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PREMIÈRE
CONFÉRENCE
ANTHROPOSOPHIE ET SCIENCE
DE LA NATURE
Vienne, le
1er juin 1922 |
ERSTER
VORTRAG
ANTHROPOSOPHIE
UND
NATURWISSENSCHAFT
Wien, 1. Juni
1922 |
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Les
références Rudolf Steiner Œuvres
complètes ga 083 017-049 (1981)
01/06/1922
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Traducteur:
FG v.01 15/02/2022 |
Editeur: SITE |
PREMIÈRE CONFÉRENCE
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ERSTER VORTRAG
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Vienne, le 1er juin 1922
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Wien, 1. Juni 1922
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Mes très chers présents ! Ce
congrès vous a été annoncé comme
un congrès de vision du/façon de
voir le monde et vous
l'accueillerez volontiers aussi,
d'après la manière de l'annoncer
comme tel. Mais celui qui veut
parler aujourd'hui sur des
questions de façon de voir le
monde n'a pas la permission de
passer à côté de la science de la
nature, et surtout pas à côté des
conséquences pour la façon de voir
le monde que cette science de la
nature a apporté. Dans un certain
sens, cette science de la nature
est devenue depuis des siècles, on
peut dire depuis le 15e et le 16e
siècle, de plus en plus la
maîtresse de la pensée humaine à
l'intérieur du monde de la
culture.
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01
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Meine sehr
verehrten Anwesenden! Dieser
Kongreß ist Ihnen als ein
Weltanschauungskongreß angekündigt
worden, und Sie werden ihn wohl
auch nach der Ankündigungsweise
als einen solchen hinnehmen. Wer
aber heute über
Weltanschauungsfragen sprechen
will, darf nicht vorbeigehen an
der Naturwissenschaft, vor allen
Dingen nicht an den
Weltanschauungskonsequenzen,
welche diese Naturwissenschaft
gebracht hat. Diese
Naturwissenschaft ist ja in einem
gewissen Sinne seit Jahrhunderten,
man darf sagen, seit dem 15., 16.
Jahrhundert, immer mehr und mehr
die Beherrscherin des menschlichen
Denkens innerhalb der Kulturwelt
geworden.
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Or, on aurait beaucoup à dire si
l'on voulait attirer l'attention
sur les grands triomphes de la
connaissance de cette science de
la nature et sur la transformation
de toute notre vie par les
conquêtes de la recherche de
science de la nature. Mais cela
reviendrait à répéter des choses
connues de tous les participants.
Du point de vue de la vision du
monde, il y a encore quelque chose
de tout à fait différent qui doit
intéresser aux sciences de la
nature. C'est le rôle d'éducateur
de toute l'humanité civilisée que
la science de la nature a joué
depuis longtemps. Et c'est tout de
suite quand on parle de ce rôle
éducatif dans le cours de
l'évolution de l'humanité moderne
que l'on arrive alors en fait sur,
j'aimerais dire, deux paradoxes.
Permettez-moi de partir de ces
paradoxes aujourd'hui.
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02
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Nun würde man ja
sehr viel zu sagen haben, wenn man
hinweisen wollte auf die großen
Erkenntnistriumphe dieser
Naturwissenschaft und auf die
Umgestaltung unseres ganzen Lebens
durch die Errungenschaften
naturwissenschaftlicher Forschung.
Das hieße aber, für alle
Anwesenden Bekanntes wiederholen.
Vom Weltanschauungsstandpunkt aus
muß an der Naturwissenschaft noch
etwas ganz anderes interessieren.
Das ist die Rolle als Erzieher der
ganzen zivilisierten Menschheit,
welche die Naturwissenschaft seit
langer Zeit eingenommen hat. Und
gerade wenn man von dieser
erzieherischen Rolle im
Entwickelungsgang der modernen
Menschheit spricht, dann kommt man
eigentlich auf, ich möchte sagen,
zwei Paradoxien. Gestatten Sie
mir, von diesen Paradoxien heute
auszugehen.
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La première chose qui s'est
produite, surtout en en rapport à
l'intérieur humain, à partir du
mode de recherche de science de la
nature, c'est une transformation
de la vie des pensées humaines en
tant que telle. Celui qui sait
regarder sans préjugés les
courants de vision du monde
antérieurs, devra se dire qu'au
sein de ces courants de vision du
monde, en raison des conditions de
l'évolution de l'humanité à des
époques plus anciennes, la pensée
a ajouté comme évidente un quelque
chose de proprement humain à ce
que l'expérience et l'observation
de la nature donnaient. On a
seulement besoin de se souvenir
des branches de la connaissance
actuellement dépassées/surmontées,
de l'astrologie, de l'alchimie, et
l'on viendra sur comment, dans de
telles sortes de connaissance
adaptées aux anciennes époques de
culture, la nature était abordée
ainsi que comme d'évidence. La
pensée humaine ajoutait quelque
chose à ce qu'elle voulait
énoncer, ou aussi à ce qu'elle
laissait se révéler/manifester par
les choses du monde.
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03
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Das erste, was sich
vollzogen hat mehr in bezug auf
das menschliche Innere, von der
naturwissenschaftlichen
Forschungsweise aus, das ist eine
Umgestaltung des menschlichen
Gedankenlebens als solchem. Wer
unbefangen frühere
Weltanschauungsströmungen ins Auge
zu fassen weiß, der wird sich
sagen müssen, daß innerhalb dieser
Weltanschauungsströmungen, aus den
Bedingungen der
Menschheitsentwickelung in älteren
Epochen, das Denken wie
selbstverständlich etwas aus dem
eigentlichen Menschlichen
hinzugetan hat zu demjenigen, was
Experiment und Beobachtung der
Natur ergaben. Man braucht sich
nur zu erinnern an die gegenwärtig
überwundenen Erkenntniszweige, an
die Astrologie, die Alchimie, und
man wird darauf kommen, wie in
solchen für ehemalige
Kulturepochen angemessenen
Erkenntnisarten an die Natur so
herangegangen wurde, daß wie
selbstverständlich das menschliche
Denken aus sich heraus zu
demjenigen etwas hinzugab, was es
aussagen wollte, oder auch, was es
sich offenbaren ließ durch die
Dinge der Welt.
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Cela a cessé devant la mentalité
de science de la nature des temps
modernes. Aujourd'hui, si je peux
m'exprimer ainsi, nous sommes dans
une certaine mesure obligés
d'accepter purement les
perceptions que nous donnent
l'observation et
l'expérimentation, de les
traiter/élaborer à des ainsi
nommées lois de la nature. Nous
nous servons toutefois de la
pensée dans l'élaboration de
l'expérience et de l'observation ;
mais nous ne nous servons de la
pensée que comme d'un moyen pour
rassembler les phénomènes, de
sorte qu'ils nous révèlent par
leur propre existence/être-là leur
pendant/rapport interne, leur
légité/loi. Et nous nous faisons
pour devoir de ne rien ajouter, à
partir de la pensée, à ce que nous
pouvons observer dans le monde
extérieur. Nous voyons cela comme
un idéal de la mentalité de
science de la nature, et ce à
juste titre.
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04
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Das hat vor der
naturwissenschaftlichen Gesinnung
der neueren Zeit aufgehört. Wir
sind, wenn ich mich so ausdrücken
darf, heute gewissermaßen
verpflichtet, die Wahrnehmungen,
die uns Beobachtung und Experiment
geben, rein hinzunehmen, sie zu
verarbeiten zu den sogenannten
Naturgesetzen. Wir bedienen uns in
der Bearbeitung von Experiment und
Beobachtung allerdings des
Denkens; aber wir bedienen uns des
Denkens nur als eines Mittels, um
die Erscheinungen
zusammenzustellen, so daß sie uns
durch ihr eigenes Dasein ihren
inneren Zusammenhang, ihre
Gesetzmäßigkeit offenbaren. Und
machen es uns zur Aufgabe, vom
Denken aus nichts hinzuzutun zu
dem, was wir in der Außenwelt
beobachten können. Wir sehen dies
geradezu als ein Ideal
naturwissenschaftlicher Gesinnung,
und das mit Recht, an.
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Qu'est devenue la pensée humaine
sous de telles influences ? Elle
est en fait devenue le serviteur,
le pur moyen pour la recherche. La
pensée en tant que telle n'a dans
une certaine mesure plus rien à
dire lorsqu'il s'agit d'étudier la
légité des phénomènes dans le
monde.
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05
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Was ist unter
solchen Einflüssen das menschliche
Denken geworden? Es ist eigentlich
der Diener, das bloße Mittel für
die Forschung geworden. Der
Gedanke als solcher hat
gewissermaßen nichts mehr zu
sagen, wenn es sich darum handelt,
die Gesetzmäßigkeit der
Erscheinungen in der Welt zu
untersuchen.
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Mais c'est là l'un des paradoxes
que j'aimerais souligner. La
pensée est ainsi, dans une
certaine mesure, exclue, en tant
qu'expérience humaine, du rapport
que l'humain entretient avec le
monde en ce qui concerne les
réalités. La pensée est devenue un
outil/moyen d'aide formel pour
comprendre les réalités. Elle
n'est plus une révélatrice de
soi/un auto révélant au sein de la
science de la nature.
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06
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Damit aber ist das
eine Paradoxon gegeben, auf das
ich hinweisen möchte. Dadurch ist
der Gedanke gewissermaßen als ein
menschliches Erlebnis
ausgeschaltet aus dem Verhältnis,
das der Mensch mit der Welt in
bezug auf Realitäten eingeht. Der
Gedanke ist ein formales
Hilfsmittel geworden, um die
Realitäten zu begreifen. Er ist
innerhalb der Naturwissenschaft
nicht mehr ein
Selbstoffenbarendes.
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Cela signifie extraordinairement
beaucoup pour l'intérieur de la
vie humaine. Cela signifie que
nous devons regarder la pensée
comme ce qui doit s'abstenir
sagement et modestement lorsqu'il
s'agit d'observer le monde
extérieur, ce qui est dans une
certaine mesure un courant propre
à l'intérieur de la vie de l'âme.
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07
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Das bedeutet für
das Innere des Menschenlebens
außerordentlich viel. Es bedeutet,
daß wir hinschauen müssen auf das
Denken als auf dasjenige, was sich
weise und bescheiden
zurückzuhalten hat, wenn es auf
die Betrachtung der Außenwelt
ankommt, was gewissermaßen
innerhalb des Seelenlebens eine
eigene Strömung ist.
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Et on se demande alors : comment
la science de la nature peut-elle
elle-même se rapprocher de cette
pensée ? Alors on en arrive au
paradoxe, alors on en arrive à se
dire : si la pensée doit se
retirer dans l'élaboration des
processus de la nature, si elle ne
peut intervenir que de manière
formelle, en éclairant, en
rassemblant, en ordonnant, alors
elle ne se trouve pas non plus à
l'intérieur des processus naturels
eux-mêmes, alors il devient
paradoxal de soulever la question,
toutefois justifiée maintenant du
point de vue de science de la
nature : Comment pouvons-nous, à
partir de la légité de science de
la nature, concevoir la pensée
comme une révélation/manifestation
de l'organisme humain ? - Et là,
nous ne pouvons rien dire d'autre
aujourd'hui, si nous nous tenons
sans préjugés et sérieusement dans
la vie de science de la nature,
que ceci : dans la même mesure où
la pensée a dû se retirer des
processus naturels, la
contemplation des processus
naturels peut certes toujours de
nouveau s'efforcer d'/aspirer à
atteindre jusqu'à la pensée, mais
elle ne peut pas amener cet
effort/cette aspiration à une
quelconque satisfaction. La pensée
est dans une certaine mesure
exclue/déconnectée des processus
naturels, comme elle l'est
méthodiquement, est condamnée à
n'être qu'une pure image et non
une réalité.
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08
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Und fragt man sich
dann: Wie kann Naturwissenschaft
selber an dieses Denken
heranrücken? dann kommt man eben
auf das Paradoxon, dann kommt man
dazu, sich zu sagen: Wenn sich das
Denken zurückziehen muß in die
Verarbeitung der Naturprozesse,
wenn es nur formell, aufklärend,
zusammenstellend, ordnend
eingreifen darf, dann liegt es
auch nicht innerhalb der
Naturprozesse selber, dann wird es
paradox, wenn wir die, allerdings
jetzt vom naturwissenschaftlichen
Standpunkt aus, berechtigte Frage
aufwerfen: Wie können wir aus
naturwissenschaftlicher
Gesetzmäßigkeit das Denken als
eine Offenbarung des menschlichen
Organismus begreifen? - Und da
können wir heute denn doch nichts
anderes sagen, wenn wir unbefangen
und ernst im
naturwissenschaftlichen Leben
drinnenstehen, als: in demselben
Maße, in dem sich das Denken
zurückziehen mußte von den
Naturprozessen, kann zwar die
Betrachtung der Naturprozesse
immer wieder und wiederum
anstreben, bis zum Denken
hinzugelangen, aber sie kann
dieses Streben nicht zu
irgendwelcher Befriedigung
bringen. Das Denken ist
gewissermaßen, wie es methodisch
ausgeschaltet ist, so auch in der
Realität aus den Naturprozessen
ausgeschaltet, ist verurteilt,
bloßes Bild und keine Realität zu
sein.
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Je ne pense pas qu'aujourd'hui
déjà, beaucoup d'humains soient
déjà pleinement conscients de la
portée de ce paradoxe. Mais dans
les profondeurs subconscientes de
la vie de l'âme, une quantité
innombrable d'hommes et de femmes
d'aujourd'hui ont déjà le
sentiment que nous traversons le
monde avec ce qui fait de nous des
humains - car nous ne pouvons nous
considérer comme des humains qu'en
tant qu'êtres pensants, c'est dans
la pensée que nous voyons notre
dignité humaine - comme avec
quelque chose dont nous ne pouvons
provisoirement pas admettre la
réalité, que nous portons à
travers le monde comme un
être-là-image. Nous nous sentons
dans une certaine mesure dans une
non-réalité, en nous référant à ce
qu'il y a de plus noble dans la
nature humaine.
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09
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Ich glaube nicht,
daß heute schon viele Menschen im
vollen Bewußtsein sich die
Tragweite dieses Paradoxons
klarmachen. Aber in den
unterbewußten Untergründen des
Seelenlebens lebt in einer
ungezählten Menge von Menschen der
Gegenwart schon die Empfindung
davon, daß wir mit demjenigen, was
uns zum Menschen eigentlich macht
- denn nur als denkende Wesen
können wir uns als Menschen
betrachten, im Denken sehen wir
unsere menschliche Würde -, als
mit etwas durch die Welt gehen,
dessen Realität wir vorläufig
nicht zugeben können, das wir als
Bilddasein durch die Welt tragen.
Wir fühlen uns gewissermaßen in
einer Nichtrealität, indem wir auf
unser Edelstes in der
Menschennatur hinweisen.
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C'est là quelque chose qui
pèse/repose sur l'âme de celui qui
s'est sérieusement engagé dans les
méthodes de recherche de science
de la nature, aussi bien dans la
science de la nature non organique
que dans la biologie, et qui
aimerait tirer pour lui-même, au
sens d'une vision du monde, les
conséquences de ces méthodes de
recherche plutôt que des résultats
individuels.
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10
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Das ist etwas, was
dem auf der Seele liegt, der in
ernster Weise sich in die
naturwissenschaftlichen
Forschungsmethoden sowohl der
unorganischen Naturwissenschaft
wie der Biologie eingelassen hat
und für sich im Sinne einer
Weltanschauung mehr die
Konsequenzen dieser
Forschungsmethoden als der
einzelnen Ergebnisse ziehen
möchte.
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On aimerait dire qu'il y a là
quelque chose qui peut conduire
l'âme humaine à de profonds
doutes. Les doutes naissent
d'abord dans la raison analytique,
mais ils fluent vers en bas dans
l'âme tranquille humaine (Gemut).
Et tout de suite celui qui sait
considérer la nature humaine dans
un sens profond et impartial, dans
le sens que j'aurai à expliquer en
détail dans les prochains exposés,
sait comment la constitution d'âme
tranquille, notamment lorsque
certains courants de cette
constitution d'âme tranquille se
prolongent/passent dans la durée,
œuvre vers le bas, même dans la
constitution du corps de l'humain,
et comment de cette constitution
du corps ou de cette disposition
du corps, rejaillit à telle ou
telle ambiance de vie. Que nous
devions ou non envoyé descendre le
doute dans notre âme tranquille ou
non, cela dépend de notre capacité
à avancer dans la vie avec
courage, de telle sorte que nous
sachions nous tenir debout pour
nous-mêmes, que nous puissions
aussi œuvrer de manière salutaire
auprès de nos semblables, ou bien
que nous marchions dans la vie de
mauvaise humeur, abattus, inaptes
pour nous-mêmes, inaptes pour nos
semblables. Je ne dis pas, et mes
prochains exposés montreront que
je n'ai pas besoin de le dire, que
ce que je viens d'exprimer doit
constamment conduire au doute ;
mais cela conduit facilement, si
aucun prolongement la science de
la nature n'a lieu dans ces
directions que je vais décrire,
sur le chemin du doute.
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11
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Man möchte sagen:
Hier liegt etwas, was zu herben
Zweifeln der Menschenseele
hinführen kann. Zweifel entstehen
allerdings zunächst im Verstand,
aber sie strömen hinunter in das
menschliche Gemüt. Und gerade
derjenige, welcher in einem
tieferen, unbefangenen Sinn die
menschliche Natur in dem Sinn,
wie ich es in den nächsten
Vorträgen für Einzelheiten werde
auszuführen haben zu betrachten
versteht, der weiß, wie die
Gemütsverfassung, namentlich wenn
gewisse Strömungen dieser
Gemütsverfassung in die Dauer
übergehen, hinunterwirkt selbst in
die Leibesverfassung des Menschen
und wie aus dieser
Leibesverfassung oder
Leibesdisposition zu diesem und
jenem wiederum heraufquillt die
Lebensstimmung. Ob wir den Zweifel
hinunterschicken müssen durch
unser Gemüt oder nicht, davon
hängt es ab, ob wir mutvoll durch
das Leben schreiten, so daß wir
für uns selbst aufrecht zu stehen
wissen, daß wir auch in heilsamer
Weise wirken können unter unseren
Mitmenschen, oder ob wir
verstimmt, niedergeschlagen,
untüchtig für uns selbst,
untüchtig für unsere Mitmenschen
durch das Leben wandeln. Ich sage
nicht und meine nächsten
Vorträge werden zeigen, daß ich
das nicht zu sagen brauche , daß
das, was ich jetzt ausgesprochen
habe, dauernd zum Zweifel führen
muß; aber es führt leicht, wenn
keine Fortsetzung der
Naturwissenschaft nach jenen
Richtungen hin stattfindet, die
ich zu schildern haben werde, auf
den Weg des Zweifels.
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Les magnifiques conquêtes de la
science de la nature vers le monde
extérieur posent à l'humain des
exigences extraordinaires en ce
qui concerne son âme, si, comme le
point de vue de vision du monde
défendu ici doit absolument le
faire, il se tient de manière
positive par rapport à la science
de la nature : pouvoir opposer au
doute quelque chose de plus fort,
de plus vigoureux que ce que l'on
a besoin d'opposer, si ces
exigences ne proviennent pas des
résultats sûrs/sécurisés de la
science de la nature.
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12
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Die großartigen
Errungenschaften der
Naturwissenschaft nach der
Außenwelt hin stellen an den
Menschen in bezug auf seine Seele
außerordentliche Anforderungen,
wenn er, wie es der hier
vertretene
Weltanschauungsstandpunkt durchaus
muß, in positiver Art zur
Naturwissenschaft steht
Anforderungen: Stärkeres,
Kräftigeres dem Zweifel
entgegensetzen zu können, als man
entgegenzusetzen braucht, wenn
diese Anforderungen nicht von den
gesicherten Ergebnissen der
Naturwissenschaft kommen.
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Si, de ce côté, la science de la
nature conduit, en apparence
seulement, à quelque chose de
négatif pour la vie de l'âme, elle
nous a apporté, et c'est là que
j'ai mon deuxième paradoxe à
exprimer, de l'autre côté, quelque
chose d'extraordinairement positif
; et j'exprime à nouveau par ce
positif un paradoxe qui s'est
présenté à moi avec une force
particulière lorsque j'ai élaboré,
il y a maintenant plus de vingt
ans, ma "Philosophie de la
liberté", lorsque j'ai essayé,
tout en maintenant une véritable
vision du monde de science de la
nature, de découvrir l'essence de
la liberté humaine.
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13
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Führt nach dieser
Seite hin also, allerdings nur
scheinbar, die Naturwissenschaft
zu etwas Negativem für das
Seelenleben, so hat sie uns und
damit habe ich mein zweites
Paradoxon auszusprechen nach der
anderen Seite etwas
außerordentlich Positives
gebracht; und ich spreche mit
diesem Positiven wiederum ein
Paradoxon aus, das mir besonders
stark vor die Seele getreten ist,
als ich vor jetzt mehr als zwanzig
Jahren meine «Philosophie der
Freiheit» ausgearbeitet habe, als
ich versuchte, unter
Aufrechterhaltung einer wirklichen
naturwissenschaftlichen
Weltanschauung hinter das Wesen
der menschlichen Freiheit zu
kommen.
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Oui, la science de la nature,
avec sa légité, en vient
théoriquement facilement à nier la
liberté humaine. Mais c'est ici
que la science de la nature
obtient théoriquement pour ses
façons de voir, le contraire de ce
qui en sort dans la pratique. Si
nous nous
plongeons/approfondissons de plus
en plus sérieusement dans la
nature d'image de la pensée, si
nous en venons, tout de suite de
la poursuite du mode de vision de
science de la nature et non des
théories de science de la nature,
à vivre intérieurement
psychiquement/avec âme
correctement cette nature d'image
de la pensée dont j'ai parlé,
alors nous nous disons : si la
pensée est en nous seulement
image, si elle n'est pas une
réalité, alors elle n'a pas, comme
une force de la nature, un mode
d'action contraignant. Je peux
alors comparer cette pensée, et la
comparaison est plus qu'une telle
image reflet, quelque peu une
somme d'images reflet. Les images
devant lesquelles je me tiens ne
peuvent pas me contraindre. Les
forces disponibles peuvent me
contraindre, qu'elles soient
pensées comme extérieures à moi ou
présentes en moi ; des images ne
peuvent pas me contraindre. Si je
suis donc en situation de saisir
mes impulsions morales à
l'intérieur de cette pensée pure
que tout de suite la science de la
nature éduque en nous par ses
méthodes, si je peux façonner en
moi des impulsions morales ainsi
qu'à leur façonnement, je vive
dans la même pensée que celle à
laquelle la science de la nature
m'éduque, alors je n'ai pas de
forces contraignantes dans ces
impulsions morales saisies dans la
pensée pure, mais des forces et
des images selon lesquelles je
peux seulement me déterminer
moi-même. Cela signifie que si
aussi la science de la nature doit
ainsi tant, on aimerait dire, même
avec un certain droit, nier la
liberté à partir de ses
fondements, ainsi elle éduque, en
ce qu'elle éduque à la pensée
image, l'humain de notre monde de
culture à la liberté.
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14
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Ja,
Naturwissenschaft mit ihrer
Gesetzmäßigkeit kommt eigentlich
theoretisch leicht zu einer
Ableugnung der menschlichen
Freiheit. Hier aber ist es, wo
Naturwissenschaft für ihre
Anschauungen theoretisch
eigentlich das Gegenteil von dem
herausbekommt, was sie in der
Praxis ausbildet. Wenn wir immer
ernster und ernster uns vertiefen
in die Bildnatur des Denkens, wenn
wir gerade aus dem Verfolg
naturwissenschaftlicher
Anschauungsart, nicht
naturwissenschaftlicher Theorien,
dazu kommen, diese Bildnatur des
Denkens, von der ich gesprochen
habe, innerlich seelisch richtig
zu erleben, dann sagen wir uns:
Wenn das Denken in uns nur Bild
ist, wenn es nicht eine Realität
ist, dann hat es nicht wie eine
Naturkraft eine zwingende
Wirkungsweise. Ich darf dann
dieses Denken vergleichen, und der
Vergleich ist mehr als ein
solcher, etwa einer Summe von
Spiegelbildern. Bilder, vor denen
ich stehe, können mich nicht
zwingen. Vorhandene Kräfte können
mich zwingen, ob sie außer mir
oder in mir vorhanden gedacht
werden; Bilder können mich nicht
zwingen. Bin ich also in der Lage,
innerhalb jenes reinen Denkens,
das gerade die Naturwissenschaft
durch ihre Methoden in uns
heranerzieht, meine moralischen
Impulse zu fassen, kann ich
moralische Impulse so in mir
ausgestalten, daß ich zu ihrer
Ausgestaltung lebe in dem selben
Denken, zu dem mich die
Naturwissenschaft erzieht, dann
habe ich in diesen im reinen
Denken erfaßten moralischen
Impulsen keine zwingenden Kräfte,
sondern Kräfte und Bilder, nach
denen ich mich nur selbst
bestimmen kann. Das heißt, wenn
Naturwissenschaft auch noch so
sehr, man möchte sagen, sogar mit
einem gewissen Rechte, aus ihren
Untergründen heraus die Freiheit
leugnen muß, so erzieht sie, indem
sie zu dem Bilddenken erzieht, den
Menschen unserer Kulturwelt zur
Freiheit.
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Tels sont, j'aimerais dire, les
deux pôles, l'un relatif à la vie
de la pensée, l'autre à la vie de
la volonté, devant lesquels l'âme
humaine est placée par les façons
de voir de science de la nature de
notre époque. Mais nous indiquons
avec cela en même temps sur
comment la vision du monde de
science de la nature montre par
soi-même vers dehors. Elle doit
donc prendre une position
quelconque à la pensée humaine.
Mais elle déconnecte cette pensée
humaine.
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15
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Das sind, ich
möchte sagen, die beiden Pole, der
eine in bezug auf das
Gedankenleben, der andere in bezug
auf das Willensleben, vor die die
menschliche Seele durch die
naturwissenschaftlichen
Anschauungen der Gegenwart
hingestellt wird. Aber damit
weisen wir zugleich darauf hin,
wie die naturwissenschaftliche
Weltanschauung über sich selbst
hinauszeigt. Sie muß ja irgendeine
Stellung einnehmen zu dem
menschlichen Denken. Aber sie
schaltet dieses menschliche Denken
aus.
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Elle indique ainsi une méthode
de recherche qui se justifie
pleinement devant elle, devant
cette science de la nature, et qui
peut néanmoins conduire à une
expérience compréhensible de la
pensée. D'un autre côté, elle
indique que la façon de voir de
science de la nature, parce
qu'elle ne peut pas parvenir à la
liberté en théorie, doit être
poursuivie dans un autre domaine
afin justement d'atteindre la
sphère de la liberté.
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16
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Sie weist damit auf
eine Forschungsmethode hin, die
sich vor ihr, vor dieser
Naturwissenschaft, voll
rechtfertigen und die dennoch zu
einem begreiflichen Erleben des
Denkens hinführen kann. Sie weist
auf der anderen Seite darauf hin,
daß die naturwissenschaftliche
Anschauungsweise, weil sie selbst
im Grunde genommen theoretisch bis
zur Freiheit nicht herankommen
kann, fortgesetzt werden muß in
ein anderes Gebiet, um eben die
Sphäre der Freiheit zu erreichen.
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Ce que je présente ici comme une
nécessité découlant de la science
de la nature elle-même, la
continuation de cette science de
la nature dans un domaine auquel
au moins la science de la nature
reconnue aujourd'hui ne peut pas
accéder, la conception du monde
qui devrait être représentée ici
le tente. Elle le peut
aujourd'hui, puisqu'elle se trouve
au début de son devenir,
évidemment seulement d'une façon
quelque peu imparfaite. Mais la
tentative doit être faite, car
tout de suite les expériences de
l'âme concernant la pensée et la
liberté que j'ai décrites se
répandent sur un nombre croissant
d'âmes de l'humanité de culture
actuelle. Nous n'avons plus la
permission de croire aujourd'hui
que seuls ceux qui ont eu affaire
à la science, d'une manière ou
d'une autre, doivent se poser des
exigences, questions et énigmes
telles que je les ai
caractérisées. Aussi dans les
cercles, on aimerait dire jusque
dans les villages les plus
éloignés, où ne parviennent pas de
résultats de science de la sorte
importante, l'éducation à une
telle pensée, telle que l'exige la
science de la nature, pénètre et
apporte alors, même si c'est
encore aujourd'hui très, très
inconsciemment, l'incertitude
concernant la liberté humaine.
C'est pourquoi il ne s'agit pas
purement de questions
scientifiques, mais absolument de
questions générales d'humanité.
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17
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Was ich hier wie
eine Notwendigkeit, die sich aus
der Naturwissenschaft selbst
ergibt, hinstelle, das Fortsetzen
dieser Naturwissenschaft in ein
Gebiet hinein, zu dem wenigstens
die heute anerkannte
Naturwissenschaft nicht kommen
kann, versucht die Weltanschauung,
die hier vertreten werden soll.
Sie kann das heute, da sie im
Anfang ihres Werdens steht,
selbstverständlich nur in einer
gewissen unvollkommenen Art. Aber
der Versuch muß gemacht werden;
denn gerade die Seelenerlebnisse
in bezug auf das Denken und die
Freiheit, die ich geschildert
habe, breiten sich aus über immer
mehr Seelen der gegenwärtigen
Kulturmenschheit. Wir dürfen ja
heute nicht mehr glauben, daß sich
etwa nur diejenigen, die sich
irgendwie mit der Wissenschaft zu
tun gemacht haben, solche
Forderungen und Fragen und Rätsel
vorlegen müssen, wie ich sie
charakterisiert habe. Auch in die
Kreise, man möchte sagen, bis in
die fernsten Dörfer hinaus, in die
keine naturwissenschaftlichen
Ergebnisse erheblicher Art
dringen, dringt die Erziehung zu
einem solchen Denken, wie die
Naturwissenschaft es fordert, und
bringt dann, wenn auch heute noch
sehr, sehr unbewußt, die
Ungewißheit in bezug auf die
menschliche Freiheit. Daher
handelt es sich bei diesen Dingen
nicht bloß um wissenschaftliche
Fragen, sondern es handelt sich
durchaus um allgemeine
Menschheitsfragen.
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Il s'agit donc de ce qu'en se
plaçant sur le terrain de
l'éducation scientifique, on peut
aller plus loin sur le chemin de
la connaissance que ne le font les
sciences naturelles actuelles.
Mesdames et Messieurs ici présents
! Cela peut être tenté ; cela peut
être tenté de telle sorte que l'on
puisse justifier les chemins
devant le scientifique le plus
rigoureux ; cela peut être cherché
sur des chemins qui sont conçus
par l'esprit et la conscience
scientifiques. C'est de tels
chemins que je voudrais parler
aujourd'hui, en introduction de
mes conférences. Mais ce chemin de
la connaissance, bien qu'il soit
déjà inconsciemment désiré par de
nombreuses âmes aujourd'hui, n'est
pas encore facile à exprimer, même
en termes conceptuels. C'est
pourquoi, afin que nous puissions
nous entendre ce soir, je
voudrais, uniquement pour nous
faire comprendre, faire appel à la
description de chemins de
connaissance plus anciens que
l'humanité a empruntés pour
parvenir à des connaissances qui
se situent au-delà de ce domaine
dont traite aujourd'hui la science
naturelle.
|
18
|
Es handelt sich
also darum: Kann man, wenn man
sich auf den Boden
naturwissenschaftlicher Erziehung
stellt, innerhalb des
Erkenntnisweges weiter dringen,
als die Naturwissenschaft der
Gegenwart dringen kann? Meine sehr
verehrten Anwesenden! Das kann
versucht werden; kann so versucht
werden, daß man die Wege vor dem
strengsten Naturwissenschafter
rechtfertigen kann; kann auf Wegen
gesucht werden, die von
naturwissenschaftlicher Gesinnung
und von naturwissenschaftlicher
Gewissenhaftigkeit angelegt sind.
Von solchen Wegen möchte ich nun
zunächst heute, meine Vorträge
einleitend, sprechen. Aber dieser
Erkenntnisweg ist, obzwar er von
vielen Seelen heute bereits
unbewußt ersehnt wird, noch nicht
einmal in Begriffen leicht
auszusprechen. Daher möchte ich,
damit wir uns am heutigen Abend
verständigen können, nur zur
Verständigung, die Schilderung von
älteren Erkenntniswegen
heranziehen, welche die Menschheit
gegangen ist, um zu Erkenntnissen
zu kommen, die über dieses Gebiet,
das heute die Naturwissenschaft
behandelt, hinaus liegen.
|
On peut dire que beaucoup de
choses dont on pense aujourd'hui
qu'elles ne peuvent pas être objet
de connaissance, mais seulement
objet de croyance, qui sont
traditionnellement apparues dans
l'évolution de l'humanité, qui
vivent aujourd'hui comme une
tradition vénérable et qui sont
acceptées comme telles comme
contenu de la croyance, sont,
avant une considération historique
vraiment impartiale, issues de
méthodes de connaissance plus
anciennes, qui ne sont plus
adaptées à notre culture actuelle.
Tout ce que l'on croit aujourd'hui
devoir rester une croyance, tout
ce qui est accepté comme une
tradition vénérable, ramène
l'observateur psychologique de
l'histoire à des époques très
anciennes de l'humanité.
|
19
|
Man kann sagen:
Vieles von dem, wovon heute die
Meinung besteht, daß es gar nicht
Objekt der Erkenntnis sein könne,
sondern nur Objekt eines Glaubens,
was traditionell heraufgekommen
ist in der
Menschheitsentwickelung, was als
ehrwürdige Tradition heute lebt
und als solche als Glaubensinhalt
hingenommen wird, das ist, vor
einer wirklich unbefangenen
Geschichtsbetrachtung, doch
herstammend aus älteren, unserer
heutigen Kultur nicht mehr
angemessenen Erkenntnismethoden.
Alles, wovon man heute glaubt, daß
es eben Glaubensvorstellung
bleiben solle, was als
altehrwürdige Tradition
hingenommen wird, das führt den
psychologischen
Geschichtsbetrachter zurück in
uralte Menschheitsepochen.
|
Et là, il s'avère que ces
croyances actuelles ont été
recherchées par des hommes
quelconques en tant que contenus
de connaissance adaptés à
l'époque, par la formation de leur
propre âme, par le développement
des forces cachées de l'âme, et
qu'elles ont donc constitué de
véritables contenus de
connaissance. On ne se rend pas
compte aujourd'hui à quel point
certaines choses ont été trouvées
un jour, ce qui est arrivé
historiquement dans l'évolution de
l'humanité ; mais elles ont été
trouvées par des voies de
connaissance plus anciennes.
|
20
|
Und dort zeigt
sich, daß solche heutigen
Glaubensinhalte als der damaligen
Zeit angemessene Erkenntnisinhalte
von irgendwelchen Menschen durch
Ausbildung ihrer eigenen Seele,
durch Entwickelung verborgener
Seelenkräfte gesucht worden sind,
also wirkliche Erkenntnisinhalte
bildeten. Man ist sich heute nicht
bewußt, wie manches einmal
gefunden worden ist, was
geschichtlich heraufgekommen ist
in der Menschheitsentwickelung;
aber es ist auf älteren
Erkenntniswegen gefunden worden.
|
Lorsque je décris de tels
chemins de connaissance, je le
fais déjà à l'aide des méthodes
que je décrirai plus tard, de
telle sorte que ceux qui ne
décrivent les époques les plus
anciennes de l'humanité qu'à
partir de documents historiques
extérieurs et non spirituels
peuvent souvent s'offusquer de ma
description. Mais celui qui
examine sans préjugés les
documents historiques extérieurs
et les compare ensuite avec ce que
j'ai à dire aujourd'hui à partir
d'une certaine vision ne trouvera
pas de véritable contradiction. Et
en second lieu, je voudrais
souligner que je ne décris pas ces
chemins de connaissance plus
anciens parce que je voudrais les
recommander aujourd'hui à
quelqu'un pour obtenir des
connaissances plus élevées. Elles
sont adaptées à des époques plus
anciennes et peuvent même être
préjudiciables à l'homme
d'aujourd'hui s'il les applique à
lui-même par erreur. C'est donc
seulement pour que nous puissions
nous entendre sur les méthodes de
connaissance actuelles que je vais
prendre deux chemins plus anciens,
les décrire et illustrer par là
les chemins que l'homme doit
emprunter aujourd'hui s'il veut
dépasser la simple sphère de la
connaissance scientifique telle
qu'elle est valable aujourd'hui.
|
21
|
Wenn ich solche
Erkenntniswege schildere, so
geschieht es allerdings schon mit
Hilfe der Methoden, die ich später
schildern werde, also so, daß
vielfach diejenigen, die nur aus
äußeren historischen, nicht aus
geistigen Dokumenten die älteren
Epochen der Menschheit schildern,
Anstoß nehmen können an meiner
Schilderung. Derjenige aber, der
unbefangen auch die äußeren
historischen Dokumente prüft und
sie dann vergleicht mit dem, was
ich heute aus einem gewissen
Schauen heraus zu sagen haben
werde, der wird dennoch einen
wirklichen Widerspruch nicht
finden. Und als zweites möchte ich
betonen, daß ich diese älteren
Erkenntniswege nicht etwa aus dem
Grund schildere, weil ich sie
heute irgend jemandem anempfehlen
möchte, um höhere Erkenntnisse zu
erringen. Sie sind älteren Epochen
angemessen und können heute dem
Menschen, wenn er sie aus einem
Irrtum heraus auf sich anwendet,
sogar schädlich werden. Also nur
damit wir uns verständigen können
über heutige Erkenntnismethoden,
greife ich zwei ältere Wege
heraus, schildere sie und
veranschauliche daran die Wege,
die der Mensch heute zu gehen hat,
wenn er über die bloße Sphäre des
naturwissenschaftlichen Erkennens,
wie es heute gilt, hinaus will.
|
Nous avons tout d'abord un
chemin - comme je l'ai dit, je
pourrais en choisir d'autres parmi
la multitude de chemins de
connaissance plus anciens, mais je
choisis les deux suivants -, nous
avons tout d'abord un chemin qui,
sous sa forme pure, a été emprunté
par des hommes individuels dans
des temps très anciens en Orient :
le chemin du yoga.
|
22
|
Da haben wir
zunächst einen Weg - wie gesagt,
ich könnte aus der Fülle der
älteren Erkenntniswege auch andere
herausgreifen, ich greife aber die
zwei folgenden heraus -, da haben
wir zunächst einen Weg, der in
seiner reinen Gestalt in uralten
Zeiten im Orient von einzelnen
Menschen begangen worden ist: den
Jogaweg.
|
Le chemin du yoga a traversé de
multiples phases, et c'est
précisément ce sur quoi
j'insisterai le plus aujourd'hui
qui est arrivé à des époques
ultérieures dans un état tout à
fait décadent et nuisible, de
sorte que l'historien, lorsqu'il
considérera des époques
ultérieures, devra décrire, en
partant de l'homme, ce que j'aurai
à décrire comme quelque chose de
nuisible pour lui. La nature
humaine a connu les évolutions les
plus diverses au cours des époques
successives. Pour les époques
anciennes, quelque chose de tout à
fait différent était approprié à
la nature humaine que pour les
époques ultérieures. Ce qui, dans
les temps anciens, pouvait être
une véritable méthode de
connaissance, n'a peut-être été
utilisé plus tard que pour
s'adonner à l'excitation du
pouvoir des hommes, à l'excitation
du pouvoir de l'homme individuel
vis-à-vis de ses semblables. Ce
n'était pas le cas dans les temps
les plus anciens, pour lesquels je
voudrais caractériser l'exercice
du yoga.
|
23
|
Der Jogaweg hat
mannigfaltige Phasen durchgemacht,
und gerade das, worauf ich heute
den größten Wert legen werde, ist
in spätere Epochen hineingekommen
in einem durchaus dekadenten,
schadhaften Zustand, so daß der
Historiker, wenn er spätere
Epochen betrachtet, vom Menschen
ausgehend das, was ich zu
schildern haben werde, als etwas
für ihn sogar Schädliches wird
schildern müssen. Allein die
Menschennatur hat in den
aufeinanderfolgenden Epochen die
mannigfaltigsten Entwickelungen
durchgemacht. Für alte Epochen war
etwas ganz anderes der
Menschennatur angemessen als in
späteren. Was in früheren Zeiten
eine echte Erkenntnismethode sein
konnte, wurde vielleicht später
nur verwendet, um dem Machtkitzel
der Menschen, dem Machtkitzel des
einzelnen Menschen gegenüber
seinen Mitmenschen zu frönen. Das
war in den ältesten Zeiten, für
die ich die Jogaübung
charakterisieren möchte, nicht der
Fall.
|
En quoi consistait la voie du
yoga suivie dans les temps très
anciens de l'Orient par des
individus qui, si nous voulons
utiliser l'expression actuelle,
formaient des érudits dans les
régions supérieures du monde ? Eh
bien, elle consistait, entre
autres, en un type particulier
d'exercices de respiration. Je
choisis les exercices de
respiration parmi une multitude
d'exercices que l'élève ou
l'érudit du yoga, le yogi, devait
entreprendre. Si nous observons
aujourd'hui notre respiration,
nous devons dire qu'il s'agit d'un
processus qui se déroule en grande
partie de manière inconsciente
dans un organisme humain sain. Il
faut déjà porter en soi, d'une
manière ou d'une autre, quelque
chose de malsain, si l'on sent que
l'on respire. On pourrait dire que
plus le processus de respiration
est naturel dans notre vie, plus
il est correct pour la conscience
ordinaire et la vie ordinaire.
Mais le yogi a transformé le
processus respiratoire pour le
temps de sa pratique, pendant
laquelle il voulait développer des
forces de connaissance qui ne font
que sommeiller dans la conscience
ordinaire. Pourquoi a-t-il fait
cela ? Il l'a transformé de telle
sorte qu'il a utilisé une durée
différente pour inspirer, retenir
sa respiration, expirer, que celle
que l'on utilise dans la
respiration habituelle et
naturelle. Il a fait cela pour
prendre conscience du processus de
respiration. Le rythme
respiratoire habituel n'est pas
conscient. Le rythme respiratoire
transformé, dont les durées sont
fixées par la volonté humaine, se
déroule de manière entièrement
consciente. Mais que se passe-t-il
alors ? Eh bien, il suffit de
s'exprimer physiologiquement si
l'on veut comprendre ce que le
yogi a réalisé en rendant
conscient son processus
respiratoire : lorsque nous
inspirons, le souffle entre dans
notre organisme, mais il entre
aussi dans le cerveau humain par
le canal de la moelle épinière.
C'est là que le rythme du courant
respiratoire s'unit aux processus
qui sont les supports matériels de
la vie de la pensée, aux processus
nerveux et sensoriels. En fait,
lorsque nous vivons dans la pensée
ordinaire, nous n'avons jamais de
simples processus sensoriels
nerveux, mais toujours des
processus sensoriels nerveux qui
sont traversés par le rythme de
notre respiration. Une liaison,
une interaction, une harmonisation
des processus sensoriels nerveux
et des processus du rythme
respiratoire ont toujours lieu
lorsque nous laissons se dérouler
notre vie mentale. En envoyant de
manière pleinement consciente son
rythme respiratoire modifié dans
le processus nerveux-sensoriel, le
yogi reliait aussi pour sa
conscience le rythme respiratoire
au rythme de la pensée, au rythme
logique, mieux encore, à la
composition et à l'analyse
logiques des pensées. Il modifia
ainsi toute sa vie mentale. Dans
quelle direction l'a-t-il modifiée
? Eh bien, précisément parce qu'il
prenait pleinement conscience de
sa vie respiratoire, les pensées
traversaient dans une certaine
mesure son organisme comme le
courant respiratoire lui-même. On
pourrait dire que le yogi laissait
courir ses pensées sur les
courants respiratoires, et qu'il
se sentait rempli, au rythme
intérieur de son être humain, de
pensées vivant sur les courants de
la respiration. C'est ainsi que le
savant du yoga se distinguait de
la masse de ses semblables, et
qu'il pouvait annoncer à cette
masse des connaissances qu'elle ne
pouvait pas avoir elle-même.
|
24
|
Worin bestand der
Jogaweg, der in sehr alten
orientalischen Zeiten von
einzelnen, die, wenn wir den
heutigen Ausdruck gebrauchen
wollen, Gelehrte in höheren
Weltengebieten bildeten, gegangen
worden ist? Nun, er bestand neben
anderem in einer besonderen Art
von Atmungsübungen. Ich greife die
Atmungsübungen aus einer Fülle von
Übungen, die der Jogaschüler oder
-Gelehrte, der Jogi, auf sich
nehmen mußte, heraus. Wenn wir
heute auf unser Atmen achten, so
müssen wir sagen: Es ist ein
Prozeß, der sich im gesunden
menschlichen Organismus zum
größten Teil unbewußt vollzieht.
Man muß schon in irgendeiner Weise
etwas Krankhaftes in sich tragen,
wenn man das Atmen spürt. Je
selbstverständlicher, so möchte
man sagen, sich der Atmungsvorgang
in unserem Leben abspielt, desto
richtiger ist es für das
gewöhnliche Bewußtsein und für das
gewöhnliche Leben. Der Jogi aber
gestaltete für die Zeit seines
Übens, in der er sich
Erkenntniskräfte anentwickeln
wollte, die im gewöhnlichen
Bewußtsein nur schlummern, den
Atmungsprozeß um. Warum tat er
das? Er gestaltete ihn so um, daß
er eine andere Zeitlänge zum
Einatmen, zum Atemhalten, zum
Ausatmen verwendete, als man das
im gewöhnlichen
selbstverständlichen Atmen tut. Er
tat das, um sich den Atmungsprozeß
zum Bewußtsein zu bringen. Der
gewöhnliche Atmungsrhythmus wird
nicht bewußt. Der umgestaltete
Atmungsrhythmus, der aus der
menschlichen Willkür heraus in
seinen Zeitlängen festgesetzt
wird, der verläuft vollständig
bewußt. Was aber geschieht
dadurch? Nun, man braucht sich nur
physiologisch auszudrücken, wenn
man einsehen will, was der Jogi
erreichte durch dieses
Sich-zum-Bewußtsein-Bringen seines
Atmungsprozesses: Wenn wir
einatmen, geht der Atemstoß in
unseren Organismus hinein, er geht
aber auch durch den
Rückenmarkskanal in das
menschliche Gehirn hinein. Da
vereinigt sich der Rhythmus der
Atmungsströmung mit den Vorgängen,
welche die materiellen Träger des
Gedankenlebens sind, mit den
NervenSinnesvorgängen. Wir haben
eigentlich niemals, wenn wir im
gewöhnlichen Denken leben, bloße
NervenSinnesvorgänge, sondern
immer Nerven-Sinnesvorgänge, die
durchströmt sind von unserem
Atmungsrhythmus. Eine Verbindung,
ein Ineinanderwirken, ein
SichHarmonisieren der
Nerven-Sinnesvorgänge und der
Atmungsrhythmus-Vorgänge, die
finden immer statt, wenn wir unser
Gedankenleben ablaufen lassen.
Indem nun der Jogi in vollbewußter
Weise seinen veränderten
Atmungsrhythmus in den
Nerven-Sinnesprozeß
hineinschickte, verband er auch
für sein Bewußtsein den
Atmungsrhythmus mit dem
Denkrhythmus, mit dem logischen
Rhythmus, besser gesagt, mit der
logischen Zusammensetzung und
Analyse der Gedanken. Dadurch
veränderte er sein ganzes
Gedankenleben. Nach welcher
Richtung veränderte er es? Nun,
gerade dadurch, daß ihm sein
Atmungsleben voll bewußt wurde,
durchströmten gewissermaßen die
Gedanken nun ebenso seinen
Organismus wie die Atmungsströmung
selbst. Man möchte sagen: der Jogi
ließ auf den Atmungsströmungen die
Gedanken laufen, und er erlebte
sich im inneren Rhythmus seines
menschlichen Wesens erfüllt mit
auf den Strömungen des Atmens
lebenden Gedanken. Dadurch hob
sich der Jogagelehrte heraus von
der übrigen Masse seiner
Mitmenschen, und er konnte dieser
Masse Erkenntnisse verkünden, die
sie selber nicht haben konnte.
|
Pour envisager ce qui se passa
en fait là, on doit regarder un
peu vers la façon particulière
dont les connaissances plus
anciennes œuvraient dans la
conscience populaire ordinaire des
masses humaines.
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25
|
Um einzusehen, was
da eigentlich geschah, muß man ein
wenig hinschauen auf die besondere
Art, wie die älteren Erkenntnisse
im gewöhnlichen populären
Bewußtsein der Menschenmassen
wirkten.
|
Aujourd'hui, nous attachons la
plus grande valeur sur ce que,
lorsque nous regardons dehors dans
le monde extérieur, nous voyons de
pures couleurs que, lorsque nous
entendons des sons, nous entendons
de purs sons, et que nous
acceptons justement ainsi les
perceptions restantes dans une
certaine pureté, c'est-à-dire dans
la pureté que peut nous donner le
simple processus sensoriel.
|
26
|
Wir legen heute den
größten Wert darauf, daß, wenn wir
in die Außenwelt hinausschauen,
wir reine Farben schauen, daß,
wenn wir Töne hören, wir reine
Töne hören, und daß wir ebenso die
übrigen Wahrnehmungen in einer
gewissen Reinheit, das heißt in
der Reinheit, wie sie uns der
bloße Sinnesprozeß geben kann,
hinnehmen.
|
Ce n'était pas ainsi pour les
consciences de culture humaines
plus anciennes. Non pas que, comme
le croit souvent à tort une
certaine érudition, les humains
des temps anciens aient imaginé
toutes sortes de choses dans la
nature ! L'imagination/la
fantaisie n'était pas aussi
extraordinairement efficace. Mais
il était tout à fait naturel pour
cette humanité de culture plus
ancienne, de par toute la
constitution de l'humain de cette
époque, de ne pas seulement voir
de pures apparitions de couleurs,
de pures apparitions de sons, de
pures autres qualités
sensorielles, mais de percevoir en
même temps dans tout cela un
aspect psychospirituel. C'est
ainsi que l'on voyait dans le
soleil et la lune, dans les
étoiles, dans le vent et le temps,
dans la source et le fleuve, dans
les êtres des différents règnes de
la nature, des choses spirituelles
et d'âme, comme nous voyons
aujourd'hui de pures couleurs,
entendons de purs sons, que nous
ne cherchons ensuite à reconnaître
dans leur contexte qu'à l'aide de
la pensée devenue pure. Mais il y
avait encore une autre donnée pour
l'humanité plus ancienne : c'est
qu'il n'y avait pas à l'époque une
conscience de soi aussi forte et
intérieurement consolidée que
celle que nous avons aujourd'hui.
En percevant le spirituel et l'âme
dans toutes les choses de son
environnement, l'humain se
percevait lui-même comme un membre
de tout cet environnement. Il ne
se séparait pas de cet
environnement en tant que moi
indépendant.
|
27
|
Das war für die
Bewußtseine älterer Kulturmenschen
nicht so. Nicht daß, wie vielfach
irrtümlicherweise eine gewisse
Gelehrsamkeit glaubt, die Menschen
älterer Zeiten in die Natur
allerlei hineinphantasiert hätten!
Die Phantasie war nicht so
außerordentlich wirksam. Aber es
war dieser älteren
Kulturmenschheit durch die ganze
Konstitution des Menschen der
damaligen Zeit ganz natürlich,
nicht bloß reine
Farbenerscheinungen, reine
Tonerscheinungen, reine andere
Sinnesqualitäten zu sehen, sondern
in allem zugleich ein
Seelisch-Geistiges wahrzunehmen.
So sah man in Sonne und Mond, in
den Sternen, in Wind und Wetter,
in Quelle und Fluß, in den Wesen
der einzelnen Naturreiche
Geistig-Seelisches, wie wir heute
reine Farben sehen, reine Töne
hören, die wir dann erst mit Hilfe
des rein gewordenen Denkens in
ihrem Zusammenhang zu erkennen
suchen. Damit war aber für die
ältere Menschheit ein anderes noch
gegeben: nämlich daß damals nicht
ein so starkes, innerlich
gefestigtes Selbstbewußtsein
vorhanden war, wie wir es heute
haben. Indem der Mensch
Geistig-Seelisches in allen Dingen
der Umwelt wahrnahm, nahm er sich
selber als ein Glied dieser ganzen
Umwelt wahr. Er sonderte sich
nicht als ein selbständiges Ich
von dieser Umwelt ab.
|
Si je voulais parler en termes
de comparaison, je pourrais dire :
si ma main avait conscience,
comment penserait-elle sur
elle-même ? Elle se dirait qu'elle
n'est pas un être autonome,
qu'elle n'a de sens qu'à mon
organisme. C'est ainsi que
l'ancien humain ne pouvait pas se
considérer comme un être
indépendant, mais comme un membre
de la nature entière, qu'il devait
cependant considérer comme
traversée d'esprit, traversée
d'âme.
|
28
|
Wenn ich
vergleichsweise sprechen wollte,
so könnte ich sagen: Wenn meine
Hand Bewußtsein hätte, wie würde
sie dann denken über sich selbst?
Sie würde sich sagen, sie sei kein
selbständiges Wesen, habe nur Sinn
an meinem Organismus. So etwa hat
der ältere Mensch sich nicht als
ein selbständiges Wesen ansehen
können, sondern als ein Glied der
gesamten Natur, die er aber
durchgeistigt, durchseelt
anschauen mußte.
|
C'est de cette façon de voir,
qui conditionnait la
non-indépendance du moi humain,
que le yogi s'est élevé. En
couplant dans une certaine mesure
sa pensée avec le processus
respiratoire qui remplit toute
l'entité intérieure de l'humain,
il est parvenu à une saisie du soi
humain, le moi humain. Ce qui,
j'aimerais dire, est évident pour
nous aujourd'hui, grâce à nos
qualités héréditaires, à notre
éducation, lorsque nous sommes
adultes, que nous nous sentons
comme soi, que nous nous sentons
je, a dû être conquis dans ces
temps anciens par des exercices.
Mais par cela on avait de
l'expérience de ce soi, de ce je,
quelque chose de tout à fait
différent de ce que nous avons
aujourd'hui. c'est absolument deux
choses : si l'on a à accepter
quelque chose comme une expérience
évidente - et pour nous, le
sentiment du moi, le sentiment de
soi, est une expérience évidente -
ou si l'on doit d'abord le
conquérir par des voies telles que
celles de la connaissance, comme
c'était le cas pour une culture
orientale plus ancienne. On vivait
là avec ce qui agit, ondule et se
tisse dans l'univers, pendant
qu'aujourd'hui, si l'on vit déjà
la même chose à un certain niveau,
on ne vit plus rien avec de
l'univers. C'est pourquoi, au
yogi, se révélait par ses
exercices, l'être soi humain,
l'être je humain, l'être d'âme
humain.
|
29
|
Aus dieser
Anschauung, die die
Unselbständigkeit des menschlichen
Ichs bedingte, hob sich der Jogi
heraus. Er kam dadurch, daß er
sein Denken gewissermaßen
zusammenkoppelte mit dem
Atmungsprozeß, der die ganze
innere Wesenheit des Menschen
erfüllt, zu einer Erfassung des
menschlichen Selbstes, des
menschlichen Ichs. Dasjenige,
möchte ich sagen, was für uns
heute durch unsere vererbten
Eigenschaften, durch unsere
Erziehung, wenn wir ein
erwachsener Mensch sind,
selbstverständlich ist, daß wir
uns als Selbst, als Ich fühlen,
das mußte in jenen alten Zeiten
auf dem Umwege durch Übungen
errungen werden. Dadurch aber
hatte man von dem Erleben dieses
Selbstes, dieses Ichs, etwas ganz
anderes, als wir heute haben. Es
ist durchaus zweierlei: ob man
etwas wie selbstverständliches
Erleben hinzunehmen hat - und uns
ist das Ich-Gefühl, das
Selbstgefühl ein
selbstverständliches Erleben -,
oder ob man es auf solchen Wegen,
auf Erkenntniswegen, sich erst
erringt, wie es für eine ältere
orientalische Kultur der Fall war.
Da lebte man mit, was im Universum
kraftet und wellt und webt,
während man heute, wenn man schon
auf einem gewissen Niveau dasselbe
erlebt, nichts mehr vorn Universum
miterlebt. Daher offenbarte sich
durch seine Übungen die
menschliche Selbstheit, die
menschliche Ichheit, das
menschliche Seelenwesen für den
Jogi.
|
Et nous pouvons dire qu'en ce
qu'alors, ce qui a pu être trouvé
sur ce chemin de la connaissance a
été transmis sous forme de
révélations dans la conscience de
culture générale, c'est devenu le
contenu des principales
productions spirituelles des temps
anciens.
|
30
|
Und wir können
sagen: Indem dann dasjenige, was
auf diesem Erkenntniswege gefunden
werden konnte, als Offenbarungen
in das allgemeine Kulturbewußtsein
überging, wurde es der Inhalt
wichtigster geistiger Erzeugnisse
älterer Zeiten.
|
À nouveau je veux soulever une
chose parmi beaucoup. Nous avons
éclairant merveilleusement de
l'Orient ancien, le magnifique
chant de la Bhagavad Gita. Dans
cette Gita, nous avons décrit
d'une manière merveilleuse, à
partir du lyrisme humain le plus
profond, les expériences du soi
humain : comment ce soi, lorsqu'il
se reconnaît en l'expérimentant,
en le connaissant, conduit
l'humain à une compassion avec
l'univers, comment il lui révèle
sa véritable humanité et son lien
avec un monde supérieur, avec un
monde spirituel, avec un monde
suprasensible. La Gita décrit sur
des tons toujours plus merveilleux
cette expérience de soi dans son
abandon au Tout. Pour celui qui,
comme je l'ai dit, sait se plonger
dans ces temps anciens avec une
observation historique impartiale,
il est clair que les sons
magnifiques de la Gita sont issus
de ce qui pouvait être vécu par
des exercices de connaissance tels
que ceux que j'ai décrits.
|
31
|
Wiederum will ich
aus vielem eines herausheben. Da
haben wir wunderbar
herüberleuchtend aus dem alten
Orient das herrliche Lied Bhagavad
Gita. Wir haben in dieser Gita in
einer wunderbaren Weise, aus
tiefster menschlicher Lyrik
heraus, die Erlebnisse an dem
menschlichen Selbst geschildert:
wie dieses Selbst den Menschen,
wenn er es erlebend erkennt,
erkennend erlebt, zu einem
Mitfühlen mit dem All führt, wie
es ihm seine eigentliche
Menschlichkeit und seinen
Zusammenhang mit einer Überwelt,
mit einer geistigen, mit einer
übersinnlichen Welt offenbart. In
immer neuen wunderbaren Tönen
schildert die Gita dieses Erleben
des eigenen Selbstes in seiner
Hingabe an das All. Für
denjenigen, der sich, wie gesagt,
mit unbefangener
Geschichtsbetrachtung in diese
älteren Zeiten zu vertiefen
versteht, ist es klar, daß die
herrlichen Klänge der Gita
hervorgegangen sind aus dem, was
durch solche Erkenntnisübungen,
wie ich sie geschildert habe,
erlebt werden konnte.
|
Un tel chemin de connaissance
était approprié pour une époque de
culture orientale plus ancienne.
C'était alors un jugement général
de l'humanité que l'on devait se
retirer dans une certaine solitude
et un certain ermitage si l'on
voulait avoir un contact avec les
mondes suprasensibles. Et c'est à
la solitude, à l'ermitage, que se
condamnait d'une certaine manière
celui qui pratiquait de tels
exercices. Car ces exercices
amènent l'humain à une certaine
sensibilité. Ils le rendent
hypersensible à la robustesse du
monde extérieur. Il doit se
retirer de la vie. Dans les temps
anciens, tout de suite de tels
humains solitaires trouvaient de
la confiance chez leurs
semblables. On prenait ce qu'ils
avaient à dire comme des
représentations de connaissance.
Aujourd'hui, cela ne convient plus
à notre culture. L'humanité
d'aujourd'hui exige à juste titre
que celui en qui elle doit avoir
confiance en tant que connaisseur
soit au cœur de la vie, qu'il
puisse faire face à la vie
robuste, au travail humain et à
l'activité humaine, tels que les
exigences du temps les façonnent.
Les humains d'aujourd'hui ne se
sentent pas liés à celui qui doit
se retirer de la vie de la même
manière que les humains des
époques culturelles plus
anciennes.
|
32
|
Ein solcher
Erkenntnisweg war für eine ältere
orientalische Kulturepoche der
angemessene. Es war dazumal
allgemeines Menschheitsurteil, daß
man sich in eine gewisse
Einsamkeit und Einsiedelei
zurückziehen müsse, wenn man
Verbindung mit übersinnlichen
Welten haben wollte. Und zur
Einsamkeit, zur Einsiedelei
verurteilte sich in einer gewissen
Beziehung derjenige, der solche
Übungen machte. Denn diese Übungen
bringen den Menschen in eine
gewisse Sensibilität. Sie machen
ihn überempfindlich gegenüber der
robusten Außenwelt. Er muß sich
vom Leben zurückziehen. In älteren
Zeiten fanden gerade solche
einsame Menschen Vertrauen bei
ihren Mitmenschen. Man nahm, was
sie zu sagen hatten, als
Erkenntnisvorstellungen hin. Heute
ist das unserer Kultur nicht mehr
angemessen. Mit Recht fordert die
heutige Menschheit, daß derjenige,
zu dem sie als einem Erkennenden
Vertrauen haben soll, mitten im
Leben drinnenstehe, daß er es
aufnehmen könne mit dem robusten
Leben, mit menschlicher Arbeit und
menschlichem Wirken, wie es die
Zeitforderung gestaltet. Mit dem,
der sich zurückziehen muß vom
Leben, fühlen sich die heutigen
Menschen eben nicht in derselben
Weise verbunden wie die Menschen
älterer Kulturepochen.
|
Celui qui réfléchit
fondamentalement à cela doit se
dire que les chemins de la
connaissance actuels doivent être
autres et nous aurons à parler de
ces autres chemins juste après.
Mais auparavant, j'aimerais encore
une fois décrire, dans son
principe, un chemin qui était
aussi approprié pour les temps
plus anciens, la voie de l'ascèse,
uniquement pour la compréhension
et non parce que je voudrais la
recommander à un humain du
présent.
|
33
|
Wer das gründlich
überdenkt, muß sich sagen: Heutige
Erkenntniswege müssen anders sein
und wir werden von solchen
anderen Wegen gleich nachher zu
sprechen haben. Vorher möchte ich
aber, wiederum nur zur
Verständigung, nicht, weil ich ihn
etwa anempfehlen möchte für einen
Menschen der Gegenwart, noch einen
Weg, der ebenfalls für ältere
Zeiten ein angemessener war, den
Weg der Askese, seinem Prinzip
nach schildern.
|
Ce chemin de l'ascèse a été
suivi en paralysant, en réduisant
les processus corporels, les
exigences corporelles, de sorte
que le corps humain n'agisse pas
de la même manière robuste qu'il
le fait dans la vie normale. On
paralysait aussi les fonctions
corporelles en mettant l'organisme
physique extérieur de l'humain
dans des états douloureux.
|
34
|
Dieser Weg der
Askese wurde dadurch gegangen, daß
man Leibesvorgänge,
Leibesanforderungen herablähmte,
herabstimmte, so daß der
menschliche Leib nicht in
derselben robusten Weise wirkte,
wie er im normalen Leben wirkt.
Man lähmte die Leibesfunktionen
auch dadurch herab, daß man den
menschlichen äußeren physischen
Organismus in schmerzhafte
Zustände hineinbrachte.
|
Tout cela a amené ceux qui ont
suivi cette voie ascétique à
certaines expériences humaines,
qui étaient absolument des
expériences de connaissance. Je ne
veux certainement pas dire qu'il
serait juste pour l'organisme
humain sain, par lequel nous
sommes nés à la vie terrestre
entre la naissance et la mort, de
le rabaisser/déprécier lorsqu'il
s'agit de placer efficacement cet
organisme dans la vie ordinaire.
Cet organisme sain est tout à fait
approprié à la nature sensible
extérieure qui porte la vie
humaine entre la naissance et la
mort. Il n'en reste pas moins vrai
que les anciens ascètes, qui
avaient déprécié cette
organisation, en sont venus à
vivre leur âme de manière pure et
à savoir se tenant avec leur âme
dans un monde spirituel.
|
35
|
Alles das brachte
diejenigen, die diesen asketischen
Weg gingen, zu gewissen
menschlichen Erlebnissen, die
durchaus Erkenntniserlebnisse
waren. Ich will gewiß nicht sagen,
daß es für den gesunden
menschlichen Organismus, durch den
wir hereingeboren sind in das
Erdenleben zwischen Geburt und
Tod, richtig sei, ihn
herabzustimmen, wenn es sich darum
handelt, diesen Organismus in das
gewöhnliche Leben wirksam
hineinzustellen. Dieser gesunde
Organismus ist für die äußere
sinnliche Natur, die zwischen
Geburt und Tod des Menschen doch
das menschliche Leben trägt,
durchaus das Angemessene. Dabei
bleibt es dennoch richtig, daß die
alten Asketen, die diese
Organisation herabgestimmt hatten,
dazu kamen, nun ihr Seelisches
rein zu erleben und sich mit ihrem
Seelischen drinnenstehend zu
wissen in einer geistigen Welt.
|
C'est tout de suite par cela que
notre organisme physique sensoriel
est notamment adapté à la vie
entre la naissance et la mort,
que, comme les expériences des
ascètes ont pu le montrer, il nous
cache ce qu'est le monde
spirituel.
|
36
|
Gerade dadurch ist
nämlich unser physisch-sinnlicher
Organismus für das Leben zwischen
Geburt und Tod das Angemessene,
daß er uns, wie eben die
Erlebnisse der Asketen zeigen
konnten, verbirgt, was geistige
Welt ist.
|
Et c'était tout simplement une
expérience des anciens ascètes que
de pouvoir entrer consciemment
dans les mondes spirituels par
dépréciation des fonctions
corporelles. À nouveau, ce n'est
pas une voie pour le présent.
Celui qui déprécie son organisme
de cette façon se rend inapte à
l'ouvrage parmi ses semblables, il
se rend également inapte envers
lui-même. La vie actuelle exige
des humains qui ne se retirent pas
d'elle, qui se conservent leur
santé ou, si elle est affaiblie,
la renforcent même, mais pas des
humains qui se retirent de la vie.
|
37
|
Und es war einfach
ein Erlebnis der alten Asketen,
daß man durch Herabstimmen der
Leibesfunktionen in die geistigen
Welten bewußt eintreten konnte.
Das ist wiederum kein Weg für die
Gegenwart. Derjenige, der in
dieser Art seinen Organismus
herabstimmt, der macht sich
untauglich für das Wirken unter
seinen Mitmenschen, der macht sich
auch untauglich gegenüber sich
selbst. Das heutige Leben fordert
Menschen, die sich aus ihm nicht
zurückziehen, die sich ihre
Gesundheit erhalten oder, wenn sie
geschwächt ist, sie sogar
verstärken, nicht aber Menschen,
die sich vom Leben zurückziehen.
|
Ceux-là ne pourraient gagner
aucune confiance, simplement selon
la mentalité de notre présent.
C'est pourquoi cette voie de
l'ascèse, qui a pourtant conduit à
des connaissances dans des temps
plus anciens, ne peut pas être une
voie actuelle.
|
38
|
Die könnten kein
Vertrauen gewinnen, einfach nach
der Gesinnung unserer Gegenwart.
Daher kann dieser Weg der Askese,
der aber durchaus in älteren
Zeiten zu Erkenntnissen geführt
hat, nicht ein heutiger Weg sein.
|
Mais tant la voie du yoga que
celle de l'ascèse, qui ont apporté
des connaissances sur le monde
suprasensible, sont conservées
dans des traditions ancestrales,
je dirais même sacrées, et sont
acceptées aujourd'hui par
l'humanité comme quelque chose qui
satisfait certains besoins de
l'âme. Et on ne se demande pas
comment ce que l'on reçoit ainsi
comme des croyances a néanmoins
été recherché sur un véritable
chemin de connaissance, même s'il
n'est plus adapté à notre époque.
|
39
|
Aber sowohl
dasjenige, was der Jogaweg, wie
dasjenige, was der asketische Weg
an Erkenntnissen über die
übersinnliche Welt geliefert hat,
ist in uralten, ich möchte sagen,
heiligen Traditionen erhalten,
wird heute von der Menschheit
hingenommen als etwas, was gewisse
seelische Bedürfnisse befriedigt.
Und man fragt nicht danach, wie
das, was man so als
Glaubensvorstellungen aufnimmt,
dennoch auf einem wirklichen, wenn
auch für unsere heutige Zeit nicht
mehr angemessenen Erkenntnisweg
gesucht worden ist.
|
Le chemin de connaissance actuel
doit être absolument un autre.
Nous avons donc vu que l'une des
voies, la voie du yoga, essayait
dans une certaine mesure
d'atteindre la pensée par le biais
de la respiration, afin de vivre
cette pensée d'une autre manière
que celle perçue dans la vie
ordinaire. Nous ne pouvons pas
faire ce détour par la respiration
pour la raison déjà mentionnée.
C'est pourquoi nous devons essayer
d'arriver à une transformation de
la pensée d'une autre manière,
afin d'arriver ensuite, grâce à la
pensée transformée, à des
connaissances qui sont une sorte
de prolongement de la connaissance
de la nature. C'est pourquoi, si
nous nous comprenons bien, nous
partons aujourd'hui du principe
qu'il ne faut pas travailler la
pensée par le détour de la
respiration, mais la travailler
directement en faisant certains
exercices par lesquels nous
rendons la pensée intérieurement
plus puissante, plus énergique
qu'elle ne l'est dans la
conscience ordinaire.
|
40
|
Der heutige
Erkenntnisweg muß ein durchaus
anderer sein. Wir haben ja
gesehen: der eine Weg, der
Jogaweg, versuchte gewissermaßen
auf dem Umweg durch das Atmen zu
dem Denken zu kommen, um dieses
Denken in einer anderen Weise zu
erleben, als es im gewöhnlichen
Leben wahrgenommen wird. Wir
können aus dem schon angeführten
Grunde diesen Umweg durch das
Atmen nicht machen. Daher müssen
wir versuchen, auf eine andere
Weise zu einer Umgestaltung des
Denkens zu kommen, um durch das
umgestaltete Denken dann zu
Erkenntnissen zu gelangen, die
eine Art Fortsetzung der
Naturerkenntnisse sind. Deshalb
gehen wir heute, wenn wir uns
richtig verstehen, davon aus, das
Denken nicht durch den Umweg des
Atmens zu bearbeiten, sondern es
direkt zu bearbeiten, indem wir
gewisse Übungen machen, durch die
wir das Denken innerlich
kraftvoller, energischer
gestalten, als es im gewöhnlichen
Bewußtsein ist.
|
Dans la conscience ordinaire,
nous nous livrons à une pensée
plus passive, qui s'en tient au
déroulement des processus
extérieurs. Si nous voulons
emprunter un chemin de
connaissance suprasensible plus
récent, nous plaçons certaines
représentations faciles à
comprendre au centre de notre
conscience. Nous restons dans le
cadre de la simple pensée. Je sais
que maints humains veulent déjà
trouver ce que je vais décrire
dans le chemin du yoga plus
tardif, par exemple dans celui du
Patanjali. Mais tel que c'est fait
aujourd'hui, ce n'est pas encore
inclus dans la formation orientale
de l'esprit, parce que même si un
humain exécutait aujourd'hui les
exercices de yoga, ils agiraient
autrement que chez les humains
d'époques antérieures à cause des
changements qu'a traversés
l'organisme humain.
|
41
|
Im gewöhnlichen
Bewußtsein geben wir uns einem
mehr passiven Denken hin, das sich
an den Verlauf der äußeren
Vorgänge hält. Wenn wir einen
neueren übersinnlichen
Erkenntnisweg gehen wollen, dann
setzen wir gewisse leicht
überschauliche Vorstellungen in
den Mittelpunkt unseres
Bewußtseins. Wir bleiben innerhalb
des bloßen Gedankens. Ich weiß,
daß manche Menschen dasjenige, was
ich jetzt schildern werde, schon
im späteren Jogaweg, zum Beispiel
in dem des Patanjali, finden
wollen. Aber so, wie das heute
gemacht wird, ist es durchaus
innerhalb orientalischer
Geistesschulung noch nicht
enthalten; deshalb nicht
enthalten, weil selbst, wenn heute
ein Mensch die Jogaübungen
ausführte, sie anders wirkten
wegen der Veränderung, die der
menschliche Organismus
durchgemacht hat , als sie bei
den Menschen früherer Epochen
gewirkt haben.
|
Aujourd'hui, nous nous adressons
donc directement à la pensée, en
cultivant la méditation, en nous
concentrant sur certains contenus
de pensée pendant de longues
périodes. Nous exécutons
psychiquement quelque chose qui se
laisse comparer au renforcement
d'un muscle. Si nous utilisons un
muscle dans un travail continu,
toujours de nouveau et à nouveau,
bien égal le but et l'objectif de
ce travail, il doit se renforcer.
|
42
|
Wir wenden uns also
heute direkt an das Denken und
zwar dadurch, daß wir Meditation
pflegen, daß wir uns konzentrieren
auf gewisse Gedankeninhalte durch
längere Zeiten. Wir machen
seelisch etwas durch, was sich
vergleichen läßt mit der
Erkraftung eines Muskels. Wenn wir
einen Muskel in fortdauernder
Arbeit immer wieder und wiederum
gebrauchen, ganz gleichgültig,
welches Zweck und Ziel dieser
Arbeit sind, muß er erkraften.
|
Nous pouvons exécuter la même
chose avec la pensée. Au lieu de
nous contenter de suivre le cours
des processus extérieurs, nous
plaçons au centre de notre
conscience, au prix d'un effort de
volonté intense, des
représentations claires, formées
par nous-mêmes ou données par
quelqu'un de compétent dans ce
domaine, dans lesquelles ne peut
vivre aucune réminiscence dont
nous ne sommes pas conscients,
nous éliminons toute autre
conscience et nous nous
concentrons uniquement sur un tel
contenu de conscience. J'aimerais
dire, avec un mot du Faust de
Goethe : "C'est certes facile, ça
semble notamment ainsi, le facile
est quand même difficile ! Car
cela doit être accompli par l'un
pendant des semaines, par l'autre
pendant des mois. Si la conscience
apprend alors à reposer sur le
même contenu de pensées et à
toujours de nouveau y reposer,
qu'il soit complètement
indifférent, et si l'on tourne
toute l'attention intérieure et
toute l'expérience intérieure vers
le renforcement, vers
l'énergétisation psychique de la
vie de pensée, alors nous arrivons
finalement au processus opposé à
celui que le yogi traversait. Nous
arrachons en effet notre pensée au
processus respiratoire.
|
43
|
Dasselbe können wir
mit dem Denken ausführen. Statt
daß wir uns mit diesem Denken
immer nur hingeben dem Verlauf der
äußeren Vorgänge, bringen wir mit
starker Willensanstrengung von uns
selbst gebildete oder von einem
auf diesem Gebiet Kundigen uns
gegebene, überschaubare
Vorstellungen, in denen keine
Erinnerungsreminiszenzen leben
können, deren wir uns nicht bewußt
sind, in den Mittelpunkt unseres
Bewußtseins, schalten alles andere
Bewußtsein aus, konzentrieren uns
nur auf einen solchen
Bewußtseinsinhalt. Ich möchte mit
einem Goetheschen Faust-Wort
sagen: Zwar ist es leicht es
sieht nämlich so aus , doch ist
das Leichte schwer! Denn das muß
von dem einen wochenlang, von dem
andern monatelang vollzogen
werden. Wenn dann das Bewußtsein
lernt, auf demselben
Gedankeninhalt so zu ruhen und
immer wieder zu ruhen, daß er
einem völlig gleichgültig ist, und
man alle innere Aufmerksamkeit und
alles innere Erleben auf die
Erkraftung, auf die seelische
Energisierung des Gedankenlebens
wendet, dann gelangen wir zuletzt
zu dem entgegengesetzten Vorgang
gegenüber dem, den der Jogi
durchmachte. Wir reißen nämlich
unser Denken von dem Atmungsprozeß
los.
|
Aujourd'hui encore, cela
apparaît à l'humain comme quelque
chose d'absurde, comme quelque
chose de fantastique. Mais, de
même que le yogi a dans une
certaine mesure poussé sa pensée
vers l'intérieur de son corps pour
la relier au rythme de son souffle
corporel et faire ainsi
l'expérience de son moi, de sa
spiritualité intérieure, de même
nous détachons la pensée du reste
du processus respiratoire qui vit
inconsciemment dans toutes nos
pensées habituelles. Les exercices
plus précis, dans tous leurs
détails, qui constituent un
système strictement exact, sont
décrits dans mon livre "Comment
acquérir la connaissance des
mondes supérieurs" ou dans
l'autre, "Science secrète", ou
encore dans "Des énigmes de l'âme"
et dans d'autres de mes écrits. On
arrive ainsi peu à peu à extraire
le processus de pensée non
seulement du processus
respiratoire, mais aussi à le
rendre complètement libre de la
corporéité. C'est alors seulement
que l'on se rend compte du grand
service que la vision du monde
dite matérialiste, ou mieux dite,
la vision du monde mécaniste, a
rendu à l'humanité. Elle elle nous
a rendu attentif à ce que la
pensée ordinaire repose sur le
soubassement des processus
corporels. Par cela peut tout de
suite venir l'incitation à
chercher une pensée qui ne repose
plus sur des processus corporels.
Mais cela peut seulement être
trouvé si la pensée ordinaire est
renforcée de la manière décrite.
Nous parvenons ainsi à une pensée
libre de corps, à une pensée qui
consiste en de simples processus
psychiques/d'âme. Oui, nous
apprenons ainsi à connaître ce qui
était en nous une nature d'image,
certes d'abord seulement comme des
images, mais comme des images qui
nous montrent une vie autonome,
indépendante de notre corporéité.
|
44
|
Es erscheint das
heute noch dem Menschen als etwas
Absurdes, als etwas
Phantastisches. Allein, geradeso
wie der Jogi gewissermaßen sein
Denken nach dem Innern des Leibes
getrieben hat, um es mit dem
Rhythmus seines Leibesatems zu
verbinden und so sein Selbst,
seine innere Geistigkeit zu
erleben, geradeso lösen wir das
Denken los auch von dem Rest des
Atmungsprozesses, der unbewußt in
all unserem gewöhnlichen Denken
lebt. Die genaueren Übungen, in
allen Einzelheiten, die ein streng
exaktes System darstellen, finden
Sie geschildert in meinem Buche
«Wie erlangt man Erkenntnisse der
höheren Welten?» oder in dem
anderen, «Geheimwissenschaft»,
oder auch in
«Von Seelenrätseln» und in
anderen meiner Schriften. Man
gelangt allmählich auf diese Weise
dazu, den Gedankengang nicht nur
aus dem Atmungsprozeß
herauszuziehen, sondern völlig
frei von der Leiblichkeit zu
machen. Jetzt sieht man erst ein,
welch großen Dienst auch die
sogenannte materialistische,
besser gesagt mechanistische
Weltanschauung der Menschheit
geleistet hat. Sie hat uns
aufmerksam gemacht, daß das
gewöhnliche Denken auf dem
Untergrunde leiblicher Vorgänge
steht. Dadurch kann gerade die
Anregung kommen, ein Denken zu
suchen, das nicht mehr auf
leiblichen Vorgängen ruht. Das
kann aber nur gefunden werden,
indem das gewöhnliche Denken
erkraftet wird in der
geschilderten Weise. Dadurch
gelangen wir zu einem leibfreien
Denken, zu einem Denken, das in
bloß seelischen Vorgängen besteht.
Ja, wir lernen auf diese Weise
das, was in uns Bildnatur war,
zwar zunächst nur als Bilder
kennen, aber als Bilder, die
selbständiges, von unserer
Leiblichkeit unabhängiges Leben
uns zeigen.
|
C'est le premier pas vers un
chemin de connaissance tel qu'il
convient à l'humain moderne
actuellement. Mais nous accédons
par cela à une expérience qui est
cachée à la conscience ordinaire.
Comme le yogi indien s'est relié
dans sa pensée à ce qui était son
rythme respiratoire intérieur, et
donc aussi à son soi spirituel qui
vit dans ce rythme respiratoire,
de même il s'est élevé vers
l'intérieur, de même nous allons
vers l'extérieur. En ce que nous
arrachons la pensée logique à
l'organisme auquel elle est en
fait attachée en tant que pensée
logique, nous pénétrons avec cette
pensée dans le rythme extérieur du
monde, et nous expérimentons
maintenant d'abord qu'il y a un
tel rythme extérieur. Comme le
yogi s'amena à la conscience le
rythme intérieur de son corps,
ainsi nous vient à la conscience
de façon spirituelle, un rythme
extérieur du monde. Si m'est
permis de m'exprimer de manière
imagée, nous nous tenons, dans la
conscience ordinaire, ainsi là que
nous assemblons nos pensées
logiquement et que nous nous
servons ainsi de la pensée comme
d'un moyen de connaissance du
monde extérieur sensible.
Maintenant, nous laissons la
pensée marcher dans une sorte
d'élément musical, qui est
cependant absolument un élément de
connaissance, nous percevons un
rythme qui est disponible sur le
fond de toutes choses comme un
rythme spirituel, nous pénétrons
dans le monde en commençant à le
percevoir en esprit. Notre pensée
passe d'une pensée abstraite
morte, d'une pure pensée image, à
une pensée animée/vivifiée en
soi-même. C'est la transition
significative qui peut être faite
de la pensée abstraite, purement
logique, à une pensée vivante,
dont nous avons absolument le
sentiment qu'elle est capable de
former une réalité, comme notre
processus de croissance est
reconnu par nous comme une réalité
vivante.
|
45
|
Das ist der erste
Schritt zu einem Erkenntnisweg,
wie er dem modernen Menschen heute
angemessen ist. Dadurch aber
gelangen wir zu einem Erlebnis,
das dem gewöhnlichen Bewußtsein
verborgen ist. Wie der indische
Jogi sich in seinem Denken
verbunden hat mit dem, was innerer
Atmungsrhythmus war, und dadurch
auch mit seinem geistigen Selbst,
das in dem Atmungsrhythmus lebt,
ebenso wie er also nach innen
stieg, so gehen wir nach außen.
Indem wir das logische Denken
losreißen von dem Organismus, an
den es eigentlich gebunden ist als
logisches Denken, dringen wir mit
diesem Denken in den äußeren
Rhythmus der Welt ein, ja wir
erfahren jetzt erst, daß es einen
solchen äußeren Rhythmus gibt. Wie
sich der Jogi den inneren Rhythmus
seines Leibes zum Bewußtsein
brachte, so kommt uns auf geistige
Art ein äußerer Weltrhythmus zum
Bewußtsein. Wenn ich mich bildlich
ausdrücken darf: wir stehen im
gewöhnlichen Bewußtsein so da, daß
wir unsere Gedanken logisch
zusammensetzen und uns damit des
Denkens als eines Mittels zur
Erkenntnis der äußeren sinnlichen
Welt bedienen. Jetzt lassen wir
das Denken einlaufen in eine Art
musikalischen Elementes, das aber
durchaus ein Erkenntniselement
ist, wir gewahren einen Rhythmus,
der auf dem Grund aller Dinge als
ein geistiger Rhythmus vorhanden
ist, wir dringen ein in die Welt,
indem wir sie im Geiste beginnen
wahrzunehmen. Unser Denken wird
aus dem abstrakten toten Denken,
aus dem bloßen Bilddenken ein in
sich selbst belebtes Denken. Das
ist der bedeutsame Übergang, der
durchgemacht werden kann von dem
abstrakten, bloß logischen Denken
zu einem lebendigen Denken, von
dem wir durchaus das Gefühl haben,
daß es fähig ist, eine Realität zu
bilden, wie unser Wachstumsprozeß
als lebendige Realität von uns
erkannt wird.
|
Mais avec cette pensée vivante,
on peut pénétrer maintenant plus
profondément dans la nature qu'on
ne peut le faire par la pensée
ordinaire. Comment cela peut-il se
faire ? J'aimerais l'illustrer par
un exemple tiré de la vie
actuelle, même si c'est un exemple
très contesté. Aujourd'hui, par
exemple, nous orientons notre vie
de pensée abstraite vers un animal
supérieur observant et
expérimentant. Par cette pensée,
nous nous représentons/rendons
présent à force d'image
intérieurement comment est la
configuration des organes de cet
animal, le système osseux, le
système musculaire et ainsi de
suite, comment les processus
vitaux s'entremêlent/affluent les
uns dans les autres. Nous nous
faisons une image de pensées de
cet animal. Alors, nous passons à
l'humain avec la même pensée, nous
nous faisons à nouveau
intérieurement une image de
pensées de cet humain, nous nous
actualisons à nouveau la
configuration de son système
osseux, de son système musculaire,
de l'interpénétration de ses
processus vitaux et ainsi de
suite. Nous pouvons alors comparer
extérieurement les images de
pensées que nous avons
acquises/gagnées dans l'un et
l'autre cas, les unes avec les
autres. Si nous sommes plus
darwinistement enclin, nous
laissons l'humain se développer à
partir d'ancêtres animaux d'un
processus sensoriel réel ; si nous
sommes plus
spirituel-idéalistement enclins,
nous nous représentons la parenté
d'une autre manière. Nous ne
voulons pas nous y attarder
maintenant. Mais ce qui est
important, c'est que nous ne
sommes pas en état, avec notre
pensée abstraite et morte, lorsque
nous nous sommes forgé l'image de
l'animal, de passer de la vie
intérieure des pensées à l'image
humaine: nous devons atteindre la
réalité extérieure des sens de
l'humain avec la vie des pensées,
nous devons acquérir nos idées,
nos images de pensées aux réalités
des sens et nous pouvons alors les
comparer entre elles. Mais si nous
sommes parvenus à la pensée
vivante, alors nous pouvons aussi
former une image de pensées, mais
une vivante image de pensées, du
système osseux, du système
musculaire, de l'interpénétration
des processus vitaux dans
l'animal, et nous pouvons alors,
parce que notre pensée est devenue
plus vivante, poursuivre cette
pensée intérieurement comme une
structure vivante et arriver, par
la pensée elle-même, à l'image de
l'humain. J'aimerais dire que la
pensée de l'animal s'accroit en
pensée de l'humain. Je ne peux
qu'évoquer un exemple de comment
on procède.
|
46
|
Mit diesem
lebendigen Denken aber kann man
nun tiefer in die Natur
hineindringen, als man es durch
das gewöhnliche Denken kann. Wie
das? Ich möchte es an einem
Beispiel veranschaulichen, das dem
heutigen Leben entnommen ist, wenn
auch an einem viel angefochtenen
Beispiel. Wir richten unser
abstraktes Gedankenleben heute zum
Beispiel beobachtend und
experimentierend auf ein höheres
Tier. Wir machen uns durch dieses
Denken innerlich bildhaft
gegenwärtig, wie die Gestaltung
der Organe dieses Tieres ist, das
Knochensystem, Muskelsystem und so
weiter, wie die Lebensprozesse
ineinander überströmen. Wir machen
uns ein Gedankenbild dieses
Tieres. Dann gehen wir mit
demselben Denken über zu dem
Menschen, machen uns wiederum
innerlich ein Gedankenbild von
diesem Menschen, wir
vergegenwärtigen uns wiederum die
Gestaltung seines Knochensystems,
seines Muskelsystems, des
Ineinanderströmens seiner
Lebensvorgänge und so weiter. Dann
können wir äußerlich das, was wir
an Gedankenbildern gewonnen haben
in dem einen und andern Fall,
miteinander vergleichen. Sind wir
mehr darwinistisch geneigt, so
lassen wir den Menschen in einem
realsinnlichen Prozeß sich
herausentwickeln aus tierischen
Vorfahren; sind wir mehr
spirituell-idealistisch geneigt,
so stellen wir uns die
Verwandtschaft in einer anderen
Weise vor. Darauf wollen wir jetzt
nicht eingehen. Wichtig aber ist,
daß wir nicht imstande sind, mit
unserem abstrakten, toten Den,
ken, wenn wir uns das Bild
gestaltet haben von dem Tier, aus
dem inneren Gedankenleben zu dem
menschlichen Bild herüberzukommen:
wir müssen mit dem Gedankenleben
an die äußere sinnliche
Wirklichkeit des Menschen
herandringen, müssen unsere Ideen,
unsere Gedankenbilder an den
Sinnesrealitäten gewinnen und
können sie dann miteinander
vergleichen. Wenn wir aber
vorgedrungen sind zum lebendigen
Denken, dann können wir auch ein
Gedankenbild, aber ein lebendiges
Gedankenbild, formen von dem
Knochensystem, von dem
Muskelsystem, von dem
Ineinanderfließen der
Lebensvorgänge im Tiere, und wir
können, weil jetzt unser Gedanke
ein lebendiger geworden ist,
diesen Gedanken dann innerlich als
ein lebendiges Gebilde verfolgen
und kommen im Gedanken selbst
herüber zum Bild des Menschen. Ich
möchte sagen: Es wächst sich der
Gedanke des Tieres zum Gedanken
des Menschen aus. Wie man da
vorgeht , kann ich nur an einem
Beispiel andeuten.
|
Lorsque nous avons une aiguille
aimantée devant nous, nous savons
qu'elle reste, si elle est
aimantée, seulement dans une
situation de repos, et d'ailleurs
alors quand sa direction coïncide
avec la direction nord-sud du
magnétisme de notre Terre. Cette
direction est particulièrement
excellente ; pour toutes les
autres directions, l'aiguille
magnétique se comporte de manière
neutre. Tout ce que nous avons
devant nous dans cet exemple
devient pour la pensée vivante une
expérience par rapport à l'espace
global. Pour la pensée vivante,
l'espace n'est plus une
juxtaposition indifférente, comme
il l'est pour la pensée abstraite
et morte.
|
47
|
Wenn wir eine
Magnetnadel vor uns haben, so
wissen wir, sie bleibt, wenn sie
magnetisiert ist, nur in einer
Lage in Ruhe, und zwar dann, wenn
ihre Richtung zusammenfällt mit
der Nord-Südrichtung des
Magnetismus unserer Erde. Diese
Richtung ist eine besonders
ausgezeichnete; für alle anderen
Richtungen verhält sich die
Magnetnadel neutral. Alles das,
was wir da an diesem Beispiel vor
uns haben, wird für das lebendige
Denken Erlebnis gegenüber dem
Gesamtraum. Der Raum ist für das
lebendige Denken nicht mehr das
gleichgültige Nebeneinander, wie
er es ist für das abstrakte, tote
Denken.
|
L'espace est différencié
intérieurement, et nous apprenons
à reconnaître ce que signifie chez
l'animal la ligne de la colonne
vertébrale qui est essentiellement
horizontale. Là où ce n'est pas le
cas, nous pouvons démontrer que
l'anomalie est particulièrement
significative, précisément en
raison d'une loi plus profonde ;
mais pour l'essentiel, la ligne de
la colonne vertébrale de l'animal
se trouve à l'horizontale, on
aimerait dire : parallèle à la
surface de la Terre. Il n'est pas
indifférent que la ligne
médullaire se trouve dans cette
direction spatiale ou dans la
direction verticale vers laquelle
l'humain s'élève au cours de sa
vie. Nous apprenons ainsi par la
pensée vivante à reconnaître que
si nous voulions redresser la
ligne principale de l'animal,
c'est-à-dire l'amener dans une
autre direction spatiale, nous
devrions transformer tous les
autres organes. La pensée devient
vivante simplement par la rotation
de 90 degrés de l'orientation
horizontale à l'orientation
verticale. Ainsi, stimulés
intérieurement, nous passons de la
forme animale à la forme humaine.
|
48
|
Der Raum wird
innerlich differenziert, und wir
lernen erkennen, was es heißt, daß
beim Tiere die Rückgratlinie im
wesentlichen horizontal geht. Wo
das nicht der Fall ist, können wir
gerade aus tieferer
Gesetzmäßigkeit die Abnormität als
besonders bedeutsam nachweisen;
aber im wesentlichen liegt die
Rückgratlinie des Tieres in der
Horizontalen, man möchte sagen:
parallel zur Erdoberfläche. Es ist
nun nicht gleichgültig, ob die
Rückenmarkslinie in dieser
Raumrichtung drinnenliegt oder in
der Vertikalrichtung, zu der sich
der Mensch im Verlaufe seines
Lebens aufrichtet. So lernen wir
im lebendigen Denken erkennen, daß
wir, wenn wir die Hauptlinie des
Tieres aufrecht richten wollten,
also in eine andere
Weltraumrichtung bringen wollten,
alle übrigen Organe umformen
müßten. Der Gedanke wird lebendig
einfach durch die Drehung, die um
90 Grad von der Horizontalzur
Vertikalorientierung durchgemacht
wird. Wir gelangen so, innerlich
angeregt, herüber aus der
Tiergestalt in die menschliche
Gestalt.
|
Mais de cette manière, en nous
immergeant d'abord dans le rythme
de l'événement naturel et en
atteignant ainsi le spirituel qui
repose à la base de la nature,
nous continuons à pénétrer à
l'intérieur de l'événement
naturel. Nous parvenons à avoir
dans nos pensées vivantes quelque
chose qui nous permet de nous
immerger dans la croissance et le
devenir du monde extérieur. Nous
entrons à nouveau dans les
mystères de l'existence, dont nous
nous sommes extraits au cours de
l'évolution de l'humanité par
l'épanouissement de la conscience
Je, du sentiment de soi.
|
49
|
Auf diese Weise
dringen wir aber, indem wir zuerst
untertauchen in den Rhythmus des
Naturgeschehens und dadurch auf
das der Natur zugrunde liegende
Geistige kommen, weiter in das
Innere des Naturgeschehens hinein.
Wir gelangen dazu, in unseren
lebendigen Gedanken etwas zu
haben, womit wir untertauchen in
Wachstum und Werden der Außenwelt.
Wir gelangen wieder hinein in die
Geheimnisse des Daseins, aus denen
wir uns herausgezogen haben
im Verlauf der
Menschheitsentwickelung durch die
Entfaltung des Ich-Bewußtseins,
des Selbstgefühls.
|
Maintenant, mes très chers
présents, chacun d'entre vous peut
faire une objection de poids. On
peut dire par exemple : oui,
certaines personnalités ont eu une
telle pensée, apparemment vivante,
mais l'époque contemporaine, avec
son esprit de recherche sérieux,
s'est à juste titre détournée
d'une telle "pensée vivante",
comme l'a par exemple développé le
philosophe Schelling ou le
philosophe de la nature Oken. Je
donne moi aussi entièrement raison
à ceux qui font d'abord une telle
objection, car la manière dont
Oken et Schelling rendent
intérieurement vivantes des
idées-images acquises sur des
processus et des êtres extérieurs,
et les appliquent ensuite à
d'autres faits et êtres de la
nature, pour regarder ainsi "dans
le sens de la nature", pour ainsi
dire, cette manière a quelque
chose de très fantastique, quelque
chose de ce qui s'éloigne de la
réalité, qui ne respire pas la
réalité en soi. Tant que l'on ne
passe pas, sur le chemin de la
connaissance, à un autre élément
avec cette pensée vivante que
celle-ci, tant que l'on n'arrive
pas non plus, par la pensée
vivante, à une garantie de la
réalité. Ce n'est que lorsque l'on
ajoute aux exercices de pensée des
exercices de volonté que l'on
parvient à avoir une caution de
réalité spirituelle dans la pensée
vivante.
|
50
|
Nun, meine sehr
verehrten Anwesenden, kann jeder
von Ihnen einen sehr gewichtigen
Einwand machen. Man kann zum
Beispiel sagen: Ja, ein solches
Denken, das ja scheinbar lebendig
war, haben gewisse
Persönlichkeiten gehabt, aber die
Gegenwart mit ihrer ernsten
Forschergesinnung hat sich mit
Recht abgewendet von solchem
«lebendigen Denken», wie es zum
Beispiel der Philosoph Schelling
entfaltet hat oder der
Naturphilosoph Oken. Auch ich gebe
denjenigen völlig recht, die
zunächst einen solchen Einwand
machen, denn die Art und Weise,
wie Oken und Schelling an äußeren
Vorgängen und Wesenheiten
gewonnene Bildideen innerlich
lebendig machen und sie dann auf
andere Naturtatsachen und Wesen
anwenden, um so «im Sinne der
Natur» sozusagen zu schauen, diese
Art hat etwas sehr Phantastisches,
etwas von dem, was sich entfernt
von der Realität, was nicht
Wirklichkeit in sich atmet.
Solange man nicht auf dem
Erkenntnisweg zu einem anderen
Element übergeht mit diesem
lebendigen Denken, als dieses
selbst ist, so lange kommt man
auch nicht durch das lebendige
Denken zu einem Verbürgen der
Wirklichkeit. Erst dann, wenn man
zu den Gedankenübungen
Willensübungen hinzumacht, kommt
man dazu, in den lebendigen
Gedanken ein Verbürgtsein
geistiger Wirklichkeit zu haben.
|
Les exercices de volonté peuvent
être caractérisés de la manière
suivante. Soyons honnêtes avec
nous-mêmes. Dans la vie ordinaire,
nous devons nous dire, quand nous
pensons à dix ou vingt ans en
arrière : dans le contenu même de
notre vie psychique, nous sommes
souvent devenus d'autres humains ;
mais nous le sommes devenus en
nous abandonnant plus ou moins
passivement, en tant qu'enfants,
aux caractéristiques héritées, à
l'environnement, à l'éducation, et
plus tard, à cette vie elle-même.
Celui qui veut parvenir à une (re)
connaissance de la réalité
spirituelle doit prendre en main
lui-même, par une éducation
intérieure de la volonté, une
discipline de la volonté, si je
peux me servir d'une expression
grossière, ce qui n'est pas vécu
au sens plein du terme, mais de
manière plus ou moins passive.
|
51
|
Willensübungen
können in der folgenden Weise
charakterisiert werden. Seien wir
einmal ganz ehrlich mit uns
selbst. Im gewöhnlichen Leben
müssen wir uns sagen, wenn wir
zehn Jahre, zwanzig Jahre
zurückdenken: Im eigentlichen
Inhalt unseres Seelenlebens sind
wir vielfach andere Menschen
geworden; aber wir sind es
geworden, indem wir uns als Kinder
den vererbten Eigenschaften, der
Umgebung, der Erziehung, im
späteren Leben diesem Leben selbst
mehr oder weniger passiv
hingegeben haben. Derjenige, der
zu einem Erkennen der geistigen
Wirklichkeit gelangen will, muß
das, was allerdings nicht etwa im
vollen Sinne des Wortes, sondern
mehr oder weniger passiv erlebt
wird, in innerer Willenserziehung,
Willenszucht, wenn ich mich des
groben Ausdrucks bedienen darf,
selber in die Hand nehmen.
|
Vous trouverez les exercices
correspondants, qui sont des
exercices intimes de l'âme,
décrits dans les livres
mentionnés. J'aimerais seulement
indiquer en principe ce dont il
s'agit.
|
52
|
Sie finden die
entsprechenden Übungen, die intime
Seelenübungen sind, wiederum in
den genannten Büchern geschildert.
Ich möchte nur prinzipiell
andeuten, worauf es ankommt.
|
De même que nous avons
aujourd'hui certaines habitudes
que nous n'avions peut-être pas il
y a dix ans, parce que c'est la
vie qui nous les a imposées, nous
pouvons aussi nous fixer un
objectif intérieur : Tu vas
t'imprégner de tel ou tel trait de
caractère. Le meilleur moyen
d'imprimer de tels traits de
caractère, pour lesquels il faut
travailler sur soi pendant des
années, c'est d'attirer souvent
l'attention sur la force de la
volonté qui est liée à une telle
discipline personnelle.
|
53
|
Wie wir heute
gewisse Gewohnheiten haben, die
wir vor zehn Jahren vielleicht
noch nicht hatten, weil sie erst
das Leben uns aufgedrungen hat, so
können wir auch mit festem innerem
Sinn uns vornehmen: Du prägst dir
diese oder jene
Charaktereigenschaften ein. Am
besten geschieht das Einprägen
solcher Charaktereigenschaften,
für deren Gestaltung man jahrelang
an sich arbeiten muß, so, daß man
oft und oft die Aufmerksamkeit
hinlenken muß auf jene
Willenserkraftung,
Willenserstarkung, die verbunden
ist mit einer solchen Selbstzucht.
|
Lorsque l'on prend ainsi en main
le développement de sa volonté, de
telle sorte que l'on fait en
partie de soi-même ce que le monde
fait de nous en tant qu'être
humain, les pensées vivantes dans
lesquelles on s'est plongé par la
méditation et la concentration
prennent un caractère très
particulier pour notre expérience.
Elles deviennent en effet de plus
en plus des expériences
douloureuses, des expériences
intérieures malheureuses de ce qui
est d'âme. Et personne ne peut
parvenir à des connaissances
supérieures s'il n'a pas traversé
ces expériences de souffrance et
de douleur. Ces expériences de
souffrance et de douleur doivent
être vécues et alors surmontées,
de sorte que l'on puisse dans une
certaine mesure se les
assimiler/incorporer et les
dépasser, et gagne à leur égard un
sentiment/une ambiance neutre.
|
54
|
Wenn man in dieser
Weise seine Willensentwickelung in
die eigene Hand nimmt, so daß man
in der Tat dasjenige, was sonst
die Welt aus einem als Mensch
macht, zum Teil selbst aus sich
macht, dann nehmen die lebendigen
Gedanken, in die man sich durch
die Meditation und Konzentration
hineingefunden hat, für unser
Erleben etwas ganz Besonderes an.
Sie werden nämlich immer mehr und
mehr zu schmerzhaften Erlebnissen,
zu inneren Leiderlebnissen des
Seelischen. Und niemand kann im
Grunde genommen zu höheren
Erkenntnissen kommen, der nicht
diese Leid- und Schmerzerlebnisse
durchgemacht hat. Diese Leid- und
Schmerzerlebnisse müssen
durchgemacht und dann überwunden
werden, so daß man sie sich
gewissermaßen einverleibt und über
sie hinauskommt, zu ihnen wiederum
eine neutrale Stimmung gewinnt.
|
C'est ainsi que l'on peut se
rendre compte/s'actualiser de ce
qui se passe en l'humain : Prenez
l'œil humain - ce que je dis
pourrait être développé de manière
très scientifique dans tous les
détails, mais je ne peux que
l'indiquer de manière générale -
prenez cet œil. Lorsque la
lumière, les couleurs agissent sur
lui, des changements se produisent
à l'intérieur physique de cet œil.
Si nous n'étions pas aussi
robustes, une humanité plus
ancienne a certainement ressenti
ces changements comme une
souffrance, une légère douleur,
nous devrions également ressentir
ces changements dans l'œil et dans
l'oreille comme une légère
douleur, si nous ne nous
comportions pas de manière neutre
par rapport à eux, pour ainsi
dire, grâce à notre organisation.
Toute perception sensorielle se
construit, prise au fond, sur la
douleur et la souffrance.
|
55
|
Was da im Menschen
vorgeht, kann man sich so
vergegenwärtigen: Nehmen Sie das
menschliche Auge was ich sage,
könnte in allen Einzelheiten sehr
wissenschaftlich ausgeführt
werden; ich kann es aber nur
allgemein andeuten , nehmen Sie
dieses Auge. Indem das Licht,
indem Farben auf dasselbe wirken,
gehen Veränderungen im physischen
Innern dieses Auges vor sich. Wir
würden, wenn wir nicht so robust
wären eine ältere Menschheit hat
gewiß diese Veränderungen als
Leid, als leisen Schmerz empfunden
, auch diese Veränderungen im
Auge, im Ohr, wenn wir uns also
nicht sozusagen neutral gegen sie
verhielten durch unsere
Organisation, als leisen Schmerz
erleben müssen. Alle
Sinneswahrnehmung baut sich im
Grunde genommen auf Schmerz und
Leid auf.
|
En ce que nous imprégnons de
cette manière toute notre vie
psychique/de l'âme avec des
pensées vivantes, douloureuses,
pleines de souffrance, nous
n'imprégnons pas le corps de la
même manière que l'ascète - de
douleur et de souffrance ; nous le
laissons en bonne santé, nous le
laissons se développer selon les
exigences de la vie ordinaire,
mais nous éprouvons intérieurement
et intimement douleur et
souffrance dans l'âme. Celui -
cela aimerait être attiré de
manière comparative -, qui est
parvenu à une connaissance un peu
plus élevée, vous dira toujours :
ce que le destin de la vie a
apporté comme plaisir et comme
joie, je l'accepte avec
reconnaissance de mon destin ;
mais mes connaissances, je les
dois à ce que j'ai souffert, à mes
douleurs, à ma souffrance.
|
56
|
Indem wir auf diese
Weise unser ganzes Seelenleben mit
den lebendigen Gedanken
schmerzhaft, leidvoll
durchdringen, durchdringen wir den
Leib nicht in der selben Weise
wie der Asket -- mit Schmerz und
Leid; wir lassen ihn gesund,
lassen ihn den Anforderungen des
gewöhnlichen Lebens gemäß
entwickelt, aber wir erleben
innerlich-intim Schmerz und Leid
in der Seele. Derjenige - das mag
vergleichsweise herangezogen
werden -, der es ein wenig zu
höherer Erkenntnis gebracht hat,
der wird Ihnen immer sagen: Das,
was mir das Lebensschicksal an
Lust und Freude gebracht hat, ich
nehme es dankbar von meinem
Schicksal hin; meine Erkenntnisse
aber verdanke ich dem, was ich
gelitten habe, meinen Schmerzen,
meinem Leid.
|
Ainsi, la vie prépare déjà d'une
certaine manière celui qui cherche
la connaissance à devoir passer
par une partie de son véritable
chemin de connaissance supérieur
en surmontant la souffrance et la
douleur.
|
57
|
So bereitet das
Leben den Erkenntnissuchenden
schon in einer gewissen Weise
darauf vor, daß er einen Teil
seines wahren höheren
Erkenntnisweges durch Überwindung
von Leiden und Schmerzen
durchmachen muß.
|
Car si nous surmontons cette
souffrance, cette douleur, nous
faisons de tout l'être de notre
âme un "organe des sens", si j'ai
permission de me servir d'une
expression comparable, en fait
nous devons dire un organe de
l'esprit/d'esprit, un organe de
l'âme/d'âme. Et maintenant, nous
apprenons à regarder ainsi dans le
monde spirituel comme nous
regardons et écoutons dans le
monde physique à travers nos sens
habituels. Je n'ai pas besoin de
parler aujourd'hui de
considérations épistémologiques.
Je connais bien sûr l'objection
selon laquelle le mode de
connaissance extérieur doit lui
aussi être examiné, mais cela ne
nous concerne pas aujourd'hui. Je
veux seulement dire que, dans le
sens où nous trouvons dans la vie
ordinaire le monde physique
extérieur garanti par nos
perceptions sensorielles, nous
trouvons, après avoir surmonté la
souffrance de l'âme, le monde
spirituel garanti par notre organe
de l'âme, par notre organe de
l'esprit, que nous sommes devenus
en tant qu'humain psychique
entier.
|
58
|
Denn überwinden wir
dieses Leid, diesen Schmerz, dann
machen wir unser ganzes
Seelenwesen zu einem, wenn ich
mich des Ausdrucks vergleichsweise
bedienen darf, «Sinnesorgan»,
eigentlich müssen wir sagen
Geistorgan, Seelenorgan. Und jetzt
lernen wir so hineinschauen in die
geistige Welt, wie wir durch
unsere gewöhnlichen Sinne
hineinschauen, hineinhören in die
physische Welt. Von
erkenntnistheoretischen Erwägungen
brauche ich heute nicht zu
sprechen. Ich kenne natürlich den
Einwand, daß auch die äußere
Erkenntnisweise erst untersucht
werden muß; allein das geht uns
heute nichts an. Ich will nur
sagen, daß wir in demselben Sinn,
in dem wir im gewöhnlichen Leben
die äußere physische Welt durch
unsere Sinneswahrnehmungen
verbürgt finden, nach dem
überwundenen Seelenleid durch
unser Seelen-, durch unser
Geistorgan, das wir als ganzer
seelischer Mensch geworden sind,
die geistige Welt verbürgt finden.
|
Avec cette vision, que
j'aimerais aussi appeler la
clairvoyance moderne exacte -
contrairement à tous les anciens
arts clairvoyants nébuleux qui
appartiennent au passé -, nous
pouvons aussi pénétrer dans ce
qu'est l'entité humaine éternelle.
Nous pouvons pénétrer d'une
manière exacte dans la
signification de l'immortalité
humaine. Mais cela doit être
réservé à l'exposé de demain, où
j'aurai à parler de la relation
particulière de cette vision du
monde avec les questions de l'âme
de l'humain.
|
59
|
Mit diesem Schauen,
das ich auch - im Gegensatz zu
allen alten nebulosen
hellseherischen Künsten, die der
Vergangenheit angehören - das
moderne exakte Hellsehen nennen
möchte, können wir auch eindringen
in das, was die menschliche ewige
Wesenheit ist. Wir können in einer
exakten Weise eindringen in die
Bedeutung der menschlichen
Unsterblichkeit. Doch das muß dem
morgigen Vortrag vorbehalten
bleiben, wo ich über die besondere
Beziehung dieser Weltanschauung zu
den Seelenfragen des Menschen
werde zu sprechen haben.
|
Aujourd'hui, j'ai voulu montrer
comment l'humain peut accéder à
une voie de connaissance
suprasensible moderne,
contrairement aux voies de
connaissance plus anciennes. Le
yogi cherchait à pénétrer au Soi
dans l'entité humaine ; nous
cherchons à pénétrer au rythme du
monde. L'ancien ascète dépréciait
le corps afin que l'expérience
psycho-spirituelle soit dans une
certaine mesure pressée vers
dehors et puisse être là pour
elle-même ; le chemin de
connaissance moderne n'est pas
enclin à l'ascèse, fait
abstraction de tous les arts de
mortification et se tourne
intimement vers la vie de l'âme
elle-même. Les deux voies modernes
laissent donc à l'humain se tenir
pleinement dans la vie. Mais
l'ancienne voie ascétique et
l'ancienne voie du yoga tiraient
l'humain hors de la vie.
|
60
|
Heute wollte ich
zeigen, wie der Mensch, im
Gegensatz zu älteren
Erkenntniswegen, zu einem modernen
übersinnlichen Erkenntnisweg
gelangen kann. Der Jogi suchte zum
Selbst in die menschliche
Wesenheit hineinzudringen; wir
suchen zum Rhythmus der Welt
hinauszudringen. Der alte Asket
stimmte den Leib herab, damit
gewissermaßen das
seelisch-geistige Erleben
herausgepreßt wurde und für sich
da sein konnte; der moderne
Erkenntnisweg ist nicht der Askese
geneigt, sieht ab von allen
Kasteiungskünsten, wendet sich
intim an das Seelenleben selber.
Beide modernen Wege also lassen
den Menschen voll im Leben
drinnenstehen. Der alte asketische
und der alte Jogaweg zogen aber
den Menschen aus dem Leben heraus.
|
J'ai donc essayé de vous décrire
aujourd'hui un chemin qui peut
être parcouru en développant les
forces de connaissance qui
sommeillent dans l'âme d'une
manière plus spirituelle qu'elles
ne l'ont été autrefois.
|
61
|
So versuchte ich,
Ihnen heute einen Weg zu
schildern, der gemacht werden kann
dadurch, daß man in der Seele
schlummernde Erkenntniskräfte auf
mehr geistigseelische
Erkenntnisart entwickelt, als sie
einstmals entwickelt worden sind.
|
Mais on parvient aussi par cela
- je veux encore l'indiquer en
conclusion - plus profondément
dans l'essence de la nature. La
vision du monde dont je parle ici
ne s'oppose nullement à la science
de la nature actuelle. Au
contraire, elle prend tout de
suite ce qui est un véritable
esprit de recherche au sein de
cette recherche de science de la
nature et le développe par ses
exercices comme une
capacité/faculté humaine propre.
La science de la nature actuelle
recherche l'exactitude et se sent
particulièrement satisfaite
lorsqu'elle peut la rechercher par
l'application des mathématiques
aux processus de la nature.
|
62
|
Dadurch aber
gelangt man auch -- das will ich
zum Schluß noch andeuten - tiefer
in das Wesen der Natur hinein. Die
Weltanschauung, von der ich hier
spreche, steht in keinerlei
Opposition zu der
Naturwissenschaft der Gegenwart.
Im Gegenteil, sie nimmt gerade
das, was echte Forschergesinnung
ist innerhalb dieser
naturwissenschaftlichen Forschung,
heraus und bildet es durch ihre
Übungen als eigene menschliche
Fähigkeit aus. Die heutige
Naturwissenschaft sucht Exaktheit
und fühlt sich besonders
befriedigt, wenn sie diese suchen
kann durch die Anwendung der
Mathematik auf die Naturvorgänge.
|
Pourquoi est-ce le cas ? C'est
le cas pour la raison que les
perceptions que la nature
extérieure nous donne par le biais
des sens pour l'observation et
l'expérimentation sont tout
simplement hors de nous. Nous les
pénétrons avec quelque chose que
nous formons tout seuls dans notre
être humain le plus intime, nous
les pénétrons avec les
connaissances mathématiques. Et le
mot kantien est souvent prononcé,
mais encore plus souvent,
j'aimerais dire, exercé par des
penseurs en science de la nature :
Dans toute connaissance réelle à
chacun, il n'y a de science
qu'autant qu'il y a de
mathématiques dedans. C'est
unilatéral si l'on prend les
mathématiques ordinaires. Mais en
les appliquant aux phénomènes
naturels, aux phénomènes naturels
inanimés, en y voyant même déjà
aujourd'hui un certain idéal, par
exemple de pouvoir compter les
chromosomes dans les gamètes, on
montre comment on se sent
satisfait quand on peut imposer
par les mathématiques ce qui se
trouve autrement comme extérieur à
côté ou devant nous. Pourquoi ?
Parce que les mathématiques sont
vécues intérieurement avec une
certitude immédiate, ce que nous
devons certes souvent symboliser
par des dessins ; mais les dessins
seuls ne sont pas essentiels pour
la certitude, pour la vérité. Les
mathématiques sont regardées et
trouvées intérieurement, et ce que
nous trouvons intimement
intérieurement, nous le relions à
ce que nous voyons extérieurement.
|
63
|
Warum ist das der
Fall? Das ist aus dem Grunde der
Fall, weil die Wahrnehmungen, die
uns die äußere Natur durch die
Sinne für die Beobachtung und das
Experiment gibt, schlechterdings
außer uns sind. Wir durchdringen
sie mit etwas, was wir ganz allein
in unserem innersten Menschenwesen
ausbilden, wir durchdringen sie
mit den mathematischen
Erkenntnissen. Und das Kantsche
Wort wird oftmals ausgesprochen,
aber noch viel öfter, ich möchte
sagen, ausgeübt von
naturwissenschaftlich Denkenden:
In einer jeden wirklichen
Erkenntnis ist nur so viel
Wissenschaft, als Mathematik
drinnen ist. Einseitig ist das,
wenn man die gewöhnliche
Mathematik nimmt. Aber indem man
diese auf die Naturerscheinungen
anwendet, auf die leblosen
Naturerscheinungen, sogar heute
schon ein gewisses Ideal darinnen
sieht, zum Beispiel die
Chromosomen in den Keimanlagen
zählen zu können, zeigt man, wie
man sich befriedigt fühlt, wenn
man das, was sonst als Äußeres
neben oder vor uns steht, mit
Mathematik durchsetzen kann.
Warum? Weil Mathematik im Innern
in unmittelbarer Gewißheit erlebt
wird, was wir uns zwar durch
Zeichnungen oft versinnbildlichen
müssen; allein die Zeichnungen
sind nicht wesentlich für die
Gewißheit, für die Wahrheit. Das
Mathematische wird innerlich
angeschaut und gefunden, und das,
was wir intim innerlich finden,
verbinden wir mit dem äußerlich
Angeschauten.
|
Nous nous sentons satisfaits par
cela.
|
64
|
Dadurch fühlen wir
uns befriedigt.
|
Celui qui parcourt ce processus
de connaissance dans sa totalité
doit se dire que tout cela peut
seul satisfaire l'humain à la
mesure de la connaissance, peut
seul conduire l'humain à une
science, ce qui repose sur quelque
chose qu'il peut réellement vivre
et contempler grâce aux forces de
son être intérieur. Avec les
mathématiques, on pénètre dans les
faits et dans les structures de
l'essence du monde inanimé, tout
au plus, je dirais, de manière
primitive, un peu plus haut dans
le monde animé. Mais il faut une
vision intérieure aussi exacte que
la vision mathématique si l'on
veut pénétrer dans les modes
d'action supérieurs du monde
extérieur. L'école de Haeckel
elle-même, par l'intermédiaire de
l'un de ses plus éminents
représentants, a expressément
admis que l'on devait passer à une
tout autre manière de rechercher
et d'observer si l'on voulait
s'élever de l'inorganique à
l'organique de la nature. Pour
l'inorganique, on a les
mathématiques, la géométrie ; pour
l'organique, pour le vivant, on
n'a d'abord rien qui soit formé
intérieurement comme un triangle,
comme un cercle, comme une
ellipse. On y parvient par la
pensée vivante : non pas avec les
mathématiques ordinaires des
chiffres et des figures, mais avec
une mathématique supérieure, avec
une vision qui est qualitative,
qui agit de manière formatrice,
qui, même si je dois dire quelque
chose d'horrible pour beaucoup, je
dois le dire, s'élève/saisit vers
en haut jusqu'à l'artistique.
|
65
|
Wer in seiner
Ganzheit diesen Erkenntnisvorgang
durchschaut, muß sich sagen: Alles
das kann den Menschen allein
erkenntnismäßig befriedigen, kann
im Menschen allein zu einer
Wissenschaft führen, was auf etwas
beruht, was er wirklich durch die
Kräfte seines Inneren erleben,
erschauen kann. Mit der Mathematik
dringt man ein in die Tatsachen
und in die Wesensstrukturen der
leblosen Welt, höchstens, ich
möchte sagen, primitiv etwas
herauf in die belebte Welt. Man
braucht aber eine innerliche
Anschauung, so exakt, wie die
mathematische Anschauung ist, wenn
man in die höheren Wirkungsweisen
der Außenwelt eindringen will. Die
Haeckelsche Schule selber hat in
einem ihrer hervorragendsten
Vertreter ausdrücklich
zugestanden, daß man zu einer ganz
anderen Forschungs- und
Betrachtungsweise vordringen
müsse, wenn man aus dem
Anorganischen in das Organische
der Natur heraufwill. Für das
Anorganische hat man die
Mathematik, die Geometrie; für das
Organische, für das Lebendige hat
man zunächst noch nichts, was
innerlich so gestaltet wird wie
etwa ein Dreieck, wie ein Kreis,
wie eine Ellipse. Durch lebendiges
Denken gelangt man dazu: nicht mit
gewöhnlicher Zahlen- und
Figurenmathematik, sondern mit
einer höheren Mathesis, mit einer
Anschauung, die qualitativ ist,
die gestaltend wirkt, die wenn
ich auch dadurch für viele etwas
Horribles aussprechen muß, so muß
ich es doch sagen ins
Künstlerische heraufgreift.
|
En pénétrant avec de telles
mathématiques dans des mondes que
nous ne pouvons pas pénétrer
autrement, nous étendons la
mentalité de science de la nature
vers en haut au domaine
biologique. Et l'on peut se tenir
pour convaincu qu'un jour viendra
l'époque où l'on dira : les temps
anciens ont souligné à juste titre
qu'il y a autant de science à
tirer de la nature inorganique que
l'on peut en tirer par les
mathématiques au sens le plus
large, dans la mesure où les
mathématiques sont quantitatives ;
on peut tirer autant de science
des processus vitaux que l'on est
capable d'y pénétrer avec une
formation de pensées
intérieurement vivante, avec une
clairvoyance exacte.
|
66
|
Indem wir mit einer
solchen Mathematik eindringen in
die Welten, in die wir sonst nicht
eindringen können, erweitern wir
naturwissenschaftliche Gesinnung
ins biologische Gebiet herauf. Und
man kann sich überzeugt halten,
daß einstmals die Epoche kommen
wird, wo man sagen wird: ältere
Zeiten haben mit Recht betont, aus
der unorganischen Natur ist soviel
Wissenschaft zu gewinnen, als man
ihr mit der Mathematik im
weitesten Sinne beikommen kann,
insofern die Mathematik eine
quantitative ist; aus den
Lebensvorgängen kann soviel
Wissenschaft gewonnen werden, als
man fähig ist, in sie einzudringen
mit einer innerlich lebendigen
Gedankengestaltung, mit einem
exakten Hellsehen.
|
On ne croit pas du tout combien
cette sorte moderne de la
clairvoyance est en réalité proche
tout de suite de la vision
mathématique. Et l'on trouvera un
jour justifié, quand on envisagera
comment de l'esprit de la
connaissance moderne de la nature
ici de l'esprit-connaissance
devrait être obtenu, tout de suite
à partir de ce domaine de la
connaissance moderne de la nature,
la science de l'esprit pensée ici.
Car elle ne veut pas entrer dans
une quelque opposition aux
résultats significatifs et
grandioses de la science de la
nature. Elle aimerait tenter
quelque chose d'autre : tout de
suite ainsi que lorsque nous avons
un être humain se tenant devant
nous, nous pouvons regarder avec
nos sens extérieurs sa forme
sensorielle, ses gestes, son jeu
de mimiques expressions, le regard
particulier de ses yeux, mais
comme nous ne reconnaissons qu'un
aspect extérieur de l'être humain,
si nous ne regardons pas à travers
tout cela un ce qui est d'âme en
lui, ce par quoi nous aurions en
premier l'humain entier se tenant
devant nous, tout de suite ainsi,
sans parcourir des chemins de
l'esprit, nous ne voyons avec une
science de nature que la
physionomie extérieure du monde,
que, j'aimerais dire, les gestes
du monde, la mimique du monde. Ce
n'est qu'alors que nous
reconnaissons quelque chose de ce
à quoi nous sommes nous-mêmes
apparentés en tant qu'éternels de
ce monde, lorsque nous pénétrons
dans ce qui est d'âme du monde par
la physionomie extérieure que nous
donnent les phénomènes naturels,
par ces mimiques et ces gestes.
|
67
|
Man glaubt gar
nicht, wie nahe in Wirklichkeit
diese moderne Art des Hellsehens
gerade dem mathematischen
Anschauen steht. Und man wird
einstmals, wenn man einsehen wird,
wie aus dem Geiste moderner
Naturerkenntnis hier
Geist-Erkenntnis gewonnen werden
soll, gerade aus diesem Gebiet
moderner Naturerkenntnis heraus
die hier gemeinte
Geisteswissenschaft gerechtfertigt
finden. Denn sie will nicht in
irgendeine Opposition treten zu
den bedeutsamen, großartigen
Ergebnissen der Naturwissenschaft.
Sie möchte etwas anderes
versuchen: Geradeso wie wir, wenn
wir einen Menschen vor uns stehen
haben, mit den äußeren Sinnen
seine Sinnesgestalt anschauen
können, seine Gebärden, sein
Mienenspiel, den eigentümlichen
Blick seiner Augen, wie wir aber
nur ein Äußeres des Menschen
erkennen, wenn wir nicht durch all
das hindurchschauen auf ein
Seelisches in ihm, wodurch wir
erst den ganzen Menschen vor uns
stehen haben, geradeso schauen
wir, ohne Geisteswege zu wandeln,
mit einer Naturwissenschaft nur
die äußere Physiognomie der Welt,
nur, ich möchte sagen, die
Gebärden der Welt, die Mimik der
Welt. Erst dann erkennen wir etwas
von dem, womit wir selber verwandt
sind als dem Ewigen dieser Welt,
wenn wir über die äußere
Physiognomie, die uns die
Naturerscheinungen geben, über
diese Mimik und Gebärden,
hineindringen in das Seelische der
Welt.
|
C'est ce qu'aimerait cette
vision spirituelle scientifique
dont je voulais vous décrire les
méthodes en guise d'introduction.
Elle n'aimerait pas être une
adversaire de la moderne
triomphante science de la nature,
elle aimerait l'accepter
pleinement dans sa signification
et son essence, comme on accepte
pleinement l'humain extérieur.
Mais de la même manière que l'on
regarde l'âme à travers l'humain
extérieur, elle aimerait, à
travers les lois de la nature, non
pas avec dilettantisme et
amateurisme, mais avec un esprit
sérieux, pénétrer à travers la
physionomie des lois de la nature
jusqu'à ce qui repose à la base du
monde en tant que spirituel, en
tant qu'âme. Et ainsi, cette
vision spirituelle scientifique
n'aimerait pas créer une
quelconque opposition à la science
de la nature, mais elle aimerait
être l'âme, l'esprit de cette
science de la nature.
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68
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Das möchte jene
geisteswissenschaftliche
Anschauung, deren Methoden ich
Ihnen zunächst einleitend heute
schildern wollte. Sie möchte nicht
sein eine Gegnerin der triumphalen
modernen Naturwissenschaft, sie
möchte diese in ihrer Bedeutung
und Wesenheit voll hinnehmen, wie
man den äußeren Menschen voll
hinnimmt. Sie möchte aber so, wie
man, durch den äußeren Menschen
durchdringend, auf das Seelische
schaut, durch die Naturgesetze,
nicht mit Dilettantismus und
Laientum, sondern mit ernsthafter
Gesinnung, durch die Physiognomie
der Naturgesetze hindurchdringen
zu dem, was als Geistiges, als
Seelisches der Welt zugrunde
liegt. Und so möchte diese
geisteswissenschaftliche
Anschauung nicht der
Naturwissenschaft irgendwelche
Gegnerschaft schaffen, sondern sie
möchte sein die Seele, der Geist
dieser Naturwissenschaft.
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PREMIÈRE CONFÉRENCE
ANTHROPOSOPHIE ET SCIENCE DE LA NATURE
Vienne, le 1er juin 1922
01
Mes très chers présents ! Ce congrès vous a été annoncé
comme un congrès de vision du/façon de voir le monde et
vous l'accueillerez volontiers aussi, d'après la manière
de l'annoncer comme tel. Mais celui qui veut parler
aujourd'hui sur des questions de façon de voir le monde
n'a pas la permission de passer à côté de la science de
la nature, et surtout pas à côté des conséquences pour
la façon de voir le monde que cette science de la nature
a apporté. Dans un certain sens, cette science de la
nature est devenue depuis des siècles, on peut dire
depuis le 15e et le 16e siècle, de plus en plus la
maîtresse de la pensée humaine à l'intérieur du monde de
la culture.
02
Or, on aurait beaucoup à dire si l'on voulait attirer
l'attention sur les grands triomphes de la connaissance
de cette science de la nature et sur la transformation
de toute notre vie par les conquêtes de la recherche de
science de la nature. Mais cela reviendrait à répéter
des choses connues de tous les participants. Du point de
vue de la vision du monde, il y a encore quelque chose
de tout à fait différent qui doit intéresser aux
sciences de la nature. C'est le rôle d'éducateur de
toute l'humanité civilisée que la science de la nature a
joué depuis longtemps. Et c'est tout de suite quand on
parle de ce rôle éducatif dans le cours de l'évolution
de l'humanité moderne que l'on arrive alors en fait sur,
j'aimerais dire, deux paradoxes. Permettez-moi de partir
de ces paradoxes aujourd'hui.
03
La première chose qui s'est produite, surtout en en
rapport à l'intérieur humain, à partir du mode de
recherche de science de la nature, c'est une
transformation de la vie des pensées humaines en tant
que telle. Celui qui sait regarder sans préjugés les
courants de vision du monde antérieurs, devra se dire
qu'au sein de ces courants de vision du monde, en raison
des conditions de l'évolution de l'humanité à des
époques plus anciennes, la pensée a ajouté comme
évidente un quelque chose de proprement humain à ce que
l'expérience et l'observation de la nature donnaient. On
a seulement besoin de se souvenir des branches de la
connaissance actuellement dépassées/surmontées, de
l'astrologie, de l'alchimie, et l'on viendra sur
comment, dans de telles sortes de connaissance adaptées
aux anciennes époques de culture, la nature était
abordée ainsi que comme d'évidence. La pensée humaine
ajoutait quelque chose à ce qu'elle voulait énoncer, ou
aussi à ce qu'elle laissait se révéler/manifester par
les choses du monde.
04
Cela a cessé devant la mentalité de science de la nature
des temps modernes. Aujourd'hui, si je peux m'exprimer
ainsi, nous sommes dans une certaine mesure obligés
d'accepter purement les perceptions que nous donnent
l'observation et l'expérimentation, de les
traiter/élaborer à des ainsi nommées lois de la nature.
Nous nous servons toutefois de la pensée dans
l'élaboration de l'expérience et de l'observation ; mais
nous ne nous servons de la pensée que comme d'un moyen
pour rassembler les phénomènes, de sorte qu'ils nous
révèlent par leur propre existence/être-là leur
pendant/rapport interne, leur légité/loi. Et nous nous
faisons pour devoir de ne rien ajouter, à partir de la
pensée, à ce que nous pouvons observer dans le monde
extérieur. Nous voyons cela comme un idéal de la
mentalité de science de la nature, et ce à juste titre.
05
Qu'est devenue la pensée humaine sous de telles
influences ? Elle est en fait devenue le serviteur, le
pur moyen pour la recherche. La pensée en tant que telle
n'a dans une certaine mesure plus rien à dire lorsqu'il
s'agit d'étudier la légité des phénomènes dans le monde.
06
Mais c'est là l'un des paradoxes que j'aimerais
souligner. La pensée est ainsi, dans une certaine
mesure, exclue, en tant qu'expérience humaine, du
rapport que l'humain entretient avec le monde en ce qui
concerne les réalités. La pensée est devenue un
outil/moyen d'aide formel pour comprendre les réalités.
Elle n'est plus une révélatrice de soi/un auto révélant
au sein de la science de la nature.
07
Cela signifie extraordinairement beaucoup pour
l'intérieur de la vie humaine. Cela signifie que nous
devons regarder la pensée comme ce qui doit s'abstenir
sagement et modestement lorsqu'il s'agit d'observer le
monde extérieur, ce qui est dans une certaine mesure un
courant propre à l'intérieur de la vie de l'âme.
08
Et on se demande alors : comment la science de la nature
peut-elle elle-même se rapprocher de cette pensée ?
Alors on en arrive au paradoxe, alors on en arrive à se
dire : si la pensée doit se retirer dans l'élaboration
des processus de la nature, si elle ne peut intervenir
que de manière formelle, en éclairant, en rassemblant,
en ordonnant, alors elle ne se trouve pas non plus à
l'intérieur des processus naturels eux-mêmes, alors il
devient paradoxal de soulever la question, toutefois
justifiée maintenant du point de vue de science de la
nature : Comment pouvons-nous, à partir de la légité de
science de la nature, concevoir la pensée comme une
révélation/manifestation de l'organisme humain ? - Et
là, nous ne pouvons rien dire d'autre aujourd'hui, si
nous nous tenons sans préjugés et sérieusement dans la
vie de science de la nature, que ceci : dans la même
mesure où la pensée a dû se retirer des processus
naturels, la contemplation des processus naturels peut
certes toujours de nouveau s'efforcer d'/aspirer à
atteindre jusqu'à la pensée, mais elle ne peut pas
amener cet effort/cette aspiration à une quelconque
satisfaction. La pensée est dans une certaine mesure
exclue/déconnectée des processus naturels, comme elle
l'est méthodiquement, est condamnée à n'être qu'une pure
image et non une réalité.
09
Je ne pense pas qu'aujourd'hui déjà, beaucoup d'humains
soient déjà pleinement conscients de la portée de ce
paradoxe. Mais dans les profondeurs subconscientes de la
vie de l'âme, une quantité innombrable d'hommes et de
femmes d'aujourd'hui ont déjà le sentiment que nous
traversons le monde avec ce qui fait de nous des humains
- car nous ne pouvons nous considérer comme des humains
qu'en tant qu'êtres pensants, c'est dans la pensée que
nous voyons notre dignité humaine - comme avec quelque
chose dont nous ne pouvons provisoirement pas admettre
la réalité, que nous portons à travers le monde comme un
être-là-image. Nous nous sentons dans une certaine
mesure dans une non-réalité, en nous référant à ce qu'il
y a de plus noble dans la nature humaine.
10
C'est là quelque chose qui pèse/repose sur l'âme de
celui qui s'est sérieusement engagé dans les méthodes de
recherche de science de la nature, aussi bien dans la
science de la nature non organique que dans la biologie,
et qui aimerait tirer pour lui-même, au sens d'une
vision du monde, les conséquences de ces méthodes de
recherche plutôt que des résultats individuels.
11
On aimerait dire qu'il y a là quelque chose qui peut
conduire l'âme humaine à de profonds doutes. Les doutes
naissent d'abord dans la raison analytique, mais ils
fluent vers en bas dans l'âme tranquille humaine
(Gemut). Et tout de suite celui qui sait considérer la
nature humaine dans un sens profond et impartial, dans
le sens que j'aurai à expliquer en détail dans les
prochains exposés, sait comment la constitution d'âme
tranquille, notamment lorsque certains courants de cette
constitution d'âme tranquille se prolongent/passent dans
la durée, œuvre vers le bas, même dans la constitution
du corps de l'humain, et comment de cette constitution
du corps ou de cette disposition du corps, rejaillit à
telle ou telle ambiance de vie. Que nous devions ou non
envoyé descendre le doute dans notre âme tranquille ou
non, cela dépend de notre capacité à avancer dans la vie
avec courage, de telle sorte que nous sachions nous
tenir debout pour nous-mêmes, que nous puissions aussi
œuvrer de manière salutaire auprès de nos semblables, ou
bien que nous marchions dans la vie de mauvaise humeur,
abattus, inaptes pour nous-mêmes, inaptes pour nos
semblables. Je ne dis pas, et mes prochains exposés
montreront que je n'ai pas besoin de le dire, que ce que
je viens d'exprimer doit constamment conduire au doute ;
mais cela conduit facilement, si aucun prolongement la
science de la nature n'a lieu dans ces directions que je
vais décrire, sur le chemin du doute.
12
Les magnifiques conquêtes de la science de la nature
vers le monde extérieur posent à l'humain des exigences
extraordinaires en ce qui concerne son âme, si, comme le
point de vue de vision du monde défendu ici doit
absolument le faire, il se tient de manière positive par
rapport à la science de la nature : pouvoir opposer au
doute quelque chose de plus fort, de plus vigoureux que
ce que l'on a besoin d'opposer, si ces exigences ne
proviennent pas des résultats sûrs/sécurisés de la
science de la nature.
13
Si, de ce côté, la science de la nature conduit, en
apparence seulement, à quelque chose de négatif pour la
vie de l'âme, elle nous a apporté, et c'est là que j'ai
mon deuxième paradoxe à exprimer, de l'autre côté,
quelque chose d'extraordinairement positif ; et
j'exprime à nouveau par ce positif un paradoxe qui s'est
présenté à moi avec une force particulière lorsque j'ai
élaboré, il y a maintenant plus de vingt ans, ma
"Philosophie de la liberté", lorsque j'ai essayé, tout
en maintenant une véritable vision du monde de science
de la nature, de découvrir l'essence de la liberté
humaine.
14
Oui, la science de la nature, avec sa légité, en vient
théoriquement facilement à nier la liberté humaine. Mais
c'est ici que la science de la nature obtient
théoriquement pour ses façons de voir, le contraire de
ce qui en sort dans la pratique. Si nous nous
plongeons/approfondissons de plus en plus sérieusement
dans la nature d'image de la pensée, si nous en venons,
tout de suite de la poursuite du mode de vision de
science de la nature et non des théories de science de
la nature, à vivre intérieurement psychiquement/avec âme
correctement cette nature d'image de la pensée dont j'ai
parlé, alors nous nous disons : si la pensée est en nous
seulement image, si elle n'est pas une réalité, alors
elle n'a pas, comme une force de la nature, un mode
d'action contraignant. Je peux alors comparer cette
pensée, et la comparaison est plus qu'une telle image
reflet, quelque peu une somme d'images reflet. Les
images devant lesquelles je me tiens ne peuvent pas me
contraindre. Les forces disponibles peuvent me
contraindre, qu'elles soient pensées comme extérieures à
moi ou présentes en moi ; des images ne peuvent pas me
contraindre. Si je suis donc en situation de saisir mes
impulsions morales à l'intérieur de cette pensée pure
que tout de suite la science de la nature éduque en nous
par ses méthodes, si je peux façonner en moi des
impulsions morales ainsi qu'à leur façonnement, je vive
dans la même pensée que celle à laquelle la science de
la nature m'éduque, alors je n'ai pas de forces
contraignantes dans ces impulsions morales saisies dans
la pensée pure, mais des forces et des images selon
lesquelles je peux seulement me déterminer moi-même.
Cela signifie que si aussi la science de la nature doit
ainsi tant, on aimerait dire, même avec un certain
droit, nier la liberté à partir de ses fondements, ainsi
elle éduque, en ce qu'elle éduque à la pensée image,
l'humain de notre monde de culture à la liberté.
15
Tels sont, j'aimerais dire, les deux pôles, l'un relatif
à la vie de la pensée, l'autre à la vie de la volonté,
devant lesquels l'âme humaine est placée par les façons
de voir de science de la nature de notre époque. Mais
nous indiquons avec cela en même temps sur comment la
vision du monde de science de la nature montre par
soi-même vers dehors. Elle doit donc prendre une
position quelconque à la pensée humaine. Mais elle
déconnecte cette pensée humaine.
16
Elle indique ainsi une méthode de recherche qui se
justifie pleinement devant elle, devant cette science de
la nature, et qui peut néanmoins conduire à une
expérience compréhensible de la pensée. D'un autre côté,
elle indique que la façon de voir de science de la
nature, parce qu'elle ne peut pas parvenir à la liberté
en théorie, doit être poursuivie dans un autre domaine
afin justement d'atteindre la sphère de la liberté.
17
Ce que je présente ici comme une nécessité découlant de
la science de la nature elle-même, la continuation de
cette science de la nature dans un domaine auquel au
moins la science de la nature reconnue aujourd'hui ne
peut pas accéder, la conception du monde qui devrait
être représentée ici le tente. Elle le peut aujourd'hui,
puisqu'elle se trouve au début de son devenir,
évidemment seulement d'une façon quelque peu imparfaite.
Mais la tentative doit être faite, car tout de suite les
expériences de l'âme concernant la pensée et la liberté
que j'ai décrites se répandent sur un nombre croissant
d'âmes de l'humanité de culture actuelle. Nous n'avons
plus la permission de croire aujourd'hui que seuls ceux
qui ont eu affaire à la science, d'une manière ou d'une
autre, doivent se poser des exigences, questions et
énigmes telles que je les ai caractérisées. Aussi dans
les cercles, on aimerait dire jusque dans les villages
les plus éloignés, où ne parviennent pas de résultats de
science de la sorte importante, l'éducation à une telle
pensée, telle que l'exige la science de la nature,
pénètre et apporte alors, même si c'est encore
aujourd'hui très, très inconsciemment, l'incertitude
concernant la liberté humaine. C'est pourquoi il ne
s'agit pas purement de questions scientifiques, mais
absolument de questions générales d'humanité.
18
Il s'agit donc de ce qu'en se plaçant sur le terrain de
l'éducation scientifique, on peut aller plus loin sur le
chemin de la connaissance que ne le font les sciences
naturelles actuelles. Mesdames et Messieurs ici présents
! Cela peut être tenté ; cela peut être tenté de telle
sorte que l'on puisse justifier les chemins devant le
scientifique le plus rigoureux ; cela peut être cherché
sur des chemins qui sont conçus par l'esprit et la
conscience scientifiques. C'est de tels chemins que je
voudrais parler aujourd'hui, en introduction de mes
conférences. Mais ce chemin de la connaissance, bien
qu'il soit déjà inconsciemment désiré par de nombreuses
âmes aujourd'hui, n'est pas encore facile à exprimer,
même en termes conceptuels. C'est pourquoi, afin que
nous puissions nous entendre ce soir, je voudrais,
uniquement pour nous faire comprendre, faire appel à la
description de chemins de connaissance plus anciens que
l'humanité a empruntés pour parvenir à des connaissances
qui se situent au-delà de ce domaine dont traite
aujourd'hui la science naturelle.
19
On peut dire que beaucoup de choses dont on pense
aujourd'hui qu'elles ne peuvent pas être objet de
connaissance, mais seulement objet de croyance, qui sont
traditionnellement apparues dans l'évolution de
l'humanité, qui vivent aujourd'hui comme une tradition
vénérable et qui sont acceptées comme telles comme
contenu de la croyance, sont, avant une considération
historique vraiment impartiale, issues de méthodes de
connaissance plus anciennes, qui ne sont plus adaptées à
notre culture actuelle. Tout ce que l'on croit
aujourd'hui devoir rester une croyance, tout ce qui est
accepté comme une tradition vénérable, ramène
l'observateur psychologique de l'histoire à des époques
très anciennes de l'humanité.
20
Et là, il s'avère que ces croyances actuelles ont été
recherchées par des hommes quelconques en tant que
contenus de connaissance adaptés à l'époque, par la
formation de leur propre âme, par le développement des
forces cachées de l'âme, et qu'elles ont donc constitué
de véritables contenus de connaissance. On ne se rend
pas compte aujourd'hui à quel point certaines choses ont
été trouvées un jour, ce qui est arrivé historiquement
dans l'évolution de l'humanité ; mais elles ont été
trouvées par des voies de connaissance plus anciennes.
21
Lorsque je décris de tels chemins de connaissance, je le
fais déjà à l'aide des méthodes que je décrirai plus
tard, de telle sorte que ceux qui ne décrivent les
époques les plus anciennes de l'humanité qu'à partir de
documents historiques extérieurs et non spirituels
peuvent souvent s'offusquer de ma description. Mais
celui qui examine sans préjugés les documents
historiques extérieurs et les compare ensuite avec ce
que j'ai à dire aujourd'hui à partir d'une certaine
vision ne trouvera pas de véritable contradiction. Et en
second lieu, je voudrais souligner que je ne décris pas
ces chemins de connaissance plus anciens parce que je
voudrais les recommander aujourd'hui à quelqu'un pour
obtenir des connaissances plus élevées. Elles sont
adaptées à des époques plus anciennes et peuvent même
être préjudiciables à l'homme d'aujourd'hui s'il les
applique à lui-même par erreur. C'est donc seulement
pour que nous puissions nous entendre sur les méthodes
de connaissance actuelles que je vais prendre deux
chemins plus anciens, les décrire et illustrer par là
les chemins que l'homme doit emprunter aujourd'hui s'il
veut dépasser la simple sphère de la connaissance
scientifique telle qu'elle est valable aujourd'hui.
22
Nous avons tout d'abord un chemin - comme je l'ai dit,
je pourrais en choisir d'autres parmi la multitude de
chemins de connaissance plus anciens, mais je choisis
les deux suivants -, nous avons tout d'abord un chemin
qui, sous sa forme pure, a été emprunté par des hommes
individuels dans des temps très anciens en Orient : le
chemin du yoga.
23
Le chemin du yoga a traversé de multiples phases, et
c'est précisément ce sur quoi j'insisterai le plus
aujourd'hui qui est arrivé à des époques ultérieures
dans un état tout à fait décadent et nuisible, de sorte
que l'historien, lorsqu'il considérera des époques
ultérieures, devra décrire, en partant de l'homme, ce
que j'aurai à décrire comme quelque chose de nuisible
pour lui. La nature humaine a connu les évolutions les
plus diverses au cours des époques successives. Pour les
époques anciennes, quelque chose de tout à fait
différent était approprié à la nature humaine que pour
les époques ultérieures. Ce qui, dans les temps anciens,
pouvait être une véritable méthode de connaissance, n'a
peut-être été utilisé plus tard que pour s'adonner à
l'excitation du pouvoir des hommes, à l'excitation du
pouvoir de l'homme individuel vis-à-vis de ses
semblables. Ce n'était pas le cas dans les temps les
plus anciens, pour lesquels je voudrais caractériser
l'exercice du yoga.
24
En quoi consistait la voie du yoga suivie dans les temps
très anciens de l'Orient par des individus qui, si nous
voulons utiliser l'expression actuelle, formaient des
érudits dans les régions supérieures du monde ? Eh bien,
elle consistait, entre autres, en un type particulier
d'exercices de respiration. Je choisis les exercices de
respiration parmi une multitude d'exercices que l'élève
ou l'érudit du yoga, le yogi, devait entreprendre. Si
nous observons aujourd'hui notre respiration, nous
devons dire qu'il s'agit d'un processus qui se déroule
en grande partie de manière inconsciente dans un
organisme humain sain. Il faut déjà porter en soi, d'une
manière ou d'une autre, quelque chose de malsain, si
l'on sent que l'on respire. On pourrait dire que plus le
processus de respiration est naturel dans notre vie,
plus il est correct pour la conscience ordinaire et la
vie ordinaire. Mais le yogi a transformé le processus
respiratoire pour le temps de sa pratique, pendant
laquelle il voulait développer des forces de
connaissance qui ne font que sommeiller dans la
conscience ordinaire. Pourquoi a-t-il fait cela ? Il l'a
transformé de telle sorte qu'il a utilisé une durée
différente pour inspirer, retenir sa respiration,
expirer, que celle que l'on utilise dans la respiration
habituelle et naturelle. Il a fait cela pour prendre
conscience du processus de respiration. Le rythme
respiratoire habituel n'est pas conscient. Le rythme
respiratoire transformé, dont les durées sont fixées par
la volonté humaine, se déroule de manière entièrement
consciente. Mais que se passe-t-il alors ? Eh bien, il
suffit de s'exprimer physiologiquement si l'on veut
comprendre ce que le yogi a réalisé en rendant conscient
son processus respiratoire : lorsque nous inspirons, le
souffle entre dans notre organisme, mais il entre aussi
dans le cerveau humain par le canal de la moelle
épinière. C'est là que le rythme du courant respiratoire
s'unit aux processus qui sont les supports matériels de
la vie de la pensée, aux processus nerveux et
sensoriels. En fait, lorsque nous vivons dans la pensée
ordinaire, nous n'avons jamais de simples processus
sensoriels nerveux, mais toujours des processus
sensoriels nerveux qui sont traversés par le rythme de
notre respiration. Une liaison, une interaction, une
harmonisation des processus sensoriels nerveux et des
processus du rythme respiratoire ont toujours lieu
lorsque nous laissons se dérouler notre vie mentale. En
envoyant de manière pleinement consciente son rythme
respiratoire modifié dans le processus
nerveux-sensoriel, le yogi reliait aussi pour sa
conscience le rythme respiratoire au rythme de la
pensée, au rythme logique, mieux encore, à la
composition et à l'analyse logiques des pensées. Il
modifia ainsi toute sa vie mentale. Dans quelle
direction l'a-t-il modifiée ? Eh bien, précisément parce
qu'il prenait pleinement conscience de sa vie
respiratoire, les pensées traversaient dans une certaine
mesure son organisme comme le courant respiratoire
lui-même. On pourrait dire que le yogi laissait courir
ses pensées sur les courants respiratoires, et qu'il se
sentait rempli, au rythme intérieur de son être humain,
de pensées vivant sur les courants de la respiration.
C'est ainsi que le savant du yoga se distinguait de la
masse de ses semblables, et qu'il pouvait annoncer à
cette masse des connaissances qu'elle ne pouvait pas
avoir elle-même.
25
Pour envisager ce qui se passa en fait là, on doit
regarder un peu vers la façon particulière dont les
connaissances plus anciennes œuvraient dans la
conscience populaire ordinaire des masses humaines.
26
Aujourd'hui, nous attachons la plus grande valeur sur ce
que, lorsque nous regardons dehors dans le monde
extérieur, nous voyons de pures couleurs que, lorsque
nous entendons des sons, nous entendons de purs sons, et
que nous acceptons justement ainsi les perceptions
restantes dans une certaine pureté, c'est-à-dire dans la
pureté que peut nous donner le simple processus
sensoriel.
27
Ce n'était pas ainsi pour les consciences de culture
humaines plus anciennes. Non pas que, comme le croit
souvent à tort une certaine érudition, les humains des
temps anciens aient imaginé toutes sortes de choses dans
la nature ! L'imagination/la fantaisie n'était pas aussi
extraordinairement efficace. Mais il était tout à fait
naturel pour cette humanité de culture plus ancienne, de
par toute la constitution de l'humain de cette époque,
de ne pas seulement voir de pures apparitions de
couleurs, de pures apparitions de sons, de pures autres
qualités sensorielles, mais de percevoir en même temps
dans tout cela un aspect psychospirituel. C'est ainsi
que l'on voyait dans le soleil et la lune, dans les
étoiles, dans le vent et le temps, dans la source et le
fleuve, dans les êtres des différents règnes de la
nature, des choses spirituelles et d'âme, comme nous
voyons aujourd'hui de pures couleurs, entendons de purs
sons, que nous ne cherchons ensuite à reconnaître dans
leur contexte qu'à l'aide de la pensée devenue pure.
Mais il y avait encore une autre donnée pour l'humanité
plus ancienne : c'est qu'il n'y avait pas à l'époque une
conscience de soi aussi forte et intérieurement
consolidée que celle que nous avons aujourd'hui. En
percevant le spirituel et l'âme dans toutes les choses
de son environnement, l'humain se percevait lui-même
comme un membre de tout cet environnement. Il ne se
séparait pas de cet environnement en tant que moi
indépendant.
28
Si je voulais parler en termes de comparaison, je
pourrais dire : si ma main avait conscience, comment
penserait-elle sur elle-même ? Elle se dirait qu'elle
n'est pas un être autonome, qu'elle n'a de sens qu'à mon
organisme. C'est ainsi que l'ancien humain ne pouvait
pas se considérer comme un être indépendant, mais comme
un membre de la nature entière, qu'il devait cependant
considérer comme traversée d'esprit, traversée d'âme.
29
C'est de cette façon de voir, qui conditionnait la
non-indépendance du moi humain, que le yogi s'est élevé.
En couplant dans une certaine mesure sa pensée avec le
processus respiratoire qui remplit toute l'entité
intérieure de l'humain, il est parvenu à une saisie du
soi humain, le moi humain. Ce qui, j'aimerais dire, est
évident pour nous aujourd'hui, grâce à nos qualités
héréditaires, à notre éducation, lorsque nous sommes
adultes, que nous nous sentons comme soi, que nous nous
sentons je, a dû être conquis dans ces temps anciens par
des exercices. Mais par cela on avait de l'expérience de
ce soi, de ce je, quelque chose de tout à fait différent
de ce que nous avons aujourd'hui. c'est absolument deux
choses : si l'on a à accepter quelque chose comme une
expérience évidente - et pour nous, le sentiment du moi,
le sentiment de soi, est une expérience évidente - ou si
l'on doit d'abord le conquérir par des voies telles que
celles de la connaissance, comme c'était le cas pour une
culture orientale plus ancienne. On vivait là avec ce
qui agit, ondule et se tisse dans l'univers, pendant
qu'aujourd'hui, si l'on vit déjà la même chose à un
certain niveau, on ne vit plus rien avec de l'univers.
C'est pourquoi, au yogi, se révélait par ses exercices,
l'être soi humain, l'être je humain, l'être d'âme
humain.
30
Et nous pouvons dire qu'en ce qu'alors, ce qui a pu être
trouvé sur ce chemin de la connaissance a été transmis
sous forme de révélations dans la conscience de culture
générale, c'est devenu le contenu des principales
productions spirituelles des temps anciens.
31
À nouveau je veux soulever une chose parmi beaucoup.
Nous avons éclairant merveilleusement de l'Orient
ancien, le magnifique chant de la Bhagavad Gita. Dans
cette Gita, nous avons décrit d'une manière
merveilleuse, à partir du lyrisme humain le plus
profond, les expériences du soi humain : comment ce soi,
lorsqu'il se reconnaît en l'expérimentant, en le
connaissant, conduit l'humain à une compassion avec
l'univers, comment il lui révèle sa véritable humanité
et son lien avec un monde supérieur, avec un monde
spirituel, avec un monde suprasensible. La Gita décrit
sur des tons toujours plus merveilleux cette expérience
de soi dans son abandon au Tout. Pour celui qui, comme
je l'ai dit, sait se plonger dans ces temps anciens avec
une observation historique impartiale, il est clair que
les sons magnifiques de la Gita sont issus de ce qui
pouvait être vécu par des exercices de connaissance tels
que ceux que j'ai décrits.
32
Un tel chemin de connaissance était approprié pour une
époque de culture orientale plus ancienne. C'était alors
un jugement général de l'humanité que l'on devait se
retirer dans une certaine solitude et un certain
ermitage si l'on voulait avoir un contact avec les
mondes suprasensibles. Et c'est à la solitude, à
l'ermitage, que se condamnait d'une certaine manière
celui qui pratiquait de tels exercices. Car ces
exercices amènent l'humain à une certaine sensibilité.
Ils le rendent hypersensible à la robustesse du monde
extérieur. Il doit se retirer de la vie. Dans les temps
anciens, tout de suite de tels humains solitaires
trouvaient de la confiance chez leurs semblables. On
prenait ce qu'ils avaient à dire comme des
représentations de connaissance. Aujourd'hui, cela ne
convient plus à notre culture. L'humanité d'aujourd'hui
exige à juste titre que celui en qui elle doit avoir
confiance en tant que connaisseur soit au cœur de la
vie, qu'il puisse faire face à la vie robuste, au
travail humain et à l'activité humaine, tels que les
exigences du temps les façonnent. Les humains
d'aujourd'hui ne se sentent pas liés à celui qui doit se
retirer de la vie de la même manière que les humains des
époques culturelles plus anciennes.
33
Celui qui réfléchit fondamentalement à cela doit se dire
que les chemins de la connaissance actuels doivent être
autres et nous aurons à parler de ces autres chemins
juste après. Mais auparavant, j'aimerais encore une fois
décrire, dans son principe, un chemin qui était aussi
approprié pour les temps plus anciens, la voie de
l'ascèse, uniquement pour la compréhension et non parce
que je voudrais la recommander à un humain du présent.
34
Ce chemin de l'ascèse a été suivi en paralysant, en
réduisant les processus corporels, les exigences
corporelles, de sorte que le corps humain n'agisse pas
de la même manière robuste qu'il le fait dans la vie
normale. On paralysait aussi les fonctions corporelles
en mettant l'organisme physique extérieur de l'humain
dans des états douloureux.
35
Tout cela a amené ceux qui ont suivi cette voie
ascétique à certaines expériences humaines, qui étaient
absolument des expériences de connaissance. Je ne veux
certainement pas dire qu'il serait juste pour
l'organisme humain sain, par lequel nous sommes nés à la
vie terrestre entre la naissance et la mort, de le
rabaisser/déprécier lorsqu'il s'agit de placer
efficacement cet organisme dans la vie ordinaire. Cet
organisme sain est tout à fait approprié à la nature
sensible extérieure qui porte la vie humaine entre la
naissance et la mort. Il n'en reste pas moins vrai que
les anciens ascètes, qui avaient déprécié cette
organisation, en sont venus à vivre leur âme de manière
pure et à savoir se tenant avec leur âme dans un monde
spirituel.
36
C'est tout de suite par cela que notre organisme
physique sensoriel est notamment adapté à la vie entre
la naissance et la mort, que, comme les expériences des
ascètes ont pu le montrer, il nous cache ce qu'est le
monde spirituel.
37
Et c'était tout simplement une expérience des anciens
ascètes que de pouvoir entrer consciemment dans les
mondes spirituels par dépréciation des fonctions
corporelles. À nouveau, ce n'est pas une voie pour le
présent. Celui qui déprécie son organisme de cette façon
se rend inapte à l'ouvrage parmi ses semblables, il se
rend également inapte envers lui-même. La vie actuelle
exige des humains qui ne se retirent pas d'elle, qui se
conservent leur santé ou, si elle est affaiblie, la
renforcent même, mais pas des humains qui se retirent de
la vie.
38
Ceux-là ne pourraient gagner aucune confiance,
simplement selon la mentalité de notre présent. C'est
pourquoi cette voie de l'ascèse, qui a pourtant conduit
à des connaissances dans des temps plus anciens, ne peut
pas être une voie actuelle.
39
Mais tant la voie du yoga que celle de l'ascèse, qui ont
apporté des connaissances sur le monde suprasensible,
sont conservées dans des traditions ancestrales, je
dirais même sacrées, et sont acceptées aujourd'hui par
l'humanité comme quelque chose qui satisfait certains
besoins de l'âme. Et on ne se demande pas comment ce que
l'on reçoit ainsi comme des croyances a néanmoins été
recherché sur un véritable chemin de connaissance, même
s'il n'est plus adapté à notre époque.
40
Le chemin de connaissance actuel doit être absolument un
autre. Nous avons donc vu que l'une des voies, la voie
du yoga, essayait dans une certaine mesure d'atteindre
la pensée par le biais de la respiration, afin de vivre
cette pensée d'une autre manière que celle perçue dans
la vie ordinaire. Nous ne pouvons pas faire ce détour
par la respiration pour la raison déjà mentionnée. C'est
pourquoi nous devons essayer d'arriver à une
transformation de la pensée d'une autre manière, afin
d'arriver ensuite, grâce à la pensée transformée, à des
connaissances qui sont une sorte de prolongement de la
connaissance de la nature. C'est pourquoi, si nous nous
comprenons bien, nous partons aujourd'hui du principe
qu'il ne faut pas travailler la pensée par le détour de
la respiration, mais la travailler directement en
faisant certains exercices par lesquels nous rendons la
pensée intérieurement plus puissante, plus énergique
qu'elle ne l'est dans la conscience ordinaire.
41
Dans la conscience ordinaire, nous nous livrons à une
pensée plus passive, qui s'en tient au déroulement des
processus extérieurs. Si nous voulons emprunter un
chemin de connaissance suprasensible plus récent, nous
plaçons certaines représentations faciles à comprendre
au centre de notre conscience. Nous restons dans le
cadre de la simple pensée. Je sais que maints humains
veulent déjà trouver ce que je vais décrire dans le
chemin du yoga plus tardif, par exemple dans celui du
Patanjali. Mais tel que c'est fait aujourd'hui, ce n'est
pas encore inclus dans la formation orientale de
l'esprit, parce que même si un humain exécutait
aujourd'hui les exercices de yoga, ils agiraient
autrement que chez les humains d'époques antérieures à
cause des changements qu'a traversés l'organisme humain.
42
Aujourd'hui, nous nous adressons donc directement à la
pensée, en cultivant la méditation, en nous concentrant
sur certains contenus de pensée pendant de longues
périodes. Nous exécutons psychiquement quelque chose qui
se laisse comparer au renforcement d'un muscle. Si nous
utilisons un muscle dans un travail continu, toujours de
nouveau et à nouveau, bien égal le but et l'objectif de
ce travail, il doit se renforcer.
43
Nous pouvons exécuter la même chose avec la pensée. Au
lieu de nous contenter de suivre le cours des processus
extérieurs, nous plaçons au centre de notre conscience,
au prix d'un effort de volonté intense, des
représentations claires, formées par nous-mêmes ou
données par quelqu'un de compétent dans ce domaine, dans
lesquelles ne peut vivre aucune réminiscence dont nous
ne sommes pas conscients, nous éliminons toute autre
conscience et nous nous concentrons uniquement sur un
tel contenu de conscience. J'aimerais dire, avec un mot
du Faust de Goethe : "C'est certes facile, ça semble
notamment ainsi, le facile est quand même difficile !
Car cela doit être accompli par l'un pendant des
semaines, par l'autre pendant des mois. Si la conscience
apprend alors à reposer sur le même contenu de pensées
et à toujours de nouveau y reposer, qu'il soit
complètement indifférent, et si l'on tourne toute
l'attention intérieure et toute l'expérience intérieure
vers le renforcement, vers l'énergétisation psychique de
la vie de pensée, alors nous arrivons finalement au
processus opposé à celui que le yogi traversait. Nous
arrachons en effet notre pensée au processus
respiratoire.
44
Aujourd'hui encore, cela apparaît à l'humain comme
quelque chose d'absurde, comme quelque chose de
fantastique. Mais, de même que le yogi a dans une
certaine mesure poussé sa pensée vers l'intérieur de son
corps pour la relier au rythme de son souffle corporel
et faire ainsi l'expérience de son moi, de sa
spiritualité intérieure, de même nous détachons la
pensée du reste du processus respiratoire qui vit
inconsciemment dans toutes nos pensées habituelles. Les
exercices plus précis, dans tous leurs détails, qui
constituent un système strictement exact, sont décrits
dans mon livre "Comment acquérir la connaissance des
mondes supérieurs" ou dans l'autre, "Science secrète",
ou encore dans "Des énigmes de l'âme" et dans d'autres
de mes écrits. On arrive ainsi peu à peu à extraire le
processus de pensée non seulement du processus
respiratoire, mais aussi à le rendre complètement libre
de la corporéité. C'est alors seulement que l'on se rend
compte du grand service que la vision du monde dite
matérialiste, ou mieux dite, la vision du monde
mécaniste, a rendu à l'humanité. Elle elle nous a rendu
attentif à ce que la pensée ordinaire repose sur le
soubassement des processus corporels. Par cela peut tout
de suite venir l'incitation à chercher une pensée qui ne
repose plus sur des processus corporels. Mais cela peut
seulement être trouvé si la pensée ordinaire est
renforcée de la manière décrite. Nous parvenons ainsi à
une pensée libre de corps, à une pensée qui consiste en
de simples processus psychiques/d'âme. Oui, nous
apprenons ainsi à connaître ce qui était en nous une
nature d'image, certes d'abord seulement comme des
images, mais comme des images qui nous montrent une vie
autonome, indépendante de notre corporéité.
45
C'est le premier pas vers un chemin de connaissance tel
qu'il convient à l'humain moderne actuellement. Mais
nous accédons par cela à une expérience qui est cachée à
la conscience ordinaire. Comme le yogi indien s'est
relié dans sa pensée à ce qui était son rythme
respiratoire intérieur, et donc aussi à son soi
spirituel qui vit dans ce rythme respiratoire, de même
il s'est élevé vers l'intérieur, de même nous allons
vers l'extérieur. En ce que nous arrachons la pensée
logique à l'organisme auquel elle est en fait attachée
en tant que pensée logique, nous pénétrons avec cette
pensée dans le rythme extérieur du monde, et nous
expérimentons maintenant d'abord qu'il y a un tel rythme
extérieur. Comme le yogi s'amena à la conscience le
rythme intérieur de son corps, ainsi nous vient à la
conscience de façon spirituelle, un rythme extérieur du
monde. Si m'est permis de m'exprimer de manière imagée,
nous nous tenons, dans la conscience ordinaire, ainsi là
que nous assemblons nos pensées logiquement et que nous
nous servons ainsi de la pensée comme d'un moyen de
connaissance du monde extérieur sensible. Maintenant,
nous laissons la pensée marcher dans une sorte d'élément
musical, qui est cependant absolument un élément de
connaissance, nous percevons un rythme qui est
disponible sur le fond de toutes choses comme un rythme
spirituel, nous pénétrons dans le monde en commençant à
le percevoir en esprit. Notre pensée passe d'une pensée
abstraite morte, d'une pure pensée image, à une pensée
animée/vivifiée en soi-même. C'est la transition
significative qui peut être faite de la pensée
abstraite, purement logique, à une pensée vivante, dont
nous avons absolument le sentiment qu'elle est capable
de former une réalité, comme notre processus de
croissance est reconnu par nous comme une réalité
vivante.
46
Mais avec cette pensée vivante, on peut pénétrer
maintenant plus profondément dans la nature qu'on ne
peut le faire par la pensée ordinaire. Comment cela
peut-il se faire ? J'aimerais l'illustrer par un exemple
tiré de la vie actuelle, même si c'est un exemple très
contesté. Aujourd'hui, par exemple, nous orientons notre
vie de pensée abstraite vers un animal supérieur
observant et expérimentant. Par cette pensée, nous nous
représentons/rendons présent à force d'image
intérieurement comment est la configuration des organes
de cet animal, le système osseux, le système musculaire
et ainsi de suite, comment les processus vitaux
s'entremêlent/affluent les uns dans les autres. Nous
nous faisons une image de pensées de cet animal. Alors,
nous passons à l'humain avec la même pensée, nous nous
faisons à nouveau intérieurement une image de pensées de
cet humain, nous nous actualisons à nouveau la
configuration de son système osseux, de son système
musculaire, de l'interpénétration de ses processus
vitaux et ainsi de suite. Nous pouvons alors comparer
extérieurement les images de pensées que nous avons
acquises/gagnées dans l'un et l'autre cas, les unes avec
les autres. Si nous sommes plus darwinistement enclin,
nous laissons l'humain se développer à partir d'ancêtres
animaux d'un processus sensoriel réel ; si nous sommes
plus spirituel-idéalistement enclins, nous nous
représentons la parenté d'une autre manière. Nous ne
voulons pas nous y attarder maintenant. Mais ce qui est
important, c'est que nous ne sommes pas en état, avec
notre pensée abstraite et morte, lorsque nous nous
sommes forgé l'image de l'animal, de passer de la vie
intérieure des pensées à l'image humaine: nous devons
atteindre la réalité extérieure des sens de l'humain
avec la vie des pensées, nous devons acquérir nos idées,
nos images de pensées aux réalités des sens et nous
pouvons alors les comparer entre elles. Mais si nous
sommes parvenus à la pensée vivante, alors nous pouvons
aussi former une image de pensées, mais une vivante
image de pensées, du système osseux, du système
musculaire, de l'interpénétration des processus vitaux
dans l'animal, et nous pouvons alors, parce que notre
pensée est devenue plus vivante, poursuivre cette pensée
intérieurement comme une structure vivante et arriver,
par la pensée elle-même, à l'image de l'humain.
J'aimerais dire que la pensée de l'animal s'accroit en
pensée de l'humain. Je ne peux qu'évoquer un exemple de
comment on procède.
47
Lorsque nous avons une aiguille aimantée devant nous,
nous savons qu'elle reste, si elle est aimantée,
seulement dans une situation de repos, et d'ailleurs
alors quand sa direction coïncide avec la direction
nord-sud du magnétisme de notre Terre. Cette direction
est particulièrement excellente ; pour toutes les autres
directions, l'aiguille magnétique se comporte de manière
neutre. Tout ce que nous avons devant nous dans cet
exemple devient pour la pensée vivante une expérience
par rapport à l'espace global. Pour la pensée vivante,
l'espace n'est plus une juxtaposition indifférente,
comme il l'est pour la pensée abstraite et morte.
48
L'espace est différencié intérieurement, et nous
apprenons à reconnaître ce que signifie chez l'animal la
ligne de la colonne vertébrale qui est essentiellement
horizontale. Là où ce n'est pas le cas, nous pouvons
démontrer que l'anomalie est particulièrement
significative, précisément en raison d'une loi plus
profonde ; mais pour l'essentiel, la ligne de la colonne
vertébrale de l'animal se trouve à l'horizontale, on
aimerait dire : parallèle à la surface de la Terre. Il
n'est pas indifférent que la ligne médullaire se trouve
dans cette direction spatiale ou dans la direction
verticale vers laquelle l'humain s'élève au cours de sa
vie. Nous apprenons ainsi par la pensée vivante à
reconnaître que si nous voulions redresser la ligne
principale de l'animal, c'est-à-dire l'amener dans une
autre direction spatiale, nous devrions transformer tous
les autres organes. La pensée devient vivante simplement
par la rotation de 90 degrés de l'orientation
horizontale à l'orientation verticale. Ainsi, stimulés
intérieurement, nous passons de la forme animale à la
forme humaine.
49
Mais de cette manière, en nous immergeant d'abord dans
le rythme de l'événement naturel et en atteignant ainsi
le spirituel qui repose à la base de la nature, nous
continuons à pénétrer à l'intérieur de l'événement
naturel. Nous parvenons à avoir dans nos pensées
vivantes quelque chose qui nous permet de nous immerger
dans la croissance et le devenir du monde extérieur.
Nous entrons à nouveau dans les mystères de l'existence,
dont nous nous sommes extraits au cours de l'évolution
de l'humanité par l'épanouissement de la conscience Je,
du sentiment de soi.
50
Maintenant, mes très chers présents, chacun d'entre vous
peut faire une objection de poids. On peut dire par
exemple : oui, certaines personnalités ont eu une telle
pensée, apparemment vivante, mais l'époque
contemporaine, avec son esprit de recherche sérieux,
s'est à juste titre détournée d'une telle "pensée
vivante", comme l'a par exemple développé le philosophe
Schelling ou le philosophe de la nature Oken. Je donne
moi aussi entièrement raison à ceux qui font d'abord une
telle objection, car la manière dont Oken et Schelling
rendent intérieurement vivantes des idées-images
acquises sur des processus et des êtres extérieurs, et
les appliquent ensuite à d'autres faits et êtres de la
nature, pour regarder ainsi "dans le sens de la nature",
pour ainsi dire, cette manière a quelque chose de très
fantastique, quelque chose de ce qui s'éloigne de la
réalité, qui ne respire pas la réalité en soi. Tant que
l'on ne passe pas, sur le chemin de la connaissance, à
un autre élément avec cette pensée vivante que celle-ci,
tant que l'on n'arrive pas non plus, par la pensée
vivante, à une garantie de la réalité. Ce n'est que
lorsque l'on ajoute aux exercices de pensée des
exercices de volonté que l'on parvient à avoir une
caution de réalité spirituelle dans la pensée vivante.
51
Les exercices de volonté peuvent être caractérisés de la
manière suivante. Soyons honnêtes avec nous-mêmes. Dans
la vie ordinaire, nous devons nous dire, quand nous
pensons à dix ou vingt ans en arrière : dans le contenu
même de notre vie psychique, nous sommes souvent devenus
d'autres humains ; mais nous le sommes devenus en nous
abandonnant plus ou moins passivement, en tant
qu'enfants, aux caractéristiques héritées, à
l'environnement, à l'éducation, et plus tard, à cette
vie elle-même. Celui qui veut parvenir à une (re)
connaissance de la réalité spirituelle doit prendre en
main lui-même, par une éducation intérieure de la
volonté, une discipline de la volonté, si je peux me
servir d'une expression grossière, ce qui n'est pas vécu
au sens plein du terme, mais de manière plus ou moins
passive.
52
Vous trouverez les exercices correspondants, qui sont
des exercices intimes de l'âme, décrits dans les livres
mentionnés. J'aimerais seulement indiquer en principe ce
dont il s'agit.
53
De même que nous avons aujourd'hui certaines habitudes
que nous n'avions peut-être pas il y a dix ans, parce
que c'est la vie qui nous les a imposées, nous pouvons
aussi nous fixer un objectif intérieur : Tu vas
t'imprégner de tel ou tel trait de caractère. Le
meilleur moyen d'imprimer de tels traits de caractère,
pour lesquels il faut travailler sur soi pendant des
années, c'est d'attirer souvent l'attention sur la force
de la volonté qui est liée à une telle discipline
personnelle.
54
Lorsque l'on prend ainsi en main le développement de sa
volonté, de telle sorte que l'on fait en partie de
soi-même ce que le monde fait de nous en tant qu'être
humain, les pensées vivantes dans lesquelles on s'est
plongé par la méditation et la concentration prennent un
caractère très particulier pour notre expérience. Elles
deviennent en effet de plus en plus des expériences
douloureuses, des expériences intérieures malheureuses
de ce qui est d'âme. Et personne ne peut parvenir à des
connaissances supérieures s'il n'a pas traversé ces
expériences de souffrance et de douleur. Ces expériences
de souffrance et de douleur doivent être vécues et alors
surmontées, de sorte que l'on puisse dans une certaine
mesure se les assimiler/incorporer et les dépasser, et
gagne à leur égard un sentiment/une ambiance neutre.
55
C'est ainsi que l'on peut se rendre compte/s'actualiser
de ce qui se passe en l'humain : Prenez l'œil humain -
ce que je dis pourrait être développé de manière très
scientifique dans tous les détails, mais je ne peux que
l'indiquer de manière générale - prenez cet œil. Lorsque
la lumière, les couleurs agissent sur lui, des
changements se produisent à l'intérieur physique de cet
œil. Si nous n'étions pas aussi robustes, une humanité
plus ancienne a certainement ressenti ces changements
comme une souffrance, une légère douleur, nous devrions
également ressentir ces changements dans l'œil et dans
l'oreille comme une légère douleur, si nous ne nous
comportions pas de manière neutre par rapport à eux,
pour ainsi dire, grâce à notre organisation. Toute
perception sensorielle se construit, prise au fond, sur
la douleur et la souffrance.
56
En ce que nous imprégnons de cette manière toute notre
vie psychique/de l'âme avec des pensées vivantes,
douloureuses, pleines de souffrance, nous n'imprégnons
pas le corps de la même manière que l'ascète - de
douleur et de souffrance ; nous le laissons en bonne
santé, nous le laissons se développer selon les
exigences de la vie ordinaire, mais nous éprouvons
intérieurement et intimement douleur et souffrance dans
l'âme. Celui - cela aimerait être attiré de manière
comparative -, qui est parvenu à une connaissance un peu
plus élevée, vous dira toujours : ce que le destin de la
vie a apporté comme plaisir et comme joie, je l'accepte
avec reconnaissance de mon destin ; mais mes
connaissances, je les dois à ce que j'ai souffert, à mes
douleurs, à ma souffrance.
57
Ainsi, la vie prépare déjà d'une certaine manière celui
qui cherche la connaissance à devoir passer par une
partie de son véritable chemin de connaissance supérieur
en surmontant la souffrance et la douleur.
58
Car si nous surmontons cette souffrance, cette douleur,
nous faisons de tout l'être de notre âme un "organe des
sens", si j'ai permission de me servir d'une expression
comparable, en fait nous devons dire un organe de
l'esprit/d'esprit, un organe de l'âme/d'âme. Et
maintenant, nous apprenons à regarder ainsi dans le
monde spirituel comme nous regardons et écoutons dans le
monde physique à travers nos sens habituels. Je n'ai pas
besoin de parler aujourd'hui de considérations
épistémologiques. Je connais bien sûr l'objection selon
laquelle le mode de connaissance extérieur doit lui
aussi être examiné, mais cela ne nous concerne pas
aujourd'hui. Je veux seulement dire que, dans le sens où
nous trouvons dans la vie ordinaire le monde physique
extérieur garanti par nos perceptions sensorielles, nous
trouvons, après avoir surmonté la souffrance de l'âme,
le monde spirituel garanti par notre organe de l'âme,
par notre organe de l'esprit, que nous sommes devenus en
tant qu'humain psychique entier.
59
Avec cette vision, que j'aimerais aussi appeler la
clairvoyance moderne exacte - contrairement à tous les
anciens arts clairvoyants nébuleux qui appartiennent au
passé -, nous pouvons aussi pénétrer dans ce qu'est
l'entité humaine éternelle. Nous pouvons pénétrer d'une
manière exacte dans la signification de l'immortalité
humaine. Mais cela doit être réservé à l'exposé de
demain, où j'aurai à parler de la relation particulière
de cette vision du monde avec les questions de l'âme de
l'humain.
60
Aujourd'hui, j'ai voulu montrer comment l'humain peut
accéder à une voie de connaissance suprasensible
moderne, contrairement aux voies de connaissance plus
anciennes. Le yogi cherchait à pénétrer au Soi dans
l'entité humaine ; nous cherchons à pénétrer au rythme
du monde. L'ancien ascète dépréciait le corps afin que
l'expérience psycho-spirituelle soit dans une certaine
mesure pressée vers dehors et puisse être là pour
elle-même ; le chemin de connaissance moderne n'est pas
enclin à l'ascèse, fait abstraction de tous les arts de
mortification et se tourne intimement vers la vie de
l'âme elle-même. Les deux voies modernes laissent donc à
l'humain se tenir pleinement dans la vie. Mais
l'ancienne voie ascétique et l'ancienne voie du yoga
tiraient l'humain hors de la vie.
61
J'ai donc essayé de vous décrire aujourd'hui un chemin
qui peut être parcouru en développant les forces de
connaissance qui sommeillent dans l'âme d'une manière
plus spirituelle qu'elles ne l'ont été autrefois.
62
Mais on parvient aussi par cela - je veux encore
l'indiquer en conclusion - plus profondément dans
l'essence de la nature. La vision du monde dont je parle
ici ne s'oppose nullement à la science de la nature
actuelle. Au contraire, elle prend tout de suite ce qui
est un véritable esprit de recherche au sein de cette
recherche de science de la nature et le développe par
ses exercices comme une capacité/faculté humaine propre.
La science de la nature actuelle recherche l'exactitude
et se sent particulièrement satisfaite lorsqu'elle peut
la rechercher par l'application des mathématiques aux
processus de la nature.
63
Pourquoi est-ce le cas ? C'est le cas pour la raison que
les perceptions que la nature extérieure nous donne par
le biais des sens pour l'observation et
l'expérimentation sont tout simplement hors de nous.
Nous les pénétrons avec quelque chose que nous formons
tout seuls dans notre être humain le plus intime, nous
les pénétrons avec les connaissances mathématiques. Et
le mot kantien est souvent prononcé, mais encore plus
souvent, j'aimerais dire, exercé par des penseurs en
science de la nature : Dans toute connaissance réelle à
chacun, il n'y a de science qu'autant qu'il y a de
mathématiques dedans. C'est unilatéral si l'on prend les
mathématiques ordinaires. Mais en les appliquant aux
phénomènes naturels, aux phénomènes naturels inanimés,
en y voyant même déjà aujourd'hui un certain idéal, par
exemple de pouvoir compter les chromosomes dans les
gamètes, on montre comment on se sent satisfait quand on
peut imposer par les mathématiques ce qui se trouve
autrement comme extérieur à côté ou devant nous.
Pourquoi ? Parce que les mathématiques sont vécues
intérieurement avec une certitude immédiate, ce que nous
devons certes souvent symboliser par des dessins ; mais
les dessins seuls ne sont pas essentiels pour la
certitude, pour la vérité. Les mathématiques sont
regardées et trouvées intérieurement, et ce que nous
trouvons intimement intérieurement, nous le relions à ce
que nous voyons extérieurement.
64
Nous nous sentons satisfaits par cela.
65
Celui qui parcourt ce processus de connaissance dans sa
totalité doit se dire que tout cela peut seul satisfaire
l'humain à la mesure de la connaissance, peut seul
conduire l'humain à une science, ce qui repose sur
quelque chose qu'il peut réellement vivre et contempler
grâce aux forces de son être intérieur. Avec les
mathématiques, on pénètre dans les faits et dans les
structures de l'essence du monde inanimé, tout au plus,
je dirais, de manière primitive, un peu plus haut dans
le monde animé. Mais il faut une vision intérieure aussi
exacte que la vision mathématique si l'on veut pénétrer
dans les modes d'action supérieurs du monde extérieur.
L'école de Haeckel elle-même, par l'intermédiaire de
l'un de ses plus éminents représentants, a expressément
admis que l'on devait passer à une tout autre manière de
rechercher et d'observer si l'on voulait s'élever de
l'inorganique à l'organique de la nature. Pour
l'inorganique, on a les mathématiques, la géométrie ;
pour l'organique, pour le vivant, on n'a d'abord rien
qui soit formé intérieurement comme un triangle, comme
un cercle, comme une ellipse. On y parvient par la
pensée vivante : non pas avec les mathématiques
ordinaires des chiffres et des figures, mais avec une
mathématique supérieure, avec une vision qui est
qualitative, qui agit de manière formatrice, qui, même
si je dois dire quelque chose d'horrible pour beaucoup,
je dois le dire, s'élève/saisit vers en haut jusqu'à
l'artistique.
66
En pénétrant avec de telles mathématiques dans des
mondes que nous ne pouvons pas pénétrer autrement, nous
étendons la mentalité de science de la nature vers en
haut au domaine biologique. Et l'on peut se tenir pour
convaincu qu'un jour viendra l'époque où l'on dira : les
temps anciens ont souligné à juste titre qu'il y a
autant de science à tirer de la nature inorganique que
l'on peut en tirer par les mathématiques au sens le plus
large, dans la mesure où les mathématiques sont
quantitatives ; on peut tirer autant de science des
processus vitaux que l'on est capable d'y pénétrer avec
une formation de pensées intérieurement vivante, avec
une clairvoyance exacte.
67
On ne croit pas du tout combien cette sorte moderne de
la clairvoyance est en réalité proche tout de suite de
la vision mathématique. Et l'on trouvera un jour
justifié, quand on envisagera comment de l'esprit de la
connaissance moderne de la nature ici de
l'esprit-connaissance devrait être obtenu, tout de suite
à partir de ce domaine de la connaissance moderne de la
nature, la science de l'esprit pensée ici. Car elle ne
veut pas entrer dans une quelque opposition aux
résultats significatifs et grandioses de la science de
la nature. Elle aimerait tenter quelque chose d'autre :
tout de suite ainsi que lorsque nous avons un être
humain se tenant devant nous, nous pouvons regarder avec
nos sens extérieurs sa forme sensorielle, ses gestes,
son jeu de mimiques expressions, le regard particulier
de ses yeux, mais comme nous ne reconnaissons qu'un
aspect extérieur de l'être humain, si nous ne regardons
pas à travers tout cela un ce qui est d'âme en lui, ce
par quoi nous aurions en premier l'humain entier se
tenant devant nous, tout de suite ainsi, sans parcourir
des chemins de l'esprit, nous ne voyons avec une science
de nature que la physionomie extérieure du monde, que,
j'aimerais dire, les gestes du monde, la mimique du
monde. Ce n'est qu'alors que nous reconnaissons quelque
chose de ce à quoi nous sommes nous-mêmes apparentés en
tant qu'éternels de ce monde, lorsque nous pénétrons
dans ce qui est d'âme du monde par la physionomie
extérieure que nous donnent les phénomènes naturels, par
ces mimiques et ces gestes.
68
C'est ce qu'aimerait cette vision spirituelle
scientifique dont je voulais vous décrire les méthodes
en guise d'introduction. Elle n'aimerait pas être une
adversaire de la moderne triomphante science de la
nature, elle aimerait l'accepter pleinement dans sa
signification et son essence, comme on accepte
pleinement l'humain extérieur. Mais de la même manière
que l'on regarde l'âme à travers l'humain extérieur,
elle aimerait, à travers les lois de la nature, non pas
avec dilettantisme et amateurisme, mais avec un esprit
sérieux, pénétrer à travers la physionomie des lois de
la nature jusqu'à ce qui repose à la base du monde en
tant que spirituel, en tant qu'âme. Et ainsi, cette
vision spirituelle scientifique n'aimerait pas créer une
quelconque opposition à la science de la nature, mais
elle aimerait être l'âme, l'esprit de cette science de
la nature.
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