Mise à
jour : 06/06/2020 puis 08/06/2020
D035 - Société
civile
Deux
définitions de la société civile
À côté des représentants élus du
peuple, de plus en plus d'individualistes ayant des
postulats socialement pertinents entrent sous les feux
de la rampe. Je fais ici référence aux critiques de la
mondialisation et à d'autres humains qui agissent
d'une manière socialement efficace. À côté de
l'économie mondiale et de la politique mondiale
traditionnelle, ces gens forment déjà une troisième
force globale et sont peut-être en train de former
justement une société civile postnationale. D’où vient
la motivation pour leur action ? C’est une source
interne autonome et non un mandat (NDT ou une
mission), ou un poste de délégation extérieure, par
exemple par le biais d'élections. Ils agissent
intérieurement de manière autonome et libre. C’est une
caractérisation un peu générale, sans doute enjolivée
et idéalisée, mais qui toutefois correspond bien à une
tendance réelle. Ces gens apportent la liberté de leur
esprit et, parlé de manière générale, de la vie de
l’esprit, en tant que troisième force dans le devenir
du monde. Une définition supplémentaire du mot société
civile est que la vie privée prend de plus en plus
d'espace. Le temps libre avec la possibilité
d'autodétermination et d'autoréalisation devient de
plus en plus un but de vie.
Aux deux définitions est propre
l’espace propre/personnel, libre et autonome. De
celui-ci, peuvent cependant, comme indiqué ci-dessus,
se constituer des actions de portée mondiale. Et cela
aussi loin que ce temps libre et cette prospérité- ont
déjà été rendu possible pour de larges cercles
de population par l'économie et la technologie
hautement efficace basée sur la division du travail
dans le monde entier.
***
Cette introduction dont
Sylvain Coiplet doute aujourd'hui qu'elle soit de lui,
était sur le site tel que j'en ai repris le
développement vers 2011, c'est aussi toujours celle du
glossaire en allemand, et elle est donc aussi quasi
contemporaine de l'émergence du concept dans les
milieux de tri-articulation et anthroposophiques.
C'est principalement le mérite de Nicanor Perlas
d'avoir établi un lien entre ce qui était en train
d'émerger dans les dernières décennies du 20e siècle
(sous la forme organisée d'Organisations Non
Gouvernementales et de mouvement alter mondialiste
capable de contrecarrer partiellement le monde
politique et économique mondial dominant rassemblé au
Sommet de Seattle aux USA en 1999) et ce que Rudolf
Steiner appelait "la vie de l'esprit " comme un des
trois "composants" dans la "chimie" d'une société dans
sa tri-articulation sociale. Il y a donc suscité un
certain enthousiasme proportionnel à beaucoup de
méconnaissances d'alors. Mais déjà aussi des réserves
et des questions. On peut en avoir un aperçu documenté
partiellement sur le site par la commande
suivante dans un moteur de recherche :
civile
site:www.triarticulation.fr
20 ans après, Nicanor
Perlas reste une figure mondiale d'un engagement pour
une tri-articulation. Étant un des orateurs principaux
des fêtes du centenaire de celle-ci, l'an passé à
Stuttgart, il a surtout enfourché, sans le moindre
apport en science sociale cette fois-ci, la cause
d'une science non matérialiste face au transhumanisme
misant, fort d'un système social lui permettant
quasiment d'or et déjà ses ambitions, sur le transfert
de l'esprit singulier à des dispositifs techniques
physiques pour "vaincre la mort" individuelle.
Rétrospectivement, ce qui est écrit ci-dessus pour
définir son concept de société civile, m'apparaît
aujourd'hui comme étonnamment prudent et modeste pour
l'époque et se limite vraiment à la réalité du lien
positivement établi... sans plus.
Car si ce que Perlas a apporté alors est encore vrai,
c'est peut-être qu'il a, en quelque sorte, pointé sociologiquement
une partie d'un phénomène d'évolution des individus et
des sociétés, déjà posé cependant par R. Steiner
en 1898.
C'est bien cela qui
commençait effectivement à devenir plus manifeste en
2000. Mais avec le recul, l'approfondissement par
certains entre-temps de ce qui fut apporté entre
1917 et 1922, il faudrait cependant aussi en
caractériser les aspects contre-productifs pour
approcher une tri-articulation efficiente.
Cela est plus facile
quand on tente d'aborder comment chacun et ensemble
pourrait en fait la comprendre et s'en saisir pour
infléchir le cours du monde. Mais cela reste un
exercice difficile par la chose écrite, car il faut
pour cela s'approprier plus avant ce qu’ont
apportés les caractérisations successives des
domaines sociaux, par R. Steiner : passer
avec lui d'une science de "l'étant", du devenu,
propre aux sciences de la nature d'alors (et
d'aujourd'hui souvent encore) avec les conséquences
parfois destructrices à cause de son exclusivité à
une du "devrait", du devenir, de l'émergence, du
potentiel. Il faut passer consciemment de ce qui vit
encore mêlé instinctivement, mais se retirant,
à cette tri-articulation de processus constituant
d'abord nos corporéités, et les maintenant en vie un
temps par la suite, à ceux qui, s'ils peuvent
s'exprimer correctement en un pendant social,
peuvent aussi soutenir ceux d'humanité dans le
biologique. C'est cela qui peut encore se dégager de
la fréquentation des vestiges imprimés ou numérisés
de ce propos maintenant ancien.
Il vaut donc mieux réserver cela à des séminaires de
formation ou d'approfondissement où les
participants, se saisissant d'abord de concepts
relativement abstraits, peuvent aussi se voir...
voir se "toucher", pour bien signifier une rencontre
sans média toujours réducteur, sans dispositifs
physiques techniques (autres que ceux de nos corps,
mais vivants eux), parce que cela met justement en
jeu les différentes façons de distinguer entre les
domaines de vie en société ayant chacun leur
histoire, et d'abord invisibles parce que
d'abord temporels ; ces différents types de rapports
à établir aussi entre nous en chacun d'eux, ces
différentes façons de vivre en société auxquelles
s'ajoute, depuis ces indications, celle de leur
interprétation.
François Germani
|