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Collection/Sammlung: 083 - CONGRES OUEST - EST



QUATRIÈME CONFÉRENCE

ANTHROPOSOPHIE ET ÉVOLUTION DU MONDE

Du point de vue géographique

Vienne, le 4 juin 1922
VIERTER VORTRAG

ANTHROPOSOPHIE UND WELTENTWICKELUNG

Wien, 4. Juni 1922

 


 

Les références Rudolf Steiner Œuvres complètes ga 083 108-134 (1981) 04/06/1922


Original





Traducteur: FG v.01 03/03/2022 Editeur: SITE

Mes très chers présents ! De même que l'on peut décrire les conditions de la terre selon le principe d'une géographie physique, de même les impulsions spirituelles qui agissent sur la terre et qui ont déjà été plus ou moins caractérisées dans ces conférences peuvent être décrites dans une sorte de géographie spirituelle - en particulier l'interaction des impulsions orientales et occidentales de la vie spirituelle de l'humanité avec toutes leurs différentes différenciations. Ce qui doit être dit aujourd'hui dans cette intention ne peut toutefois être qu'esquissé ; mais il s'agit aussi plus de trouver un point de vue particulier pour certaines choses qui ont déjà été caractérisées ici que de faire une description tout à fait détaillée.

01

Meine sehr verehrten Anwesenden! Wie man die Verhältnisse der Erde schildern kann nach dem Prinzip einer physischen Geographie, so lassen sich wohl auch die in diesen Vorträgen schon mehr oder weniger charakterisierten geistigen Impulse, die über die Erde hin wirken, in einer Art geistiger Geographie schildern - insbesondere das Zusammenwirken der östlichen und westlichen Impulse des geistigen Lebens der Menschheit mit all ihren verschiedenen Differenzierungen. Was in dieser Absicht heute gesagt werden soll, kann allerdings nur ganz skizzenhaft geschehen; aber es handelt sich auch mehr darum, einen besonderen Gesichtspunkt für mancherlei zu finden, was hier schon charakterisiert worden ist, als um eine ganz eingehende Schilderung.

Lorsqu'il est regardé vers l'Orient - dont le rapport avec l'Occident est si souvent évoqué par l'expression symbolique selon laquelle la lumière vient de l'Orient -, alors l'humain occidental, l'humain de la civilisation moderne en général, a quand même l'impression d'une vie de l'esprit onirique. Par rapport à l'habitude de la vie de l'esprit moderne à des concepts aux contours nets et précis, à des concepts qui s'appuient étroitement sur ce qui peut devenir une observation extérieure, les représentations de l'Orient, souvent mobiles, fluctuantes, qui ne s'appuient pas aussi directement sur des éléments extérieurs aux contours nets, ont l'air d'un rêve.

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Wenn nach dem Osten geschaut wird - von dessen Verhältnis zum Westen so häufig das symbolische Wort gebraucht wird, das Licht komme aus dem Osten -, dann erhält der westliche Mensch, der Mensch der neueren Zivilisation überhaupt, doch den Eindruck eines traumhaften Geisteslebens. Gegenüber der Gewöhnung des modernen Geisteslebens an scharfumrissene, scharfkonturierte Begriffe, an Begriffe, die sich eng anlehnen an das, was äußerliche Beobachtung werden kann, nehmen sich die vielfach beweglichen, fluktuierenden, nicht so unmittelbar an Äußerliches in scharfen Konturen sich anlehnenden Vorstellungen des Ostens traumhaft aus.

Il faut dire que c'est à partir de cette vie de l'esprit onirique, qui s'est exprimée dans les poèmes les plus magnifiques, dans les Vedas, que se sont développés les concepts pointus d'une philosophie globale, comme la philosophie du Vedanta ; des concepts qui ne sont pas obtenus par la comparaison de faits extérieurs, par l'analyse ; des concepts qui sont nés, je dirais, de la vie de l'esprit vécue intérieurement, saisie intérieurement.

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Wobei man allerdings sagen muß, daß aus diesem traumhaften Geistesleben, das sich ja in den herrlichsten Dichtungen, in den Veden, ausgelebt hat, wiederum die scharfen Begriffe einer umfassenden Philosophie, etwa der Vedantaphilosophie, sich entwickelt haben; Begriffe, die nicht gewonnen sind durch Vergleich äußerer Tatsachen, durch Analyse; Begriffe, die, ich möchte sagen, herausgeboren sind aus dem innerlich erlebten, innerlich ergriffenen Geistesleben.

Mais lorsque cette vie de l'esprit onirique agit sur nous, lorsque nous nous adonnons à cette vie de l'esprit avec un certain amour intérieur et que nous ne faisons tout d'abord pas attention au fait qu'elle soit très différente de la nôtre, nous recevons quand même une impression singulière. En effet, on ne peut pas s'arrêter à cette vie de l'esprit si on, aimerais-je dire, la laisse agir sur son âme dans ses différentes configurations. On ne peut pas simplement absorber les représentations, les idées que l'on y reçoit. En recevant de telles représentations, de telles idées, que ce soit de la poésie, de la philosophie de l'Orient, ou des formes de cette poésie, de cette philosophie, qui, devenues vieilles, se sont maintenues en Orient jusqu'à aujourd'hui, alors on reçoit un besoin spirituel intérieur d'aller au-delà de ces images, de ces idées, de ces représentations ; et quelque chose apparaît alors devant le coup d'œil de l'âme. Nous ne pouvons souvent pas faire autrement, lorsqu'une telle idée orientale surgit du rapport de comment l'humain s'approche du mystère et de la création mystérieuse de la nature et du monde, nous ne pouvons pas faire autrement, lorsque nous laissons cette image agir sur nous, que de laisser grandir devant nous en esprit ce qui est également le symbole d'une telle notion en Orient : la fleur de lotus, comme elle enroule ses feuilles autour de ce qui doit être mystérieusement caché. Et si nous nous plongeons avec un peu d'amour dans les concepts aux multiples mouvements, dans les concepts qui sont plus aptes à toucher délicatement les choses extérieures et à les entourer comme d'un souffle de brume qu'à les saisir dans des contours précis, nous ne pouvons pas nous empêcher de nous plonger dans les ramifications de ces concepts, dans cet enchevêtrement, que de voir surgir devant notre âme toute la végétation de l'Orient qui s'enchevêtre et se ramifie, ainsi que tout ce qu'alors la main humaine, l'esprit humain et la culture ont ensuite produit à partir de pierres et d'autres produits du travail dans le sens de ces concepts qui s'écoulent et se ramifient.

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Wenn dieses traumhafte Geistesleben aber auf uns wirkt, wenn wir uns mit einer gewissen inneren Liebe diesem Geistesleben hingeben und zunächst nicht darauf achten, wie sehr es von dem unsrigen verschieden ist, dann bekommen wir doch einen eigentümlichen Eindruck. Man kann nämlich bei diesem Geistesleben, wenn man es, ich möchte sagen, in seinen verschiedenen Konfigurationen in der Breite auf seine Seele wirken läßt, nicht stehenbleiben. Man kann nicht Vorstellungen, Ideen, die man da empfängt, einfach aufnehmen. Indem man solche Vorstellungen, solche Ideen empfängt, sei es aus der Dichtung, sei es aus der Philosophie des Ostens, auch aus den Gestaltungen dieser Dichtung, dieser Philosophie, die sich als altgewordene im Orient bis heute erhalten haben, dann bekommt man ein inneres geistiges Bedürfnis, über diese Bilder, über diese Ideen, über diese Vorstellungen hinauszugehen; und es taucht vor dem Seelenblick dann etwas auf. Wir können oftmals gar nicht anders, wenn solch eine orientalische Idee auftaucht von dem Verhältnis, wie sich der Mensch nähert dem Geheimnis und dem geheimnisvollen Schaffen der Natur und der Welt, wir können nicht anders, wenn wir dieses Bild auf uns wirken lassen, als vor uns im Geiste das erwachsen zu lassen, was auch dem Orient Symbolum ist für einen solchen Begriff: die Lotusblume, wie sie ihre Blätter herumschlingt um das, was geheimnisvoll verborgen sein soll. Und wenn wir uns mit einiger Liebe hineinversenken in die vielfach beweglichen Begriffe, in die Begriffe, welche mehr geeignet sind, die äußeren Dinge zart zu berühren und wie mit einem Nebelhauch zu umgeben, als sie in scharfen Konturen zu fassen, können wir nicht anders, wenn wir uns in die Verzweigungen dieser Begriffe, in dieses sich Verschlingende hineinversetzen, als vor unserer Seele auftauchen zu sehen die ganze sich verschlingende, verästelnde Vegetation des Orients und auch alles das, was dann die menschliche Hand, der menschliche Geist und die Kultur aus Steinen und anderen Arbeitsprodukten hervorgebracht hat im Sinne dieser verfließenden, sich verzweigenden Begriffe.

On a la permission de dire que l'âme ne peut pas faire autrement, lorsqu'elle s'approfondit dans ces représentations, dans ces concepts, que de voir se lever devant elle une nature qui, dans sa vie, dans toute sa diversité, dans son activité pleine de fantaisie, est semblable à ce que l'âme vit dans les concepts, dans les représentations de cette création de l'esprit orientale.

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Man darf sagen: die Seele kann gar nicht anders, wenn sie sich in diese Vorstellungen, in diese Begriffe vertieft, als vor sich eine Natur aufgehen zu sehen, die in ihrem Leben, in ihrer ganzen Mannigfaltigkeit, in ihrem phantasievollen Wirken dem ähnlich ist, was von der Seele in den Begriffen, in den Vorstellungen dieses orientalischen Geistesschaffens erlebt wird.

Il ne me semble pas qu'il y ait une raison extérieure pour passer de cette création de l'esprit à une "observation fidèle de la nature", mais il me semble que dans les représentations et les concepts orientaux eux-mêmes se trouvent les impulsions pour ne pas simplement les accepter, mais pour les appliquer au monde extérieur. Et si les Européens ont peut-être le sentiment que tout cela ne peut pas être appliqué au monde extérieur, précisément à cause de son caractère flou et souvent fantastique, alors on peut se demander : oui, comment peut-on suivre, avec des concepts aux contours précis, les formations nuageuses fluctuantes, qui apparaissent rapidement sous les formes les plus diverses ? Mais il faut aussi suivre de telles formes en ce qui concerne la création de la nature, si l'on veut observer cette création dans sa manifestation immédiate telle qu'elle se présente aux sens humains et à l'âme humaine.

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Mir scheint kein äußerer Anlaß vorhanden zu sein, von diesem Geistesschaffen zu einer «getreulichen Naturbeobachtung» überzugehen, sondern es scheint mir, daß in den orientalischen Vorstellungen und Begriffen selber die Impulse liegen dafür, sie nicht einfach hinzunehmen, sondern sie anzuwenden auf die äußere Welt. Und wenn vielleicht die Europäer das Gefühl haben: das läßt sich nicht alles auf die äußere Welt anwenden — eben wegen seiner Verschwommenheit, wegen seines ihnen oftmals phantastisch erscheinenden Charakters -, dann darf man fragen: Ja, wie soll man denn mit scharfkonturierten Begriffen den fluktuierenden, in den mannigfaltigsten Formen schnell wechselnd erscheinenden Wolkengebilden folgen? Solchen Gebilden aber muß man auch folgen in bezug auf das Schaffen der Natur, wenn man dieses Schaffen im unmittelbaren Offenbaren, wie es sich hinstellt vor die menschlichen Sinne und die menschliche Seele, beobachten will.

Pourquoi en est-il ainsi ? Il me semble qu'il ne peut y avoir d'autre raison que le fait que, dans ce qui nous parvient de cette création spirituelle orientale, vit un élément à partir duquel il fut jadis directement/immédiatement créé.

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Warum ist dies so? Mir scheint, es kann keinen anderen Grund dafür geben als den, daß einfach in dem, was da von diesem östlichen Geistesschaffen zu uns herübertönt, ein Element lebt, aus dem es einstmals unmittelbar geschaffen wurde.

À l'époque où l'Oriental formait précisément ce qu'il y avait de plus grandiose dans sa vision du monde, qui s'est ensuite souvent transmise à ses descendants dans un état décadent, l'Orient créait tout avec un amour dévoué. L'amour vit dans chacune de ses idées, dans chacun de ses concepts et de ses images, et nous ressentons l'amour dans ces idées, dans ces concepts et dans ces images. L'amour veut s'écouler dans les objets. Et il s'écoule de manière conforme à la nature et fait apparaître comme par magie devant les yeux de notre âme ce que l'Oriental représentait aussi par des symboles - avec une compréhension intime de maintes choses suprasensibles - lorsqu'il voulait représenter ce qu'il éprouvait comme spirituel dans les choses. Bien entendu, il ne s'agit pas d'affirmer qu'une telle configuration d'esprit, répandue sur toute la terre, puisse être une pleine bénédiction pour l'évolution mondiale. Mais puisqu'elle est apparue une fois en un point du globe et qu'elle a souvent répandu ses effets sur d'autres régions de la vie terrestre, elle doit être envisagée sans préjugé, précisément à une époque où l'entente entre les humains doit être établie.

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In der Zeit, als der Orientale gerade das Großartigste seiner Weltanschauung ausbildete, das sich dann auf die Nachkommen vielfach in dekadentem Zustand übertragen hat, schuf der Osten alles mit hingebender Liebe. In jeder seiner Ideen, in jedem seiner Begriffe und seiner Bilder lebt die Liebe, und die Liebe verspüren wir in diesen Ideen, in diesen Begriffen und Bildern. Die Liebe will. ausfließen in die Objekte. Und sie fließt naturgemäßerweise aus und zaubert das vor unser Seelenauge hin, was der Orientale auch an Symbolen hinstellte - mit innigem Verständnis von manchem, was übersinnlich wirkt -, wenn er hinstellen wollte, was er als Geistiges in den Dingen empfand. Selbstverständlich soll damit nicht behauptet werden, daß eine solche Geisteskonfiguration, etwa über die ganze Erde ausgebreitet, der Weltentwickelung zum vollen Segen gereichen könne. Aber da sie einmal an einem Fleck der Erde aufgetaucht ist und vielfach ihre Wirkung ausgegossen hat über andere Gebiete des Erdenlebens, so muß sie eben gerade in einem Zeitalter, wo Verständigung unter den Menschen herbeigeführt werden soll, unbefangen ins Auge gefaßt werden.

Considérons au contraire ce qui s'est développé comme une vision particulière, certainement non moins justifiée, mais sous une forme tout à fait différente, plus orientée vers l'Occident - et nous vivons aussi beaucoup dans cet Occident à cet égard -. Nous y voyons comment on considère et doit considérer comme un idéal que l'on se retire de ce que les sens observent immédiatement, ce qui est étalé dans l'espace et dans le temps, et d'examiner ce que la nature offre, ce qui devrait conduire au mystère du monde, selon la position dans l'espace, le mouvement, la mesure et le poids, de découper ce qui se présente directement à l'œil, de le prendre sous le microscope et de se former alors des représentations qui ne peuvent justement se donner que sous le microscope.

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Stellen wir dagegen dasjenige, was ganz gewiß nicht mit minderer Berechtigung, aber in ganz anderer Gestalt, mehr nach dem Westen hin - und wir leben auch in dieser Beziehung durchaus vielfach in diesem Westen drinnen - als eine besondere Anschauung sich entwickelt hat. Da sehen wir, wie als ein Ideal betrachtet wird und betrachtet werden muß, daß man sich gerade zurückzieht vor dem, was unmittelbar die Sinne beobachten, was ausgebreitet da draußen im Raum und in der Zeit liegt, und daß man das, was die Natur darbietet, was zum Weltgeheimnis führen soll, nach räumlicher Lage, nach Bewegung, nach Maß und Gewicht prüft, daß man das, was sich unmittelbar dem Auge darstellt, zerschneidet, unter das Mikroskop nimmt und dann sich Vorstellungen bildet, die sich eben nur unter dem Mikroskop ergeben können.

Transposons-nous bien une fois dans nos laboratoires : comment sommes-nous alors équipés de ces concepts qui, au fond, sont obtenus tout à fait en dehors de l'observation immédiate. Comment observons-nous aujourd'hui la lumière qui traverse le monde ? Comment la considérons-nous avec des concepts déduits ? Il faut bien qu'il y en ait, sinon nous n'arriverions pas à une compréhension. Mais combien est éloigné ce que nous trouvons maintes fois enregistré dans notre création spirituelle de la lumière et des couleurs, de ce qui se présente à nous dans les forêts et les prés, dans les formations nuageuses, dans le soleil. Nous pouvons dire que ce que nous formons dans nos concepts aux contours précis, avec la balance, avec la règle, avec les types les plus divers d'appareils de comptage et ainsi de suite, ce qui nous conduit dans certaines profondeurs de l'existence de la nature et résout bien des énigmes, ne nous rapproche pas tout d'abord de l'observation immédiate de la nature. On peut bien dire que l'humain tourne son attention vers l'observation des sens et qu'il essaie ensuite de tirer sa vision du monde de l'observation des sens. Au fond, ce n'est pas du tout le cas. Ce que nous fondons comme vision scientifique du monde est très éloigné de ce que les sens observent.

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Versetzen wir uns nur einmal recht in unsere Laboratorien: wie wir dann ausgerüstet sind mit diesen Begriffen, die im Grunde genommen ganz abseits von der unmittelbaren Beobachtung gewonnen werden. Wie betrachten wir heute das durch die Welt flutende Licht! Wie betrachten wir es mit abgezogenen Begriffen! Sie müssen ja sein, sonst würden wir nicht zum Verständnis kommen. Aber wie weit ist das entfernt, was wir in unserem geistigen Schaffen von dem Licht und den Farben vielfach verzeichnet finden, von dem, was uns entgegentritt in Wald und Wiese, in Wolkengebilden, bei der Sonne. Wir können sagen, das, was wir ausbilden in unseren scharfkonturierten Begriffen mit der Waage, mit dem Maßstab, mit den verschiedensten Arten von Zählapparaten und so weiter, was uns in gewisse Untiefen des Naturdaseins hineinführt und manches Rätsel löst, das bringt uns zunächst nicht an die unmittelbare Naturbeobachtung heran. Man kann ut sagen, der Mensch wende seine Aufmerksamkeit der Sinnesbeobachtung zu und versuche dann, aus der Sinnesbeobachtung seine Weltanschauung zu gewinnen. Das ist ja im Grunde genommen gar nicht der Fall. Weit entfernt ist das, was wir als wissenschaftliche Weltanschauung begründen, von dem, was die Sinne beobachten.

En fait, nous devons dire que si nous fondons notre connaissance avec les outils de notre science, avec lesquels nous venons peut-être d'obtenir les plus beaux fruits de notre science de la nature actuelle, alors nous devons, si nous voulons à notre tour atteindre la nature, d'abord commuter quelque chose dans notre âme. Si nous sommes botanistes, si nous avons beaucoup observé au microscope, si nous avons appris à connaître la vie des cellules, si nous nous sommes fait des idées à partir de la façon atomisante d'aujourd'hui, alors nous devons commuter quelque chose dans notre âme pour à nouveau avoir de l'amour au monde végétal immédiat, florissant et verdoyant. Si nous nous sommes fait une représentation de science de la nature de l'édifice de l'animal et de l'humain, nous devons à nouveau commuter quelque chose en nous si nous voulons parvenir à l'observation directe/immédiate de la forme et de l'activité de l'animal, si nous devions nous réjouir de voir l'animal s'ébattre sur le pré, ou s'il tourne vers nous son regard mélancolique ou silencieux, ou s'il nous regarde avec confiance. Justement ainsi, nous devons changer quelque chose dans notre âme si nous voulons nous projeter dans ce que l'œil peut regarder, en dirigeant son regard vers la forme humaine, en suivant la configuration des surfaces avec un regard artistique et ainsi de suite. L'Oriental n'a pas besoin de commuter. Ce qu'il appelait sa science le conduisait, en ce qu'il le vivait imprégné/l'âme parcourue d'amour, dehors à la vision immédiate. Celle-ci était très immédiatement l'écho de ce qu'il vivait dans l'âme.

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Wir müssen eigentlich sagen: Wenn wir, mit dem Rüstzeug unserer Wissenschaft — mit dem wir vielleicht gerade die schönsten Früchte unserer gegenwärtigen Naturwissenschaft gewonnen haben — ausgestattet, unsere Erkenntnis begründen, dann müssen wir, wenn wir wiederum an die Natur herankommen wollen, erst etwas in unserer Seele umschalten. Sind wir Botaniker, haben wir viel mikroskopiert, haben wir das Leben der Zellen kennengelernt, haben wir uns Vorstellungen gemacht aus der atomisierenden Art von heute, dann müssen wir in der Seele etwas umschalten, um wiederum Liebe zu haben zu der unmittelbaren blühenden und grünenden Pflanzenwelt. Wir müssen, wenn wir uns eine naturwissenschaftliche Vorstellung gemacht haben vom Bau des Tieres und des Menschen, etwas in uns wiederum umschalten, wenn wir vordringen wöllen zur unmittelbaren Beobachtung der tierischen Gestalt und Tätigkeit, wenn wir uns freuen sollen, wie sich das Tier auf der Wiese tummelt, oder wenn es uns seinen melancholischen oder stieren Blick zuwendet oder uns zutraulich anschaut. Ebenso müssen wir etwas in unserer Seele umschalten, wenn wir uns hineinversetzen wollen in das, was das Auge schauen kann, indem es den Blick richtet auf die menschliche Gestalt, die Flächengestaltung verfolgt mit künstlerischem Blick und so weiter. Der Orientale braucht nicht umzuschalten. Das was er seine Wissenschaft nannte, führte ihn, indem er es von Liebe durchseelt erlebte, hinaus zu der unmittelbaren Anschauung. Die war ganz unmittelbar das Echo dessen, was er in der Seele erlebte.

Ce sont des différences d'humeur/d'ambiance dans la saisie du monde et de la vie en Orient et en Occident. Et ces différences d'ambiance interagissent de la manière la plus diverse chez l'humain du centre. Car dans ce que nous vivons dans notre âme scientifiquement, artistiquement et religieusement, afflue beaucoup de cette ambiance/atmosphère que je viens d'essayer de caractériser un peu comme celle qui souffle de l'Orient. Mais dans une autre relation, règne en nous quelque chose du vivre qui continue, qui est enflammé par cette scientificité que l'Occident a développée, qui est, j'aimerais dire, une scientificité et une connaissance jeunes par rapport à l'Orient devenu vieux. Et dans chaque âme de la civilisation médiane, ces deux courants affluent ensemble. Au fond, la vie qui nous entoure en Europe est une confluence, une confluence telle que nous avons aujourd'hui grand besoin de regarder avec une pleine compréhension ce qui conflue.

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Das sind Stimmungsunterschiede in der Welt- und Lebensauffassung in Ost und West. Und diese Stimmungsunterschiede wirken in dem Menschen der Mitte in der mannigfaltigsten Weise zusammen. Denn in dem, was wir in unserer Seele wissenschaftlich, künstlerisch, religiös erleben, da flutet vieles von jener Stimmung, die ich eben ein wenig zu charakterisieren versuchte als die aus dem Orient herüberwehende. In anderer Beziehung waltet aber in uns wiederum etwas von dem Weiterleben, das entzündet ist von jener Wissenschaftlichkeit, die der Westen ausgebildet hat, die, ich möchte sagen, eine junge Wissenschaftlichkeit und Erkenntnis ist gegenüber der altgewordenen des Ostens. Und in jeder Seele der mittleren Zivilisation fluten diese beiden Strömungen zusammen. Im Grunde genommen ist das Leben, das uns gerade in Europa umgibt, ein Zusammenfluten, ein solches Zusammenfluten, daß wir heute gar sehr nötig haben, mit vollem Verständnis hineinzuschauen in das, was da zusammenflutet.

On peut encore caractériser d'une autre manière la manière dont les atmosphères de l'Orient et de l'Occident se touchent dans notre vie actuelle de l'esprit.

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Man kann noch in anderer Weise charakterisieren, wie die Stimmungen des Ostens und des Westens einander in unserem gegenwärtigen Geistesleben berühren.

De ce qui vient d'être décrit pour l'Orient, il ressort une chose pour l'Oriental. En s'immergeant dans sa vie de l'esprit, il vit cette vie de l'esprit comme une réalité immédiate, il la porte immédiatement dans son âme comme la réalité qui lui est évidente. Alors la nature extérieure, et en général tout le monde extérieur jusqu'aux formations stellaires, lui apparaît comme un écho, qui est pourtant au fond la même chose que ce qu'il porte en son intérieur. Mais ce qui lui résonne là comme un écho, ce qui lui apparaît comme un reflet, il ne peut pas l'aborder comme une réalité dans le même sens qu'il peut aborder comme une réalité ce qu'il vit immédiatement dans son psychisme/ce qui lui est d'âme. Ce qu'il vit dans le psychisme, il y est lié, il en dit que c'est parce qu'il éprouve son être comme son propre être, parce qu'il sait donc quel genre d'être lui revient. S'il regarde au dehors, là où le reflet de cet étant brille vers lui, alors il sait à sa façon : cela n'a pas dans le même sens réalité, ce n'est pas réalité dans le même sens.

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Aus dem eben für den Osten Geschilderten geht für den Orientalen eines hervor. Indem er sich in sein Geistesleben einlebt, erlebt er dieses Geistesleben als unmittelbare Realität, er trägt es unmittelbar in seiner Seele als die ihm selbstverständliche Wirklichkeit. Dann erscheint ihm die äußere Natur, überhaupt die ganze äußere Welt bis zu den Sternengebilden hinauf, wie ein Echo, das aber im Grunde genommen dasselbe ist wie das, was er in seinem Innern trägt. Allein was ihm da wie ein Echo entgegentönt, was ihm wie ein Widerschein vorkommt, das kann er nicht in demselben Sinn als Wirklichkeit ansprechen, wie er das, was er unmittelbar in seinem Seelischen erlebt, als Wirklichkeit ansprechen kann. Was er im Seelischen erlebt, mit dem ist er verbunden, zu dem sagt er: es ist, weil er dessen Sein wie sein eigenes Sein empfindet, weil er daher weiß, welche Art des Seins ihm zukommt. Schaut er hinaus, wo ihm der Widerschein dieses Seienden entgegenleuchtet, dann weiß er in seiner Art: Das hat nicht in demselben Sinn Realität, das ist nicht in demselben Sinn Wirklichkeit.

Si je ne l'éclairais pas avec la lumière qui flue de mon propre intérieur, elle serait muette et sombre. Et en ressentant cela de plus en plus, il arrive à l'atmosphère d'âme qui dit : "La vérité, la réalité, elle vit dans ce que l'âme expérimente immédiatement. Ce qui brille là dehors en vis-à-vis de reflet, c'est justement l'apparence, c'est la Maya, ce n'est aucune pleine réalité, cela devient premièrement réalité lorsqu'il est touché par ce qui doit d'abord se révéler à travers le propre intérieur de l'âme humaine.

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Würde ich es nicht durchleuchten mit dem Licht, das aus meinem eigenen Innern strömt, so wäre es stumm und dunkel. Und indem er dies immer mehr und mehr empfindet, kommt er zu der Seelenstimmung, die da sagt: Wahrheit, Wirklichkeit, sie lebt in dem, was die Seele unmittelbar erfährt. Was ihr da draußen als Widerschein entgegenleuchtet, das ist eben der Schein, das ist die Maja, das ist keine volle Wirklichkeit, das wird erst Wirklichkeit, wenn es von dem berührt wird, was sich durch das eigene menschliche Seeleninnere erst offenbaren muß.

C'est ainsi que nous voyons se développer en Orient la façon de voir que le monde spirituel est la réalité, que le monde extérieur, le monde extérieur sensible, est le monde apparent, la grande illusion, la maja.

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So sehen wir denn, wie da im Osten die Anschauung sich heranbildet, daß die geistige Welt die Wirklichkeit ist, daß die äußere Welt, die äußere sinnliche Welt, die scheinende Welt ist, die große Täuschung, die Maja.

Mais on n'a pas la permission de croire pour autant que l'Oriental détourne son coup d'œil de ce monde extérieur, comme absolument au temps prébouddhique. Il l'accepte, même si, dans un sens plus élevé, il doit s'avouer, à sa façon, qu'il n'a pas affaire à la pleine réalité, mais à une apparence, au grand non-être, à la Maya, dans ce qui est étalé dans l'espace et le temps. Mais cela répand à nouveau une atmosphère particulière sur la vie de l'âme de l'Orient, l'atmosphère par laquelle l'âme se sent reliée à un monde spirituel et par laquelle elle en vient à voir dans tout ce qui vit dans le monde extérieur des sens, dans une certaine mesure une image de la vraie forme originelle du monde qui est disponible dans l'esprit. Mais cela s'étend finalement à la vision que sa propre entité sensorielle humaine est aussi une image d'un être humain qui se tient originairement dans le monde spirituel. Et là, on aimerait dire que, d'une manière absolument uniforme, l'Oriental regarde le monde extérieur comme un monde de représentations/images décalquées (ndt Abbilder) d'un monde spirituel, de même qu'il se regarde lui-même comme une image de ce qu'il était avant de descendre dans le monde physique et sensoriel.

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Man darf deshalb aber nicht glauben, daß der Orientale etwa seinen Blick - so in der vorbuddhistischen Zeit durchaus abwendet von dieser äußeren Welt. Er nimmt sie hin, wenn er auch in einem höheren Sinn sich eben in seiner Art gestehen muß, er habe es in dem, was ausgebreitet in Raum und Zeit liegt, nicht mit der vollen Wirklichkeit, sondern mit einem Schein zu tun, mit dem großen Nichtsein, mit der Maja. Das aber gießt wiederum eine besondere Stimmung aus über das Seelenleben des Orients, die Stimmung, durch die sich die Seele verbunden fühlt mit einer geistigen Welt und durch die sie dazu kommt, in all dem, was da lebt in der äußeren Sinneswelt, gewissermaßen ein Abbild zu sehen der wahren Urgestalt der Welt, die im Geiste vorhanden ist. Das aber dehnt sich zuletzt zu der Anschauung aus, daß auch die eigene menschliche Sinneswesenheit ein Abbild ist eines Menschenwesens, das in der geistigen Welt urständet. Und da möchte man sagen: In einer durchaus einheitlichen Weise schaut der Orientale die äußere Welt an als Welt von Abbildern einer geistigen Welt, ebenso wie er sich selbst als Abbild dessen ansieht, was er war, bevor er heruntergestiegen ist in die physisch-sinnliche Welt.

De son point de vue, les deux visions, celle de l'humain et celle de la nature, sont absolument en harmonie/résonnance.

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Beide, Menschenanschauung und Naturanschauung, stehen von seinem Gesichtspunkt aus durchaus im Einklang.

Mais comment cette résonnance est possible, comment elle n'est certes plus à la mesure de nos conceptions, mais comment elle exprime tout de même une vérité, même si c'est d'une certaine manière unilatérale, c'est ce qui peut nous être montré à nouveau lorsque nous abordons nous-mêmes la contemplation de ce sentiment de connaissance oriental avec les méthodes de recherche en sciences de l'esprit que j'ai décrites ici ces jours-ci.

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Wie aber dieser Einklang möglich ist, wie er zwar nicht mehr unseren Anschauungen angemessen ist, wie er aber doch, wenn auch in einer gewissen einseitigen Weise, eine Wahrheit zum Ausdruck bringt, das kann sich uns wiederum zeigen, wenn wir mit den Methoden geisteswissenschaftlicher Forschung, die ich in diesen Tagen hier geschildert habe, selber an die Betrachtung dieser orientalischen Erkenntnisstimmung herantreten.

J'ai donc expliqué comment, en éveillant les forces qui sommeillent dans l'âme, on peut parvenir à une vision du monde spirituel dans un sens adapté à l'humain moderne actuel, comment on peut à nouveau voir dans un monde spirituel, comment un monde spirituel commence à s'étendre pour l'humain, pour son œil spirituel, justement ainsi que le monde physico-sensible s'étend pour l'œil sensoriel. Mais si l'on se forme encore plus loin cette façon de voir, alors le monde spirituel ne reste pas simplement l'image panthéiste et nébuleuse d'un spirituel général, mais le monde spirituel devient alors aussi concret dans les différentes formes que le monde sensible l'est dans les différentes formes des règnes de la nature. Mais il en résulte alors une façon de voir l'humain que je veux caractériser aujourd'hui tout d'abord de manière comparative.

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Ich habe ja auseinandergesetzt, wie man durch das Erwecken in der Seele schlummernder Kräfte zu einer Anschauung der geistigen Welt auch in einem Sinne kommen kann, der dem heutigen, dem modernen Menschen angemessen ist, wie man da wiederum hineinschauen kann in eine geistige Welt, wie sich eine geistige Welt für den Menschen, für sein Geistesauge ebenso auszubreiten beginnt, wie sich für das Sinnesauge die physich-sinnliche Welt ausbreitet. Bildet man aber diese Anschauung weiter aus, dann bleibt die geistige Welt nicht etwa bloß das pantheistische, nebulose Gebilde eines allgemein Geistigen, sondern dann wird die geistige Welt in den einzelnen Gebilden so konkret, wie die sinnliche Welt in den einzelnen Gebilden der Naturreiche konkret ist. Dann aber ergibt sich eine Anschauung über den Menschen, die ich heute zunächst vergleichsweise charakterisieren will.

Prenons une fois le fait qui se présente à nous à chaque instant de notre vie : nous avons une expérience extérieure, un vécu extérieur. Nous nous trouvons d'abord à l'intérieur de cette expérience extérieure, de cette expérience extérieure, nous nous y tenons avec notre perception sensorielle, nous en faisons peut-être aussi l'expérience en mettant notre volonté en mouvement, en nous activant. Nous vivons avec les faits du monde extérieur. C'est pour nous une expérience immédiatement présente. Au fond, l'existence humaine sur terre se compose de telles expériences. Nous gardons de ces expériences des images de pensées qui sont alors nos souvenirs. Nous jetons un oup d'œil rétrospectif sur nos expériences en portant en nous les images pâlies, les images ombrées, les images à puissance de pensées de ces expériences/vécus.

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Nehmen wir einmal die Tatsache, die sich für uns in jedem Augenblick unseres Lebens ergibt: daß wir eine äußere Erfahrung, ein äußeres Erlebnis haben. Wir stehen zunächst in dieser äußeren Erfahrung, diesem äußeren Erlebnis drinnen, wir stehen mit unserer Sinneswahrnehmung drinnen, wir erleben es vielleicht auch, indem wir unseren Willen in Bewegung bringen, indem wir uns betätigen. Wir leben uns mit den Tatsachen der Außenwelt zusammen. Das ist für uns ein unmittelbar gegenwärtiges Erlebnis. Aus solchen Erlebnissen setzt sich im Grunde genommen das menschliche Erdendasein zusammen. Wir behalten von solchen Erlebnissen die Gedankenbilder, die dann unsere Erinnerungen sind. Wir blicken auf unsere Erlebnisse zurück, indem wir die abgeblaßten, die schattenhaften, eben die gedankenhaften Bilder der Erlebnisse in uns tragen.

Que l'on soit tout à fait honnête avec soi-même en cette relation et que l'on demande à la conscience actuelle s'il y a en elle, à un moment quelconque de sa vie, beaucoup plus que les souvenirs d'expériences sensorielles extérieures effectives. Certes, maint mystique nébuleux s'imagine qu'il fait remonter des profondeurs de son âme toutes sortes de choses éternelles. S'il y regardait de plus près, s'il était en mesure d'examiner réellement ces constructions de l'âme qu'il fait remonter, il trouverait qu'elles ne sont en général rien d'autre que des perceptions extérieures transformées. Au fond de l'être humain, les souvenirs ne sont pas seulement fidèlement conservés, ils sont souvent transformés, et alors l'être humain ne les reconnaît pas, il croit, en tant que mystique, faire remonter quelque chose des profondeurs de son âme, alors qu'il n'a fait que faire remonter de sa mémoire une expérience extérieure transformée.

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Man sei in dieser Beziehung nur ganz ehrlich mit sich selber und frage einmal das gegenwärtige Bewußtsein, ob inhaltlich in ihm in irgendeinem Lebensaugenblicke viel mehr darinnen ist als die Erinnerungen an äußere tatsächliche Sinneserlebnisse. Gewiß, mancher nebulose Mystiker vermeint, daß er aus den Tiefen seiner Seele allerlei Ewiges heraufhole. Wenn er genauer zusehen würde, wenn er in der Lage wäre, diese Seelengebilde, die er da heraufholt, wirklich zu prüfen, würde er finden, daß sie in der Regel nichts weiter sind als umgebildete äußere Wahrnehmungen. Im Innern des Menschen werden die Erinnerungen nicht nur treulich bewahrt, sie werden vielfach umgestaltet, und dann erkennt sie der Mensch nicht wieder, er glaubt als Mystiker irgend etwas aus den Tiefen seiner Seele hervorzuholen, während er nur ein umgestaltetes äußeres Erlebnis aus der Erinnerung heraufgeholt hat.

Certes, nous avons seulement besoin de nous souvenir des vérités mathématiques pour savoir que toutes sortes de structures internes s'animent dans ce qui est la vie de l'âme. En règle générale, le mystique ne cherche pas ces structures intérieures. Mais celui qui veut accepter sans préjugé la vie de l'âme quotidienne telle qu'elle se présente dans la conscience ordinaire doit dire : cette vie de l'âme est la somme d'images qui sont les restes de nos expériences, qui ont été réalisées par des perceptions, et d'autres expériences à l'intérieur du monde extérieur des faits sensoriels ; de sorte que lorsque nous regardons notre psychique et aussi le spirituel qui imprègne ce psychique, tel que nous l'avons d'abord dans la vie physique terrestre, nous pouvons alors dire : dehors, le monde physique s'étend dans l'espace, le monde qui déploie ses causes et ses effets dans le temps, le monde des faits donc.

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Gewiß, wir brauchen uns nur an die mathematischen Wahrheiten zu erinnern, so werden wir wissen, daß sich allerlei innere Strukturen hineinleben in das, was Seelenleben ist. Allein diese inneren Strukturen sucht in der Regel der Mystiker nicht. Derjenige aber, der das alltägliche Seelenleben unbefangen hinnehmen will, wie es sich im gewöhnlichen Bewußtsein darstellt, muß sagen: Dieses Seelenleben ist die Summe von Bildern, die die Reste sind unserer Erlebnisse, die zustande gekommen sind durch Wahrnehmungen, und anderer Erlebnisse innerhalb der äußeren sinnlichen Tatsachenwelt; so daß wir, wenn wir auf unser Seelisches hinblicken und auch auf das dieses Seelische durchdringende Geistige, wie wir es zunächst im physischen Erdenleben haben, dann sagen können: Da draußen ist die physische Welt im Raume ausgebreitet, die Welt, die in der Zeit ihre Ursachen und Wirkungen entfaltet, die Welt der Tatsachen also.

C'est ici que se trouve le monde des ombres de l'âme, que nous vivons certes dans son ensemble comme un vivant de l'âme, mais dont le contenu n'est que le décalque d'un monde de faits, d'un monde des sens. Or, aussi paradoxal que cela puisse encore sonner aux façons de voir de notre époque, l'inverse se produit aussi pour la vision que j'ai développée ici en ces jours. Lorsque du spirituel est réellement vécu dans le monde, du spirituel au sein des phénomènes naturels, tel qu'il se présente à la conscience vide à partir de la méditation, lorsque du spirituel est observé comme le spirituel et d'âme de l'humain lui-même, tel qu'il est avant d'être descendu dans son existence corporelle à partir d'un monde spirituel, lorsque le spirituel concret est réellement observé par l'organe de l'esprit qui a été ouvert, lorsque le monde qui nous entoure devient aussi spirituel qu'il est sensible, physique, pour nos sens, alors nous commençons aussi à contempler notre organisation physique, comme dans un souvenir des temps où nous vivions en tant qu'êtres spirituels-âmes dans les mondes purement spirituels-âmes : comment elle est, dans ses détails, une image/un décalque de ce qui nous entoure en tant que monde spirituel. Avec la physiologie et l'anatomie, nous ne pouvons considérer nos poumons, notre cœur et nos autres organes que comme des choses extérieures ; mais ensuite, lorsque nous sommes en mesure de voir l'environnement spirituel autour de nous, ce qui se trouve effectivement à l'intérieur de nous en tant que poumons, en tant que cœur, devient pour nous l'image existante dans le physique de ce qui est préformé spirituellement. De même que dans notre conscience ordinaire, le monde extérieur est physique et que notre âme se crée des images et les vit comme des expériences, de même nous apprenons qu'il existe un monde spirituel à l'extérieur et que les images de ce monde spirituel sont présentes dans nos propres organes. Nous apprenons maintenant à connaître l'humain dans sa structure/son membrement que lorsque nous apprenons à connaitre le monde spirituel. Et alors, ce que l'on appelle habituellement matière/substance cesse d'avoir la même signification que celle qu'elle a prise dans la civilisation récente, de même que l'esprit cesse d'avoir la signification de l'abstrait, de ce qu'il est justement devenu au sein de la civilisation récente. Nous voyons alors comment, en fait, dans ce qui travaille organiquement en nous, il y a une image/un décalque de ce que nous étions avant de descendre à l'être terrestre.

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Hier drinnen ist die Welt der Seelenschatten, die wir zwar im ganzen als ein Seelisch-Lebendiges erleben, ihrem Inhalte nach aber eben durchaus nur als Abbild einer Tatsachenwelt, einer Sinneswelt. Nun, so paradox es für heutige Anschauung noch vielfach klingt: für die Anschauung, die ich in diesen Tagen hier entwickelt habe, stellt sich auch das Umgekehrte ein. Wenn Geistiges in der Welt wirklich erlebt wird, Geistiges innerhalb der Naturerscheinungen, wie es sich dem leeren Bewußtsein aus der Meditation heraus ergibt, wenn Geistiges beobachtet wird als das Geistig-Seelische des Menschen selber, wie er ist, bevor er heruntergestiegen ist in sein leibliches Dasein aus einer geistigen Welt, wenn so das konkrete Geistige wirklich durch das erschlossene Geistesorgan beobachtet wird, wenn die Welt um uns herum ebenso zu einer geistigen wird, wie sie für unsere Sinne eine sinnliche, eine physische ist, dann beginnen wir auch, wie in einer Erinnerung an die Zeiten, wo wir als geistig-seelische Wesen in den rein geistig-seelischen Welten gelebt haben, unsere physische Organisation zu erschauen: wie sie in ihren Einzelheiten ein Abbild dessen ist, was als geistige Welt um uns herum ist. Wir können ja mit Physiologie und Anatomie unsere Lunge, unser Herz, unsere übrigen Organe nur als Außendinge betrachten; dann aber, wenn wir in der Lage sind, die geistige Umwelt um uns herum zu schauen, dann wird uns das, was nun tatsächlich in unserem Innern ist als Lunge, als Herz, zum im Physischen bestehenden Abbild desjenigen, was geistig vorgebildet ist. So wie in unserem gewöhnlichen Bewußtsein die Welt draußen physisch ist und unser Seelisches sich die Abbilder schafft und sie als Erlebnisse hat, so erfahren wir, daß da draußen eine geistige Welt ist und daß die Abbilder dieser geistigen Welt in unseren eigenen Organen vorhanden sind. Wir lernen jetzt den Menschen erst in seiner Gliederung kennen, wenn wir die geistige Welt kennenlernen. Und dann hört auch das, was man gewöhnlich Stoff nennt, auf, dieselbe Bedeutung zu haben, die es angenommen hat in der neueren Zivilisation, ebenso wie der Geist aufhört, die Bedeutung des Abstrakten zu haben, desjenigen, was er eben innerhalb der neueren Zivilisation geworden ist. Dann sehen wir, wie in der Tat in dem, was in uns organisch arbeitet, ein Abbild dessen vorhanden ist, was wir waren, bevor wir zum Erdendasein heruntergestiegen sind.

Et maintenant, il arrive que même le matérialisme, tant qu'il est justifié - et il a aussi apporté son lot de bienfaits, il nous a apporté d'innombrables connaissances -, ne nous effraie plus. Nous regardons le cerveau humain, le système nerveux humain dans son travail physique. Nous admettons certes que la pensée ordinaire, quotidienne, est une fonction de ces organes physiques. Nous sommes tout à fait en accord avec ce qu'une science rigoureuse doit affirmer aujourd'hui en rapport à ces choses. Mais nous savons de l'autre côté que ce qui travaille en nous sous des formes matérielles est justement l'image ultérieure (?) transformée du spirituel. Cela a la permission d'être matériel parce que le matériel est une transformation du spirituel, parce que le spirituel, en se transformant en l'humain terrestre, a cherché la faculté matérielle du cerveau, des nerfs, pour accomplir dans le décalque matériel ce qui est préformé spirituellement.

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Und jetzt tritt das ein, daß uns sogar der Materialismus, insofern er berechtigt ist - und auch er hat ja sein Gutes gebracht, hat uns unzählige Erkenntnisse gebracht -, nicht mehr erschreckt. Wir schauen hin auf das menschliche Gehirn, auf das menschliche Nervensystem in seiner physischen Arbeit. Wir gestehen uns zwar, daß das gewöhnliche, alltägliche Denken eine Funktion dieser physischen Organe ist. Wir sind durchaus im Einklang mit dem, was eine strenge Wissenschaft heute in bezug auf diese Dinge behaupten muß. Aber wir wissen auf der anderen Seite, daß das, was da in materiellen Formen in uns arbeitet, eben das umgewandelte Nachbild von Geistigem ist. Es darf materiell sein, weil das Materielle eine Umwandlung des Geistigen ist, weil das Geistige sich, indem es sich in den Erdenmenschen verwandelt hat, die materielle Fähigkeit des Gehirns, der Nerven gesucht hat, um im materiellen Abbild das zu vollziehen, was geistig vorgebildet ist.

C'est ce qui se présente à l'œil spirituel de l'humain moderne par le développement ces forces de connaissance dont j'ai parlé ces jours-ci. Mais j'aimerais dire qu'est disponible justement un modèle onirique de cela dans cette vision orientale du monde que j'ai pu esquisser en quelques traits, qui est aujourd'hui vieille et vieillissante, mais qui continue à œuvrer avec certaines particularités dans la formation de notre cœur et de notre âme. Dans sa clairvoyance instinctive, cet Orient ancien a pressenti que le monde spirituel est une réalité à laquelle il se sentait lié, et que la nature, avec ce qui chez l'homme lui-même est nature, est un décalque du spirituel, que c'est à travers elle que se révèle, sous forme d'apparence extérieure, ce qui est intérieurement spirituel.

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Das tritt vor das geistige Auge des modernen Menschen durch die Entwickelung jener Erkenntniskräfte, von denen ich in diesen Tagen gesprochen habe. Aber ich möchte sagen, eben ein traumhaftes Vorbild davon ist vorhanden in jener orientalischen Weltanschauung, die ich in ein paar Strichen skizzieren konnte, die heute alt und greisenhaft geworden ist, die aber noch immer mit gewissen Eigentümlichkeiten in unsere Herzens- und Seelenbildung hereinwirkt. Geahnt hat dieser alte Orient in seiner instinktiven Hellsichtigkeit, daß die geistige Welt eine Realität ist, mit der er sich verbunden fühlte, und daß die Natur mit dem, was am Menschen selber Natur ist, ein Abbild des Geistigen ist, daß durch sie als äußerer Schein das zur Offenbarung kommt, was innerlich geistig ist.

Mais qu'on ne dise seulement pas que l'Oriental n'aurait pas observé la nature. Il a eu des organes fins pour l'observation de la nature. Mais de tout ce qu'il observait fidèlement en tant que décalque et qu'il vénérait dans l'amour, il voyait justement briller un élément spirituel. Pour lui, la nature révélait l'esprit, l'esprit rayonnait partout vers lui. Et cet esprit, il l'appelait sa réalité. Mais ce qui se répandait à l'extérieur, c'était pour lui Maja.

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Man sage nur nicht, daß der Orientale nicht die Natur beobachtet habe. Er hat feine Organe für die Naturbeobachtung gehabt. Aber ihm leuchtete aus all dem, was er als Abbild treulich beobachtete, in Liebe verehrte, eben ein Geistiges entgegen. Natur enthüllte für ihn Geist, strahlte ihm überall Geist entgegen. Und diesen Geist nannte er seine Wirklichkeit. Das aber, was sich äußerlich ausbreitete, das war ihm Maja.

Mais on voit déjà au bouddhisme, qui a donc gagné une influence beaucoup plus grande sur la vie orientale qu'on ne le croit habituellement, car il a pris les formes les plus diverses dans la vie ultérieure, comment le fait de se tenir immédiatement à l'intérieur du monde spirituel s'est atténué au cours de l'évolution ultérieure de l'humanité et de la terre, comment le regard s'est en quelque sorte tourné de plus en plus vers la Maya, et comment la sensation de la grande illusion, de la grande non-existence, de la Maya, est devenue peu à peu la chose principale, comment en est né le sentiment du besoin de rédemption de ce qui peut être vécu au sein de cette Maya, vécu en particulier dans le sens du Bouddha, qui considérait les expériences directes de cette Maya comme une somme de souffrances qui affluent sur l'humain.

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Man sieht aber schon am Buddhismus, der ja einen viel größeren Einfluss auf das orientalische Leben gewonnen hat, als man gewöhnlich glaubt, denn er hat die mannigfaltigsten Formen im späteren Leben angenommen, wie das unmittelbare Drinnenstehen in der geistigen Welt im Verlaufe der weiteren Menschheits- und Erdenentwickelung abgedämpft worden ist, wie gewissermaßen der Blick immer weiter und weiter auf die Maja gerichtet worden ist und wie die Empfindung von der großen Täuschung, von dem großen Nichtsein, von der Maja nach und nach die Hauptsache wurde, wie daraus die Stimmung des Erlösungsbedürfnisses von dem, was innerhalb dieser Maja erlebt werden kann, entstand, erlebt insbesondere im Sinne des Buddha, der ja die unmittelbaren Erlebnisse dieser Maja ansah wie eine Summe von Leiden, die auf den Menschen einströmen.

Mais cette atténuation du fait de se tenir à l'intérieur du monde spirituel justifie pour nous, si nous en venons à nouveau à la connaissance moderne de l'esprit, de considérer la vision du monde de l'Orient ancien comme quelque chose d'instinctif, aussi d'unilatéral, auquel nous devons cependant revenir en toute sérénité et avec une conscience claire. Car il ne doit pas se produire une deuxième fois dans l'évolution du monde qu'une paralysie de l'activité humaine se produise face aux exigences du monde extérieur terrestre. L'humain ne doit pas se réfugier une deuxième fois dans la vie de l'esprit de telle sorte que sa fuite l'empêche d'intervenir avec toute sa force dans la tâche terrestre, dans tout ce que l'Oriental éprouve souvent comme la Maya, même s'il ne l'appelle pas ainsi à cause de sa concession aux concepts modernes, alors qu'il ressent comme la réalité ce qui se révèle en lui. C'est là que se trouve pour lui la lumière, qui est pour lui le reflet direct du divin-spirituel dans le monde.

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Diese Abdämpfung aber des Drinnenstehens in der geistigen Welt rechtfertigt für uns, wenn wir wiederum zur modernen Geist-Erkenntnis kommen, die altorientalische Weltanschauung als etwas Instinktives, auch Einseitiges zu betrachten, zu dem wir aber mit voller Besonnenheit, mit hellem Bewußtsein wieder kommen müssen. Denn es darf nicht ein zweites Mal in der Weltentwickelung geschehen, daß eine Lähmung eintritt der menschlichen Aktivität gegenüber den Forderungen der irdischen Außenwelt. Der Mensch darf nicht ein zweites Mal eine Flucht in das Geistesleben so anstellen, daß ihn seine Flucht hindert, mit voller Kraft einzugreifen in die Erdenaufgabe, in alles das, was der Orientale vielfach sogar, wenn er es auch aus seiner Konzession an moderne Begriffe heraus nicht so nennt, als die Maja empfindet, während er als die Wirklichkeit das empfindet, was sich in seinem Innern offenbart. Da ist ihm das Licht darinnen, das ihm unmittelbarer Widerglanz des GöttlichGeistigen in der Welt ist.

Maintenant, j'aimerais opposer à ce que je viens de décrire comme un déferlement de géographie spirituelle dans notre vie moderne, une autre image, une image qui est justement ainsi tirée de l'évolution de l'esprit humain, de l'évolution du monde, mais qui appartient à notre présent immédiat. Celui qui s'est beaucoup déplacé dans les sphères d'où s'élèvent aujourd'hui tant de choses dans notre civilisation, devenue d'une certaine relation ancienne, aussi pour l'Europe, dans les sphères d'où s'élèvent les aspirations/nostalgies en relation sociale, et aussi les luttes sociales, aura trouvé quelque chose que je veux caractériser de la façon suivante.

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Nun, dem, was ich da geschildert habe als geistiggeographisch hereinflutend in unser modernes Leben, möchte ich ein anderes Bild gegenüberstellen, ein Bild, das ebenso der menschlichen Geistesentwickelung, der Weltentwickelung entnommen ist, das aber unserer unmittelbaren Gegenwart angehört. Wer sich viel herumbewegt hat in den Sphären, aus denen heute so vieles aufsteigt in unsere auch für Europa in gewisser Beziehung altgewordene Zivilisation, in den Sphären, aus denen Sehnsüchte in sozialer Beziehung, auch soziale Kämpfe aufsteigen, der wird etwas gefunden haben, was ich in der folgenden Art charakterisieren will.

J'ai longtemps été enseignant dans des cercles socialistes, sans que l'on puisse pour autant m'accuser, parce que ce serait faux, d'être socialiste. Je l'ai été précisément pour répandre au sein de ces cercles - le temps n'était pas encore venu, il y a plus de vingt ans - une vie de l'esprit qui pourrait conduire à des formes plus conformes à la réalité que celles auxquelles on aspire à partir du marxisme abstrait ou du marxisme modifié et ainsi de suite, et qui sont justement à bien des égards irréalistes.

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Ich war lange Zeit, ohne daß man mich deshalb, weil das unwahr wäre, sozialistischer Gesinnung anklagen dürfte, Lehrer in sozialistischen Kreisen. Ich war es gerade, um innerhalb dieser Kreise - die Zeit dafür war dazumal noch nicht da, es ist über zwanzig Jahre her - ein Geistesleben zu verbreiten, das zu wirklichkeitsgemäßeren Gestaltungen führen könnte, als diejenigen sind, die aus abstraktem Marxismus oder aus modifiziertem Marxismus und so weiter angestrebt werden und die eben doch in vieler Beziehung unwirklichkeitsgemäß sind.

Mais si l'on observe dans ces cercles quelque chose qui est là comme une ambiance fondamentale - que l'on peut reconnaître comme un commencement, mais qui est aussi profondément ancré dans les âmes que l'ambiance de la Maya orientale est ancrée dans les âmes comme une fin à l'Est par-dessus là-bas -, alors un mot tombe lourdement sur l'âme, un mot qui exprime aussi beaucoup de sentiments inconscients, d'idées et de concepts inconscients, d'aspirations/nostalgies inconscientes, un mot que l'on peut entendre encore et encore, que l'on doit ressentir depuis des décennies comme étant caractéristique de larges cercles de l'humanité. Ce mot exprime un état d'esprit qui s'étend sur des millions de personnes : c'est le mot idéologie. Ce mot s'est formé à partir de cette vision que tout de suite la classe prolétarienne a intégrée dans sa formation. La scientificité se matérialisant de plus en plus, il s'est formé la vision que la réalité historique n'existait que dans les luttes économiques, dans les façonnements économiques, dans les luttes de classes, bref, dans ce qui est directement et extérieurement matériel, sensoriel et physique, dans la vie humaine, dans la vie historique, que les forces économiques sont donc le véritable réel, la réalité.

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Aber wenn man in diesen Kreisen etwas beobachtet, was als eine Grundstimmung da vorhanden ist - was man erkennen kann als einen Anfang, der aber so tief sitzt in den Seelen, wie die orientalische Majastimmung als ein Ende im Osten drüben in den Seelen sitzt -, dann fällt einem ein Wort schwer auf die Seele, ein Wort, das vieles von unbewußten Empfindungen, unbewußten Ideen und Begriffen, unbewußten Sehnsüchten auch ausdrückt, ein Wort, das man immer wieder und wiederum hören kann, das man seit Jahrzehnten als das Charakteristische empfinden muß innerhalb weiter Kreise der Menschheit. Über Millionen von Menschen ausgebreitet findet sich eine Stimmung, die durch dieses Wort ausgedrückt wird: es ist das Wort Ideologie. Dies Wort hat sich herausgebildet aus jener Anschauung, die gerade die proletarische Klasse in ihre Bildung aufgenommen hat. Da hat sich aus der sich immer mehr und mehr vermaterialisierenden Wissenschaftlichkeit die Anschauung herausgebildet, daß eigentlich die geschichtliche Wirklichkeit nur in Wirtschaftskämpfen, in Wirtschaftsgestaltungen bestehe, in Klassenkämpfen, kurz, in dem, was das unmittelbare äußerlich sinnlich-physisch Materielle am Menschenleben, am geschichtlichen Leben ist, daß also die wirtschaftlichen Kräfte das eigentlich Reale, das Wirkliche sind.

Ce matérialisme économique, qui est beaucoup plus répandu que ne le pensent encore aujourd'hui de nombreuses personnes des classes supérieures, est en un certain sens le résultat de la conception matérialiste générale, que l'on croit aujourd'hui même scientifiquement dépassée, mais qui pourtant tire tout de suite les plus larges cercles dans les humeurs et les dispositions des âmes de l'Occident.

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Dieser wirtschaftliche Materialismus, der eine viel größere Ausbreitung hat, als viele Menschen der höheren Klassen heute noch meinen, ist in gewissem Sinne ein Ergebnis der allgemeinen materialistischen Anschauung, die heute sogar wissenschaftlich überwunden geglaubt wird, die aber dennoch gerade in den Stimmungen und Gesinnungen der Seelen des Abendlandes die weitesten Kreise zieht.

Et idéologie, qu'est-ce que cela signifie ? Cela signifie : la vie de droit, la moralité, ce qui repose dans le beau, les concepts religieux, les concepts d'État, bref, tout ce qui est vie spirituelle, ce n'est aucune vraie réalité, c'est une écume et une apparence qui s'élèvent de la vraie réalité, qui réside dans les luttes et les configurations matérielles. Idéologie, cela doit désigner le fait que ce que l'humain vit en son for intérieur, que ce soit l'art, la science, le droit, les maximes de l'État, les impulsions religieuses, est une Maya, si j'ai la permission de me servir maintenant de l'expression orientale.

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Und Ideologie, was heißt das? Das heißt: das Rechtsleben, die Sittlichkeit, das, was im Schönen liegt, die religiösen Begriffe, die Staatsbegriffe, kurz, alles was geistiges Leben ist, das ist keine wahre Wirklichkeit, das ist ein aus der wahren Wirklichkeit, die in den materiellen Kämpfen und Gestaltungen liegt, aufsteigender Schaum und Schein. Ideologie, das soll bezeichnen, daß das, was der Mensch in seinem Innern erlebt, sei es Kunst, sei es Wissenschaft, sei es Recht, seien es Staatsmaximen, seien es religiöse Impulse, eine Maja ist, wenn ich mich jetzt des orientalischen Ausdrucks bedienen darf.

Avec le mot idéologie est décrit quelque chose, si on ne le prend pas de manière extérieure, abstraite, si on peut ressentir ce que des millions d'humains pensent, ce qui doit prendre les dimensions les plus terribles si ce n'est pas amené à temps dans un bon chenal. Ce que l'âme vit et façonne intérieurement n'est aucune réalité, la vraie réalité n'est que ce qui vit extérieurement dans des faits sensibles aux sens ! Et c'est ainsi qu'au sein de la civilisation occidentale, s'est formée l'atmosphère polairement opposée à celle qui a longtemps dominée l'Orient et qui, aujourd'hui, est encore disponible de façon vieillissante, plus comme une parure extérieure. Là-bas : la vraie réalité, ce qui est vécu dans l'esprit Maja, ce qui se passe extérieurement dans la réalité physique ; ici : Maja, idéologie, qui est en fait la traduction du mot Maja, mais qui s'applique maintenant au domaine spirituel, ce qui est vécu dans l'esprit, Réalité, ce qui est répandu tombant sous les sens, disponible dans le monde comme une réalité de faits tombant sous les sens.

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Mit dem Wort Ideologie wird etwas bezeichnet, wenn man es nicht äußerlich, abstrakt nimmt, wenn man empfinden kann, was Millionen von Menschen denken, was die furchtbarsten Dimensionen annehmen muß, wenn es nicht rechtzeitig in ein gutes Fahrwasser hineingebracht wird. Was die Seele innerlich erlebt und gestaltet, ist keine Wirklichkeit, wahre Wirklichkeit ist nur das, was äußerlich in sinnenfälligen Tatsachen lebt! Und so hat sich innerhalb der abendländischen, der westlichen Zivilisation genau die polarisch entgegengesetzte Stimmung gegenüber derjenigen herausgebildet, die den Orient lange Zeit beherrscht hat und die heute eben greisenhaft, mehr als äußerer Aufputz noch vorhanden ist. Dort: wahre Wirklichkeit, was im Geist erlebt wird — Maja, was äußerlich in physischer Tatsächlichkeit vor sich geht; hier: Maja, Ideologie, was eigentlich die Übersetzung des Wortes Maja, aber jetzt für das geistige Gebiet ist, was im Geist erlebt wird — Wirklichkeit, was sinnenfällig ausgebreitet, als sinnenfällige Tatsächlichkeit in der Welt vorhanden ist.

Dans son évolution, le monde aspire à la pleine réalisation de ses possibilités individuelles. De même que l'unilatéralité s'est formée en Orient, de même l'autre unilatéralité devait-elle aussi une fois s'emparer de l'humanité. Mais si l'on veut faire évoluer l'humanité, si l'on veut faire évoluer le monde dans un sens fécond, dans un sens tel que nous puissions à nouveau passer des forces de déclin aux forces d'ascension, on doit seulement se placer une fois devant l'âme ce que peut en fait signifier cette ambiance dans l'idéologie. Elle est jeune, elle est donc un début.

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Die Welt strebt in ihrer Entwickelung nach voller Ausgestaltung ihrer einzelnen Möglichkeiten. Wie die eine Einseitigkeit sich im Orient ausgebildet hat, so mußte die andere Einseitigkeit auch einmal die Menschheit ergreifen. Aber man muß sich, wenn man Entwickelung der Menschheit, wenn man Weltentwickelung in einem fruchtbaren Sinn, in einem solchen Sinn schaffen will, daß wir wiederum aus den Niedergangskräften zu Aufgangskräften kommen, man muß sich nur einmal vor die Seele stellen, was diese Stimmung in der Ideologie eigentlich bedeuten kann. Sie ist jung, sie ist also ein Anfang.

Si nous nous tournons à nouveau vers ce que peut nous dire la vision moderne de science de l'esprit, nous trouverons qu'en Orient, il y avait instinctivement, obscurément, en rêvant, la connaissance qu'il y avait une réalité spirituelle, qu'ici, dans le physique, il y avait l'image sensorielle de cette réalité spirituelle. Comme l'attention de l'âme était de préférence dirigée vers la réalité spirituelle, la réalité sensorielle est justement devenue une irréalité, une apparence extérieure, une Maya. Mais cette Maya n'a pas seulement une signification pour notre travail extérieur - le monde peut être une Maya, nous devons d'abord adresser notre travail à cette Maya en tant que réalité pour nous les humains -, elle a aussi une signification pour le "connais-toi toi-même", pour une vision véritablement humaine. Pourquoi ? Eh bien, nous pouvons nous élever jusqu'à une vie dans le monde spirituel, comme je l'ai décrit, nous pouvons voir avec des concepts aux contours précis et comprendre ainsi ce qui paraissait un rêve à l'Orient. Mais jamais, au cours de l'évolution de l'humanité, nous n'aurions pu parvenir à l'impulsion de la liberté en faisant l'expérience d'un tel monde.

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Wenden wir uns wiederum an das, was uns gerade die moderne geisteswissenschaftliche Anschauung sagen kann, dann werden wir finden: im Orient war instinktiv, dunkel, träumerisch die Erkenntnis vorhanden, daß es eine geistige Wirklichkeit gibt, daß hier im Physischen das Sinnenabbild vorhanden ist von dieser geistigen Wirklichkeit. Weil man vorzugsweise die Aufmerksamkeit der Seele auf die geistige Wirklichkeit richtete, wurde die sinnliche Wirklichkeit eben zur Unwirklichkeit, zum äußeren Schein, zur Maja. Aber diese Maja hat nicht nur für unser äußeres Arbeiten ihre Bedeutung — die Welt mag Maja sein, unsere Arbeit müssen wir ja doch als eine Wirklichkeit für uns Menschen zunächst an diese Maja wenden —, sie hat auch eine Bedeutung für das «Erkenne dich selbst», für eine wahrhaft menschliche Anschauung. Warum? Nun, wir können uns allerdings hinauferheben zu einem Leben in der geistigen Welt, wie ich es geschildert habe, können mit scharfkonturierten Begriffen erschauen und dadurch verstehen, was dem Orient traumhaft erschien. Aber niemals hätten wir innerhalb der Menschheitsentwickelung in dem Erleben einer solchen Welt zu dem Impuls der Freiheit kommen können.

L'humain devait se développer avec sa conscience hors du monde spirituel, auquel il se sent intérieurement lié, mais dont il est en même temps intérieurement déterminé et dépendant, et se tourner vers un monde de pure réalité/factualité pour une époque passagère de l'évolution historique dans laquelle nous nous trouvons entièrement. Lorsque l'humain se trouve face à cette réalité extérieure, sa vie d'âme devient l'image de cette factualité. Ce qui traverse cette vie de l'âme en tant qu'esprit devient des concepts abstraits, cela devient progressivement quelque chose qui doit être pure image, qui doit être reconnu dans sa reproductibilité/son statut de décalque.

38

Der Mensch mußte sich aus der geistigen Welt, mit der er sich innerlich verbunden fühlt, aber zu gleicher Zeit von ihr innerlich bestimmt und abhängig, mit seinem Bewußtsein herausentwickeln und sich für eine vorübergehende Epoche geschichtlicher Entwickelung, in der wir ganz drinnenstehen, einer Welt der bloßen Tatsächlichkeit zuwenden. Wenn der Mensch dieser äußeren Tatsächlichkeit gegenübersteht, wird sein Seelenleben zum Bild dieser Tatsächlichkeit. Das, was als Geist dieses Seelenleben durchzieht, das wird zu abstrakten Begriffen, das wird allmählich zu etwas, was bloßes Bild sein muß, was erkannt werden muß in seiner Abbildlichkeit.

Je l'ai déjà suggéré : si nous portons des images en nous, nous pouvons être libres. Des images-miroir ne nous déterminent pas. Si nous voulons nous orienter en fonction d'images-miroir qui sont en elles-mêmes sans force, nous devons nous donner l'impulsion nous-mêmes. Il en va de même pour ce qui devient en nous des concepts abstraits. Et en faisant surgir en nous, dans la pensée pure, ce que nous portons en nous de plus noble, le moral-religieux, cela devient pour nous une impulsion de liberté. C'est un contenu des plus précieux/valable pour la vie humaine. Mais il apparaît dans la pensée abstraite à l'époque où l'humain se trouve directement confronté dans sa vision à la factualité physique.

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Ich habe es schon angedeutet: wenn wir Bilder in uns tragen, können wir frei sein. Spiegelbilder bestimmen uns nicht. Wenn wir uns nach Spiegelbildern richten wollen, die in sich kraftlos sind, so müssen wir uns selbst die Impulse geben. So ist es auch mit dem, was in uns zu abstrakten Begriffen wird. Und indem in uns im reinen Denken das Edelste auftritt, was wir in uns tragen, das Moralisch-Religiöse, wird es für uns zu einem Impuls der Freiheit. Es ist ein wertvollster Inhalt für das menschliche Leben. Aber es tritt in der Epoche, wo der Mensch sich unmittelbar in seiner Anschauung der physischen Tatsächlichkeit gegenübergestellt findet, im abstrakten Denken auf.

Et à partir du moment où le moral apparaît comme intuition morale dans la pensée pure, la tâche de l'époque qui s'est développée à partir du spirituel-réel vers l'esprit de l'abstrait et qui, j'aimerais dire, en radicalisant cette atmosphère d'âme, saisit maintenant tout ce qui est spirituel comme une maya, comme une pure apparence, comme une idéologie, est accomplie. Nous avons un certain droit de saisir tout cela comme une idéologie qui est image miroir de l'être naturel extérieur. Dès l'instant où le moral, en tant qu'intuition morale, exerce son influence/impact dans cette pensée-maya, dans cette idéologie, là est atteinte la première marche, où nous reconnaissons à nouveau que cette idéologie, qui est vécue en nous comme un pur être image, doit être éveillée à la vie intérieure en nous énergisant nous-mêmes, en laissant jaillir la vie intérieure qui est cachée en nous. Le contenu du monde devait d'abord devenir une idéologie pour l'humanité, afin que l'humain puisse verser sa réalité dans ce contenu du monde.

40

Und in dem Moment, wo das Moralische als moralische Intuition im reinen Denken auftritt, da ist die Aufgabe der Epoche erfüllt, die sich aus dem GeistigRealen herausentwickelt hat zu dem Geist des Abstrakten und die, ich möchte sagen, radikalisierend diese Seelenstimmung, nun alles Geistige als eine Maja, als einen bloßen Schein, als Ideologie auffaßt. Wir haben ein gewisses Recht, das alles als eine Ideologie aufzufassen, was Spiegelbild des äußeren natürlichen Daseins ist. In dem Augenblick, wo das Moralische als moralische Intuition seinen Einschlag übt in dieses Majadenken, in diese Ideologie, da ist die erste Stufe erreicht, wo wir wiederum erkennen: diese Ideologie, die in uns erlebt wird als bloßes Bilddasein, muß, indem wir uns selbst energisieren, indem wir inneres Leben, das in uns verborgen ist, hervorsprießen lassen, zu innerlichem Leben erweckt werden. Der Weltinhalt mußte erst für die Menschheit Ideologie werden, damit der Mensch seine Realität in diesen Weltinhalt hineingießen konnte.

C'était nécessaire à l'expérience de liberté de l'humanité, qui est donc quand même d'abord une expérience de l'Occident, de la civilisation la plus récente. C'était nécessaire de la manière que l'humain, avec tout ce qu'il a de plus précieux, avec son art, sa science, ses concepts moraux, bref, avec tout ce qui est sa vie spirituelle, se sentait comme dans un irréel et que tout ce qui apparaît brillant au-devant de lui comme une chose éphémère, comme la seule réalité, parce que cette réalité, si elle est correctement contemplée de part en part, ne peut pas du tout porter atteinte à sa liberté, dans la mesure où il est un être spirituel qui ne se crée dans la réalité/factualité physique-sensible qu'un décalque de l'esprit lui-même.

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Das war notwendig zum Freiheitserlebnis der Menschheit, das ja doch erst ein Erlebnis des Westens, der neueren Zivilisation ist. Das war notwendig in der Weise, daß sich der Mensch zunächst mit all dem, was ihm das Wertvollste ist, mit seiner Kunst, seiner Wissenschaft, seinen Moralbegriffen, kurz, mit all dem, was sein geistiges Leben ist, wie in einem Unrealen erfühlte und daß ihm alles das, was ihm entgegenleuchtet als ein Vergängliches, als die einzige Wirklichkeit erscheint, weil diese Wirklichkeit, wenn sie richtig durchschaut wird, seine Freiheit gar nicht beeinträchtigen kann, insofern er ja doch ein geistiges Wesen ist, das sich in der physisch-sinnlichen Tatsächlichkeit nur ein Abbild des Geistes selbst erschafft.

Nous pouvons ainsi sentir comment, dans ce qui se présente comme une idéologie, il y a, radicalisé, une ambiance que nous devons en fait avoir à l'égard des concepts sur la nature, qui vit dans des rapports de situation, de mouvement, de mesure et de nombre. Si la nature nous transmettait autre chose que des concepts, elle ne nous laisserait jamais devenir des humains libres. Ce n'est qu'en nous hissant à des concepts qui n'apparaissent alors que comme idéologie à celui qui reste d'abord prisonnier de ce niveau, qu'une nouvelle forme réelle-spirituelle du monde supérieur peut se déverser dans ces concepts d'abord irréels. C'est le début à partir duquel une nouvelle forme du monde spirituel doit naître pour l'humain. Et si l'expérience unilatérale de l'idéologie se présente à nous, celui qui aujourd'hui ne reste pas prisonnier des visions immédiates du jour, mais qui est capable de regarder l'évolution du monde, doit se dire : puisqu'il était nécessaire que l'humain puisse arriver à un tel niveau d'évolution, où il peut parler d'idéologie en regardant unilatéralement le monde et soi-même, il doit à nouveau parvenir à l'opinion, à la conviction, à la force, au courage de verser dans cette idéologie un monde spirituellement vu, spirituellement vécu.

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So können wir fühlen, wie in dem, was als Ideologie auftritt, radikalisiert eine Stimmung da ist, die wir eigentlich haben müssen gegenüber den Begriffen über die Natur, die in Lageverhältnissen, in Bewegung, in Maß und Zahl lebt. Würde die Natur uns etwas anderes überliefern als Begriffe, sie würde uns niemals zu freien Menschen werden lassen. Nur dadurch, daß wir uns zu Begriffen aufschwingen, die dann dem, der zunächst auf dieser Stufe befangen bleibt, nur wie Ideologie erscheinen, kann sich in diese zunächst unrealen Begriffe eine neue real-geistige Form der höheren Welt ergießen. Das ist der Anfang, aus dem sich eine neue Form der geistigen Welt für den Menschen herausgebären muß. Und wenn uns einseitig das Erlebnis der Ideologie entgegentritt, so muß derjenige, der heute nicht befangen bleibt in den unmittelbaren Tagesanschauungen, sondern der hinzuschauen vermag auf Weltentwickelung, sich sagen: Da es notwendig war, daß der Mensch zu einer solchen Stufe der Entwickelung kommen konnte, wo er, einseitig die Welt und sich anschauend, von Ideologie reden kann, so muß er wiederum zu der Meinung, zu der Überzeugung, zu der Kraft, zu dem Mut kommen, in diese Ideologie hineinzugießen eine geistig geschaute, geistig erlebte Welt.

Sinon, même si elle est dédiscutée philosophiquement, l'idéologie reste une idéologie. Et les forces de déclin se développeront dans un sens très réel, comme nous le verrons dans la deuxième partie de ces conférences, qui traiteront d'"anthroposophie et sociologie".

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Sonst bleibt, wenn es auch vielleicht philosophisch abdiskutiert wird, die Ideologie eben Ideologie. Und die Niedergangskräfte werden sich — wir werden es im zweiten Teil dieser Vorträge sehen, die über «Anthroposophie und Soziologie» handeln werden — in einem sehr wirklichen Sinn ausbilden.

Ainsi, deux images se tiennent devant nous : le monde de l'esprit comme réalité et le monde des sens comme maïa, le monde des sens comme réalité et le monde de l'esprit comme maïa.

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So stehen zwei Bilder vor uns: die Geisteswelt als Wirklichkeit und die Sinnenwelt als Maja, die Sinnenwelt als Wirklichkeit und die Geisteswelt als Maja.

Seule et unique une conception du monde et de la vie capable d'apporter l'intuition spirituelle, l'imagination et l'inspiration spirituelle dans le monde spirituel contemplé idéologiquement, de sorte que ce qui apparaît aujourd'hui indiciblement vide soit à nouveau rempli d'un contenu spirituel, et qui soit en même temps capable d'envisager en quel sens est quand même une réalité ce que l'Orient éprouve comme une apparence, comme une Maya, une réalité en ce sens qu'il s'agit d'une image vraie et fidèle, d'une transformation du monde spirituel, qui était nécessaire à l'évolution de l'humanité dans la liberté, uniquement et seulement une telle conception du monde et de la vie, qui regarde vers ces deux images au point de pouvoir en quelque sorte les emboîter l'une dans l'autre, qui ne produit pas seulement une somme extérieure sèche, mais qui, par sa propre vie intérieure, ne se développe ni à partir de l'une ni à partir de l'autre, mais à partir de l'essence humaine immédiate dans son essor spirituel, peut apporter une compréhension de ce qui nous apparaît comme deux tableaux mondiaux si polairement opposés.

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Einzig und allein eine Welt- und Lebensanschauung, die in die ideologisch geschaute Geisteswelt geistige Intuition, geistige Imagination und Inspiration hineinzutragen vermag, so daß das, was heute unsäglich leer erscheint, wiederum erfüllt wird mit geistigem Inhalt, und die zu gleicher Zeit einzusehen vermag, in welchem Sinne doch eine Realität ist, was das Morgenland als einen Schein, als eine Maja empfindet, eine Realität in dem Sinne, daß es ja ein wahres, treues Abbild ist, eine Umwandlung der geistigen Welt, die notwendig war zur Entwickelung der Menschheit in der Freiheit, einzig und allein eine solche Welt- und Lebensauffassung, die so nach diesen beiden Bildern hinblickt, daß sie sie gewissermaßen ineinanderzuschieben vermag, die nicht nur eine trockene, äußere Summe herstellt, sondern die sich durch eigenes inneres Leben weder aus dem einen noch dem anderen, sondern aus der unmittelbaren menschlichen Wesenheit im geistigen Aufschwung herausentwickelt, kann Verständigung für das bringen, was uns als zwei einander so polarisch entgegengesetzte Welttableaus entgegentritt.

Et ces tableaux mondiaux jouent au fond un rôle dans tout ce que nous traversons vivant spirituellement. Il est absolument ainsi que ces atmosphères interviennent dans les détails de la vie, dans les détails des visions humaines. J'aimerais éviter, en tant qu'Européen central en Europe centrale, de porter un jugement personnel sur ce point précis. Je voudrais faire part du jugement qu'un Anglais a exprimé il y a quelques années, en comparant l'Europe occidentale et l'Europe centrale à propos d'un certain côté de la vie spirituelle. Cet Anglais voulait caractériser la manière dont la vie spirituelle se présentait dans les différentes manifestations. Il a attiré l'attention sur la parution, à la fin des années cinquante et au début des années soixante, de l'œuvre importante de Buckle, "L'histoire de la civilisation", et sur comment ce dernier considère la vie historique en grande partie à partir d'impulsions économiques, pas encore aussi radicalement que les marxistes par exemple, mais à partir de telles impulsions, de sorte qu'au fond, la vie spirituelle s'élève à partir des forces économiques dans leur interaction et leur divergence. On n'est pas obligé de critiquer ce genre de choses, on peut se montrer positif à leur égard ; on peut dire que, puisque l'humain est aussi un être économique, il est devenu nécessaire, dans l'évolution de l'humanité, de voir la vie humaine aussi sous cette lumière. Mais alors, cet Anglais fait référence à une autre œuvre qui a vu le jour en Europe centrale à l'époque où Buckle écrivait son histoire de la civilisation, l'œuvre "Die Geschichte der Renaissance in Italien (L'histoire de la Renaissance en Italie)" de Jacob Burckhardt. L'Anglais lui-même fait remarquer qu'il y règne un tout autre esprit ; car Jacob Burckhardt décrit comment les humains ressentent, comment ils sont disposés les uns envers les autres, comment ils arrivent, par les conceptions qu'ils ont les uns des autres, à certains rapports qui déterminent à leur tour les autres événements qui se déroulent parmi eux.

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Und diese Welttableaus spielen im Grunde genommen in alles das hinein, was wir geistig durchleben. Es ist durchaus so, daß in die Einzelheiten des Lebens, die Einzelheiten der menschlichen Anschauungen diese Stimmungen hineinspielen. Ich möchte es vermeiden, hier als Mitteleuropäer in Mitteleuropa gerade über diesen Punkt ein eigenes Urteil abzugeben. Ich möchte das Urteil mitteilen, das vor einigen Jahren ein Engländer ausgesprochen hat, der West- und Mitteleuropa in bezug auf eine gewisse Seite des geistigen Lebens verglich. Dieser Engländer wollte charakterisieren, wie das geistige Leben in einzelnen Erscheinungen sich präsentiert hat. Er wies darauf hin, wie Ende der fünfziger und Anfang der sechziger Jahre das bedeutsame Werk von Buckle erschienen ist, «Die Geschichte der Zivilisation», und wie dieser Buckle das geschichtliche Leben zum großen Teil aus wirtschaftlichen Impulsen heraus betrachtet, noch nicht so radikal wie zum Beispiel die Marxisten, aber doch aus solchen Impulsen heraus, so daß im Grunde genommen das geistige Leben aufsteigt aus den wirtschaftlichen Kräften in ihrem Zusammen- und Auseinanderwirken. Man muß ja nicht durchaus Kritik an so etwas anlegen, man kann sich zu so etwas positiv verhalten; man kann sagen: Es ist eben einmal, da der Mensch auch ein wirtschaftliches Wesen ist, notwendig geworden in der Menschheitsentwickelung, das Menschenleben geschichtlich auch in diesem Lichte zu sehen. Dann aber weist dieser Engländer hin auf ein anderes Werk, das in Mitteleuropa zu derselben Zeit entstanden ist, als Buckle seine Geschichte der Zivilisation geschrieben hat, das Werk «Die Geschichte der Renaissance in Italien» von Jacob Burckhardt. Der Engländer weist selber darauf hin, wie da ein ganz anderer Geist drinnen waltet; denn Jacob Burckhardt schildert, wie die Menschen fühlen, wie sie gegeneinander gesinnt sind, wie sie durch die Anschauungen, die sie voneinander haben, in gewisse Verhältnisse kommen, wodurch wieder die anderen unter ihnen sich abspielenden Ereignisse bestimmt werden.

Et l'Anglais résume alors son jugement en disant - je ne juge pas moi-même, je cite le jugement de l'Anglais - : Buckle décrit l'humain tel qu'il mange et boit, Burckhardt décrit l'humain tel qu'il pense et ressent.

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Und der Engländer faßt dann sein Urteil so zusammen, daß er sagt - ich urteile nicht selbst, ich führe das Urteil des Engländers an -: Buckle schildert den Menschen, wie er ißt und trinkt, Burckhardt schildert den Menschen, wie er denkt und fühlt.

Et maintenant, je voudrais ajouter quelque chose : si nous avons entendu comment l'Occident envisage la réalité extérieure et en fait jaillir la vie spirituelle comme résultat, comment l'Européen central envisage ce qui vit au sein de l'âme, mais en tant qu'âme dans l'existence terrestre, alors il faudrait ajouter une troisième chose : l'homme oriental, déjà à bien des égards l'homme oriental européen, décrit l'homme comme il prêche et comme il sacrifie.

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Und jetzt möchte ich etwas hinzu sagen: Wenn wir gehört haben, wie der Westen die äußere Tatsächlichkeit ins Auge faßt und das geistige Leben als Ergebnis daraus entspringen läßt, wie der Mitteleuropäer das, was lebt innerhalb des Seelischen, aber als Seelisches im irdischen Dasein, ins Auge faßt, so wäre als drittes hinzuzufügen: der östliche Mensch, in vieler Beziehung schon der europäisch östliche Mensch, schildert den Menschen, wie er predigt und opfert.

Et ainsi nous pourrions dire, en complétant le jugement de l'Anglais : en Occident, l'humain est décrit comme il mange et boit - je ne dis pas cela dans un sens péjoratif ; dans le monde médian, comme il pense et ressent ; en Orient, comme il prêche et sacrifie. Ce que je me suis permis de décrire comme l'atmosphère orientale entre en jeu dans la prédication et le sacrifice. Ce que j'ai décrit comme l'état d'esprit occidental entre en ligne de compte dans la vision de l'histoire qui est aujourd'hui devenue courante dans les cercles les plus larges, et qui se reflète aussi dans le sentiment de l'idéologie. Mais nous devons aussi voir comment, dans ce qui est décrit au centre, où l'humain est représenté tel qu'il pense et ressent, comment les deux courants convergent, comment on est amené aujourd'hui à comprendre ce concours/cet écoulement commun de la manière correcte, à partir d'un commencement qui doit s'élaborer vers la spiritualité.

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Und so könnten wir sagen, das Urteil des Engländers ergänzend: Im Westen wird der Mensch geschildert, wie er ißt und trinkt - ich sage das nicht in abfälligem Sinne; in der mittleren Welt, wie er denkt und fühlt; in der östlichen, wie er predigt und opfert. Da spielt hinein, in das Predigen und Opfern, was ich als östliche Stimmung mir zu schildern erlaubte. Da spielt hinein, in die Geschichtsbetrachtung, die heute den weitesten Kreisen geläufig geworden ist, die sich auch widerspiegelt in der Empfindung der Ideologie, was ich als westliche Stimmung geschildert habe. Aber wir müssen auch schauen, wie in dem, was in der Mitte geschildert wird, wo der Mensch dargestellt wird, wie er denkt und fühlt, wie da die beiden Strömungen zusammenfließen, wie man heute veranlaßt ist, dieses Zusammenströmen in der richtigen Weise zu verstehen, aus einem Anfang heraus, der sich hinaufarbeiten muß zur Geistigkeit.

Et je voudrais résumer en une image ce que j'ai voulu représenter comme deux ambiances, pour montrer ce qui doit réellement s'entendre/s'accorder entre l'Orient et l'Occident. Je voudrais le résumer dans une image supplémentaire, en montrant comment, à l'époque où, en Orient déjà, le monde physique et sensoriel, mais aussi la vie humaine, étaient ressentis comme une Maya, comment celui qu'on a appelé le Bouddha a trouvé, au cours de ses pérégrinations, les révélations les plus diverses de la souffrance humaine sur terre, comment, parmi ces révélations, il y a aussi un cadavre, comment le Bouddha est confronté à la mort et comment, à partir de cette vision de la mort humaine, il en arrive à sa conclusion : la vie est souffrance.

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Und in ein Bild möchte ich zusammenfassen, was ich als zwei Stimmungen habe darstellen wollen, um zu zeigen, was sich eigentlich verständigen muß zwischen Osten und Westen. Ich möchte das zusammenfassen in einem weiteren Bild, indem ich darauf hinweise, wie in der Zeit, wo schon im Morgenlande die physisch-sinnliche Welt, aber auch das menschliche Leben als Maja empfunden worden ist, wie da derjenige, der der Buddha genannt worden ist, auf seinen Wanderungen die verschiedensten Offenbarungen menschlichen Erdenleids fand, wie unter diesen Offenbarungen auch ein Leichnam ist, wie dem Buddha der Tod gegenübertritt und wie er aus dieser Anschauung des menschlichen Todes zu seiner Folgerung kommt: Leben ist Leiden.

C'est la façon et la manière comment se joue la culture orientale six cents ans avant la fondation du christianisme. Six cents ans plus tard, le christianisme est fondé et un symbole important se dresse alors : celui du crucifix, la croix dressée avec le Rédempteur, avec le corps humain mort dessus. Et d'innombrables personnes se tournent vers le cadavre, vers l'image du cadavre en Occident, comme d'innombrables personnes devenues disciples de Bouddha se sont tournées vers le cadavre duquel Bouddha a tiré son enseignement. Comme l'a confessé l'Orient : la vie est souffrance, nous aspirons à la rédemption, ainsi les Occidentaux ont regardé l'image du cadavre, mais ils n'ont pas prononcé les mots suivants à la vue de ce cadavre : "La vie est souffrance ! Non, la vue de la mort est devenue pour eux le symbole d'une résurrection, d'une résurrection de l'esprit à partir de la force humaine intérieure, le symbole du fait que la souffrance peut tout de suite être rachetée par ce que le physique est surmonté et qu'il n'est pas surmonté dans le sens où on s'en détourne de manière ascétique, mais en le gardant pleinement à l'œil, ne le considère tout de suite pas comme une Maya, mais en le surmontant par le travail, par l'activité, par la vivacité de la volonté. De la vie contemplative de l'Orient est née la vision du cadavre, avec la conclusion suivante : la vie est souffrance ; l'homme doit être délivré de la vie. De la vie occidentale, qui tend vers l'activité, il est ressorti de la vision du cadavre que la vie doit développer en elle une force, afin que les forces de la mort puissent être surmontées et que le travail humain puisse accomplir sa tâche dans l'évolution du monde.

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Das ist die Art und Weise, wie sich orientalische Kultur abspielt sechshundert Jahre vor der Begründung des Christentums. Sechshundert Jahre später wird das Christentum begründet und ein bedeutsames Symbolum steht danach da: das des Kruzifixus, das erhobene Kreuz mit dem Erlöser, mit dem toten Menschenkörper darauf. Und unzählige Menschen schauen zu dem Leichnam, zu dem Bild des Leichnams hin im Westen, wie unzählige Menschen, die Anhänger Buddhas geworden sind, nach dem Leichnam hinschauten, von dem Buddha seine Lehre genommen hat. Wie der Osten bekannte: Das Leben ist Leid, wir sehnen uns nach Erlösung — so schauten die westlichen Menschen das Bild des Leichnams, sie aber sprachen nicht aus dem Anblick dieses Leichnams heraus bloß die Worte: Das Leben ist Leid! — Nein, der Anblick des Todes wurde ihnen das Symbolum für eine Auferstehung, für eine Auferstehung des Geistes aus innerer Menschenkraft, das Symbolum dafür, daß das Leid gerade dadurch erlöst werden kann, daß das Physische überwunden wird und daß es nicht etwa überwunden wird in dem Sinne, daß man sich asketisch von ihm abwendet, sondern indem man es voll im Auge behält, gerade nicht als Maja ansieht, aber es überwindet durch Arbeit, durch Tätigkeit, durch die Regsamkeit des Willens. Aus dem beschaulichen Leben des Orients heraus ist entsprungen die Anschauung des Leichnams mit der Folgerung: Leben ist Leid; der Mensch muß erlöst werden von dem Leben. Aus dem nach Tätigkeit hinstrebenden Leben des Abendlandes ist aus dem Anblick des Leichnams hervorgesproßt: Leben muß Kraft in sich entwickeln, damit auch die Kräfte des Todes überwunden werden können und die menschliche Arbeit in der Weltentwickelung ihre Aufgabe verrichten kann.

L'une de ces visions du monde est ancienne et vieillissante.

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Die eine Weltanschauung ist alt und greisenhaft.

Mais elle porte en elle quelque chose de si grand que, même si on la qualifie de vieillissante, on se tient devant elle comme devant quelque chose de vénérable. On vénère le vieillard.

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Aber sie trägt so Großes in sich, daß, wenn man sie auch als greisenhaft anspricht, man vor ihr steht als vor etwas Altehrwürdigem. Den Greis verehrt man.

Mais on ne lui demande pas d'adhérer aux idées de la jeunesse. Mais ce qui se présente à nous en Occident porte le caractère du début. Nous avons montré ce qu'il fallait faire de ce qui se présentait comme une idéologie dans l'ambiance. C'est jeune, c'est ce que la force juvénile doit développer en elle afin de parvenir à l'esprit à sa façon, comme l'Orient est parvenu à l'esprit à sa façon évidente.

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Aber man mutet ihm nicht zu, daß er sich zu den Anschauungen der Jugend bekenne. Das aber, was uns im Westen entgegentritt, trägt den Charakter des Anfangs. Wir zeigten, was werden muß aus dem, was als Ideologie in der Stimmung auftritt. Das ist jung, das ist das, was jugendliche Kraft in sich entwickeln muß, damit es auf seine Art zum Geiste gelangt, wie auf seine selbstverständliche Art der Orient zum Geiste gelangt ist.

Si nous vénérons l'Orient pour sa spiritualité, nous devons néanmoins être clairs : nous devons former notre propre spiritualité à partir de notre début occidental. Mais nous devons la former de telle sorte que nous puissions nous entendre sur toute la terre avec toutes les conceptions existantes, en particulier avec les conceptions vénérables. Ce sera le cas si nous, en tant qu'humains médians et occidentaux, prenons conscience de ce que cela signifie : notre vision du monde et de la vie a des défauts, mais ce sont des manques de la jeunesse.

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Verehren wir den Orient wegen seiner Geistigkeit, so müssen wir uns dennoch klar darüber sein: wir müssen unsere eigene Geistigkeit aus unserem abendländischen Anfang heraus bilden. Wir müssen sie aber so gestalten, daß wir uns über die ganze Erde hin mit jeglicher Anschauung, die vorhanden ist, insbesondere mit altehrwürdigen Anschauungen, verständigen können. Das wird der Fall sein können, wenn wir als mittlere und westliche Menschen uns bewußt werden, was es bedeutet: unsere Welt- und Lebensanschauung hat Mängel, aber es sind Mängel der Jugend.

Si nous comprenons cela, c'est une invitation à avoir le courage à la force. Mettons en face de ce que nous devons avoir de l'Orient, le respect, l'amour, l'admiration pour sa spiritualité, mettons en face non pas une réception passive, mais un travail assidu à partir de ce qui est peut-être encore non spirituel aujourd'hui en Occident, mais qui porte en lui le germe de la spiritualité, mettons la force en face du respect, et nous ferons ce qui est correct pour le développement/l'évolution de l'humanité.

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Verstehen wir das, so ist es eine Aufforderung, den Mut zu haben zur Kraft. Stellen wir dem, was wir vom Osten haben müssen, der Ehrfurcht, der Liebe, der Bewunderung vor seiner Geistigkeit, stellen wir dem nicht ein passives Empfangen gegenüber, sondern ein emsiges Arbeiten aus dem, was heute vielleicht noch ungeistig ist im Westen, was aber den Keim der Geistigkeit in sich trägt, stellen wir zu der Ehrfurcht die Kraft hin, dann werden wir das Richtige tun für die Menschheitsentwickelung.

 
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QUATRIÈME CONFÉRENCE
ANTHROPOSOPHIE ET ÉVOLUTION DU MONDE

Du point de vue géographique
Vienne, le 4 juin 1922
01
Mes très chers présents ! De même que l'on peut décrire les conditions de la terre selon le principe d'une géographie physique, de même les impulsions spirituelles qui agissent sur la terre et qui ont déjà été plus ou moins caractérisées dans ces conférences peuvent être décrites dans une sorte de géographie spirituelle - en particulier l'interaction des impulsions orientales et occidentales de la vie spirituelle de l'humanité avec toutes leurs différentes différenciations. Ce qui doit être dit aujourd'hui dans cette intention ne peut toutefois être qu'esquissé ; mais il s'agit aussi plus de trouver un point de vue particulier pour certaines choses qui ont déjà été caractérisées ici que de faire une description tout à fait détaillée.
02
Lorsqu'il est regardé vers l'Orient - dont le rapport avec l'Occident est si souvent évoqué par l'expression symbolique selon laquelle la lumière vient de l'Orient -, alors l'humain occidental, l'humain de la civilisation moderne en général, a quand même l'impression d'une vie de l'esprit onirique. Par rapport à l'habitude de la vie de l'esprit moderne à des concepts aux contours nets et précis, à des concepts qui s'appuient étroitement sur ce qui peut devenir une observation extérieure, les représentations de l'Orient, souvent mobiles, fluctuantes, qui ne s'appuient pas aussi directement sur des éléments extérieurs aux contours nets, ont l'air d'un rêve.
03
Il faut dire que c'est à partir de cette vie de l'esprit onirique, qui s'est exprimée dans les poèmes les plus magnifiques, dans les Vedas, que se sont développés les concepts pointus d'une philosophie globale, comme la philosophie du Vedanta ; des concepts qui ne sont pas obtenus par la comparaison de faits extérieurs, par l'analyse ; des concepts qui sont nés, je dirais, de la vie de l'esprit vécue intérieurement, saisie intérieurement.
04
Mais lorsque cette vie de l'esprit onirique agit sur nous, lorsque nous nous adonnons à cette vie de l'esprit avec un certain amour intérieur et que nous ne faisons tout d'abord pas attention au fait qu'elle soit très différente de la nôtre, nous recevons quand même une impression singulière. En effet, on ne peut pas s'arrêter à cette vie de l'esprit si on, aimerais-je dire, la laisse agir sur son âme dans ses différentes configurations. On ne peut pas simplement absorber les représentations, les idées que l'on y reçoit. En recevant de telles représentations, de telles idées, que ce soit de la poésie, de la philosophie de l'Orient, ou des formes de cette poésie, de cette philosophie, qui, devenues vieilles, se sont maintenues en Orient jusqu'à aujourd'hui, alors on reçoit un besoin spirituel intérieur d'aller au-delà de ces images, de ces idées, de ces représentations ; et quelque chose apparaît alors devant le coup d'œil de l'âme. Nous ne pouvons souvent pas faire autrement, lorsqu'une telle idée orientale surgit du rapport de comment l'humain s'approche du mystère et de la création mystérieuse de la nature et du monde, nous ne pouvons pas faire autrement, lorsque nous laissons cette image agir sur nous, que de laisser grandir devant nous en esprit ce qui est également le symbole d'une telle notion en Orient : la fleur de lotus, comme elle enroule ses feuilles autour de ce qui doit être mystérieusement caché. Et si nous nous plongeons avec un peu d'amour dans les concepts aux multiples mouvements, dans les concepts qui sont plus aptes à toucher délicatement les choses extérieures et à les entourer comme d'un souffle de brume qu'à les saisir dans des contours précis, nous ne pouvons pas nous empêcher de nous plonger dans les ramifications de ces concepts, dans cet enchevêtrement, que de voir surgir devant notre âme toute la végétation de l'Orient qui s'enchevêtre et se ramifie, ainsi que tout ce qu'alors la main humaine, l'esprit humain et la culture ont ensuite produit à partir de pierres et d'autres produits du travail dans le sens de ces concepts qui s'écoulent et se ramifient.
05
On a la permission de dire que l'âme ne peut pas faire autrement, lorsqu'elle s'approfondit dans ces représentations, dans ces concepts, que de voir se lever devant elle une nature qui, dans sa vie, dans toute sa diversité, dans son activité pleine de fantaisie, est semblable à ce que l'âme vit dans les concepts, dans les représentations de cette création de l'esprit orientale.
06
Il ne me semble pas qu'il y ait une raison extérieure pour passer de cette création de l'esprit à une "observation fidèle de la nature", mais il me semble que dans les représentations et les concepts orientaux eux-mêmes se trouvent les impulsions pour ne pas simplement les accepter, mais pour les appliquer au monde extérieur. Et si les Européens ont peut-être le sentiment que tout cela ne peut pas être appliqué au monde extérieur, précisément à cause de son caractère flou et souvent fantastique, alors on peut se demander : oui, comment peut-on suivre, avec des concepts aux contours précis, les formations nuageuses fluctuantes, qui apparaissent rapidement sous les formes les plus diverses ? Mais il faut aussi suivre de telles formes en ce qui concerne la création de la nature, si l'on veut observer cette création dans sa manifestation immédiate telle qu'elle se présente aux sens humains et à l'âme humaine.
07
Pourquoi en est-il ainsi ? Il me semble qu'il ne peut y avoir d'autre raison que le fait que, dans ce qui nous parvient de cette création spirituelle orientale, vit un élément à partir duquel il fut jadis directement/immédiatement créé.
08
À l'époque où l'Oriental formait précisément ce qu'il y avait de plus grandiose dans sa vision du monde, qui s'est ensuite souvent transmise à ses descendants dans un état décadent, l'Orient créait tout avec un amour dévoué. L'amour vit dans chacune de ses idées, dans chacun de ses concepts et de ses images, et nous ressentons l'amour dans ces idées, dans ces concepts et dans ces images. L'amour veut s'écouler dans les objets. Et il s'écoule de manière conforme à la nature et fait apparaître comme par magie devant les yeux de notre âme ce que l'Oriental représentait aussi par des symboles - avec une compréhension intime de maintes choses suprasensibles - lorsqu'il voulait représenter ce qu'il éprouvait comme spirituel dans les choses. Bien entendu, il ne s'agit pas d'affirmer qu'une telle configuration d'esprit, répandue sur toute la terre, puisse être une pleine bénédiction pour l'évolution mondiale. Mais puisqu'elle est apparue une fois en un point du globe et qu'elle a souvent répandu ses effets sur d'autres régions de la vie terrestre, elle doit être envisagée sans préjugé, précisément à une époque où l'entente entre les humains doit être établie.
09
Considérons au contraire ce qui s'est développé comme une vision particulière, certainement non moins justifiée, mais sous une forme tout à fait différente, plus orientée vers l'Occident - et nous vivons aussi beaucoup dans cet Occident à cet égard -. Nous y voyons comment on considère et doit considérer comme un idéal que l'on se retire de ce que les sens observent immédiatement, ce qui est étalé dans l'espace et dans le temps, et d'examiner ce que la nature offre, ce qui devrait conduire au mystère du monde, selon la position dans l'espace, le mouvement, la mesure et le poids, de découper ce qui se présente directement à l'œil, de le prendre sous le microscope et de se former alors des représentations qui ne peuvent justement se donner que sous le microscope.
10
Transposons-nous bien une fois dans nos laboratoires : comment sommes-nous alors équipés de ces concepts qui, au fond, sont obtenus tout à fait en dehors de l'observation immédiate. Comment observons-nous aujourd'hui la lumière qui traverse le monde ? Comment la considérons-nous avec des concepts déduits ? Il faut bien qu'il y en ait, sinon nous n'arriverions pas à une compréhension. Mais combien est éloigné ce que nous trouvons maintes fois enregistré dans notre création spirituelle de la lumière et des couleurs, de ce qui se présente à nous dans les forêts et les prés, dans les formations nuageuses, dans le soleil. Nous pouvons dire que ce que nous formons dans nos concepts aux contours précis, avec la balance, avec la règle, avec les types les plus divers d'appareils de comptage et ainsi de suite, ce qui nous conduit dans certaines profondeurs de l'existence de la nature et résout bien des énigmes, ne nous rapproche pas tout d'abord de l'observation immédiate de la nature. On peut bien dire que l'humain tourne son attention vers l'observation des sens et qu'il essaie ensuite de tirer sa vision du monde de l'observation des sens. Au fond, ce n'est pas du tout le cas. Ce que nous fondons comme vision scientifique du monde est très éloigné de ce que les sens observent.
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En fait, nous devons dire que si nous fondons notre connaissance avec les outils de notre science, avec lesquels nous venons peut-être d'obtenir les plus beaux fruits de notre science de la nature actuelle, alors nous devons, si nous voulons à notre tour atteindre la nature, d'abord commuter quelque chose dans notre âme. Si nous sommes botanistes, si nous avons beaucoup observé au microscope, si nous avons appris à connaître la vie des cellules, si nous nous sommes fait des idées à partir de la façon atomisante d'aujourd'hui, alors nous devons commuter quelque chose dans notre âme pour à nouveau avoir de l'amour au monde végétal immédiat, florissant et verdoyant. Si nous nous sommes fait une représentation de science de la nature de l'édifice de l'animal et de l'humain, nous devons à nouveau commuter quelque chose en nous si nous voulons parvenir à l'observation directe/immédiate de la forme et de l'activité de l'animal, si nous devions nous réjouir de voir l'animal s'ébattre sur le pré, ou s'il tourne vers nous son regard mélancolique ou silencieux, ou s'il nous regarde avec confiance. Justement ainsi, nous devons changer quelque chose dans notre âme si nous voulons nous projeter dans ce que l'œil peut regarder, en dirigeant son regard vers la forme humaine, en suivant la configuration des surfaces avec un regard artistique et ainsi de suite. L'Oriental n'a pas besoin de commuter. Ce qu'il appelait sa science le conduisait, en ce qu'il le vivait imprégné/l'âme parcourue d'amour, dehors à la vision immédiate. Celle-ci était très immédiatement l'écho de ce qu'il vivait dans l'âme.
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Ce sont des différences d'humeur/d'ambiance dans la saisie du monde et de la vie en Orient et en Occident. Et ces différences d'ambiance interagissent de la manière la plus diverse chez l'humain du centre. Car dans ce que nous vivons dans notre âme scientifiquement, artistiquement et religieusement, afflue beaucoup de cette ambiance/atmosphère que je viens d'essayer de caractériser un peu comme celle qui souffle de l'Orient. Mais dans une autre relation, règne en nous quelque chose du vivre qui continue, qui est enflammé par cette scientificité que l'Occident a développée, qui est, j'aimerais dire, une scientificité et une connaissance jeunes par rapport à l'Orient devenu vieux. Et dans chaque âme de la civilisation médiane, ces deux courants affluent ensemble. Au fond, la vie qui nous entoure en Europe est une confluence, une confluence telle que nous avons aujourd'hui grand besoin de regarder avec une pleine compréhension ce qui conflue.
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On peut encore caractériser d'une autre manière la manière dont les atmosphères de l'Orient et de l'Occident se touchent dans notre vie actuelle de l'esprit.
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De ce qui vient d'être décrit pour l'Orient, il ressort une chose pour l'Oriental. En s'immergeant dans sa vie de l'esprit, il vit cette vie de l'esprit comme une réalité immédiate, il la porte immédiatement dans son âme comme la réalité qui lui est évidente. Alors la nature extérieure, et en général tout le monde extérieur jusqu'aux formations stellaires, lui apparaît comme un écho, qui est pourtant au fond la même chose que ce qu'il porte en son intérieur. Mais ce qui lui résonne là comme un écho, ce qui lui apparaît comme un reflet, il ne peut pas l'aborder comme une réalité dans le même sens qu'il peut aborder comme une réalité ce qu'il vit immédiatement dans son psychisme/ce qui lui est d'âme. Ce qu'il vit dans le psychisme, il y est lié, il en dit que c'est parce qu'il éprouve son être comme son propre être, parce qu'il sait donc quel genre d'être lui revient. S'il regarde au dehors, là où le reflet de cet étant brille vers lui, alors il sait à sa façon : cela n'a pas dans le même sens réalité, ce n'est pas réalité dans le même sens.
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Si je ne l'éclairais pas avec la lumière qui flue de mon propre intérieur, elle serait muette et sombre. Et en ressentant cela de plus en plus, il arrive à l'atmosphère d'âme qui dit : "La vérité, la réalité, elle vit dans ce que l'âme expérimente immédiatement. Ce qui brille là dehors en vis-à-vis de reflet, c'est justement l'apparence, c'est la Maya, ce n'est aucune pleine réalité, cela devient premièrement réalité lorsqu'il est touché par ce qui doit d'abord se révéler à travers le propre intérieur de l'âme humaine.
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C'est ainsi que nous voyons se développer en Orient la façon de voir que le monde spirituel est la réalité, que le monde extérieur, le monde extérieur sensible, est le monde apparent, la grande illusion, la maja.
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Mais on n'a pas la permission de croire pour autant que l'Oriental détourne son coup d'œil de ce monde extérieur, comme absolument au temps prébouddhique. Il l'accepte, même si, dans un sens plus élevé, il doit s'avouer, à sa façon, qu'il n'a pas affaire à la pleine réalité, mais à une apparence, au grand non-être, à la Maya, dans ce qui est étalé dans l'espace et le temps. Mais cela répand à nouveau une atmosphère particulière sur la vie de l'âme de l'Orient, l'atmosphère par laquelle l'âme se sent reliée à un monde spirituel et par laquelle elle en vient à voir dans tout ce qui vit dans le monde extérieur des sens, dans une certaine mesure une image de la vraie forme originelle du monde qui est disponible dans l'esprit. Mais cela s'étend finalement à la vision que sa propre entité sensorielle humaine est aussi une image d'un être humain qui se tient originairement dans le monde spirituel. Et là, on aimerait dire que, d'une manière absolument uniforme, l'Oriental regarde le monde extérieur comme un monde de représentations/images décalquées (ndt Abbilder) d'un monde spirituel, de même qu'il se regarde lui-même comme une image de ce qu'il était avant de descendre dans le monde physique et sensoriel.
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De son point de vue, les deux visions, celle de l'humain et celle de la nature, sont absolument en harmonie/résonnance.
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Mais comment cette résonnance est possible, comment elle n'est certes plus à la mesure de nos conceptions, mais comment elle exprime tout de même une vérité, même si c'est d'une certaine manière unilatérale, c'est ce qui peut nous être montré à nouveau lorsque nous abordons nous-mêmes la contemplation de ce sentiment de connaissance oriental avec les méthodes de recherche en sciences de l'esprit que j'ai décrites ici ces jours-ci.
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J'ai donc expliqué comment, en éveillant les forces qui sommeillent dans l'âme, on peut parvenir à une vision du monde spirituel dans un sens adapté à l'humain moderne actuel, comment on peut à nouveau voir dans un monde spirituel, comment un monde spirituel commence à s'étendre pour l'humain, pour son œil spirituel, justement ainsi que le monde physico-sensible s'étend pour l'œil sensoriel. Mais si l'on se forme encore plus loin cette façon de voir, alors le monde spirituel ne reste pas simplement l'image panthéiste et nébuleuse d'un spirituel général, mais le monde spirituel devient alors aussi concret dans les différentes formes que le monde sensible l'est dans les différentes formes des règnes de la nature. Mais il en résulte alors une façon de voir l'humain que je veux caractériser aujourd'hui tout d'abord de manière comparative.
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Prenons une fois le fait qui se présente à nous à chaque instant de notre vie : nous avons une expérience extérieure, un vécu extérieur. Nous nous trouvons d'abord à l'intérieur de cette expérience extérieure, de cette expérience extérieure, nous nous y tenons avec notre perception sensorielle, nous en faisons peut-être aussi l'expérience en mettant notre volonté en mouvement, en nous activant. Nous vivons avec les faits du monde extérieur. C'est pour nous une expérience immédiatement présente. Au fond, l'existence humaine sur terre se compose de telles expériences. Nous gardons de ces expériences des images de pensées qui sont alors nos souvenirs. Nous jetons un oup d'œil rétrospectif sur nos expériences en portant en nous les images pâlies, les images ombrées, les images à puissance de pensées de ces expériences/vécus.
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Que l'on soit tout à fait honnête avec soi-même en cette relation et que l'on demande à la conscience actuelle s'il y a en elle, à un moment quelconque de sa vie, beaucoup plus que les souvenirs d'expériences sensorielles extérieures effectives. Certes, maint mystique nébuleux s'imagine qu'il fait remonter des profondeurs de son âme toutes sortes de choses éternelles. S'il y regardait de plus près, s'il était en mesure d'examiner réellement ces constructions de l'âme qu'il fait remonter, il trouverait qu'elles ne sont en général rien d'autre que des perceptions extérieures transformées. Au fond de l'être humain, les souvenirs ne sont pas seulement fidèlement conservés, ils sont souvent transformés, et alors l'être humain ne les reconnaît pas, il croit, en tant que mystique, faire remonter quelque chose des profondeurs de son âme, alors qu'il n'a fait que faire remonter de sa mémoire une expérience extérieure transformée.
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Certes, nous avons seulement besoin de nous souvenir des vérités mathématiques pour savoir que toutes sortes de structures internes s'animent dans ce qui est la vie de l'âme. En règle générale, le mystique ne cherche pas ces structures intérieures. Mais celui qui veut accepter sans préjugé la vie de l'âme quotidienne telle qu'elle se présente dans la conscience ordinaire doit dire : cette vie de l'âme est la somme d'images qui sont les restes de nos expériences, qui ont été réalisées par des perceptions, et d'autres expériences à l'intérieur du monde extérieur des faits sensoriels ; de sorte que lorsque nous regardons notre psychique et aussi le spirituel qui imprègne ce psychique, tel que nous l'avons d'abord dans la vie physique terrestre, nous pouvons alors dire : dehors, le monde physique s'étend dans l'espace, le monde qui déploie ses causes et ses effets dans le temps, le monde des faits donc.
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C'est ici que se trouve le monde des ombres de l'âme, que nous vivons certes dans son ensemble comme un vivant de l'âme, mais dont le contenu n'est que le décalque d'un monde de faits, d'un monde des sens. Or, aussi paradoxal que cela puisse encore sonner aux façons de voir de notre époque, l'inverse se produit aussi pour la vision que j'ai développée ici en ces jours. Lorsque du spirituel est réellement vécu dans le monde, du spirituel au sein des phénomènes naturels, tel qu'il se présente à la conscience vide à partir de la méditation, lorsque du spirituel est observé comme le spirituel et d'âme de l'humain lui-même, tel qu'il est avant d'être descendu dans son existence corporelle à partir d'un monde spirituel, lorsque le spirituel concret est réellement observé par l'organe de l'esprit qui a été ouvert, lorsque le monde qui nous entoure devient aussi spirituel qu'il est sensible, physique, pour nos sens, alors nous commençons aussi à contempler notre organisation physique, comme dans un souvenir des temps où nous vivions en tant qu'êtres spirituels-âmes dans les mondes purement spirituels-âmes : comment elle est, dans ses détails, une image/un décalque de ce qui nous entoure en tant que monde spirituel. Avec la physiologie et l'anatomie, nous ne pouvons considérer nos poumons, notre cœur et nos autres organes que comme des choses extérieures ; mais ensuite, lorsque nous sommes en mesure de voir l'environnement spirituel autour de nous, ce qui se trouve effectivement à l'intérieur de nous en tant que poumons, en tant que cœur, devient pour nous l'image existante dans le physique de ce qui est préformé spirituellement. De même que dans notre conscience ordinaire, le monde extérieur est physique et que notre âme se crée des images et les vit comme des expériences, de même nous apprenons qu'il existe un monde spirituel à l'extérieur et que les images de ce monde spirituel sont présentes dans nos propres organes. Nous apprenons maintenant à connaître l'humain dans sa structure/son membrement que lorsque nous apprenons à connaitre le monde spirituel. Et alors, ce que l'on appelle habituellement matière/substance cesse d'avoir la même signification que celle qu'elle a prise dans la civilisation récente, de même que l'esprit cesse d'avoir la signification de l'abstrait, de ce qu'il est justement devenu au sein de la civilisation récente. Nous voyons alors comment, en fait, dans ce qui travaille organiquement en nous, il y a une image/un décalque de ce que nous étions avant de descendre à l'être terrestre.
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Et maintenant, il arrive que même le matérialisme, tant qu'il est justifié - et il a aussi apporté son lot de bienfaits, il nous a apporté d'innombrables connaissances -, ne nous effraie plus. Nous regardons le cerveau humain, le système nerveux humain dans son travail physique. Nous admettons certes que la pensée ordinaire, quotidienne, est une fonction de ces organes physiques. Nous sommes tout à fait en accord avec ce qu'une science rigoureuse doit affirmer aujourd'hui en rapport à ces choses. Mais nous savons de l'autre côté que ce qui travaille en nous sous des formes matérielles est justement l'image ultérieure (?) transformée du spirituel. Cela a la permission d'être matériel parce que le matériel est une transformation du spirituel, parce que le spirituel, en se transformant en l'humain terrestre, a cherché la faculté matérielle du cerveau, des nerfs, pour accomplir dans le décalque matériel ce qui est préformé spirituellement.
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C'est ce qui se présente à l'œil spirituel de l'humain moderne par le développement ces forces de connaissance dont j'ai parlé ces jours-ci. Mais j'aimerais dire qu'est disponible justement un modèle onirique de cela dans cette vision orientale du monde que j'ai pu esquisser en quelques traits, qui est aujourd'hui vieille et vieillissante, mais qui continue à œuvrer avec certaines particularités dans la formation de notre cœur et de notre âme. Dans sa clairvoyance instinctive, cet Orient ancien a pressenti que le monde spirituel est une réalité à laquelle il se sentait lié, et que la nature, avec ce qui chez l'homme lui-même est nature, est un décalque du spirituel, que c'est à travers elle que se révèle, sous forme d'apparence extérieure, ce qui est intérieurement spirituel.
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Mais qu'on ne dise seulement pas que l'Oriental n'aurait pas observé la nature. Il a eu des organes fins pour l'observation de la nature. Mais de tout ce qu'il observait fidèlement en tant que décalque et qu'il vénérait dans l'amour, il voyait justement briller un élément spirituel. Pour lui, la nature révélait l'esprit, l'esprit rayonnait partout vers lui. Et cet esprit, il l'appelait sa réalité. Mais ce qui se répandait à l'extérieur, c'était pour lui Maja.
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Mais on voit déjà au bouddhisme, qui a donc gagné une influence beaucoup plus grande sur la vie orientale qu'on ne le croit habituellement, car il a pris les formes les plus diverses dans la vie ultérieure, comment le fait de se tenir immédiatement à l'intérieur du monde spirituel s'est atténué au cours de l'évolution ultérieure de l'humanité et de la terre, comment le regard s'est en quelque sorte tourné de plus en plus vers la Maya, et comment la sensation de la grande illusion, de la grande non-existence, de la Maya, est devenue peu à peu la chose principale, comment en est né le sentiment du besoin de rédemption de ce qui peut être vécu au sein de cette Maya, vécu en particulier dans le sens du Bouddha, qui considérait les expériences directes de cette Maya comme une somme de souffrances qui affluent sur l'humain.
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Mais cette atténuation du fait de se tenir à l'intérieur du monde spirituel justifie pour nous, si nous en venons à nouveau à la connaissance moderne de l'esprit, de considérer la vision du monde de l'Orient ancien comme quelque chose d'instinctif, aussi d'unilatéral, auquel nous devons cependant revenir en toute sérénité et avec une conscience claire. Car il ne doit pas se produire une deuxième fois dans l'évolution du monde qu'une paralysie de l'activité humaine se produise face aux exigences du monde extérieur terrestre. L'humain ne doit pas se réfugier une deuxième fois dans la vie de l'esprit de telle sorte que sa fuite l'empêche d'intervenir avec toute sa force dans la tâche terrestre, dans tout ce que l'Oriental éprouve souvent comme la Maya, même s'il ne l'appelle pas ainsi à cause de sa concession aux concepts modernes, alors qu'il ressent comme la réalité ce qui se révèle en lui. C'est là que se trouve pour lui la lumière, qui est pour lui le reflet direct du divin-spirituel dans le monde.
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Maintenant, j'aimerais opposer à ce que je viens de décrire comme un déferlement de géographie spirituelle dans notre vie moderne, une autre image, une image qui est justement ainsi tirée de l'évolution de l'esprit humain, de l'évolution du monde, mais qui appartient à notre présent immédiat. Celui qui s'est beaucoup déplacé dans les sphères d'où s'élèvent aujourd'hui tant de choses dans notre civilisation, devenue d'une certaine relation ancienne, aussi pour l'Europe, dans les sphères d'où s'élèvent les aspirations/nostalgies en relation sociale, et aussi les luttes sociales, aura trouvé quelque chose que je veux caractériser de la façon suivante.
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J'ai longtemps été enseignant dans des cercles socialistes, sans que l'on puisse pour autant m'accuser, parce que ce serait faux, d'être socialiste. Je l'ai été précisément pour répandre au sein de ces cercles - le temps n'était pas encore venu, il y a plus de vingt ans - une vie de l'esprit qui pourrait conduire à des formes plus conformes à la réalité que celles auxquelles on aspire à partir du marxisme abstrait ou du marxisme modifié et ainsi de suite, et qui sont justement à bien des égards irréalistes.
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Mais si l'on observe dans ces cercles quelque chose qui est là comme une ambiance fondamentale - que l'on peut reconnaître comme un commencement, mais qui est aussi profondément ancré dans les âmes que l'ambiance de la Maya orientale est ancrée dans les âmes comme une fin à l'Est par-dessus là-bas -, alors un mot tombe lourdement sur l'âme, un mot qui exprime aussi beaucoup de sentiments inconscients, d'idées et de concepts inconscients, d'aspirations/nostalgies inconscientes, un mot que l'on peut entendre encore et encore, que l'on doit ressentir depuis des décennies comme étant caractéristique de larges cercles de l'humanité. Ce mot exprime un état d'esprit qui s'étend sur des millions de personnes : c'est le mot idéologie. Ce mot s'est formé à partir de cette vision que tout de suite la classe prolétarienne a intégrée dans sa formation. La scientificité se matérialisant de plus en plus, il s'est formé la vision que la réalité historique n'existait que dans les luttes économiques, dans les façonnements économiques, dans les luttes de classes, bref, dans ce qui est directement et extérieurement matériel, sensoriel et physique, dans la vie humaine, dans la vie historique, que les forces économiques sont donc le véritable réel, la réalité.
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Ce matérialisme économique, qui est beaucoup plus répandu que ne le pensent encore aujourd'hui de nombreuses personnes des classes supérieures, est en un certain sens le résultat de la conception matérialiste générale, que l'on croit aujourd'hui même scientifiquement dépassée, mais qui pourtant tire tout de suite les plus larges cercles dans les humeurs et les dispositions des âmes de l'Occident.
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Et idéologie, qu'est-ce que cela signifie ? Cela signifie : la vie de droit, la moralité, ce qui repose dans le beau, les concepts religieux, les concepts d'État, bref, tout ce qui est vie spirituelle, ce n'est aucune vraie réalité, c'est une écume et une apparence qui s'élèvent de la vraie réalité, qui réside dans les luttes et les configurations matérielles. Idéologie, cela doit désigner le fait que ce que l'humain vit en son for intérieur, que ce soit l'art, la science, le droit, les maximes de l'État, les impulsions religieuses, est une Maya, si j'ai la permission de me servir maintenant de l'expression orientale.
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Avec le mot idéologie est décrit quelque chose, si on ne le prend pas de manière extérieure, abstraite, si on peut ressentir ce que des millions d'humains pensent, ce qui doit prendre les dimensions les plus terribles si ce n'est pas amené à temps dans un bon chenal. Ce que l'âme vit et façonne intérieurement n'est aucune réalité, la vraie réalité n'est que ce qui vit extérieurement dans des faits sensibles aux sens ! Et c'est ainsi qu'au sein de la civilisation occidentale, s'est formée l'atmosphère polairement opposée à celle qui a longtemps dominée l'Orient et qui, aujourd'hui, est encore disponible de façon vieillissante, plus comme une parure extérieure. Là-bas : la vraie réalité, ce qui est vécu dans l'esprit Maja, ce qui se passe extérieurement dans la réalité physique ; ici : Maja, idéologie, qui est en fait la traduction du mot Maja, mais qui s'applique maintenant au domaine spirituel, ce qui est vécu dans l'esprit, Réalité, ce qui est répandu tombant sous les sens, disponible dans le monde comme une réalité de faits tombant sous les sens.
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Dans son évolution, le monde aspire à la pleine réalisation de ses possibilités individuelles. De même que l'unilatéralité s'est formée en Orient, de même l'autre unilatéralité devait-elle aussi une fois s'emparer de l'humanité. Mais si l'on veut faire évoluer l'humanité, si l'on veut faire évoluer le monde dans un sens fécond, dans un sens tel que nous puissions à nouveau passer des forces de déclin aux forces d'ascension, on doit seulement se placer une fois devant l'âme ce que peut en fait signifier cette ambiance dans l'idéologie. Elle est jeune, elle est donc un début.
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Si nous nous tournons à nouveau vers ce que peut nous dire la vision moderne de science de l'esprit, nous trouverons qu'en Orient, il y avait instinctivement, obscurément, en rêvant, la connaissance qu'il y avait une réalité spirituelle, qu'ici, dans le physique, il y avait l'image sensorielle de cette réalité spirituelle. Comme l'attention de l'âme était de préférence dirigée vers la réalité spirituelle, la réalité sensorielle est justement devenue une irréalité, une apparence extérieure, une Maya. Mais cette Maya n'a pas seulement une signification pour notre travail extérieur - le monde peut être une Maya, nous devons d'abord adresser notre travail à cette Maya en tant que réalité pour nous les humains -, elle a aussi une signification pour le "connais-toi toi-même", pour une vision véritablement humaine. Pourquoi ? Eh bien, nous pouvons nous élever jusqu'à une vie dans le monde spirituel, comme je l'ai décrit, nous pouvons voir avec des concepts aux contours précis et comprendre ainsi ce qui paraissait un rêve à l'Orient. Mais jamais, au cours de l'évolution de l'humanité, nous n'aurions pu parvenir à l'impulsion de la liberté en faisant l'expérience d'un tel monde.
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L'humain devait se développer avec sa conscience hors du monde spirituel, auquel il se sent intérieurement lié, mais dont il est en même temps intérieurement déterminé et dépendant, et se tourner vers un monde de pure réalité/factualité pour une époque passagère de l'évolution historique dans laquelle nous nous trouvons entièrement. Lorsque l'humain se trouve face à cette réalité extérieure, sa vie d'âme devient l'image de cette factualité. Ce qui traverse cette vie de l'âme en tant qu'esprit devient des concepts abstraits, cela devient progressivement quelque chose qui doit être pure image, qui doit être reconnu dans sa reproductibilité/son statut de décalque.
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Je l'ai déjà suggéré : si nous portons des images en nous, nous pouvons être libres. Des images-miroir ne nous déterminent pas. Si nous voulons nous orienter en fonction d'images-miroir qui sont en elles-mêmes sans force, nous devons nous donner l'impulsion nous-mêmes. Il en va de même pour ce qui devient en nous des concepts abstraits. Et en faisant surgir en nous, dans la pensée pure, ce que nous portons en nous de plus noble, le moral-religieux, cela devient pour nous une impulsion de liberté. C'est un contenu des plus précieux/valable pour la vie humaine. Mais il apparaît dans la pensée abstraite à l'époque où l'humain se trouve directement confronté dans sa vision à la factualité physique.
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Et à partir du moment où le moral apparaît comme intuition morale dans la pensée pure, la tâche de l'époque qui s'est développée à partir du spirituel-réel vers l'esprit de l'abstrait et qui, j'aimerais dire, en radicalisant cette atmosphère d'âme, saisit maintenant tout ce qui est spirituel comme une maya, comme une pure apparence, comme une idéologie, est accomplie. Nous avons un certain droit de saisir tout cela comme une idéologie qui est image miroir de l'être naturel extérieur. Dès l'instant où le moral, en tant qu'intuition morale, exerce son influence/impact dans cette pensée-maya, dans cette idéologie, là est atteinte la première marche, où nous reconnaissons à nouveau que cette idéologie, qui est vécue en nous comme un pur être image, doit être éveillée à la vie intérieure en nous énergisant nous-mêmes, en laissant jaillir la vie intérieure qui est cachée en nous. Le contenu du monde devait d'abord devenir une idéologie pour l'humanité, afin que l'humain puisse verser sa réalité dans ce contenu du monde.
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C'était nécessaire à l'expérience de liberté de l'humanité, qui est donc quand même d'abord une expérience de l'Occident, de la civilisation la plus récente. C'était nécessaire de la manière que l'humain, avec tout ce qu'il a de plus précieux, avec son art, sa science, ses concepts moraux, bref, avec tout ce qui est sa vie spirituelle, se sentait comme dans un irréel et que tout ce qui apparaît brillant au-devant de lui comme une chose éphémère, comme la seule réalité, parce que cette réalité, si elle est correctement contemplée de part en part, ne peut pas du tout porter atteinte à sa liberté, dans la mesure où il est un être spirituel qui ne se crée dans la réalité/factualité physique-sensible qu'un décalque de l'esprit lui-même.
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Nous pouvons ainsi sentir comment, dans ce qui se présente comme une idéologie, il y a, radicalisé, une ambiance que nous devons en fait avoir à l'égard des concepts sur la nature, qui vit dans des rapports de situation, de mouvement, de mesure et de nombre. Si la nature nous transmettait autre chose que des concepts, elle ne nous laisserait jamais devenir des humains libres. Ce n'est qu'en nous hissant à des concepts qui n'apparaissent alors que comme idéologie à celui qui reste d'abord prisonnier de ce niveau, qu'une nouvelle forme réelle-spirituelle du monde supérieur peut se déverser dans ces concepts d'abord irréels. C'est le début à partir duquel une nouvelle forme du monde spirituel doit naître pour l'humain. Et si l'expérience unilatérale de l'idéologie se présente à nous, celui qui aujourd'hui ne reste pas prisonnier des visions immédiates du jour, mais qui est capable de regarder l'évolution du monde, doit se dire : puisqu'il était nécessaire que l'humain puisse arriver à un tel niveau d'évolution, où il peut parler d'idéologie en regardant unilatéralement le monde et soi-même, il doit à nouveau parvenir à l'opinion, à la conviction, à la force, au courage de verser dans cette idéologie un monde spirituellement vu, spirituellement vécu.
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Sinon, même si elle est dédiscutée philosophiquement, l'idéologie reste une idéologie. Et les forces de déclin se développeront dans un sens très réel, comme nous le verrons dans la deuxième partie de ces conférences, qui traiteront d'"anthroposophie et sociologie".
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Ainsi, deux images se tiennent devant nous : le monde de l'esprit comme réalité et le monde des sens comme maïa, le monde des sens comme réalité et le monde de l'esprit comme maïa.
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Seule et unique une conception du monde et de la vie capable d'apporter l'intuition spirituelle, l'imagination et l'inspiration spirituelle dans le monde spirituel contemplé idéologiquement, de sorte que ce qui apparaît aujourd'hui indiciblement vide soit à nouveau rempli d'un contenu spirituel, et qui soit en même temps capable d'envisager en quel sens est quand même une réalité ce que l'Orient éprouve comme une apparence, comme une Maya, une réalité en ce sens qu'il s'agit d'une image vraie et fidèle, d'une transformation du monde spirituel, qui était nécessaire à l'évolution de l'humanité dans la liberté, uniquement et seulement une telle conception du monde et de la vie, qui regarde vers ces deux images au point de pouvoir en quelque sorte les emboîter l'une dans l'autre, qui ne produit pas seulement une somme extérieure sèche, mais qui, par sa propre vie intérieure, ne se développe ni à partir de l'une ni à partir de l'autre, mais à partir de l'essence humaine immédiate dans son essor spirituel, peut apporter une compréhension de ce qui nous apparaît comme deux tableaux mondiaux si polairement opposés.
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Et ces tableaux mondiaux jouent au fond un rôle dans tout ce que nous traversons vivant spirituellement. Il est absolument ainsi que ces atmosphères interviennent dans les détails de la vie, dans les détails des visions humaines. J'aimerais éviter, en tant qu'Européen central en Europe centrale, de porter un jugement personnel sur ce point précis. Je voudrais faire part du jugement qu'un Anglais a exprimé il y a quelques années, en comparant l'Europe occidentale et l'Europe centrale à propos d'un certain côté de la vie spirituelle. Cet Anglais voulait caractériser la manière dont la vie spirituelle se présentait dans les différentes manifestations. Il a attiré l'attention sur la parution, à la fin des années cinquante et au début des années soixante, de l'œuvre importante de Buckle, "L'histoire de la civilisation", et sur comment ce dernier considère la vie historique en grande partie à partir d'impulsions économiques, pas encore aussi radicalement que les marxistes par exemple, mais à partir de telles impulsions, de sorte qu'au fond, la vie spirituelle s'élève à partir des forces économiques dans leur interaction et leur divergence. On n'est pas obligé de critiquer ce genre de choses, on peut se montrer positif à leur égard ; on peut dire que, puisque l'humain est aussi un être économique, il est devenu nécessaire, dans l'évolution de l'humanité, de voir la vie humaine aussi sous cette lumière. Mais alors, cet Anglais fait référence à une autre œuvre qui a vu le jour en Europe centrale à l'époque où Buckle écrivait son histoire de la civilisation, l'œuvre "Die Geschichte der Renaissance in Italien (L'histoire de la Renaissance en Italie)" de Jacob Burckhardt. L'Anglais lui-même fait remarquer qu'il y règne un tout autre esprit ; car Jacob Burckhardt décrit comment les humains ressentent, comment ils sont disposés les uns envers les autres, comment ils arrivent, par les conceptions qu'ils ont les uns des autres, à certains rapports qui déterminent à leur tour les autres événements qui se déroulent parmi eux.
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Et l'Anglais résume alors son jugement en disant - je ne juge pas moi-même, je cite le jugement de l'Anglais - : Buckle décrit l'humain tel qu'il mange et boit, Burckhardt décrit l'humain tel qu'il pense et ressent.
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Et maintenant, je voudrais ajouter quelque chose : si nous avons entendu comment l'Occident envisage la réalité extérieure et en fait jaillir la vie spirituelle comme résultat, comment l'Européen central envisage ce qui vit au sein de l'âme, mais en tant qu'âme dans l'existence terrestre, alors il faudrait ajouter une troisième chose : l'homme oriental, déjà à bien des égards l'homme oriental européen, décrit l'homme comme il prêche et comme il sacrifie.
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Et ainsi nous pourrions dire, en complétant le jugement de l'Anglais : en Occident, l'humain est décrit comme il mange et boit - je ne dis pas cela dans un sens péjoratif ; dans le monde médian, comme il pense et ressent ; en Orient, comme il prêche et sacrifie. Ce que je me suis permis de décrire comme l'atmosphère orientale entre en jeu dans la prédication et le sacrifice. Ce que j'ai décrit comme l'état d'esprit occidental entre en ligne de compte dans la vision de l'histoire qui est aujourd'hui devenue courante dans les cercles les plus larges, et qui se reflète aussi dans le sentiment de l'idéologie. Mais nous devons aussi voir comment, dans ce qui est décrit au centre, où l'humain est représenté tel qu'il pense et ressent, comment les deux courants convergent, comment on est amené aujourd'hui à comprendre ce concours/cet écoulement commun de la manière correcte, à partir d'un commencement qui doit s'élaborer vers la spiritualité.
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Et je voudrais résumer en une image ce que j'ai voulu représenter comme deux ambiances, pour montrer ce qui doit réellement s'entendre/s'accorder entre l'Orient et l'Occident. Je voudrais le résumer dans une image supplémentaire, en montrant comment, à l'époque où, en Orient déjà, le monde physique et sensoriel, mais aussi la vie humaine, étaient ressentis comme une Maya, comment celui qu'on a appelé le Bouddha a trouvé, au cours de ses pérégrinations, les révélations les plus diverses de la souffrance humaine sur terre, comment, parmi ces révélations, il y a aussi un cadavre, comment le Bouddha est confronté à la mort et comment, à partir de cette vision de la mort humaine, il en arrive à sa conclusion : la vie est souffrance.
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C'est la façon et la manière comment se joue la culture orientale six cents ans avant la fondation du christianisme. Six cents ans plus tard, le christianisme est fondé et un symbole important se dresse alors : celui du crucifix, la croix dressée avec le Rédempteur, avec le corps humain mort dessus. Et d'innombrables personnes se tournent vers le cadavre, vers l'image du cadavre en Occident, comme d'innombrables personnes devenues disciples de Bouddha se sont tournées vers le cadavre duquel Bouddha a tiré son enseignement. Comme l'a confessé l'Orient : la vie est souffrance, nous aspirons à la rédemption, ainsi les Occidentaux ont regardé l'image du cadavre, mais ils n'ont pas prononcé les mots suivants à la vue de ce cadavre : "La vie est souffrance ! Non, la vue de la mort est devenue pour eux le symbole d'une résurrection, d'une résurrection de l'esprit à partir de la force humaine intérieure, le symbole du fait que la souffrance peut tout de suite être rachetée par ce que le physique est surmonté et qu'il n'est pas surmonté dans le sens où on s'en détourne de manière ascétique, mais en le gardant pleinement à l'œil, ne le considère tout de suite pas comme une Maya, mais en le surmontant par le travail, par l'activité, par la vivacité de la volonté. De la vie contemplative de l'Orient est née la vision du cadavre, avec la conclusion suivante : la vie est souffrance ; l'homme doit être délivré de la vie. De la vie occidentale, qui tend vers l'activité, il est ressorti de la vision du cadavre que la vie doit développer en elle une force, afin que les forces de la mort puissent être surmontées et que le travail humain puisse accomplir sa tâche dans l'évolution du monde.
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L'une de ces visions du monde est ancienne et vieillissante.
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Mais elle porte en elle quelque chose de si grand que, même si on la qualifie de vieillissante, on se tient devant elle comme devant quelque chose de vénérable. On vénère le vieillard.
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Mais on ne lui demande pas d'adhérer aux idées de la jeunesse. Mais ce qui se présente à nous en Occident porte le caractère du début. Nous avons montré ce qu'il fallait faire de ce qui se présentait comme une idéologie dans l'ambiance. C'est jeune, c'est ce que la force juvénile doit développer en elle afin de parvenir à l'esprit à sa façon, comme l'Orient est parvenu à l'esprit à sa façon évidente.
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Si nous vénérons l'Orient pour sa spiritualité, nous devons néanmoins être clairs : nous devons former notre propre spiritualité à partir de notre début occidental. Mais nous devons la former de telle sorte que nous puissions nous entendre sur toute la terre avec toutes les conceptions existantes, en particulier avec les conceptions vénérables. Ce sera le cas si nous, en tant qu'humains médians et occidentaux, prenons conscience de ce que cela signifie : notre vision du monde et de la vie a des défauts, mais ce sont des manques de la jeunesse.
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Si nous comprenons cela, c'est une invitation à avoir le courage à la force. Mettons en face de ce que nous devons avoir de l'Orient, le respect, l'amour, l'admiration pour sa spiritualité, mettons en face non pas une réception passive, mais un travail assidu à partir de ce qui est peut-être encore non spirituel aujourd'hui en Occident, mais qui porte en lui le germe de la spiritualité, mettons la force en face du respect, et nous ferons ce qui est correct pour le développement/l'évolution de l'humanité.
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