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Institut pour une triarticulation sociale
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Collection: F003 - La terre n'est pas une marchandise
Sujet: L'Etat ne peut déterminer, qui reçoit le sol.
 
Les références : Rudolf Steiner Oeuvres complètes 329, page 75 - 77, 1/1985, 17/3/1919
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02047 - S'il faut que la vie juridique de l'état reste en dehors de la vie économique, il faut qu'il en soit de même pour l'ensemble de la vie culturelle, du jardin d'enfants à l'université. Alors les produits issus de cette vie de l'esprit pourront administrer d'une façon vraiment conforme à l'esprit les deux autres branches de la vie. Alors il sera possible d'affecter de fait les bénéfices dégagés par la vie économique à la communauté dont ils proviennent. Alors il sera possible que les biens matériels connaissent un régime semblable à celui que seule connaît aujourd'hui la propriété intellectuelle jalouse de ses biens. Voyez plutôt : s'agissant de propriété intellectuelle, la règle veut qu'il faille attendre au moins trente ans après la mort de l'auteur pour que son œuvre retombe dans le domaine public, jouisse de la franchise, puisse être administrée par n'importe qui. Il ferait beau voir, aux yeux de nos contemporains, que cette règle s'applique aux biens matériels.


02048 - La propriété ne se situe pas dans la vie sociale comme dans le rêve étrange que font si souvent tels ou tels socio-économistes ; il n'y a qu'une façon de la comprendre dans la perspective de la vie en société : la propriété, c'est le droit de disposer d'une chose en exclusivité ; la propriété, quand il s'agit de production, quand il s'agit de terroir, est un droit. Et pour que ce droit ne devienne pas un passe-droit mais s'inscrive dans la conscience juridique de tous les hommes, il n'y a qu'un moyen, c'est de pratiquer le discernement sur un terrain où seul le droit est légitime et de rendre possible la mise à disposition par l'état de droit des bénéfices dégagés au profit de l'organisme culturel, à charge pour celui-ci de découvrir des talents individuels qualifiés pour remplacer ce qui ne s'emploie plus à produire, c'est à dire à servir l'humanité, mais se tourne vers le seul profit. On pourra par ce moyen toujours apporter de nouveaux talents individuels à l'humanité.


Mais pour qu'il existe un pouvoir qui, de la bonne manière, oriente ce que, d'un côté, il faut bien nommer la propriété, non pas vers la bureaucratie, mais vers la libre administration des aptitudes intellectuelles individuelles, il est nécessaire que l'état de droit exerce une surveillance sur la propriété, en d'autres termes le droit de propriété, et que lui-même, l'état, ne devienne pas propriétaire mais puisse déléguer la libre propriété au cercle culturel où pourront se recruter les meilleurs administrateurs.

02049 - Vous voyez par là qu'en allant au fond des choses on en arrive aujourd'hui, qu'on le veuille ou non, à des perspectives extrêmes qui vous laisseront vous-mêmes perplexes. Mais je suis convaincu pour ma part que la réalité des événements mondiaux n'en exige pas moins de la part des hommes. Je suis convaincu que les revendications du prolétaire moderne ne peuvent être satisfaites que s'il donne la main à la séparation des pouvoirs. Il n'existe à l'heure actuelle pas d'autre « politique extérieure » possible. Et l'étonnant, c'est que chaque territoire peut la mener à bien pour son propre compte. Si l'Allemagne voulait aujourd'hui s'engager dans la voie dont j'ai récemment parlé dans un « Appel aux Allemands et au monde civilisé » qui a recueilli beaucoup de signatures, si les Allemands s'engageaient aujourd'hui dans cette tripartition, ils pourraient peut-être quand même négocier autrement qu'ils ne le peuvent maintenant, alors qu'ils font figure d'état unitaire battu à plates coutures, précisément à cause de sa centralisation d'avant-guerre, et qu'en somme, ils sont totalement démunis.

02051 - En m'exprimant ainsi, je ne veux pas prendre parti, je me borne à dire que ce que j'expose peut servir de base non seulement à toute politique intérieure, mais aussi à une politique extérieure, parce que chaque pays, chaque peuple peut le mettre en œuvre pour son compte personnel. Tant il est vrai qu'à l'heure actuelle, quand on considère le langage trop éloquent des faits, on en retire la conviction qu'il ne s'agit plus de faire simplement quelques modifications à l'état des choses en fonction des vieilles idées, mais qu'il est nécessaire de partir d'idées nouvelles, de faits nouveaux. Ces dernières années, on a pu entendre dire à tout instant, je n'exagère pas : depuis que l'humanité a une histoire, on n'a jamais vu d'horreurs pareilles à celles que nous avons connues pendant les quatre années et demie écoulées. Mais l'écho qui devrait faire suite à cette affirmation, on n'a guère l'occasion de l'entendre, je veux dire : jamais encore les hommes n'ont eu autant besoin de penser autrement, d'apprendre autrement qu'à l'époque actuelle, où la question sociale montre que là où il est le plus urgent d'apprendre autrement on passe le plus à côté en paroles comme en pensées.

02052 - Tout montre aujourd'hui que c'est aux hommes d'agir. Inutile de venir avec des programmes tout faits. Les idées que j'ai développées ici ne sont ni un programme ni une théorie sociale. Ce que j'ai développé ici, c'est une théorie de l'humanité conforme à la réalité. Je n'ai pas la prétention de pouvoir mettre sur pied un programme pour toutes les éventualités auxquelles on peut s'attendre ; il n'est pas possible à un homme seul de le faire. Car, pas plus qu'un homme ne peut se constituer un langage, phénomène social, dès lors qu'il est tout seul et que le langage se forme dans la société des autres hommes, la vie sociale ne peut se développer sans la société des autres hommes.

Ebenso wie außerhalb des Wirtschaftslebens das staatliche Rechtsleben stehen muss, so das gesamte Geistesleben von der niedersten Schule bis hinauf zur Hochschule. Dann wird dasjenige, was aus diesem Geistesleben heraus sich entwickelt, eine wirkliche geistgemässe Verwaltung sein können der beiden übrigen Zweige des Lebens. Dann wird es möglich sein, da£ dasjenige, was sich im Wirtschaftsleben als Profit herausbildet, wirklich der Allgemeinheit zugeführt wird, aus der es genommen ist. Dann wird es möglich sein, da£ für die materiellen Güter etwas ähnliches Platz greift, wie heute bloß für die schoflen Geistesgüter. Denn eigentlich sind die Geistesgüter der modernen Gesellschaft doch das Allerschofelste. Es ist so: in Bezug auf dieses Geistesgut, da gilt es, da£ dasjenige, was produziert wird, wenigstens dreißig Jahre nach dem Tode der Allgemeinheit zugeführt wird, Freigut wird, von jedem verwaltet werden kann. Das lassen sich die Leute heute mit Bezug auf die materiellen Güter wahrhaftig nicht gefallen
Der Besitz ist im gesellschaftlichen Leben nicht das, wovon so sehr häufig die- se oder jene Sozialökonomen in einer sonderbaren Weise träumen; man kann ihn nur so auffassen für das gesellschaftliche Leben: Der Besitz ist das ausschließliche Verfügungsrecht über eine Sache; Besitz in produktivem Sinne, im Sinne von Grund und Boden, ist ein Recht. Und dieses Recht kann nur dann statt zu einem Vorrecht zu einem Recht gemacht werden, das dem Rechtsbewusstsein aller Menschen entspricht, wenn auf einem Boden, wo nur das Recht bestimmt wird, die Urteilsbildung stattfindet, wenn es möglich wird, da£ dasjenige, was als Profit sich ergeben hat, durch den Rechtsstaat in die Verfügung der geis­tigen Organisation übergeführt werden kann, so da£ die geistige Organisation die richtigen individuellen Fähigkeiten zu finden hat für dasjenige, was nicht mehr zur Produktion, das heißt, zum Menschendienste verwendet wird, sondern zum bloßen Profit wird. So wird es möglich werden, immer neue individuelle Fähigkeiten der Menschheit zuzuführen.
Aber damit wirklich eine Gewalt da ist, die in der richtigen Weise, nicht in Bürokratismus hinein, sondern in die freie Verwaltung der individuellen geistigen Fähigkeiten der Menschen dasjenige führt, was als Besitz von der einen Seite genommen werden muss, dazu ist notwendig, da£ der Rechtsstaat den Besitz überwacht, das heißt das Besitzrecht, und da£ er nicht seinerseits selber zum Eigentümer wird, sondern da£ er das freie Eigentum an denjenigen geistigen Kreis abgeben kann, von dem aus es am besten verwaltet werden kann.
Daraus ersehen Sie, da£ man allerdings aus solchen Untergründen heraus heute zu radikalen Anschauungen kommt, die selbst Sie verwundern werden; aber ich meinerseits bin überzeugt davon, da£ die weltgeschichtlichen Tatsachen heute solche Dinge von den Menschen fordern. Ich bin überzeugt davon, da£ dasjenige, was der moderne Proletarier will, nicht auf eine andere Weise erreicht werden kann als dadurch, da£ er seine Hand reicht der Trennung der Gewalten. Das ist die allein einzig mögliche « auswärtige Politik » heute. Und merkwürdigerweise kann das ein jedes einzelne Territorium für sich durchführen. Würde Deutschland heute für sich darauf eingehen, wie es neulich von mir in einem « Aufruf an die Deutschen und an die Kulturwelt », der viele Unterschriften gefunden hat, ausgesprochen worden ist, würden die Deutschen heute auf diese Dreiteilung eingehen, dann könnten sie doch vielleicht in anderer Weise mit den anderen verhandeln, als sie es heute können, wo sie als ein vollständig überwundener, gerade durch seine frühere Zentralisation vollständig überwundener Einheitsstaat dastehen und im Grunde genommen gar nichts vermögen.
Ich will damit gar nicht Partei ergreifen, sondern nur sagen, da£ dasjenige, was ich ausführe, gerade die Grundlage nicht nur aller inneren, sondern auch einer wahren auswärtigen Politik werden kann aus dem Grunde, weil es jedes einzelne Land, jedes einzelne Volk für sich allein durchführen kann. Man wird ja heute, wenn man die gewaltig sprechenden Tatsachen ins Auge fasst, zu der Überzeugung geführt, da£ es nicht mehr bloß darum zu tun ist, einiges in den Zuständen nach den alten Gedanken zu ändern, sondern da£ es notwendig ist, neue Gedanken, neue Tatsachen zugrunde zu legen. Man hat in den letzten Jahren wahrhaftig recht oft hören können: So gewaltige Schreckensereignisse, wie die der letzten viereinhalb Jahre, hat es, solange die Menschen eine Geschichte haben, noch nicht gegeben. Das kann man heute öfter hören. Was aber das Echo auf diese Behauptung sein müsste, das hört man nicht so oft heute, nämlich: Noch niemals haben es die Menschen so nötig gehabt umzudenken, umzulernen wie heute, wo die soziale Frage auf das hindeutet, wo am meis­ten umzulernen ist, hindeutet auf das, an dem am meisten vorbeigeredet und vorbeigedacht wird.
Heute zeigt es sich, da£ die Menschen es sind, die zu handeln haben. Da hat man nicht mit fertigen Programmen zu kommen! Was ich hier entwickelt habe, ist kein Programm, ist keine soziale Theorie. Dasjenige, was ich hier entwickelt habe, ist eine wirklichkeitsgemässe Menschheitstheorie. Ich bilde mir nicht ein, über alle Zustände, die entstehen sollen, ein Programm aufstellen zu können; das kann der einzelne von sich aus nicht. Denn so wenig der einzelne von sich aus die Sprache, die eine soziale Erscheinung ist, bilden kann, sondern so wie die Sprache sich im Zusammenleben der Menschen bildet, so muss alles soziale Leben sich im Zusammenleben der Menschen entwickeln.