Monnaie = comptabilité mondiale

La monnaie permet d’acheter et de vendre des services et des biens, mais aussi de plus en plus de biens spéculatifs tels que des immeubles, des actions, des devises etc., malheureusement. Les mouvements monétaires atteignent des sommets incommensurables (en 2012, plus de trois millions de milliards de dollars us). Ces transactions sont aujourd’hui presque exclusivement de nature scripturale. La banque qui tient mon compte effectue ces mouvements en mon nom et consigne toute ma comptabilité par écrit. Ce processus est mondial. Nous avons donc une grande comptabilité mondiale, qui est le reflet de nos activités réelles en monnaie comptable. (Les mouvements d’espèces monétaires non enregistrés se trouvent dans une comptabilité immatérielle invisible. Mais physiquement, ces mouvements-là aussi ont des effets.)
Mais il y a quelque chose là qui ne correspond plus à notre comptabilité mondiale, c’est-à-dire, à notre monnaie. Cela ne reflète plus la réalité. Trop échappe au contrôle (NDT aux rames). Pour mieux en venir à ce dont il s’agit, l'histoire qui suit aimerait aider.
Imaginons une entreprise de production où le patron et le comptable manipulent les chiffres pour s’enrichir. (Ce sont des choses qui arrivent.) Dans le bilan annuel de l’entreprise, ils surévaluent les machines et les bâtiments au lieu de leur attribuer un coefficient de vétusté, autrement dit une valeur moindre, qui correspondrait davantage à la réalité. De la même manière, ils augmentent artificiellement la valeur des stocks disponibles alors qu’ils ont déjà perdu de la valeur. Sur le papier, l’entreprise va donc légèrement mieux que dans la réalité. Ils se rendent à la banque avec ces bilans falsifiés et demandent un crédit important pour accroître la production. Comme la banque s’y connaît mieux en chiffres qu’en réalité et que, évidemment, elle veut elle aussi faire des affaires, ils obtiennent ce crédit sans difficultés. Une partie du crédit est alors affectée à l’agrandissement de l’usine. Avec l’autre partie, le patron et son comptable s’attribuent une prime généreuse pour avoir fait une présentation judicieuse du bilan. Et comme l’astuce qui consiste à remplacer dans l’amortissement des valeurs négatives par des valeurs positives marche bien, ils continuent quelques années encore ce jeu de bilans surévalués qui leur ouvre les robinets du crédit. Ils augmentent alors dans le bilan le prix des terrains, qui marquent par ailleurs une tendance généralisée à l’augmentation du fait de la spéculation. Pour eux personnellement, la situation va on ne peut mieux ! Mais l’entreprise commence à se heurter à des difficultés parce que la plupart des machines et des bâtiments vieillissent, parce qu’on ne propose plus de formation continue au personnel, qui est maintenant sous-payé et démotivé et  la qualité des produits en baisse. Voilà qu’un audit indépendant découvre maintenant de sérieuses distorsions entre la valeur réelle de l’entreprise et celle inscrite au bilan. La différence est très élevée ! Mêmes les terrains eux- n’ont pas pris de valeur, mais en ont perdu car ils chargés de déchets. Au tribunal, le chef d'entreprise et la banque plaident non coupables car ils ont agi sur les chiffres du comptable. Et le comptable se déclare lui aussi non coupable : c’est vraisemblablement son système informatique qui a dû faire des estimations de plus en plus élevées de la valeur de l’entreprise au lieu de décrire la réalité… Au bout du compte, les dégâts sont supportés par les travailleurs licenciés, les créditeurs, l’environnement et les contribuables…
Remarquez-vous le parallèle entre notre comptabilité mondiale et la monnaie ? Notre monnaie globale augmente toujours plus, exactement comme dans cette histoire, ne reflète plus la réalité ! Les marchandises réelles perdent par usage et vieillissement leur valeur d'usage au fil des années. Les services eux aussi sont utilisés. Pour que la monnaie (= comptabilité) reste cohérente avec la valeur des biens et services, qui diminue au fil du temps, elle devrait en être défalquée exactement de la même manière. L'argent soit perdre sa valeur en permanence. Mais ce n’est pas ce qui se passe ! Au contraire, l’argent ne cesse de « faire des petits » par le biais de notre « système d’intérêts » et de crédits s'accroissant ! Ici repose le leurre, à quoi s’ajoute le fait qu'on ne laisse à peine cette monnaie qui se multiplie retourner pas dans le monde réel. Au contraire maintenant, cette argent, qui n’est donc en fait rien d’autre qu’un ensemble de données comptables (miroir) ou un « rendant possible », sera même encore  faite marchandise commercialisable. Il sera fait du commerce et spéculé avec de l'argent, c’est-a-dire avec des données comptables. L’illusion se multiplie et, en plus, cette argent né de l’illusion a par dessus le marché le droit d’acheter des choses réelles : ne sont pas seulement acheté des yachts ou de grandes villas, mais aussi des usines entières et des surfaces de terres énormes. L’argent gagné à ces occasions est replacé dans le commerce monétaire, la spéculation etc. L’économie réelle et avec cela l’homme et la nature sont de plus en plus saignés.
Ces dernières années, les sommes dédiées aux mouvements spéculatifs se sont accrues de manière exponentielle en comparaison des flux monétaires liés à l’économie réelle. Si les flux monétaires pour l’économie réelle étaient encore supérieurs en 1980 à ceux de l’économie spéculative, en 2012, ceux de l’économie spéculative étaient environ 60 fois (!!!) supérieurs à ceux de l’économie réelle. Une tendance en forte hausse —avec catastrophe prochaine garantie ! Cela est un problème systémique et en même temps moral des gens qui spéculant sans travail pour le monde réel veulent s’enrichir aux coûts de celui-ci. Ce crime, se passe aujourd'hui tout à fait légal, avec le soutien des politiques de tous les partis. Je pense que toutefois bien peu d’entre eux seulement comprennent ce cercle vicieux ; le reste se le font vendre bêtement avec l’aide des mass média, et le portent simplement. Il en va de même pour les représentants de nos organes de droit, de nos syndicats, de nos églises, de nos universités etc. Même ceux qui comprennent ce cercle vicieux, ils préfèrent, par peur de la débâcle, continuer à « alimenter » les "marchés" avec de toujours plus grandes sommes d'argent.

 

Cela nous rappelle l'histoire mondialement connue de Saint-Georges avec le dragon : une ville était occupée depuis longtemps par un dragon, qui exigeait qu’on lui offre chaque jour un jeune homme ou une jeune fille pour son repas ; faute de quoi il anéantirait la ville. Sur ordre du roi, chaque jour, les habitants de la ville tiraient au sort et envoyaient un de leurs jeunes, fille ou garçon, en pâture au dragon devant la porte de la ville. Comme il y avait de moins en moins de jeunes gens, le sort tomba un jour sur la fille du roi. Celui-ci (qui avait fini par se réveiller parce qu’il était enfin concerné) tenta par tous les moyens de proposer au peuple de libérer sa fille de ce sort. Il alla même jusqu’à leur proposer tous ses biens. Mais le peuple refusa. La fille du roi s’ajouta donc dignement à la longue liste des victimes du dragon. C’est alors que le chevalier Georges apparut devant les murs de la ville ; apprenant que la fille du roi allait bientôt mourir, il fit le signe de la croix, enfourcha son cheval et abattit le dragon d’un coup de lance ! Il dit alors aux habitants de la ville qu’il fallait s’aider les uns les autres désormais et demanda au roi de construire une église et de donner son argent aux pauvres…
De nombreux peuples ont une histoire comme celle-ci dans leur patrimoine, avec quelques variantes. On a très souvent représenté ce combat au cours des siècles. Sur les plus anciennes de ces reproductions, on peut voir un détail intéressant : le dragon a été terrassé et contrôlé, mais pas tué.
A l’époque, ces histoires avaient toujours une fonction de pédagogie populaire. Si nous amenons cette histoire en lien avec notre argent (c’est-à-dire avec notre conscience), on peut en tirer quelques parallèles : jusqu’à la dernière limite, les êtres humains se résignent simplement à leur sort, ce en quoi le dragon (comme ici, Mammon) se situe encore plus haut que le roi (cohésion de l’Etat). Aussi, on attend aveuglément une puissance qui vous sauve. Et c’est par cette puissance qu’ils se laisse dire qu’ils devraient « s’entraider ». — Ce qui est intéressant aussi, c’est que, dans les versions les plus anciennes, le dragon  (Mammon) n’est pas tué, mais seulement terrassé et contrôlé (par la conscience).
Aujourd’hui, au 21ème siècle, on devrait se dire qu'il y a une conscience plus grande. Combien de Georges avons-nous parmi nous ?
Je décrirai plus loin, aux chapitres « Serrer la bride aux banques » et « Un argent réaliste », des mesures qui nous permettront de trouver une issue à ce cycle infernal.

L’usure qui tue

Il y a quelques siècles, « l’usure », le fait de faire payer des intérêts, était encore interdite dans le monde chrétien. Il y a par exemple une ancienne représentation du Christ devant l’arbre des sept péchés capitaux (1. L’orgueil – fierté, 2. L’avarice – rapacité, 3. L’envie – la jalousie, 4. La colère – la rage, la soif de vengeance, 5. La luxure – sexe, 6. La gloutonnerie – l’absence de mesure, 7. La paresse). Sur cette représentation, on peut lire en gros dans les racines de l’arbre que « l’usure » est le péché originel et la cause de tous les autres.
Aujourd’hui, les Eglises sont bien silencieuses sur cette loi chrétienne ! Elles  essaient souvent de profiter elles-mêmes de « l’usure ». — Aussi dans le monde islamique: il est interdit de prélever des intérêts. Certes, à ce jour, on ne fait pas de bénéfices directement avec les intérêts, mais on spécule sur l’argent au même titre que dans les pays occidentaux.
La marche en avant de « l’usure », les intérêts et les intérêts composés avec leur croissance semblable au cancer approfondissent le gouffre devenant de plus en plus profond entre pauvres et riches. Un peu plus haut, on a déjà attiré l’attention sur le fait qu’un taux d’intérêt de 5 % double une somme d’argent en l’espace de 14 ans. Cela concerne d’une part le créditeur et d’autre part le débiteur. Si quelqu’un porte sur une colonne d’un livre de comptes 1 000 euros de dette, il portera sur l’autre colonne 1 000 euros d’avoir. La différence entre les deux est donc de 2 000 euros. Quatorze ans plus tard, ce fossé a doublé et atteint 4 000 euros ; 14 ans plus tard, c’est 8 000 etc. Ces situations se rencontrent dans le monde entier entre les pauvres et les riches ; dans beaucoup d’endroits, on n’arrive à rembourser ni le capital ni les intérêts. C’est ainsi que des vies entières sont étouffées.
Malgré tout les signes extérieurs menaçants la plupart des perdants, les simples citoyens se tiennent fermement à ce système d’intérêts et ne veulent ni se le laisser prendre ou le mettre en question. Ils semblent tous avoir peur qu’on veuille leur prendre les petits intérêts qu’ils touchent. En cela 90 % des occidentaux et 95 % de la population de la planète paient sous la forme d’intérêts directs ou indirects beaucoup plus d’intérêts qu’ils n’en reçoivent eux-mêmes. Cela se passe indirectement : car dans chaque prix d’un bien sont inclut les remboursements d’intérêts ou les profits d'intérêts des  producteurs ou des commerçants associés.

Pour que l'argent « proliférant » cesse de détruire le reste de nos conditions de vie, il faudrait au plus vite lui tailler les ailes de l'interêt. La monnaie doit perdre de sa valeur, au même titre que n’importe quelle marchandise ! Il faut que la monnaie ait le droit de vieillir.
Il y a déjà plus d’un siècle que Silvio Gesell et Rudolf Steiner, indépendamment l’un de l’autre, ont montré la force destructrice des intérêts et proposé différentes contre mesures, chacun à sa manière. Gesell tenait surtout à des mesures légales, tandis que Steiner penchait plutôt pour une modification large de la conscience. Tout au long de ce siècle, ces deux points de vue ont mobilisé des partisans, qui ont tenté plusieurs voies pour mettre en oeuvre leurs idées. C’est de là que sont nées certaines banques qui essaient d'aborder le problème de « l’usure ». On en lira plus au chapitre « Serrer la bride aux banques ».

Le négoce sur les terres, le travail et le capital détruit nos vies

Nous avons vu plus haut que par la pression à la croissance, les intérêts et les dettes se crée de plus en plus d'argent. Mais la plus grande partie de ces flux monétaires en augmentation constante mais à cause de la recherche croissante de profits des possédants ne trouve plus le chemin de l’économie réelle. Et ce qui reste pour alimenter les vrais moteurs de l’économie que sont la « nature », qui met ses matières premières à notre disposition, et la culture, qui soutient les capacités humaines, ne représente donc plus qu’une toute petite partie de la monnaie en circulation.
Avec les profits, on préfère spéculer « sur les marchés financiers » ou à titre privé. Spéculer signifie ici encaisser des profits sans apporter en contrepartie un travail propre, qui crée de la valeur (réelle).

Comme la spéculation se répand maintenant dans de larges couches de la population, je demande à ceux qui participent à ce « grand jeu » un peu de courage pour continuer à lire. En même temps, je préviens tout de suite ces lecteurs que, selon toute vraisemblance et quels que soient leurs gains, ils appartiennent aux grands perdants de cette loterie géante qu’est la spéculation. (En un sens plus élevé d’ailleurs, même les très grands font partie des perdants.)
Mais qui paie les profits ? C’est nous tous, à travers notre consommation quotidienne ! Pourquoi payons-nous les profits des spéculateurs à travers notre consommation quotidienne ?
D’une part en remboursant des intérêts pour les crédits et hypothèques des nombreuses entreprises qui ont participé directement ou indirectement à l’élaboration d’un produit, ce qui induit une hausse des prix à la consommation non négligeable.
D’autre part, ces mêmes prix à la consommation intègrent aujourd’hui les coûts énormes de trois domaines très discutables.

1) Du commerce avec les sols/terrains ou aussi les immeubles, qui se tiennent sur terrain devenant toujours plus cher. Ce qui fait que ceux qui contractent des baux ou des locations sont prié de passer de plus en plus à la caisse. Dans tous les prix, on retrouve indirectement cette hausse du coût des loyers, des baux et des terres.

2) Du commerce avec les forces de travail qui apportent leurs capacités dans l’entreprise. Ils sont sans cesse baladés ici ou là sans qu’on leur demande leur avis (!), à la merci de n’importe quel échange d’actions et  sont spoliés des profits qu’ils ont collectivement générés. Dans tous les prix, nous retrouvons indirectement ces attentes de profits que les actionnaires veulent toujours plus élevés.

3) Du commerce avec le capital : devises, fonds spéculatifs etc., ces secteurs ponctionnent aussi les profits de l’économie réelle, ce qui renchérit les prix finaux. Aujourd’hui, par exemple, tous les produits sont en lien avec le commerce mondial, ce qui signifie toutes sortes d’opérations de change sur les devises. Cela représente des profits gigantesques sur les marchés spéculatifs.

Mais le commerce et la spéculation sur les éléments fondamentaux pour l’économie que sont la terre, le travail et le capital contredisent une économie (réelle) saine ! Pourquoi ?
Sur le 1. La terre a été donnée à tous les hommes par la nature (Dieu) pour que nous puissions nous développer en responsabilité. C’est en même temps un droit de l’homme et un devoir de l’homme qui nous a été donné. Avec la  terre peut seulement toujours être associer un « droit » avec une obligation de soins. Mais nous pensons pouvoir « posséder » la terre par les guerres, le pouvoir, l’hérédité et de plus en plus aujourd'hui en l’achetant. Aussi longtemps que la possession de terres était encore plus comprise comme droit d'établissement et droit à cultiver avec l’obligation concomitante de la traiter avec soin et diligence, le dommage pour l’économie générale était encore limité. Mais depuis qu’est commercé et spéculé de manière croissante avec la terre, donc avec un « droit » pas un bien de l'économie, cela a des effets ruineux sur l’économie réelle et la paix sociale. De plus en plus, les possédants de « droit » s’enrichissent par cela sans fournir le moindre travail productif sur le dos des non-possédants. En Allemagne, par exemple, les prix des baux agricoles ont doublés en 7 ans. C’est la « conquête moderne des terres par les plus forts ».
Sur le 2. Du fait de sa longue évolution culturelle, l'être humain — et avec lui sa force de travail — est doté de capacités qui devraient se tenir à disposition pour son évolution future et aussi celle de ses semblables. résultat de la culture, respectivement ce potentiel de développement appartient à la « liberté » de l'être humain. Les capacités humaines n’ont pas à devenir des biens de commerce. Nous pouvons vendre les résultats de notre travail, mais jamais le génie de l'être humain. C’est sur la base de ce génie que l’homme doit pouvoir se décider « librement », de quelle contribution il rend à l’humanité par son travail et avec quels collaborateurs il le fait. Aux collaborateurs, appartient évidemment par ex. une direction, qui organise le travail. Mais pour une poignée d’actionnaires qui sont au-dessus de la direction et qui sucent seulement purement le profit, la plupart des gens ne travaillent pas forcément librement. Ce fait aussi renchérit l'ensemble de notre vie ! C’est un « commerce d'esclave moderne ».
Sur le 3. Le capital pourrait apparaitre par l'évolution générale de la culture et la division du travail en ayant résulté. Ce capital est le résultat d’un d'une évolution spirituelle qui a été élaboré par l’humanité toute entière au travers de nombreuses. D’où il s’ensuit que le capital est un « droit sur évolution/développement » qui devrait se tenir à disposition de l'évolution ultérieure de l’humanité. Confier ce capital à quelques rares profiteurs qui ne travaillent pas réellement conduit à une « déculturation » toujours plus grande de l’humanité. La spéculation sur les denrées alimentaires et les matières premières, par exemple, augmente leur prix sur le marché. Ce mauvais rapport au capital (= droit au développement) a donc un effet de plus en plus délétère sur tous les rapports économiques et écologiques. L’humanité et la nature sont toujours plus vite exploitées jusqu'à ce que cela mène à la catastrophe. Ainsi, le commerce et la spéculation sur le capital ne sont rien d’autre qu’un "vol avec violence sur le développement culturel de l’humanité".
Dans nos prix à la consommation se cachent maintenant en pack les profits aspirés par les intérêts et le négoce sur les terres, le travail et le capital. Cette part représente bien plus de 50 % du coût de notre vie quotidienne. Tendance en hausse.
Comment pouvons-nous nous représenter ou calculer encore plus précisément cette retenue de 50 % dans notre coût de la vie ? Ce n’est pas compliqué. J’ai réussi à trouver sur Internet quelques indications même si, en général, les profits spéculatifs que j’indique comme provenant de la terre, des biens immobiliers et du capital ne sont pas encore intégrés. Il semble ressortir de ces calculs que les profits tirés de processus de travail productif réel ponctionnent bien au-delà des 50 %.
Pour ceux qui s’y intéressent, sur les deux pages suivantes, j’essaie de préciser par des estimations les retenues cachées par profits des spéculateurs : la plupart des gisements de matières premières, les industries de transformation, les entreprises de transport et les chaines de magasins sont dans les mains de purs spéculateurs cherchant des profits. Ceux-ci reçoivent en moyenne 6 % du chiffre d’affaires sous forme de dividendes (en 2013 par exemple, Glencore matières premières, 4,8 % ; ABB, 5,8 % ; Siemens, 7,8 % ; VW, 6 % ; Novartis, 12 % ; Bayer, 6,4 % ; Nestlé, 11,5 %).
De plus, pour chaque entreprise je suppose qu’il y a un minimum de 2,0 % de frais financiers liés au profit, 2,5 % d’augmentation de la part des baux et des bâtiments et 2,5 % d’augmentation des coûts liés à la spéculation sur le capital, par exemple sur les matières premières. Ce qui donne pour chaque entreprise un minimum de 13 % de profits qui sont ponctionnés du chiffre d’affaires au profit d’un monde spéculatif qui ne travaille pas réellement.
Aujourd’hui, chaque produit passe dans une série d’entreprise tout au long de son élaboration. Plus un produit est élaboré et spécialisé, plus il passe par un grand nombre d’étapes de production et d’entreprises, chacune d’entre elles donnant lieu à une succion supplémentaire de profits, qui s’additionne aux profits déjà ponctionnés précédemment.
Exemple : la construction d’une automobile nécessite 7 stades au minimum : extraction de la matière première, travail de la matière première (par exemple, fondre le minerai en fer), commercialisation et acheminement de la matière première, fabrication de petites pièces (comme les vis ou les câbles), fabrication des composants (comme les moteurs d’essuie-glace), assemblage de la voiture (c’est ici seulement qu’on voit apparaître les marques des voitures), jusqu’à la commercialisation. En règle générale, chacune de ces étapes double le prix pour payer le personnel, les machines, les bâtiments, le développement, les impôts etc. Cela, c’est l’économie réelle. Mais à chacune de ces étapes, les spéculateurs eux aussi entendent être associés aux bénéfices même s’ils ne fournissent pas de travail réel.
Pour simplifier les choses, plutôt que 13 %, je considérerai un taux de profit de 10 % seulement par étape du processus de production. Le tableau simplifié qui suit montre que le prix d’une voiture passe de 200 euros (coût de l’extraction de la matière première) à 24 900. Sans ces ponctions successives sur les profits, le prix final, dans cet exemple simplifié, atteindrait environ 12 800 euros, soit 50 % du prix habituellement pratiqué aujourd’hui :

Coûts de fabrication d’une automobile

 

Extraction

Travail

Commer
cialisation

Fabrication de

assemblage de la voiture

commer
cialisation.

 

 

de la matière première

petites pièces

composants

Coûts sans ponction de bénéfices

200

400

800

1600

3200

6400

12800

Côuts avec ponction de bénéfices

200

440

968

2129,60

4685,12

10307,26

22675,96

+ 10 % ponction de bénéfices

20

44

96,8

212,96

468,51

1030,72

2267,60

Prix du marché

220

484

1064,80

2342,56

5153,63

11337,98

24943,56

Exemple simplifié : les coûts de fabrication d’une voiture doublent à chacun des stades du processus, qu’il y ait 10 % de ponction de profits, ou non.

De ces succions de profits dans l’économie réelle, il ne faut plus s’étonner qu’une voiture continue à coûter environ 6 mois de salaire, même si, depuis 50 ans, le temps humain de production dans son ensemble ne représente plus qu’une fraction des heures de production. (A cette époque, une voiture coûtait environ un an de salaire. Mais les profits étaient alors majoritairement réinvestis dans l’industrie. Aujourd’hui, ils sont presque totalement réinvestis dans les marchés spéculatifs purement fictifs.)

Dans le cadre d’une nouvelle orientation sociale, il serait important de recalculer la part de profits cachés des spéculateurs dans le coût de la vie en se fondant sur différents points de vue et d’aborder cette question en débats publics. Même s’il est difficile d’en donner des valeurs exactes, ces discussions finiront bien par montrer que, loin d’être l’apanage du Sud, ces rapports d’exploitation gagnent du terrain chez nous aussi.

Ces profits ponctionnés sur l’économie réelle s’accumulent de plus en plus dans des marchés financiers et cherchent de nouveaux moyens pour exploiter l’économie réelle. Cette croissance incontrôlée et métastasique se répand de plus belle. Le capital ne cesse d’augmenter ; il pend au-dessus de nos têtes, telle une épée de Damoclès qui menace de s’écraser sur nous à tout moment.

Les effets de cet effondrement inévitable, on peut les réduire par diverses attitudes personnelles. Notamment en retirant notre argent des banques classiques, des caisses de retraite et des assurances, ce qui empêchera tous ces établissements de spéculer et de faire des affaires catastrophiques avec notre argent.
On peut aussi édicter des conditions générales légales et fiscales qui interdisent, ou au moins restreignent sérieusement, la possibilité de retirer ou d’accumuler des capitaux de toutes sortes dans le monde de la spéculation fictive. A ce propos, cf. plus loin quelques recommandations au chapitre « Possibilités de contrôle ».
Evidemment, tant que l’effondrement n’aura pas eu lieu, les possédants, avec l’aide de leurs hommes politiques et de leurs média, contesteront tout cela ; peut-être même chercheront-ils à s’y opposer. Mais la tendance au renouveau dépend du nombre de gens qui ont observé les errements de notre système et tiennent à expérimenter dès maintenant d’autres voies.
Hélas, les grands spéculateurs ne sont pas les seuls à protester contre l’idée de taxer la spéculation. Ni les petits actionnaires, ni les petits propriétaires terriens ne veulent entendre parler de changements. Alors même que la plupart d’entre eux font partie des perdants du grand casino de la spéculation.
Voici un exemple de calcul pour voir si on fait partie (qu’on soit homme ou femme) des gagnants ou des perdants dans notre monde de la spéculation destructrice.
Additionnez sur une page vos dépenses générales annuelles pour vous loger, manger, vous déplacer, vous assurer, prendre des vacances et des loisirs etc. Vous arrivez par exemple à 78 000. Prenez la moitié de ce nombre : 39 000. Ce sont les bénéfices cachés de l’intérêt, des baux et de la spéculation réalisés par les possédants. Et maintenant, calculez sur une autre feuille votre propre bénéfice annuel, celui que vous touchez sans travail productif ; par exemple, intérêts : 400 ; revenus locatifs nets : 5 000 ; bénéfice net en actions : 1 600 ; augmentation de la valeur du patrimoine immobilier : 6 000. Cela donne pour vous 13 000 en bénéfice sans réel travail productif. Comparez à vos bénéfices de 13 000 les 39 000 calculés ci-dessus, les pertes cachées dans le coût de votre vie par les retenues du monde de la spéculation. Vous voyez qu’avec vos 26 000 de perte vous ne faites partie que des petits escrocs qui se font arnaquer par les grands escrocs.

Autrement dit, même les petits spéculateurs ont intérêt à exiger des modifications législatives.