Crise
de l'humanité à l'époque du
Mystère du Golgotha ;
affaiblissement des forces
corporelles ataviques ; -
renforcement de la force
psycho/âmique-spirituelle par
l'impulsion du Christ.
Résurrection intérieure des
anciens mystères comme fait
historique, insaisissable pour la
raison analytique ordinaire.
Position de Goethe en rapport à la
saisie de l'impulsion du Christ.
Rayonnement des cultures du centre
de l'Europe. La volonté à la
destruction du centre européen. Le
goethéanisme comme ambiance
d'attente. La triarticulation du
façonnement social de l'humanité.
Le sentiment païen d'Isis. Le
conte du serpent vert et du beau
lys/de la belle Lilia. L'évolution
de la personnalité de Goethe.
L'influence de Shakespeare,
Spinoza et Linné. Les œuvres
inachevées de Goethe ("Secrets",
"Pandora"). Le goethéanisme repose
encore dans la tombe pour la
culture extérieure, mais doit
ressusciter et amener une nouvelle
compréhension du Christ.
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|
Krisis
der Menschheit zur Zeit des
Mysteriums von Golgatha;
Abschwächung der atavistischen
Leibeskräfte; — Verstärkung der
seelisch-geistigen Kraft durch den
Christus-Impuls. Innere
Auferstehung der alten Mysterien
als historische Tatsache,
unbegreiflich für den gewöhnlichen
Verstand. Goethes Stellung mit
Bezug auf die Auffassung des
Christus-Impulses. Ausstrahlung
der Kulturen aus der Mitte
Europas. Der Wille zur
Vernichtung der europäischen
Mitte. Goetheanismus als
Erwartungsstimmung. Die
Dreigliederung der sozialen
Gestaltung der Menschheit. Die
heidnische Isis-Stimmung. Das
Märchen von der grünen Schlange
und der schönen Lilie. Die
Entwicklung von Goethes
Persönlichkeit. Shakespeares,
Spinozas und Linnés Einfluß.
Goethes unvollendete Werke
(«Geheimnisse», «Pandora»). Der
Goetheanismus ruht noch im Grabe
für die äußere Kultur, muß aber
auferstehen und ein neues
Christusverständnis herbeiführen.
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(Goethe,
le païen qui exerce au/le Christ.
La science de l'esprit orientée
anthroposophiquement qui aiderait
à cela ? Pour un renouveau du
rapport à la nature et à la vie
sociale (remembrement/tri
articulation via la nouvelle
tripartition - division en trois
domaines)
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Ce
que j'ai voulu faire remarquer hier,
c'est que, d'un côté, le contenu
réel, le contenu profond de
l'impulsion du Christ, qui est venu
dans le monde par le mystère du
Golgotha, ne s'est pas entièrement
communiqué à l'humanité en une seule
fois, même au cours de la période
relativement longue pendant laquelle
il existe déjà un christianisme,
mais que, dans tout l'avenir, de
plus en plus du contenu de
l'impulsion du Christ veut se
communiquer à l'humanité ; qu'en
d'autres termes, la parole du Christ
Jésus est profondément vraie : " Je
suis avec vous tous les jours, de
par les tournants des temps." Et le
Christ ne voulait pas être inactif
parmi les humains, mais se
manifester activement, pénétrer
leurs âmes, les encourager, les
fortifier ; de sorte que, si ces
âmes savent ce qui se passe en
elles, elles peuvent trouver le
chemin, trouver le lien avec le
Christ, se sentir fortes dans leur
cercle terrestre.
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01
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Was
ich gestern bemerklich machen
wollte, das ist, von der einen Seite
angesehen, daß der eigentliche
Inhalt, der tiefere Inhalt des
Christus-Impulses, der durch das
Mysterium von Golgatha in die Welt
gekommen ist, sich nicht mit einem
Male, auch nicht in der relativ
langen Zeit, in der es nunmehr schon
ein Christentum gibt, der Menschheit
ganz mitgeteilt hat, sondern daß in
alle Zukunft hin immer mehr und mehr
von dem Inhalt des Christus-Impulses
der Menschheit sich mitteilen will;
daß mit anderen Worten tief wahr ist
das Wort des Christus Jesus : «Ich
bin bei euch alle Tage durch die
Zeitenwende hindurch.» Und nicht
untätig meinte der Christus unter
den Menschen zu sein, sondern tätig
sich offenbarend, eingehend in ihre
Seelen, aufmunternd die Seelen,
stärkend die Seelen; so daß, wenn
diese Seelen dasjenige wissen, was
in ihnen vorgeht, sie den Weg
finden, die Verbindung finden können
mit dem Christus, sich stark
innerhalb ihres Erdenringens fühlen
können.
|
Mais
pour tout cela, il est nécessaire,
tout de suite pour notre époque de
l'âge de la conscience, dans la
mesure où cela peut déjà être le cas
aujourd'hui - et comme je l'ai dit,
le contenu sera toujours plus clair
et plus riche pour l'humanité -, de
se rendre compte dès aujourd'hui de
ce qui fait réellement partie de la
révélation de l'impulsion du Christ.
Pour bien comprendre ce point, il
faut d'abord être imprégné de la
connaissance que le genre humain a
réellement évolué et changé au cours
des temps terrestres. La meilleure
façon de caractériser ce changement
est de dire que si l'on regarde en
arrière, dans des temps terrestres
très, très anciens, bien avant le
mystère du Golgotha, on trouve, en y
regardant de plus près, que la
corporéité de l'humain est encore
plus spirituelle qu'elle ne l'est
aujourd'hui. Et c'est cette
corporéité de l'humain qui a fait
surgir ces visions qui, d'une
certaine manière, ont révélé le
monde suprasensible à la
clairvoyance atavique. Mais cette
capacité, cette force de se
familiariser avec le monde spirituel
dans la clairvoyance atavique, s'est
peu à peu perdue pour l'humanité. Et
justement, au moment où le mystère
du Golgotha a éclaté, il y avait une
crise. C'est alors qu'a éclaté la
crise qui a montré que la force de
la corporéité de l'humain avait le
plus diminué par rapport à la
révélation du spirituel.
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02
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Zu
alldem aber ist es notwendig, gerade
für diese unsere Zeit des
Bewußtseinszeitalters, soweit es
heute schon der Fall sein kann --
und wie gesagt, der Inhalt wird
immer klarer und reicher erfließen
für die Menschheit —, sich heute
schon klarzumachen, was denn
eigentlich zu der Offenbarung des
Christus-Impulses gehört. Um in
diesem Punkte richtig zu verstehen,
muß man erst durchdrungen sein von
der Erkenntnis, daß das
Menschengeschlecht wirklich sich im
Laufe der Erdenzeiten entwickelt
hat, verändert hat. Diese
Veränderung, man kann sie am besten
so charakterisieren, daß man sagt :
Wenn man zurückblickt in sehr, sehr
alte Erdenzeiten, weit zurückliegend
vor dem Mysterium von Golgatha, da
findet man, genauer zugesehen, die
Leiblichkeit des Menschen noch
geistiger, als sie heute ist. Und
diese Leiblichkeit des Menschen war
es, die aufsteigen ließ jene
Visionen, welche atavistischem
Hellsehen die übersinnliche Welt in
einer gewissen Weise offenbarten.
Aber diese Fähigkeit, diese Kraft,
in atavistischem Hellsehen sich
bekanntzumachen mit der geistigen
Welt, ging nach und nach der
Menschheit verloren. Und gerade zur
Zeit, als das Mysterium von Golgatha
hereinbrach, war eben eine Krisis.
Da war die Krisis hereingebrochen,
die da zeigte, daß die Leiblichkeit
des Menschen am stärksten in ihrer
Kraft abgenommen hatte mit Bezug auf
die Offenbarung des Geistigen.
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Or,
à partir de ce moment-là, de cette
crise, il devait se produire un
renforcement du psycho-spirituel, de
la force d'âme et spirituelle,
correspondant à l'affaiblissement de
la force du corps. Mais ici, dans le
corps terrestre, nous devons compter
avec l'instrument de notre corps.
L'humain n'aurait tout simplement
pas été capable d'acquérir le
renforcement de son âme-esprit, qui
est devenu nécessaire avec le déclin
de la force corporelle, s'il n'avait
pas été aidé par une région qui
n'est pas la région terrestre, mais
qui est extraterrestre, si quelque
chose n'était pas arrivé sur la
Terre depuis l'extérieur de la Terre
: tout de suite l'impulsion du
Christ. L'humain aurait été trop
faible pour avancer lui-même.
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03
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Nun
mußte von jenem Zeitpunkte, von
jener Krisis an, eine der
Abschwächung der Leibeskraft
entsprechende Verstärkung des
Seelisch-Geistigen, der
seelisch-geistigen Kraft eintreten.
Aber hier im Erdenkörper müssen wir
mit dem Werkzeuge unseres Leibes
rechnen. Der Mensch wäre einfach
nicht fähig gewesen, die Verstärkung
seines Seelisch-Geistigen, die
notwendig wurde mit dem Herabdämmern
der Leibeskraft, zu erwerben, wenn
ihm nicht Hilfe geworden wäre aus
einer Region, die nicht die
Erdenregion ist, sondern die
außerirdisch ist, wenn nicht etwas
von außerhalb der Erde auf die Erde
hereingekommen wäre : eben der
Christus-Impuls. Der Mensch wäre zu
schwach gewesen, selbst vorzurücken.
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Mais
cela se voit tout particulièrement
si l'on considère l'ancien système
des mystères. À quoi servait donc
cet être des mystères ? Dans
l'ensemble, on peut dire que la
grande et large masse de nos
ancêtres - c'est-à-dire de
nous-mêmes, car nous étions
nous-mêmes, dans notre vie passée,
les humains que nous appelons nos
ancêtres - était, dans les temps
très, très anciens, dotée d'une
conscience beaucoup plus sourde
qu'aujourd'hui. C'étaient des êtres
plus instinctifs. Et ces humains
n'auraient pas pu, dans cette nature
instinctive, accéder à une
connaissance qui est pourtant
nécessaire au salut de l'humain, à
son maintien, à sa conscience de
force en devenir. C'est alors que
certaines personnalités appelées par
leur karma, qui ont justement été
initiées aux mystères, ont pu
annoncer aux autres, qui menaient
une vie plus instinctive, les
vérités que l'on peut appeler les
vérités du salut. Mais cette
proclamation n'était possible dans
les temps anciens qu'à partir d'une
certaine constitution de l'organisme
humain, de l'être humain, qui
n'existe plus aujourd'hui. Les
cérémonies des mystères, les
pratiques des mystères à travers les
différents degrés consistaient à ce
que l'humain devienne réellement un
autre dans les mystères. On ne peut
plus bien se l'imaginer aujourd'hui,
parce que ce n'est pas possible à ce
degré par de tels actes extérieurs
-- je les ai décrits récemment pour
les mystères égyptiens. La nature
humaine a vraiment été transformée
par la production de certaines
émotions, de certaines expériences
intérieures de l'âme, de telle sorte
que le spirituel s'est détaché dans
la conscience totale. Mais on
prépara d'abord l'élève des mystères
de telle sorte que ce spirituel ne
se détache pas dans un état
chaotique comme aujourd'hui dans le
sommeil, mais que l'humain puisse
réellement percevoir dans le
spirituel. C'est la grande
expérience qu'ont vécue les élèves
des mystères : après leur
initiation, ils connaissaient le
monde spirituel comme l'humain
connaît le monde physique et
sensoriel par ses yeux et ses
oreilles. Ils pouvaient alors
annoncer ce qu'ils savaient de ce
monde spirituel.
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04
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Das
aber zeigt sich ganz besonders, wenn
man ins Auge faßt das alte
Mysterienwesen. Wozu war denn dieses
Mysterienwesen eigentlich? Im
Ganzen kann man sagen: Die große und
breite Masse unserer Vorfahren — das
heißt von uns selbst, denn wir
selbst waren in unserem vorigen
Leben eben die Menschen, die wir
unsere Vorfahren nennen —, war in
sehr, sehr alten Zeiten mit einem
viel dumpferen Bewußtsein behaftet
als heute. Sie waren mehr
instinktive Wesen. Und jene
Menschen hätten sich in diesem
instinktiven Wesen nicht
hineinfinden können in eine
Erkenntnis, die doch aber zum Heil
des Menschen, zu seinem
Aufrechterhalten, zu seinem
werdenden Kraftbewußtsein nötig ist.
Da konnten dann gewisse, durch ihr
Karma dazu berufene
Persönlichkeiten, die eben in die
Mysterien eingeweiht wurden, den
andern, die mehr ein Instinktleben
führten, die Wahrheiten
verkündigen, die man die
Heilswahrheiten nennen kann. Aber
diese Verkündigung war in den alten
Zeiten nur möglich aus einer
gewissen Konstitution des
menschlichen Organismus, des
menschlichen Wesens heraus, die
heute nicht mehr vorhanden ist. Die
Mysterienzeremonien, die
Mysterienverrichtungen durch die
verschiedenen Grade hindurch
bestanden darinnen, daß der Mensch
wirklich in den Mysterien ein
anderer wurde. Das kann man sich
heute nicht mehr gut vorstellen,
weil es durch solche äußeren
Verrichtungen -- ich habe sie
neulich für die ägyptischen
Mysterien geschildert — heute in
solchem Grade nicht möglich ist. Die
Menschennatur wurde durch Erzeugung
von gewissen Emotionen, von
gewissen inneren Seelenerlebnissen,
wirklich so umgestaltet, daß sich in
völligem Bewußtsein das Geistige
loslöste. Aber man bereitete zuerst
den Zögling der Mysterien so vor,
daß dieses Geistige sich nicht in
solch chaotischem Zustande loslöste
wie heute im Schlafe, sondern daß
der Mensch im Geistigen wirklich
wahrnehmen konnte. Das war das
große Erlebnis, welches die
Mysterienschüler durchmachten, daß
sie nach ihrer Einweihung so wußten
von der geistigen Welt, wie der
Mensch durch seine Augen und Ohren
von der physisch-sinnlichen Welt
weiß. Dann konnten sie verkündigen,
was sie von dieser geistigen Welt
wußten.
|
Mais
le temps approchait où la nature
humaine ne pouvait plus être
transformée aussi facilement par ces
activités qui étaient celles des
anciens mystères. L'humain a changé
au cours de l'histoire. Il fallait
que quelque chose d'autre vienne, et
cette autre chose, c'est que ce que
l'humain a vécu à un certain niveau
dans le mystère, la résurrection
intérieure, s'est déroulé comme un
fait historique sur le Golgotha.
C'était donc devenu un événement
historique. Un humain, Jésus - car
en tant qu'humain se promenant à
l'extérieur, il était justement
l'humain Jésus -, avait traversé le
mystère du Golgotha. Mais ceux qui
étaient ses disciples intimes
savaient qu'il était apparu vivant
parmi eux après un certain temps -
nous ne voulons pas en vérifier la
façon aujourd'hui -, que donc la
résurrection est une vérité.
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05
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Aber
die Zeit rückte heran, in der die
Menschennatur nicht mehr durch jene
Verrichtungen, welche die der alten
Mysterien waren, in dieser Weise so
ohne weiteres umgestaltet werden
konnte. Der Mensch änderte sich eben
im Verlaufe der Geschichte. Es mußte
etwas anderes kommen, und das
andere, was da kam, war eben, daß
eigentlich dasjenige, was auf einer
gewissen Stufe der Mensch im
Mysterium erlebte, die innere
Auferstehung, als historische
Tatsache auf Golgatha sich
abspielte. Nun war also das ein
geschichtliches Ereignis geworden.
Ein Mensch, Jesus — denn als
äußerlich herumgehender Mensch war
er eben der Mensch Jesus —, war
durch das Mysterium von Golgatha
gegangen. Diejenigen, die seine
intimen Schüler waren, wußten aber,
daß er nach einer gewissen Zeit
unter ihnen lebendig erschienen ist
— die Art wollen wir heute nicht
prüfen —, daß also die Auferstehung
eine Wahrheit ist.
|
Ainsi
on peut dire qu'il y a eu un jour,
au cours de l'évolution de
l'humanité, le fait qu'en un endroit
de la terre, un humain a surmonté la
mort grâce à la force d'un
extraterrestre, l'impulsion du
Christ, de sorte que le dépassement
de la mort a pu faire partie des
expériences, des expériences de
l'existence terrestre elle-même.
Mais il s'était ainsi passé quelque
chose dans l'évolution historique de
l'humanité qui est tout de suite
incompréhensible pour l'intellect/la
raison analytique qui devait se
développer particulièrement
maintenant, qui se trouvait dans le
progrès des humains. Car pour la
raison analytique humaine, il n'est
pas compréhensible qu'un être humain
meure, soit enterré et ressuscite.
Pour le salut de l'évolution
terrestre, quelque chose était donc
nécessaire, quelque chose devait se
produire dans le processus physique
de cette évolution terrestre, ce qui
est incompréhensible pour la saine
raison analytique, qui est justement
bien utilisé en ce qui concerne
l'être-là de nature. Et en fait, il
est honnête de reconnaître que plus
les humains avancent dans
l'évolution de cette raison
analytique - et l'évolution à l'âge
de la conscience est de préférence
l'évolution de l'intellectuel -
d'autant plus l'événement du
Golgotha doit devenir
incompréhensible pour la raison
analytique d'abord orientée vers la
nature extérieure. De sorte que l'on
peut dire : celui qui n'est
conscient que du maniement de la
raison analytique ordinaire, tel
qu'elle est orientée vers l'être-là
de nature, doit honnêtement s'avouer
peu à peu qu'il ne comprend pas le
mystère du Golgotha. Mais il doit se
donner une secousse, parce qu'il
doit quand même le comprendre. C'est
l'essentiel, de pouvoir se donner un
coup de pouce, de penser simplement
au-delà du bon sens/de la saine
raison analytique humaine. C'est
l'essentiel, c'est quelque chose qui
doit se produire comme une
nécessité, se donner cette secousse
pour pouvoir comprendre quelque
chose d'apparemment incompréhensible
pour la plus haute force humaine.
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06
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So
kann man sagen : Es war einmal
innerhalb des Laufes dieser
Menschheitsentwickelung da die
Tatsache, daß an einem Orte der Erde
sich das zugetragen hat, daß durch
die Kraft eines Außerirdischen, des
Christus-Impulses, ein Mensch den
Tod überwunden hatte, so daß die
Überwindung des Todes unter den
Erfahrungen, unter den Erlebnissen
des Erdendaseins selber sein konnte.
Damit aber war etwas geschehen in
der geschichtlichen
Menschheitsentwickelung, was gerade
für den Verstand unbegreiflich ist,
der sich jetzt besonders entwickeln
sollte, der im Fortschritt der
Menschen lag. Denn für den
menschlichen Verstand ist das nicht
begreiflich, daß ein Mensch stirbt,
begraben wird und aufersteht. Zum
Heile der Erdenentwickelung war
daher etwas notwendig, mußte etwas
im physischen Gange dieser
Erdenentwickelung geschehen, was für
den Verstand, der gerade gut
anzuwenden ist in bezug auf das
Naturdasein, unbegreiflich ist. Und
eigentlich ist es ehrlich,
zuzugeben, daß je weiter die
Menschen in der Entwickelung dieses
Verstandes vorrücken — und die
Entwickelung im Bewußtseinszeitalter
ist ja vorzugsweise die Entwickelung
des Intellektuellen —, desto
unbegreiflicher das Ereignis von
Golgatha für den zunächst auf die
äußere Natur gerichteten Verstand
werden muß. So daß man sagen kann:
Derjenige, der nur sich bewußt ist
der Handhabung des gewöhnlichen
Verstandes, wie er auf das
Naturdasein gerichtet ist, der muß
sich ehrlicherweise nach und nach
gestehen: er begreift das Mysterium
von Golgatha nicht. Aber er muß sich
einen Ruck geben, weil er es dennoch
begreifen muß. Das ist das
Wesentliche, sich einen Ruck geben
zu können, über den gesunden
Menschenverstand einfach
hinauszudenken. Das ist das
Wesentliche, das ist etwas, was als
Notwendiges eintreten muß, sich
diesen Ruck zu geben, um etwas
scheinbar gerade für die höchste
menschliche Kraft Unverständliches
dennoch verstehen zu lernen.
|
Plus
le développement intellectuel, dont
dépend l'épanouissement de la
science, progresse, plus la
compréhension du mystère du Golgotha
doit s'effacer devant ce
développement intellectuel. C'est
aussi pour cette raison que ce ne
sont pas les Hébreux cultivés, ni
les Grecs cultivés, ni les Romains
cultivés, qui ont d'abord été en
quelque sorte historiquement choisis
pour comprendre le mystère du
Golgotha, de la sorte dont je vous
l'ai expliqué ; ils l'ont transposé
dans d'autres représentations, comme
je l'ai expliqué hier, mais ce sont
les barbares primitifs du Nord qui
ont accueilli dans leurs âmes
primitives le Christ qui est venu à
eux, comme il est venu à Jésus de
Nazareth. On peut déjà dire, dans le
sens où je l'ai exposé hier, que le
Christ est d'abord venu à l'humain
Jésus de Nazareth dans l'événement
du Golgotha. C'est là que l'humanité
– l'humanité des Hébreux, l'humanité
des Grecs, l'humanité des Romains -
a été informée de ce qui s'est passé
de plus important dans l'existence
terrestre. Mais ensuite, le Christ
est venu une nouvelle fois, il s'est
uni aux humains qui peuplaient le
nord, l'est de l'Europe, qui
n'avaient pas la même éducation que
les Hébreux, que les Grecs, que les
Romains. Il ne s'est pas uni à un
seul humain, il s'est uni aux âmes
de peuple de ces tribus. Mais nous
avons aussi dû le souligner hier :
ces tribus se sont développées peu à
peu. Elles devaient en quelque sorte
rattraper/répéter à un cinquième
niveau ce que les peuples hébreux,
grecs et latins avaient vécu à un
quatrième niveau. Et nous avons
souligné hier que ce n'est qu'à
l'époque de Goethe que l'ère de
Platon a été atteinte par rapport à
une étape ultérieure. Avec le
goethéanisme lui-même, le platonisme
de la Grèce, qui était pour la
quatrième période post-atlantique,
était revenu pour la cinquième
période post-atlantique. On n'en
était quand même pas encore aussi
loin dans le goethéanisme qu'on se
trouvait déjà face à la toute
nouvelle conception/saisie du
mystère du Golgotha, mais, comme je
le disais hier, dans l'attente de
cela.
|
07
|
Je
mehr die intellektuelle Entwickelung
vorschreitet, von der die Blüte der
Wissenschaft abhängt, desto mehr
mußte für diese intellektuelle
Entwickelung zurücktreten das
Verständnis für das Mysterium von
Golgatha. Aus diesem Grunde war es
auch, daß es nicht die gebildeten
Hebräer, nicht die gebildeten
Griechen, nicht die gebildeten Römer
waren, die zunächst gewissermaßen
wie historisch auserlesen waren zu
dem Verständnis des Mysteriums von
Golgatha, in der Art, wie ich Ihnen
das Mysterium von Golgatha
auseinandergesetzt habe; die haben
es umgesetzt in andere
Vorstellungen, wie ich gestern
ausgeführt habe, sondern es waren
die primitiv gebildeten Barbaren des
Nordens, welche in ihre primitv
gebildeten Seelen hereinnahmen den
Christus, der zu ihnen kam, so wie
er zu dem Jesus von Nazareth
gekommen ist. Man kann schon in dem
Sinne, wie ich das gestern
aus‑einandergesetzt habe, sagen :
Der Christus kam zunächst im
Ereignis von Golgatha zu dem
Menschen Jesus von Nazareth. Da
wurde zunächst die Menschheit
hingewiesen — die Menschheit der
Hebräer, die Menschheit der
Griechen, die Menschheit der Römer —
auf das Wichtigste, was im
Erdendasein geschah. Dann aber kam
der Christus noch einmal, vereinte
sich mit den Menschen, die den
Norden, den Osten Europas
bevölkerten, die keine solche
Bildung hatten wie die Hebräer, wie
die Griechen, wie die Römer. Da
vereinigte er sich nicht mit einem
einzelnen Menschen, da vereinigte er
sich mit den Volksseelen dieser
Volksstämme. Aber wir haben gestern
auch betonen müssen: Diese
Volksstämme entwickelten sich nach
und nach. Sie mußten gewissermaßen
auf einer fünften Stufe nachholen
dasjenige, was auf einer vierten
Stufe durchgemacht hatten die
hebräisch-griechisch-lateinischen
Völker. Und wir haben ja gestern
betont, daß erst im Zeitalter
Goethes das Zeitalter Platos mit
Bezug auf eine spätere Stufe
erreicht worden war. Mit
Goetheanismus selber war für die
fünfte nachatlantische Zeit der
Platonismus des Griechentums, der
für die vierte nachatlantische Zeit
da war, wiedergekommen. Doch noch
war man nicht so weit im
Goetheanismus, daß man etwa schon
der ganzen neuen Gestaltung der
Auffassung des Mysteriums von
Golgatha gegenüberstand, sondern,
wie ich gestern sagte, in der
Erwartung davon.
|
Cet
état d'esprit de l'humanité moderne
face au mystère du Golgotha, on peut
l'étudier correctement si l'on
comprend vraiment la personnalité,
mais maintenant la personnalité
d'âme et d'esprit de Goethe. La
question est une question
spirituelle-scientifique à part
entière : où se situe Goethe et ceux
qui lui appartiennent/se rangent à
lui, différents esprits qui ont été
en contact avec lui, où se situe le
goethéanisme au tournant du 18e et
du 19e siècle par rapport à
l'évolution de l'humanité, par
rapport à la conception de
l'impulsion du Christ ? - On
pourrait d'abord se demander comment
il se situe extérieurement dans
l'évolution européenne, ce
goethéanisme ?
|
08
|
Diese
Stimmung der neueren Menschheit
gegenüber dem Mysterium von
Golgatha, sie kann man insbesondere
richtig studieren, wenn man die
Persönlichkeit, aber jetzt die
Geist-Seelenpersönlichkeit Goethes
wirklich richtig versteht. Die Frage
ist eine durch und durch
geisteswissenschaftliche: Wo stehen
Goethe und diejenigen, die zu ihm
gehören, verschiedene Geister, die
mit ihm in Verbindung waren, wo
steht der Goetheanismus an der Wende
des 18. zum 19. Jahrhundert mit
Bezug auf die
Menschheitsentwickelung, mit Bezug
auf die Auffassung des
Christus-Impulses? — Man könnte
zunächst darauf hinblicken : Wie
steht er eigentlich äußerlich
drinnen in der europäischen
Entwickelung, dieser Goetheanismus?
|
Il
sera bon de rappeler ce que je vous
ai souvent dit au cours des années
de notre temps catastrophique, il
sera bon de rappeler la réponse à la
question : d'où viennent les
cultures périphériques européennes
et leur progéniture américaine ? -
Nous ne devons pas oublier : celui
qui pose un regard impartial sur ces
cultures périphériques européennes
sait que la culture de l'Angleterre,
de la France, de l'Italie, des
Balkans, aussi loin qu'il est
avancé, mais aussi, derrière elles,
la culture de l'Europe de l'Est, est
rayonnée par le centre de l'Europe ;
elles sont toutes rayonnées. Ce
serait bien sûr un terrible préjugé
de croire que ce qui est aujourd'hui
la culture italienne est autre chose
que ce qui a rayonné du centre de
l'Europe vers l'Italie, simplement
recouvert de l'essence latine qui
est restée dans la langue et dans la
forme extérieure. Ce serait un
terrible préjugé de croire que la
culture anglaise est autre chose que
ce qui a rayonné depuis le centre de
l'Europe et qui, à vrai dire, a
d'abord été entonné, aussi par la
langue et d'autres choses de ce
genre, en une autre essence, même
beaucoup moins que l'essence
italienne ou française. Mais tout ce
qu'est la France, l'Angleterre,
l'Italie, et même, à bien des
égards, l'Orient européen, a rayonné
à partir du centre de l'Europe. Et
dans ce centre est resté ce qui
s'est produit maintenant que les
cultures ont rayonné, ce qui est
resté comme le giron à partir duquel
le goethéanisme s'est développé.
Nous sommes aujourd'hui confrontés
au fait, que l'on peut accepter sans
émotion, que ce qui a rayonné à la
périphérie travaille de toutes ses
forces à détruire, à détruire aussi
spirituellement âmiquement ce dont
il a rayonné au centre de l'Europe.
Un jour, le monde regardera ce
phénomène le plus monstrueux de
l'histoire de l'humanité d'une toute
autre manière que dans notre
présent, où ce monde s'apprête à
adorer quatorze cadavres de pensées
de l'Occident comme des idoles. Un
jour, l'humanité comprendra qu'il
s'est produit ce que l'on peut
appeler la volonté absolue
d'anéantir ce qui a rayonné de tous
côtés. Le tragique de ce fait
s'accomplira évidemment.
|
09
|
Da
wird es gut sein, sich etwas
zurückzurufen, was ich jetzt, die
Jahre unserer katastrophalen Zeit
hindurch, öfter zu Ihnen gesprochen
habe, da wird es gut sein, sich
zurückzurufen die Antwort auf die
Frage : Woher kommen eigentlich die
europäischen Peripheriekulturen mit
ihrem amerikanischen Nachwuchs? —
Wir dürfen nicht vergessen: Wer
unbefangen den Blick auf diese
europäischen Peripheriekulturen
hinrichtet, der weiß, daß die Kultur
Englands, Frankreichs, Italiens, des
Balkans, so weit er
vorwärtsgeschritten ist, dahinter
aber sogar die Kultur des
europäischen Ostens, ausgestrahlt
ist von Europas Mitte; sie sind
alle ausgestrahlt. Es wäre natürlich
ein furchtbares Vorurteil, zu
glauben, daß dasjenige, was heute
italienische Kultur ist, etwas
anderes ist als das, was von der
Mitte Europas nach Italien
ausgestrahlt ist, nur überzogen von
dem lateinischen Wesen, das in der
Sprache und in der äußeren Form
geblieben ist. Es wäre ein
furchtbares Vorurteil, zu glauben,
daß die englische Kultur etwas
anderes ist als dasjenige, was von
Europas Mitte ausgestrahlt ist und
eigentlich erst eingefaßt ist, auch
wiederum durch Sprache und
dergleichen, in anderes Wesen, sogar
viel weniger als das italienische
oder das französische Wesen. Aber
alles dasjenige, was Frankreich,
England, Italien, ja auch in vieler
Beziehung was der europäische Osten
ist, das ist ausgestrahlt aus
Europas Mitte.
[
Le
mystère du centre européen ét du
monde anglo-saxon ? Comme
le centre de population?]
Und
in dieser Mitte ist dann
zurückgeblieben dasjenige, was eben
sich jetzt ergeben hat, nachdem die
Kulturen ausgestrahlt sind, was
geblieben ist als der Schoß, aus dem
sich herausentwickelt hat der
Goetheanismus. Wir stehen heute in
der ohne Emotion hinzunehmenden
Tatsache, daß dasjenige, was
ausgestrahlt ist in die Peripherie,
mit aller Macht daran arbeitet, zu
vernichten, auch geistig-seelisch zu
vernichten dasjenige, wovon es, als
in Europas Mitte befindlich,
ausgestrahlt ist. Es wird einmal die
Welt dieses ungeheuerste Phänomen
des Menschheitsgeschehens in einer
ganz andern Weise ansehen als in
unserer Gegenwart, wo sich diese
Welt anschickt, vierzehn
Gedankenleichen des Westens als
Götzenbilder anzubeten. Es wird
einstmals die Menschheit verstehen,
daß dasjenige geschah, was man
nennen kann das absolute
Vernichten-wollen desjenigen, was
ausgestrahlt ist nach allen Seiten.
Die Tragik dieser Tatsache wird sich
selbstverständlich erfüllen.
|
Car
c'est dans la direction de ce fait
qu'apparaît, dans une nouvelle étape
de l'évolution de l'Europe, ce qui -
à l'exception des dernières
décennies, où l'on peut dire que
d'autres forces ont agi - s'est
amorcé et s'est développé au cours
des siècles par le fait que du
centre de l'Europe rayonnaient
partout les traits personnels de
ceux qui forment les cultures des
côtés les plus divers. Oh,
l'humanité est aujourd'hui si peu
encline à se former un jugement
impartial sur ce point ! Je peux
dire que j'étais moi-même en
relation étroite avec le travail de
mon vieil ami Karl Julius Schröer,
lorsqu'il étudiait les dernières
traces qu'il fallait trouver pour
donner à cette affaire une base
scientifique entièrement sûre, les
différents dialectes, les
différentes langues, les différents
caractères des parties du peuple
qu'il faut considérer comme les
parties allemandes de la Hongrie du
Nord, de la Transylvanie et des
différentes régions de l'Autriche.
Celui qui considère tout ce qui se
rattache aux dictionnaires et
grammaires peu exigeants des
Allemands de Spiš, des Saxons de
Transylvanie, dans les études de
Schröer, que j'ai menées en commun
avec lui, en tant qu'explorateur de
l'expansion de la culture d'Europe
centrale, qu'il était, peut dire que
Schröer est encore lié à un savoir
qui n'est malheureusement plus du
tout pris en compte aujourd'hui dans
le tumulte et la tempête des
événements. Mais que l'on regarde
cette Hongrie, où une culture
purement magyare devait être établie
au cours des dernières décennies,
depuis l'année 1867, que l'on
regarde, non pas avec une fausseté
politique et un aveuglement
politique, une haine politique, que
l'on regarde conformément à la
vérité : on découvrira alors que
dans les régions qui allaient être
magyarisées par la suite en tant que
pays de la Magyarentum, des gens
sont venus du Rhin en tant que
Saxons de Transylvanie, des gens de
plus à l'ouest en tant qu'Allemands
de Spiš, des gens de l'actuelle
Souabe en tant qu'Allemands du
Banat. Tout cela constitue le
ferment qui forme la base de la
culture magyare, sur laquelle s'est
seulement déversé ce qui s'est
ensuite formé très tard en tant que
culture magyare. Mais à la base de
cette culture magyare, il y a
toujours eu - même si ce n'est pas
dans ce qui est exprimable par la
langue, mais dans les sentiments,
dans les sensations, dans l'ensemble
du folklore - ce qui est venu du
centre de l'Europe à travers les
siècles.
|
10
|
Denn
in der Richtung dieser Tatsache
liegt es, daß in einem weiteren
Entwickelungsschritte für Europa
dasjenige erscheint, was — mit
Aus‑nahme der letzten Jahrzehnte, wo
man sagen kann, daß eben andere
Kräfte gewaltet haben — sich
angebahnt und durch die Jahrhunderte
entwickelt hat dadurch, daß von
Europas Mitte überallhin
ausstrahlten auch die persönlichen
Züge derjenigen, welche die Kulturen
nach den verschiedensten Seiten
ausbilden. Oh, über diesen Punkt ist
heute die Menschheit so wenig
geneigt, ein unbefangenes Urteil
sich zu bilden! Ich darf sagen, ich
selbst stand ja in innigem
Zusammenhange mit der Arbeit meines
alten Freundes Karl Julius Schröer,
als er damals die letzten Spuren,
die zu finden waren, um der Sache
eine vollständig gesicherte
wissenschaftliche Basis zu geben,
der verschiedenen Dialekte, der
verschiedenen Sprachen, der
verschiedenen Wesen der Volksteile
studierte, die als die deutschen
Volksteile Nordungarns,
Siebenbürgens und sonst der
verschiedenen Gegenden Österreichs
zu betrachten sind. Wer da
betrachtet alles das, was sich an
die anspruchslosen Wörterbücher und
Grammatiken der Zipser Deutschen,
der Siebenbürgener Sachsen in den
Schröerschen Studien anknüpfte, die
ich in persönlichem Anteil mit ihm,
als einem damaligen Erforscher der
Ausbreitung der mitteleuropäischen
Kultur, der er war, besprechen
durfte, der darf sagen, daß Schröer
noch zusammenhängt mit einem Wissen,
das leider heute im Trubel, im Sturm
der Ereignisse gar nicht mehr
berücksichtigt wird. Aber man sehe
hin auf dieses Ungarn, wo nämlich
eine rein magyarische Kultur
eingerichtet werden sollte im Laufe
der letzten Jahrzehnte, seit dem
Jahre 1867, man sehe hin, nicht mit
politischer Unwahrheit und
politischer Verblendung, politischem
Haß, man sehe hin der Wahrheit gemäß
: Dann wird man entdecken, daß in
die Gegenden, die nachher als die
Länder des Magyarentums
magyarisiert werden sollten,
eingezogen sind Menschen vom Rhein
her als die Siebenbürgener Sachsen,
Menschen von weiter westlich als die
Zipser Deutschen, Menschen aus dem
heutigen Schwaben als die Banater
Deutschen. Das alles ist das
Ferment, welches die Grundlage
bildet für die magyarische Kultur,
über die nur hinübergegossen ist
dasjenige, was dann im Grunde
genommen sehr spät erst sich
gebildet hat als magyarische Kultur.
Aber auf dem Grunde dieser
magyarischen Kultur ist — wenn auch
nicht in das, was durch die Sprache
ausdrückbar ist, aber in die
Gefühle, in die Emp‑ findungen, in
das ganze Volkstum — immer
eingeflossen dasjenige, was durch
Jahrhunderte aus Europas Mitte dahin
gekommen ist.
|
Aussi
étonnant que cela puisse paraître,
vous pourriez étudier la même chose
pour toutes les régions
périphériques de l'Europe, si vous
preniez seulement l'histoire globale
de l'Europe. A l'est, la vague slave
est venue à l'encontre de ce qui est
émis par le centre, elle a recouvert
de la vague slave ce qui est émis
par le centre ; la vague romane est
venue de l'ouest. Et par un
enchaînement tragique, qui a
cependant une nécessité historique
interne, la périphérie s'est alors
retournée contre ce qui était resté
dans le giron du centre ; elle s'est
retournée de telle sorte qu'un fait
est tout à fait clair à partir de ce
retournement - on peut le croire ou
non, on peut facilement s'en moquer
ou le railler ou non : ce qui est
resté au centre de l'Europe, ce qui
est sorti du goethéanisme, compris
spirituellement-âmiquement dans sa
réalité et dans sa vérité, ne trouve
aujourd'hui aucune compréhension
dans la meilleure connaissance
moyenne de la périphérie. Et on
pourrait dire que partout, jusque
dans les régions américaines, on
parle de la véritable substance de
l'être centre-européen comme si on
n'en avait aucune idée. On ne peut
pas en avoir la moindre idée. Mais
l'histoire mondiale le révélera.
C'est ce qui peut, dans un certain
sens, nous donner la force de
pouvoir nous y accrocher/tenir
fermement.
|
11
|
So
staunenswert dieses ist: für alle
Peripheriegegenden Europas könnten
Sie, wenn Sie nur die
Gesamtgeschichte Europas nehmen,
dasselbe studieren. Im Osten kam die
slawische Welle entgegen dem, was
von der Mitte ausgestrahlt ist,
überzog das, was von der Mitte
ausgestrahlt ist, mit der slawischen
Welle; vom Westen kam die
romanische Welle. Und durch eine
tragische Verkettung, die aber eine
innere geschichtliche Notwendigkeit
hat, wandte sich dann die
Peripherie gegen dasjenige, was in
der Mitte im Schoß übriggeblieben
ist; wandte sich so, daß aus diesem
Wenden eine Tatsache ganz klar ist —
das mag geglaubt werden oder nicht,
darüber mag leicht gespottet oder
gehöhnt werden oder nicht:
Dasjenige, was zurückgeblieben ist
in Europas Mitte, dasjenige, was aus
dem Goetheanismus herausgewachsen
ist, geistig-seelisch aufgefaßt in
seiner Wirklichkeit und in seiner
Wahrheit, das findet heute in der
besten Durchschnittserkenntnis der
Peripherie eben kein Verständnis
noch. Und von dem könnte man sagen:
Überall wird, bis in die
amerikanischen Gegenden hinüber, von
der eigentlichen Substanz des
mitteleuropäischen Wesens so
gesprochen, als ob man eben keine
Ahnung davon hätte. Man kann keine
Ahnung davon haben. Aber die
Weltgeschichte wird das zutage
fördern. Das ist dasjenige, was
einem in gewissem Sinne eine Kraft
geben kann, an dem festhalten zu
können.
|
Certes,
je vous ai présenté ici, le soir de
la Saint-Sylvestre, un tableau
calculé par un humain qui sait bien
compter, sur les conditions futures
de l'Europe centrale. Elles ne
seront pas différentes si tout cela
se réalise, si une partie seulement
de ce que veulent les pays
périphériques se réalise. Mais cette
Europe centrale, dont
l'anéantissement est décidé en ce
qui concerne l'existence extérieure,
dont l'anéantissement s'accomplira
probablement aussi dans un premier
temps pour les prochaines années et
décennies - car c'est ainsi qu'il en
a été décidé par le conseil des
puissances périphériques -, avait en
son sein la dernière configuration
de ce que nous avons caractérisé
hier ; elle avait en son sein la
dernière configuration de ce qui est
pourtant important comme ferment
pour l'évolution de l'humanité. Il
faut que cela s'infiltre, il faut
simplement que se poursuive cette
évolution que je vous ai décrite
pour le magyarisme. Ce rayonnement
se poursuivra déjà.
|
12
|
Gewiß,
ich habe Ihnen am Silvesterabend
hier ein Bild vorgeführt, das
errechnet ist von einem Menschen,
der gut rechnen kann, über die
zukünftigen Verhältnisse
Mitteleuropas. Nicht anders als so
werden sie sein, wenn sich alles
dasjenige erfüllt, wenn sich auch
nur ein Teil von dem erfüllt, was
die Peripherieländer wollen. Aber
dieses Mitteleuropa, dessen
Vernichtung beschlossen ist in bezug
auf das äußere Dasein, dessen
Vernichtung sich ja wahrscheinlich
auch zunächst für die nächsten
Jahre und Jahrzehnte erfüllen wird —
denn so ist es beschlossen im Rate
der Peripheriemächte —, das hatte in
seinem Schoße die letzte
Ausgestaltung dessen, was wir
gestern charakterisiert haben; das
hatte in seinem Schoße die letzte
Ausgestaltung desjenigen, was
dennoch wichtig ist als ein Ferment
für die Menschheits‑entwickelung. Es
muß einfließen, es muß einfach diese
Entwickelung sich fortsetzen, die
ich Ihnen für das Magyarentum
charakterisiert habe. Dieses
Ausstrahlen wird sich schon
fortsetzen.
|
Seulement,
devra être compris, en particulier
en Europe centrale, ce qui n'y a
guère été compris au cours des
dernières décennies : il devra être
compris quelque chose de l'ordre de
l'intention de la triarticulation de
l'être/du système social, telle que
je vous l'ai indiquée. C'est tout de
suite l'Europe centrale qui sera
appelée à comprendre cette
triarticulation. Et peut-être que si
cette Europe centrale n'a pas d'État
extérieur, si cette Europe centrale
est tragiquement obligée de vivre
dans le chaos, alors seulement on
commencera à comprendre qu'il faut
surmonter les anciennes conceptions
pour lesquelles la périphérie de
l'Europe se bat actuellement, parce
que ces anciennes conceptions ne
pourront pas non plus être
maintenues par la périphérie de
l'Europe. L'ancien concept d'État
disparaîtra ; il fera place à la
division en trois parties/la
tripartition. Et aussi dans cette
vie extérieure, il devra entrer ce
qu'est le goethéanisme. Qu'on
l'appelle ainsi ou non, cela n'a
aucune importance. L'essentiel,
c'est que la vision du monde de
Goethe préfigure ce qui doit devenir
clair, tout simplement, en ce qui
concerne l'organisation sociale
extérieure de l'humanité. Mais on ne
peut voir à travers tout cela que si
l'on s'efforce de comprendre ce
représentant, ce représentant le
plus complet de l'être allemand,
Goethe, qui est donc un représentant
si complet de l'être allemand, parce
qu'il est dépourvu de tout
chauvinisme national ou de tout ce
qui n'est que chauvinisme national.
On doit essayer de saisir ce
représentant des temps modernes, cet
humain des plus modernes, en même
temps que l'humain le plus fécond
dans son essence pour la culture de
l'esprit. Dans la compréhension de
Goethe, on ne peut pas dire que
l'humanité soit particulièrement
avancée. Goethe se sentait lui-même
comme un solitaire au sein de son
environnement. Et même si Goethe
était l'une de ces personnalités
capables de développer de telles
formes d'entregent - de développer
aussi, si je puis dire, une telle
habileté et une telle grâce dans les
relations - qu'une relation possible
s'établissait avec cet environnement
: le véritable Goethe, celui qui
vivait à l'intérieur de cet humain
vivant à Weimar, qui apparut plus
tard extérieurement comme un gros
conseiller secret au double menton,
l'humain intérieur qui vivait dans
ce gros conseiller secret au double
menton, se sentait seul. Et dans une
certaine mesure, il est encore seul
aujourd'hui. Il est seul pour une
raison bien précise, et il devait se
sentir seul. C'est peut-être ce
sentiment de solitude culturelle,
d'incompréhension, qui l'a poussé à
prononcer plus tard cette étrange
parole : "Les Allemands seront
peut-être dans un siècle autres que
ce qu'ils sont maintenant, ils
seront peut-être alors devenus
d'érudits, des humains.
|
13
|
Nur
wird begriffen werden müssen, gerade
in Mitteleuropa, dasjenige, was
allerdings in den letzten
Jahrzehnten wenig in Mitteleuropa
begriffen worden ist : begriffen
wird werden müssen etwas von der
Art, wie es in den Intentionen liegt
der Dreigliederung des sozialen
Wesens, so wie ich sie Ihnen
angeführt habe. Gerade Mitteleuropa
wird dazu berufen sein, diese
Dreigliedrigkeit zu begreifen. Und
vielleicht, wenn dieses
Mitteleuropa keinen äußeren Staat
hat, wenn dieses Mitteleuropa im
Chaos zu leben tragisch genötigt
ist, dann erst wird man anfangen zu
begreifen, daß überwunden werden
müssen alte Anschauungen, für die
jetzt die Peripherie Europas kämpft,
weil diese alten Anschauungen auch
von der Peripherie Europas nicht
werden aufrechterhalten werden
können. Der alte Staatsbegriff wird
schwinden; er wird der Dreiteilung
Platz machen. Und auch in dieses
äußere Leben wird einziehen müssen
dasjenige, was der Goetheanismus
ist. Ob man es so nennt oder nicht,
das ist ganz gleichgültig. Das
Wesentliche ist, daß in Goethes
Weltanschauung der Vorblick liegt
auf dasjenige, was einfach auch in
bezug auf die äußere soziale
Gestaltung der Menschheit
klarwerden muß. Aber dies alles kann
man nur durchschauen, wenn man sich
Mühe gibt, diesen Repräsentanten,
diesen völligsten Repräsentanten des
deutschen Wesens, Goethe, zu
verstehen, der daher ein so völliger
Repräsentant des deutschen Wesens
ist, weil er so ohne allen
nationalen Chauvinismus oder etwas
ist, was nur an nationalen
Chauvinismus oder an Nationalismus,
wie man das heute auffaßt, erinnert.
Man muß diesen Repräsentanten der
neueren Zeit, diesen modernsten
Menschen, zu gleicher Zeit diesen in
seinem Wesen für die Geisteskultur
fruchtbarsten Menschen, ihn muß man
zu erfassen versuchen. In der
Erfassung Goethes kann man nicht
sagen, daß die Menschheit eigentlich
besonders weit ist. Goethe fühlte
sich selber innerhalb seiner
Umgebung als ein Einsamer. Und wenn
auch Goethe eine von denjenigen
Persönlichkeiten war, solche
Umgangsformen zu entwickeln — auch
solche, wenn ich so sagen darf,
Umgangsgeschicklichkeit und
Umgangsgrazie zu entwickeln —, daß
ein mög‑liches Verhältnis zu dieser
Umgebung sich einstellte: der
eigentliche Goethe, der in dem
Inneren dieses in Weimar lebenden,
später äußerlich als dicker
Geheimrat mit dem Doppelkinn
auftretenden Menschen, der innere
Mensch, der in diesem dicken
Geheimrat mit dem Doppelkinn lebte,
der fühlte sich einsam. Und einsam
in einer gewissen Beziehung ist er
heute noch immer. Einsam ist er aus
einem ganz bestimmten Grunde, und
einsam mußte er sich fühlen. Solch
ein Gefühl seiner Kultureinsamkeit,
seines Nichtverstandenseins lag
vielleicht zugrunde, als er in
späteren Jahren das merkwürdige Wort
aussprach: Die Deutschen werden
vielleicht in einem Jahrhundert
anders sein, als sie jetzt sind, sie
werden vielleicht dann aus Gelehrten
Menschen geworden sein.
|
Cette
déclaration doit vraiment vous
toucher au plus profond de votre
âme. Car, voyez-vous, lorsque les
Archives Goethe et Schiller et la
Société Goethe ont été créées à
Weimar après la mort du dernier
petit-fils de Goethe, elles ont été
fondées par une assemblée d'humains
- en vérité, je veux le dire dans le
meilleur sens du terme -, par une
assemblée d'érudits. Le service
Goethe/service de Goethe a été créé
à l'époque par des humains, par des
personnalités, qui n'étaient
vraiment pas encore devenues des
humains érudits. Oui, on peut aller
encore plus loin. Vous savez à quel
point j'admire Herman Grimm,
l'historien de l'art, l'essayiste
raffiné, et je n'ai jamais caché
cette admiration et je vous ai parlé
de différentes manières de
l'admiration que j'ai pour Herman
Grimm. Je vous ai aussi absolument
avoué que je voyais dans le livre
d'Herman Grimm sur Goethe le
meilleur de ce qui a été écrit sur
Goethe d'un point de vue
biographique et monographique. Mais
prenez maintenant ce livre de Herman
Grimm : il est écrit avec un certain
amour humain et une vision du monde
; mais cherchez à vous faire une
idée de la figure de Goethe qui se
présente alors devant vous, lorsque
vous avez laissé ce livre agir sur
vous ! Comment est cette figure de
Goethe ? C'est quand même un
fantôme, un spectre, pas le Goethe
vivant ! On ne peut pas se
débarrasser de ce sentiment si l'on
prend ces choses au sérieux et avec
dignité. Herman Grimm, s'il
rencontrait Goethe aujourd'hui, ou
s'il avait rencontré Goethe de son
vivant, il aurait été prêt à dire à
tout moment, parce qu'il a intégré
la plus fervente vénération de
Goethe dans la tradition qui s'est
construite sur Goethe : Goethe est
prédestiné à devenir le roi
spirituel non seulement de l'Europe
centrale, mais de l'humanité
entière. - Oui, Herman Grimm aurait
aussi tout fait, si cela avait
dépendu de lui, pour servir comme
héraut, s'il s'était agi de faire de
Goethe le roi de la
formation/culture/éducation
terrestre. Mais on ne peut pas se
débarrasser de l'autre sentiment :
si Herman Grimm avait commencé à
vouloir parler à Goethe, ou Goethe à
Herman Grimm, Herman Grimm n'aurait
guère trouvé de compréhension pour
le fond de l'être de Goethe. Car ce
qu'il décrit dans son livre est
certainement le meilleur de ce qu'il
a connu de Goethe, mais rien d'autre
que l'ombre que Goethe a projetée
sur tout son entourage, l'impression
qu'il a faite sur son époque. Il n'y
a rien, mais pas la moindre chose de
ce qui vivait dans l'âme de Goethe ;
un fantôme de l'époque des XVIIIe et
XIXe siècles, pas celui qui vivait
dans les profondeurs de Goethe.
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14
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Der
Ausspruch muß einen wirklich in
tiefster Seele berühren. Denn, sehen
Sie, als nach dem Tode des letzten
Goethe-Enkels in Weimar das Goethe-
und Schiller-Archiv und die
Goethe-Gesellschaft begründet
wurden, da wurde dieses begründet
durch eine Versammlung von Menschen
— wahrhaftig, ich will es im besten
Sinne des Wortes sagen —, durch eine
Versammlung von Gelehrten. Der
Goethe-Dienst wurde dazumal
eingerichtet von Menschen, von
Persönlichkeiten, die wahrhaftig
noch nicht aus Gelehrten Menschen
geworden waren. Ja, man kann noch
weiter gehen. Sie wissen, wie sehr
ich Herman Grimm, den
Kunsthistoriker, den feinen
Essayisten verehre, und ich habe aus
dieser Verehrung nie einen Hehl
gemacht und Ihnen in verschiedener
Weise über die Verehrung, die ich
Herman Grimm entgegenbringe,
gesprochen. Ich habe Ihnen auch
unbedingt gestanden, daß ich in dem
Buche, das von Herman Grimm über
Goethe herrührt, das Beste sehe, was
in biographischer, monographischer
Weise über Goethe geschrieben
worden ist. Aber nun nehmen Sie
dieses Buch von Herman Grimm : Aus
einer gewissen menschlichen Liebe
und aus einem Weltblicke heraus ist
es geschrieben; aber suchen Sie sich
ein Bild von der Goethe-Gestalt zu
machen, die dann vor Ihnen steht,
wenn Sie dieses Buch auf sich haben
wirken lassen!* Wie ist diese
Goethe-Gestalt ? Ein Gespenst ist
sie doch, ein Gespenst, nicht der
lebende Goethe! Man kann das Gefühl
nicht losbekommen, wenn man diese
Dinge ernst und würdig nimmt. Herman
Grimm, würde er heute Goethe
begeg‑nen, oder wäre er zu seinen
Lebzeiten Goethe begegnet, er würde,
weil er in der Tradition, die sich
auf Goethe aufgebaut hat, innigste
Goethe-Verehrung aufgenommen hat,
jederzeit bereit gewesen sein, zu
sagen : Goethe ist prädestiniert
dazu, der geistige König nicht nur
Mitteleuropas, sondern der ganzen
Menschheit zu werden. — Ja, Herman
Grimm würde auch, wenn es auf ihn
angekommen wäre, alles getan haben,
um als Herold zu dienen, wenn es
sich darum gehandelt hätte, Goethe
zum König der Erdenbildung zu
machen. Aber das andere Gefühl
bekommt man nicht los : Wenn Herman
Grimm nun angefangen hätte, mit
Goethe etwa reden zu wollen oder
Goethe mit Herman Grimm : Herman
Grimm würde kaum Verständnis
gefunden haben für das Innerste des
Goetheschen Wesens. Denn was er in
seinem Buche schildert, ist ganz
gewiß das Beste, was er von Goethe
gewußt hat, aber nichts anderes als
der Schatten, den Goethe auf seine
ganze Umgebung warf, der Eindruck,
den er auf seine Zeit warf. Da ist
nichts, aber auch gar nicht das
geringste von dem, was in der
Goethe-Seele lebte; ein Gespenst aus
der Zeit des 18. und 19.
Jahrhunderts, nicht dasjenige, was
in Goethes Tiefen lebte.
|
C'est
un phénomène étrange, qu'il faut se
représenter en tout sérieux et en
toute dignité. Et si l'on regarde
maintenant à partir de celui-ci -
non pas le goethéanisme, mais cette
communauté d'adeptes de Goethe, qui
est vraiment, même cent ans après
Goethe, beaucoup plus savante
qu'humaine -, si l'on regarde en
arrière vers Goethe lui-même, alors
on aperçoit avant tout une chose
parmi les diverses grandeurs, parmi
les diverses grandeurs qui se
présentent à nous chez Goethe.
Prenez "Les secrets", qui a été
récemment lu ici par Madame le Dr.
Steiner, prenez le fragment de
Pandore, le fragment de Prométhée,
prenez d'autres choses, prenez le
fait que "La fille naturelle" ne
contient que la première partie
d'une trilogie qui n'a pas été
achevée, prenez le fait que dans ce
fragment s'exprimait une grande
chose qui vivait en Goethe : vous
avez alors le fait étrange, tout à
fait étrange, que lorsque Goethe
s'est mis à exprimer une grande
chose, il n'est pas arrivé au bout,
parce qu'il a été assez honnête pour
ne pas arrondir, pour ne pas achever
la chose extérieurement, comme le
font aussi les poètes et les
artistes, mais pour s'arrêter
lorsque la force intérieure de la
source s'est tarie. D'où tant de
choses inachevées. Mais la chose va
encore plus loin. La chose va si
loin que l'on peut dire : Le "Faust"
est certes achevé du point de vue
extérieur, mais combien de choses
sont pourries à l'intérieur du
"Faust", combien de choses sont dans
le "Faust" qui sont comme la figure
de Méphistophélès soi-même ! - Lisez
ce que j'ai présenté sur Faust, sur
la figure de Méphistophélès, dans le
petit livre Goethe qui est paru
récemment, où je parle de la façon
dont Goethe a placé dans
Méphistophélès une figure qui
n'existe pas vraiment, dans la
mesure où les deux figures, Lucifer
et Ahriman, se sont mélangées et
tourbillonnent de façon chaotique.
Et au cours de cette semaine, vous
trouverez représentées ici les
dernières scènes avant l'apparition
d'Hélène, avant le début du
troisième acte de la deuxième partie
de "Faust" : quelque chose que
Goethe a achevé dans ses grandes
années, quelque chose qui, d'un
côté, est grandiose, profond,
puissant, mais qui, d'un autre côté,
bien qu'achevé à l'extérieur, est
tout à fait inachevé à l'intérieur,
contient partout les prémices de ce
qui se trouvait dans les aspirations
de Goethe, mais ne voulait pas
entrer dans son âme. Si l'on regarde
"Faust" sous l'angle de sa taille
humaine, on a devant soi une œuvre
gigantesque ; si on le regarde sous
l'angle de la grandeur qui vivrait
en lui si Goethe avait pu faire
sortir de son temps tout ce qui se
trouvait dans son âme même, on a
devant soi une œuvre pourrie,
fragile, qui est partout inachevée
en soi.
|
15
|
Das
ist eine merkwürdige Erscheinung,
die muß man sich nur in allem Ernste
und in aller Würde vor die Seele
halten. Und blickt man jetzt von
diesem — nicht Goetheanismus,
sondern von dieser
Goethe-Anhängerschaft, die
wahrhaftig auch hundert Jahre nach
Goethe sehr viel mehr gelehrt als
menschlich ist —, blickt man davon
zurück auf Goethe selbst, dann
erblickt man unter dem mancherlei
Großen, unter dem mancherlei
Grandiosen, das bei Goethe einem
entgegentritt, vor allen Dingen
eines. Nehmen Sie «Die Geheimnisse»,
die vor kurzem hier durch Frau Dr.
Steiner rezitiert worden sind,
nehmen Sie das Pandora-, das
Prometheus-Fragment, nehmen Sie
anderes, nehmen Sie den Umstand, daß
«Die Natürliche Tochter» nur den
ersten Teil einer Trilogie enthält,
die nicht volléndet worden ist,
nehmen Sie den Umstand, daß in
diesem Fragment ein Größtes, das in
Goethe lebte, sich ausdrückte: so
haben Sie die merkwürdige, die ganz
merkwürdige Tatsache, daß dann, wenn
Goethe den Anlauf nahm, ein Größtes
auszudrücken, er nicht zu Ende kam,
weil er ehrlich genug war, nicht
äußerlich, wie es ja auch Dichter,
Künstler so machen, die Sache
abzurunden, zu vollenden, sondern
aufzuhören, wenn die innere
Quellkraft versiegte. Daher so viel
Unvollendetes. Aber die Sache geht
doch noch weiter. Die Sache geht so
weit, daß man sagen kann: Der
«Faust» ist zwar in äußerlicher
Beziehung abgeschlossen, aber
wieviel ist im «Faust» innerlich
morsch, wieviel ist im «Faust», was
so ist, wie die Gestalt des
Mephistopheles selber! — Lesen Sie,
was ich über den Faust, über die
Gestalt des Mephistopheles in dem
kleinen Goethe-Büchelchen
dargestellt habe, das vor kurzem
erschienen ist, wo ich davon
spreche, wie Goethe in
Mephistopheles eine Gestalt
hingestellt hat, die es eigentlich
gar nicht gibt, indem die zwei
Gestalten, Luzifer und Ahriman,
durcheinandergeflossen sind und
chaotisch durcheinanderwirbeln. Und
im Laufe dieser Woche werden Sie
hier dargestellt finden die letzten
Szenen vor dem Auftreten der
Helena, vor dem Beginn des dritten
Aktes im zweiten Teile des «Faust»:
etwas, was Goethe in hohen Jahren
vollendet hat, etwas, was auf der
einen Seite grandios, tief, gewaltig
ist, auf der andern Seite aber,
trotzdem es äußerlich fertig ist,
innerlich ganz unfertig ist, überall
Ansätze enthält von demjenigen, was
in Goethes Sehnsuchten lag, in seine
Seele aber nicht herein wollte.
Sieht man «Faust» an auf seine
menschgemäße Größe, so hat man ein
gigantisches Werk vor sich, sieht
man ihn an im Hinblick auf die
Größe, die in ihm leben würde, wenn
Goethe das alles hätte in seiner
Zeit schon herausbringen können, was
in seiner Seele selbst lag, so hat
man ein morsches, brüchiges Werk vor
sich, das überall in sich
unvollendet ist.
|
C'est
peut-être le testament le plus
puissant que Goethe ait laissé à ses
descendants, qu'ils ne se contentent
pas de se réclamer de lui comme un
savant aujourd'hui, ou même comme un
humain qui est instruit d'une
certaine manière. C'est facile, mais
Goethe n'a pas rendu notre position
à son égard aussi facile. Goethe
doit vivre parmi nous comme un être
vivant et continuer à être ressenti
et pensé. Le plus important dans le
goethéanisme ne se trouve pas chez
Goethe, parce que Goethe n'était pas
en mesure, à son époque, de le faire
passer du spirituel dans son âme,
parce que partout il n'y a que des
prémices pour cela. Goethe exige de
nous que nous travaillions avec lui,
que nous pensions avec lui, que nous
ressentions avec lui, que nous
poursuivions sa tâche, comme s'il
était partout derrière nous, nous
tapant sur l'épaule et nous donnant
des conseils. En ce sens, tout le
XIXe siècle et jusqu'à notre époque
a, on peut le dire, abandonné
Goethe. Et la tâche de notre époque
est de retrouver le chemin de
Goethe. Au fond, rien n'est plus
étranger au véritable goethéanisme
que l'ensemble de la culture
terrestre extérieure de la fin du
XIXe siècle ou même du XXe siècle, à
l'exception de certaines activités
spirituelles qui ont été menées. Il
faut retrouver le chemin de Goethe
par la science de l'esprit orientée
anthroposophiquement.
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16
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Das
ist vielleicht das kraftvollste
Testament, das Goethe seinen
Nachfahren hinterlassen hat, daß sie
nicht nur sich zu ihm bekennen
sollen wie ein Gelehrter heute, oder
selbst wie ein Mensch, der gebildet
ist in einer gewissen Weise. Das ist
leicht, aber so leicht hat uns
Goethe unsere Stellung zu ihm nicht
gemacht. Goethe muß als ein
Lebendiger unter uns leben und
weiter gefühlt und weiter gedacht
werden. Das wichtigste im
Goetheanïsmus steht nicht bei
Goethe, weil Goethe innerhalb seiner
Zeit nicht in der Lage war, es aus
dem Geistigen in seine Seele
hereinzubringen, weil überall nur
die Ansätze dazu da sind. Goethe
fordert von uns, daß wir mit ihm
arbeiten, mit ihm denken, mit ihm
fühlen, daß wir seine Aufgabe, so
wie wenn er überall hinter uns
stünde und uns auf die Schulter
klopfte und Rat erteilte,
weiterführen. In diesem Sinne ist
das ganze 19. Jahrhundert und bis in
unsere Zeit herein, man kann sagen,
von Goethe abgefallen. Und die
Aufgabe unserer Zeit ist, den Weg
zu Goethe wieder zurückzufinden. Im
Grunde genommen ist dem wirklichen
Goetheanismus nichts fremder als die
gesamte äußere Erdenkultur vom Ende
des 19. Jahrhunderts oder gar vom
20. Jahrhundert, mit Ausnahme von
einigem Geistigen, was getrieben
worden ist. Der Weg muß durch
anthroposophisch orientierte
Geisteswissenschaft zu Goethe
zurückgefunden werden.
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Seul
peut le comprendre celui qui est en
mesure de répondre correctement à la
question : où se tenait en réalité
Goethe ? Vous avez de Goethe l'aveu
le plus honnête de l'humanité - je
l'ai caractérisé hier -, à savoir
qu'il partait en fait du paganisme,
comme cela correspondait aussi au
platonisme de son époque. Le garçon
se dresse un autel païen de la
nature. L'homme Goethe ne reçoit
alors pas les influences les plus
fortes de l'ecclésiologie chrétienne
traditionnellement héritée, qui lui
est au fond toujours resté
étrangère, car sa vision du monde
est la vision du monde de l'attente
face à la nouvelle conception du
mystère du Golgotha. Ceux qui, dans
l'ancien sens traditionnel,
professaient confortablement la foi
chrétienne de l'Église, ou qui, même
au sein de cette foi chrétienne de
l'Église, voulaient réaliser toutes
sortes de réformes simplement
extérieures, ceux-là ne lui étaient
vraiment pas intérieurement
apparentés
spirituellement-psychiquement/âmiquement.
En fait, il ressentait toujours la
même chose qu'à l'époque où il
l'exprimait, lorsqu'il faisait un
voyage avec deux chrétiens
apparemment bons, Lavater et
Basedow, avec deux personnes qui se
tenaient sur un christianisme
d'église certes avancé, mais
néanmoins ancien : "Prophète à
droite, prophète à gauche, l'enfant
du monde au milieu". C'est en fait
ce qu'il ressentait lorsqu'il se
trouvait entre deux humains de son
époque. Car il le disait aussi :
face aux chrétiens qui
l'entouraient, il était toujours le
non-chrétien décidé, tout de suite
parce qu'il devait préparer
l'humanité à
l'ambiance/l'humeur-Christ pleine
d'attente.
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17
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Das
kann nur der verstehen, der recht
auf die Frage einzugehen in der Lage
ist: Wo stand eigentlich in
Wirklichkeit Goethe? — Sie haben von
Goethe das ehrlichste
Menschheitsgeständnis — ich habe es
gestern charakterisiert —, daß er
eigentlich vom Heidentum ausging,
wie es auch dem Platonismus seines
Zeitalters entsprach. Der Knabe
errichtet sich einen heidnischen
Naturaltar. Der Mann Goethe empfängt
dann die stärksten Einflüsse nicht
von dem traditionell überkommenen
christlichen Kirchentum, das ihm im
Grunde immer fremd geblieben ist,
denn seine Weltanschauung ist die
Weltanschauung der Erwartung
gegenüber der neuen Auffassung des
Mysteriums von Golgatha. Diejenigen,
die sich im alten traditionellen
Sinne in bequemer Weise zu dem
christlichen Kirchenglauben
bekannten, oder selbst innerhalb
dieses christlichen Kirchenglaubens
allerlei bloß äußerliche Reformen
durchführen wollten, sie waren ihm
wahrhaftig nicht innerlich
geistig-seelisch verwandt. Er fühlte
eigentlich immer so wie damals, da
er es aussprach, als er mit zwei
scheinbar guten Christen, mit
Lavater und Basedow eine Reise
machte, mit zwei Menschen, die auf
einem zwar fortgeschrittenen, aber
doch alten Kirchenchristentum
standen: «Prophete rechts, Prophete
links, das Weltkind in der Mitten.»
So fühlte er sich eigentlich, wenn
er zwischen zwei Menschen in seinem
Zeitalter war. Denn er sprach es ja
auch aus : er war gegenüber den
Christen, die in seiner Umgebung
waren, stets der dezidierte
Nichtchrist, gerade weil er die
Menschheit vorbereiten sollte zu der
erwartungsvollen Christus-Stimmung.
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Et
c'est ainsi que nous voyons que
trois humains ont, d'une manière
étrange, la plus grande influence
sur sa culture de l'esprit. Ces
trois humains sont en fait
absolument des personnes qui, d'une
certaine manière, sont des enfants
du monde. Des prédicateurs chrétiens
ordinaires n'auraient pas été
appropriés pour Goethe. Les trois
personnalités qui ont eu la plus
grande influence sur lui sont :
premièrement, Shakespeare ; pourquoi
Shakespeare a-t-il eu une telle
influence sur Goethe ? Tout
simplement parce que Goethe voulait
construire un pont entre l'humain et
le surhumain, non pas à partir d'une
abstraite puissance de la règle, non
pas à partir d'une intellectualité
perméable, mais à partir de l'humain
soi-même. Goethe avait besoin de
s'accrocher à l'humain pour trouver,
au sein de l'humain, le passage de
l'humain au surhumain. C'est ainsi
que nous voyons Goethe lutter pour
façonner, former l'humain, comme
Shakespeare l'a fait jusqu'à un
certain point, pour élaborer à
partir de l'humain. Observez donc
comment Goethe prend en main
"L'histoire de Gottfrieden von
Berlichingen avec la main de fer",
son auto-biographie ; comment, en
changeant le moins possible, il
dramatise cette histoire, forme le
premier personnage de son "Götz von
Berlichingen" ; comment il en forme
ensuite un deuxième personnage, déjà
plus transformé, déjà plus façonné,
puis un troisième personnage. Goethe
cherche d'une certaine manière à se
frayer un chemin honnêtement
personnel, en ce qu'il rattache a
l'humanité de Shakespeare, mais
veut, à partir de cette humanité, en
façonner la sur-humanité.
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Und
so sehen wir, daß auf seine
Geisteskultur drei Menschen in einer
merkwürdigen Weise den allergrößten
Einfluß haben. Diese drei Menschen
sind eigentlich durchaus Menschen,
die in gewisser Weise Weltkinder
sind. Gewöhnliche christliche
Prediger würden für Goethe nicht
gelegen gekommen sein. Die drei
Persönlichkeiten, die auf ihn den
größten Einfluß genommen haben, sind
ja: Erstens Shakespeare; warum hat
Shakespeare einen so maßgebenden
Einfluß auf Goethe genommen? Einfach
aus dem Grunde, weil Goethe darauf
ausging, eine Brücke zu bauen von
dem Menschlichen zu dem
Übermenschlichen, nicht aus einer
abstrakten Regelhaftigkeit, nicht
aus einer durchlässigen
Intellektualität heraus, sondern aus
dem Menschlichen selbst heraus.
Goethe brauchte das Festhalten an
dem Menschlichen, um innerhalb des
Menschlichen den Übergang zu finden
vom Menschlichen zum
Übermenschlichen. So sehen wir
Goethe ringen, auszugestalten, zu
formen das Menschliche, wie es
Shakespeare bis zu einem gewissen
Grade getan hat, aus dem
Menschlichen herauszuarbeiten.
Beobachten Sie doch, wie Goethe in
die Hand nimmt «Die Geschichte
Gottfriedens von Berlichingen mit
der eisernen Hand», dessen
Selbstbiographie; wie er, möglichst
wenig verändernd, diese Geschichte
dramatisiert, die erste Gestalt
seines «Götz von Berlichingen»
bildet; wie er dann eine zweite
Gestalt, schon mehr umgestaltet,
schon mehr geformt, daraus bildet,
dann eine dritte Gestalt. Goethe
sucht in einer Weise seine ehrlichen
eigenen Wege, indem er anknüpft an
Shakespeares Menschlichkeit, aber
aus dieser Menschlichkeit die
Übermenschlichkeit herausgestalten
will.
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Il
le peut en premier lorsque, lors de
son voyage en Italie - il suffit de
lire ses lettres - il croit pouvoir
reconnaître, à partir de ce qui lui
est proche, à partir des œuvres
d'art grecques, comment les Grecs
agissaient selon les mêmes
intentions, les intentions divines,
que celles de la nature elle-même.
Il avait besoin de sa vraie voie, de
sa vraie voie individuelle, vécue
personnellement. Il ne pouvait pas
croire à ce que son entourage lui
disait ; il devait trouver sa propre
voie.
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19
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Das
kann er erst, als er auf seiner
Italienreise — man lese seine Briefe
— aus dem ihm Verwandten, aus den
griechischen Kunstwerken glaubt
erkennen zu können, wie die Griechen
nach denselben Intentionen,
göttlichen Intentionen verfuhren,
nach welchen die Natur selbst
verfährt. Er brauchte seinen wahren
Weg, seinen individuellen,
persönlich durchgemachten wahren
Weg. Er konnte nicht an dasjenige
glauben, was ihm seine Umgebung
sagte; er mußte seinen Weg finden.
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Le
deuxième esprit qui a eu une
influence énorme sur lui était
certainement un non-chrétien
déterminé, à savoir Spinoza. En
Spinoza, il avait la possibilité de
trouver le divin comme l'humain
trouve le divin lorsqu'il veut se
frayer un chemin de l'humain au
surhumain. Les pensées de Spinoza
sont en fait la dernière expression
pour l'ère de l'intellectualité, de
l'ancienne approche hébraïque de
Dieu. En tant que telles, les
pensées de Spinoza sont très
éloignées de l'impulsion-Christ.
Mais les pensées de Spinoza sont
telles que l'âme humaine y trouve en
quelque sorte les fils auxquels se
raccrocher lorsqu'elle cherche ce
chemin : là, à l'intérieur de
l'humain, là est mon essence ; de
cette essence humaine, je cherche à
pénétrer plus avant dans le
surhumain. - Cette voie qu'il
pouvait suivre, qu'il ne devait pas
seulement se faire prêcher, qu'il
pouvait suivre en suivant Spinoza,
cette voie, Goethe la considérait en
un certain sens, à un certain âge de
sa vie, comme la sienne.
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20
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Der
zweite Geist, der auf ihn einen
ungeheueren Einfluß genommen hat,
war ganz gewiß ein dezidierter
Nichtchrist, nämlich Spinoza. In
Spinoza hatte er die Möglichkeit,
das Göttliche so zu finden, wie der
Mensch dieses Göttliche findet, wenn
er den Weg sich bahnen will aus dem
Menschlichen ins Übermenschliche.
Spinozas Gedanken sind im Grunde
genommen die letzte Ausprägung, für
das Zeitalter der Intellektualität,
des alten hebräischen
Sich-Gott-Näherns. Spinozas Gedanken
stehen als solche dem
Christus-Impuls ganz ferne. Aber
Spinozas Gedanken sind so, daß die
menschliche Seele in ihnen
gewissermaßen die Fäden findet, um
sich an ihnen zu halten, wenn sie
jenen Weg sucht : Da drinnen im
menschlichen Inneren, da ist mein
Wesen; von diesem menschlichen Wesen
suche ich zum Übermenschlichen
weiterzudringen. — Diesen Weg, den
er verfolgen konnte, den er nicht
bloß sich vorpredigen lassen mußte,
den er verfolgen konnte, indem er
Spinoza verfolgte, diesen Weg
betrachtete Goethe in gewissem
Sinne in einem gewissen Lebensalter
als den seinigen.
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Et
le troisième esprit qui a eu la plus
grande influence sur lui, c'est
Linné, le botaniste. Pourquoi Linné
? Linné parce que Goethe ne voulait
pas d'une quelque autre science
botanique, d'une autre science des
êtres vivants que celle qui place
simplement les êtres vivants les uns
à côté des autres dans l'ordre,
comme l'a fait Linné. Toutes les
pensées abstraites, qui élaborent
toutes sortes d'idées sur les
classes de plantes, les genres de
plantes et ainsi de suite, n'étaient
pas proches de Goethe. Ce qui lui
importait, c'était de laisser agir
sur lui, en Linné, un humain qui
mettait les choses les unes à côté
des autres. Car Goethe voulait, d'un
point de vue plus élevé que ceux qui
observent les plantes de manière
abstraite, suivre dans sa façon ce
que Linné a consciencieusement
juxtaposé comme formes végétales,
comme l'esprit agit/règne par cette
juxtaposition.
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21
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Und
der dritte Geist, der auf ihn den
größten Einfluß nahm, war Linné, der
Botaniker. Warum Linné? Linné aus
dem Grunde, weil Goethe nicht wollte
irgendeine andere botanische
Wissenschaft haben, eine andere
Wissenschaft von den Lebewesen als
eine solche, welche die Lebewesen
einfach so, wie es Linné getan hat,
nebeneinander hinstellt in der
Reihe. Alles abstrakte Denken, das
allerlei Gedanken herausfindet über
Pflanzenklassen, Pflanzengattungen
und so weiter, das war Goethe nicht
verwandt. Ihm war es darum zu tun,
in Linné einen Menschen auf sich
wirken zu lassen, der die Dinge
nebeneinander stellte. Denn Goethe
wollte von einem höheren Standpunkte
aus als diejenigen, die in
abstrakter Weise die Pflanzen
betrachten, das, was Linné
gewissenhaft nebeneinander gestellt
hat als Pflanzenformen, in seiner
Art verfolgen, so wie der Geist
waltet durch dieses
Nebeneinanderstellen.
|
Ce
sont tout de suite ces trois esprits
qui, au fond, ont pu donner à Goethe
ce qui n'était pas dans le centre de
sa vie intime, mais qu'il devait
recevoir de l'extérieur, ce sont
tout de suite ces esprits qui ont eu
l'influence la plus forte sur lui.
Goethe lui-même n'avait rien de
shakespearien, car lorsqu'il est
arrivé au sommet de son art, il a
créé sa "Fille naturelle", qui n'a
vraiment rien de l'art de
Shakespeare, mais qui tend vers un
tout autre côté ; mais il n'a pu
développer son être le plus intime
qu'en se formant à partir de
Shakespeare. La vision du monde de
Goethe n'a rien d'un spinozisme
abstrait, mais ce que Goethe avait
au plus profond de lui-même comme
chemin vers Dieu, il ne pouvait
l'acquérir que chez Spinoza. La
morphologie de Goethe n'a rien de la
juxtaposition des êtres organiques
comme chez Linné, mais Goethe avait
besoin de pouvoir prendre chez Linné
ce qu'il n'avait pas lui-même. Et ce
qu'il devait y ajouter était
nouveau.
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22
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Gerade
diese drei Geister, die im Grunde
genommen Goethe dasjenige geben
konnten, was nun nicht in seinem
innersten Lebenszentrum war,
sondern was er von außen bekommen
mußte, gerade diese Geister sind es,
die den stärksten Einfluß auf ihn
gehabt haben. Goethe selber hatte
nichts Shakespearisches, denn als er
auf die Höhe seiner Kunst kam, schuf
er seine «Natürliche Tochter», die
wahrhaftig nichts von Shakespeares
Kunst hat, sondern nach einer ganz
andern Seite hin strebt; aber er
konnte dieses sein innerstes Wesen
nur dadurch entwickeln, daß er an
Shakespeare sich heranbildete.
Goethes Weltanschauung hat nichts
von einem abstrakten Spinozismus,
aber das, was Goethe in seinem
Innersten hatte als seinen Weg zu
Gott, konnte er nur an Spinoza
gewinnen. Goethes Morphologie hat
nichts von dem Nebeneinanderstellen
der organischen Wesen wie bei Linné,
aber Goethe brauchte es, bei Linné
nehmen zu können, was er selbst
nicht hatte. Und dasjenige, was er
dazu zu geben hatte, war neu.
|
Et
c'est ainsi que Goethe grandit,
grandit dans ses années quarante,
formé par Shakespeare, Linné et
Spinoza, passé par les conceptions
de l'art qui s'offraient à lui en
Italie, où il disait face aux œuvres
d'art : "Là est la nécessité, là est
Dieu". Et comme il était de son
temps, il se passait en lui, d'une
manière fortement inconsciente, mais
aussi, jusqu'à un certain point,
consciente, ce que l'on peut appeler
son passage devant le gardien du
seuil. Et maintenant, si vous
considérez son passage devant le
Gardien au début des années
quatre-vingt-dix du XVIIIe siècle,
comparez les mots qui résonnent
comme les paroles d'adoration
adressées à Isis dans l'Égypte
ancienne, dans ce livre qui vient de
vous être présenté par Madame le Dr.
Steiner, où Goethe se sent encore
tout à fait païen, avec ce qui se
présente à vous dans un imaginaire
puissant dans le "Conte du serpent
vert et de la belle Lilia" : vous
avez alors le chemin de Goethe hors
du paganisme vers le christianisme.
Mais là, se tient en images ce
qu'alors Goethe était après son
passage par le lieu du seuil, après
son passage au gardien du seuil ; là
se tient en images ce qu'il ne
pouvait pas lui-même
décomposer/désarticuler à mesure de
pensées pour les gens, mais qui sont
pourtant/quand même des images
puissantes. Qu'est-ce que l'on est
obligé de faire si l'on veut
comprendre le Goethe qui a écrit le
"Conte du serpent vert et de la
belle Lilia " ? Comparez ce qui est
écrit dans le livret de Goethe déjà
présenté sur le "Conte du serpent
vert et de la belle Lilia" : C'est
un fait auquel on se heurte lorsque
l'on considère que Goethe a créé ce
«Conte du serpent vert et de la
belle Lilia» comme une immense
imagination après son passage chez
le gardien du seuil.
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23
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Und
so wuchs denn Goethe heran, wuchs
hinein in seine Vierzigerjahre,
herangebildet an Shakespeare, Linné
und Spinoza, durchgegangen durch
die Anschauungen der Kunst, die sich
ihm in Italien geboten hat, wo er
gegenüber den Kunstwerken sprach:
«Da ist die Notwendigkeit, da ist
Gott.» Und wie es seiner Zeit gemäß
war, ging in ihm in einer stark
unbewußten Weise, aber auch bis zu
einem gewissen Grade bewußten
Weise, das vor sich, was man nennen
kann seinen Vorübergang an dem Hüter
der Schwelle. Und nun vergleichen
Sie, wenn Sie sein Vorübergehen an
dem Hüter im Beginne der neunziger
Jahre des 18. Jahrhunderts ins Auge
fassen, Worte, die wie, die
Anbetungsworte an die Isis im alten
Ägypten klingen, in diesem Ihnen
eben durch Frau Dr. Steiner
vorgetragenen Prosahymnus «Die
Natur», wo Goethe noch ganz
heidnisch fühlt, mit demjenigen, was
Ihnen entgegentritt in einer
gewaltigen Imagination im «Märchen
von der grünen Schlange und der
schönen Lilie»: dann haben Sie den
Goetheschen Weg aus dem Heidentum
heraus in das Christentum. Aber da
steht in Bildern dasjenige, was dann
Goethe nach seinem Durchgang durch
den Schwellenort war, nach seinem
Vorbeigang an dem Hüter der
Schwelle; das steht in Bildern da,
die er selber intellektuell
gedankenmäßig den Leuten nicht
zergliedern konnte, die aber doch
gewaltige Bilder sind. Wozu ist man
genötigt, wenn man den Goethe
verstehen will, der das «Märchen von
der grünen Schlange und der schönen
Lilie» geschrieben hat? Vergleichen
Sie das, was in dem schon
angeführten Goethe-Büchlein steht
über das «Märchen von der grünen
Schlange und der schönen Lilie»:
Solcher Tatsache steht man
gegenüber, wenn man eben darauf
hinblickt, daß Goethe dieses
«Märchen von der grünen Schlange und
der schönen Lilie» als eine
gewaltige Imagination geschaffen hat
nach seinem Vorübergang bei dem
Hüter der Schwelle.
|
Ce
"Conte du serpent vert et de la
belle Lilia" est né de l'âme
transformée, après que cette âme a
surmonté le sentiment païen tel
qu'il s'exprime encore dans l'hymne
en prose : "Nature, nous sommes
entourés et enlacés par elle. Sans
être invité ni averti, elle nous
prend dans le cercle de sa danse et
nous entraîne avec elle jusqu'à ce
que nous soyons fatigués et
échappions à son bras ... Même ce
qui n'est pas naturel est nature ...
. Tout est sa vie, et la mort n'est
que son artifice pour avoir beaucoup
de vie - et ainsi de suite, cette
humeur/ambiance païenne d'Isis, elle
se transforme en vérités profondes,
impossibles à saisir maintenant par
la raison analytique, qui résident
dans les puissantes imaginations du
"Conte du serpent vert et de la
belle Lilia", où Goethe montre
justement comment tout ce que
l'humain peut trouver par la science
empirique extérieure ne peut
conduire qu'à l'illumination/la
feufolâtrerie
des feux follets ; mais comment ce
que l'humain doit développer au plus
profond de lui-même le conduit à
développer les forces de son âme de
telle sorte qu'il puisse prendre
pour modèle le serpent qui se
sacrifie, qui sacrifie son propre
être au cours de l'évolution de
l'humanité, afin que le pont puisse
être construit entre les deux
royaumes du sensible et du
suprasensible, entre lesquels
s'élève le temple, le nouveau
temple, par lequel on peut avoir le
sentiment du royaume/de l'empire
suprasensible.
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23
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Dieses
«Märchen von der grünen Schlange und
der schönen Lilie», das ist
entsprungen aus der verwandelten
Seele, nachdem diese Seele
überwunden hat das heidnische
Empfinden, wie es sich noch
ausspricht in dem Prosahymnus :
Natur, wir sind von ihr umgeben und
umschlungen. Ungebeten und ungewarnt
nimmt sie uns in den Kreislauf
ihres Tanzes auf und treibt sich mit
uns fort, bis wir ermüdet sind und
ihrem Arm entfallen ... Auch das
Unnatürliche ist Natur .. . Alles
ist ihr Leben, und der Tod nur ihr
Kunstgriff, viel Leben zu haben —
und so weiter, diese heidnische
Isis-Stimmung, sie verwandelt sich
in die tiefen, jetzt nicht mit dem
Verstande zu fassenden Wahrheiten,
die in den gewaltigen Imaginationen
des «Märchens von der grünen
Schlange und der schönen Lilie»
liegen, wo Goethe geradezu
hinstellt, wie alles dasjenige, was
der Mensch durch äußere empirische
Wissenschaft finden kann, nur zu dem
Irrlichtelieren der Irrlichter
führen kann; wie aber dasjenige, was
der Mensch in seinem Innersten
entwickeln muß, ihn dazu führt,
seine Seelenkräfte so auszubilden,
daß ihm Vorbild sein kann die sich
hinopfernde Schlange, die ihr
eigenes Wesen hinopfert dem
Entwickelungsgange der Menschheit,
damit die Brücke gebaut werden kann
zwischen den zwei Reichen des
Sinnlichen und des Übersinnlichen,
zwischen denen sich erhebt der
Tempel, der neue Tempel, durch den
man die Empfindung haben kann von
dem übersinnlichen Reiche.
|
Certes,
dans ce "Conte du serpent vert et de
la belle Lillia", il n'est pas
question du Christ. Mais de même que
le Christ n'exigeait pas d'un bon
disciple qu'il dise toujours :
"Seigneur, Seigneur !", de même
n'est pas un bon chrétien celui qui
dit toujours : "Christ, Christ ! -
La manière dont les images sont
conçues/saisies, la manière dont
l'âme humaine est pensée dans sa
transformation dans le "Conte du
serpent vert et de la belle Lillia",
la suite des pensées, la force des
pensées, tout cela est chrétien,
c'est le nouveau chemin vers le
Christ. Car pourquoi ? Il y avait
déjà de nombreuses interprétations
de ce conte à l'époque de Goethe ;
depuis, il y en a eu beaucoup
d'autres. Nous avons essayé
d'éclairer ce conte du point de vue
de la science de l'esprit. Je peux
parler ici de ce conte, car il est
permis de le dire dans ce cercle.
C'est à la fin des années
quatre-vingt du XIXe siècle que le
bouton de ce conte s'est ouvert pour
moi, si je peux m'exprimer
trivialement. Je n'ai jamais quitté
le chemin qui doit mener de plus en
plus loin à la compréhension de
Goethe à l'aide de ces puissantes
imaginations qui sont mises en œuvre
dans le "Conte du serpent vert et de
la belle Lillia". On a la permission
de dire que la raison analytique,
qui nous guide très bien pour
trouver des vérités de science de la
nature, la raison analytique qui
nous guide très bien à gagner la
vision extérieure de la nature tout
de suite dans sa fleur/floraison
dans la mesure du temps actuel et
ses rapports, cette raison
analytique échoue complètement si on
veut comprendre ce conte. Là est
nécessaire que l'on se laisse
féconder sa raison analytique par
les representations de la science de
l'esprit. Là, vous avez transposé
dans notre temps et dans ses
conditions ce qui est nécessaire à
toute l'humanité pour la
compréhension du mystère du
Golgotha.
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24
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Gewiß,
in diesem «Märchen von der grünen
Schlange und der schönen Lilie» ist
nicht von dem Christus die Rede.
Aber ebensowenig wie der Christus
verlangte von einem guten Anhänger,
daß er immer nur sagte: Herr, Herr!
—, ebensowenig ist derjenige nur ein
guter Christ, der immer sagt:
Christus, Christus! — Die Art, wie
die Bilder gefaßt sind, die Art, wie
die Menschenseele in ihrer
Verwandlung gedacht ist in dem
«Märchen von der grünen Schlange und
der schönen Lilie», die Folge der
Gedanken, die Kraft der Gedanken,
die ist christlich, die ist der neue
Weg zu Christus. Denn warum? Es gab
schon zu Goethes Zeiten viele
Interpretationen dieses Märchens;
seither sind auch noch viele
dazugekommen. Wir hatten versucht,
in dieses Märchen hineinzuleuchten
vom Standpunkte der
Geisteswissenschaft. Ich darf hier,
in diesem Kreise darf es ja
ausgesprochen werden, über dieses
Märchen sprechen. Es war am Ende der
achtziger Jahre des 19.
Jahrhunderts, als mir — wenn ich
mich trivial ausdrücken darf —
zuerst der Knopf über dieses Märchen
aufgegangen ist. Niemals habe ich
wiederum den Weg verlassen, der
immer weiter und weiter führen soll
zum Verständnis Goethes an der Hand
dieser gewaltigen Imaginationen, die
in dem «Märchen von der grünen
Schlange und der schönen Lilie»
ausgeführt sind. Man darf sagen: Der
Verstand, der uns ganz gut leitet,
um naturwissenschaftliche Wahrheiten
zu finden, der Verstand, der uns
ganz gut leitet, um die äußere
Naturanschauung gerade in ihrer
Blüte in Gemäßheit der heutigen Zeit
und ihrer Verhältnisse zu gewinnen,
dieser Verstand versagt vollständig,
wenn man dieses Märchen begreifen
will. Da ist notwendig, daß man sich
seinen Verstand befruchten läßt von
den Vorstellungen der
Geisteswissenschaft. Da haben Sie
umgesetzt in unsere Zeit und ihre
Verhältnisse dasselbe, was der
ganzen Menschheit notwendig ist für
das Verständnis des Mysteriums von
Golgatha.
|
Pour
comprendre le mystère du Golgotha,
la raison analytique doit d'abord
être formée. Elle doit se donner une
épine dorsale. Pour la compréhension
de la nature extérieure, elle n'a
pas besoin de cette épine dorsale.
Il est devenu de plus en plus
impossible à la culture latine comme
à la culture germanique - à la
culture latine parce qu'elle est
trop forte dans la décadence, à la
culture germanique parce qu'elle ne
s'est pas encore élevée jusqu'à ce
développement - de former l'âme à
partir de la simple intellectualité
jusqu'à ce qu'elle puisse trouver le
nouveau chemin pour comprendre le
mystère du Golgotha. Mais si vous
développez en vous la possibilité de
transformer les forces de l'âme de
telle sorte que vous commenciez à
trouver, en tant que langage
intérieur conforme à la nature, le
passage à l'imagerie à laquelle
Goethe aspirait, alors vous
entraînez vos forces de l'âme de
telle sorte que vous trouviez le
chemin vers la nouvelle
compréhension du mystère du
Golgotha. C'est de cela qu'il
s'agit.
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25
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Für
das Verständnis des Mysteriums von
Golgatha muß der Verstand erst
ausgebildet werden. Er muß sich
einen Ruck geben. Für das
Verständnis der äußeren Natur
braucht er diesen Ruck nicht. Immer
unmöglicher ist es geworden sowohl
der lateinischen wie der
germanischen Kultur — der
lateinischen Kultur, weil sie zu
stark in der Dekadenz, der
germanischen Kultur, weil sie nicht
bis zu dieser Entwickelung noch
aufgestiegen ist —, aus der bloßen
Intellektualität heraus die Seele so
weit zu schulen, daß sie den neuen
Weg zum Verständnis des Mysteriums
von Golgatha finden kann. Wenn Sie
aber die Möglichkeit in sich
entwickeln, die Seelenkräfte so
umzugestalten, daß Sie anfangen, als
eine naturgemäße innere Sprache den
Übergang zu der Bildhaftigkeit, nach
der Goethe gestrebt hat, zu finden,
dann schulen Sie Ihre Seelenkräfte
so, daß Sie den Weg zu der neuen
Erfassung des Mysteriums von
Golgatha finden. Das ist dasjenige,
worauf es ankommt.
|
Goethe
n'est pas seulement important par ce
qu'il a produit, Goethe est surtout
important par ce qu'il fait de notre
âme, si nous nous plongeons avec
dévotion dans son essence la plus
intime. Alors l'humanité pourra peu
à peu trouver consciemment le chemin
qui mène au gardien du seuil, un
chemin que Goethe a
heureusement/pour le bon bonheur
encore emprunté inconsciemment,
c'est pourquoi il n'a pas pu achever
les œuvres dans lesquelles il
voulait s'exprimer le plus
profondément. Un scintillement et
une lueur de conscient et
d'inconscient, d'atteignable et
d'inaccessible, vivaient justement
dans l'âme de Goethe. Lorsque nous
laissons agir sur nous des choses
comme les "secrets", lorsque nous
laissons agir sur nous des choses
comme la "pandore", comme toutes les
choses que Goethe n'a pas achevées,
nous avons le sentiment que dans cet
inachèvement se trouve quelque chose
qui doit se détacher dans l'âme des
descendants de Goethe, et qui doit
être achevé comme une grande
construction/structure de l'esprit.
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26
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Goethe
ist nicht nur wichtig durch das, was
er hervorgebracht hat, Goethe ist
wichtig vor allen Dingen durch
dasjenige, was er aus unserer Seele
macht, wenn wir uns ganz
hingebungsvoll in sein innerstes
Wesen vertiefen. Dann kann die
Menschheit nach und nach auch
bewußt jenen Weg finden vorbei an
dem Hüter der Schwelle, den Goethe
noch zum guten Glück unbewußt
gegangen ist, daher er gerade
diejenigen Werke nicht vollenden
konnte, in denen er sich am tiefsten
aussprechen wollte. Ein Flimmern und
Schimmern von Bewußtem und
Unbewußtem, von Erreichbarem und
Unerreichbarem lebte gerade in
Goethes Seele. Wenn wir so etwas wie
die «Geheimnisse» auf uns wirken
lassen, wenn wir so etwas auf uns
wirken lassen wie die «Pandora», wie
alle diejenigen Dinge, die Goethe
nicht vollendet hat, dann haben wir
das Gefühl: In dieser
Nichtvollendung liegt etwas, was
sich loslösen muß in der Seele der
Nachfahren Goethes, und was als
großes Geistgebilde vollendet werden
muß.
|
Goethe
était solitaire. Par rapport à ce
que Goethe était vraiment, Goethe
était seul, seul dans son
développement/évolution. Le
goethéanisme a beaucoup de choses
cachées. Mais même si le XIXe siècle
n'a pas encore accompli le fait que
les savants sont devenus des
humains, tandis que Goethe s'est
imposé une conception humaine du
monde à partir de l'érudition, c'est
tout de suite l'évolution qui doit
progresser à l'aide de l'impulsion
de Goethe. J'ai dit hier et je
répète aujourd'hui que la force liée
au mystère du Golgotha s'est unie
une fois, dans une province peu
connue de l'Empire romain, à
l'humain unique qu'était Jésus de
Nazareth, puis aux âmes de peuple
d'Europe centrale. Mais elle est
ensuite allée en l'intérieur. Et de
ce qui se tissait en l'intérieur en
Europe centrale sont nées des
réalisations comme celles de Goethe
et de tout le goethéanisme. Mais
c'est justement le XIXe siècle qui a
beaucoup fait pour laisser le
goethéanisme reposer dans sa tombe.
Dans tous les domaines, le XIXe
siècle a tout fait pour laisser le
goethéanisme reposer dans la tombe.
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27
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Goethe
war einsam. In bezug auf das, was
Goethe wirklich war, war Goethe
einsam, einsam in seiner
Entwickelung. Der Goetheanismus hat
viel Verborgenes. Aber wenn auch das
19. Jahrhundert noch nicht erfüllt
hat, daß aus Gelehrten Menschen
geworden sind, während Goethe aus
der Gelehrsamkeit zu einer
menschlichen Weltauffassung sich
durchgerungen hat, so muß gerade die
Entwickelung mit Hilfe des
Goethe-Impulses vorwärtsschreiten.
Ich habe gestern gesagt und heute
wiederholt: Die Kraft, die mit dem
Mysterium von Golgatha verbunden
ist, sie hat sich einmal in einer
wenig bekannten Provinz des
Römischen Reiches mit dem einen
Menschen Jesus von Nazareth
verbunden, dann mit den Volksseelen
Mitteleuropas. Aber sie ist dann ins
Innere gegangen. Und aus dem, was da
in Mitteleuropa im Inneren webte,
sind hervorgegangen solche
Leistungen wie die Goethes und des
ganzen Goetheanismus. Aber gerade
das 19. Jahrhundert hat viel dazu
getan, um den Goetheanismus im Grabe
ruhen zu lassen. Auf allen Gebieten
hat das 19. Jahrhundert alles getan,
um den Goetheanismus im Grabe ruhen
zu lassen.
|
Ces
érudits qui ont fondé la Société
Goethe à Weimar à la fin des années
1880 se sont montrés bien plus aptes
à être les fossoyeurs du
goethéanisme qu'à réveiller quoi que
ce soit de ce goethéanisme. Le temps
n'est certainement pas venu pour la
vie extérieure dans laquelle le
goethéanisme peut déjà vivre. Cela
est lié à ce dont nous avons
beaucoup parlé maintenant : le
renouvellement
spirituel-scientifique des âmes
humaines. Quoi qu'il arrive à cette
Europe qui veut maintenant se
suicider dans un certain sens, la
tombe que creuse en premier lieu
l'inconscience de la culture
moderne, cette tombe sera aussi une
tombe d'où quelque chose renaîtra.
J'ai déjà indiqué que l'esprit du
Christ s'est lié aux âmes de peuples
centre-européennes et que le
goethéanisme est né dans le sein de
ces âmes de peuple. Il y aura une
résurrection, une résurrection que
l'on ne doit pas se représenter
politiquement, une résurrection qui
aura un tout autre aspect, mais ce
sera une résurrection. Le
goethéanisme ne vit pas, le
goethéanisme repose encore dans la
tombe pour la culture extérieure.
Mais le goethéanisme doit
ressusciter.
|
28
|
Diejenigen
Gelehrten, die am Ende der achtziger
Jahre in Weimar die
Goethe-Gesellschaft gegründet haben,
sie haben sich viel eher zu
Totengräbern des Goetheanismus
geeignet als dazu, irgend etwas von
diesem Goetheanismus aufzuerwecken.
Die Zeit ist ganz gewiß für das
äußere Leben nicht da, in welcher
der Goetheanismus schon leben kann.
Das hängt zusammen mit dem, was wir
jetzt vielfach besprochen haben:
mit der geisteswissenschaftlichen
Erneuerung der Menschenseelen. Mag
über dieses Europa, welches jetzt in
einem ge‑wissen Sinn seinen
Selbstmord verüben will, was immer
kommen: das Grab, welches vor allen
Dingen in erster Linie die
Gedankenlosigkeit der modernen
Kultur gräbt, dieses Grab wird doch
auch ein Grab sein, aus dem etwas
aufersteht. Ich habe schon darauf
hingedeutet: Mit den
mitteleuropäischen Volksseelen hat
sich verbunden der Christus-Geist;
im Schoße dieser Volksseelen ist der
Goetheanismus entstanden. Es wird
eine Auferstehung kommen, eine
Auferstehung, die man sich nicht
politisch vorstellen soll, eine
Auferstehung, die ganz anders
aussehen wird, aber eine
Auferstehung wird es sein. Der
Goetheanismus lebt nicht, der
Goetheanismus ruht noch im Grabe für
die äußere Kultur. Der Goetheanismus
muß aber auferstehen.
|
Que
la construction que nous avons tenté
d'ériger ici sur cette colline en
soit aussi le signe : nous nous
proposons honnêtement, avec autant
de courage qu'il est nécessaire dans
le présent, d'amener le goethéanisme
à la résurrection. Pour cela, nous
devons toutefois avoir le courage de
comprendre et de percer à jour ce
goethéanisme qui s'est appelé ainsi
jusqu'à présent, dans sa manière
non-goethéenne, et d'aborder à
l'essence même de Goethe. Nous
devons justement ainsi apprendre à
affirmer l'esprit de Goethe, comme
la fin du XIXe siècle et le début du
XXe siècle l'ont renié, l'ont renié
dans tous les domaines possibles.
Alors, le chemin de la connaissance
spirituelle-scientifique, à gagner
dans le sens absolu, sera lié au
chemin historique du nouvel éveil du
goethéanisme, mais aussi à
l'impulsion qui peut venir de ce
réveil de l'appel du goethéanisme,
vers la nouvelle compréhension du
mystère du Golgotha, vers la juste
compréhension du Christ, telle
qu'elle est nécessaire pour notre
temps. Notre époque trouvera
peut-être le guide vers le
christianisme de l'avenir nécessaire
à l'humanité tout de suite dans le
non-chrétien decidé qu'est Goethe,
qui a exigé, comme le Christ
lui-même, que l'on ne dise pas
toujours : Seigneur, Seigneur - mais
qu'il porte son esprit dans son cœur
et dans son esprit ; qui ne parle
pas toujours comme goethéanisme :
Christ, Christ, mais qui garde
d'autant plus dans son cœur ce qui
s'est écoulé comme réalité dans
l'humanité à partir du mystère du
Golgotha, afin que ce cœur
transforme peu à peu le savoir
abstrait et intellectualiste, le
savoir de la nature de notre époque,
en celui par lequel on peut voir
dans les mondes suprasensibles, afin
de donner à l'humain la force d'une
connaissance plus profonde du monde
et d'un façonnement digne de
l'humain de la structure sociale. De
cela nous reparlerons une prochaine
fois plus avant.
|
29
|
Es
sei auch dafür ein Zeichen der Bau,
den wir versucht haben, hier auf
diesem Hügel zu errichten, daß wir
uns ehrlich vornehmen, so mutig, als
es in der Gegenwart notwendig ist,
uns vornehmen, den Goetheanismus zur
Auferstehung zu bringen. Dazu müssen
wir allerdings den Mut haben, jenen
Goetheanismus, der sich bisher so
genannt hat, in seiner
ungoethischen Weise zu verstehen und
zu durchschauen und an Goethes
Wesen selbst heranzutreten. Wir
müssen ebenso lernen, Goethes Geist
zu bejahen, wie ihn das Ende des 19.
und der Anfang des 20. Jahrhunderts
verleugnet haben, verleugnet haben
auf allen möglichen Gebieten. Dann
wird zusammenhängen der Weg der
geisteswissenschaftlichen
Erkenntnis, der im absoluten Sinne
zu gewinnen ist, mit dem
historischen Weg der
Wiederauferweckung des
Goetheanismus, aber auch mit dem
Impuls, der aus dieser Ruferweckung
des Goetheanismus kommen kann, zu
dem neuen Verständnis des
Mysteriums von Golgatha, zu dem
richtigen Christus-Verständnis, wie
es für unsere Zeit notwendig ist.
Den Wegweiser zu dem der Menschheit
notwendigen Christentum der Zukunft
wird unsere Zeit vielleicht gerade
in dem dezidierten Nichtchristen
Goethe finden, der so wie der
Christus selber verlangt hat, daß
man nicht immer sage : Herr, Herr —
sondern seinen Geist in seinem
Herzen und in seinem Gemüte trage ;
der als Goetheanismus nicht immer
spricht: Christ, Christus, der aber
um so mehr von dem, was als Realität
in die Menschheit vom Mysterium von
Golgatha ausgeflossen ist, im Herzen
bewahrt, damit dieses Herz das
abstrakte und intellektualistische
Wissen, das Naturwissen der
Gegenwart allmählich umwandele in
dasjenige, durch welches man
hineinschaut in die übersinnlichen
Welten, um dem Menschen Kraft zu
geben für eine tiefere Erkenntnis
der Welt und für eine
menschenwürdige Gestaltung der
sozialen Struktur. Davon wollen wir
dann ein nächstes Mal weiter
sprechen.
|
Français
seulement
GA 188 - SIXIÈME CONFÉRENCE, 12 janvier
1919 - Le Goethéanisme comme ambiance
d'attente
Crise de
l'humanité à l'époque du Mystère du Golgotha
; affaiblissement des forces corporelles
ataviques ; - renforcement de la force
psycho/âmique-spirituelle par l'impulsion du
Christ. Résurrection intérieure des anciens
mystères comme fait historique,
insaisissable pour la raison analytique
ordinaire. Position de Goethe en rapport à
la saisie de l'impulsion du Christ.
Rayonnement des cultures du centre de
l'Europe. La volonté à la destruction du
centre européen. Le goethéanisme comme
ambiance d'attente. La triarticulation du
façonnement social de l'humanité. Le
sentiment païen d'Isis. Le conte du serpent
vert et du beau lys/de la belle Lilia.
L'évolution de la personnalité de Goethe.
L'influence de Shakespeare, Spinoza et
Linné. Les œuvres inachevées de Goethe
("Secrets", "Pandora"). Le goethéanisme
repose encore dans la tombe pour la culture
extérieure, mais doit ressusciter et amener
une nouvelle compréhension du Christ.
(Goethe, le païen qui exerce au/le Christ.
La science de l'esprit orientée
anthroposophiquement qui aiderait à cela ?
Pour un renouveau du rapport à la nature et
à la vie sociale (membrement/tri
articulation via la nouvelle tripartition -
division en trois domaines)
01
Ce que j'ai voulu faire remarquer hier, c'est
que, d'un côté, le contenu réel, le contenu
profond de l'impulsion du Christ, qui est venu
dans le monde par le mystère du Golgotha, ne
s'est pas entièrement communiqué à l'humanité
en une seule fois, même au cours de la période
relativement longue pendant laquelle il existe
déjà un christianisme, mais que, dans tout
l'avenir, de plus en plus du contenu de
l'impulsion du Christ veut se communiquer à
l'humanité ; qu'en d'autres termes, la parole
du Christ Jésus est profondément vraie : " Je
suis avec vous tous les jours, de par les
tournants des temps." Et le Christ ne voulait
pas être inactif parmi les humains, mais se
manifester activement, pénétrer leurs âmes,
les encourager, les fortifier ; de sorte que,
si ces âmes savent ce qui se passe en elles,
elles peuvent trouver le chemin, trouver le
lien avec le Christ, se sentir fortes dans
leur cercle terrestre.
02
Mais pour tout cela, il est nécessaire, tout
de suite pour notre époque de l'âge de la
conscience, dans la mesure où cela peut déjà
être le cas aujourd'hui - et comme je l'ai
dit, le contenu sera toujours plus clair et
plus riche pour l'humanité -, de se rendre
compte dès aujourd'hui de ce qui fait
réellement partie de la révélation de
l'impulsion du Christ. Pour bien comprendre ce
point, il faut d'abord être imprégné de la
connaissance que le genre humain a réellement
évolué et changé au cours des temps
terrestres. La meilleure façon de caractériser
ce changement est de dire que si l'on regarde
en arrière, dans des temps terrestres très,
très anciens, bien avant le mystère du
Golgotha, on trouve, en y regardant de plus
près, que la corporéité de l'humain est encore
plus spirituelle qu'elle ne l'est aujourd'hui.
Et c'est cette corporéité de l'humain qui a
fait surgir ces visions qui, d'une certaine
manière, ont révélé le monde suprasensible à
la clairvoyance atavique. Mais cette capacité,
cette force de se familiariser avec le monde
spirituel dans la clairvoyance atavique, s'est
peu à peu perdue pour l'humanité. Et
justement, au moment où le mystère du Golgotha
a éclaté, il y avait une crise. C'est alors
qu'a éclaté la crise qui a montré que la force
de la corporéité de l'humain avait le plus
diminué par rapport à la révélation du
spirituel.
03
Or, à partir de ce moment-là, de cette crise,
il devait se produire un renforcement du
psycho-spirituel, de la force d'âme et
spirituelle, correspondant à l'affaiblissement
de la force du corps. Mais ici, dans le corps
terrestre, nous devons compter avec
l'instrument de notre corps. L'humain n'aurait
tout simplement pas été capable d'acquérir le
renforcement de son âme-esprit, qui est devenu
nécessaire avec le déclin de la force
corporelle, s'il n'avait pas été aidé par une
région qui n'est pas la région terrestre, mais
qui est extraterrestre, si quelque chose
n'était pas arrivé sur la Terre depuis
l'extérieur de la Terre : tout de suite
l'impulsion du Christ. L'humain aurait été
trop faible pour avancer lui-même.
04
Mais cela se voit tout particulièrement si
l'on considère l'ancien système des mystères.
À quoi servait donc cet être des mystères ?
Dans l'ensemble, on peut dire que la grande et
large masse de nos ancêtres - c'est-à-dire de
nous-mêmes, car nous étions nous-mêmes, dans
notre vie passée, les humains que nous
appelons nos ancêtres - était, dans les temps
très, très anciens, dotée d'une conscience
beaucoup plus sourde qu'aujourd'hui. C'étaient
des êtres plus instinctifs. Et ces humains
n'auraient pas pu, dans cette nature
instinctive, accéder à une connaissance qui
est pourtant nécessaire au salut de l'humain,
à son maintien, à sa conscience de force en
devenir. C'est alors que certaines
personnalités appelées par leur karma, qui ont
justement été initiées aux mystères, ont pu
annoncer aux autres, qui menaient une vie plus
instinctive, les vérités que l'on peut appeler
les vérités du salut. Mais cette proclamation
n'était possible dans les temps anciens qu'à
partir d'une certaine constitution de
l'organisme humain, de l'être humain, qui
n'existe plus aujourd'hui. Les cérémonies des
mystères, les pratiques des mystères à travers
les différents degrés consistaient à ce que
l'humain devienne réellement un autre dans les
mystères. On ne peut plus bien se l'imaginer
aujourd'hui, parce que ce n'est pas possible à
ce degré par de tels actes extérieurs -- je
les ai décrits récemment pour les mystères
égyptiens. La nature humaine a vraiment été
transformée par la production de certaines
émotions, de certaines expériences intérieures
de l'âme, de telle sorte que le spirituel
s'est détaché dans la conscience totale. Mais
on prépara d'abord l'élève des mystères de
telle sorte que ce spirituel ne se détache pas
dans un état chaotique comme aujourd'hui dans
le sommeil, mais que l'humain puisse
réellement percevoir dans le spirituel. C'est
la grande expérience qu'ont vécue les élèves
des mystères : après leur initiation, ils
connaissaient le monde spirituel comme
l'humain connaît le monde physique et
sensoriel par ses yeux et ses oreilles. Ils
pouvaient alors annoncer ce qu'ils savaient de
ce monde spirituel.
05
Mais le temps approchait où la nature humaine
ne pouvait plus être transformée aussi
facilement par ces activités qui étaient
celles des anciens mystères. L'humain a changé
au cours de l'histoire. Il fallait que quelque
chose d'autre vienne, et cette autre chose,
c'est que ce que l'humain a vécu à un certain
niveau dans le mystère, la résurrection
intérieure, s'est déroulé comme un fait
historique sur le Golgotha. C'était donc
devenu un événement historique. Un humain,
Jésus - car en tant qu'humain se promenant à
l'extérieur, il était justement l'humain Jésus
-, avait traversé le mystère du Golgotha. Mais
ceux qui étaient ses disciples intimes
savaient qu'il était apparu vivant parmi eux
après un certain temps - nous ne voulons pas
en vérifier la façon aujourd'hui -, que donc
la résurrection est une vérité.
06
Ainsi on peut dire qu'il y a eu un jour, au
cours de l'évolution de l'humanité, le fait
qu'en un endroit de la terre, un humain a
surmonté la mort grâce à la force d'un
extraterrestre, l'impulsion du Christ, de
sorte que le dépassement de la mort a pu faire
partie des expériences, des expériences de
l'existence terrestre elle-même. Mais il
s'était ainsi passé quelque chose dans
l'évolution historique de l'humanité qui est
tout de suite incompréhensible pour
l'intellect/la raison analytique qui devait se
développer particulièrement maintenant, qui se
trouvait dans le progrès des humains. Car pour
la raison analytique humaine, il n'est pas
compréhensible qu'un être humain meure, soit
enterré et ressuscite. Pour le salut de
l'évolution terrestre, quelque chose était
donc nécessaire, quelque chose devait se
produire dans le processus physique de cette
évolution terrestre, ce qui est
incompréhensible pour la saine raison
analytique, qui est justement bien utilisé en
ce qui concerne l'être-là de nature. Et en
fait, il est honnête de reconnaître que plus
les humains avancent dans l'évolution de cette
raison analytique - et l'évolution à l'âge de
la conscience est de préférence l'évolution de
l'intellectuel - d'autant plus l'événement du
Golgotha doit devenir incompréhensible pour la
raison analytique d'abord orientée vers la
nature extérieure. De sorte que l'on peut dire
: celui qui n'est conscient que du maniement
de la raison analytique ordinaire, tel qu'elle
est orientée vers l'être-là de nature, doit
honnêtement s'avouer peu à peu qu'il ne
comprend pas le mystère du Golgotha. Mais il
doit se donner une secousse, parce qu'il doit
quand même le comprendre. C'est l'essentiel,
de pouvoir se donner un coup de pouce, de
penser simplement au-delà du bon sens/de la
saine raison analytique humaine. C'est
l'essentiel, c'est quelque chose qui doit se
produire comme une nécessité, se donner cette
secousse pour pouvoir comprendre quelque chose
d'apparemment incompréhensible pour la plus
haute force humaine.
07
Plus le développement intellectuel, dont
dépend l'épanouissement de la science,
progresse, plus la compréhension du mystère du
Golgotha doit s'effacer devant ce
développement intellectuel. C'est aussi pour
cette raison que ce ne sont pas les Hébreux
cultivés, ni les Grecs cultivés, ni les
Romains cultivés, qui ont d'abord été en
quelque sorte historiquement choisis pour
comprendre le mystère du Golgotha, de la sorte
dont je vous l'ai expliqué ; ils l'ont
transposé dans d'autres représentations, comme
je l'ai expliqué hier, mais ce sont les
barbares primitifs du Nord qui ont accueilli
dans leurs âmes primitives le Christ qui est
venu à eux, comme il est venu à Jésus de
Nazareth. On peut déjà dire, dans le sens où
je l'ai exposé hier, que le Christ est d'abord
venu à l'humain Jésus de Nazareth dans
l'événement du Golgotha. C'est là que
l'humanité – l'humanité des Hébreux,
l'humanité des Grecs, l'humanité des Romains -
a été informée de ce qui s'est passé de plus
important dans l'existence terrestre. Mais
ensuite, le Christ est venu une nouvelle fois,
il s'est uni aux humains qui peuplaient le
nord, l'est de l'Europe, qui n'avaient pas la
même éducation que les Hébreux, que les Grecs,
que les Romains. Il ne s'est pas uni à un seul
humain, il s'est uni aux âmes de peuple de ces
tribus. Mais nous avons aussi dû le souligner
hier : ces tribus se sont développées peu à
peu. Elles devaient en quelque sorte
rattraper/répéter à un cinquième niveau ce que
les peuples hébreux, grecs et latins avaient
vécu à un quatrième niveau. Et nous avons
souligné hier que ce n'est qu'à l'époque de
Goethe que l'ère de Platon a été atteinte par
rapport à une étape ultérieure. Avec le
goethéanisme lui-même, le platonisme de la
Grèce, qui était pour la quatrième période
post-atlantique, était revenu pour la
cinquième période post-atlantique. On n'en
était quand même pas encore aussi loin dans le
goethéanisme qu'on se trouvait déjà face à la
toute nouvelle conception/saisie du mystère du
Golgotha, mais, comme je le disais hier, dans
l'attente de cela.
08
Cet état d'esprit de l'humanité moderne face
au mystère du Golgotha, on peut l'étudier
correctement si l'on comprend vraiment la
personnalité, mais maintenant la personnalité
d'âme et d'esprit de Goethe. La question est
une question spirituelle-scientifique à part
entière : où se situe Goethe et ceux qui lui
appartiennent/se rangent à lui, différents
esprits qui ont été en contact avec lui, où se
situe le goethéanisme au tournant du 18e et du
19e siècle par rapport à l'évolution de
l'humanité, par rapport à la conception de
l'impulsion du Christ ? - On pourrait d'abord
se demander comment il se situe extérieurement
dans l'évolution européenne, ce goethéanisme ?
09
Il sera bon de rappeler ce que je vous ai
souvent dit au cours des années de notre temps
catastrophique, il sera bon de rappeler la
réponse à la question : d'où viennent les
cultures périphériques européennes et leur
progéniture américaine ? - Nous ne devons pas
oublier : celui qui pose un regard impartial
sur ces cultures périphériques européennes
sait que la culture de l'Angleterre, de la
France, de l'Italie, des Balkans, aussi loin
qu'il est avancé, mais aussi, derrière elles,
la culture de l'Europe de l'Est, est rayonnée
par le centre de l'Europe ; elles sont toutes
rayonnées. Ce serait bien sûr un terrible
préjugé de croire que ce qui est aujourd'hui
la culture italienne est autre chose que ce
qui a rayonné du centre de l'Europe vers
l'Italie, simplement recouvert de l'essence
latine qui est restée dans la langue et dans
la forme extérieure. Ce serait un terrible
préjugé de croire que la culture anglaise est
autre chose que ce qui a rayonné depuis le
centre de l'Europe et qui, à vrai dire, a
d'abord été entonné, aussi par la langue et
d'autres choses de ce genre, en une autre
essence, même beaucoup moins que l'essence
italienne ou française. Mais tout ce qu'est la
France, l'Angleterre, l'Italie, et même, à
bien des égards, l'Orient européen, a rayonné
à partir du centre de l'Europe. Et dans ce
centre est resté ce qui s'est produit
maintenant que les cultures ont rayonné, ce
qui est resté comme le giron à partir duquel
le goethéanisme s'est développé. Nous sommes
aujourd'hui confrontés au fait, que l'on peut
accepter sans émotion, que ce qui a rayonné à
la périphérie travaille de toutes ses forces à
détruire, à détruire aussi spirituellement
âmiquement ce dont il a rayonné au centre de
l'Europe. Un jour, le monde regardera ce
phénomène le plus monstrueux de l'histoire de
l'humanité d'une toute autre manière que dans
notre présent, où ce monde s'apprête à adorer
quatorze cadavres de pensées de l'Occident
comme des idoles. Un jour, l'humanité
comprendra qu'il s'est produit ce que l'on
peut appeler la volonté absolue d'anéantir ce
qui a rayonné de tous côtés. Le tragique de ce
fait s'accomplira évidemment.
10
Car c'est dans la direction de ce fait
qu'apparaît, dans une nouvelle étape de
l'évolution de l'Europe, ce qui - à
l'exception des dernières décennies, où l'on
peut dire que d'autres forces ont agi - s'est
amorcé et s'est développé au cours des siècles
par le fait que du centre de l'Europe
rayonnaient partout les traits personnels de
ceux qui forment les cultures des côtés les
plus divers. Oh, l'humanité est aujourd'hui si
peu encline à se former un jugement impartial
sur ce point ! Je peux dire que j'étais
moi-même en relation étroite avec le travail
de mon vieil ami Karl Julius Schröer,
lorsqu'il étudiait les dernières traces qu'il
fallait trouver pour donner à cette affaire
une base scientifique entièrement sûre, les
différents dialectes, les différentes langues,
les différents caractères des parties du
peuple qu'il faut considérer comme les parties
allemandes de la Hongrie du Nord, de la
Transylvanie et des différentes régions de
l'Autriche. Celui qui considère tout ce qui se
rattache aux dictionnaires et grammaires peu
exigeants des Allemands de Spiš, des Saxons de
Transylvanie, dans les études de Schröer, que
j'ai menées en commun avec lui, en tant
qu'explorateur de l'expansion de la culture
d'Europe centrale, qu'il était, peut dire que
Schröer est encore lié à un savoir qui n'est
malheureusement plus du tout pris en compte
aujourd'hui dans le tumulte et la tempête des
événements. Mais que l'on regarde cette
Hongrie, où une culture purement magyare
devait être établie au cours des dernières
décennies, depuis l'année 1867, que l'on
regarde, non pas avec une fausseté politique
et un aveuglement politique, une haine
politique, que l'on regarde conformément à la
vérité : on découvrira alors que dans les
régions qui allaient être magyarisées par la
suite en tant que pays de la Magyarentum, des
gens sont venus du Rhin en tant que Saxons de
Transylvanie, des gens de plus à l'ouest en
tant qu'Allemands de Spiš, des gens de
l'actuelle Souabe en tant qu'Allemands du
Banat. Tout cela constitue le ferment qui
forme la base de la culture magyare, sur
laquelle s'est seulement déversé ce qui s'est
ensuite formé très tard en tant que culture
magyare. Mais à la base de cette culture
magyare, il y a toujours eu - même si ce n'est
pas dans ce qui est exprimable par la langue,
mais dans les sentiments, dans les sensations,
dans l'ensemble du folklore - ce qui est venu
du centre de l'Europe à travers les siècles.
11
Aussi étonnant que cela puisse paraître, vous
pourriez étudier la même chose pour toutes les
régions périphériques de l'Europe, si vous
preniez seulement l'histoire globale de
l'Europe. A l'est, la vague slave est venue à
l'encontre de ce qui est émis par le centre,
elle a recouvert de la vague slave ce qui est
émis par le centre ; la vague romane est venue
de l'ouest. Et par un enchaînement tragique,
qui a cependant une nécessité historique
interne, la périphérie s'est alors retournée
contre ce qui était resté dans le giron du
centre ; elle s'est retournée de telle sorte
qu'un fait est tout à fait clair à partir de
ce retournement - on peut le croire ou non, on
peut facilement s'en moquer ou le railler ou
non : ce qui est resté au centre de l'Europe,
ce qui est sorti du goethéanisme, compris
spirituellement-âmiquement dans sa réalité et
dans sa vérité, ne trouve aujourd'hui aucune
compréhension dans la meilleure connaissance
moyenne de la périphérie. Et on pourrait dire
que partout, jusque dans les régions
américaines, on parle de la véritable
substance de l'être centre-européen comme si
on n'en avait aucune idée. On ne peut pas en
avoir la moindre idée. Mais l'histoire
mondiale le révélera. C'est ce qui peut, dans
un certain sens, nous donner la force de
pouvoir nous y accrocher/tenir fermement.
12
Certes, je vous ai présenté ici, le soir de la
Saint-Sylvestre, un tableau calculé par un
humain qui sait bien compter, sur les
conditions futures de l'Europe centrale. Elles
ne seront pas différentes si tout cela se
réalise, si une partie seulement de ce que
veulent les pays périphériques se réalise.
Mais cette Europe centrale, dont
l'anéantissement est décidé en ce qui concerne
l'existence extérieure, dont l'anéantissement
s'accomplira probablement aussi dans un
premier temps pour les prochaines années et
décennies - car c'est ainsi qu'il en a été
décidé par le conseil des puissances
périphériques -, avait en son sein la dernière
configuration de ce que nous avons caractérisé
hier ; elle avait en son sein la dernière
configuration de ce qui est pourtant important
comme ferment pour l'évolution de l'humanité.
Il faut que cela s'infiltre, il faut
simplement que se poursuive cette évolution
que je vous ai décrite pour le magyarisme. Ce
rayonnement se poursuivra déjà.
13
Seulement, devra être compris, en particulier
en Europe centrale, ce qui n'y a guère été
compris au cours des dernières décennies : il
devra être compris quelque chose de l'ordre de
l'intention de la triarticulation de l'être/du
système social, telle que je vous l'ai
indiquée. C'est tout de suite l'Europe
centrale qui sera appelée à comprendre cette
triarticulation. Et peut-être que si cette
Europe centrale n'a pas d'État extérieur, si
cette Europe centrale est tragiquement obligée
de vivre dans le chaos, alors seulement on
commencera à comprendre qu'il faut surmonter
les anciennes conceptions pour lesquelles la
périphérie de l'Europe se bat actuellement,
parce que ces anciennes conceptions ne
pourront pas non plus être maintenues par la
périphérie de l'Europe. L'ancien concept
d'État disparaîtra ; il fera place à la
division en trois parties/la tripartition. Et
aussi dans cette vie extérieure, il devra
entrer ce qu'est le goethéanisme. Qu'on
l'appelle ainsi ou non, cela n'a aucune
importance. L'essentiel, c'est que la vision
du monde de Goethe préfigure ce qui doit
devenir clair, tout simplement, en ce qui
concerne l'organisation sociale extérieure de
l'humanité. Mais on ne peut voir à travers
tout cela que si l'on s'efforce de comprendre
ce représentant, ce représentant le plus
complet de l'être allemand, Goethe, qui est
donc un représentant si complet de l'être
allemand, parce qu'il est dépourvu de tout
chauvinisme national ou de tout ce qui n'est
que chauvinisme national. On doit essayer de
saisir ce représentant des temps modernes, cet
humain des plus modernes, en même temps que
l'humain le plus fécond dans son essence pour
la culture de l'esprit. Dans la compréhension
de Goethe, on ne peut pas dire que l'humanité
soit particulièrement avancée. Goethe se
sentait lui-même comme un solitaire au sein de
son environnement. Et même si Goethe était
l'une de ces personnalités capables de
développer de telles formes d'entregent - de
développer aussi, si je puis dire, une telle
habileté et une telle grâce dans les relations
- qu'une relation possible s'établissait avec
cet environnement : le véritable Goethe, celui
qui vivait à l'intérieur de cet humain vivant
à Weimar, qui apparut plus tard extérieurement
comme un gros conseiller secret au double
menton, l'humain intérieur qui vivait dans ce
gros conseiller secret au double menton, se
sentait seul. Et dans une certaine mesure, il
est encore seul aujourd'hui. Il est seul pour
une raison bien précise, et il devait se
sentir seul. C'est peut-être ce sentiment de
solitude culturelle, d'incompréhension, qui
l'a poussé à prononcer plus tard cette étrange
parole : "Les Allemands seront peut-être dans
un siècle autres que ce qu'ils sont
maintenant, ils seront peut-être alors devenus
d'érudits, des humains.
14
Cette déclaration doit vraiment vous toucher
au plus profond de votre âme. Car, voyez-vous,
lorsque les Archives Goethe et Schiller et la
Société Goethe ont été créées à Weimar après
la mort du dernier petit-fils de Goethe, elles
ont été fondées par une assemblée d'humains -
en vérité, je veux le dire dans le meilleur
sens du terme -, par une assemblée d'érudits.
Le service Goethe/service de Goethe a été créé
à l'époque par des humains, par des
personnalités, qui n'étaient vraiment pas
encore devenues des humains érudits. Oui, on
peut aller encore plus loin. Vous savez à quel
point j'admire Herman Grimm, l'historien de
l'art, l'essayiste raffiné, et je n'ai jamais
caché cette admiration et je vous ai parlé de
différentes manières de l'admiration que j'ai
pour Herman Grimm. Je vous ai aussi absolument
avoué que je voyais dans le livre d'Herman
Grimm sur Goethe le meilleur de ce qui a été
écrit sur Goethe d'un point de vue
biographique et monographique. Mais prenez
maintenant ce livre de Herman Grimm : il est
écrit avec un certain amour humain et une
vision du monde ; mais cherchez à vous faire
une idée de la figure de Goethe qui se
présente alors devant vous, lorsque vous avez
laissé ce livre agir sur vous ! Comment est
cette figure de Goethe ? C'est quand même un
fantôme, un spectre, pas le Goethe vivant ! On
ne peut pas se débarrasser de ce sentiment si
l'on prend ces choses au sérieux et avec
dignité. Herman Grimm, s'il rencontrait Goethe
aujourd'hui, ou s'il avait rencontré Goethe de
son vivant, il aurait été prêt à dire à tout
moment, parce qu'il a intégré la plus fervente
vénération de Goethe dans la tradition qui
s'est construite sur Goethe : Goethe est
prédestiné à devenir le roi spirituel non
seulement de l'Europe centrale, mais de
l'humanité entière. - Oui, Herman Grimm aurait
aussi tout fait, si cela avait dépendu de lui,
pour servir comme héraut, s'il s'était agi de
faire de Goethe le roi de la
formation/culture/éducation terrestre. Mais on
ne peut pas se débarrasser de l'autre
sentiment : si Herman Grimm avait commencé à
vouloir parler à Goethe, ou Goethe à Herman
Grimm, Herman Grimm n'aurait guère trouvé de
compréhension pour le fond de l'être de
Goethe. Car ce qu'il décrit dans son livre est
certainement le meilleur de ce qu'il a connu
de Goethe, mais rien d'autre que l'ombre que
Goethe a projetée sur tout son entourage,
l'impression qu'il a faite sur son époque. Il
n'y a rien, mais pas la moindre chose de ce
qui vivait dans l'âme de Goethe ; un fantôme
de l'époque des XVIIIe et XIXe siècles, pas
celui qui vivait dans les profondeurs de
Goethe.
15
C'est un phénomène étrange, qu'il faut se
représenter en tout sérieux et en toute
dignité. Et si l'on regarde maintenant à
partir de celui-ci - non pas le goethéanisme,
mais cette communauté d'adeptes de Goethe, qui
est vraiment, même cent ans après Goethe,
beaucoup plus savante qu'humaine -, si l'on
regarde en arrière vers Goethe lui-même, alors
on aperçoit avant tout une chose parmi les
diverses grandeurs, parmi les diverses
grandeurs qui se présentent à nous chez
Goethe. Prenez "Les secrets", qui a été
récemment lu ici par Madame le Dr. Steiner,
prenez le fragment de Pandore, le fragment de
Prométhée, prenez d'autres choses, prenez le
fait que "La fille naturelle" ne contient que
la première partie d'une trilogie qui n'a pas
été achevée, prenez le fait que dans ce
fragment s'exprimait une grande chose qui
vivait en Goethe : vous avez alors le fait
étrange, tout à fait étrange, que lorsque
Goethe s'est mis à exprimer une grande chose,
il n'est pas arrivé au bout, parce qu'il a été
assez honnête pour ne pas arrondir, pour ne
pas achever la chose extérieurement, comme le
font aussi les poètes et les artistes, mais
pour s'arrêter lorsque la force intérieure de
la source s'est tarie. D'où tant de choses
inachevées. Mais la chose va encore plus loin.
La chose va si loin que l'on peut dire : Le
"Faust" est certes achevé du point de vue
extérieur, mais combien de choses sont
pourries à l'intérieur du "Faust", combien de
choses sont dans le "Faust" qui sont comme la
figure de Méphistophélès soi-même ! - Lisez ce
que j'ai présenté sur Faust, sur la figure de
Méphistophélès, dans le petit livre Goethe qui
est paru récemment, où je parle de la façon
dont Goethe a placé dans Méphistophélès une
figure qui n'existe pas vraiment, dans la
mesure où les deux figures, Lucifer et
Ahriman, se sont mélangées et tourbillonnent
de façon chaotique. Et au cours de cette
semaine, vous trouverez représentées ici les
dernières scènes avant l'apparition d'Hélène,
avant le début du troisième acte de la
deuxième partie de "Faust" : quelque chose que
Goethe a achevé dans ses grandes années,
quelque chose qui, d'un côté, est grandiose,
profond, puissant, mais qui, d'un autre côté,
bien qu'achevé à l'extérieur, est tout à fait
inachevé à l'intérieur, contient partout les
prémices de ce qui se trouvait dans les
aspirations de Goethe, mais ne voulait pas
entrer dans son âme. Si l'on regarde "Faust"
sous l'angle de sa taille humaine, on a devant
soi une œuvre gigantesque ; si on le regarde
sous l'angle de la grandeur qui vivrait en lui
si Goethe avait pu faire sortir de son temps
tout ce qui se trouvait dans son âme même, on
a devant soi une œuvre pourrie, fragile, qui
est partout inachevée en soi.
16
C'est peut-être le testament le plus puissant
que Goethe ait laissé à ses descendants,
qu'ils ne se contentent pas de se réclamer de
lui comme un savant aujourd'hui, ou même comme
un humain qui est instruit d'une certaine
manière. C'est facile, mais Goethe n'a pas
rendu notre position à son égard aussi facile.
Goethe doit vivre parmi nous comme un être
vivant et continuer à être ressenti et pensé.
Le plus important dans le goethéanisme ne se
trouve pas chez Goethe, parce que Goethe
n'était pas en mesure, à son époque, de le
faire passer du spirituel dans son âme, parce
que partout il n'y a que des prémices pour
cela. Goethe exige de nous que nous
travaillions avec lui, que nous pensions avec
lui, que nous ressentions avec lui, que nous
poursuivions sa tâche, comme s'il était
partout derrière nous, nous tapant sur
l'épaule et nous donnant des conseils. En ce
sens, tout le XIXe siècle et jusqu'à notre
époque a, on peut le dire, abandonné Goethe.
Et la tâche de notre époque est de retrouver
le chemin de Goethe. Au fond, rien n'est plus
étranger au véritable goethéanisme que
l'ensemble de la culture terrestre extérieure
de la fin du XIXe siècle ou même du XXe
siècle, à l'exception de certaines activités
spirituelles qui ont été menées. Il faut
retrouver le chemin de Goethe par la science
de l'esprit orientée anthroposophiquement.
17
Seul peut le comprendre celui qui est en
mesure de répondre correctement à la question
: où se tenait en réalité Goethe ? Vous avez
de Goethe l'aveu le plus honnête de l'humanité
- je l'ai caractérisé hier -, à savoir qu'il
partait en fait du paganisme, comme cela
correspondait aussi au platonisme de son
époque. Le garçon se dresse un autel païen de
la nature. L'homme Goethe ne reçoit alors pas
les influences les plus fortes de
l'ecclésiologie chrétienne traditionnellement
héritée, qui lui est au fond toujours resté
étrangère, car sa vision du monde est la
vision du monde de l'attente face à la
nouvelle conception du mystère du Golgotha.
Ceux qui, dans l'ancien sens traditionnel,
professaient confortablement la foi chrétienne
de l'Église, ou qui, même au sein de cette foi
chrétienne de l'Église, voulaient réaliser
toutes sortes de réformes simplement
extérieures, ceux-là ne lui étaient vraiment
pas intérieurement apparentés
spirituellement-psychiquement/âmiquement. En
fait, il ressentait toujours la même chose
qu'à l'époque où il l'exprimait, lorsqu'il
faisait un voyage avec deux chrétiens
apparemment bons, Lavater et Basedow, avec
deux personnes qui se tenaient sur un
christianisme d'église certes avancé, mais
néanmoins ancien : "Prophète à droite,
prophète à gauche, l'enfant du monde au
milieu". C'est en fait ce qu'il ressentait
lorsqu'il se trouvait entre deux humains de
son époque. Car il le disait aussi : face aux
chrétiens qui l'entouraient, il était toujours
le non-chrétien décidé, tout de suite parce
qu'il devait préparer l'humanité à
l'ambiance/l'humeur-Christ pleine d'attente.
18
Et c'est ainsi que nous voyons que trois
humains ont, d'une manière étrange, la plus
grande influence sur sa culture de l'esprit.
Ces trois humains sont en fait absolument des
personnes qui, d'une certaine manière, sont
des enfants du monde. Des prédicateurs
chrétiens ordinaires n'auraient pas été
appropriés pour Goethe. Les trois
personnalités qui ont eu la plus grande
influence sur lui sont : premièrement,
Shakespeare ; pourquoi Shakespeare a-t-il eu
une telle influence sur Goethe ? Tout
simplement parce que Goethe voulait construire
un pont entre l'humain et le surhumain, non
pas à partir d'une abstraite puissance de la
règle, non pas à partir d'une intellectualité
perméable, mais à partir de l'humain soi-même.
Goethe avait besoin de s'accrocher à l'humain
pour trouver, au sein de l'humain, le passage
de l'humain au surhumain. C'est ainsi que nous
voyons Goethe lutter pour façonner, former
l'humain, comme Shakespeare l'a fait jusqu'à
un certain point, pour élaborer à partir de
l'humain. Observez donc comment Goethe prend
en main "L'histoire de Gottfrieden von
Berlichingen avec la main de fer", son
auto-biographie ; comment, en changeant le
moins possible, il dramatise cette histoire,
forme le premier personnage de son "Götz von
Berlichingen" ; comment il en forme ensuite un
deuxième personnage, déjà plus transformé,
déjà plus façonné, puis un troisième
personnage. Goethe cherche d'une certaine
manière à se frayer un chemin honnêtement
personnel, en ce qu'il rattache a l'humanité
de Shakespeare, mais veut, à partir de cette
humanité, en façonner la sur-humanité.
19
Il le peut en premier lorsque, lors de son
voyage en Italie - il suffit de lire ses
lettres - il croit pouvoir reconnaître, à
partir de ce qui lui est proche, à partir des
œuvres d'art grecques, comment les Grecs
agissaient selon les mêmes intentions, les
intentions divines, que celles de la nature
elle-même. Il avait besoin de sa vraie voie,
de sa vraie voie individuelle, vécue
personnellement. Il ne pouvait pas croire à ce
que son entourage lui disait ; il devait
trouver sa propre voie.
20
Le deuxième esprit qui a eu une influence
énorme sur lui était certainement un
non-chrétien déterminé, à savoir Spinoza. En
Spinoza, il avait la possibilité de trouver le
divin comme l'humain trouve le divin lorsqu'il
veut se frayer un chemin de l'humain au
surhumain. Les pensées de Spinoza sont en fait
la dernière expression pour l'ère de
l'intellectualité, de l'ancienne approche
hébraïque de Dieu. En tant que telles, les
pensées de Spinoza sont très éloignées de
l'impulsion-Christ. Mais les pensées de
Spinoza sont telles que l'âme humaine y trouve
en quelque sorte les fils auxquels se
raccrocher lorsqu'elle cherche ce chemin : là,
à l'intérieur de l'humain, là est mon essence
; de cette essence humaine, je cherche à
pénétrer plus avant dans le surhumain. - Cette
voie qu'il pouvait suivre, qu'il ne devait pas
seulement se faire prêcher, qu'il pouvait
suivre en suivant Spinoza, cette voie, Goethe
la considérait en un certain sens, à un
certain âge de sa vie, comme la sienne.
21
Et le troisième esprit qui a eu la plus grande
influence sur lui, c'est Linné, le botaniste.
Pourquoi Linné ? Linné parce que Goethe ne
voulait pas d'une quelque autre science
botanique, d'une autre science des êtres
vivants que celle qui place simplement les
êtres vivants les uns à côté des autres dans
l'ordre, comme l'a fait Linné. Toutes les
pensées abstraites, qui élaborent toutes
sortes d'idées sur les classes de plantes, les
genres de plantes et ainsi de suite, n'étaient
pas proches de Goethe. Ce qui lui importait,
c'était de laisser agir sur lui, en Linné, un
humain qui mettait les choses les unes à côté
des autres. Car Goethe voulait, d'un point de
vue plus élevé que ceux qui observent les
plantes de manière abstraite, suivre dans sa
façon ce que Linné a consciencieusement
juxtaposé comme formes végétales, comme
l'esprit agit/règne par cette juxtaposition.
22
Ce sont tout de suite ces trois esprits qui,
au fond, ont pu donner à Goethe ce qui n'était
pas dans le centre de sa vie intime, mais
qu'il devait recevoir de l'extérieur, ce sont
tout de suite ces esprits qui ont eu
l'influence la plus forte sur lui. Goethe
lui-même n'avait rien de shakespearien, car
lorsqu'il est arrivé au sommet de son art, il
a créé sa "Fille naturelle", qui n'a vraiment
rien de l'art de Shakespeare, mais qui tend
vers un tout autre côté ; mais il n'a pu
développer son être le plus intime qu'en se
formant à partir de Shakespeare. La vision du
monde de Goethe n'a rien d'un spinozisme
abstrait, mais ce que Goethe avait au plus
profond de lui-même comme chemin vers Dieu, il
ne pouvait l'acquérir que chez Spinoza. La
morphologie de Goethe n'a rien de la
juxtaposition des êtres organiques comme chez
Linné, mais Goethe avait besoin de pouvoir
prendre chez Linné ce qu'il n'avait pas
lui-même. Et ce qu'il devait y ajouter était
nouveau.
23
Et c'est ainsi que Goethe grandit, grandit
dans ses années quarante, formé par
Shakespeare, Linné et Spinoza, passé par les
conceptions de l'art qui s'offraient à lui en
Italie, où il disait face aux œuvres d'art :
"Là est la nécessité, là est Dieu". Et comme
il était de son temps, il se passait en lui,
d'une manière fortement inconsciente, mais
aussi, jusqu'à un certain point, consciente,
ce que l'on peut appeler son passage devant le
gardien du seuil. Et maintenant, si vous
considérez son passage devant le Gardien au
début des années quatre-vingt-dix du XVIIIe
siècle, comparez les mots qui résonnent comme
les paroles d'adoration adressées à Isis dans
l'Égypte ancienne, dans ce livre qui vient de
vous être présenté par Madame le Dr. Steiner,
où Goethe se sent encore tout à fait païen,
avec ce qui se présente à vous dans un
imaginaire puissant dans le "Conte du serpent
vert et de la belle Lilia" : vous avez alors
le chemin de Goethe hors du paganisme vers le
christianisme. Mais là, se tient en images ce
qu'alors Goethe était après son passage par le
lieu du seuil, après son passage au gardien du
seuil ; là se tient en images ce qu'il ne
pouvait pas lui-même décomposer/désarticuler à
mesure de pensées pour les gens, mais qui sont
pourtant/quand même des images puissantes.
Qu'est-ce que l'on est obligé de faire si l'on
veut comprendre le Goethe qui a écrit le
"Conte du serpent vert et de la belle Lilia "
? Comparez ce qui est écrit dans le livret de
Goethe déjà présenté sur le "Conte du serpent
vert et de la belle Lilia" : C'est un fait
auquel on se heurte lorsque l'on considère que
Goethe a créé ce «Conte du serpent vert et de
la belle Lilia» comme une immense imagination
après son passage chez le gardien du seuil.
23
Ce "Conte du serpent vert et de la belle
Lilia" est né de l'âme transformée, après que
cette âme a surmonté le sentiment païen tel
qu'il s'exprime encore dans l'hymne en prose :
"Nature, nous sommes entourés et enlacés par
elle. Sans être invité ni averti, elle nous
prend dans le cercle de sa danse et nous
entraîne avec elle jusqu'à ce que nous soyons
fatigués et échappions à son bras ... Même ce
qui n'est pas naturel est nature ... . Tout
est sa vie, et la mort n'est que son artifice
pour avoir beaucoup de vie - et ainsi de
suite, cette humeur/ambiance païenne d'Isis,
elle se transforme en vérités profondes,
impossibles à saisir maintenant par la raison
analytique, qui résident dans les puissantes
imaginations du "Conte du serpent vert et de
la belle Lilia", où Goethe montre justement
comment tout ce que l'humain peut trouver par
la science empirique extérieure ne peut
conduire qu'à l'illumination/la feufolâtrerie
des feux follets ; mais comment ce que
l'humain doit développer au plus profond de
lui-même le conduit à développer les forces de
son âme de telle sorte qu'il puisse prendre
pour modèle le serpent qui se sacrifie, qui
sacrifie son propre être au cours de
l'évolution de l'humanité, afin que le pont
puisse être construit entre les deux royaumes
du sensible et du suprasensible, entre
lesquels s'élève le temple, le nouveau temple,
par lequel on peut avoir le sentiment du
royaume/de l'empire suprasensible.
24
Certes, dans ce "Conte du serpent vert et de
la belle Lillia", il n'est pas question du
Christ. Mais de même que le Christ n'exigeait
pas d'un bon disciple qu'il dise toujours :
"Seigneur, Seigneur !", de même n'est pas un
bon chrétien celui qui dit toujours : "Christ,
Christ ! - La manière dont les images sont
conçues/saisies, la manière dont l'âme humaine
est pensée dans sa transformation dans le
"Conte du serpent vert et de la belle Lillia",
la suite des pensées, la force des pensées,
tout cela est chrétien, c'est le nouveau
chemin vers le Christ. Car pourquoi ? Il y
avait déjà de nombreuses interprétations de ce
conte à l'époque de Goethe ; depuis, il y en a
eu beaucoup d'autres. Nous avons essayé
d'éclairer ce conte du point de vue de la
science de l'esprit. Je peux parler ici de ce
conte, car il est permis de le dire dans ce
cercle. C'est à la fin des années quatre-vingt
du XIXe siècle que le bouton de ce conte s'est
ouvert pour moi, si je peux m'exprimer
trivialement. Je n'ai jamais quitté le chemin
qui doit mener de plus en plus loin à la
compréhension de Goethe à l'aide de ces
puissantes imaginations qui sont mises en
œuvre dans le "Conte du serpent vert et de la
belle Lillia". On a la permission de dire que
la raison analytique, qui nous guide très bien
pour trouver des vérités de science de la
nature, la raison analytique qui nous guide
très bien à gagner la vision extérieure de la
nature tout de suite dans sa fleur/floraison
dans la mesure du temps actuel et ses
rapports, cette raison analytique échoue
complètement si on veut comprendre ce conte.
Là est nécessaire que l'on se laisse féconder
sa raison analytique par les representations
de la science de l'esprit. Là, vous avez
transposé dans notre temps et dans ses
conditions ce qui est nécessaire à toute
l'humanité pour la compréhension du mystère du
Golgotha.
25
Pour comprendre le mystère du Golgotha, la
raison analytique doit d'abord être formée.
Elle doit se donner une épine dorsale. Pour la
compréhension de la nature extérieure, elle
n'a pas besoin de cette épine dorsale. Il est
devenu de plus en plus impossible à la culture
latine comme à la culture germanique - à la
culture latine parce qu'elle est trop forte
dans la décadence, à la culture germanique
parce qu'elle ne s'est pas encore élevée
jusqu'à ce développement - de former l'âme à
partir de la simple intellectualité jusqu'à ce
qu'elle puisse trouver le nouveau chemin pour
comprendre le mystère du Golgotha. Mais si
vous développez en vous la possibilité de
transformer les forces de l'âme de telle sorte
que vous commenciez à trouver, en tant que
langage intérieur conforme à la nature, le
passage à l'imagerie à laquelle Goethe
aspirait, alors vous entraînez vos forces de
l'âme de telle sorte que vous trouviez le
chemin vers la nouvelle compréhension du
mystère du Golgotha. C'est de cela qu'il
s'agit.
26
Goethe n'est pas seulement important par ce
qu'il a produit, Goethe est surtout important
par ce qu'il fait de notre âme, si nous nous
plongeons avec dévotion dans son essence la
plus intime. Alors l'humanité pourra peu à peu
trouver consciemment le chemin qui mène au
gardien du seuil, un chemin que Goethe a
heureusement/pour le bon bonheur encore
emprunté inconsciemment, c'est pourquoi il n'a
pas pu achever les œuvres dans lesquelles il
voulait s'exprimer le plus profondément. Un
scintillement et une lueur de conscient et
d'inconscient, d'atteignable et
d'inaccessible, vivaient justement dans l'âme
de Goethe. Lorsque nous laissons agir sur nous
des choses comme les "secrets", lorsque nous
laissons agir sur nous des choses comme la
"pandore", comme toutes les choses que Goethe
n'a pas achevées, nous avons le sentiment que
dans cet inachèvement se trouve quelque chose
qui doit se détacher dans l'âme des
descendants de Goethe, et qui doit être achevé
comme une grande construction/structure de
l'esprit.
27
Goethe était solitaire. Par rapport à ce que
Goethe était vraiment, Goethe était seul, seul
dans son développement/évolution. Le
goethéanisme a beaucoup de choses cachées.
Mais même si le XIXe siècle n'a pas encore
accompli le fait que les savants sont devenus
des humains, tandis que Goethe s'est imposé
une conception humaine du monde à partir de
l'érudition, c'est tout de suite l'évolution
qui doit progresser à l'aide de l'impulsion de
Goethe. J'ai dit hier et je répète aujourd'hui
que la force liée au mystère du Golgotha s'est
unie une fois, dans une province peu connue de
l'Empire romain, à l'humain unique qu'était
Jésus de Nazareth, puis aux âmes de peuple
d'Europe centrale. Mais elle est ensuite allée
en l'intérieur. Et de ce qui se tissait en
l'intérieur en Europe centrale sont nées des
réalisations comme celles de Goethe et de tout
le goethéanisme. Mais c'est justement le XIXe
siècle qui a beaucoup fait pour laisser le
goethéanisme reposer dans sa tombe. Dans tous
les domaines, le XIXe siècle a tout fait pour
laisser le goethéanisme reposer dans la tombe.
28
Ces érudits qui ont fondé la Société Goethe à
Weimar à la fin des années 1880 se sont
montrés bien plus aptes à être les fossoyeurs
du goethéanisme qu'à réveiller quoi que ce
soit de ce goethéanisme. Le temps n'est
certainement pas venu pour la vie extérieure
dans laquelle le goethéanisme peut déjà vivre.
Cela est lié à ce dont nous avons beaucoup
parlé maintenant : le renouvellement
spirituel-scientifique des âmes humaines. Quoi
qu'il arrive à cette Europe qui veut
maintenant se suicider dans un certain sens,
la tombe que creuse en premier lieu
l'inconscience de la culture moderne, cette
tombe sera aussi une tombe d'où quelque chose
renaîtra. J'ai déjà indiqué que l'esprit du
Christ s'est lié aux âmes de peuples
centre-européennes et que le goethéanisme est
né dans le sein de ces âmes de peuple. Il y
aura une résurrection, une résurrection que
l'on ne doit pas se représenter politiquement,
une résurrection qui aura un tout autre
aspect, mais ce sera une résurrection. Le
goethéanisme ne vit pas, le goethéanisme
repose encore dans la tombe pour la culture
extérieure. Mais le goethéanisme doit
ressusciter.
29
Que la construction que nous avons tenté
d'ériger ici sur cette colline en soit aussi
le signe : nous nous proposons honnêtement,
avec autant de courage qu'il est nécessaire
dans le présent, d'amener le goethéanisme à la
résurrection. Pour cela, nous devons toutefois
avoir le courage de comprendre et de percer à
jour ce goethéanisme qui s'est appelé ainsi
jusqu'à présent, dans sa manière
non-goethéenne, et d'aborder à l'essence même
de Goethe. Nous devons justement ainsi
apprendre à affirmer l'esprit de Goethe, comme
la fin du XIXe siècle et le début du XXe
siècle l'ont renié, l'ont renié dans tous les
domaines possibles. Alors, le chemin de la
connaissance spirituelle-scientifique, à
gagner dans le sens absolu, sera lié au chemin
historique du nouvel éveil du goethéanisme,
mais aussi à l'impulsion qui peut venir de ce
réveil de l'appel du goethéanisme, vers la
nouvelle compréhension du mystère du Golgotha,
vers la juste compréhension du Christ, telle
qu'elle est nécessaire pour notre temps. Notre
époque trouvera peut-être le guide vers le
christianisme de l'avenir nécessaire à
l'humanité tout de suite dans le non-chrétien
decidé qu'est Goethe, qui a exigé, comme le
Christ lui-même, que l'on ne dise pas toujours
: Seigneur, Seigneur - mais qu'il porte son
esprit dans son cœur et dans son esprit ; qui
ne parle pas toujours comme goethéanisme :
Christ, Christ, mais qui garde d'autant plus
dans son cœur ce qui s'est écoulé comme
réalité dans l'humanité à partir du mystère du
Golgotha, afin que ce cœur transforme peu à
peu le savoir abstrait et intellectualiste, le
savoir de la nature de notre époque, en celui
par lequel on peut voir dans les mondes
suprasensibles, afin de donner à l'humain la
force d'une connaissance plus profonde du
monde et d'un façonnement digne de l'humain de
la structure sociale. De cela nous reparlerons
une prochaine fois plus avant.
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