D018 - Nationalisme
Définition
du
nationalisme
Le nationalisme est une maladie sociale. Le
nationalisme est souvent défini comme une référence
exagérée à sa propre
nation, ce qui laisse chacun libre de se déclarer à
peu près en bonne santé.
Une définition impartiale est que toute référence
positive à une soi-disant
nation est déjà du nationalisme. Mais ensuite vient
la question cruciale :
qu'est-ce qu'une nation ? L'ancienne distinction
entre une nation d'État
et une nation de
culture montre clairement qu'une
nation peut être comprise comme un État ou une
culture. Vers l'Ouest, la nation
signifie l'État. A l’Est, à commencer par
l'Allemagne, la nation est pensée culturellement.
C'est la théorie courante. Mais sera souvent méconnu
que l'État ou la culture
deviennent le plus souvent une nation lorsqu'ils
essaient d'être les deux en
même temps. La nation est donc un malentendu.
Devrait grandir ensemble ce qui
n'a rien à faire ensemble. Cela vaut aussi quand on
considère la distinction
entre une nation étatique et une nation culturelle
dépassée et préfère
rechercher les fonctions économiques du
nationalisme. La nation sera démasquée
en tant que nation économique,
mais qui
pense avoir besoin d’un État propre et d'une culture
commune correspondante.
C'est précisément l'aspect diffus du concept de
Nations qui séduit facilement
pour s'y identifier. Bien que chaque nation-trait
d'union aimerait avoir son
point de gravité correspondant sur la culture, la
politique ou l'économie, on
se sent malgré tout interpellé comme un humain à
part entière. Et la nation peut
alors se placer à la place de l'humain.
Surmonter
le
nationalisme par une tri-articulation sociale
La tri-articulation sociale pense l’aspiration
à une autonomisation de la culture, de l'État et de
l'économie. Celles-ci
devraient s’autogérer, jusqu'à la détermination de
leurs propres frontières. On
ne peut alors plus parler de nations au sens
habituel du terme. Les
nationalistes grondent déjà sur la mondialisation
quand elle ne peut être
utilisée à l'avantage de leur propre nation. Dans
une tri-articulation sociale
aussi, les frontières politiques cesseraient de
jouer un rôle pour la
régulation des relations commerciales. Contrairement
à la mondialisation,
l'économie mondiale émergente ferait preuve d’un caractère de solidarité. Elle rendrait impossible aux économies les
plus fortes de sucer le reste du monde en tant que
nations économiques.
L’autre traître du nationalisme est
l’individualisme. Aux objectifs centraux d'une
tri-articulation sociale appartient
une vie libre de l’esprit. "Esprit" sonne d'abord
après de
l'ésotérisme et de l'anthroposophie, mais signifie l'esprit individuel, l’humain individuel, en contraste avec la
nature - et donc en contraste avec l'ascendance
physique. C'est aussi tout de
suite la raison pour laquelle Rudolf Steiner n'a pas
parlé d'une vie culturelle
libre, mais d'une vie libre
de l’esprit.
"A son époque, la
"culture" aurait trop souvent été assimilée à la
langue maternelle et
à la parenté de sang et était donc - par définition
–tenue pour non libre. Les
nationalistes allemands s'extasiaient de la nation
culturelle et pensaient la
domination du groupe sur l'individu. Dans une vie
spirituelle libre, par
contre, l'individu est la dernière instance. Qui
veut obtenir quelque chose
ici, doit convaincre ses semblables
individuellement. Si une culture veut se
répandre plus largement, elle doit s'appuyer
uniquement sur sa force spirituelle
de rayonnement. Là, la plus grande institution
n’aidera pas. Une tri-articulation
sociale avec sa dés-étatisation de l'éducation
signifie aussi la fin de la
nation-état
traditionnelle telle
qu'elle est (et pas seulement) encore pratiquée en
France aujourd'hui. Il
appartiendra toujours à la majorité de la population
de décider si elle veut
vivre dans un État commun. Mais cela ne devra plus
conduire à une culture
commune.
Sylvain Coiplet
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