Rudolf Steiner
Loi sociologique fondamentale
Partie 2 - 23-30 juillet 1898
Magazin für Literatur, 67.Jg., Nr
.29 und 30, 23. und 30. Juli 1898
Rudolf Steiner Oeuvres complètes 031 251-262
Trad. FG, v.3
10/07/2017 - Accès à l'original allemand
Liberté et société
[451/01] Dans le
dernier numéro de ce magazine j'ai exprimé l'avis que le
jugement de la question sociale dans le présent souffre sous
la circonstance que les penseurs qui placent leurs capacités
scientifiques au service de cette question transfèrent en cela
les résultats stéréotypés lesquels Darwin et ses successeurs
ont gagnés pour le règne végétal et animal sur l'évolution de
l'humanité. J'ai cité « La question sociale » de
Ludwig Stein comme un des livres auxquels j'avais à faire ce
reproche.
[451/02] Je trouve mon opinion sur ce livre particulièrement
confirmée par la circonstance que Ludwig Stein collectionne de
manière soigneuse les résultats de la sociologie la plus
récente, prend les observations les plus importantes des plus
riches matériaux et alors ne part pas sur cela avec l'esprit
du darwinisme de dériver des observations des lois
sociologiques spécifiques, mais d'interpréter simplement les
expériences ainsi que se laissent désigner en elles exactement
les mêmes lois qui règnent dans les règnes animaux et
végétaux.
[451/03] Ludwig Stein a découvert correctement les faits de
base du développement social. Malgré qu'il applique violemment
les lois « de la lutte pour l'être-là » et de
« l'adaptation » sur la naissance des institutions
sociales, du mariage, de la propriété, de l’État, du langage,
du droit et de la religion, il trouve dans le développement de
ces institutions une chose importante, qui n'est pas
disponible de la même manière dans le développement animal. Ce
fait se laisse caractériser de la façon suivante. Toutes les
institutions nommées naissent tout d'abord de manière que les
intérêts de l'individu humain passent à l'arrière-plan, par
contre ceux d'une communauté expérimentent un soin
particulier. Par cela ces institutions prennent au début une
forme qui doit être combattue dans le développement ultérieur
de leur évolution. Si par la nature des faits, au début du
développement de culture n'était d'opposé une entrave à
l'aspiration de l'individu à amener à valorisation de tous
côtés, ses forces et facultés, ainsi le mariage, la propriété,
l’État et ainsi de suite n'auraient pas pu se développer de
manière correcte comme elles se sont développées. La guerre de
tous contre tous aurait empêché chaque sorte d'associations.
Car à l'intérieur d'une association, l'humain est toujours
contraint d'abandonner une partie de son individualité. À cela
l'humain est aussi enclin au début d'un développement de
culture. Cela sera confirmé par différentes choses. Il n'y a
pas eu par ex. de propriété privée au début. Stein dit
là-dessus (p. 91) : « C'est un fait, lequel sera
prétendu avec unanimité par les chercheurs en la matière, qui
agit avec d'autant plus de conviction, que plus rarement une
telle est tout de suite à viser sur ce domaine que la forme
originelle de la propriété a été une communiste et l'est
volontiers aussi restée pendant une période non mesurable
jusque profondément dans la barbarie ». Il n'y a pas eu
une propriété privée qui place l'humain dans la situation de
faire valoir son individualité au début du développement de
l'humanité. Et par quoi pourrait être illustré de manière plus
drastique qu'il y a eu un temps dans lequel le sacrifice de
l'individu dans l'intérêt d'une communauté a valu comme
correct, que par la circonstance que les Spartiates ont, dans
une certaine période, simplement abandonnés et livrés à la
mort des individus faibles afin qu'ils ne tombent pas à la
charge de la communauté ? Et quelle confirmation trouve
ce même fait par la circonstance que des philosophes d'époques
anciennes, par ex. Aristote, n'ont pas du tout pensé que
l'esclavage a quelque chose de barbare ? Aristote voit
comme évident qu'une certaine partie des humains doit servir
une autre partie comme esclaves. On peut seulement avoir un
tel avis quand il s'agit en premier lieu de l'intérêt de
l'ensemble et pas de celui du particulier. C'est facile à
prouver que toutes les institutions sociétales au début de la
culture ont eu une telle forme, qui amène l'intérêt de
l'individu au sacrifice à celui de l'ensemble.
[451/04]Mais c'est tout aussi vrai que dans le déroulement
suivant de l'évolution, l'individu s'est appliqué à faire
valoir ses besoins vis-à-vis de ceux de la communauté. Et
quand nous y regardons plus exactement ainsi est donné, dans
le début du développement de culture, un bon morceau de
l'évolution historique dans le faire-valoir de l'individu
vis-à-vis des communautés nécessairement naissantes qui se
construisent sur l'enfouissement de l'individualité.
[451/05] Par saine réflexion, on devra reconnaître que des
institutions de société furent nécessaires, et qu'elles ne
pouvaient naître qu'avec l'accentuation d'intérêts communs.
Mais la même saine réflexion conduit aussi à reconnaître que
l'individu doit lutter contre le sacrifice de ses intérêts
particuliers. Et par cela les institutions sociales ont pris
des formes qui tiennent plus compte des intérêts des individus
que cela était le cas dans des états passés. Et quand on
comprend notre temps, ainsi on a volontiers le droit de dire,
les plus avancées aspirent à de telles formes de communauté,
que l'individu sera aussi peu que possible handicapé par les
façons de la vie commune. La conscience s'estompe toujours
plus que les communautés peuvent être un but en soi. Elles
devraient devenir des moyens pour le développement des
individualités. L’État par ex. devrait obtenir une telle
organisation qu'il préserve le plus grand espace possible au
libre déploiement des personnalités particulières. Les
institutions générales devraient être faites au sens que ne
soit pas servi à l’État en tant que tel, mais à l'individu.
J.G. Fichte a donné, mais sans doute la seule expression
correcte en ce qu'il disait : l’État est là pour se
rendre progressivement superflu. Une vérité importante repose
à la base de cette remarque. Au début, l'individu a besoin de
la communauté. Alors seulement à partir de la communauté, il
peut développer ses forces. Mais plus tard, quand ces forces
sont développées, alors l'individu ne peut plus supporter la
tutelle par la communauté. Il se dit alors ainsi :
j'aménage la communauté de la manière qu'elle est la plus
utile au déploiement de ma particularité. Toutes les réformes
ou révolutions étatiques dans les temps récents ont eu
l'objectif d'amener à valoir les intérêts particuliers
vis-à-vis des intérêts de la communauté.
[451/06] C'est intéressant comme Ludwig Stein accentue chaque
institution sociétale particulière vis-à-vis de ce fait.
« La tendance évidente de la première fonction sociale,
le mariage, en est une s'améliorant constamment parce que se
compliquant par personnalisation avec des facteurs psychiques
– une lutte pour l'individualité » (p.79). En rapport à
la propriété Stein dit (p. 106) : « L'idéal social
est, vu philosophiquement, un individualisme adoucit par un
train communiste dans l'institution de l’État. » Pour
l'institution de l’État en général vaut d'après Stein :
« la tendance publique du devenir social » va sur
une « personnalisation incessante » et sur
« faire sortir la pointe individuelle de la pyramide
sociologique ». À l'observation de l'évolution de la
langue Stein dit : « Comme le communisme sexuel
débouche sur la monogamie individuelle, l'originelle propriété
de base se détache irrésistiblement en propriété privée, ainsi
l'individu arrache sa personnalité spirituelle, sa langue, son
style au communisme linguistique reposant dans l'intérêt de la
société. Aussi ici donc la solution s'appelle :
auto-affirmation de l'individualité ». Du développement
du droit Stein dit : « L'âme du développement du
droit, qui s'étirait originellement sur toute la gens
(NDT Une gens (pluriel latin gentes) est
dans le système social romain, un groupe familial
patrilinéaire portant le même nom, le gentilice
(en latin nomen gentilicium))., pour s'emparer
progressivement des individus corporels particuliers et alors
à l'intérieur de cet individu de la corporéité dans les plus
fines et tendres ramifications de l'âme, nous dessine une
image d'ailleurs fugitive, mais quand même suffisamment
caractéristique de ce qui se trouve dans l'infinie locomotion
du processus d'individualisation du droit » (p. 151).
[451/07]Il me semble maintenant qu'après établissement de ces
faits la tâche des philosophes sociologiques aurait été de
passer dans l'évolution de l'humanité à la loi sociologique
fondamentale qui s'ensuit avec une nécessité logique et que je
voudrais exprimer de la manière suivante. L'humanité se dirige
au début d'une période de culture vers l'apparition de
groupements sociaux ; tout d'abord, l'intérêt de
l'individualité est sacrifié à l'intérêt de ces groupements ;
le développement ultérieur conduit à la libération de
l'individualité des intérêts des groupes et au libre
déploiement des besoins et forces de l'individu.
[451/08] Maintenant, il s'agit de tirer les conséquences de
ce fait historique. Quelle forme de société et d’État
peut-elle être la seule enviable quand toute évolution sociale
va sur un processus d'individualisation ? La réponse ne
peut être trop compliquée. L’État et la société, qui se
considèrent comme leur propre but doivent aspirer à la
domination sur l'individu, est indifférent comment cette
domination sera exercée de manière absolutiste,
constitutionnelle ou républicaine. Si l’État ne se regarde
plus comme fin en soi, mais comme moyen ainsi il n'accentuera
aussi plus son principe de domination. Il s'organisera ainsi
que l'individu vienne à se faire valoir de la manière la plus
grande possible. Son idéal sera l'absence de domination. Il
sera une communauté qui ne veut rien du tout pour elle, mais
tout pour l'individu. Quand on veut parler dans le sens d'une
manière de penser qui ne se meut pas dans cette direction,
ainsi on peut seulement tout combattre qui équivaut
aujourd'hui à une socialisation des institutions sociétales.
Cela Ludwig Stein ne le fait pas. Il part de l'observation
d'une chose juste, mais de laquelle il ne peut pas déduire une
loi correcte en une conclusion finale qui décrit un compromis
paresseux entre socialisme et individualisme, entre communisme
et anarchisme.
[451/09] Plutôt que de concéder que nous nous dirigeons vers
des institutions plus individualistes, il essaye de courir au
secours d'un principe de socialisation qui ne daigne à la
considération de l'intérêt particulier aussi loin que ne
seront pas restreints par cela les besoins de la totalité. Par
exemple pour le droit, Stein dit (p. 607) : « Sous
socialisation du droit, nous comprenons la protection
juridique des économiquement faibles ; la consciente
subordination des intérêts du particulier sous ceux d'un tout
commun plus grand, ou encore de l’État, mais en toute fin le
genre humain. » Et une telle socialisation du droit
Ludwig Stein la tient pour souhaitable.
[451/10] Je ne peux m'expliquer un tel avis que quand
j'accepte qu'un érudit a ainsi été saisi par des slogans
habituels de l'époque, qu'il n'est pas du tout en mesure de
déduire les conclusions correspondantes de ses présupposés
justes. Les présupposés justes gagnés de l'observation
sociologique devraient obliger Ludwig Stein à placer
l'idéalisme anarchiste comme l'idéal social. À cela
appartiendrait un courage de la pensée qu'il n'a visiblement
pas. L'anarchisme, Ludwig Stein semble absolument le connaître
seulement dans la forme stupide sans borne, en ce qu'il se
dirige à sa réalisation par la racaille des lanceurs de
bombes. Quand page 597 il dit : « Avec une
communauté de travailleurs pensante, consciente du but,
organisée pour laquelle les lois de la logique ont une
validité liante, on s'entend », ainsi il prouve ce que
j'ai dit. Avec la communauté de travailleurs pensant
communiste une compréhension n'est justement aujourd'hui pas
possible pour celui-là qui ne connaît pas seulement les lois
de l'évolution sociale comme Ludwig Stein, mais qui sait aussi
les interpréter correctement, comme Ludwig Stein ne le peut
pas.
[451/11] Ludwig Stein est un grand érudit. Son livre prouve
cela. Ludwig Stein est un politicien social enfantin. Son
livre prouve cela. Les deux sont donc bien correctement
compatibles en notre temps. Nous l'avons amené à une culture
pure dans l'observation. Mais un bon observateur n'est encore
longtemps pas un penseur. Et Ludwig Stein est un bon
observateur. Ce dont il nous fait part, et d'autres, comme
résultat de son observation, nous est important, ce qu'il
déduit de ces observations nous est inacceptable.
[451/12] J'ai lu son livre avec intérêt. Il m'a vraiment été
utile. J'ai beaucoup appris de lui. Mais j'ai toujours dû
tirer d'autres conclusions des hypothèses, que ce que Ludwig
Stein a tiré d'elles. Où les faits parlent par lui, il me
stimule ; où il parle lui-même, je dois le combattre.
[451/13] Maintenant, je me demande toujours quand même :
comment Ludwig Stein peut alors venir à des idéaux sociaux
inversés malgré des vues justes ? Et là je reviens sur
mes affirmations d'origine. Il n'est pas en situation de
trouver des lois sociales à partir des faits sociaux.
Aurait-il pu cela, alors il ne serait pas venu à un compromis
paresseux entre socialisme et anarchisme. Car qui peut
vraiment reconnaître des lois, celui-là agit absolument en
leur sens.
[451/14] Toujours de nouveau je dois revenir là-dessus que
dans notre temps les penseurs sont lâches. Ils n'ont pas le
courage de tirer les conclusions de leurs hypothèses, de leurs
observations. Ils tirent des compromis avec la non-logique.
Ils ne devraient pour cela absolument pas entamer la question
sociale. Elle est trop importante. Purement pour construire
une paire de conclusions triviales sur de correctes
hypothèses, qui seraient dignes d'un réformateur social
modéré, tenir des cours magistraux et alors les éditer comme
livre, pour cela cette question n'est donc pas une fois là.
[451/15] Je regarde le livre de Stein comme une preuve de ce
que peuvent beaucoup de nos érudits, mais comme peu ils
peuvent vraiment penser. Nous avons besoin de courage dans le
présent ; le courage de la pensée, le courage de la
conséquence, mais nous n'avons malheureusement que des
penseurs lâches.
*
[451/16] Le manque de courage de la pensée, je
voudrais le considérer pour ainsi dire comme le train
lancinant de notre temps. Émousser une pensée d'après ses
conséquences, lui opposer une autre « tout aussi
justifiée » : cela est une tendance toute générale.
Stein reconnaît que le développement humain se dirige vers
l'individualisme. Le courage lui manque de réfléchir
là-dessus, comment à partir de nos conditions/rapports nous
pouvons atteindre une forme de société tenant compte de
l'individualisme. Il y a peu E. Münsterberg a traduit un livre
du professeur bruxellois Adolf Prins. (« Liberté et
devoirs sociaux » de Adolf Prins, édition allemande
autorisée du Dr. E. Münsterberg, éditions Otto Liebmann,
Berlin 1897). Prins connaît d'après tout son contenu, la
vérité qui doit couper sans plus la tête à tout socialisme et
communisme : « Et je pense, parmi les éléments qui
forment l'éternel fondement de l'humanité, la différence des
humains est l'une des plus résistantes. » Aucune forme de
société ou d'État socialiste ou communiste ne peut prendre en
compte la méritoire inégalité naturelle des humains. Chaque
organisation prédéterminée en son essence par quelque principe
doit nécessairement opprimer le plein développement libre de
l'individu pour s'imposer comme organisme d'ensemble.
Aussi quand un socialiste reconnaît en général la
justification du plein développement du principe de toutes les
personnalités particulières, il cherchera par réalisation
pratique de ses idéaux à émousser ces particularités aux
individus qui ne conviennent pas dans son programme.
[451/17] Le cours des pensées du professeur belge est
intéressant. Il admet du départ que l'accumulation du pouvoir
de domination a un endroit est dommageable. Il parle à cause
de cela des institutions moyenâgeuses avec leurs systèmes
d'administration et de soin du droit à la parole appuyée sur
des groupements locaux et des individualités régionales
vis-à-vis des efforts originaires de la Romanité, qui ont
voulu centraliser la parole avec passage des particularités
individuelles de tout pouvoir à un endroit unifié (p. 40 sv).
Prins est même contre le droit de vote universel, parce qu'il
trouve que par là une minorité sera violée par la domination
d'une majorité peut-être minime.
Malgré tout, il vient à conseiller de lâches compromis entre
socialisme et individualisme. Que toute guérison surgisse de
l'activité des individualités : cela aurait dû se montrer
de toutes ses observations. Il n'a pas le courage de concéder
cela et dit : « Mais la plus haute mesure de
l'individualité ne grandit pas d'une surcharge
d'individualisme » (p. 63). Je voudrais contredire
cela : d'une « surcharge » de l'individualisme
ne peut absolument pas être parlé, car personne ne peut
savoir, ce qui se perd d'une individualité quand on la limite
dans son libre déploiement. Qui veut tenir mesure ici,
celui-là ne peut pas du tout savoir quelles forces
sommeillantes il élimine du monde avec ses gauches
dispositions de mesure. Donner des propositions pratiques
n'appartient pas par ici ; mais ici est volontiers la
place de dire que qui sait interpréter le développement de
l'humanité ne peut défendre qu'une forme de société qui a pour
but, de tout côté, le développement non retenu de l'individu
et pour lui chaque domination de l'un sur l'autre est une
atrocité. Comme l'un viendra au bout avec lui-même, cela est
la question. Chaque individu résoudra cette question quand il
n'est pas empêché en cela par toutes les communautés
possibles.
[451/18] De toutes les dominations, la pire est celle
qu'ambitionne la sociale démocratie. Elle veut éjecter le
diable par Belzébuth. Mais elle est aujourd'hui maintenant une
fois un fantôme. Et que là, la couleur la plus stimulante est
familièrement le rouge, ainsi elle agit terriblement sur
beaucoup d'humains. Mais seulement sur des humains qui ne
peuvent penser. Ceux-là qui peuvent penser savent que la
réalisation des idéaux socio-démocrates sera l'oppression de
toutes les individualités. Mais parce que celles-ci ne peuvent
se laisser opprimer – car l'évolution humaine a une fois jeté
son dévolu sur l'individualité -, ainsi la victoire de la
social-démocratie serait aussitôt celle de son effondrement.
[451/19] Cela ne semblent pas considérer ceux qui se laissent
intimider de telle manière par les lambeaux de drapeaux rouges
de la sociale démocratie, ils croient que chaque théorie sur
la vie en commun de l'humain devrait être tartinée de
nécessaires gouttes d'huile sociale. Ainsi, les deux sont
huileuses, celle de Ludwig Stein et celle de Adolf Prins.
[451/20] Les deux ne savent pas bien s'aider. Ils pensent.
Par cela ils devraient devenir des individualistes ou,
disons-le sans réserve, des anarchistes théoriques. Mais ils
ont peur, une peur infernale des conséquences de leur propre
pensée et à cause de cela ils huilent les conséquences de leur
pensée avec un peu des allures socialistes étatiques du noble
Bismarck et le non-sens social démocratique des messieurs
Marx, Engels et Liebknecht. Qui apporte beaucoup, apportera à
maint quelque chose.
[451/21] Mais cela ne vaut donc pas pour un penseur. Je suis
de l'avis, que chacun doit se mouiller pour la conséquence de
l'avis qui est conforme à sa nature. Est-elle fausse, alors
vaincra déjà une autre. Mais si nous vaincrons, nous
laisserons cela à l'avenir. Nous voulons purement placer notre
homme dans le combat.
[451/22] Aux gens de l'artisanat de la pensée, il revient
décisif de collaborer dans la discussion sur la question
sociale. Car on leur répète que leur artisanat ne laisse pas
se faire jour l'aveugle passion de parti. Mais les penseurs
ont aussi besoin d'une passion. Celles de la reconnaissance
sans scrupule de leurs propres avis. Les penseurs de notre
temps n'ont pas ce sans-gêne.
[451/23] Ludwig Stein regrette dans l'introduction de son
livre que les philosophes du présent s'occupent si peu des
questions sociales. Je n'aimerais pas regretter cela dans la
même mesure. Nos philosophes seraient des penseurs qui ont le
courage de tirer les conséquences de leurs pensées, alors je
pourrais être d'accord avec Stein. Mais comme les choses
reposent ne ressortirait rien de particulier à une prise de
participation manifeste des philosophes à la discussion des
questions sociales. Et Ludwig Stein a prouvé cela avec son
épais livre. Il n'est pas écrit dans celui-là ce qui pour la
question sociale viendrait de quelque manière en
considération. Ce chou universel qui nous sera dressé à table
par les partis médians et candidats du compromis dans tous les
coins du monde, Ludwig Stein nous le présente avec une salade
un peu philosophique. Il n'en devient pas plus savoureux.
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