui conduit l'humain de la nécessité à
la liberté devant son âme. Seulement, le
problème lui parut énormément plus complexe.
Il était l'humain d'instinct spiritualisé.
Schiller était — laissez-moi employer cette
expression, vous la comprendrez comme il faut
— l'humain de l'intellect/de la raison
analytique sensorialisée ; non un humain de
raison analytique ordinaire, mais l'humain de
raison analytique sensorialisé.
17
Maintenant lorsqu'on considère honnêtement
l'évolution dans le temps, on peut dire : une
telle manière de voir comme chacun l'a
labourée/charruée à sa façon : Schiller
abstraitement-philosophiquement d'un côté,
Goethe imaginativement-artistiquement, de
telles manière de regarder les choses, même si
l'on en néglige la forme, ne convient guère à
l'humain d'aujourd'hui, quant à son contenu.
Un ami très proche, plus âgé que moi, Karl
Julius Schröer, qui était membre d'une
commission d'examen, voulut un jour examiner
sur les Lettres esthétiques de Schiller les
candidats au poste de professeur d'école
primaire supérieure, qui devaient enseigner
des enfants de dix à dix-huit ans. Ce fut une
véritable émeute. Ces gens qui auraient trouvé
tout naturel qu'on les interroge sur Platon,
qu'on leur fasse commenter les dialogues de
Platon, étaient bien éloignés de connaître les
«Lettres sur l'éducation esthétique de
l'humain », qui représentent un point
culminant de la culture moderne.
18
Maintenant, la chose est cependant quand même
ainsi que le milieu du 19e siècle, bien plus
qu'on ne peut encore le penser aujourd'hui,
présente une césure extrêmement profonde dans
l'histoire spirituelle humaine. Avant ce
moment, on trouve ce qui se présente encore en
Schiller et en Goethe, et après ce milieu du
19e siècle jusqu'à nous, repose justement
quand même quelque chose de tout autre qui
peut seulement comprendre ce qui a précédé
dans une mesure très restreinte. Il serait
beaucoup mieux si les humains d'aujourd'hui
s'avouent simplement que nous avons franchi
une sorte d'abîme qui seulement lorsque nous
employons des moyens de compréhension biens
déterminés, nous rend aussi compréhensible le
passé proche avant le milieu du 19e siècle. Et
on peut dire : ce que nous nommons aujourd'hui
la question sociale — le terme étant pris dans
le sens le plus large, qu'en fait l'humanité
n'appréhende pas encore, mais qu'il faudra peu
à peu saisir — on ne la connaissait pas du
tout avant le milieu du 19e siècle. Elle est
d'abord née, sous la forme dans laquelle elle
a pénétré dans la conscience de l'humanité,
seulement dans la seconde moitié du 19e
siècle. Et l'on n'acquiert une compréhension
de ce fait qu'en se demandant : pourquoi, dans
ces considérations représentatives,
significatives, que Schiller a cherché à
exposer dans les Lettres esthétiques, que
Goethe a évoquées à force d'images dans son «
Conte du Serpent vert et de la belle Lilia »,
pourquoi ne trouve-t-on là-dedans — bien que
Goethe fasse aussi nettement allusion avec son
conte à des façonnements politiques — rien du
tout de cette manière singulière dont nous
sommes obligés aujourd'hui de penser la
structure sociale de l'humain ? Et pourquoi en
sommes-nous à nous faire sur la structure
sociale de véritables pensées dans le sens que
j'ai souvent exposé ici ? Nous ne pouvons plus
être tout à fait comme Schiller et Goethe.
Nous sommes bien éloignés du goethéanisme si
nous ne voulons pas poursuivre le travail de
Goethe, si nous voulons seulement le singer.
Lorsqu'on se consacre avec une compréhension
intérieure aux Lettres esthétiques de Schiller
qu'au « Conte du Serpent vert et de la belle
Lilia » de Goethe, on s'aperçoit qu'une
spiritualité considérable y est contenue, qui
depuis a abandonné l'humanité, qui n'est plus
présente. Quelque chose est là agissant à quoi
aujourd'hui très peu d'humains sont vraiment
sensibles. Celui qui lit les Lettres
esthétiques de Schiller devrait ressentir ceci
: dans l'écriture même, un élément d'âme et
d'esprit est encore présent, différent de
celui qui règne aujourd'hui, même chez les
esprits les plus éminents ; et croire que
quelqu'un pourrait aujourd'hui écrire
spontanément une chose comme le Conte de
Goethe, c'est une sottise. Car cette
spiritualité n'est plus présente depuis le
milieu du 19e siècle. Cela ne parle plus
immédiatement à l'humain d'aujourd'hui, si ce
n'est par le medium de la science de l'esprit,
qui élargit l'horizon, et peut aussi vraiment
s'adapter aux choses du passé. Et le mieux
serait que les humains s'avouent ceci : sans
la science de l'esprit, ils ne comprendraient
pas du tout Schiller et Goethe. Chaque scène
du « Faust » peut vous le prouver.
19
Et lorsqu'on suit ce qui règne là, pas tant
dans les affirmations que dans la façon dont
ces affirmations sont exposées, là on trouve
qu'à cette époque, il est encore en l'humain
le tout dernier reste, le dernier écho de la
vielle spiritualité. On parle là encore à
partir de l'ancienne spiritualité. Elle s'est
évanouie, évaporée vers le milieu du 19e
siècle, et à ce moment les humains commencent
par toute la terre à mettre en œuvre une
pensée dans laquelle, lorsqu'ils sont laissés
à eux-mêmes, ce n'est plus l'esprit qui règne,
mais seulement l'humain. Naturellement, ceci
n'est exact qu'en général. Chez Schiller et
Goethe, et de même chez leurs contemporains,
quelque chose de l'ancienne spiritualité, de
la spiritualité atavique peut-on dire, régnait
encore. Elle ne se perd que lentement,
progressivement. Quand on indique toujours
qu'avec la naissance du christianisme
l'ancienne spiritualité serait à sa fin ; il
faut ajouter qu'en fait, cela ne signifie
qu'une étape ; la dernière trace s'en trouve
dans des productions du tournant du 18e au 19e
siècle comme celles que nous citons
aujourd'hui. Et le dernier reste vivait encore
de façon telle en l'humain que celui qui
pensait abstraitement, comme Schiller, avait
encore cette spiritualité dans sa pensée
abstraite, et que celui qui, comme Goethe,
était doté d'instincts spiritualisés,
disposait encore de l'ancienne spiritualité.
Elle y vivait en quelque façon. Maintenant,
doit être recherché sur les voies
spirituelles-scientifiques, maintenant
l'humain doit justement se résoudre à la
spiritualité en liberté. C'est de cela dont il
s'agit. Et sans la compréhension de cette
césure au milieu du 19e siècle, on ne vient
pas à une véritable saisie de ce qui est
aujourd'hui d'une particulière importance. Car
prenez donc seulement une fois ce fait :
Schiller porte son regard sur la structure
sociale. Les yeux fixés sur la Révolution
française, il écrit alors ses Lettres
esthétiques ; mais c'est l'humain qu'il
regarde lorsqu'il veut répondre à la question
: comment donner forme à l'état/au contexte
social ? Ce n'est pas la question sociale
telle que nous la formulons au sens actuel. Ce
n'est qu'une conception purement humaniste,
que Schiller utilise pour l'humanité commune,
une conception purement humaniste.
20
Depuis le milieu du 19e siècle maintenant, le
regard n'est plus tellement orienté vers
l'humain, mais sur l'extra-humain. Et
aujourd'hui il est généralement d'usage,
lorsqu'on parle sur la question sociale, de
faire abstraction/de déconnecter de l'être
humain individuel, avec ses combats
intérieurs, avec ce qu'il fait de soi par son
auto-éducation, et de regarder les contextes,
sur ce qui tout de suite repose dans la
structure sociale. Ce que Schiller attendait
de l'auto-éducation, l'humain aujourd'hui
l'attend de la transformation des conditions
extérieures. Schiller disait : si les humains
deviennent ce qu'ils peuvent être dans l'état
médian, ils créeront d'eux-mêmes une structure
sociale juste. Aujourd'hui, l'humain dit :
établissons une structure sociale véritable,
correcte, et alors l'humain deviendra
là-dedans ainsi que ce qu'il devrait devenir.
21
Ainsi, en un court laps de temps, toute la
façon de ressentir, la forme de la sensibilité
s'est vraiment inversée. Il est très important
de bien considérer cela. Un Schiller, un
Goethe, Ils n'auraient pas pu croire que
l'humain auto-éduqué conduit à une structure
sociale correcte dans la vie en commun, s'ils
n'avaient pas encore senti dans l'humain
lui-mème l'universellement l'humain dans la
vie en commun. Ils ont dans une certaine
mesure senti dans l'individu la réalité de la
société humaine. Mais ce n'était plus
efficace. On pouvait bien, à l'époque de
Schiller et de Goethe, se livrer à de belles
considérations pleines d'esprit sur la
meilleure auto-éducation — c'était précisément
l'écho de la vie atavique du passé, c'était
dans une certaine mesure une image de
l'ancienne vie atavique ; mais il ne vivait
plus d'impulsivité correcte dedans.
22
Et aujourd'hui, dans ce que les humains
élaborent sur les meilleures conditions
sociales dans lesquelles les humains devraient
vivre, il n'y a pas davantage une force
d'impulsion/une impulsivité vers le social.
Chez Schiller, la société humaine était encore
disponible en l'humain individuel pour la
réflexion/considération ; mais elle n'était
plus agissante. Aujourd'hui, dans l'hypothèse,
dans la structure sociétale que la pensée
construit, l'humain est disponible, mais pas
agissant. Il faut d'abord que soit trouvé
l'être humain par la considération du monde
extérieur, dans le regard sur le monde
extérieur. Et d'ailleurs l'humain doit être
trouvé au plein sens du mot. Schiller croyait
encore trouver la société humaine en
l'individu. Nous devons porter le regard sur
le monde, sur la société humaine absolument,
et hors nous-mêmes, pouvoir trouver l'humain.
23
Seule la science de l'esprit véritable le fait
en un sens radical/fondamental. Prenez ma «
Science de l'Occulte», prenez ce qui
aujourd'hui provoque avant tout
l'animosité/choque encore le plus souvent :
la doctrine de l'évolution, évolution de
Saturne, Soleil, Lune, Terre : partout
l'humain est dedans. Pensez à quel point la
cosmologie usuelle, la manière courante de
voir les choses a perdu l'humain de vue.
Pensez à la grotesque — « insensée », dit
justement Herman Grimm — théorie de
Kant-Laplace ! : Une nébuleuse universelle se
meut lentement, ce qui est là en rotation se
développe et finalement, l'humain fait son
apparition, comme s'il sortait d'une boite.
Prenez l'évolution comme la science de
l'esprit l'enseigne, prenez le premier état
décrit, le contexte saturnien. Vous avez là
les premières dispositions de l'humain ; vous
n'avez nulle part le monde purement abstrait,
le cosmos purement abstrait, vous avez partout
de quelque façon l'humain reposant dans la
chose. L'humain n'est absolument pas isolé du
monde. Et c'est là le commencement de ce que
l'époque veut instinctivement, à partir
d'impulsions tout à fait obscures. Avant le
milieu du 19e siècle, l'époque a regardé
l'humain et a cru trouver le monde en lui.
Après le milieu du 19e siècle, l'époque veut
seulement regarder le monde. Mais c'est
infructueux. Cela conduit finalement tout de
suite à des théories vides d'humain si pas
déjà l'humain est trouvé dans ce qui constitue
le seul monde. C'est pourquoi la science de
l'esprit sert véritablement les instincts
sinon les plus obscurs, cependant justifiés.
Elle est, si je puis employer cette expression
écœurante des journalistes, ce qui est
vraiment actuel, car elle est au service des
impulsions que l'époque engendre. Ce que les
humains veulent sans savoir qu'ils le veulent,
la science de l'esprit y répond : porter le
regard sur le monde extérieur et trouver
l'humain dans le monde extérieur. Mais c'est
cela qui importe. Et c'est ce qui,
aujourd'hui, est encore mal vu, et même exécré
; mais qu'il faudra nécessairement cultiver
si sur ce point une forme quelconque de salut
doit vraiment apparaître à l'avenir.
24
L'humain d'aujourd'hui devrait s'assimiler des
écrits comme ces Lettres esthétiques de
Schiller, pour, j'aimerais dire volontiers,
donner de l'élasticité à son esprit, qui sinon
reste fixé sur les conditions matérielles.
L'esprit devient plus libre lorsqu'on laisse
agir ces choses sur soi. Mais il faut alors
progresser vers une nouvelle appréhension du
monde. On ne peut pas en rester là. On peut
aujourd'hui comprendre Schiller et Goethe dans
le sens du goethéanisme, mais non pas en
restant là où ils étaient ; il faut
reconnaître ce qui était fécond en eux avec
l'aide de ce que la science de l'esprit offre
aujourd'hui.
25
Et ainsi un élargissement de la connaissance
de l'humain doit aussi intervenir si l'on veut
maintenant trouver l'humain dans les
conditions extérieures, dans le monde
extérieur. Ce qui sera important, c'est de
comprendre réellement l'organisme social
extérieur dans lequel l'humain vit. Mais on ne
le comprendra que lorsqu'on y verra l'humain
présent. L'être humain est un être
trimembré/triarticulé. A toutes les époques,
il s'active aussi de manière trimembrée, à
l'exception de notre époque où, parce que tout
de suite à l'époque de l'âme de conscience il
doit se placer en un point unique : celui de
son propre soi, il concentre en lui en quelque
sorte tout sur une seule force ; sinon, au
cours de l'évolution de l'humanité, il s'est
activé de manière triarticulée. Aujourd'hui,
chacun a en fait la sensation qu'en tant
qu'humain, tout lui viendrait d'une chose
unique. Il pense : quand on me pose une
question quelconque, quand la vie m'impose une
tâche, j'en juge en humain de mon point de
vue. — Mais ce n'est plus l'entité humaine
tout entière qui en juge ; l'entité humaine a
premièrement l'humain au milieu, puis
au-dessus quelque chose, et au-dessous quelque
chose. Ce qui se trouve au milieu, c'est le
jugement, ce sont les actions que les
jugements engendrent. Ce qui est au-dessus,
est l'inspiration/le ‘donné dedans’
("Eingebung", , pas "Inspiration"), ce que
l'on contemple, par sentiment religieux ou
autre 'donné dedans' spirituel sinon, comme
quelque chose de plus haut, de suprasensible.
Et ce qui est en dessous du jugement c'est
l'expérience, c'est la somme des expériences
vécues : 'donné dedans' — jugement —
expérience.
26
L'humain tient actuellement peu compte des
deux. Le 'donné dedans' : vieille superstition
doit être surmonté ! L'expérience aussi,
l'humain moderne la considère peu, sinon il
tiendrait mieux compte de la différence entre
l'ignorance de la jeunesse et le savoir que
l'expérience apporte avec l'âge. Et certes, ce
n'est pas seulement dans sa conscience qu'il
s'y arrête peu, c'est aussi dans la pratique.
Et il n'expérimentera rien en effet, l'humain
moderne, parce qu'il ne croit pas à
l'expérience. Aujourd'hui, la plupart des
humains, quand ils ont des cheveux gris et des
rides, ne sont pas plus avisés qu'à vingt ans,
parce que l'humain ne croit pas à
l'expérience. En effet, on devient vraiment
plus avisé dans la vie, et pourtant on reste
toujours bête ; on engrange de l'expérience,
et l'expérience est l'autre pôle du 'donné
dedans' . Le 'donné dedans' peut venir à tout
âge ; l'expérience ne peut venir qu'au cours
du temps vécu entre la naissance et la mort.
Entre les deux se tient alors le jugement du
moment.
27
Je l'ai souvent dit : aujourd'hui, on lit des
jugements ; des jugements critiques émanant
des plus jeunes, qui n'ont pas encore vu le
monde. Il arrive même que des personnes âgées
produisent quelque chose, écrivent des gros
livres, sur lesquels les blancs-becs portent
des jugements critiques. Ce n'est pas la
méthode par laquelle on peut vraiment
progresser comme humain. Celle qui fait
progresser, c'est celle par laquelle on
s'efforce de s'appuyer sur les gens d'âge, par
laquelle on s'efforce de les suivre, parce
qu'on les tient pour plus capables de jugement
en raison de leur expérience.
28
Donc, dans ses activités pratiques, l'humain
est donc aussi un être triarticulé, et il
l'est à tout point de vue. Dans mon livre «
Von Seelenrätseln (Des énigmes de l'âme)» (3)
vous trouverez ce qui correspond au 'donné
dedans' : l'humain-tête, l'humain
neuro-sensoriel — ce qui correspond à la
faculté de jugement : l'humain-poitrine, et
correspondant à l'expérience :
l'humain-membres. Je pourrais dire aussi :
l'humain de la vie neuro-sensorielle, l'humain
de la vie des rythmes, et l'humain du
métabolisme, des échanges. On ne tient pas
compte aujourd'hui de cette nature
triarticulée de l'humain. C'est pourquoi aussi
on n'atteint pas à son corollaire cosmique,
parce qu'on ne veut pas, d'une manière
générale, passer du sensible au suprasensible.
Lorsqu'il mange, l'humain unit à son organisme
des aliments qu'il reçoit de l'extérieur et il
pense : eh oui, là-dedans l'organisme triture
la chose, prend ce dont il a besoin ; le reste
est éliminé, et ainsi de suite. Ceci d'un
côté.
29
De l'autre côté : je regarde le monde avec mes
sens. J'assimile ce qui est sensible, je
l'élabore par la compréhension, et je
l'introduis dans mon âme comme j'introduis les
aliments dans mon corps. Ce qui est dehors, ce
que les yeux voient et que les oreilles
entendent, je le porte ensuite en moi sous
forme de représentations ; ce qui est
au-dehors : froment, poisson, viande — que
sais-je — je le porte en moi et le digère
là-dedans, le cuit jusqu’au bout, etc.
30
Mais ainsi, on ne tient pas compte du fait que
tout ce qui est aliment a aussi son aspect
interne. Ce que l'on voit avec les sens
extérieurs n'a aucun rapport avec notre nature
profonde. Avec ce que votre langue savoure, ce
que votre estomac digère, et de façon telle
qu'on peut le constater avec les moyens de la
science ordinaire, vous pouvez entretenir
votre métabolisme quotidien, mais vous ne
pouvez entretenir l'autre métabolisme, celui
qui par exemple fait qu'aux environs de la
septième année, les dents de lait tombent et
sont remplacées par des nouvelles. Ce
métabolisme-là n'est pas nourri par ce que les
sens ordinaires perçoivent dans les aliments ;
il est constitué par les forces plus profondes
des aliments, celles qu'aucune chimie ne peut
faire apparaître par un moyen quelconque. Ce
que l'être humain absorbe comme aliment
possède une nature spirituelle profonde, cette
nature spirituelle qui engendre aussi une
activité intense en l'humain, mais seulement
quand il dort. Dans vos aliments vivent en
effet les esprits des plus hautes Hiérarchies,
les Séraphins, les Chérubins, les Trônes. Vos
aliments ont une réalité extérieure, celle
dont vous percevez le goût, celle que la
pepsine ou la ptyaline dissolvent ; mais en
outre, dans ces aliments vivent des forces qui
modèlent l'univers, si puissantes que ces
forces hyposensibles — dirais-je mieux—
recèlent les impulsions qui engendrent le
changement de dentition, la puberté, la
métamorphose future de la nature humaine. Seul
le métabolisme quotidien est entretenu par ce
que l'humain connaît grâce à la science
extérieure. Le métabolisme dont le courant
accompagne la vie est entretenu par les
Hiérarchies les plus hautes, qui sont à la
base des aliments. Et derrière ce que les sens
perçoivent résident en réalité les êtres de la
troisième Hiérarchie : Angeloï, Archangeloï,
Archaï. — Si bien que vous pouvez dire :
perception sensorielle : troisième Hiérarchie,
— substances alimentaires : première
Hiérarchie, et entre les deux la seconde
Hiérarchie qui vit dans la respiration et
d'une manière générale dans toute activité
rythmique de l'humain.
31
La Bible expose cela de façon tout à fait
juste. Les esprits nommés les Élohim sont avec
Yahvé introduits dans les êtres humains par le
souffle. La science du passé avait encore de
ces choses une connaissance atavique tout à
fait juste. Et ainsi, en vous consacrant à une
véritable connaissance de l'humain, vous êtes
aussi conduits dehors à une cosmologie
exacte/correcte.
32
La science de l'esprit inaugure en premier à
nouveau cette manière de voir. Elle cherche à
nouveau l'humain dans le monde extérieur, elle
fait du monde entier un être humain. Mais
cela, on ne peut pas le faire si l'on ne
considère pas l'humain triarticulé, si l'on
ignore que l'humain est vraiment une trinité.
Aujourd'hui on réfrène/opprime
l'inspiration/le 'donné dedans' et
l'expérience. Les humains n'apprécient à leur
valeur ni l'inspiration ni l'expérience. Et
pas davantage ce qui va dans les sens, ni ce
qui va dans les aliments ; car au cours de la
vie, les aliments ne leur sont rien de plus
que ce que les sens extérieurs proposent. Mais
c'est là une caricature ahrimanienne des
aliments, ce n'est pas ce que voit un regard
qui porte sur les réalités profondes en toute
création, dans les aliments par exemple. La
science de l'esprit ne conduit pas à mépriser
la matière, mais à la spiritualiser. Et si
quelqu'un jetait un regard méprisant sur les
aliments, il lui faudrait faire l'expérience
suivante : la science de l'esprit lui dirait
ces paroles apparemment grotesques : ce sont
les plus hautes Hiérarchies, les Séraphins,
les Chérubins, les Trônes, qui vivent
précisément dans les aliments.
33
Donc notre époque rassemble d'une manière
confuse, chaotique, l'humaine triarticulé, le
fait un monôme. Pratiquement, pour la
structure sociale, la contre-image [de
l'humain triarticulé] est là, en ce que tout
est fait monôme de légalité étatique. C'est
l'exacte contre-image. Tout devrait s'insérer
dans la légalité étatique. Nous voyons donc
une trinité qui doit/devrait se composer de
trois membres : premièrement la base de nature
de la vie, de tout l'économique de la vie,
l'économie. Deuxièmement de la régulation
législative/légale qui aussi correspond au
milieu/médian de l'humain, au rythme. Et
troisièmement de la vie spirituelle. Et nous
voyons comment cette triade/ce triple veut
s'unifier. La gestion, l'économique doit
progressivement être pris en charge par
l’État, l’État doit être l'unique
entrepreneur. La vie spirituelle a depuis
longtemps été absolument remise à la charge de
l’État. La même chose que d'un côté l'humain
qui ne se comprend plus, représente, devrait
la représenter de l'autre côté l'État, qu'on
ne comprend plus parce qu'on ne trouve plus
l'humain dans la structure sociale. Ces trois
membres de la structure sociale : économie,
régulation à la mesure de lois, vie
spirituelle, sont aussi radicalement
différents entre eux que tête, poitrine et
ventre. Si vous voulez charger l’État avec
l'économie, c'est comme si vous vouliez manger
avec votre cœur et vos poumons à la place de
l'estomac. L'humain prospère seulement parce
que ces trois systèmes sont hors l'un de
l'autre, et en cet hors l'un de l'autre
œuvrent ensemble. Ainsi, l'organisme social
peut seulement prospérer quand les trois
membres comme membres autonomes, œuvrent
ensemble vraiment à côté l'un de l'autre sans
être confondus en un monôme. Car à toute
régulation par la loi/législative, qui
correspond en l'humain au rythme, au système
respiratoire qui maintient l'équilibre entre
le ventre et la tête, correspond un élément
absolument impersonnel devant lequel tous les
humains sont égaux. Dans la formule : devant
la loi tous les humains sont égaux -,
s'exprime aussi cela ; là, n'est rien de
l'humain dedans. C'est pourquoi tous les
humains doivent aussi en prendre soin, c'est
pourquoi représentation générale sur ce
domaine, c'est pourquoi aussi une certaine
volonté de fixité chez ces choses, mais à
cause de cela aussi quelque chose qui des deux
côtés est resté stérile. Nous devons respirer.
Mais si d'un côté du processus du respirer, la
nourriture n'est pas assurée/amenée, et de
l'autre côté les impressions sensorielles,
nous ne sommes plus des humains. Nous devons
avoir un État qui règle les choses de par les
lois/légalement en des lois impersonnelles.
Mais si dans cet État n'agit pas dedans le
semi/demi-personnel de l'économie, où l'humain
y est participant et le tout à fait personnel,
notamment pour la vie extérieure de l'état la
toute personnelle vie de l'esprit , ainsi
l'organisme étatique est justement ainsi
impossible qu'un humain qui voudrait seulement
vivre comme humain de respiration. Aussi peut
chez l'humain actuel, l'estomac ne peut faire
ce que font le cœur et les poumons, et la tête
ne peut pas exercer son activité si elle se
fait aussi cœur et poumons ; il est de même
impossible que s'établisse une structure
sociale saine si l'on impose à l'État la
charge des deux autres systèmes : le système
économique, où l'humain doit être présent,
dont les entreprises ne peuvent pas
s'isoler/se détacher tout à fait de l'humain,
et la vie spirituelle, qui doit venir pour
l’État comme pour l'humain ainsi que ce qu'il
mange, de la nature, entre de dehors dans
l'humain. Cela doit devenir un enseignement
nouveau qui doit valoir comme fondamentale :
la structure sociale est triarticulée. Vous ne
pouvez pas agir en humain dans le monde si
vous ne mangez pas, il faut que la nourriture
vous vienne de dehors. Vous ne pouvez pas
placer un État dans le monde et ne pas lui
apporter sa nourriture - c'est l'inverse ici,
c'est pourquoi je l'ai aussi écrit à l'envers
(4) — de l'humain produisant spirituellement.
Cette productivité spirituelle des humains est
pour l’État a même chose que ce qu'est la
nourriture physique extérieure pour l'humain
particulier individuel. Et vous ne pouvez pas
non plus édifier un État sans lui donner
d'autre part une certaine base de nature dans
l'économie. Car l'économie est pour l’État
exactement ce qu'est chez l'individu isolé
humain l'élément qui est amené/conduit à la
respiration de l'autre côté, par la perception
sensorielle.
Tableau
Perception sensorielle : Troisième Hiérarchie
Deuxième Hiérarchie :
Aliments : Première Hiérarchie } Respiration
Inspiration | Homme-tête — Vie
neuro-sensorielle : 1. Base naturelle, vie
économique. Élément semi-personnel, Fraternité
Jugement du moment | Homme-poitrine — Rythme :
2. Régulation par les lois, Élément
impersonnel Égalité
Expérience | Extrémités — Métabolisme : 3. Vie
spirituelle, personnalité, liberté.
34
Vous voyez par là que la véritable
connaissance de l'humain et la véritable
connaissance de la structure sociale se
conditionnent réciproquement, et que l'on ne
peut parvenir à l'une sans l'autre. De même
que l'être humain est homme-tête,
homme-poitrine et homme-métabolisme, donc
homme neuro-sensoriel, homme rythmique et
homme métabolique, l'État n'est pas à lui seul
un organisme complet ; la structure sociale
est : État et économie et vie spirituelle.
35
Ceci doit vraiment devenir l'a b c d'une
compréhension du social dans l'avenir. Le
péché qui est fait en rapport à l'humain e ce
qu'on élimine l'inspiration/le 'donné dedans'
et l'expérience, est le fait de la pensée
socialiste, qui ignore d'un côté le
semi/demi-personnel dans le cadre d'une
pensée sociale où la fraternité doit régner
pour soi ; où est ignoré de l'autre côté la
vie spirituelle dans laquelle doit régner la
liberté, tandis que l'égalité a à dominer dans
l'élément impersonnel de la loi.
36
Vous ne pouvez pas introduire la fraternité
dans l’État ; mais vous ne pouvez pas édifier
une organisation économique sans la
fraternité. La grande erreur du socialisme
actuel, c'est de croire que par une
réglementation administrative, et surtout par
la socialisation des moyens de production, il
peut créer de quelque façon une structure
sociale. Pour établir une structure sociale
saine, il faut faire appel à toutes les forces
de l'organisme social. Il faut qu'à côté de
l'égalité — la seule composante à laquelle on
aspire aujourd'hui, et à juste titre pour le
domaine des lois, — règnent la fraternité et
la liberté. Mais elles ne peuvent le faire si
l'on n'instaure pas une
triarticulation/triarticulité. Dire : il faut
que dans l’État règnent la liberté, l'égalité
et la fraternité, alors que l'état est
omnipotent, c'est comme si l'on disait : Tu
n'as pas besoin de tête ni d'estomac, tu
n'auras qu'un cœur et des poumons, car il faut
que le cœur pense, que les poumons boivent et
mangent. Il est absurde d'exiger du cœur et
des poumons qu'ils pensent et qu'ils mangent,
et tout aussi absurde d'exiger d'un État
omnipotent qu'il dirige la vie économique et
assure la vie spirituelle. La vie spirituelle
doit être autonome tout en collaborant, comme
l'estomac collabore avec la tête et avec le
cœur. Sans doute, les différents éléments
agissent conjointement dans la vie, mais ils
n'agissent correctement que si on leur donne
les formes qui conviennent à chacun d'eux, et
non pas quand on les agglomère. Voilà ce qu'il
faut avant tout comprendre, et sans cette vue
approfondie, on ne progressera certainement
pas. Qu'il faille l'acquérir, c'est ce que
prouvent précisément les faits actuels. Il est
à un haut degré remarquable de voir que les
humains de notre temps ne voient pas tout ce
lien entre le matérialisme d'un côté et la
pensée abstraite de l'autre, tout de suite en
rapport à la question sociale.
37
Une raison puissante qui a contribué à la
naissance du matérialisme, c'est la mainmise
progressive de l’État sur toutes les
institutions corporatives libres à mesure
d'école. Si vous vous reportez aux temps où,
par un sentiment atavique naissant de la
clairvoyance, les choses ont été instituées,
vous verrez qu'on a encore ressenti à ce
moment la nécessité d'une collaboration des
trois membres. Ce n'est qu'à partir du 16e
siècle qu'ils se sont peu à peu confondus, au
moment de la montée du matérialisme. Regardez
les universités du passé : c'étaient des corps
libres ayant une vie tout à fait autonome au
sein de l'édifice social. L'humain du passé,
lorsqu'il voulait devenir un juriste de renom,
allait faire ses études dans une Faculté de
droit importante, disons Padoue ; s'il voulait
devenir un médecin éminent, il allait à
Montpellier ou à Naples ; s'il voulait devenir
un théologien de valeur, il allait à Paris.
Aucun État n'était propriétaire de ces
institutions, c'était le bien de l'humanité
qui prenait place en membre autonome dans
l'organisme social. Aujourd'hui, quelqu'un qui
vit en Suisse et s'en va faire d'excellentes
études de médecine dans un pays quelconque
n'en est pas mieux pourvu en Suisse ; car
aujourd'hui, le domaine dans lequel devait se
faire la régulation a absorbé la productivité
économique et aussi la productivité
spirituelle. C'est ainsi que s'est introduit
un élément malsain. N'est-ce pas, l'être
humain peut oublier qu'il a une tête et un
estomac. Dans la sphère de la science, il l'a
oublié, car il se traite comme s'il était
seulement un humain de respiration. Mais dans
le domaine de la réalité, cela ne conduit pas
seulement à des théories inexactes, mais aussi
à des institutions fausses et à des
établissements faux. Chaque école qui se
trouve directement sous le seul pouvoir de
l’État est un établissement impossible. On ne
s'en aperçoit pas quand on est myope,
pourtant, c'est un établissement impossible
qui provoque peu à peu des dégâts. Chaque
entreprise qui va au-delà du pur régulant, qui
veut être productive, est une source de
dommages lorsqu'elle est dirigée par l’État.
C'est de cela dont il s'agit. Quand vous avez
soif, vous ne pouvez rien verser dans vos
poumons, même pas de l'eau ; et si cela
arrive, voyez les dégâts provoqués.
38
Mais aujourd'hui, on verse dans le domaine de
l'existence qui devrait n'assurer que la
régulation juridique toutes les entreprises
économiques possibles, et même celles de la
vie spirituelle. On est même considéré comme
passablement toqué lorsqu'on met au point dans
ce domaine ce qui en est le principe
élémentaire, le fondement juste. Les partis
radicaux admettent encore un point : la
séparation de l’Église et de l’État ; ils vont
jusque-là. Cette partie de la vie spirituelle,
l’Église, ils veulent éventuellement la
séparer de l'État, parce qu'ils espèrent que
les humains ne s'intéresseront qu'à l'État. De
cette manière, et par un détour habile,
l’Église finira par mourir. On pourrait croire
les mêmes gens capables d'admettre ce qui est
nécessaire : à savoir qu'avant tout l'école
doit être indépendante, afin que la vie
spirituelle retrouve sa productivité, mais ils
sont exactement de l'avis opposé. Chaque
institution qui au domaine de la régulation
intervient dans la vie spirituelle, doit
nécessairement conduire dans l'infécondité, à
la stérilité. Et justement ainsi, il doit être
faux pour chaque initiative nécessaire à la
vie économique si la pure vie de régulation
intervient là. La police, les services de
sécurité, tout ce qui est droit sociétal — non
droit privé ni droit pénal, qui appartiennent
au troisième élément, à la vie spirituelle —
font partie du système de régulation. Tout ce
qui est système économique, est un système
pour soi, doit avoir une
structure/articulation corporative,
semi-personnelle. Et tout ce qui est vie
spirituelle doit être placé sur
l'individualité humaine, et ne peut prospérer
que centré sur l'individualité humaine.
L'individualité humaine dans sa productivité
spirituelle est pour l’État exactement ce que
sont pour les poumons et pour le cœur les
aliments qui doivent passer par l'estomac, et
ne peuvent entrer directement dans les poumons
et dans le cœur.
39
Vous voyez là l'autre pôle. Schiller parvient
à l'humanité la plus extérieure — état médian
— et rattache même à l'état/au contexte
suivant, à l'art. Nous sommes dans une
certaine mesure contraints à prendre notre
point de départ dans l'élément le plus
robuste, le plus grossier, le plus solide, et
à y chercher l'humain dedans ; mais nous
devons prendre cette voie, sinon il n'est pas
de salut pour l'évolution humaine du présent
ni du proche avenir. Dans ses Lettres
esthétiques, Schiller a formulé cette phrase
audacieuse : l'humain est seulement là
entièrement humain où il joue, et il ne joue
que là où il est un humain au plein sens du
mot. Schiller considère le jeu comme l'état
idéal en fait, — si l'on se représente
naturellement le jouer ainsi que Schiller :
que là la nécessité de raison synthétique a
été conduite vers en bas jusqu'à
l'inclination, et l'inclination conduite vers
en haut pour qu'elle ait justement ainsi été
spiritualisée comme la nécessité de raison
synthétique. Il nomme alors le sérieux de la
vie un jeu, parce qu'on procède comme l'enfant
dans le jeu qui n'obéit à aucune contrainte,
mais s'abandonne à ses pulsions — mais quand
même en certaine relation s'y abandonne
librement, parce que les nécessités qu'impose
la vie n'interviennent pas encore dans la vie
enfantine. Ainsi est saisi un point culminant
de l'humain dans les Lettres esthétiques de
Schiller : l'humain est seulement tout à fait
humain là où il joue, et il ne joue que là où
il est humain au plein sens du mot. Et ainsi
il est de l'autre côté nécessaire que
maintenant, là où nous devons commencer avec
le robuste du cosmos pour y trouver l'humain,
avec la solidité de tout le cosmos, nous
devons nous dire là : l'humain ne fera
progresser l'humanité que s'il sait élever au
niveau de la grande gravité dans le Cosmos les
plus petites choses de la vie quotidienne, et
jusqu'au jeu le plus courant. C'est pourquoi
il faut dire : à notre époque, un tournant a
été pris par l'humanité, et la gravité frappe
d'un poing redoutable à notre porte. C'est
cela qu'il faut admettre, et nous en parlerons
encore demain.
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