Stephan
Eisenhut sur le site du D.N. Dunlop Institut (original allemand)
Vidéo
2 : La domination des images
L'un ou l'autre s'est peut-être demandé après la
première vidéo, pourquoi les concepts : capital, droit
et marchandise que j'ai introduits au début, n'ont pas
encore été du tout déterminés. Le fond est simplement
que je veux caractériser ces concepts de plus en plus.
J'aimerais donc ne pas partir d'une définition, mais
plutôt construire des pensées-images qui se tiennent en
relation avec ces concepts, et alors, progresser de plus
en plus aux déterminations conceptuelles des mêmes. Cela
nécessitera quelques vidéos, mais cela rendra les
concepts beaucoup plus saturés de réalité, je l'espère
du moins. Voici donc d'abord ces trois concepts avec
lesquels j'ai commencé: capital, marchandise et droit
comme seulement les premiers marquages de domaines qui
devraient toujours mieux être saisis dans le déroulé de
ce cours vidéo. J'aimerais ajouter un point de vue
supplémentaire. Si nous regardons maintenant ce domaine
ci-dessus, nous pouvons alors montrer qu'il y en a aussi
deux différentes qualités que l'on peut décrire
peut-être d'une autre manière que ce à quoi nous sommes
habitués avec peut-être subjectif et objectif. Parce que
notre pensée à mesure de raison analytique qui
sélectionne les concepts particuliers du monde puis
essaie alors de les ordonner logiquement et d'amener
cela d'abord dans un contexte externe logique, c'est
d'abord subjectif. Ce n'est que lorsque nous amenons ces
concepts dans un contexte intérieur de l'ensemble du
monde - et ce contexte, nous devons apprendre à
l'appréhender par une activité intérieure - donc quand
nous remarquons qu'il y a quelque chose de
spirituellement objectif qui sous-tend les choses, alors
nous venons à un véritable comprendre le monde. Aussi
loin que nous avons ici deux pôles : subjectif et
objectif, donc là, où nous sélectionnons les choses avec
notre organisme de tête, c'est pourquoi j'ai aussi
dessiné ce cercle bleu autour de la pensée de raison
analytique, elles deviennent d'abord subjectives. Et de
la même manière, nous pouvons regarder notre patrimoine
de désir, car là, où le désir devient toujours plus
avidité, ce désir devient aussi entièrement subjectif,
tandis quand cela décrit seulement ce qui provient des
besoins corporels, et qui devient un besoin, alors l'un
reçoit une certaine objectivité et exactement ce besoin
objectif, qui est en fait ce dont il s'agit dans la vie
de l'économie.
La vie de l'économie, quand elle construit de plus en
plus sur ce pôle subjectif de l'avidité/cupidité reçoit
une dynamique qui ne peut être dominée. Aussi loin, on
peut aussi de nouveau suivre les pensées
aristotéliciennes, que quand la partie supérieure - donc
celle qui est liée à la capacité de pensée - n'est pas
en situation, justement de conduire l'humain inférieur,
alors l'humain devient un esclave de lui-même,
respectivement nous devenons aujourd'hui esclaves de la
vie de l'économie, qui menace de tirer tout dans son
domaine. Par notre organisme de tête, où nous avons le
système nerveux et sensoriel de concentré, nous sommes
tout de suite placés dans un environnement plus large.
Nous percevons, dans une certaine mesure, le monde
extérieur sensible, avec notre appareil sensoriel, la
perception sensorielle nous pénètre, et parce que la
perception sensorielle entre en nous, nous développons
des représentations. Et ces représentations sont d'abord
une fois des images que nous pouvons retenir. Il est
donc très important que nous puissions retenir ces
images, car c'est exactement par ce que nous pouvons
comparer une image que nous avons expérimentée dans le
passé, avec une image que nous vivons actuellement, que
nous pouvons aussi flairer les connexions et ainsi
absolument penser les choses en premier lieu.
Maintenant, il y a un certain problème que ce retenir
est aujourd'hui comme exagéré. On pourrait donc dire
quelque chose de l'humain inférieur qui est lié avec le
désir, intervient sur l'humain supérieur, donc l'élément
d'avidité, qui est aussi un retenir excessif, intervient
par-dessus dans la raison analytique. Et cela conduit à
ce qui explique que les images, que nous avons
développées, nous ne pouvons plus les lâcher et les
changer. Et cela conduit à des problèmes parce que par
notre activité intérieure, nous ne pouvons plus changer
ces images de manière indépendante. Mais il y a d'autres
humains qui ont des observations très précises de ces
fonctions psychologiques. Et ces humains voient, par
exemple, que nous réagissons aux images avec notre
sentiment. Et c'est une observation correcte. Ressentir
vient du fait que nous avons une image déterminée du
monde. Nous réagissons avec notre ressentir sur l'image.
Nous convoitons cette image, disons que nous aimons
cette image. Donc, nous aimons cette chose que nous
pouvons maintenant nous représenter, qui apparait dans
notre conscience éveillée, ou nous rejetons la chose. Le
sentiment est très fort marqué par la sympathie et
l'antipathie. Et c'est exactement cet élément, que nous
réagissons justement aux images avec nos sentiments, que
la science moderne de l'économie peut utiliser et
d'ailleurs on peut manipuler les humains. Nous
connaissons cela de la publicité. La publicité est
justement basée sur ce qu'elle nous fourni certaines
images. Et ces images devraient agir sur l'âme aussi
inconsciemment que possible. Les humains devraient dans
une certaine mesure rêver dans ces images et le désir
après une chose déterminée devrait être éveillé. On
espère donc qu'à travers les images, qu'on donne aux
humains, un certain produit soit désiré ainsi que les
humains l'achèteront aussi. Mais ce travail de
manipulation avec des images la politique s'en sert
aussi. Et en fait, toute la politique moderne dite
démocratique repose sur de la manipulation. Ces pensées
ont justement été développées, lorsque Rudolf Steiner a
présenté son idée de triarticulation de l'organisme
social. Et d'une manière particulièrement perspicace.
Ces pensées viennent à l'expression dans le livre de
Walter Lippmann "Opinion publique - comment elle est
créée et manipulée". Walter Lippmann a vécu de 1889
à1974. Déjà en tant que jeune homme, il était devenu
conseiller auprès du président d'alors : Woodrow Wilson.
En il a été nommé par lui comme conseiller. Et Walter
Lippmann a aussi pu convaincre Woodrow Wilson que
l'offre de paix que les puissances centrales ont
présentée aux Alliés ne soit pas acceptée. Simplement
parce qu'il a réalisé qu'une paix sans victoire
conduirait à ce que l'Allemagne devenant économiquement
puissance toujours plus forte, contrôlerait aussi de
plus en plus l'Europe dans l'avenir. Et la pensée de
"l'Amérique d'abord" était déjà présente dans les
principaux cercles dirigeants américains de l'époque. On
partait justement de ce qu'il y avait toujours un
pouvoir qui doit être dirigeant. Et alors la conséquence
nécessaire était que le pouvoir que l'on représente
soi-même, doit être le premier. Cela a donc une certaine
tradition. Mais les cours des pensées du livre
"L'opinion publique" sont absolument séduisants. Et ils
sont pendants avec toute la façon de penser qui s'est
formée à l'ère moderne. C'est justement la pensée que
l'ordre de raison analytique repose à l'expérience
sensorielle. Quand on part unilatéralement de ce penser,
alors il y a en fait seulement le chemin, que Walter
Lippmann montre. Et ce chemin s'est poursuivi jusqu'à
aujourd'hui - et cela pourrait être montré à de nombreux
exemples. Walter Lippmann décrit qu'en fait chaque
humain de la région du monde qu'il peut observer,
construit une sorte de pseudo-environnement. Et en règle
générale c'est ainsi, que l'être humain justement du
domaine où il est socialisé, développe un certain nombre
de concepts sur le monde, et à ceux-ci alors tient bon.
Et ce pseudo-environnement, il est construit sur des
observations du monde des sens, mais il y reste, il
saisit seulement une partie et la rend absolue. Et en
règle générale, les humains sont satisfaits avec ce
pseudo environnement. Ils en développent des
stéréotypes, y développent leurs sentiments et agissent
d'après ce qui repose dans leur pseudo-environnement. Et
maintenant, Lippmann a vu que ce n'était pas suffisant
pour un gouvernement. Le gouvernant se trouve dans la
même situation, qu'il dispose aussi seulement d'un
pseudo-environnement. Justement ce qui est expérimenté
de sa socialisation, de son environnement jusqu'à
présent. Toutefois, il n'a pas, comme gouvernant, la
possibilité d'investiguer maintenant tous les domaines
de la vie dans lesquels il devient actif, parce que
simplement le temps manque. Il doit donc s'appuyer sur
des experts. Et ces experts ont maintenant la tâche dans
le domaine de vie respectif dans lequel des mesures
deviennent nécessaires, d'effectuer des recherches. Des
services d'information doivent donc être mis en place,
comme il l'appelle aussi, au nom du gouvernement, qui
observent toujours exactement des domaines déterminés de
la vie, qui ont un savoir dessus et, si possible,
s'efforcent de faire en sorte que le
pseudo-environnement, qu'a naturellement aussi un
expert, s'approche toujours plus de ce domaine de la
vie. Et alors ces experts peuvent conseiller le
gouvernement. Et maintenant, existe cependant le grand
problème, que l'ensemble des groupes de population
vivent aussi dans des pseudo-environnements et, à partir
de ces pseudo-environnements, développent leurs
sentiments et ne comprennent pas forcément ce qu'un
gouvernement qui utilise désormais son savoir d'initié
et les experts, qu'il a dans un domaine déterminé, a
fait connaître et remarque que de ce domaine, ceci et
cela sont des mesures nécessaires et qui souvent ne
peuvent être envisagées.
C'est justement un gros problème. Il se demande donc :
comment venir maintenant à une volonté de communauté,
comment cela peut-il devenir possible de créer une telle
volonté de communauté. Et là, il voit justement que les
médias, la presse, ont une position de médiation très
importante. Walter Lippmann était journaliste. Et il
était l'une des personnalités les plus célèbres à son
époque dans l'espace américain et dans l'espace anglais.
En Europe, en particulier aujourd'hui, il est seulement
connu d'experts. Mais il était vraiment une très
influente personnalité. Mais parce que Walter Lippmann a
réalisé qu'on a besoin de la presse, que la presse n'a
pas la permission de servir de quelque manière
arbitraire, les intérêts de groupes de population
particuliers - parce qu’alors le chaos s'installe -,
parce qu'il l'a connu, il a vu qu'on devait justement
travailler à ce, que la presse développe des images de
manière ordonnée, par lesquelles la population peut être
guidée. Donc il s'agit de dominer la presse en de grands
trains ainsi qu'elle porte des images aux humains qui
agissent ainsi qu'ils peuvent approuver ce que fait le
gouvernement. Pendant la Première Guerre mondiale, on a
fait là beaucoup d'expériences. Tout de suite pour
justifier l'entrée en guerre des États-Unis, la
population d'origine allemande en Amérique devait être
mue à ce que justement elle ne refuse pas cette entrée
en guerre, cela allait donc contre son pays d'origine.
Et c'est exactement pourquoi ce groupe a dû être
travaillé ainsi qu'au moins elles ne soient pas hostiles
à l'entrée en guerre et là on avait éprouvé beaucoup de
possibilités de manipulation. Walter Lippmann ne voyait
justement pas d'autre possibilité que d'agir de cette
manière. Mais il a aussi vu la problématique. La
conséquence de sa pensée a été : parce que les humains
en grande partie ne dominent pas leurs images eux-mêmes,
ce sont ceux qui prennent la domination sur les images,
qui ont la tâche de diriger un pays. Et d'ailleurs avec
l'équipe d'experts derrière eux.
Mais Walter Lippmann a vu que cela n'allait pas sans
poser de problèmes. Car la question est finalement : qui
choisit donc les experts. Si les mauvais humains
choisissent les experts, alors la chose peut aussi aller
de travers. Elle a aussi toujours été de nouveau de
travers au fond. Car aussi Goebbels dans le Reich
allemand a utilisé ces méthodes dans une très haute
perfection d'une manière démoniaque. La question est
toujours de savoir dans quelles mains tombe cet
instrument. Walter Lippmann a reconnu ce danger. De
l'autre côté - dans sa pensée qu'en fait cela ne va pas
autrement dans le monde réel qu'un pays prenne la
direction - et d'ailleurs si possible le plus puissant
pays et d'ailleurs où le plus possible les "bons" ont la
position dominante - à partir de cette manière de
penser, il devait alors aussi utiliser ces méthodes. Il
les a alors aussi appliquées. Et d'ailleurs dans un cas
très particulier. Il a notamment conseillé Woodrow
Wilson sur la conception du programme en points, qui, en
janvier, était alors présenté comme initiative
américaine de paix. Et Lippmann savait exactement
qu'avec de tels programmes des groupes très différents -
et d'ailleurs pas des groupes de population, mais divers
représentants de gouvernements doivent être amenés sur
une ligne - on a donc vu les négociations des Alliés, on
a vu les intérêts des Français, on a vu les intérêts de
guerre des Anglais les intérêts de guerre propres - on a
vu les intérêts des puissances centrales - et maintenant
devait être formulé un programme dans lequel pour chacun
de ces groupes d'intérêts est quelque chose avec quoi il
peut se relier. Et il l'a fait. Le grand problème avec
ce programme était toutefois qu'il ne reposait
naturellement pas sur de la vérité, mais qu'il était
constitué dès le départ sur de la manipulation. On
voulait atteindre un objectif déterminé par des images
déterminées. Et en toute fin, l'objectif était de
déposer le gouvernement des puissances centrales, et le
remplacer par des gouvernements qu'on peut piloter
soi-même. Et c'est pourquoi les images ont dû être
conçues ainsi - ce sont maintenant des images de langage
qui sont façonnées par des mots -, qui étaient
acceptables pour de grands groupes de population en
Allemagne tandis que le gouvernement lui-même avait
naturellement des difficultés avec cela, mais s'il s'y
implique d'une quelque manière, cela le conduise à cette
disparition. C'est ce qu'expose Walter Lippmann dans le
livre "L'opinion publique".
Et c'est exactement ce que Rudolf Steiner avait reconnu
très, très tôt. Il avait rendu attentif déjà en, alors
que le programme n'avait pas encore été publié, à toute
cette manière de penser qui part d'Amérique et a alors
toujours de nouveau des avertissements - il a écrit des
mémorandums aux gouvernements autrichien et allemand -
pour montrer que si on ne comprend pas ces choses, on
tombera sous l'esclavage de cette façon de voir. Et
Rudolf Steiner espérait justement qu'une certaine
indépendance reste préservée en Europe centrale, afin
que puisse se déployer une vie culturelle, qui peut
former une autre forme d'être ensemble social, que celui
dont l'Occident, qui représente justement très fortement
la pensée à la mesure de la raison analytique, doit
sortir. Aussi loin, cette simultanéité de l'apparition
de ces pensées est très importante et on doit confronter
ces pensées avec ce qui est la pensée de Rudolf Steiner.
Maintenant, si on regarde à la fin de ce livre, alors
Walter Lippmann pose aussi la question après la raison
synthétique. Et il est là très sensible à Platon - il a
aussi étudié la philosophie - et si cela est un peu plus
simple et ordonné autrement maintenant, on peut voir que
les experts ou les services d'information sont
effectivement affectés au domaine de la vie de l'esprit.
Le gouvernement, à qui dans l'État unitaire revient la
tâche de saisir l'initiative pour toutes les questions
de communauté, mais en particulier aussi pour la défense
et la revendication des intérêts dans le monde du pays
gouverné, doit, on le pense, choisir et déterminer ces
experts. Oui, il doit être associé à construire un
appareil qui justement suffit pour les informations des
différents domaines correspondants de la vie. La
question est alors toujours seulement si le fait le
gouvernement particulier, ou si se tiennent dans
l'appareil ou derrière l'appareil, encore d'autres
cercles qui peuvent placer leurs experts aux places
correspondantes. Les groupes de population, ils
travaillent dans les différents domaines de la vie, et
sont en ce sens économiquement actifs, ainsi qu'on a en
fait ici maintenant de nouveau, dans une forme
transformée, la triarticulation platonicienne : la
population considérée au sens large comme état
nourricier, le gouvernement lui-même comme état de
défense, parce que le centre du gouvernement est
toujours l'exécutif, et d'ailleurs le pouvoir militaire
et de police. Les services d'information représentant
l'état d'enseignement. Nous avons donc ici une
triarticulation non transformée, qui était en fait déjà
formulée par Platon sauf que nous n'avons plus les rois
philosophes, dont parle Platon, mais les philosophes
sont devenus des experts qui ont une certaine royauté
dans un domaine partiel, et de là, prennent l'influence
sur le gouvernement.
Vraisemblablement tous les auditeurs ont une fois vécu
cette vidéo dans le présent, où de telles tendances
manipulatrices sont disponibles. Par exemple en
politique ou surtout dans la presse. On vous
demanderait, qu'est-ce qui pousse les humains qui, par
exemple, vont en politique, à devenir manipulateurs de
cette manière ? Pourquoi font-ils cela ? Mais plus
importante encore serait la question : où portons-nous
en nous-mêmes dans certaines situations, la tendance à
être manipulateur ? Donc, y a-t-il des situations où
nous éprouvons nous-mêmes le besoin de pouvoir contrôler
des processus sociaux que justement nous commençons à
intervenir dans l'autonomie d'autres humains ? Bien sûr,
à peine quelqu'un voudra se l'avouer. Malgré tout nous
portons en nous une forme de pensée qui pourrait
conduire à ce que dans certaines situations, sans le
vouloir vraiment consciemment, nous tombions dans ce
manipulatif. Et nous devons nous demander, qu'est-ce
donc que cette sorte de pensée qui nous y pousse ?
J'aimerais en parler dans la troisième vidéo. J'aimerais
montrer comment une pensée unilatéralement contrôlante
dans la vie sociale s'exprime en particulier où des
humains disposent d'un certain pouvoir d'affirmation
dans la vie sociale. Et j'aimerais développer une image
qui montre comment tout de suite l'unilatéralité de
cette pensée doit à la fin conduire à la dissolution de
notre démocratie. Dans la quatrième vidéo, j'aimerais
montrer comment, à côté de cette pensée contrôlant tout
extérieurement, une autre forme de pensée peut être
placée, mais que nous devons développer consciemment. Si
nous développons consciemment cette forme de pensée qui
peut compenser ce que l'autre forme de pensée si elle se
déploie unilatérale, fait dans la vie sociale, alors
peuvent justement aussi fluer des forces créatives
sociales nouvelles dans la vie.
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