La
spiritualisation de l'histoire
moderne - paganisme, judaïsme et
christianisme - le "conte" de
Goethe Élévation de la conception
du mystère du Golgotha par la
science de l'esprit. La pensée de
résurrection. Saisie du vivant
seulement par l'ascension à
l'imagination, l'inspiration,
l'intuition. Paganisme : vision de
la nature ; judaïsme : impulsion
morale --- Job. Entrée de
l'impulsion du Christ lorsque les
cultures païenne et juive ont
atteint leur apogée et ont épuisé
leur force, symbole extérieur du
représentant mourant de
l'humanité. Le christianisme a dû
prendre la forme du mystère païen
pour se répandre dans l'empire
romain, d'où la messe. L'accueil
du christianisme par les barbares
nordiques est beaucoup plus
primitif, par un rapport de cœur
personnel avec le Christ Jésus.
Chez les peuples primitifs du
Nord, est développé pour une
époque ultérieure ce qui s'en
était formé plus tôt dans le Sud à
un stade antérieur. Ce qui était
le platonisme dans la Grèce
antique est devenu le goethéanisme
à la cinquième époque culturelle.
Avec Goethe, est indiqué sur une
attente. L'hymne en prose de
Goethe "A la nature".
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Die
Durchgeistigung der neueren
Geschichte — Heidentum, Judentum
und Christentum — Goethes
«Märchen» Erhöhung der Auffassung
des Mysteriums von Golgatha durch
Geisteswissenschaft. Der
Auferstehungsgedanke. Auffassung
des Lebendigen nur durch
Aufsteigen zu Imagination,
Inspiration, Intuition. Heidentum:
Naturanschauung; Judentum:
moralischer Impuls --- Hiob.
Eintritt des Christus-Impulses,
als heidnische und jüdische Kultur
auf dem Höhepunkt angelangt und
ihre Kraft erschöpft war, äußeres
Symbolum der sterbende
Repräsentant der Menschheit. Das
Christentum mußte die Form des
heidnischen Mysteriums annehmen,
um im römischen Weltreich
Verbreitung zu finden; daher die
Messe. Aufnahme des Christentums
durch die nordischen Barbaren
viel primitiver durch persönliches
Herzensverhältnis zu dem Christus
Jesus. Bei den primitiven Völkern
des Nordens wird für eine spätere
Zeit das entwickelt, was früher im
Süden auf einer vorhergehenden
Stufe herausgebildet war. Was im
Griechentum Platonismus war, das
ist in der 5. Kulturepoche
Goetheanismus. Mit Goethe wird auf
eine Erwartung hingedeutet.
Goethes Prosahymnus «An die
Natur».
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Lorsqu'on veut envisager la
signification de l'intervention
spirituelle-scientifique dans le monde
pour le présent, on n'a pas la
permission de laisser hors d'attention
que cette intervention - nous l'avons
déjà démarrée dans les diverses
considérations auxquelles nous nous
sommes livrés entraînera une
compréhension sensiblement rehaussée
du Mystère du Golgotha. Et l'on peut
dire que celui qui s'unit non
seulement par la pensée courante,
synthétiquement rationnelle, mais de
toute son âme, avec toute son âme
tranquille, aux connaissances de la
recherche spirituelle-scientifique,
celui-là, s'il a un lien quelconque
avec la culture moderne, se posera
quand même toujours cette question :
comment se tient l'humain transformé
dans un certain sens par la
connaissance spirituelle-scientifique,
au Mystère du Golgotha ? - Nous avons
porté le regard sur cet événement le
plus important de l'humanité des
points de vue les plus différents.
Aujourd'hui, nous voulons essayer de
jeter un coup d’œil sur cet évènement
d'humanité en nous efforçant de suivre
jusqu'à notre époque le courant qui a
sa source dans ce Mystère. En cela, la
fécondité de la connaissance
spirituelle-scientifique peut en un
certain sens apparaître dans le fait
qu'elle parvient ou qu'au moins elle
peut parvenir à comprendre dans un
esprit semblable le devenir des
mondes, le devenir de l'humanité et
dans le présent, tandis qu'en fait
sinon l'a considération humaine
ordinaire recule d'effroi devant une
spiritualisation de l'histoire la plus
récente.
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01
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Wenn
man die Bedeutung
geisteswissenschaftlichen
Eindringens in die Welt für die
Gegenwart ins Auge fassen will, so
darf man nicht außer acht lassen,
daß dieses Eindringen, wie wir aus
den verschiedensten Betrachtungen,
die wir angestellt haben, ja schon
entnehmen können, mit sich bringen
wird eine wesentliche Erhöhung der
menschlichen Auffassung des
Mysteriums von Golgatha. Und man
kann sagen, wer nicht nur mit dem
gewöhnlichen, vernünftigen
Nachdenken, sondern mit seiner
ganzen Seele, mit seinem ganzen
Gemüte sich vereinigt mit den
Erkenntnissen der
geisteswissenschaftlichen Forschung,
der wird sich, wenn er irgendwie
zusammenhängt mit der neueren
Kultur, die Frage doch immer wieder
aufwerfen müssen: Wie steht der
durch geisteswissenschaftliches
Erkennen in einem gewissen Sinne
verwandelte Mensch zu dem Mysterium
von Golgatha? — Wir haben von den
verschiedensten Gesichtspunkten aus
unseren Blick auf dieses wichtigste
Menschheitsereignis geworfen. Wir
wollen heute versuchen, auf dieses
Menschheitsereignis hinzublicken
so, daß wir uns bestreben werden,
die Strömung, die ausgeht von diesem
Mysterium, bis in die neueste Zeit
herein zu verfolgen. Daran kann in
einem gewissen Sinne erwiesen werden
die Fruchtbarkeit
geisteswissenschaftlichen Erkennens,
daß es diesem gelingt, oder
wenigstens gelingen kann, in einem
ähnlichen Sinne das
Welten-geschehen, das
Menschheitsgeschehen bis in die
Gegenwart herein geistig zu
begreifen, während eigentlich sonst
gewöhnlich die menschliche
Betrachtung vor einer
Durchgeistigung der neuesten
Geschichte zurückschreckt.
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Lorsqu'on saisi le Mystère du
Golgotha de l'œil, on est avant tout
amené à voir qu'il ne peut être
appréhendé, qu'il ne peut être
compris, si l'on veut partir dans une
considération matérielle seulement. On
ne parvient à réellement comprendre le
Mystère du Golgotha que si l'on tente
de saisir par l'esprit un événement
spirituel. Certes, vous pouvez dire :
mais le Mystère du Golgotha est un
événement physique, advenu dans le
monde physique comme d'autres faits
historiques. Mais je vous ai déjà
récemment indiqué que la science
moderne, si elle est honnête, ne peut
pas parler ainsi. Elle ne peut pas
attribuer aux Évangiles la même valeur
historique qu'à d'autres documents,
elle ne peut pas considérer les
quelques éléments historiques dont on
dispose en dehors des Évangiles, et
qui sont on ne peut plus contestables,
comme des documents historiques au
même titre que les informations que
nous possédons sur Socrate ou sur
Alexandre le Grand, sur Jules César ou
sur l'empereur Auguste, etc. C'est là
justement - nous l'avons souvent
souligné - que réside le lien
particulier de la science de l'esprit
avec le Mystère du Golgotha : elle
veut établir la réalité de cet
événement, toutes les autres méthodes
et toutes les autres voies suivies par
les humains échouant dans l'approche
du Mystère du Golgotha en tant que
réalité. Car il faut qu'il soit
compris par l'esprit. On n'atteint la
réalité extérieure de ce Mystère du
Golgotha qu'en comprenant qu'il est un
événement spirituel.
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02
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Wenn
man das Mysterium von Golgatha ins
Auge faßt, so wird man vor allen
Dingen darauf hingewiesen, daß
dieses Mysterium von Golgatha nicht
begriffen, nicht verstanden werden
kann, wenn man nur ausgehen will von
einer materiellen Betrachtung des
Weltgeschehens. Man kommt nur dann
zu einem wirklichen Verständnisse
des Mysteriums von Golgatha, wenn
man den Versuch macht, ein geistiges
Ereignis geistig aufzufassen. Gewiß,
Sie können sagen: Das Mysterium von
Golgatha ist doch ein physisches
Ereignis der physischen Welt, wie
andere historische Ereignisse. —
Allein ich habe Ihnen erst neulich
angedeutet: Die Wissenschaft der
Gegenwart, wenn sie ehrlich ist,
kann das nicht sagen. Sie kann nicht
die Evangelien in demselben Sinn als
historische Urkunden anerkennen wie
andere historische Urkunden, und sie
kann die paar historischen Notizen,
die es außer den Evangelien gibt
über das Mysterium von Golgatha, die
höchst anfechtbar sind, auch nicht
in dem Sinne wie historische
Urkunden hinnehmen, so wie etwa die
historischen Nachrichten über
Sokrates oder Alexander den Großen
oder über Julius Cäsar oder über den
Kaiser Augustus und dergleichen.
Das ist es gerade — wir haben es
öfter betont —, was das besondere
Verhältnis der Geisteswissenschaft
zu dem Mysterium von Golgatha
ausmacht, daß diese
Geisteswissenschaft das Mysterium
von Golgatha als eine Realität
hinstellen wird in dem Augenblicke,
wenn alle andern Methoden der
Menschheit und alle andern Wege der
Menschheit versagen werden, an das
Mysterium von Golgatha als einer
Realität heranzukommen. Denn das
Mysterium von Golgatha muß als ein
geistiges Ereignis geistig aufgefaßt
werden. Nur durch das geistige
Auffassen des Mysteriums von
Golgatha kommt man auch an die
äußere Wirklichkeit dieses
Mysteriums von Golgatha heran.
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Dans cet événement, quelle est la
chose la plus importante ? En dépit de
cette théologie protestante dite
libérale, on ne peut dire que ceci :
la chose la plus importante dans le
Mystère du Golgotha, c'est l'idée de
la Résurrection. Et la parole de Saint
Paul reste vraie : Et si le Christ
n'est pas ressuscité, notre
prédication est vide, vide aussi votre
foi. Ce qui signifie : est nécessaire
au christianisme, au christianisme
véritable et réel, la possibilité de
reconnaître que le Christ Jésus est
passé par la mort, et qu'il a vaincu
cette mort en s'unissant vivant, après
un certain temps, à l'évolution de la
terre. Mais bien entendu, en ce qui
concerne les lois internes, ceci
n'appartient qu'aux mondes spirituels.
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03
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Was
ist das Wichtigste in dem Mysterium
von Golgatha? Es ist nicht anders,
trotz aller sogenannten
liberalisierenden Theologie des
Protestantismus : Das Wichtigste an
dem Mysterium von Golgatha ist der
Auferstehungsgedanke. Und wahr
bleibt doch der Paulinische
Ausspruch: «Und wäre der Christus
nicht auferstanden, so wäre unsere
Predigt eitel, und eitel auch euer
Glaube.» Das heißt: Notwendig ist
zum Christentum, zum wahren,
wirklichen Christentum, die
Möglichkeit, einzusehen, daß der
Christus Jesus durch den Tod
gegangen ist und diesen Tod dadurch
besiegt hat, daß er nach einer
gewissen Zeit lebendig wiederum mit
der Erdenentwickelung sich verbunden
hat. Das aber gehört
selbstverständlich in bezug auf
seine innere Gesetzmäßigkeit nur
geistigen Welten an.
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Maintenant, j'ai aussi attiré votre
attention sur une autre chose qui,
lorsqu'on l'envisage honnêtement du
simple point de vue de la raison
synthétique, pourrait vraiment briser
le cœur, parce qu'elle constitue une
de ces contradictions qui doivent
toujours exister dans la vie et que la
logique voudrait toujours éliminer :
le Christ a été tué. La créature la
plus innocente qui ait jamais cheminé
sur la Terre a été tuée par la faute
des humains. On peut considérer cette
faute humaine comme on regarde une
très grande faute humaine. C'est l'un
des aspects de la chose. Mais alors on
doit regarder l'autre aspect et se
dire : et si le Christ n'avait pas été
exécuté, s'il n'avait pas subi la
mort, en un sens véritable il ne
pourrait exister aucun christianisme.
Ce qui veut dire que la faute humaine
la plus grave était nécessaire pour
qu'intervienne la bénédiction la plus
grande dans l'évolution de la Terre,
par laquelle celle-ci a reçu tout son
sens. On pourrait en dire
paradoxalement : si les humains
n'avaient pas autrefois pris sur eux
de se charger de cette faute, de la
faute la plus grave, le sens de la
Terre n'aurait pas été réalisé. Et
l'on caractérise justement par cela
l'une de ces grandes, radicales
contradictions que donne la vie, et
que la logique veut toujours éliminer.
Car de quoi la logique est-elle en
quête ? Elle recherche les
contradictions pour les faire
disparaître/mettre de côté. Mais elle
ne sait pas encore actuellement ce
qu'elle fait avec çà ; la logique
elle-même tue la vie pour la
compréhension humaine avec
l'élimination/l’évacuer ailleurs des
contradictions. Et c'est pourquoi,
lorsqu'il veut donner à cette
compréhension la forme de la seule
logique abstraite, l'être humain
n'atteint à aucune compréhension
vivante. C'est pourquoi il n'atteint à
la compréhension du vivant que s'il
veut dépasser/grimper par-dessus la
logique pour accéder à l'imagination,
à l'inspiration et à l'intuition.
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Nun
habe ich Sie auch auf etwas anderes
hingewiesen, was, wenn es vom bloßen
Vernunftsstandpunkt ehrlich ins Auge
gefaßt wird, geradezu einem das Herz
zersprengen könnte, weil es einen
jener Widersprüche darstellt, die es
im Leben immer geben muß und die die
Logik immer wegräumen möchte : Der
Christus ist getötet worden. Das
unschuldigste über die Erde
gegangene Wesen ist getötet worden
durch Menschenschuld! — Man kann auf
diese Menschenschuld hinblicken und
sie so ansehen, wie man
Menschenschuld, so große menschliche
Schuld ansieht. Das ist die eine
Seite der Sache. Dann aber muß man
zu der andern Seite der Sache
blicken und sich sagen: Und wenn der
Christus nicht hingerichtet worden
wäre, wenn der Christus nicht durch
den Tod gegangen wäre, so könnte es
im wahren Sinne kein Christentum
geben. Das heißt, die größte Schuld
der Menschen war notwendig dazu, daß
der größte Segen in die
Erdenentwickelung hineingekommen
ist, daß die Erdenentwickelung ihren
Sinn bekommen hat. Man könnte
geradezu paradox davon sprechen:
Wenn die Menschen damals nicht jene
Schuld, jene größte Schuld auf sich
geladen hätten, wäre der Sinn der
Erde nicht erfüllt. — Und man
bezeichnet dadurch eben einen jener
großen, radikalen Widersprüche, die
das Leben gibt und die die Logik
immer aus der Welt schaffen will.
Denn worauf geht die Logik aus ? Die
Logik geht darauf aus, wenn sie
irgendwo einen Widerspruch findet,
ihn zu beseitigen. Aber die Logik
weiß heute noch nicht, was sie damit
tut : Die Logik selber tötet für das
menschliche Auffassen mit dem
Hinwegräumen des Widerspruches das
Leben. Und daher kommt der Mensch zu
keiner lebendigen Auffassung, wenn
er bloß mit abstrakter Logik diese
Auffassung gestalten will. Deswegen
kommt der Mensch nur zu einer
Auffassung des Lebendigen, wenn er
über die Logik hinaufsteigen will zu
Imagination, Inspiration und
Intuition.
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Vu extérieurement, le Mystère du
Golgotha se présente ainsi qu'à un
certain moment, dans une province
rarement mentionnée de l'Empire
romain, un homme appelé Jésus vient au
monde, vit durant 30 ans de la manière
dont nous avons souvent parlé, puis
est pénétré d'esprit/transspiritualisé
par le Christ ; comme Christ Jésus vit
encore trois années supplémentaires,
dans la troisième année passe par la
mort et ressuscite. Tout d'abord, cet
événement reste ignoré/inconsidéré
dans le vaste Empire romain. Mais à
travers les siècles, cet évènement
agit ainsi que non seulement il
modifie entièrement la culture du
monde civilisé, mais qu'il la
renouvelle complètement. Tel en est
l'aspect extérieur tout d'abord. On
n'en pénètre l'aspect intérieur que
lorsqu'on essaie de se rendre clair
comment, issu du judaïsme, ce Mystère
du Golgotha a eu en plein milieu du
monde païen. Le judaïsme a dans sa
conception de la religion quelque
chose de radicalement différent de
toute conception religieuse païenne.
Et l'on peut vraiment dire : le
judaïsme et le paganisme se présentent
absolument comme les deux pôles d'une
conception religieuse.
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04
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Äußerlich
gesehen stellt sich das Mysterium
von Golgatha so dar, daß in einem
gewissen Zeitpunkt in einer wenig
genannten Provinz des Römischen
Weltreiches der Mensch Jesus geboren
wird, dreißig Jahre hindurch auf die
Weise, wie wir das öfters besprochen
haben, lebt, dann durchgeistigt wird
von dem Christus, als Christus Jesus
drei weitere Jahre lebt, im dritten
Jahre durch den Tod geht und
aufersteht. Zunächst bleibt dieses
Ereignis unberücksichtigt im weiten
Römischen Reiche. Durch die
Jahrhunderte hindurch wirkt dieses
Ereignis so, daß es die Kultur der
zivilisierten Welt ganz und gar
nicht nur umgestaltet, sondern
völlig erneuert. Das ist zunächst
die Außenseite. In die Innenseite
dringt man ein, wenn man versucht,
sich klarzumachen, wie aus dem
Judentum heraus und mitten innerhalb
der heidnischen Welt dieses
Mysterium von Golgatha entstanden
ist. Das Judentum hat in seiner
Religionsauffassung etwas, was
radikal verschieden ist von aller
heidnischen Religionsauffassung. Man
kann geradezu sagen: Judentum und
Heidentum nehmen sich aus wie die
zwei Pole einer Religionsauffassung
überhaupt.
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A cause de cela regardons donc tout
d'abord le paganisme. Tout le
paganisme - que ce que je veux dire
chose soit plus ou moins cachée ou pas
- part nd même de ce que le divin
spirituel soit n'importe comment à
gagner partir de la nature la façon de
voir humaine. La religion païenne est
essentiellement aussitôt vision de la
nature. Plus ou moins inconsciemment,
repose toujours à la base que le païen
regarde vers la nature, qu'il sent que
l'humain, lui aussi, s'élève/monte du
devenir et du tisser des
manifestations de la nature, qu'il se
sent par tout son être-là, par tout
son devenir, apparenté à ce qui est et
devient dans la nature. Et alors, le
païen tente, dans une certaine mesure
comme couronnement de ce qu'il peut
gagner comme façon de voir la nature,
de saisir avec son âme ce qui
divin-spirituel vit dans cette nature.
En d'anciens temps, nous voyons cela
de ce que l'humain vient en situation
de saisir le divin-spirituel en
visions, en clairvoyance atavique, à
partir de sa propre nature corporelle.
Dans l'hellénisme de haute culture,
nous voyons l'humain tenter de saisir
le divin spirituel par l'activité
pensante pure. Mais partout, nous
voyons l'humain en ce qu'il est païen,
tenter de se frayer une voie directe à
partir de l'observation de la nature
pour s'élever par la contemplation du
divin spirituel à l'intérieur de la
nature jusqu'au sommet/couronnement de
l'édifice de la nature.
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05
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Sehen
wir zunächst deshalb auf das
Heidentum hin. Alles Heidentum — ob
nun das, was ich sagen will, bei dem
Heidentum mehr oder weniger
kaschiert ist oder nicht — geht doch
davon aus, das Göttlich-Geistige aus
der Natur heraus irgendwie für die
menschliche Anschauung zu gewinnen.
Heidnische Religion ist im
wesentlichen zugleich
Naturanschauung. Mehr oder weniger
unbewußt liegt immer das zugrunde,
daß der Heide hinschaut auf die
Natur, daß er fühlt: aus dem Werden
und Weben der Naturerscheinungen
steigt auch der Mensch auf; daß er
sich verwandt fühlt als Mensch in
seinem ganzen Dasein, in seinem
ganzen Werden mit dem, was in der
Natur da ist und in der Natur wird.
Und dann versucht der Heide
gewissermaßen als die Krönung
dessen, was er als Naturanschauung
gewinnen kann, dasjenige mit seiner
Seele zu ergreifen, was
göttlich-geistig in dieser Natur
lebt. In alten Zeiten sehen wir
dieses dadurch, daß der Mensch in
die Lage kommt, aus seiner eigenen
leiblichen Natur heraus das
Göttlich-Geistige in Visionen, in
atavistischem Hellsehen zu
ergreifen. In dem hochgebildeten
Griechentum sehen wir, wie der
Mensch versucht, das
Göttlich-Geistige im reinen Denken
zu ergreifen. Aber überall sehen
wir, wie der Mensch, indem er Heide
ist, sich einen geraden Weg zu
bahnen versucht von der Betrachtung
der Natur aufwärtssteigend zu der
Krönung des Naturgebäudes in der
Anschauung des Göttlich-Geistigen
innerhalb der Natur.
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Une telle façon de voir - et on le
remarque aussi lorsqu'on étudie en
profondeur l'essence de tout
paganisme, que je puis aujourd'hui
seulement esquisser - ne peut parvenir
à appréhender pleinement les
impulsions morales du genre humain.
Car si bien que l'on s'efforce de
reconnaître dans la nature l'impulsion
divine-spirituelle, celle-ci reste
dépourvue de composantes
morales/ingrédients moraux. Nous
voyons bien dans la religion païenne
hautement cultivée des Grecs, comment
les dieux ne contiennent tout de suite
pas en eux beaucoup d'impulsions
morales.
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06
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Eine
solche Anschauung — und das bemerkt
man auch, wenn man gründlich, ich
kann ja die Dinge heute nur
skizzieren, auf das Wesen alles
Heidentums eingeht — kann nicht
kommen zu einer völligen Erfassung
der moralischen Impulse des
Menschengeschlechtes. Denn wenn man
noch so sehr aus der Natur heraus
versucht, den göttlich-geistigen
Impuls zu erkennen, es bleibt dieser
göttlich-geistige Impuls ohne
moralische Ingredienz. In der
hochgebildeten heidnischen Religion
der Griechen sehen wir, wie die
Götter eigentlich nicht gerade viel
moralische Impulse in sich
enthalten.
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La chose prend dans le judaïsme un
aspect radical polairement opposé que
naturellement, l'aspect extérieur
cache plus ou moins, l'essentiel se
revêtant de formes changeantes ; mais
il est pour l'essentiel justement
possible de dire que la chose
s'exprime dans le judaïsme
radicalement polairement opposée. Le
judaïsme pourrait être appelé, si l'on
voulait s'exprimer trivialement, la
simple découverte de l'impulsion
morale dans le devenir de l'humain.
C'est ce qui caractérise l'antique
religion hébraïque, que l'impulsion de
Yahvé, pour l'essentiel, tisse et
ondule par l'humanité de façon telle
qu'elle amène aussi par son tissage et
son essence du moral l'évolution de
l'humanité. Mais avec cela, tout de
suite pour la conception hébraïque de
la religion apparu une difficulté que
la conception religieuse païenne
n'avait pas. Cette difficulté, ce fut
l'incapacité pour le judaïsme d'avoir
avec la nature un rapport plein de
compréhension. Le Dieu Yahvé empli de
vagues et tisse par la vie humaine.
Mais lorsque maintenant l'humain élève
son regard vers lui, qui le conduit
vers la naissance, qui punit aussi les
péchés et récompense les bonnes
actions et qu'ensuite il détourne son
regard du Dieu Yahvé pour se tourner
vers les évènements naturels, dans
lesquels il est donc aussi attelé sur
cette Terre, alors existe sans aucun
doute une impossibilité, à mettre ces
phénomènes naturels en concordance
avec l'action du Dieu Yahvé. Tout le
tragique de cette impossibilité à
pouvoir-amener-en-accord les
phénomènes naturels avec l'impulsion
du Dieu Yahvé s'exprime dans la
grande, puissante tragédie du livre de
Job, où nous est montré en particulier
comment le juste peut souffrir dans le
cadre du cours naturel des choses,
comment il peut sombrer dans la
misère, et comment, en contradiction
avec tout ce que lui amène la nature,
il doit avoir foi en la justice de
l'impulsion de Yahvé. Le ton
fondamental, profondément tragique, de
ce livre de Job, qui en face de la
nature rend un son
si étranger à l'âme humaine, nous
montre la distance qui, pour le
regard humain et la vie humaine,
sépare une appréhension pure de ce
qu'est l'entité de Yahvé, du regard
spontanément porté sur le cours des
événements naturels dans lequel
l'humain est inséré. Et pourtant, ce
Dieu Yahvé, cette impulsion de
Yahvé, qu'est-ce d'autre, pour ceux
qui comprennent réellement l'Ancien
Testament, que l'essence la plus
intime animant l'âme humaine
elle-même ? A quoi alors la
conception hébraïque antique
est-elle conduite du fait de son
opposition radicale à la vision de
la nature transparaissant si
manifestement dans le paganisme ?
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07
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Radikal
polarisch entgegengesetzt --
natürlich, alles drückt sich
äußerlich mehr oder weniger
maskiert aus, indem das Wesentliche
in diese oder jene Verwandlung sich
einkleidet, aber im wesentlichen ist
es eben möglich, zu sagen : Radikal
polarisch entgegengesetzt drückt
sich die Sache im Judentum aus. —
Das Judentum könnte genannt werden,
wenn man sich trivial aussprechen
wollte, die eigentliche Entdeckung
des moralischen Impulses im
Menschenwerden. Das ist das
Charakteristische der alten
jüdischen Religion, daß der
Jahveimpuls im wesentlichen die
Menschheit so durchwebt und
durchwellt, daß sein Weben und Wesen
Moralisches auch in die
Menschheitsentwickelung
hineinbringt. Damit entstand aber
gerade für die jüdische
Religionsauffassung eine
Schwierigkeit, welche die heidnische
Religionsauffassung nicht hatte.
Diese Schwierigkeit lag darinnen,
daß das Judentum nicht in die Lage
kam, zu der Natur ein
verständnisvolles Verhältnis zu
gewinnen. Der Gott Jahve durchwellt
und durchwebt das Menschenleben.
Aber wenn nun der Mensch auf den den
Menschen zur Geburt bringenden
Jahvegott hinblickt, der nun auch
die Sünden bestraft und die guten
Taten belohnt im Laufe des Lebens,
und dann wegblickt von dem Jahvegott
zu den Naturereignissen, in die ja
auch der Mensch auf dieser Erde
eingesponnen ist, dann besteht
zweifellos eine Unmöglichkeit, die
Naturereignisse in Einklang zu
bringen mit dem Wirken des
Jahvegottes. Das ganze Tragische
dieses
Nicht-in-Einklangbringen-Könnens
der Naturereignisse mit dem Impuls
des Jahvegottes drückt sich ja aus
in der großen, gewaltigen Tragödie
des Buches Hiob, wo wir besonders
darauf hingewiesen werden, wie rein
im Naturlauf der Gerechte leiden
kann, ins Elend kommen kann, und wie
er im Widerspruch mit dem, was die
Natur bringt, an die Gerechtigkeit
seines Jahveimpulses zu glauben hat.
Aber der ganze Grundton, dieser
tief-tragische Grundton des Buches
Hiob, der, ich möchte sagen,
gegenüber der Natur weltenfremd
hereinklingt in die menschliche
Seele, er zeigt uns an, welche
Schwierigkeit besteht zwischen einer
reinen Auffassung desjenigen, was
die Jahvewesenheit eigentlich ist,
und einem unbefangenen Hinblicken
auf das, was sich als der Lauf der
natürlichen Ereignisse, in die der
Mensch eingesponnen ist, vor dem
menschlichen Blick und vor dem
menschlichen Leben hauptsächlich
darstellt. Und doch, dieser
Jahvegott, dieser Jahveimpuls, was
ist er denn anders für die
wirklichen Versteher des Alten
Testaments als das innerste Wesen,
das in der menschlichen Seele selbst
webt? Wozu wird die althebräische
Auffassung getrieben dadurch, dass
sie so polarisch entgegengesetzt der
im Heidentum stark hervortretenden
Naturanschauung entgegengestellt
ist?
|
Elle est nécessairement
amenée/propulsée à concevoir un être
qui, à côté de l'impulsion de Yahvé,
avait part à la nature humaine telle
qu'elle est à l'époque présente de
l'existence terrestre : le Serpent du
Paradis, Lucifer, Satan, un être qui
s'oppose à Dieu, au Dieu Yahvé, et
doit avoir part à ce que l'être-humain
est devenu dans l'existence terrestre.
L'adepte de l'Ancien Testament doit
voir en le Dieu Yahvé l'impulsion la
plus intérieure vers laquelle vont son
respect, son abnégation ; mais il
n'est pas en situation d'attribuer à
cette impulsion de Yahvé la
participation exclusive à la création
de l'homme. I1 est obligé d'attribuer
à ce que le Moyen Age appelait le
diable une part importante de la
nature humaine. C'est se comporter en
dilettante - même si l'on croit faire
preuve d'une considérable érudition -
que de présenter cette opposition
entre le Dieu Yahvé et le diable,
l'antique Serpent, comme identique à
celle qui dresse Ahriman contre Ormuzd
dans la religion perse. Celle-ci est
en effet, de par sa nature
fondamentale, une religion païenne, et
le face à face d'Ormuzd et d'Ahriman
est tel que l'on peut, dans la
conception du monde, accéder à leur
essence à partir de la vision de la
nature. Le processus de lutte dans le
monde dans lequel la religion perse
voit le prolongement du combat entre
Ormuzd et Ahriman est de ceux qui
figurent dans les représentations des
autres religions païennes. Tandis que
l'opposition entre l'impulsion de
Yahvé et l'impulsion de Satan telle
qu'elle se manifeste dans le livre de
Job est de nature morale, et que la
description tout entière qu'en donne
le livre de Job est colorée de nuances
morales. On y parle d'un royaume
spirituel où se trouvent le bien et le
mal, et qui est différent du royaume
de la nature. Et l'on peut dire : à
l'époque de l'évolution humaine où le
Mystère du Golgotha était proche,
l'humanité était dans l'impossibilité
de parvenir à régler la question de
ces deux courants : la voie païenne et
la voie judaïque vers le divin.
Pourtant, les deux avaient atteint un
haut stade de développement. Car il ne
faut pas oublier, il faut constamment
rappeler qu'une spiritualité aussi
délicate, une forme aussi élevée de la
vie des représentations que celles du
paganisme grec, sont quelque chose
d'unique dans l'évolution humaine.
Elles ne furent pas atteintes
auparavant, ni depuis. Et inversement
: une si grande fermeté du lien avec
l'impulsion morale de Yahvé comme
celle que décrit le livre de Job est
aussi une chose unique, on ne la
trouve nulle part ailleurs. Le livre
de Job est, tout de suite dans cette
direction, une des œuvres
merveilleuses de l'évolution humaine.
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08
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Es
wird die althebräische Auffassung
dadurch mit Notwendigkeit
hingetrieben zu der Anschauung eines
Wesens, das an der menschlichen
Natur, so wie diese menschliche
Natur einmal in der Gegenwart des
Erdendaseins ist, außer dem
Jahveimpuls seinen Anteil hatte :
Paradiesesschlange, Luzifer, Satan,
ein Wesen, das dem Gotte
entgegensteht, dem Jahvegotte, muß
Anteil haben an dem, wie der Mensch
innerhalb des Erdendaseins geworden
ist. Der Bekenner des Alten
Testamentes muß den Jahvegott als
den innersten Impuls, an den er
seine Verehrung, zu dem er seine
Ergebung hinrichtet, ansehen;
allein er ist nicht imstande, diesem
Jahveimpuls den alleinigen Anteil an
dem Zustandekommen des Menschen
zuzuschreiben. Er muß dem, was dann
im Mittelalter Teufel genannt wird,
einen wesentlichen Anteil an dem
Menschen zuschreiben. Und es ist
doch nur Dilettantismus -- wenn man
auch glaubt, daß es furchtbar
gelehrt ist —, wenn dieser Gegensatz
zwischen dem Jahvegotte und dem
Teufel, der alten Schlange, so
hingestellt wird, als ob es derselbe
Gegensatz wäre wie etwa zwischen
Ormuzd und Ahriman in der persischen
Religion. Die persische Religion ist
in ihrem Grundwesen doch heidnischer
Natur, und Ormuzd und Ahriman stehen
sich so gegenüber, daß man zu ihrem
Wesen aufsteigen kann in der
Weltanschauung, wenn man von der
Naturanschauung aufsteigt. Auch der
ganze Prozeß des Weltenkampfes, den
sich die persische Religion aus dem
Kampfe zwischen Ormuzd und Ahriman
vorstellt, auch der ist ein solcher
Prozeß, wie ihn die andern
heidnischen Religionen in ihre
Religions‑vorstellungen aufgenommen
haben. Dasjenige aber, was als
Gegensatz gedacht wird im Alten
Testamente zwischen dem Jahveimpuls
und dem Impuls des Satans, wie er im
Buche Hiob auftritt, das ist ein
moralischer Gegensatz, und die ganze
Schilderung dieses Gegensatzes ist
durch und durch durchsetzt mit
moralischen Noten im Buch Hiob. Da
wird in der Tat hingewiesen auf ein
geistiges Reich, in dem Gutes und
Böses ist, das etwas anderes ist als
das Naturreich. Und man kann sagen:
Zur Zeit, als in der
Menschheitsentwickelung das
Mysterium von Golgatha herannahte,
war die Menschheit dazu gelangt,
mit diesen beiden Hauptströmungen,
mit dem heidnischen Weg nach dem
Göttlichen und dem jüdischen Weg
nach dem Göttlichen, nicht
fertigzuwerden. Beide aber waren
aufs Höchste ausgebildet. Denn man
darf nicht vergessen, man muß immer
wieder daran erinnern : Eine solche
feine Geistigkeit, eine solche Höhe
des menschlichen
Vorstellungslebens, wie sie im
griechischen Heidentum sich
entwickelt hatte, die ist eben
einzig in der menschlichen
Entwickelung. Die ist auch nicht
wieder erreicht seither, war auch
vorher nicht da. Und umgekehrt: Ein
solches durch die Naturereignisse
unbeirrtes Festhalten an dem
moralischen Jahveimpuls, wie es im
Buche Hiob dargestellt ist, das ist
auch einzig, das ist auch sonst
nicht zu finden. Das Buch Hiob ist
schon eines der Wunderwerke der
menschlichen Entwickelung, gerade
nach dieser Richtung hin.
|
A l'époque où approchait le Mystère
du Golgotha, l'humanité était dans une
certaine mesure parvenue à une
impasse. Elle ne pouvait plus
progresser. Elle avait compris, ou
essayé de comprendre, d'une part la
nature dans l'esprit du passé, d'autre
part le monde moral au sens du passé.
Elle ne pouvait aller plus loin. Dans
les formes extérieures qu'ils avaient
prises dans la conception humaine, les
deux courants avaient atteint un
sommet qu'on ne pouvait pas dépasser.
Or, il en est vraiment ainsi que
l'évolution du monde procède par
contrastes/oppositions. Elle ne
progresse pas tout droit aussi
commodément que l'évolutionnisme
moderne se le représente, c'est-à-dire
selon une droite ascendante. Cette
théorie moderne de l'évolution
s'imagine ceci : ce qui est simple
vient d'abord puis, progressant en
ligne droite, la suite, etc. Mais il
n'en est pas ainsi. Cette évolution
repose sur une autre, certaines
impulsions évolutives atteignent un
sommet, mais simultanément d'autres se
développent qui aboutissent à un
niveau très bas. Deux courants
progressent toujours : l'un atteint un
épanouissement extérieur élevé, et
dans le même temps l'autre atteint un
épanouissement intérieur extrême. Et
dans le même temps où les humains sont
parvenus à une certaine élévation de
la conception païenne d'une part, et
de la conception judaïque d'autre
part, ce qui se développait en
l'humanité terrestre ne pouvait être
atteint que par l'événement qui,
s'accomplissant extérieurement tel un
symbole universel, se déroula sur le
théâtre même de l'histoire.
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09
|
Die
Menschheit war gewissermaßen in der
Zeit, als das Mysterium von Golgatha
herannahte, in einer Sackgasse
angelangt. Sie konnte nicht weiter.
Sie hatte begriffen, oder zu
begreifen versucht, auf der einen
Seite die Natur im alten Sinne, auf
der andern Seite die moralische
Welt im alten Sinne. Sie konnte
nicht weiter. Beides war, äußerlich
ausgestaltet, in der menschlichen
Anschauung zu einem höchsten Gipfel
gelangt, aber man konnte nicht
weiter. Es ist nun wirklich so, daß
die Weltenentwickelung in
Gegensätzen erfolgt. Sie rückt nicht
einfach so vor, so bequem, wie es
sich die moderne Entwickelungslehre
denkt, daß so eine aufsteigende
geradlinige Entwickelung
stattfindet. Diese moderne
Entwickelungslehre denkt sich : Erst
das Einfache, dann geradlinig
aufsteigend das Folgende und so
weiter. So ist diese Entwickelung
nicht, sondern dieser Entwickelung
liegt eine andere zugrunde, indem
gewisse Entwickelungsimpulse zu
einem Höchsten kommen, aber
gleichzeitig mit diesen zu einem
Höchsten kommenden Impulsen
entwickeln sich andere, die zu einem
Tiefsten kommen. Immer laufen zwei
Strömungen: die eine kommt zur
höchsten äußeren Entfaltung, und
indem gerade die eine zur höchsten
äußeren Entfaltung kommt, kommt die
andere zur höchsten inneren
Entfaltung. Und in derselben Zeit,
in welcher auf der einen Seite die
Menschen dazu gekommen sind, eine
gewisse Höhe zu erreichen in bezug
auf die heidnische Auffassung, auf
der andern Seite eine gewisse Höhe
zu erreichen in bezug auf die
jüdische Auffassung, war dasjenige,
was sich im Innern der
Erdenmenschheit entwickelte, nicht
anders zu erreichen als durch ein
solches Ereignis, das — wenn es
äußerlich sich gleichsam abspielte
wie ein Weltsymbol — selber
geschichtlich geschah.
|
Ainsi ce pouvait seulement être la
mort de l'esprit qui donne son sens à
la Terre. La vie la plus haute telle
qu'elle s'était développée au cours de
l'Antiquité jusqu'à un sommet,
impliquait en même temps
intérieurement, spirituellement, la
nécessité de la mort. C'est de la mort
seule que pouvait naître/provenir une
vie nouvelle. Cette mort sur le
Golgotha est de ce fait le
contraste/la contradiction
nécessairement le plus grand à la vie
florissante qu'avait développée la
conception du monde dans l'hellénisme
et dans le judaïsme à cette époque.
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10
|
So
konnte es nur der Tod des Geistes
sein, der der Erde den Sinn gibt.
Höchstes Leben, wie dieses Leben im
Lauf des Altertums sich entwickelte,
zu seinem Gipfel gebracht, bedeutete
zu gleicher Zeit innerlich
spirituell die Notwendigkeit des
Todes. Nur aus dem Tode konnte dann
neues Leben hervorgehen. Dieser Tod
auf Golgatha ist daher der notwendig
größte Gegensatz zu dem üppigen
Leben, das die Weltanschauung
erlangt hat im Griechentum und
Judentum in dieser Zeit.
|
Certes, on peut décrire la chose des
points de vue les plus différents.
Nous l'avons aussi déjà fait. Mais on
peut dire par exemple aussi : les
anciennes conceptions du monde, qui
reposaient toutes plus ou moins sur la
clairvoyance atavique, qui dans
l'hellénisme seul avaient progressé
jusqu'à la pensée pure, étaient toutes
orientées pour trouver enfin l'humain
ici sur la Terre. Et c'est déjà ce qui
s'est passé tout de suite à l'époque
du Mystère du Golgotha - dans
l'hellénisme notamment, et d'une autre
manière dans le judaïsme. Si l'on
remonte plus loin encore dans le
passé, on constate ceci : l'humain est
en quelque sorte, par ce qu'il pense
de lui-même, plus proche du divin. La
conception qu'il a de lui n'atteint
pas encore sa véritable nature. Mais à
l'époque où se passa le Mystère du
Golgotha, l'humain était arrivé à
soi-même dans sa propre conception.
Lorsqu'il se passe quelque chose
ainsi, là intervient un de ces
événements où, de par sa propre force,
le processus s'inverse en son
contraire.
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11
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Gewiß,
man kann die Sache von den
verschiedensten Gesichtspunkten
darstellen. Wir haben das auch schon
getan. Aber man kann auch zum
Beispiel folgendes sagen. Man kann
sagen: Alle alten Weltanschauungen,
die ja doch alle mehr oder weniger
fußten auf atavistischem Hellsehen,
die erst im Griechentum zu dem
reinen Gedanken vorgerückt waren,
alle diese alten Weltanschauungen
waren daraufhin angelegt, endlich
den Menschen hier auf der Erde zu
finden. Und das ist schon —
namentlich im Griechentum, in einer
andern Weise im Judentum — gerade
zur Zeit des Mysteriums von Golgatha
geschehen. Geht man zurück in die
noch früheren Zeiten, so findet man:
Der Mensch ist gewissermaßen mit
dem, was er über sich selbst denkt,
näher dem Göttlichen. Er ist noch
nicht mit seiner Auffassung zu sich
selbst herangekommen. In der Zeit,
in der das Mysterium von Golgatha
geschah, war der Mensch mit seiner
eigenen Auffassung zu sich selbst
herangekommen. Da tritt denn, wenn
so etwas geschieht, eines jener
Ereignisse ein, wo ein Geschehen
gewissermaßen durch seine eigene
Kraft in sein Gegenteil umschlägt.
|
Regardez un pendule oscillant de
gauche à droite, vous constaterez ce
qui suit- je me suis souvent servi de
cette image : le pendule oscille
jusqu'ici (le conférencier dessine),
puis sous l'effet de la pesanteur il
retombe et revient jusqu'ici : et
parce que le fil est directement
orienté en sens inverse de la
pesanteur, la pesanteur ne peut agir.
Pourtant le pendule ne s'immobilise
pas. Pourquoi ? Parce que du fait de
sa descente, comme on dit en langage
de physicien - spirituellement ce
n'est pas juste, mais on peut
cependant employer le mot - le pendule
a emmagasiné une telle force d'inertie
que de par cette force, il part dans
l'autre direction. Cette force
d'inertie est épuisée, est égale à
zéro au moment où le pendule a
parcouru vers la gauche une distance
égale à celle qu'il avait parcourue
vers la droite. Le mouvement vers la
gauche est provoqué par la propre
force d'inertie du pendule, mais
celle-ci s'épuise. C'est une loi
absolument universelle qui régit les
phénomènes dans le monde : quelque
chose s'accomplit, mais l'impulsion
qui l'a provoqué s'anéantit du fait de
cet accomplissement même. Ainsi, à
l'instant où la culture païenne et la
culture judaïque étaient parvenues à
un apogée, la force qui les avait
menées jusque-là était épuisée,
parvenue à un point zéro. Une
impulsion nouvelle devait
nécessairement pénétrer dans le monde
pour continuer à diriger l'évolution.
Cette impulsion, ce fut le Christ,
pour lequel fut préparée l'enveloppe
de Jésus de la manière que nous
connaissons.
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12
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Wenn
Sie ein Pendel ansehen, welches nach
links und rechts ausschlägt, so
werden Sie folgendes finden — ich
habe das Bild öfter gebraucht: Indem
dieses Pendel hierher ausschlägt (es
wird gezeichnet), fällt es durch
die Schwerkraft wieder zurück bis
hierher, und indem es hier
heruntergesunken ist durch die
Schwerkraft, kann in diesem
Augenblicke, weil der Faden direkt
entgegengesetzt ist der Richtung der
Schwerkraft, die Schwerkraft nicht
wirken. Aber das Pendel bleibt nicht
still stehen. Warum? Weil durch das
Herunterfallen, wie man in der
Physik sich ausdrückt — es ist
spirituell nicht richtig, aber man
kann das Wort ja anwenden —, das
Pendel so viel Beharrungskraft in
sich aufgenommen hat, daß es durch
diese eigene Beharrungskraft nach
der andern Seite ausschlägt. Diese
Beharrungskraft ist aber in dem
Momente erschöpft, Null geworden, wo
das Pendel links so weit
ausgeschlagen hat, als es rechts
ausgeschlagen hat. Die Bewegung nach
links wird durch die eigene
Beharrungskraft des Pendels bewirkt,
erschöpft sich aber. Das ist
überhaupt ein allgemeines Gesetz der
Vorgänge in der Welt, daß etwas
geschieht, und im Geschehen
vernichtet sich der Impuls des
Geschehens. So aber, in dem
Augenblicke, in welchem heidnische
und jüdische Kultur auf einem
Höhepunkt angelangt waren, war die
Kraft, durch die sie sich bis dahin
gebracht haben, erschöpft, auf einem
Nullpunkt angekommen. Und es
bedurfte eines neuen Impulses, der
in die Welt hereinkam, um die
Entwickelung weiter zu lenken. Und
dieser Impuls war der Christus, für
den die Hülle des Jesus vorbereitet
war in der Weise, wie wir das
kennen.
|
On peut ainsi dire : si à l'époque où
notre chronologie situe l'an zéro, un
humain avait pu percevoir en
profondeur ce qui se passait en
vérité, intérieurement, dans
l'humanité, il aurait dû dire : en cet
instant, l'humanité est tragiquement
frappée par le sort : les forces qui
lui furent données au début de
l'évolution terrestre l'ont certes
amenée à un épanouissement suprême de
la vie de l'âme, mais en même temps
elles se sont épuisées. La mort de la
culture les frappe, cette culture
orientée dans le sens de l'impulsion
que les Anciens avaient reçue en
héritage au début de l'évolution.
L'humain qui aurait ressenti de cette
façon le sort de l'humanité pouvait
alors lever les yeux vers le mont du
Golgotha et y voir un symbole
historique extérieur : le corps de
Jésus, le représentant de l'humanité
agonisant ; et il pouvait puiser dans
la Résurrection l'espérance qu'une
impulsion nouvelle n'abandonnerait pas
l'humanité sur la Terre, mais
continuerait de la guider ; une
impulsion qui ne pouvait naître de ce
que jusqu'alors la Terre avait pu
donner aux humains. L'humanité devait
lever les yeux vers ce que la Terre ne
pouvait pas donner, et ressentir
devant le Golgotha que l'événement qui
s'y déroulait, c'était la possibilité
d'un prolongement de l'évolution.
Lever les yeux vers le nouvel influx
qui pénétrait dans l'évolution
terrestre, voilà ce que devait - ce
qu'aurait dû faire celui qui, à ce
moment, aurait perçu en profondeur ce
qui se passait intérieurement dans
l'évolution humaine. C'est cela qui
s'était passé, c'est là le sens de ce
qui s'est passé. A-t-on compris plus
ou moins le sens de cet événement,
c'est l'affaire de l'histoire
extérieure. Ce qui est essentiel pour
le christianisme, c'est que ce soit
arrivé, que cela se soit passé comme
fait objectif. Le christianisme n'est
pas une doctrine, c'est la perception
de/la façon de voir cet événement
objectif qui s'est joué dans
l'évolution de la terre.
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13
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So
kann man sagen: Wenn ein Mensch ganz
hätte durchschauen können zur Zeit,
in der unsere Zeitrechnung das Jahr
Null setzt, was eigentlich innerlich
in der Menschheit vorgeht, so hätte
er sagen müssen : Die Menschheit
trifft in diesem Zeitpunkt das
tragische Schicksal, daß die Kräfte,
die ihr gegeben worden sind beim
Ausgange der Erdenentwickelung, in
der Zeit, in welcher wir angekommen
sind, zwar diese Menschheit zur
höchsten Entfaltung gebracht haben
in bezug auf ihre innere
Seelenverfassung, aber sich zugleich
erschöpft haben. Es trifft sie der
Tod der Menschheitskultur, die im
Sinne jener Impulse verlief, welche
die Alten wie eine Erbschaft der
Menschheit am Ausgangspunkt der
Erdenentwickelung empfangen haben. —
Dann konnte einer, der das Geschick
der Menschheit so empfunden hätte,
aufblicken zu dem Berge Golgatha und
das äußere geschichtliche Symbolum
sehen, den sterbenden Jesusleib, den
sterbenden Repräsentanten der
Menschheit, und konnte aus der
Auferstehung die Hoffnung gewinnen,
daß ein neuer Impuls die Menschheit
nicht verlassen wird auf der Erde,
sondern sie weiterführen wird; aber
ein Impuls, der nicht hervorgehen
konnte aus dem, was bis dahin die
Erde hat den Menschen geben können.
Das heißt, die Menschheit mußte
aufsehen zu etwas, was die Erde
nicht geben konnte, indem sie auf
Golgatha hinsah und auf Golgatha die
Möglichkeit einer
Weiterentwickelung der Menschheit
von Golgatha aus empfand. Aufsehen
zu etwas, was in die
Erdenentwickelung als ein neuer
Einschlag hereinkam, das mußte
derjenige, oder hätte derjenige
müssen, der die Dinge der
Menschheitsentwickelung innerlich in
dem damaligen Zeitpunkt durchschaut
hätte. Das war vor sich gegangen,
und das war die Bedeutung
desjenigen, was vor sich gegangen
war. Ob man nun mehr oder weniger so
oder so dieses Ereignis aufgefaßt
hat, das ist Sache der äußeren
Geschichte. Das für das Christentum
Wesentliche ist, daß dies geschehen
ist und dies als objektive Tatsache
sich abgespielt hat. Christentum ist
nicht eine Lehre, Christentum ist
die Anschauung dieses in der
Erdenentwickelung sich abspielenden
objektiven Ereignisses.
|
Nous voyons ensuite cette perception,
cette vision du christianisme se
répandre de façon étrange. J'ai
récemment développé ce fait d'un autre
point de vue. Nous allons aujourd'hui
considérer seulement comment cette
conception de/façon de voir
l'impulsion du Christ, intervenant
dans l'évolution, se répand dans les
pays judaïques, dans le paganisme grec
et romain. Lorsqu'on étudie d'un
esprit sans prévention la marche de
l'histoire, on ne peut éviter de se
dire : oui, le christianisme n'a
certainement pas pris vraiment racine
dans le judaïsme, ni dans
l'hellénisme, bien que les Évangiles
aient été rédigés sur son terrain, et
moins encore dans le romanisme de
l'Empire romain. Il vous suffit de
prendre le catholicisme - ce qui nous
reste du christianisme - qui s'est
développé à partir de l'Empire romain,
il vous suffit de prendre dans ce
catholicisme romain l'offrande de la
messe, qui est certes, à sa manière,
une chose grande et puissante, et vous
verrez quelle étrange signification
est à la base précisément de la
diffusion de la conception/façon de
voir chrétienne à travers le vieil
Empire mondial romain.
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14
|
Und
nun sehen wir, wie diese Anschauung
vom Christentum sich merkwürdig
ausbreitet. Von einem andern
Gesichtspunkte habe ich neulich ja
dieselbe Tatsache entwickelt. Heute
wollen wir nur das betrachten, wie
über die Länder des Judentums, des
griechischen Heidentums, des
römischen Heidentums hin die
Anschauung von dem Christus-Impuls,
der in die Erdenentwickelung
hereingekommen ist, sich ausbreitet.
Man kann nicht umhin, wenn man
unbefangen die geschichtliche
Entwickelung betrachtet, sich doch
zu sagen : Ja, so recht innerlich
Wurzel gefaßt hat das Christentum
ganz gewiß nicht im Judentum, aber,
trotzdem sogar die Evangelien aus
Griechentum heraus geschrieben sind,
auch nicht im Griechentum, und erst
recht nicht im Römertum des
Römischen Weltreiches. Sie brauchen
nur den Katholizismus, der ja das
Übriggebliebene jenes Christentums
ist, das aus dem Römischen
Weltreiche sich herausentwickelt
hat, zu nehmen und brauchen von
diesem römischen Katholizismus nur
zu nehmen das allerdings in seiner
Art große und gewaltige Meßopfer, so
werden Sie sehen, welche
eigentümliche Bedeutung zugrunde
liegt gerade der Ausbreitung der
christlichen Auffassung durch das
alte Römische Weltreich.
|
Qu'est-ce au fond que la messe ? Avec
son caractère grandiose, dans sa
grandeur incomparable, la messe, et
avec elle d'autres cérémonies de
l’Église catholique, a son origine
justement dans les anciens Mystères
païens. Dès que vous considérez le
rituel catholique et que vous le
comprenez comme il convient, vous
voyez réapparaître le chemin
initiatique des anciens Mystères
païens. Les principaux moments de la
messe : annonce, offertoire,
transsubstantiation, communion
représentent le chemin de celui qui
devait être initié aux anciens
Mystères païens, II fallait que
l'impulsion du Christ revête les
formes de l'ancien Mystère païen pour
se répandre à travers les territoires
de l'Empire mondial romain. Dans « Le
christianisme et les Mystères » (1),
vous pouvez lire comment ce qui a été
vécu dans la compréhension du Christ
Jésus se présentait à ceux qui étaient
familiarisés avec les résultats de
l'initiation dans les Mystères païens.
Ce livre expose comment a été visible
sur le Golgotha, sur la scène de
l'histoire, ce qui, habituellement,
avait toujours été présenté sur un
autre plan : l'expérience d'un seul
être humain dans les profondeurs
mystérieuses de l'initiation
mystérique. Nous voyons ainsi le
mystère du christianisme revêtu du
rite païen lorsqu'il se répand dans
les pays civilisés de la quatrième
époque post-atlantéenne, que nous
appelons gréco-latine. L'idée que l'on
a de l'impulsion du Christ continue de
vivre dans le rituel, dans le
sacrifice de la messe. Et au fond,
elle vit encore aujourd'hui dans ce
sacrifice de la messe catholique. Car
un vrai catholique, c'est celui qui
ressent tout le mystère du Christ
Jésus lorsqu'à l'autel l'hostie est
élevée, le pain qui se transforme en
le corps du Christ. Dans cet acte
rituel, le véritable catholique,
ressentant la forme païenne du
christianisme, ressent ce qu'il doit
éprouver. Il n'y a pas là un rapport
immédiat avec le Christ Jésus, mais là
est un rapport par lequel est cherché
à s'approcher de/pénétrer à l'humain
par la forme du rite païen.
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15
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Was
ist denn im Grunde genommen die
Messe? Die Messe und auch andere
Zeremonien der katholischen Kirche
sind in ihrer Grandiosität, ihrer
unvergleichlichen Größe eben doch
entnommen den alten heidnischen
Mysterien. Und sobald Sie auf das
Ritual des Katholizismus hinschauen
und es richtig verstehen, so haben
Sie in diesem Ritual eine Wiedergabe
des Weges der Einweihung in den
alten heidnischen Mysterien. Die
Hauptteile der Messe: Verkündigung,
Opferung, Wandelung, Kommunion,
stellen dar den Weg des
Einzuweihenden aus den alten
heidnischen Mysterien. In die Form
des alten heidnischen Mysteriums
mußte eingekleidet werden der
Christus-Impuls, um sich zu
verbreiten durch die Gegenden des
Römischen Weltreiches. Und wie
dasjenige, was durchlebt worden ist
in der Anschauung des Christus
Jesus, sich dargestellt hat denen,
die vertraut waren mit den
Ergebnissen der Initiation in den
alten heidnischen Mysterien, das
können Sie ja in meinem Buche «Das
Christentum als mystische Tatsache»
nachlesen. Da ist dargestellt, wie
auf Golgatha auf den Schauplatz der
Weltgeschichte hinausgestellt worden
ist dasjenige, was sonst in den
geheimnisvollen Tiefen der
Mysterieneinweihung als einzelnes
menschliches Erlebnis auf einem
andern Plane sich immer dargestellt
hat. Und so sehen wir, daß
eingetaucht wird in heidnisches
Ritual das Geheimnis des
Christentums in der Ausbreitung über
die gebildeten Länder des vierten
nachatlantischen Zeitraums, den wir
als den griechisch-lateinischen
bezeichnen. Da lebt dasjenige, was
man als Idee von dem Christus-Impuls
hat, im Ritual weiter, da lebt es im
Meßopfer weiter. Im Grunde genommen
lebt es heute noch immer so im
Meßopfer im Katholizismus weiter.
Denn ein richtiger Katholik ist
derjenige, der den Christus Jesus in
seinem ganzen Geheimnis empfindet,
wenn am Altare emporgehoben wird die
Hostie, das sich in den Leib des
Christus verwandelnde Brot. In
dieser rituellen Handlung empfindet
der wirkliche Katholik, der die
heidnische Form des Christentums
empfindet, dasjenige, was er
empfinden soll. Da ist nicht ein
unmittelbares Verhältnis zu dem
Christus Jesus, da ist ein
Verhältnis, daß gesucht wird, an
den Menschen heranzudringen durch
die Form des heidnischen Rituals.
|
Le christianisme apparaît en tout
autre manière, intimement humaine,
quand même en premier en ce que,
provenant des pays civilisés du Sud,
qui lui ont donné le vêtement du
paganisme ou du judaïsme, il se répand
parmi les barbares du Nord. Pour cette
raison, ces barbares nordiques
prennent tout d'abord vis-à-vis du
christianisme une attitude par
laquelle ils le reçoivent sous une
forme beaucoup plus primitive. Et
durant un long délai, ces barbares
nordiques seront Ariens ; c'est-à-dire
qu'ils négligeront les représentations
complexes qui sont tout simplement
incarnées dans le rituel païen ; ils
se représenteront le Christ Jésus
comme une sorte d'humain idéal, comme
un être humain idéalisé, élevé au plan
du divin, comme le premier frère de
l'humanité, mais quand même le frère
de l'humanité. La question de savoir
quel est le rapport entre le Christ et
quelque dieu inconnu ne les intéresse
pas ; ce qui par contre les intéresse
beaucoup, c'est de savoir quel rapport
la nature humaine, a avec la
nature-Christ, quel lien peut avoir le
cœur humain, la sensibilité/l'âme
tranquille humaine avec l'humain idéal
Jésus-Christ/Christ-Jésus. Et ceci
vient se combiner/rattacher avec les
conceptions/façons de voir la
structures extérieure, humaine,
sociétale. Le Christ devient alors un
roi particulier, le chef particulier
d'un peuple. Comme on s'est représenté
que l'on suit un guide en qui l'on a
confiance, on veut suivre le Christ
Jésus, comme le guide auguste. Il se
produit alors ce que l'on peut appeler
la recherche d'un rapport personnel
avec le Christ Jésus, par contraste
avec le rapport complexe que peut
seule exprimer la réalisation
imaginative du rituel que l'on a
acquise dans le Sud.
|
16
|
In
einer ganz andern, intim
menschlichen Weise tritt das
Christentum doch erst auf, indem es
von den zivilisierten Ländern des
Südens, die es eingetaucht haben in
das Heidentum oder in das Judentum,
zu den nordischen Barbaren kommt.
Diese nordischen Barbaren sind
deshalb auch zunächst so dem
Christentum sich gegenüberstellend,
daß sie dieses Christentum in einer
viel primitiveren Form aufnehmen.
Und durch eine lange Zeit hindurch
sind ja diese nordischen Barbaren
Arianer, das heißt, sie lassen sich
nicht ein auf die komplizierten
Vorstellungen, die im heidnischen
Ritual einfach verkörpert sind,
sondern sie stellen sich doch mehr
oder weniger den Christus Jesus vor
als eine Art Idealmenschen, als
einen gesteigerten, ins Göttliche
emporgehobenen, idealisierten
Menschen, als den ersten Bruder der
Menschheit, aber doch als den
Bruder der Menschheit. Die Frage
interessiert sie nicht so sehr, wie
zu irgendeinem unbekannten Gotte der
Christus steht; die Frage
interessiert sie dagegen
außerordentlich, wie die menschliche
Natur zu der Christus-Natur steht,
welches Verhältnis unmittelbar das
menschliche Herz, das menschliche
Gemüt zu dem Idealmenschen Christus
Jesus haben kann. Und mit den
Anschauungen über die äußerliche,
menschliche, gesellschaftliche
Struktur verbindet sich dieses. Der
Christus wird ein besonderer König,
ein besonderer Volksführer. Wie man
sich vorgestellt hat, daß man folgt
dem Führer, zu dem man Vertrauen
hat, so will man folgen dem Christus
Jesus als dem besonders erlauchten
Führer. Da tritt etwas ein, was man
nennen könnte das Suchen eines
persönlichen Verhältnisses zu dem
Christus Jesus, im Gegensatz zu dem
komplizierten, nur im realisierten
imaginativen Bilde des Rituals
ausdrückbaren Verhältnisse, das man
im Süden gewonnen hat.
|
Par quoi cela se passe-il ? Oui, ces
peuples barbares parmi lesquels se
répand le christianisme gagnant le
Nord, sont le germe de la cinquième
époque post-atlantéenne. Seulement, au
moment où les humains de la quatrième
époque ont atteint déjà une élévation
relative, ils ne sont pas encore tout
à fait devenus des humains. Dans leur
être primitif, ils accueillent encore
ce qu'une humanité hautement évoluée
ne peut recevoir que sous la forme des
imaginations réalisées dans le rituel
Dans les cœurs, dans les sensibilités
des barbares pénètre sous une forme
intime, personnelle, ce qui dans le
Sud, où la nature humaine s'est
surpassée pour atteindre une haute
spiritualité, n'a pu être reçu que
sous une forme paganisée.
|
17
|
Wodurch
geschieht dieses? Ja, diese
barbarischen Völkerschaften, zu
denen da das Christentum im Norden
dringt, die sind der Keim
desjenigen, was später auftreten
soll in der menschlichen
Entwickelung als der fünfte
nachatlantische Zeitraum. Sie sind
nur in der Zeit, als die Menschen
des vierten nachatlantischen
Zeitraums verhältnismäßig schon auf
einer Höhe angekommen waren, noch
nicht einmal recht Mensch geworden.
Sie nehmen noch in eine primitive
menschliche Wesenheit herein
dasjenige auf, was in eine
hochentwickelte Menschheit herein
nur in Form der realisierten
Imaginationen des Rituals kommen
kann. In die Barbarenherzen und
Barbarengemüter herein wird
dasjenige aufgenommen in einer
intimen, persönlichen Weise, was im
Überschlagen der menschlichen Natur
in hohe Geistigkeit im Süden doch
nur in verheidnischter Form
aufgenommen worden ist.
|
Nous voyons donc le germe de
l'impulsion du Christ se déposer de
façon tout à fait différente dans les
cœurs des humains du Sud, et dans ceux
des barbares nordiques. Les cœurs de
ces derniers sont infiniment moins
mûrs que ceux des peuples du Sud, et
c'est dans cette immaturité que plonge
l'impulsion du Christ. Un fait
singulier se produit : dans tout le
Sud, par le judaïsme christianisé,
l'hellénisme christianisé, le
romanisme christianisé, le
christianisme prend vie sous une forme
où la représentation du Christ,
modelée selon les anciennes
expériences de l'âme, s'interpose
devant l'impulsion du Christ qui
s'approche de l'humanité. Car ces
humains du passé avaient une vie de
l'âme pleine de sens, et en un certain
sens développée de façon grandiose.
Les barbares du Nord avaient une vie
intérieure primitive, simple,
familiarisée seulement avec les
réalités les plus accessibles, avec
les rapports personnels les plus
proches d'humain à humain . Et c'est
sur le terrain de ces liens personnels
qu'afflue l'impulsion du Christ. Ces
humains n'avaient aucune
représentation d'une connaissance
scientifique comme les Grecs avaient
développé, ni d'une vue politique de
la structure de l’État que les Romains
avaient développé. Rien de tout cela
n'existait chez les barbares du Nord.
Nous dirions que la vie de leurs
représentations était libre. Ils ne
pouvaient pas penser beaucoup. Ils
pouvaient chasser, faire la guerre,
ils savaient un peu cultiver la terre,
ils savaient encore d'autres choses -
il vous suffit de lire ce qu'on en dit
; mais ils n'avaient cultivé aucune
science. L'impulsion du Christ ne
trouvait rien devant elle ; elle
pouvait se présenter à eux telle
qu'elle était. C'est pourquoi l'on
peut dire ceci : l'impulsion du
Christ, lorsqu'elle parvint aux
humains du Sud, dut faire halte devant
la vie des représentations qu'ils lui
opposaient. Ces humains du Sud
dressèrent une porte : c'est par là
que tu dois d'abord passer, dirent-ils
au Christ. Et cette porte était encore
faite des anciennes représentations
traditionnelles. Les barbares
nordiques n'avaient pas cette porte ;
l'entrée s'ouvrait toute grande à
l'impulsion du Christ qui y pénétra.
Entre le peuple ou les peuples qui
menaient la vie des barbares nordiques
vers lesquels vint le Christ, et Jésus
lui-même, l'humain individuel vers
lequel vint le Christ, il n'y avait
qu'une différence graduelle. En
Palestine, le Christ est venu vers
l'humain individuel Jésus. Alors
l'impulsion s'élargit sur las pays du
sud.à était partout la porte de la vie
de représentation, là il ne pouvait
entrer ainsi, comme il pu dans
l'humain particulier Jésus. Comme
l'impulsion du Christ vint aux
barbares nordiques, là elle ne put
toutefois pas entrer dans l'humain
particulier partout- ils n'étaient pas
des Jésus- mais elle put pénétrer dans
les âmes des peuples ; celles-ci
s'ouvrirent au Christ dans une
certaine relation. Et entre ces âmes
des peuples et le Christ, un processus
se déroula, analogue à ce qui s'était
accompli entre le Jésus et le Christ.
|
18
|
Und
so sehen wir, daß in einer ganz
verschiedenen Weise der Keim des
Christus-Impulses in die südlichen
Herzen und in die Herzen der
nordischen Barbaren fällt. Diese
nordischen Barbarenherzen sind weit
weniger reif als die Herzen der
Völker des Südens, und in ihre
Unreife hinein senkt sich der
Christus-Impuls. Die merkwürdige
Tatsache liegt vor, daß im ganzen
Süden durch das christianisierte
Judentum, durch das christianisierte
Griechentum, durch das
christianisierte Römertum sich das
Christentum so einlebt, daß sich vor
den Christus-Impuls, der an die
Menschheit herannaht, die
Christus-Vorstellung setzt, die man
in der Weise ausgestaltet, wie man
sie nach den alten Seelenerlebnissen
hat ausgestalten können. Denn diese
alten Menschen hatten ein
bedeutendes Seelenleben, ein in
einem gewissen Sinne grandios
ausgebildetes Seelenleben. Die
nordischen Barbaren hatten ein
primitives, einfaches Seelenleben,
das an das Allernächste nur gewöhnt
war, an die allernächsten
Verhältnisse persönlicher Art
zwischen Mensch und Mensch. Und in
diese nächsten Verhältnisse herein
strömte der Christus-Impuls. Diese
Menschen hatten gar keine
Vorstellung einer
wissenschaftlichen Erkenntnis, wie
sie bei den Griechen ausgebildet
war, einer politischen Anschauung
über eine Staats‑struktur, wie sie
bei den Römern ausgebildet war. [Les
deux premiers courants du
materialisme ?] Das gab es
bei den nördlichen Barbaren nicht.
Ihr Vorstellungsleben in der Seele
war, man möchte sagen, frei. Sie
konnten nicht viel denken. Sie
konnten jagen, sie konnten
kriegführen, sie konnten ein bißchen
Ackerbau, sie konnten auch anderes
-- Sie brauchen das ja nur über die
alten nordischen Barbaren
nachzulesen —; aber irgendeine
entwickelte Wissenschaft bildeten
sie nicht aus. Vor den
Christus-Impuls trat keine
Vorstellung; der konnte selbst als
Christus-Impuls zu den Leuten
kommen. Daher kann man sagen : Zu
den südlichen Menschen kam der
Christus so, daß er haltmachen mußte
vor dem Vorstellungsleben, das sie
ihm, entgegenbrachten. Diese
südlichen Menschen stellten ein Tor
auf: Durch das mußt du erst kommen
—, sagten sie dem Christus. Dieses
Tor war noch dasjenige, das
gezimmert war aus den alten,
überlieferten Vorstellungen. Die
nordischen Barbaren hatten kein
solches Tor; ganz weit offen war der
Einlaß, der Christus-Impuls kam
selbst da herein. Zwischen dem Volk
oder 'den Völkern, die da als
nordische Barbaren sich auslebten,
zu denen der Christus kam, und dem
Jesus selber, zu dem als einzelner
Mensch der Christus kam, ist nur ein
gradueller Unterschied. In Palästina
kam der Christus zu dem einzelnen
Menschen Jesus. Dann breitete sich
der Impuls aus über die südlichen
Länder. Da war überall das Tor des
Vorstellungslebens da, da konnte er
nicht so hinein, wie er in den
Menschen Jesus hinein konnte. Wie zu
den nördlichen Barbaren der
Christus-Impuls kam, da konnte er
allerdings nicht zu den einzelnen
Menschen überall hinein — die waren
keine Jesusse —, aber in die
Völkerseelen konnte er hinein; die
nahmen ihn als Christus in einer
gewissen Beziehung auf. Und ein
ähnlicher Prozeß spielte sich ab
zwischen den Volksseelen und dem
Christus wie zwischen dem Jesus und
dem Christus.
|
C'est là le secret intérieur du
cheminement du christianisme à travers
les pays du Sud jusqu'aux barbares
nordiques. Mais ceux-ci n'étaient
vraiment pas très évolués. Et bien que
le Christ ait pu pénétrer en eux, les
demeures dans lesquelles il entrait là
n'étaient pas très aristocratiques ;
elles hébergeaient des représentations
primitives, très primitives.
J'aimerais dire ceci : comme sous le
voile de l'évolution du monde se
déploya tout d'abord ce qui était
hautement évolué dans le Sud, mais au
niveau correspondant ä une phase
antérieure. Ce qui était éminemment
développé dans le Sud durant la
quatrième période post-atlantéenne,
l'époque gréco-latine, était encore
tout embryonnaire dans le Nord, et en
attente. Et l'on peut dire ceci : nous
savons que la quatrième étape de
civilisation post-atlantéenne a duré
de 747 avant le Mystère du Golgotha
jusqu'en l'an 1413 de notre ère, que
nous vivons maintenant dans la
cinquième. Si l'on prend un point
quelconque de la quatrième étape
post-atlantéenne, disons un point du
5e siècle avant l'événement du
Golgotha, l'évolution était très
avancée dans les pays gréco-latins,
chez les barbares nordiques elle était
très retardée, elle attendait que se
poursuive son développement, et
parvint au même point beaucoup plus
tard. C'est-à-dire qu'au Nord, on se
trouva, bien qu'à une phase plus
avancée, au même point qu'on avait
atteint plus tôt dans le Sud. Il est
important de considérer cela. Car
c'est seulement en l'envisageant que
l'on découvre comment prend forme sur
la Terre l'évolution intérieure,
l'épanouissement intérieur de la vie
humaine.
|
19
|
Das
ist das innere Geheimnis dieser
Wanderung des Christentums durch die
südlichen Länder zu den nördlichen
Barbaren. Aber sie waren wirklich
nicht sehr weit, diese nördlichen
Barbaren. Und wenn auch der Christus
unmittelbar hinein konnte, so sah es
nicht sehr vornehm in den Wohnungen
aus, die er da betreten konnte.
Primitive, primitivste Vorstellungen
waren da. Ich möchte sagen: Wie
unter der Decke der
Weltenentwickelung enfaltete sich
erst dasjenige, was schon hoch
ausgebildet im Süden war, aber auf
einer vorhergehenden Stufe. Was hoch
ausgebildet war im Süden auf der
vierten nachatlantischen
Kulturstufe, der
griechisch-lateinischen, das war
noch ganz embryonal im Norden und
wartete bis später. So daß man sagen
kann: Wir haben die vierte
nachatlantische Kulturstufe und
haben die fünfte nachatlantische
Kulturstufe. Wir wissen : die vierte
nachatlantische Kulturstufe, 747
vor dem Ereignis von Golgatha, geht
bis zum Jahre 1413, und dann geht es
weiter; wir leben jetzt in der
fünften nachatlantischen
Kulturstufe. Wenn man irgendeinen
Punkt der vierten nachatlantischen
Kulturstufe nimmt, sagen wir einen
Punkt im 5. Jahrhundert vor dem
Ereignis von Golgatha, so war die
Entwickelung in den
griechisch-lateinischen Ländern
vorgeschritten, bei den nordischen
Barbaren sehr zurück. Die wartete
erst auf die spätere Entfaltung, da
kam derselbe Punkt erst viel später.
Das heißt, im Norden war man, wenn
auch auf einer höheren Stufe, auf
demselben Punkt, auf dem man im
Süden früher war, erst viel später.
Das ist wichtig, daß man so etwas
ins Auge faßt. Denn nur durch
solches Ins-Auge-Fassen kommt man
darauf, wie sich die innere
Entwickelung, die innere Entfaltung
des menschlichen Lebens über die
Erde hin gestaltet.
|
Que l'on songe seulement à quelle
élévation avait atteint cette culture
gréco-latine à l'époque où dans son
champ se leva le grand humain - car on
ne peut pas purement le nommer un
philosophe -, Platon, Platon et son
humaine âme tranquille tournée vers en
haut, vers les idées. Ce ne sont pas
les idées abstraites dont on parle
aujourd'hui à tort et à travers, ce
sont des êtres spirituels vers
lesquels Platon élevait le regard
lorsqu'il parlait d'idées. Celui qui
connaît vraiment Platon sait à quelle
hauteur avait atteint cette culture
gréco-latine de la quatrième période
post-atlantéenne. A l'époque où sur le
terrain de l'hellénisme Platon prit la
première place, la culture des
barbares nordiques avait à faire
encore bien des efforts jusqu'à ce
qu'elle produise, tiré de sa propre
chair et de son propre sang, mais
cette fois pour la cinquième époque
post-atlantéenne, ce qu'avait produit
l'hellénisme au temps de Platon.
|
20
|
Man
bedenke nur, wie hoch diese
griechisch-lateinische Kultur war in
der Zeit, als in dieser
griechisch-lateinischen Kultur der
große Mensch — man kann ihn nicht
einen Philosophen bloß nennen
—,Plato aufstand, Plato mit seinem
Hinaufwenden des menschlichen
Gemütes zu den Ideen. Das sind nicht
die abstrakten Ideen, von denen der
heutige Mensch faselt, das sind
Geistwesen selber, zu denen Plato
aufschaut, indem er von Ideen
spricht. Derjenige, der Plato
wirklich kennt, weiß, auf welcher
Höhe diese alte
griechisch-lateinische Kultur der
vierten nachatlantischen
Kulturperiode stand. In der Zeit,
als hervorragte aus dem Griechentum
der große Plato, da mußte die
nordische Barbarenkultur noch
vieles durchmachen, bis sie
ihrerseits aus ihrem eigenen Fleisch
und Blut heraus, wenn auch jetzt für
die fünfte nachatlantische Zeit,
dasselbe hervorbrachte, wie es aus
dem Griechentum hervorgebracht
worden war, als Plato da war.
|
Quand la nature des barbares
nordiques, puisant dans sa propre
chair et dans son propre sang,
a-t-elle atteint par son travail la
hauteur où se trouvait déjà Platon à
une époque antérieure ? Ce fut à
l'époque de Goethe. Ce que fut le
platonisme dans la culture grecque, le
goethéanisme l'est pour la cinquième
époque post-atlantéenne. Combien
d'années faut-il pour faire une
période de civilisation ? Vous le
savez, en additionnant les 1 413
années d'après le Mystère du Golgotha
et les 747 années qui les précédèrent,
et qui constituent une période de
civilisation ; ce sont donc 2 160 ans,
un peu plus de 2 000 ans. C'est aussi
à peu près le temps écoulé entre
Platon et Goethe ; c'est la durée
d'une époque de civilisation, mais
décalée, qui les sépare.
|
21
|
Und
wann erst hatte die nordische
Barbarennatur aus ihrem eigenen
Fleisch und Blut heraus sich zu
einer solchen Höhe emporgearbeitet,
auf der in einer früheren Zeitepoche
Plato schon stand? Das war zur Zeit
Goethes. Das, was Platonismus im
Griechentum ist, das ist
Goetheanismus für den fünften
nachatlantischen Zeitraum. Wieviel
Jahre verfließen denn in einem
Kulturzeitraum? Sie wissen, wenn Sie
die 1413 nehmen nach dem Mysterium
von Golgatha, und die 747 vorher, so
gibt das einen Kulturzeitraum; das
sind 2160, etwas über 2000 Jahre.
Das ist ungefähr auch die Zeit, die
verfließt zwischen Plato und Goethe;
ein Kulturzeitraum, nur
hinausgeschoben, liegt zwischen
beiden.
|
Ce qui nous apparaît chez Platon
brille d'une lumière grandiose au sein
de la civilisation antique. Ce qui
nous apparaît réside dans les paroles
par lesquelles sa philosophie s'élève
jusqu'à une ferveur sacrée lorsqu'il
dit : Dieu est le bien où il pressent
qu'il faut rattacher à l'ordre moral
de l'univers la vision de la nature
conforme aux idées ; le divin est le
bien. A ce moment, l'attente du
christianisme pénètre dans
l'hellénisme.
|
22
|
Und
indem wir auf Plato blicken, tritt
uns eines bei Plato hervor, was
grandios herausleuchtet aus der
übrigen antiken Kultur. Es tritt uns
bei Plato das entgegen, was in dem
Worte liegt, wo Platos Philosophie
zur religiösen Weihe sich erhebt, wo
er sagt : Gott ist das Gute , wo er
eine Ahnung bekommt davon, daß
verbunden werden muß die ideengemäße
Naturanschauung mit der moralischen
Weltenordnung: das Göttliche ist das
Gute. Und damit tritt für das
Griechentum die Erwartung des
Christentums ein.
|
Et par là, nous indiquons comment,
dans le monde nordique, Goethe apporte
une attente, l'attente d'un
renouvellement du christianisme.
Comment pourrait-on voir l'être
intérieur de Goethe autrement que
portant une attente, celle d'une
compréhension nouvelle du Mystère du
Golgotha ? Le petit garçon Goethe, à
sept ans, est encore un païen devant
la nature, il répète son hellénisme.
Il prend un pupitre à musique, y pose
toutes sortes de pierres et de roches,
représentants de ce qui se passe dans
la nature, allume en haut du pupitre
une bougie par contact direct avec la
lumière du soleil captée à l'aide
d'une lentille, pour célébrer un
sacrifice au grand dieu de la nature.
C'est uniquement par vénération de la
nature ; rien du Christ Jésus ne s'y
trouve. Ce qui vit là, c'est le dieu
qui peut être perçu dans la nature. Et
Goethe est sincère dans ses fibres les
plus intimes. Il ne confesse pas
extérieurement une divinité
quelconque, un être divin quelconque
auquel il ne puisse pas s'unir
intérieurement en vérité. Accepter la
représentation de Dieu qu'un prêtre
formule, il ne peut pas le faire ;
apprendre extérieurement ce qui ne
jaillit pas du fond de son âme, il ne
peut pas le faire. En 1780 encore, ce
qui jaillit de son être intime, c'est
cet hymne en prose à la nature qui dit
: « Nature, elle nous entoure et nous
enlace. Sans nous prier ni avertir,
elle nous fait entrer dans sa ronde,
et nous entraîne dans sa danse,
jusqu'à ce que lassés nous tombions de
ses bras... Tout est nature. Le plus
contre-nature aussi est nature. Le
pompiérisme/la philistinerie la plus
grande a aussi quelque chose de son
génie... Elle m'a conduit dans le
monde ... elle ne haïra pas son œuvre.
Tout est sa faute, et tout est son mérite
(I) I »
|
23
|
Damit
aber wäre in der nordischen Welt mit
Goethe auf eine Erwartung
hingedeutet, auf eine Erwartung
einer Erneuerung des Christentums.
Wer könnte auch Goethe innerlich
anders anschauen als so, daß in ihm
eine Erwartung liegt einer
Erneuerung der Auffassung des
Mysteriums von Golgatha! Der Knabe
Goethe, der siebenjährige, steht
noch wie ein Heide vor der Natur,
wiederholt sein Griechentum.k Er
nimmt ein Notenpult, legt darauf
allerlei Steine und Felsarten als
Repräsentanten der Naturvorgänge,
zündet oben ein Räucherkerzchen an
unmittelbar an dem Sonnenlichte, das
er durch ein Brennglas auffängt, um
dem großen Gotte der Natur ein Opfer
darzubringen. Rein heidnische
Naturverehrung; darinnen lebt nichts
von einem Christus Jesus. Darinnen
lebt der Gott, der in der Natur
angeschaut werden kann. Und Goethe
ist bis zum innersten Wesen hinein
intim ehrlich. Er bekennt sich nicht
äußerlich zu irgendeiner Gottheit,
zu irgendeinem Göttlichen, mit dem
er sich nicht innerlich ehrlich
verbinden kann. Annehmen diejenige
Gottesvorstellung, die ihm ein
Priester sagt, das kann er nicht;
lernen äußerlich dasjenige, was
nicht ihm aus der innersten Seele
quillt, das kann er nicht. So quillt
noch 1780 aus seinem Inneren hervor
sein Prosahymnus an die Natur, jener
wunderbare Prosahymnus an die
Natur, der da beginnt: Natur, wir
sind von ihr umgeben und
umschlungen. Ungewarnt und ungebeten
nimmt sie uns in den Kreislauf ihres
Tanzes auf und treibt sich mit uns
fort, bis wir ermüdet sind und ihrem
Arm entsinken ... Alles ist Natur.
Wir gehören ihr an; sie treibt sich
mit uns fort. Auch das
Unnatürlichste ist Natur. Die größte
Philisterei hat etwas von ihrem
Genie. Sie hat mich hineingestellt,
sie wird ihr Werk nicht hassen.
Alles ist ihr Verdienst, alles ihre
Schuld.
|
C'est du plus intime de son être que
jaillit cette vision, parce que Goethe
la recherche avec l'honnêteté qui doit
être celle d'un représentant de
l'humanité de son niveau, où il n'y a
rien de chrétien, Dans tout l'hymne en
prose « La Nature », vous trouvez un
merveilleux attachement tourné vers
Dieu, presque celui du petit garçon de
sept ans qui avait construit un autel
païen avec les produits de la nature,
mais où il n'y avait rien de chrétien.
Car Goethe est le représentant sincère
de la cinquième époque
postatlantéenne, qui est pour lui le
temps de l'attente. Mais qu'on ne
puisse en rester au paganisme, cela
s'exprime chez lui d'une part par la
grandiose conception de la nature
qu'il élabore scientifiquement, celle
que manifestent sa morphologie, sa
théorie des couleurs ; et aussi,
d'autre part, le fait qu'il lui faut
dépasser cette conception de la
nature, ce paganisme. Prenez de ce
point de vue l'impulsion la plus
intime du « Faust », prenez notamment
ce qu'il a exprimé par les secrets que
recèle le « Conte du Serpent vert et
de la belle Lilia» ., cette
renaissance de l'humain qu'exprime le
Conte, et essayez de ne pas rester
superficiels, et de pénétrer jusqu'à
ce qui vivait dans l'esprit de Goethe
; vous en viendrez alors à penser :
ici vit dans une âme une nouvelle
impulsion christique, une nouvelle
impulsion de métamorphose de
l'humanité telle qu'elle s'est
accomplie par le Mystère du Golgotha,
une aspiration à une nouvelle
compréhension de ce Mystère du
Golgotha. Car tout le « Conte du
Serpent vert et de la belle Lilia »
respire une atmosphère d'attente.
|
24
|
Intim
aus dem Innersten heraus quillt
diese Anschauung selber, weil Goethe
sie so ehrlich sucht, wie er sie als
Repräsentant seiner Stufe der
Menschheit suchen muß, in der nichts
Christliches liegt. Im ganzen
Prosahymnus «Die Natur» finden Sie
eine wunderbare Hinneigung zum
Gotte, fast noch wie beim
siebenjährigen Knaben, der sich
seinen heidnischen Altar richtet aus
Naturprodukten, aber nichts
Christliches. Denn Goethe steht als
ehrlicher Repräsentant in dem
fünften nachatlantischen Zeitraum
drinnen, der für ihn der Zeitraum
der Erwartung ist. Daß es aber beim
Heidnischen nicht bleiben kann, das
drückt sich bei Goethe auf der einen
Seite dadurch aus, daß er auch
wissenschaftlich zu seiner
grandiosen Naturanschauung kommt,
die sich in seiner Morphologie, in
seiner Farbenlehre ausdrückt; es
drückt sich auf der andern Seite
aber auch aus dadurch, daß er über
diese Naturanschauung, über dieses
Heidentum hinausgehen muß. Und
nehmen Sie von diesem Gesichtspunkte
den innersten Impuls des «Faust»,
nehmen Sie von diesem Gesichtspunkte
aus namentlich dasjenige, was
Goethe hineingeheimnißt hat in das
«Märchen von der grünen Schlange und
der schönen Lilie», von jener
Wiedergeburt des Menschen, die sich
ausdrückt in diesem «Märchen von der
grünen Schlange und der schönen
Lilie» und versuchen Sie dann nicht,
oberflächlich zu bleiben, sondern
heranzudringen an dasjenige, was in
Goethes Sinn lebte, dann kommt Ihnen
der Gedanke : Hier lebt in einer
Menschenseele ein neuer
Christus-Impuls, ein neuer Impuls
der Menschheitsverwandlung, wie er
durch das Mysterium von Golgatha
geschehen ist, ein Streben nach
einer neuen Auffassung dieses
Myssteriums von Golgatha. Denn es
atmet das ganze «Märchen von der
grünen Schlange und der schönen
Lilie» Erwartungsstimmung.
|
Là où se trouve Platon au sein de
l'hellénisme, Goethe prend place au
sein de la cinquième époque
post-atlantéenne. La question : où est
Goethe ? nous conduit à répondre :
comme Platon, par sa définition du
divin qui est le bien, indiquait ce
qu'est le Mystère du Golgotha pour que
le comprenne la 4e époque
post-adantéenne. Goethe, par les
paroles qui résonnent dans le « Conte
», indique ce qui conduit à une
nouvelle compréhension de ce Mystère
du Golgotha telle qu'elle doit venir.
Voilà la réponse à la question : où
est Goethe ?
|
25
|
Da
wo Plato im Griechentum steht, da
steht Goethe innerhalb des fünften
nachatlantischen Zeitraums. Die
Frage: Wo steht Goethe? —, die führt
uns dazu, zu sagen: Wie Plato mit
seiner Definition des Göttlichen
als des Guten hinwies für die
Auffassung des vierten .
nachatlantischen Zeitraums auf das
Mysterium von Golgatha, so wies
Goethe mit den Aussprüchen, die
herausklingen aus dem «Märchen von
der grünen Schlange und der schönen
Lilie» hin zu einer erneuerten
Auffassung des Mysteriums von
Golgatha, die da kommen muß. Das ist
die Antwort auf die Frage: Wo steht
Goethe ?
|
Comment se représenter l'histoire
humaine pénétrée d'esprit jusqu'à
l'époque la plus récente ? La
conception extérieure de l'histoire,
celle qui ne fait qu'énumérer les
humains et les événements, ne dit en
fait rien qui puisse vraiment saisir
l'être intérieur de l'humain. Mais si
l'on porte le regard sur la substance
intérieure de ce qui se passe, si l'on
voit que Goethe se tient au même point
de la cinquième époque
post-atlantéenne où Platon se trouvait
pour la quatrième, alors se révèle
l'onde spirituelle qui passe à travers
le monde jusqu'aux jours les plus
récents. En ces temps les plus
récents, l'histoire est ordinairement,
pour l'humanité actuelle, conçue sous
la forme la moins spirituelle. Le
goethéanisme est aussi une attitude
d'attente tournée vers une
compréhension nouvelle du Mystère du
Golgotha.
|
26
|
Wie
kann man bis in die neuesten Tage
herein sich das
Menschheitsgeschehen durchgeistigt
vorstellen? Die äußere
geschichtliche Auffassung, die nur
so hintereinander aufzählt die
Menschen und die Vorgänge, die sagt
eigentlich gar nichts, was wirklich
innerlich den Menschen ergreifen
könnte. Sieht man aber auf das
Innerliche des Geschehens, sieht
man, wie in demselben Punkt des
fünften nachatlantischen Zeitraums,
in dem für den vierten Plato stand,
nun Goethe steht, dann enthüllt sich
einem die geistige Welle, die durch
die Welt West bis in die neuesten
Tage herein. In den neuesten Tagen
wird gewöhnlich für die
gegenwärtige Menschheit die
Geschichte recht ungeistig in ihrer
Auffassung. Goetheanismus ist
zugleich Erwartungsstimmung einer
Neuauffassung des Mysteriums von
Golgatha.
|
On ne parvient pas à comprendre ce
qui s'est passé au tournant du 18e au
19e siècle sinon en essayant de
pénétrer par cette voie jusqu'au cœur
du devenir de l'humanité. Quelqu'un
peut éveiller dans le cœur des humains
plus d'une représentation édifiante en
s'efforçant de ressusciter certaines
impressions que l'on éveillait dans le
vieux monde païen lorsque, disons, on
élevait son regard jusqu'à l'idée de
la grande Isis des Égyptiens. Mais au
temps de Platon aussi, certes, la
représentation de l'Isis égyptienne,
de l'impulsion qui agit à travers la
nature entière, a été perçue par les
humains. Si nous entendons aujourd'hui
parler d'Isis sans ressusciter de
toutes nos forces ce que les humains
de ce temps ont ressenti, alors nous
en restons à des mots. L'humain
honnête voit qu'on en reste à des
mots. Si l'on ne se grise pas de
sonorités, on en reste aux mots ; cela
ne saisit pas le cœur. Que peut faire
l'humain moderne lorsqu'il veut
éveiller en son cœur les mêmes
représentations qui, dans l'Antiquité,
étaient éveillées dans le cœur humain
lorsqu'on parlait d'Isis ? Ce qu'il
peut faire, c'est laisser agir sur lui
l'hymne en prose de Goethe. Car là, on
y parle à l'humanité moderne comme on
parlait à l'humanité d'autrefois
lorsqu'on lui parlait d'Isis. C'est là
aussi que résonne directement ce qui,
provenant des profondeurs mystérieuses
de l'univers, a résonné lorsqu'on
parlait d'Isis à l'humain du passé.
|
27
|
Anders
kommt man nicht zu einem
Verständnisse desjenigen, was um die
Wende des 18. zum 19. Jahrhundert
geschehen ist, als dadurch, daß man
in dieser Weise versucht
hineinzudringen in das Innere des
Menschheitsgeschehens. Es kann
jemand manche erhebenden
Vorstellungen hervorrufen in
Menschenherzen, wenn er heute zu
erneuern versucht gewisse
Empfindungen, die erregt wurden im
alten Heidentum, sagen wir, wenn
hinaufgeschaut wurde zu der
Vorstellung der großen Isis des
Ägyptertums. Aber gewiß auch zur
Zeit Platos haben die Vorstellungen
über die ägyptische Isis als der
Impuls, der durch alle Natur waltet,
den Menschen entgegengeklungen.
Hören wir heute über die Isis, hören
wir über die Isis, ohne uns mit
aller Macht zu erneuern das, was
Menschen in jener Zeit empfunden
haben, so bleibt es bei den Worten.
Wenn man ehrlich ist, bleibt es bei
den Worten. Wenn man sich nicht an
Wortklängen berauscht, bleibt es bei
den Worten; es ergreift nicht das
Herz. Was kann der moderne Mensch
tun, wenn er dieselben Vorstellungen
erwecken will in seinem Inneren, die
im Altertum erweckt worden sind im
menschlichen Herzen, wenn von der
Isis gesprochen wurde? Der moderne
Mensch kann den Prosahymnus Goethes
über die Natur auf sich wirken
lassen. Es wird da so zur modernen
Menschheit gesprochen, wie zur alten
Menschheit gesprochen worden ist,
wenn von der Isis gesprochen wurde.
Da klingt auch unmittelbar das aus
den geheimnisvollen Tiefen des
Weltenalls heraus, was
herausgeklungen hat, wenn zum alten
Menschen von der Isis gesprochen
worden ist.
|
Et songeons un peu au tort que nous
faisons à l'évolution du monde, au
tort que nous faisons à notre propre
cœur lorsque nous ne voulons pas
entendre, lorsque nous préférons nous
transporter tout extérieurement, parce
que la chose porte le nimbe du passé,
dans la manière dont on a parlé d'Isis
aux humains d'autrefois. Lorsqu'on
leur parlait d'Isis, un antique secret
sacré résonnait à leurs oreilles. Et
la langue de notre époque peut parler
de ce même secret tel qu'il sortait
des lèvres des prêtres égyptiens
lorsqu'ils chantaient Isis. Il ne faut
pas méconnaître la profondeur qui
règne parfois dans la vie spirituelle
moderne. Et nous nous sentirons alors
vraiment des humains si notre
sensibilité ne se banalise pas, si le
sacré résonne à nos oreilles comme il
veut le faire de par la nouvelle
impulsion qui anime l'histoire.
Ensuite, en nous préparant, en païens
en quelque sorte, à l'aide de l'hymne
en prose à la nature, nous pourrons,
avec tous les élargissements de l'âme
qui peuvent nous gagner, avec tous les
approfondissements de l'âme dont nous
ferons l'expérience en nous-mêmes,
avec toutes les élévations de l'âme
qui nous deviendront sensibles, nous
pourrons nous plonger dans plus d'une
scène du « Faust » ou dans le « Conte
du Serpent vert et de la belle Lilia
», où nous trouvons exprimée l'attente
d'une nouvelle compréhension du
Mystère du Golgotha chez le plus
moderne de tous les humains.
|
28
|
Und
bedenken wir einmal, wie wir Unrecht
tun, Unrecht der Weltenentwickelung
und Unrecht unserem eigenen Herzen,
wenn wir nicht so hören wollen, wenn
wir lieber uns rein äußerlich
versetzen wollen, weil das einen
alten Nimbus hat, in die Art und
Weise, wie über die Isis gesprochen
worden ist von den alten Menschen.
Wenn von den alten Menschen von der
Isis gesprochen wurde, klang aus
alldem heraus ein uralt heiliges
Geheimnis. Und die Sprache unserer
Zeit darf von demselben Geheimnis
sprechen, wahrhaftig und wirklich so
tief, wie von der ägyptischen
Priesterlippe es kam, wenn über die
Isis gesungen worden ist. Wir
dürfen nicht verkennen, wenn Tiefe
waltet im neuen Geistesleben. Dann
werden wir uns auch wiederum so
recht als Menschen fühlen, wenn wir
nicht prosaisch in unserer
Empfindung werden, wenn das Heilige
zu uns in der Weise tönt, wie es aus
dem neueren Impuls der
geschichtlichen Entwickelung
heraustönen will. Und dann, wenn wir
uns, ich möchte sagen, heidnisch
vorbereiten an so etwas, wie der
Prosahymnus es ist, dann werden wir
mit all jenen Weiterungen der Seele,
die uns da überkommen können, mit
allen Vertiefungen der Seele, die
da im Inneren sich uns erlebbar
machen, mit allen Erhebungen der
Seele, die uns empfindbar werden, in
so etwas vertiefen, wie in manche
«Faust»-Szenen oder in das «Märchen
von der grünen Schlange und der
schönen Lilie», wo wir die
erwartungsvolle Stimmung einer neuen
Auffassung des Mysteriums von
Golgatha bei dem modernsten aller
Menschen ausgesprochen finden.
|
C'est là ce que je voulais esquisser
pour vous d'une rencontre avec Goethe
et le goethéanisme ; non pas une
rencontre comme elles sont souvent une
rencontre qui situe l'esprit de Goethe
dans le cours tout entier de
l'évolution humaine, en vue de la
compréhension de l'époque
immédiatement présente, en vue de
fortifier les impulsions dont nous
avons besoin pour prendre vraiment
place dans le présent et dans le
proche avenir, cette place que nous
devons occuper non pas en dormant,
comme je l'ai souvent souligné, mais
en veillant, si nous ne voulons pas
pécher contre la marche de l'évolution
humaine. De cela alors demain plus
avant.
|
29
|
Das
ist etwas, was ich Ihnen andeuten
wollte über ein Finden Goethes und
des Goetheanismus, nicht nur so, wie
das oftmals gemacht wird, dieses
Finden, sondern über ein Finden, das
den Goethe-Geist eben findet im
ganzen Gang der
Menschheitsentwickelung zum
Verständnisse der unmittelbaren
Gegenwart, zum Erkraften jener
Impulse, die wir brauchen, wenn wir
uns so recht hineinstellen wollen in
die Gegenwart und in die nächste
Zukunft, in die wir uns nicht
schlafend, wie ich oftmals betonte,
sondern wachend hineinzustellen
haben, wenn wir uns nicht
versündigen wollen an dem Gang der
Menschheitsentwickelung. Davon dann
morgen weiter.
|
Français
seulement
CINQUIEME CONFERENCE – Dornach, 11 janvier
1919
La spiritualisation de l'histoire moderne -
Paganisme, judaïsme et christianisme - le
"conte" de Goethe - Conférence
Faite à Dornach le 11 janvier 1919.
Traduction d'Henriette Bideau (Le Mystère du
Golgotha et la renaissance spirituelle de
l'humanité), revue par F. Germani
La spiritualisation de l'histoire moderne -
paganisme, judaïsme et christianisme - le
"conte" de Goethe Élévation de la conception
du mystère du Golgotha par la science de
l'esprit. La pensée de résurrection. Saisie du
vivant seulement par l'ascension à
l'imagination, l'inspiration, l'intuition.
Paganisme : vision de la nature ; judaïsme :
impulsion morale --- Job. Entrée de
l'impulsion du Christ lorsque les cultures
païenne et juive ont atteint leur apogée et
ont épuisé leur force, symbole extérieur du
représentant mourant de l'humanité. Le
christianisme a dû prendre la forme du mystère
païen pour se répandre dans l'empire romain,
d'où la messe. L'accueil du christianisme par
les barbares nordiques est beaucoup plus
primitif, par un rapport de cœur personnel
avec le Christ Jésus. Chez les peuples
primitifs du Nord, est développé pour une
époque ultérieure ce qui s'en était formé plus
tôt dans le Sud à un stade antérieur. Ce qui
était le platonisme dans la Grèce antique est
devenu le goethéanisme à la cinquième époque
culturelle. Avec Goethe, est indiqué sur une
attente. L'hymne en prose de Goethe "A la
nature".
01
Lorsqu'on veut envisager la signification de
l'intervention spirituelle-scientifique dans
le monde pour le présent, on n'a pas la
permission de laisser hors d'attention que
cette intervention - nous l'avons déjà
démarrée dans les diverses considérations
auxquelles nous nous sommes livrés entraînera
une compréhension sensiblement rehaussée du
Mystère du Golgotha. Et l'on peut dire que
celui qui s'unit non seulement par la pensée
courante, synthétiquement rationnelle, mais de
toute son âme, avec toute son âme tranquille,
aux connaissances de la recherche
spirituelle-scientifique, celui-là, s'il a un
lien quelconque avec la culture moderne, se
posera quand même toujours cette question :
comment se tient l'humain transformé dans un
certain sens par la connaissance
spirituelle-scientifique, au Mystère du
Golgotha ? - Nous avons porté le regard sur
cet événement le plus important de l'humanité
des points de vue les plus différents.
Aujourd'hui, nous voulons essayer de jeter un
coup d’œil sur cet évènement d'humanité en
nous efforçant de suivre jusqu'à notre époque
le courant qui a sa source dans ce Mystère. En
cela, la fécondité de la connaissance
spirituelle-scientifique peut en un certain
sens apparaître dans le fait qu'elle parvient
ou qu'au moins elle peut parvenir à comprendre
dans un esprit semblable le devenir des
mondes, le devenir de l'humanité et dans le
présent, tandis qu'en fait sinon l'a
considération humaine ordinaire recule
d'effroi devant une spiritualisation de
l'histoire la plus récente.
02
Lorsqu'on saisi le Mystère du Golgotha de
l'œil, on est avant tout amené à voir qu'il ne
peut être appréhendé, qu'il ne peut être
compris, si l'on veut partir dans une
considération matérielle seulement. On ne
parvient à réellement comprendre le Mystère du
Golgotha que si l'on tente de saisir par
l'esprit un événement spirituel. Certes, vous
pouvez dire : mais le Mystère du Golgotha est
un événement physique, advenu dans le monde
physique comme d'autres faits historiques.
Mais je vous ai déjà récemment indiqué que la
science moderne, si elle est honnête, ne peut
pas parler ainsi. Elle ne peut pas attribuer
aux Évangiles la même valeur historique qu'à
d'autres documents, elle ne peut pas
considérer les quelques éléments historiques
dont on dispose en dehors des Évangiles, et
qui sont on ne peut plus contestables, comme
des documents historiques au même titre que
les informations que nous possédons sur
Socrate ou sur Alexandre le Grand, sur Jules
César ou sur l'empereur Auguste, etc. C'est là
justement - nous l'avons souvent souligné -
que réside le lien particulier de la science
de l'esprit avec le Mystère du Golgotha : elle
veut établir la réalité de cet événement,
toutes les autres méthodes et toutes les
autres voies suivies par les humains échouant
dans l'approche du Mystère du Golgotha en tant
que réalité. Car il faut qu'il soit compris
par l'esprit. On n'atteint la réalité
extérieure de ce Mystère du Golgotha qu'en
comprenant qu'il est un événement spirituel.
03
Dans cet événement, quelle est la chose la
plus importante ? En dépit de cette théologie
protestante dite libérale, on ne peut dire que
ceci : la chose la plus importante dans le
Mystère du Golgotha, c'est l'idée de la
Résurrection. Et la parole de Saint Paul reste
vraie : Et si le Christ n'est pas ressuscité,
notre prédication est vide, vide aussi votre
foi. Ce qui signifie : est nécessaire au
christianisme, au christianisme véritable et
réel, la possibilité de reconnaître que le
Christ Jésus est passé par la mort, et qu'il a
vaincu cette mort en s'unissant vivant, après
un certain temps, à l'évolution de la terre.
Mais bien entendu, en ce qui concerne les lois
internes, ceci n'appartient qu'aux mondes
spirituels.
Maintenant, j'ai aussi attiré votre attention
sur une autre chose qui, lorsqu'on l'envisage
honnêtement du simple point de vue de la
raison synthétique, pourrait vraiment briser
le cœur, parce qu'elle constitue une de ces
contradictions qui doivent toujours exister
dans la vie et que la logique voudrait
toujours éliminer : le Christ a été tué. La
créature la plus innocente qui ait jamais
cheminé sur la Terre a été tuée par la faute
des humains. On peut considérer cette faute
humaine comme on regarde une très grande faute
humaine. C'est l'un des aspects de la chose.
Mais alors on doit regarder l'autre aspect et
se dire : et si le Christ n'avait pas été
exécuté, s'il n'avait pas subi la mort, en un
sens véritable il ne pourrait exister aucun
christianisme. Ce qui veut dire que la faute
humaine la plus grave était nécessaire pour
qu'intervienne la bénédiction la plus grande
dans l'évolution de la Terre, par laquelle
celle-ci a reçu tout son sens. On pourrait en
dire paradoxalement : si les humains n'avaient
pas autrefois pris sur eux de se charger de
cette faute, de la faute la plus grave, le
sens de la Terre n'aurait pas été réalisé. Et
l'on caractérise justement par cela l'une de
ces grandes, radicales contradictions que
donne la vie, et que la logique veut toujours
éliminer. Car de quoi la logique est-elle en
quête ? Elle recherche les contradictions pour
les faire disparaître/mettre de côté. Mais
elle ne sait pas encore actuellement ce
qu'elle fait avec çà ; la logique elle-même
tue la vie pour la compréhension humaine avec
l'élimination/l’évacuer ailleurs des
contradictions. Et c'est pourquoi, lorsqu'il
veut donner à cette compréhension la forme de
la seule logique abstraite, l'être humain
n'atteint à aucune compréhension vivante.
C'est pourquoi il n'atteint à la compréhension
du vivant que s'il veut dépasser/grimper
par-dessus la logique pour accéder à
l'imagination, à l'inspiration et à
l'intuition.
04
Vu extérieurement, le Mystère du Golgotha se
présente ainsi qu'à un certain moment, dans
une province rarement mentionnée de l'Empire
romain, un homme appelé Jésus vient au monde,
vit durant 30 ans de la manière dont nous
avons souvent parlé, puis est pénétré
d'esprit/transspiritualisé par le Christ ;
comme Christ Jésus vit encore trois années
supplémentaires, dans la troisième année passe
par la mort et ressuscite. Tout d'abord, cet
événement reste ignoré/inconsidéré dans le
vaste Empire romain. Mais à travers les
siècles, cet évènement agit ainsi que non
seulement il modifie entièrement la culture du
monde civilisé, mais qu'il la renouvelle
complètement. Tel en est l'aspect extérieur
tout d'abord. On n'en pénètre l'aspect
intérieur que lorsqu'on essaie de se rendre
clair comment, issu du judaïsme, ce Mystère du
Golgotha a eu en plein milieu du monde païen.
Le judaïsme a dans sa conception de la
religion quelque chose de radicalement
différent de toute conception religieuse
païenne. Et l'on peut vraiment dire : le
judaïsme et le paganisme se présentent
absolument comme les deux pôles d'une
conception religieuse.
05
A cause de cela regardons donc tout d'abord le
paganisme. Tout le paganisme - que ce que je
veux dire chose soit plus ou moins cachée ou
pas - part nd même de ce que le divin
spirituel soit n'importe comment à gagner
partir de la nature la façon de voir humaine.
La religion païenne est essentiellement
aussitôt vision de la nature. Plus ou moins
inconsciemment, repose toujours à la base que
le païen regarde vers la nature, qu'il sent
que l'humain, lui aussi, s'élève/monte du
devenir et du tisser des manifestations de la
nature, qu'il se sent par tout son être-là,
par tout son devenir, apparenté à ce qui est
et devient dans la nature. Et alors, le païen
tente, dans une certaine mesure comme
couronnement de ce qu'il peut gagner comme
façon de voir la nature, de saisir avec son
âme ce qui divin-spirituel vit dans cette
nature. En d'anciens temps, nous voyons cela
de ce que l'humain vient en situation de
saisir le divin-spirituel en visions, en
clairvoyance atavique, à partir de sa propre
nature corporelle. Dans l'hellénisme de haute
culture, nous voyons l'humain tenter de saisir
le divin spirituel par l'activité pensante
pure. Mais partout, nous voyons l'humain en ce
qu'il est païen, tenter de se frayer une voie
directe à partir de l'observation de la nature
pour s'élever par la contemplation du divin
spirituel à l'intérieur de la nature jusqu'au
sommet/couronnement de l'édifice de la nature.
06
Une telle façon de voir - et on le remarque
aussi lorsqu'on étudie en profondeur l'essence
de tout paganisme, que je puis aujourd'hui
seulement esquisser - ne peut parvenir à
appréhender pleinement les impulsions morales
du genre humain. Car si bien que l'on
s'efforce de reconnaître dans la nature
l'impulsion divine-spirituelle, celle-ci reste
dépourvue de composantes morales/ingrédients
moraux. Nous voyons bien dans la religion
païenne hautement cultivée des Grecs, comment
les dieux ne contiennent tout de suite pas en
eux beaucoup d'impulsions morales.
07
La chose prend dans le judaïsme un aspect
radical polairement opposé que naturellement,
l'aspect extérieur cache plus ou moins,
l'essentiel se revêtant de formes changeantes
; mais il est pour l'essentiel justement
possible de dire que la chose s'exprime dans
le judaïsme radicalement polairement opposée.
Le judaïsme pourrait être appelé, si l'on
voulait s'exprimer trivialement, la simple
découverte de l'impulsion morale dans le
devenir de l'humain. C'est ce qui caractérise
l'antique religion hébraïque, que l'impulsion
de Yahvé, pour l'essentiel, tisse et ondule
par l'humanité de façon telle qu'elle amène
aussi par son tissage et son essence du moral
l'évolution de l'humanité. Mais avec cela,
tout de suite pour la conception hébraïque de
la religion apparu une difficulté que la
conception religieuse païenne n'avait pas.
Cette difficulté, ce fut l'incapacité pour le
judaïsme d'avoir avec la nature un rapport
plein de compréhension. Le Dieu Yahvé empli de
vagues et tisse par la vie humaine. Mais
lorsque maintenant l'humain élève son regard
vers lui, qui le conduit vers la naissance,
qui punit aussi les péchés et récompense les
bonnes actions et qu'ensuite il détourne son
regard du Dieu Yahvé pour se tourner vers les
évènements naturels, dans lesquels il est donc
aussi attelé sur cette Terre, alors existe
sans aucun doute une impossibilité, à mettre
ces phénomènes naturels en concordance avec
l'action du Dieu Yahvé. Tout le tragique de
cette impossibilité à pouvoir-amener-en-accord
les phénomènes naturels avec l'impulsion du
Dieu Yahvé s'exprime dans la grande, puissante
tragédie du livre de Job, où nous est montré
en particulier comment le juste peut souffrir
dans le cadre du cours naturel des choses,
comment il peut sombrer dans la misère, et
comment, en contradiction avec tout ce que lui
amène la nature, il doit avoir foi en la
justice de l'impulsion de Yahvé. Le ton
fondamental, profondément tragique, de ce
livre de Job, qui en face de la nature rend un
son si étranger à l'âme humaine, nous montre
la distance qui, pour le regard humain et la
vie humaine, sépare une appréhension pure de
ce qu'est l'entité de Yahvé, du regard
spontanément porté sur le cours des événements
naturels dans lequel l'humain est inséré. Et
pourtant, ce Dieu Yahvé, cette impulsion de
Yahvé, qu'est-ce d'autre, pour ceux qui
comprennent réellement l'Ancien Testament, que
l'essence la plus intime animant l'âme humaine
elle-même ? A quoi alors la conception
hébraïque antique est-elle conduite du fait de
son opposition radicale à la vision de la
nature transparaissant si manifestement dans
le paganisme ?
08
Elle est nécessairement amenée/propulsée à
concevoir un être qui, à côté de l'impulsion
de Yahvé, avait part à la nature humaine telle
qu'elle est à l'époque présente de l'existence
terrestre : le Serpent du Paradis, Lucifer,
Satan, un être qui s'oppose à Dieu, au Dieu
Yahvé, et doit avoir part à ce que
l'être-humain est devenu dans l'existence
terrestre. L'adepte de l'Ancien Testament doit
voir en le Dieu Yahvé l'impulsion la plus
intérieure vers laquelle vont son respect, son
abnégation ; mais il n'est pas en situation
d'attribuer à cette impulsion de Yahvé la
participation exclusive à la création de
l'homme. I1 est obligé d'attribuer à ce que le
Moyen Age appelait le diable une part
importante de la nature humaine. C'est se
comporter en dilettante - même si l'on croit
faire preuve d'une considérable érudition -
que de présenter cette opposition entre le
Dieu Yahvé et le diable, l'antique Serpent,
comme identique à celle qui dresse Ahriman
contre Ormuzd dans la religion perse. Celle-ci
est en effet, de par sa nature fondamentale,
une religion païenne, et le face à face
d'Ormuzd et d'Ahriman est tel que l'on peut,
dans la conception du monde, accéder à leur
essence à partir de la vision de la nature. Le
processus de lutte dans le monde dans lequel
la religion perse voit le prolongement du
combat entre Ormuzd et Ahriman est de ceux qui
figurent dans les représentations des autres
religions païennes. Tandis que l'opposition
entre l'impulsion de Yahvé et l'impulsion de
Satan telle qu'elle se manifeste dans le livre
de Job est de nature morale, et que la
description tout entière qu'en donne le livre
de Job est colorée de nuances morales. On y
parle d'un royaume spirituel où se trouvent le
bien et le mal, et qui est différent du
royaume de la nature. Et l'on peut dire : à
l'époque de l'évolution humaine où le Mystère
du Golgotha était proche, l'humanité était
dans l'impossibilité de parvenir à régler la
question de ces deux courants : la voie
païenne et la voie judaïque vers le divin.
Pourtant, les deux avaient atteint un haut
stade de développement. Car il ne faut pas
oublier, il faut constamment rappeler qu'une
spiritualité aussi délicate, une forme aussi
élevée de la vie des représentations que
celles du paganisme grec, sont quelque chose
d'unique dans l'évolution humaine. Elles ne
furent pas atteintes auparavant, ni depuis. Et
inversement : une si grande fermeté du lien
avec l'impulsion morale de Yahvé comme celle
que décrit le livre de Job est aussi une chose
unique, on ne la trouve nulle part ailleurs.
Le livre de Job est, tout de suite dans cette
direction, une des œuvres merveilleuses de
l'évolution humaine.
09
A l'époque où approchait le Mystère du
Golgotha, l'humanité était dans une certaine
mesure parvenue à une impasse. Elle ne pouvait
plus progresser. Elle avait compris, ou essayé
de comprendre, d'une part la nature dans
l'esprit du passé, d'autre part le monde moral
au sens du passé. Elle ne pouvait aller plus
loin. Dans les formes extérieures qu'ils
avaient prises dans la conception humaine, les
deux courants avaient atteint un sommet qu'on
ne pouvait pas dépasser. Or, il en est
vraiment ainsi que l'évolution du monde
procède par contrastes/oppositions. Elle ne
progresse pas tout droit aussi commodément que
l'évolutionnisme moderne se le représente,
c'est-à-dire selon une droite ascendante.
Cette théorie moderne de l'évolution s'imagine
ceci : ce qui est simple vient d'abord puis,
progressant en ligne droite, la suite, etc.
Mais il n'en est pas ainsi. Cette évolution
repose sur une autre, certaines impulsions
évolutives atteignent un sommet, mais
simultanément d'autres se développent qui
aboutissent à un niveau très bas. Deux
courants progressent toujours : l'un atteint
un épanouissement extérieur élevé, et dans le
même temps l'autre atteint un épanouissement
intérieur extrême. Et dans le même temps où
les humains sont parvenus à une certaine
élévation de la conception païenne d'une part,
et de la conception judaïque d'autre part, ce
qui se développait en l'humanité terrestre ne
pouvait être atteint que par l'événement qui,
s'accomplissant extérieurement tel un symbole
universel, se déroula sur le théâtre même de
l'histoire.
10
Ainsi ce pouvait seulement être la mort de
l'esprit qui donne son sens à la Terre. La vie
la plus haute telle qu'elle s'était développée
au cours de l'Antiquité jusqu'à un sommet,
impliquait en même temps intérieurement,
spirituellement, la nécessité de la mort.
C'est de la mort seule que pouvait
naître/provenir une vie nouvelle. Cette mort
sur le Golgotha est de ce fait le contraste/la
contradiction nécessairement le plus grand à
la vie florissante qu'avait développée la
conception du monde dans l'hellénisme et dans
le judaïsme à cette époque.
11
Certes, on peut décrire la chose des points de
vue les plus différents. Nous l'avons aussi
déjà fait. Mais on peut dire par exemple aussi
: les anciennes conceptions du monde, qui
reposaient toutes plus ou moins sur la
clairvoyance atavique, qui dans l'hellénisme
seul avaient progressé jusqu'à la pensée pure,
étaient toutes orientées pour trouver enfin
l'humain ici sur la Terre. Et c'est déjà ce
qui s'est passé tout de suite à l'époque du
Mystère du Golgotha - dans l'hellénisme
notamment, et d'une autre manière dans le
judaïsme. Si l'on remonte plus loin encore
dans le passé, on constate ceci : l'humain est
en quelque sorte, par ce qu'il pense de
lui-même, plus proche du divin. La conception
qu'il a de lui n'atteint pas encore sa
véritable nature. Mais à l'époque où se passa
le Mystère du Golgotha, l'humain était arrivé
à soi-même dans sa propre conception.
Lorsqu'il se passe quelque chose ainsi, là
intervient un de ces événements où, de par sa
propre force, le processus s'inverse en son
contraire.
12
Regardez un pendule oscillant de gauche à
droite, vous constaterez ce qui suit- je me
suis souvent servi de cette image : le pendule
oscille jusqu'ici (le conférencier dessine),
puis sous l'effet de la pesanteur il retombe
et revient jusqu'ici : et parce que le fil est
directement orienté en sens inverse de la
pesanteur, la pesanteur ne peut agir. Pourtant
le pendule ne s'immobilise pas. Pourquoi ?
Parce que du fait de sa descente, comme on dit
en langage de physicien - spirituellement ce
n'est pas juste, mais on peut cependant
employer le mot - le pendule a emmagasiné une
telle force d'inertie que de par cette force,
il part dans l'autre direction. Cette force
d'inertie est épuisée, est égale à zéro au
moment où le pendule a parcouru vers la gauche
une distance égale à celle qu'il avait
parcourue vers la droite. Le mouvement vers la
gauche est provoqué par la propre force
d'inertie du pendule, mais celle-ci s'épuise.
C'est une loi absolument universelle qui régit
les phénomènes dans le monde : quelque chose
s'accomplit, mais l'impulsion qui l'a provoqué
s'anéantit du fait de cet accomplissement
même. Ainsi, à l'instant où la culture païenne
et la culture judaïque étaient parvenues à un
apogée, la force qui les avait menées
jusque-là était épuisée, parvenue à un point
zéro. Une impulsion nouvelle devait
nécessairement pénétrer dans le monde pour
continuer à diriger l'évolution. Cette
impulsion, ce fut le Christ, pour lequel fut
préparée l'enveloppe de Jésus de la manière
que nous connaissons.
13
On peut ainsi dire : si à l'époque où notre
chronologie situe l'an zéro, un humain avait
pu percevoir en profondeur ce qui se passait
en vérité, intérieurement, dans l'humanité, il
aurait dû dire : en cet instant, l'humanité
est tragiquement frappée par le sort : les
forces qui lui furent données au début de
l'évolution terrestre l'ont certes amenée à un
épanouissement suprême de la vie de l'âme,
mais en même temps elles se sont épuisées. La
mort de la culture les frappe, cette culture
orientée dans le sens de l'impulsion que les
Anciens avaient reçue en héritage au début de
l'évolution. L'humain qui aurait ressenti de
cette façon le sort de l'humanité pouvait
alors lever les yeux vers le mont du Golgotha
et y voir un symbole historique extérieur : le
corps de Jésus, le représentant de l'humanité
agonisant ; et il pouvait puiser dans la
Résurrection l'espérance qu'une impulsion
nouvelle n'abandonnerait pas l'humanité sur la
Terre, mais continuerait de la guider ; une
impulsion qui ne pouvait naître de ce que
jusqu'alors la Terre avait pu donner aux
humains. L'humanité devait lever les yeux vers
ce que la Terre ne pouvait pas donner, et
ressentir devant le Golgotha que l'événement
qui s'y déroulait, c'était la possibilité d'un
prolongement de l'évolution. Lever les yeux
vers le nouvel influx qui pénétrait dans
l'évolution terrestre, voilà ce que devait -
ce qu'aurait dû faire celui qui, à ce moment,
aurait perçu en profondeur ce qui se passait
intérieurement dans l'évolution humaine. C'est
cela qui s'était passé, c'est là le sens de ce
qui s'est passé. A-t-on compris plus ou moins
le sens de cet événement, c'est l'affaire de
l'histoire extérieure. Ce qui est essentiel
pour le christianisme, c'est que ce soit
arrivé, que cela se soit passé comme fait
objectif. Le christianisme n'est pas une
doctrine, c'est la perception de/la façon de
voir cet événement objectif qui s'est joué
dans l'évolution de la terre.
14
Nous voyons ensuite cette perception, cette
vision du christianisme se répandre de façon
étrange. J'ai récemment développé ce fait d'un
autre point de vue. Nous allons aujourd'hui
considérer seulement comment cette conception
de/façon de voir l'impulsion du Christ,
intervenant dans l'évolution, se répand dans
les pays judaïques, dans le paganisme grec et
romain. Lorsqu'on étudie d'un esprit sans
prévention la marche de l'histoire, on ne peut
éviter de se dire : oui, le christianisme n'a
certainement pas pris vraiment racine dans le
judaïsme, ni dans l'hellénisme, bien que les
Évangiles aient été rédigés sur son terrain,
et moins encore dans le romanisme de l'Empire
romain. Il vous suffit de prendre le
catholicisme - ce qui nous reste du
christianisme - qui s'est développé à partir
de l'Empire romain, il vous suffit de prendre
dans ce catholicisme romain l'offrande de la
messe, qui est certes, à sa manière, une chose
grande et puissante, et vous verrez quelle
étrange signification est à la base
précisément de la diffusion de la
conception/façon de voir chrétienne à travers
le vieil Empire mondial romain.
15
Qu'est-ce au fond que la messe ? Avec son
caractère grandiose, dans sa grandeur
incomparable, la messe, et avec elle d'autres
cérémonies de l’Église catholique, a son
origine justement dans les anciens Mystères
païens. Dès que vous considérez le rituel
catholique et que vous le comprenez comme il
convient, vous voyez réapparaître le chemin
initiatique des anciens Mystères païens. Les
principaux moments de la messe : annonce,
offertoire, transsubstantiation, communion
représentent le chemin de celui qui devait
être initié aux anciens Mystères païens, II
fallait que l'impulsion du Christ revête les
formes de l'ancien Mystère païen pour se
répandre à travers les territoires de l'Empire
mondial romain. Dans « Le christianisme et les
Mystères » (1), vous pouvez lire comment ce
qui a été vécu dans la compréhension du Christ
Jésus se présentait à ceux qui étaient
familiarisés avec les résultats de
l'initiation dans les Mystères païens. Ce
livre expose comment a été visible sur le
Golgotha, sur la scène de l'histoire, ce qui,
habituellement, avait toujours été présenté
sur un autre plan : l'expérience d'un seul
être humain dans les profondeurs mystérieuses
de l'initiation mystérique. Nous voyons ainsi
le mystère du christianisme revêtu du rite
païen lorsqu'il se répand dans les pays
civilisés de la quatrième époque
post-atlantéenne, que nous appelons
gréco-latine. L'idée que l'on a de l'impulsion
du Christ continue de vivre dans le rituel,
dans le sacrifice de la messe. Et au fond,
elle vit encore aujourd'hui dans ce sacrifice
de la messe catholique. Car un vrai
catholique, c'est celui qui ressent tout le
mystère du Christ Jésus lorsqu'à l'autel
l'hostie est élevée, le pain qui se transforme
en le corps du Christ. Dans cet acte rituel,
le véritable catholique, ressentant la forme
païenne du christianisme, ressent ce qu'il
doit éprouver. Il n'y a pas là un rapport
immédiat avec le Christ Jésus, mais là est un
rapport par lequel est cherché à s'approcher
de/pénétrer à l'humain par la forme du rite
païen.
16
Le christianisme apparaît en tout autre
manière, intimement humaine, quand même en
premier en ce que, provenant des pays
civilisés du Sud, qui lui ont donné le
vêtement du paganisme ou du judaïsme, il se
répand parmi les barbares du Nord. Pour cette
raison, ces barbares nordiques prennent tout
d'abord vis-à-vis du christianisme une
attitude par laquelle ils le reçoivent sous
une forme beaucoup plus primitive. Et durant
un long délai, ces barbares nordiques seront
Ariens ; c'est-à-dire qu'ils négligeront les
représentations complexes qui sont tout
simplement incarnées dans le rituel païen ;
ils se représenteront le Christ Jésus comme
une sorte d'humain idéal, comme un être humain
idéalisé, élevé au plan du divin, comme le
premier frère de l'humanité, mais quand même
le frère de l'humanité. La question de savoir
quel est le rapport entre le Christ et quelque
dieu inconnu ne les intéresse pas ; ce qui par
contre les intéresse beaucoup, c'est de savoir
quel rapport la nature humaine, a avec la
nature-Christ, quel lien peut avoir le cœur
humain, la sensibilité/l'âme tranquille
humaine avec l'humain idéal
Jésus-Christ/Christ-Jésus. Et ceci vient se
combiner/rattacher avec les conceptions/façons
de voir la structures extérieure, humaine,
sociétale. Le Christ devient alors un roi
particulier, le chef particulier d'un peuple.
Comme on s'est représenté que l'on suit un
guide en qui l'on a confiance, on veut suivre
le Christ Jésus, comme le guide auguste. Il se
produit alors ce que l'on peut appeler la
recherche d'un rapport personnel avec le
Christ Jésus, par contraste avec le rapport
complexe que peut seule exprimer la
réalisation imaginative du rituel que l'on a
acquise dans le Sud.
17
Par quoi cela se passe-il ? Oui, ces peuples
barbares parmi lesquels se répand le
christianisme gagnant le Nord, sont le germe
de la cinquième époque post-atlantéenne.
Seulement, au moment où les humains de la
quatrième époque ont atteint déjà une
élévation relative, ils ne sont pas encore
tout à fait devenus des humains. Dans leur
être primitif, ils accueillent encore ce
qu'une humanité hautement évoluée ne peut
recevoir que sous la forme des imaginations
réalisées dans le rituel Dans les cœurs, dans
les sensibilités des barbares pénètre sous une
forme intime, personnelle, ce qui dans le Sud,
où la nature humaine s'est surpassée pour
atteindre une haute spiritualité, n'a pu être
reçu que sous une forme paganisée.
18
Nous voyons donc le germe de l'impulsion du
Christ se déposer de façon tout à fait
différente dans les cœurs des humains du Sud,
et dans ceux des barbares nordiques. Les cœurs
de ces derniers sont infiniment moins mûrs que
ceux des peuples du Sud, et c'est dans cette
immaturité que plonge l'impulsion du Christ.
Un fait singulier se produit : dans tout le
Sud, par le judaïsme christianisé,
l'hellénisme christianisé, le romanisme
christianisé, le christianisme prend vie sous
une forme où la représentation du Christ,
modelée selon les anciennes expériences de
l'âme, s'interpose devant l'impulsion du
Christ qui s'approche de l'humanité. Car ces
humains du passé avaient une vie de l'âme
pleine de sens, et en un certain sens
développée de façon grandiose. Les barbares du
Nord avaient une vie intérieure primitive,
simple, familiarisée seulement avec les
réalités les plus accessibles, avec les
rapports personnels les plus proches d'humain
à humain . Et c'est sur le terrain de ces
liens personnels qu'afflue l'impulsion du
Christ. Ces humains n'avaient aucune
représentation d'une connaissance scientifique
comme les Grecs avaient développé, ni d'une
vue politique de la structure de l’État que
les Romains avaient développé. Rien de tout
cela n'existait chez les barbares du Nord.
Nous dirions que la vie de leurs
représentations était libre. Ils ne pouvaient
pas penser beaucoup. Ils pouvaient chasser,
faire la guerre, ils savaient un peu cultiver
la terre, ils savaient encore d'autres choses
- il vous suffit de lire ce qu'on en dit ;
mais ils n'avaient cultivé aucune science.
L'impulsion du Christ ne trouvait rien devant
elle ; elle pouvait se présenter à eux telle
qu'elle était. C'est pourquoi l'on peut dire
ceci : l'impulsion du Christ, lorsqu'elle
parvint aux humains du Sud, dut faire halte
devant la vie des représentations qu'ils lui
opposaient. Ces humains du Sud dressèrent une
porte : c'est par là que tu dois d'abord
passer, dirent-ils au Christ. Et cette porte
était encore faite des anciennes
représentations traditionnelles. Les barbares
nordiques n'avaient pas cette porte ; l'entrée
s'ouvrait toute grande à l'impulsion du Christ
qui y pénétra. Entre le peuple ou les peuples
qui menaient la vie des barbares nordiques
vers lesquels vint le Christ, et Jésus
lui-même, l'humain individuel vers lequel vint
le Christ, il n'y avait qu'une différence
graduelle. En Palestine, le Christ est venu
vers l'humain individuel Jésus. Alors
l'impulsion s'élargit sur las pays du sud.à
était partout la porte de la vie de
représentation, là il ne pouvait entrer ainsi,
comme il pu dans l'humain particulier Jésus.
Comme l'impulsion du Christ vint aux barbares
nordiques, là elle ne put toutefois pas entrer
dans l'humain particulier partout- ils
n'étaient pas des Jésus- mais elle put
pénétrer dans les âmes des peuples ; celles-ci
s'ouvrirent au Christ dans une certaine
relation. Et entre ces âmes des peuples et le
Christ, un processus se déroula, analogue à ce
qui s'était accompli entre le Jésus et le
Christ.
19
C'est là le secret intérieur du cheminement du
christianisme à travers les pays du Sud
jusqu'aux barbares nordiques. Mais ceux-ci
n'étaient vraiment pas très évolués. Et bien
que le Christ ait pu pénétrer en eux, les
demeures dans lesquelles il entrait là
n'étaient pas très aristocratiques ; elles
hébergeaient des représentations primitives,
très primitives. J'aimerais dire ceci : comme
sous le voile de l'évolution du monde se
déploya tout d'abord ce qui était hautement
évolué dans le Sud, mais au niveau
correspondant ä une phase antérieure. Ce qui
était éminemment développé dans le Sud durant
la quatrième période post-atlantéenne,
l'époque gréco-latine, était encore tout
embryonnaire dans le Nord, et en attente. Et
l'on peut dire ceci : nous savons que la
quatrième étape de civilisation
post-atlantéenne a duré de 747 avant le
Mystère du Golgotha jusqu'en l'an 1413 de
notre ère, que nous vivons maintenant dans la
cinquième. Si l'on prend un point quelconque
de la quatrième étape post-atlantéenne, disons
un point du 5e siècle avant l'événement du
Golgotha, l'évolution était très avancée dans
les pays gréco-latins, chez les barbares
nordiques elle était très retardée, elle
attendait que se poursuive son développement,
et parvint au même point beaucoup plus tard.
C'est-à-dire qu'au Nord, on se trouva, bien
qu'à une phase plus avancée, au même point
qu'on avait atteint plus tôt dans le Sud. Il
est important de considérer cela. Car c'est
seulement en l'envisageant que l'on découvre
comment prend forme sur la Terre l'évolution
intérieure, l'épanouissement intérieur de la
vie humaine.
20
Que l'on songe seulement à quelle élévation
avait atteint cette culture gréco-latine à
l'époque où dans son champ se leva le grand
humain - car on ne peut pas purement le nommer
un philosophe -, Platon, Platon et son humaine
âme tranquille tournée vers en haut, vers les
idées. Ce ne sont pas les idées abstraites
dont on parle aujourd'hui à tort et à travers,
ce sont des êtres spirituels vers lesquels
Platon élevait le regard lorsqu'il parlait
d'idées. Celui qui connaît vraiment Platon
sait à quelle hauteur avait atteint cette
culture gréco-latine de la quatrième période
post-atlantéenne. A l'époque où sur le terrain
de l'hellénisme Platon prit la première place,
la culture des barbares nordiques avait à
faire encore bien des efforts jusqu'à ce
qu'elle produise, tiré de sa propre chair et
de son propre sang, mais cette fois pour la
cinquième époque post-atlantéenne, ce qu'avait
produit l'hellénisme au temps de Platon.
21
Quand la nature des barbares nordiques,
puisant dans sa propre chair et dans son
propre sang, a-t-elle atteint par son travail
la hauteur où se trouvait déjà Platon à une
époque antérieure ? Ce fut à l'époque de
Goethe. Ce que fut le platonisme dans la
culture grecque, le goethéanisme l'est pour la
cinquième époque post-atlantéenne. Combien
d'années faut-il pour faire une période de
civilisation ? Vous le savez, en additionnant
les 1 413 années d'après le Mystère du
Golgotha et les 747 années qui les
précédèrent, et qui constituent une période de
civilisation ; ce sont donc 2 160 ans, un peu
plus de 2 000 ans. C'est aussi à peu près le
temps écoulé entre Platon et Goethe ; c'est la
durée d'une époque de civilisation, mais
décalée, qui les sépare.
22
Ce qui nous apparaît chez Platon brille d'une
lumière grandiose au sein de la civilisation
antique. Ce qui nous apparaît réside dans les
paroles par lesquelles sa philosophie s'élève
jusqu'à une ferveur sacrée lorsqu'il dit :
Dieu est le bien où il pressent qu'il faut
rattacher à l'ordre moral de l'univers la
vision de la nature conforme aux idées ; le
divin est le bien. A ce moment, l'attente du
christianisme pénètre dans l'hellénisme.
23
Et par là, nous indiquons comment, dans le
monde nordique, Goethe apporte une attente,
l'attente d'un renouvellement du
christianisme. Comment pourrait-on voir l'être
intérieur de Goethe autrement que portant une
attente, celle d'une compréhension nouvelle du
Mystère du Golgotha ? Le petit garçon Goethe,
à sept ans, est encore un païen devant la
nature, il répète son hellénisme. Il prend un
pupitre à musique, y pose toutes sortes de
pierres et de roches, représentants de ce qui
se passe dans la nature, allume en haut du
pupitre une bougie par contact direct avec la
lumière du soleil captée à l'aide d'une
lentille, pour célébrer un sacrifice au grand
dieu de la nature. C'est uniquement par
vénération de la nature ; rien du Christ Jésus
ne s'y trouve. Ce qui vit là, c'est le dieu
qui peut être perçu dans la nature. Et Goethe
est sincère dans ses fibres les plus intimes.
Il ne confesse pas extérieurement une divinité
quelconque, un être divin quelconque auquel il
ne puisse pas s'unir intérieurement en vérité.
Accepter la représentation de Dieu qu'un
prêtre formule, il ne peut pas le faire ;
apprendre extérieurement ce qui ne jaillit pas
du fond de son âme, il ne peut pas le faire.
En 1780 encore, ce qui jaillit de son être
intime, c'est cet hymne en prose à la nature
qui dit : « Nature, elle nous entoure et nous
enlace. Sans nous prier ni avertir, elle nous
fait entrer dans sa ronde, et nous entraîne
dans sa danse, jusqu'à ce que lassés nous
tombions de ses bras... Tout est nature. Le
plus contre-nature aussi est nature. Le
pompiérisme/la philistinerie la plus grande a
aussi quelque chose de son génie... Elle m'a
conduit dans le monde ... elle ne haïra pas
son œuvre. Tout est sa faute, et tout est son
mérite (I) I »
24
C'est du plus intime de son être que jaillit
cette vision, parce que Goethe la recherche
avec l'honnêteté qui doit être celle d'un
représentant de l'humanité de son niveau, où
il n'y a rien de chrétien, Dans tout l'hymne
en prose « La Nature », vous trouvez un
merveilleux attachement tourné vers Dieu,
presque celui du petit garçon de sept ans qui
avait construit un autel païen avec les
produits de la nature, mais où il n'y avait
rien de chrétien. Car Goethe est le
représentant sincère de la cinquième époque
postatlantéenne, qui est pour lui le temps de
l'attente. Mais qu'on ne puisse en rester au
paganisme, cela s'exprime chez lui d'une part
par la grandiose conception de la nature qu'il
élabore scientifiquement, celle que
manifestent sa morphologie, sa théorie des
couleurs ; et aussi, d'autre part, le fait
qu'il lui faut dépasser cette conception de la
nature, ce paganisme. Prenez de ce point de
vue l'impulsion la plus intime du « Faust »,
prenez notamment ce qu'il a exprimé par les
secrets que recèle le « Conte du Serpent vert
et de la belle Lilia» ., cette renaissance de
l'humain qu'exprime le Conte, et essayez de ne
pas rester superficiels, et de pénétrer
jusqu'à ce qui vivait dans l'esprit de Goethe
; vous en viendrez alors à penser : ici vit
dans une âme une nouvelle impulsion
christique, une nouvelle impulsion de
métamorphose de l'humanité telle qu'elle s'est
accomplie par le Mystère du Golgotha, une
aspiration à une nouvelle compréhension de ce
Mystère du Golgotha. Car tout le « Conte du
Serpent vert et de la belle Lilia » respire
une atmosphère d'attente.
25
Là où se trouve Platon au sein de
l'hellénisme, Goethe prend place au sein de la
cinquième époque post-atlantéenne. La question
: où est Goethe ? nous conduit à répondre :
comme Platon, par sa définition du divin qui
est le bien, indiquait ce qu'est le Mystère du
Golgotha pour que le comprenne la 4e époque
post-adantéenne. Goethe, par les paroles qui
résonnent dans le « Conte », indique ce qui
conduit à une nouvelle compréhension de ce
Mystère du Golgotha telle qu'elle doit venir.
Voilà la réponse à la question : où est Goethe
?
26
Comment se représenter l'histoire humaine
pénétrée d'esprit jusqu'à l'époque la plus
récente ? La conception extérieure de
l'histoire, celle qui ne fait qu'énumérer les
humains et les événements, ne dit en fait rien
qui puisse vraiment saisir l'être intérieur de
l'humain. Mais si l'on porte le regard sur la
substance intérieure de ce qui se passe, si
l'on voit que Goethe se tient au même point de
la cinquième époque post-atlantéenne où Platon
se trouvait pour la quatrième, alors se révèle
l'onde spirituelle qui passe à travers le
monde jusqu'aux jours les plus récents. En ces
temps les plus récents, l'histoire est
ordinairement, pour l'humanité actuelle,
conçue sous la forme la moins spirituelle. Le
goethéanisme est aussi une attitude d'attente
tournée vers une compréhension nouvelle du
Mystère du Golgotha.
27
On ne parvient pas à comprendre ce qui s'est
passé au tournant du 18e au 19e siècle sinon
en essayant de pénétrer par cette voie
jusqu'au cœur du devenir de l'humanité.
Quelqu'un peut éveiller dans le cœur des
humains plus d'une représentation édifiante en
s'efforçant de ressusciter certaines
impressions que l'on éveillait dans le vieux
monde païen lorsque, disons, on élevait son
regard jusqu'à l'idée de la grande Isis des
Égyptiens. Mais au temps de Platon aussi,
certes, la représentation de l'Isis
égyptienne, de l'impulsion qui agit à travers
la nature entière, a été perçue par les
humains. Si nous entendons aujourd'hui parler
d'Isis sans ressusciter de toutes nos forces
ce que les humains de ce temps ont ressenti,
alors nous en restons à des mots. L'humain
honnête voit qu'on en reste à des mots. Si
l'on ne se grise pas de sonorités, on en reste
aux mots ; cela ne saisit pas le cœur. Que
peut faire l'humain moderne lorsqu'il veut
éveiller en son cœur les mêmes représentations
qui, dans l'Antiquité, étaient éveillées dans
le cœur humain lorsqu'on parlait d'Isis ? Ce
qu'il peut faire, c'est laisser agir sur lui
l'hymne en prose de Goethe. Car là, on y parle
à l'humanité moderne comme on parlait à
l'humanité d'autrefois lorsqu'on lui parlait
d'Isis. C'est là aussi que résonne directement
ce qui, provenant des profondeurs mystérieuses
de l'univers, a résonné lorsqu'on parlait
d'Isis à l'humain du passé.
28
Et songeons un peu au tort que nous faisons à
l'évolution du monde, au tort que nous faisons
à notre propre cœur lorsque nous ne voulons
pas entendre, lorsque nous préférons nous
transporter tout extérieurement, parce que la
chose porte le nimbe du passé, dans la manière
dont on a parlé d'Isis aux humains
d'autrefois. Lorsqu'on leur parlait d'Isis, un
antique secret sacré résonnait à leurs
oreilles. Et la langue de notre époque peut
parler de ce même secret tel qu'il sortait des
lèvres des prêtres égyptiens lorsqu'ils
chantaient Isis. Il ne faut pas méconnaître la
profondeur qui règne parfois dans la vie
spirituelle moderne. Et nous nous sentirons
alors vraiment des humains si notre
sensibilité ne se banalise pas, si le sacré
résonne à nos oreilles comme il veut le faire
de par la nouvelle impulsion qui anime
l'histoire. Ensuite, en nous préparant, en
païens en quelque sorte, à l'aide de l'hymne
en prose à la nature, nous pourrons, avec tous
les élargissements de l'âme qui peuvent nous
gagner, avec tous les approfondissements de
l'âme dont nous ferons l'expérience en
nous-mêmes, avec toutes les élévations de
l'âme qui nous deviendront sensibles, nous
pourrons nous plonger dans plus d'une scène du
« Faust » ou dans le « Conte du Serpent vert
et de la belle Lilia », où nous trouvons
exprimée l'attente d'une nouvelle
compréhension du Mystère du Golgotha chez le
plus moderne de tous les humains.
29
C'est là ce que je voulais esquisser pour vous
d'une rencontre avec Goethe et le goethéanisme
; non pas une rencontre comme elles sont
souvent une rencontre qui situe l'esprit de
Goethe dans le cours tout entier de
l'évolution humaine, en vue de la
compréhension de l'époque immédiatement
présente, en vue de fortifier les impulsions
dont nous avons besoin pour prendre vraiment
place dans le présent et dans le proche
avenir, cette place que nous devons occuper
non pas en dormant, comme je l'ai souvent
souligné, mais en veillant, si nous ne voulons
pas pécher contre la marche de l'évolution
humaine. De cela alors demain plus avant.
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