Michel Joseph LA TRIPLE ORGANISATION DE LA VIE EN SOCIETE

Institut pour une triarticulation sociale
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5. La tripartition sociale
comme plastique de la pensée et de la volonté
Nous avons vu que la tripartition sociale se caractérise par deux traits fondamentaux :

  • la mise en évidence pour tout phénomène social de trois composantes se rapportant à chacun des trois systèmes auto-fonctionnels de la culture, du juridique-politique et de l'économie ;
  • l'aperception globale de la société en tant qu'organisme social.

Ces deux aspects sont très étroitement liés. Ils doivent être mis en oeuvre conjointement pour toute démarche de connaissance et d'action s'inspirant de la tripartition. En effet, la juste place d'une pensée organique-dynamique se situe, du point de vue méthodologique, exactement entre l'excès formel que serait un tri-fixisme ou tri-déterminisme social et l'excès inverse de la confusion et du chaos.
Si l'on se contentait de distinguer trois régions sociales séparées et de tout ramener exclusivement à chacune de ces régions, on contribuerait par là à diviser l'humanité en castes et à perdre de vue la totalité de l'humain.
C'est précisément ce qui se produit dans la république des philosophes de Platon : lui aussi proposait une tripartition de la Cité selon les trois fonctions mais celle-ci était hiérarchisé sous la tyrannie des philosophes et les trois fonctions restaient fixes, ce qui ramenait au système des trois castes indo-européennes des prêtres, guerriers et commerçants-paysans que Mircea Eliade ( 35 ) et Georges Dumezil ( 36 ) ont mis en évidence dans la plupart des sociétés archaïques d'Europe et du Moyen Orient jusqu'en Inde. On retrouve cette même hiérarchisation et rigidité dans l'idée beaucoup plus récente de la synarchie de Saint-Yves d'Alveydre ( 37 ) , Il est clair que Steiner ne s'est nullement inspiré de ces différents modèles, à moins que ce ne soit par contraste, car c'eût été vouloir revenir à une étape révolue de l'évolution de l'humanité, celle de la théocratie antique.
En fait, l'important — et ce qui fait toute la différence — c'est de bien voir que ces lois fonctionnelles triples de la vie sociale sont avant tout organiques. Ce sont les même lois que l'on retrouve lorsque Steiner parle de l'être humain. Il met, en effet, en évidence la nécessité de bien séparer les trois facultés de pensée, sentiment, volonté ou les trois systèmes fonctionnels neuro-sensoriel (système tête), rythmique (système poitrine) et métabolique (système membres). Mais il ajoute aussitôt que nulle part aucune des trois facultés ne se retrouve à l'état pur ; au contraire elles s'interpénètrent, confluent et forment un tout, une unité supérieure.
"Si l'on veut approcher la réalité, et en particulier la réalité de la nature humaine, il faut se rendre compte que l'on procède en fait au fonctionnement d'une unité; si l'on a en vue une unité abstraite, on est incapable de rien connaître... Et de l'autre côté, si l'on ne faisait
qu analyser, séparer dissocier, il serait impossible de parvenir jamais à une véritable connaissance ; on ne saisirait que la diversité et la connaissance échapperait( 38 )."
Ainsi donc, les trois fonctions de l'organisme social sont partout présentes à des degrés divers et l'on ne peut parler de l'une sans la saisir aussi dans ses rapports avec les deux autres.
Ainsi, par exemple, une école est certes en premier lieu un organe se rattachant au système fonctionnel de la libre vie de l'esprit, mais il faut aussi la considérer en tant qu'entreprise de production de la vie économique associative, et également en tant que lieu de travail où se jouent des rapports humains qui relèvent du système fonctionnel de la vie juridique-démocratique.
Chacun de ces trois types de fonction est absolument distinct et séparable, mais pour qu'existe et fonctionne la réalité de l'école, il est nécessaire que les trois aspects coexistent simultanément en un même lieu école se combattant et se complétant et s'harmonisant mutuellement.
C'est pourquoi les deux démarches de la connaissance sociale et de l'action sociale sont exactement inverses. Si dans la première, il s'agit en face d'un phénomène social vivant (fonctionnement d'une institution ou processus) de distinguer les trois composantes, dans la seconde, il s'agit de prévoir comment ces trois composantes vont se mêler et comment une forme sociale concrète résultera de leurs rapports complexes.
La séparation absolue des trois systèmes fonctionnels n'est en tout cas jamais donnée, ni au départ (processus de connaissance), ni à l'aboutissement (processus d'action). Elle ne peut être qu'un moment de la connaissance ou de l'action.
Représentons-nous en effet un organisme social dans lequel cette tripartition serait réalisable. On distingue alors deux niveaux de manifestation de cette tripartition, celui du micro-social et celui du macro-social.
Le niveau micro-social est celui des conditions et des formes internes d'une entreprise ou d'une institution. Or, qu'est-ce qui s'y déroulerait dans notre hypothèse ? Au départ comme à l'arrivée, rien ne serait changé. Une fabrique de chaussures continuerait de fabriquer des chaussures avec les mêmes techniques, la même division des tâches, les mêmes personnes et machines. Ce qui par contre serait modifié, c'est le rapport de chacun avec l'ensemble de l'entreprise, avec sa politique, ses formes et conditions. La division du travail et la conscience d'appartenir à un même organe du corps social amèneraient la formation de trois instances au sein de l'entreprise. Dans la première s'opérerait la définition des grandes orientations en matière de recherche, d'innovation, d'équipement et d'idées etc. tout ce qui a trait à la direction et à l'organisation, à la gestion du capital. Dans la seconde, complémentaire de la première, s'effectueraient tous les contacts et échanges nécessaires à la commercialisation, à l'écoulement, aux rapports entre production et consommation. Quant à la troisième instance, sa raison d'être serait le pôle social proprement dit : établissement des conditions du travail et des conditions de revenus, désignation aux postes de responsabilités, aménagement de tous dispositifs propres à favoriser la circulation, la communication, la médiation entre tous les secteurs de l'entreprise.
On reconnaît là les trois fonctions sociales qui sont respectivement, le culturel, l'économique et le juridique.
Si les deux premières nécessitent des compétences particulières et la délégation du pouvoir, de l'initiative et des responsabilités, la troisième s'adresse à. toutes les personnes impliquées dans l'entreprise, sans discrimination de pouvoir ni de compétences.
Les lois fonctionnelles de liberté d'initiative, fraternité dans la complémentarité des tâches, et égalité des droits, s'appliquent respectivement au culturel, à 1'éconornique et au juridique-social. Cependant, il serait stupide d'en déduire que la libre initiative ne concerne que le secteur de la direction, ou que la fraternité n'est à sa place que dans la production.
Il est au contraire nécessaire que ces impulsions trouvent aussi leur place dans chaque atelier et à tous les postes, que l'ouvrier ait la possibilité de développer le germe de la liberté et que le responsable guide son action selon la fraternité. Aussi peut-on dire que, pas plus les hommes que l'entreprise — considérée dans son ensemble comme un organe ou une cellule du corps social — ne doivent être spécialisés exclusivement dans une des trois fonctions. Dans l'un comme dans l'autre cas, il y a combinaison vivante, organique des trois.
L'unité de l'entreprise résulte de la multiplicité des fonctions, de même que l'unité de chacune des trois fonctions résulte de la multiplicité des tâches et des hommes. La tripartition n'est donc ni une donnée de départ, ni un résultat ; elle doit intervenir dans la dynamique même du processus social.
De même que dans l'organisme humain, par exemple, relève du système nerveux et sensoriel tout en étant traversé de certains processus qui le rattachent aussi au système circulatoire et au système digestif et moteur, de même chaque membre d'un collectif de travail participe des trois champs fonctionnels de l'organisme social.
Et il est essentiel que le mouvement se fasse entre les trois fonctions, qu'elles s'affrontent mutuellement. Chaque entreprise ou institution doit même devenir lieu de formation de l'homme par lui-même et avec les autres, une sorte d'université où les qualités fonctionnelles sociales deviennent pour chaque individu, force d'âme, coloration intérieure : que celui qui a la liberté cultive avec les autres, la fraternité et l'égalité... que celui qui n'a rien que l'égalité reçoive la fraternité et il pourra aussi s'affirmer libre.
Mais l'organisme social est formé de tissus si complexes que la tripartition ne saurait jouer au niveau micro-social si elle ne se réalise pas non plus au niveau macro-social.
De même qu'une cellule de l'organisme peut être plus particulièrement spécialisée dans la digestion, ce qui n'empêche qu'elle est aussi rattachée aux fonctions nerveuse-sensorielle et circulatoire-respiratoire de par les circuits nerveux et sanguins qui la traversent, de même une entreprise de la vie économique se relie de triple manière au reste de l'organisme social. Une entreprise est en effet à la fois consommatrice par rapport à ses fournisseurs (machines, énergie, matières premières et produits transformés) et productrice par rapport à ses clients. C'est là l'essentiel de son rapport économique avec le reste de l'organisme social : elle est traversée par un courant de marchandises.
Mais sous peine d'étouffement, il faut qu'elle soit parcourue aussi par le circuit de la vie culturelle.
Que l'on prenne, par exemple, le haut niveau d'évolution technologique nécessité par l'industrie moderne. Celui-ci ne peut plus de nos jours être atteint en vase clos. Les inventions, les procédés révolutionnaires, les innovations, les découvertes, ne sont désormais possibles que parce que toutes ces idées sont dans l'air par le développement d'une culture scientifique et d'une pensée universelle.
La recherche nécessite des équipes internationales et multidisciplinaires, des laboratoires et des moyens qui dépassent de loin les possibilités d'une seule entreprise.
De même pour la créativité, l'esprit d'initiative, la liberté : tout cela est l'expression d'individus ou de petits groupes dans leur démarche la plus originale, et il est nécessaire que ceux-ci circulent tout comme les idées, que la possibilité existe de leur intervention depuis l'extérieur, comme de l'intérieur de l'entreprise ou des deux à la fois, en leur point de rencontre.
Quant au pôle juridique-social la définition en commun des conditions de travail et de revenu suppose également la communication avec les institutions à l'échelle macro-sociale, lesquelles permettent de se faire une idée de ce qui est raisonnablement possible. L'interaction du micro-social et du macrosocial dans une entreprise apparaît parfaitement si l'on se représente des processus concrets de la vie de l'entreprise.
Prenons par exemple le cas de la désignation des responsables aux postes de direction. Il s'agit en somme de mettre à la bonne place certaines personnalités en fonction de leurs capacités et aptitudes. Ces qualités sont radicalement individuelles, elles proviennent de la combinaison de facteurs héréditaires et biographiques de naissance, avec des facteurs issus de l'éducation, des études, de la formation. Autrement dit, leur lieu social est celui de la vie culturelle dont la loi fonctionnelle est la liberté et l'initiative.
C'est justement ce caractère de libre initiative que l'économie libérale de l'Ouest prétend représenter et préserver. Mais en réalité, on sait que la maxime libre champ d'action aux entreprenants ›. dont ce système aime à s'illustrer, ne représente, dans les faits, rien d'autre que la compétition égoïste immorale pour le pouvoir et l'argent, que la lutte à mort pour la réussite, que l'application arbitraire à la société du principe matérialiste darwiniste de sélection naturelle
La libre-entreprise dont il est question dans ce système n'est pas sans mélange, puisqu'elle mêle les facteurs de compétence individuelle avec ceux de pouvoir (groupes d'influence) et d'argent, écartant par là même les valeurs de confiance sociale, participation organique, délégation démocratique du contrôle et du pouvoir, qui peuvent et doivent émaner d'un pôle juridique-social bien constitué.
L'excès inverse existait à l'Est, qui, par son économie dirigiste d'Etat mélangeait les intérêts économiques et politiques et, finissant par écarter toute libre initiative individuelle, aboutissait au même résultat d'exclusion du pôle social véritable.
En face de ces deux excès réunis qui caractérisent l'inhumaine situation sociale actuelle, il est de l'importance la plus vitale que se développe partout un pôle juridique-social véritablement médian, c'est-à-dire, non plus une expression directe de la volonté et de la raison d'Etat (auquel, ce pôle doit cependant rester rattaché), mais une expression directe de toutes les personnes concernées dans l'institution ou dans l'entreprise et qui en constituent le collectif de travail.
C'est ainsi que la désignation de responsables aux postes de direction est finalement l'affaire de tous ceux qui sont dans treprisi C'est donc au collectif de travail de l'entreprise de se donner lui-même ses propres règles et organes qui lui permettront de procéder de manière démocratique.
Dès lors, nous constatons que deux critères entrent tout d'abord en ligne de compte : d'une part, le critère culturel-spirituel du libre engagement des personnes douées des compétences voulues, principe de libre initiative de la vie culturelle — d'autre part, le critère social juridique de l'expression de la confiance sociale — principe d'égalité démocratique de la vie juridique.
Il est clair que ces deux principes sont nécessairement contradictoires. On ne peut sortir de cette dualité qui si l'on considère un troisième facteur : la nécessité de relier le micro-social au macrosocial, et qui correspond à ce que nous caractérisions plus haut comme deuxième aspect fondamental de la tripartition sociale : l'aperception globale de la société en tant qu'organisme social. Il s'agit là du facteur relatif à la vie économique moderne.
L'économie est devenue mondiale, l'organisme social dans sa totalité n'est rien de moins que la planète entière. Et c'est à ce niveau que la mission actuelle de l'humanité (développer l'âme de conscience) peut et doit se réaliser. Il s'agit de remplacer l'idée absurde du profit comme moteur de l'économie (idée dépassée remontant à l'époque où il n'existait encore qu'une économie d'échange) par celle d'une dynamique de la conscience planétaire. De partout s'éveillent des voix et des consciences qui nous incitent à nous inquiéter de ce que l'on a nommé à juste titre, la mise à sac de la planète. Ce que l'on appelle la pensée écologique pourrait aussi bien s'appeler la pensée de l'âme de conscience. Celle-ci en effet, nous confronte partout aux forces de mort, de destruction, elle nous appelle de toutes parts au meurs et deviens ! c'est-à-dire, à la résurrection des forces vivantes de connaissance qui ne peut s'opérer que si le moi humain imprègne la pensée des forces de volonté, seules capables de la métamorphoser à partir d'elle-même.
La conscience planétaire ne se développera qu'à partir d'instances associatives regroupant consommateurs, producteurs et distributeurs qui traverseront tous les secteurs de l'organisme social de processus de conscience. Une économie de la sorte, non plus à courte vue, ni orientée exclusivement sur le principe étroit et égoïste de profit, mais considérant partout l'intégration organique du tout et de la partie, ne pourra que tenir compte de l'environnement social, humain et naturel.
Aussi, peut-on dire que s'il est tout aussi absurde de parler de droits de la nature que d'une liberté de la nature (la liberté n'est jamais une donnée naturelle), il est par contre tout a fait juste de parler d'une socialisation de la nature, dès l'instant où la vie économique sera assainie et que les critères de la production ne correspondront plus à des critères autres que strictement économiques (une production au service de l'humanité orientée vers les vrais besoins humains) ; dès cet instant les nécessités de protection de la nature et de l'environnement ne relèveront ni du droit, ni de la vie culturelle, mais bien de cette vie économique reposant sur ses propres bases et seule apte à servir de support à une conscience planétaire écologique (conscience universelle des rapports du tout et des parties, de l'universel et du singulier). Et il en va de même pour les problèmes si aigus aujourd'hui du chômage et de l'inflation. Tous ces problèmes pourraient être facilement réglés par l'autorégulation associative des processus économiques. C'est en ce sens que l'économie devrait être sociale(au sens de socialisée) ou fraternelle (au sens de la loi écologique de solidarité du tout et de la partie).
Ceci nous permet d'esquisser une des multiples manières dont pourrait être résolu le problème de la désignation des responsables d'une entreprise dans une société organisée selon la tripartition :
Nous constatons en effet que la résolution du problème pratique précis posé ici en exemple, nécessite l'action conjuguée des trois pôles macrosociaux et des trois instances microsociales correspondantes de l'entreprise, autrement dit, l'interaction vivante du macro et du micro-social.
Une solution possible peut être grossièrement formulée ainsi : chaque entreprise est reliée à une ou plusieurs banques associatives, reliées elles-mêmes à d'autres entreprises. Ces banques peuvent prendre en charge la comptabilité des entreprises et elles assurent la régulation de la circulation de l'argent qui reflue de la consommation vers la production. Ce sont elles qui constituent le lien associatif entre plusieurs entreprises et qui permettent le passage du micro-social au macrosocial, et aussi la circulation du pôle de l'économie d'échange (consommation) au pôle de la production.
Ces banques associatives, tout comme celles de crédit (émission) et tout comme les entreprises, constituent le pôle économique productif. Le collectif de travail de chacun de ces organes constitue le pôle juridique dans l'économie, et chaque travailleur en fait partie de droit, quel que soit son rôle et son importance dans la production. Chaque collectif de travail désigne démocratiquement, soit directement, soit par des commissions de représentants, ceux qui constitueront le conseil d'administration de l'entreprise, c'est-à-dire son pôle culturel (conseil est pris ici au sens de donner des conseils compétents).
Ces conseils d'administration, comportent obligatoirement des responsables qui déterminent les tâches et orientations de l'entreprise, ainsi que des dirigeants des banques et entreprises associées. S'y adjoignent ceux qui sont désignés démocratiquement : représentants de catégories professionnelles, de secteurs d'entreprises, experts, chercheurs, voire représentants des consommateurs, des collectivités locales, de la vie culturelle proprement dite, etc..
On voit donc que chacune des trois fonctions microsociales de l'entreprise (capital, travail, marchandise) se rattache directement à un organe ouvert à l'extérieur et qui en constitue le prolongement à l'échelle macrosociale.
Si on dépasse le côté schématique de notre exposé et qu'on parvient à une vision vraiment organique-dynamique de ces formes sociales, on comprendra sans peine ce qui peut se passer pour répondre à notre problème précis.
En l'occurrence, c'est le collectif de travail de l'entreprise (sa dimension juridique) qui exercera démocratiquement sa souveraineté et désignera le ou les responsables de l'entreprise. Toutefois, un véritable choix ne pourra s'effectuer vraiment que grâce à la conjonction des deux autres composantes, économique et culturelle.
D'une part, une telle structure économique et son tissu associatif permettront mieux que chacun se fasse une idée de l'organisme social global, de l'interaction du micro-social et du macrosocial.
D'autre part, avant de se déterminer le collectif de travail sera tenu d'écouter les propositions du conseil d'administration, autrement dit, de s'informer de ce que peut conseiller le pôle culturel avec ses critères de liberté et de responsabilité.
On voit, de la sorte, s'exercer une tripartition organique et fonctionnelle qui peut respecter les trois critères contradictoires dont nous faisions état plus haut : le principe d'individualité et de liberté, celui de l'égalité des droits et celui d'associativité du tout global et de la partie (fraternité sociale).
Ces formes peuvent aussi s'appliquer à la résolution, les deux autres problèmes pratiques se posant au pôle juridique de l'entreprise et que nous citions plus haut : la détermination des conditions de rémunération et celle des conditions de travail.
On constatera alors que la pratique de cette pensée imaginante dynamique met en œuvre la métamorphose de la pensée en volonté et de la volonté en pensée, autrement dit, un processus de plastique sociale ou • art social (nous en reparlerons dans la conclusion générale) qui seul, peut permettre de concilier l'individuel et le social, de rendre les pensées agissantes en les amenant à la rencontre des processus historiques et cosmiques réels.

vers chapitre 6

( 35 ) — Mircea Eliade, Traité d'histoire des religions — Paris 1964 et Le chamanisme et les techniques archaïques de l'extase — Paris 1951
( 36 ) — Georges Dumezil, L'idéologie tripartite des Indo-Européens —Bruxelles, 1958 et A la découverte des Indo-Européens — Paris 1979
( 37 ) — Saint Yves d'Alveydre, Mission des Juifs
( 38 )
R. Steiner, Nature humaine, op. cit. p. 134

Extrait de Michel JOSEPH
LA PHILOSOPHIE ET LA PÉDAGOGIE SOCIALE DE RUDOLF STEINER
DE LA THÉORIE DE LA CONNAISSANCE STEINERIENNE COMME EXPÉRIENCE DE L'ESPRIT SA RÉALISATION DANS L'ANTHROPOSOPHIE, LA PÉDAGOGIE WALDORF ET L'ART SOCIAL
These de doctorat en Philosophie Paris VM annee 1999/2000 Directeur de diese : Rene Scherer