Français
seulement
Le bilan universel de la vie de l’esprit et
de l’âme
en notre temps
Stuttgart, 27 décembre 1919
Quand
on
considère aujourd’hui la manière dont les pays
individuels et
certains peuples se sont isolés les uns des
autres, au point qu’il
est presque impossible, voire même dans des
marges très étroites,
extrêmement difficile de parvenir à se rendre
d’un pays à un
autre, alors on doit avouer, quand on a
participé à la vie de
l’esprit telle qu’elle a évolué dans le monde
récent, que
cette difficulté est aussi peu que possible
conciliable avec les
profondes aspirations qui vivent, en vérité,
qui s’agitent dans
les mobiles de la vie de l’âme et de l’esprit.
Car si l’on
regarde sans prévention cette vie de
l’intériorité humaine,
alors on doit s’apercevoir de la manière dont
le contenu de cette
intériorité, la manière dont toutes les
énergies de cette
intériorité d’un être humain qui participe à
la culture,
forment un tissu d’aspirations spirituelles et
culturelles unissant
tous les peuples civilisés de notre Terre, et
aucun homme n’est
aujourd’hui en situation — si je peux utiliser
cette expression
de marchand — de tirer un bilan quelconque de
sa propre vie
spirituelle, sans introduire dans les divers
articles de compte de ce
bilan tout ce qui a afflué dans la globalité
de notre conception de
l’âme et de l’esprit en provenance de toutes
les régions
culturelles du monde. Mais comment vont donc
les choses aujourd’hui,
dans notre présent immédiat, quand il s’agit
de tirer un bilan
sur la vie de notre âme et de notre
esprit ? Il me semble qu’il
convienne, en particulier au sein du peuple
allemand, de faire ce
bilan par les considérations qui vont suivre.
Au fond, en effet, il
nous faut aujourd’hui parler sérieusement à
partir des affaires
qui concernent notre vie culturelle. On peut
peut-être rappeler,
sans être mal compris, tout ce que nous avons
éprouvé, la façon
dont un penseur à l’esprit spéculatif qui
fouille profondément
les choses, tel Friedrich Nietzsche a écrit,
dans ces années où
s’est formé le récent empire allemand, dans
son ouvrage qui fait
date : « La naissance de la tragédie
à partir de
l’esprit de la musique ». Au sujet des
atmosphères qui
envahissaient alors l’âme ardente du jeune
Nietzsche, il écrivit
lui-même sur la manière dont il jetait un
regard sur cet empire en
pleine inauguration, qu’il se trouvait face à
l’extirpation de
l’esprit allemand au profit de l’empire
allemand. Il y a eu
réellement des années — et celles-ci ne sont
pas très éloignées
de nous — durant lesquelles une telle
expression parut frivole pour
plus ou moins de gens. Mais les faits ont pris
une autre tournure, et
la question de savoir si l’on rend aujourd’hui
justice ou pas à
celui qui la forgea alors, importe finalement
beaucoup moins. Ce qui
apparaît toujours plus significatif c’est le
fait que ce qui fut
exprimé alors, une telle formulation, tandis
que pointait l’aube
du récent empire allemand, pût être exprimée
par quelqu’un qui
avait vraiment profondément souffert de tout
ce que l’on peut
rassembler sous le vocable de matérialisme du
dix-neuvième siècle.
Mais peut-être peut-on prolonger par la pensée
l’idée, le
sentiment, qui a amené cette formulation. On
pourrait dire : ne
pourrait-ce pas être justement cette
nécessité-là du peuple
allemand que de replacer de
« réincarner » de nouveau
son esprit et son âme dans son organisme, au
sujet duquel Nietzsche
était d’avis que cet esprit et cette âme, on
les en avait, en cet
instant-là, extirpés, ou bien qu’on les lui
avait ôtés.
Par
ces
paroles d’introduction, je ne voudrais rien
plus que de
renvoyer au sérieux qui doit descendre sur ce
genre de
considérations, qui se soucient de tracer un
vaste aperçu de la vie
actuelle de l’esprit et de l’âme et de ses
devoirs. Si ce
n’était qu’une sorte d’échappée lumineuse en
ce temps-là,
en 1871, que perçut parfaitement Nietzsche, en
faisant alors le
bilan de la vie de l’esprit et de l’âme de son
époque, alors
nous pourrions dire que toutes sortes
d’esprits de l’évolution
allemande au dix-neuvième siècle, se sont
préoccupés dans un
effort sérieux et profond de réaliser ce bilan
universel de la vie
spirituelle de leur temps. Je pourrais
rappeler maintes personnalités
qui ont pensé dans l’esprit d’un tel bilan
universel. Je
pourrais renvoyer à un homme, certes peu
sympathique aux hommes
d’aujourd’hui, en raison de son matérialisme,
et cela à juste
titre, tel David Friedrich Strauß.
Ceux qui, parmi ces
honorables auditeurs, qui ont pu m’entendre
discourir, devineront
aisément pourquoi et comment me pèse sur le
cœur un ouvrage tel
que celui intitulé « L’ancienne et la
nouvelle croyance »
de David Friedrich Strauß ; pourtant on y
soulevait là-dedans
les plus grandes questions en cette moitié du
dix-neuvième. Des
questions comme : Avons-nous encore une
religion ?
Sommes-nous encore chrétiens ? — David
Friedrich Strauß,
lui, les posait en allant bien au fond des
choses. Et de nouveau, je
ne voudrais pas me mettre à décider s’il faut
prendre parti dans
ces choses, ni approuver ou non David
Friedrich Strauß lui-même.
Mais je veux attirer l’attention sur le fait
qu’en dépit du
matérialisme de celui-ci, en dépit qu’en lui
existait tout ce que
Nietzsche a ressenti dans sa conception du
monde en tant que telle,
comme des trivialités, ce qu’a alors écrit
David Friedrich
Strauß, cela baigne dans la probité, dans
l’honnêteté.
À
quelles questions, et à partir de quels points
de vue, voulait-il
donc répondre ? Il avait tout accepté de
ce qu’avait produit
le dix-neuvième siècle, en conceptions et
dispositions d’esprit
scientifiques au monde. David Friedrich Strauß
tenta d’édifier
une image du monde à partir des éléments les
plus récemment
acquis, et l’on doit dire, qu’avec tout ce qui
avait été
produit récemment, jusqu’à Darwin et
Haeckel, il
s’était formé une image du monde, il s’en
était faite
sincèrement une conviction et se l’était
forgée en la laissant
envahir toute son âme et ensuite, en pleine
sincérité, il avait
posé la question : puis-je encore avoir
une religion dans
l’ancien sens du terme, si je professe, comme
cela correspond à la
disposition d’esprit en vigueur récemment,
cette conception du
monde-là ? Puis-je resté encore
honnêtement chrétien, si je
confesse cette conception du monde ? Et à
ces deux questions,
David Friedrich Strauß répondit très
loyalement : Non !
Il dressa ainsi le bilan universel de la
formation culturelle
moderne, de la vie moderne de l’esprit et de
l’âme.
Aussi
vigoureusement
que doit protester celui qui fait profession
de
science de l’esprit à l’encontre de cette
profession de foi —
cela doit être dit, qu’en cette occasion-là
par lui, comme par de
nombreux autres, un bilan loyal de la vie de
l’esprit et de l’âme
de l’époque fut tiré. Si l’on considère d’un
regard sans
prévention ce qui avait surgi en efforts
depuis ce temps-là, qui
s’écoulait depuis environ le milieu du
dix-neuvième siècle,
alors on ne peut pas d’abord parler d’un bilan
loyal, à la
vérité, on peut dire alors que de maints et
maints côtés on s’est
efforcé de camoufler ce bilan universel de vie
de l’esprit et de
l’âme. Camouflage du bilan universel de la vie
de l’esprit et de
l’âme, c’est quelque chose qui vient
directement à notre
rencontre aujourd’hui. Nous le voyons très
exactement lorsque nous
prenons en compte ce que nous font valoir de
nombreux représentants
de telle ou telle confession. D’un côté, nous
tombons sur des
paroles de tels hommes, qui apparaissent cela
va de soi comme des
concessions faites à la disposition d’esprit
des sciences
naturelles, et de plus sans rien pressentir de
l’honnêteté
authentique d’un David Friedrich Strauß, et
qui continuent de
parler, dans les anciennes habitudes de
pensée, de christianisme et
de religion, et il ne leur vient pas à l’idée
de tirer un bilan
réel de ces rubriques comptables qui de tous
côtés entrent dans
notre vie de l’esprit. Camouflage de bilan de
la vie de l’esprit
et de l’âme, c’est la signature secrète de
maintes aspirations
culturelles de notre présent.
Mais
nous
ne nous tirons pas du tout ainsi d’affaire,
quand à partir
d’un petit cercle, nous tentons de progresser
vers un bilan
honnête. L’aspiration de parvenir à des
manières globales de
voir à partir de petits cercles, c’est
précisément ce qui nous a
menés ad absurdum. Ce puissant
attachement à de petites
idées commodes, c’est cela qui ne nous a pas
permis de conquérir
une relation qui peut servir avec les faits
concrets, c’est cela
pourtant qui a amené au fond finalement cette
épouvantable
catastrophe de ces dernières années.
L’humanité devrait
apprendre de ces terribles épreuves, de cette
épouvantable urgence
de cette catastrophe, que le temps est
vraiment venu, de lever son
regard vraiment à la hauteur d’où résultent
ces points de vue
qui maîtrisent la vie, de manière à ce que
nous apprenions à la
maîtriser consciemment cette vie, alors
qu’inconsciemment, nous
nous sommes laissés mener au hasard par l’un
ou l’autre.
Nous
ne
sommes vraiment pas démunis de toutes sortes
de programmes, de
toutes sortes d’idées programmatiques. On
voudrait même
préciser : à bon marché, envahissants
comme des ronces, les
associations et programmes se multiplient
ainsi que les idées
programmatiques. Ils peuvent croître d’autant
plus aisément que
notre vie intellectuelle a très largement
produit cela et à partir
d’une vie intellectuelle qui a si bien
proliféré on se laisse
dire sans cesse beaucoup de choses
raisonnables, sur lesquelles on
peut croire comme sur une parole d’Évangile.
Et ensuite naissent
donc d’innombrables programmes — et même si ce
sont à présent
des programmes politiques ou bien des
programmes de la vie de
l’esprit, programme de n’importe quel domaine
de la morale, de
l’action sociale, et ainsi de suite, — ce sont
des programmes
dont les porteurs pensent toujours : ce
que je considère comme
juste pour l’humanité, cela doit aussitôt que
possible
s’acclimater dans la totalité du monde
présent, car ce que j’ai
cogité, c’est juste et sain pour l’humanité,
cela je dois donc
le répandre dans la sphère humanité, telle
qu’on l’envisage
aujourd’hui, en Amérique, en Europe, en Asie.
Et en outre, un
homme de programme pense très fréquemment
aussi : ce que je
viens de cogiter, cela doit aussi valoir, en
effet, pratiquement
jusqu’à la fin de tous les temps
terrestres ; car c’est
absolument salutaire pour la terre entière et
pour les temps qui
viendront.
Dans
cette
manière de penser, dans cette manière de
penser qui répand
l’absolutisme partout, se trouve le sort et le
véritable péché
de la vie intellectuelle de notre époque.
Notre époque ne veut pas
envisager les rapports concrets qui existent
entre les hommes, elle
ne veut pas prendre en compte la manière dont
diffèrent les
conditions de la vie, disons d’abord, telles
qu’elles sont en
Orient et en Occident. Je ne voudrais
qu’esquisser aujourd’hui à
partir de ce point de vue le bilan universel
et parler de la vie de
l’esprit et de la vie de l’âme, en rendant
attentif à la
diversité de ce qui sourd des âmes, comme
images de la vie et de la
conception du monde, d’un côté dans le monde
oriental et, de
l’autre dans le monde occidental. Et ici, dans
cette Europe du
Centre (a), ne sommes-nous pas à la
vérité par notre vie
d’âme et vie de l’esprit, intimement unis avec
ce qui, d’une
part, afflue de l’Orient, ce qui a afflué
depuis là-bas pendant
des siècles et même des millénaires ? Et
d’un autre côté,
ne sommes-nous pas non plus unis aussi
étroitement avec tout ce qui
sourd et sourdait, en tant qu’élément
particulièrement nouveau,
depuis longtemps en Occident ? Lorsque
nous envisageons ce qui
repose à la base de toute l’évolution
culturelle de notre région
et de notre vie, lorsque nous envisageons le
christianisme, cette
impulsion la plus puissante de toute
l’évolution terrestre, qui,
avant toutes choses cependant, a donné sa
configuration à tous les
aspects de la culture occidentale, alors nous
découvrons que,
abstraction faite de l’événement du Golgotha
lui-même, qui s’est
déroulé en Orient, le premier courant du
christianisme d’esprit
oriental a afflué en Europe ; que nous,
en ayant reçu dans
notre vie d’âme et d’esprit l’impulsion du
Christ, au fond,
nous avons ainsi reçu une trame orientale.
Dans l’ancien temps,
toute la configuration, toute la forme
orientale de vie de l’esprit
fut récusée. Et aujourd’hui — vous n’avez qu’à
lire les
paroles énergiques d’un personnage comme celui
que représente
Rabindranath Tagore (2) pour en
trouver la
confirmation.
Lorsque
nous
regardons vers l’Asie, où de nouveau tout
s’agite parmi les
érudits, ou tout prend part à la formation du
bilan de la vie de
l’esprit et de l’âme, alors nous voyons
quelque chose comme une
continuation évolutive en droite ligne de
l’impulsion d’origine,
de ce qui a donné à l’Orient une vie de
l’esprit qui lui est
propre. Pour autant que nous ayons eu part
aussi à cette vie de
l’esprit orientale, pour autant qu’elle se
soit infiltrée goutte
à goutte dans notre culture, nous devons
toujours nous en remettre à
l’esprit, à partir des énergies de
compréhension et de
connaissance les plus profondes, si nous
voulons comprendre ce qui
vit aujourd’hui en Orient comme forces
d’aspiration et d’abord
surtout si nous voulons comprendre comment
s’est développée la
vie de l’esprit en Orient aujourd’hui, à
partir de ces sources
spirituelles des origines tout au long des
siècles et des
millénaires. Si nous l’envisageons cette vie
de l’esprit, nous
découvrons aujourd’hui encore en elle ce que
l’on voudrait
désigner par une spiritualité, une qualité de
l’esprit. Cette
qualité d’esprit y est certainement en
décadence, dans le déclin,
et c’est à peine si l’on peut comparer ce qui
vient, même des
meilleurs esprits de l’Orient, d’avec ce qui
prit son essor
autrefois de l’Asie, par cette vie spirituelle
si profonde et si pleine de sens pour
l’humanité. Cela porte un caractère
fondamental — et ce caractère fondamental nous
devient toujours
plus intelligible tandis que nous remontons le
temps — , cette vie
spirituelle porte un caractère fondamental. Si
nous pouvions
démontrer tout ce que nous pourrions savoir de
la vie de l’âme de
l’Orient, alors nous devons dire : elle
n’est pas née en
tout cas d’une disposition et d’une atmosphère
d’âme telles
que les nôtres, telles qu’elles existent dans
notre vie normal en
Occident ; elle est née de manière que
dans la création de
cette vie de l’esprit d’autres énergies de
l’âme ont pris
part que celles que nous utilisons nous-même
lors de la progression
de nos sciences et de la poursuite de nos
efforts spirituels les plus
avancés. Pour éprouver, pour ressentir avec
justesse toute la
configuration, toute la nature de cette vie de
l’esprit orientale —
comme on l’a dit, aujourd’hui elle est en
décadence — on doit
interroger, comme souvent je l’ai fait ici
dans ces conférences en
posant quant à moi des questions auxquelles
j’ai tenté de
répondre à partir des fondements de la science
spirituelle, on doit
donc se demander : À partir de l’être
humain, quelque chose
ne peut-il pas exprimer aussi, quelque chose
qui est d’une nature
plus élevée que ce à quoi nous sont seulement
utiles les sens
extérieurs et les instruments neuro-sensoriels
ou bien surtout les
instruments corporels, pour devenir une
expression de la vie de l’âme
et de la vie de l’esprit ?
Souvent,
on
a montré ici, à partir des fondements de la
science spirituelle,
la manière dont l’investigateur de l’esprit
peut pénétrer,
tout en restant strictement scientifique,
aussi scientifique que le
sont les sciences naturelles actuelles,
jusqu’à ce qu’on peut
appeler l’éternel, l’immortel chez l’être
humain, jusqu’à
cet élément spirituel qui entre dans le corps
humain, ce qui
s’incarne dans ce corps hérité, et doit y
entrer à l’instar
d’un apport en provenance du monde spirituel,
qui s’incarne donc
par la naissance ou la conception, et ce qui
de nouveau, lorsque
l’être franchit les portes de la mort, en
sort, s’excarne et
retourne dans le monde de l’esprit.
Comprenons-nous bien, ce qui
nous parle à partir, en particulier de ce plus
ancien élément de
la vie spirituelle orientale, alors nous
devons nous dire : ce
qui parle là, cela n’émane pas de ce qui sert
seulement nos
instruments corporels extérieurs, tels nos
sciences, notre poésie
et nos arts ; cela parle au-delà de ce
que peuvent permettre
les outils corporels, c’est l’homme spirituel
qui est descendu
des mondes spirituels, comme une essence
éternelle lors de la
naissance ou de la conception, et qui y
retournera en franchissant le
porche de la mort. La vie spirituelle de
l’oriental est quelque
chose comme une révélation de ce que l’être
humain apporte avec
lui par sa naissance ou conception dans
l’existence physique,
quelque chose qu’il ne peut pas utiliser, dans
un certain sens,
mais qu’il doit porter de nouveau et emporter
en franchissant le
porche de la mort. On peut dire : ce que
l’érudit oriental
considère comme culture spirituelle, est une
émanation de l’être
humain supérieur en l’homme, ci je peux
employer cette expression
déjà devenue triviale ; c’est quelque
chose qui va largement
au-delà de ce qui est d’ordre quotidiennement
humain.
Nous
n’avons,
au fond, dans la vie de notre âme, qu’une
partie de
notre être, dont nous pouvons réellement nous
faire une idée
fondamentale et juste, à partir de toute la
façon qu’avait
l’Oriental de se situer par rapport à sa vie
spirituelle au
meilleur de ses temps originels. Pour nous
faire une telle
représentation, nous devons considérer la
façon dont émerge en
nous, quand nous mobilisons les meilleures
énergies de notre entité
humaine, ce que nous appelons nos impulsions
morales, ce au moyen de
quoi nous mesurons le bien et le mal au sens
moral en nous. Quand ces
impulsions, au plus profond de notre
intériorité s’annoncent en
tant qu’intuitions, lorsqu’elles doivent
devenir les règles de
conduite de notre vie dans la domaine moral,
alors nous éprouvons
dans ces impulsions quelque chose de cette
énergie d’âme, qu’à
présent nous devons élargir par le penser
au-dessus de tout ce que
ressentait l’Oriental, lorsque il laissait sa
vie de l’esprit
entrer magiquement dans le monde physique. Il
n’y a là rien de
cette atmosphère que nous avons, par exemple,
lorsque nous faisons
quelque chose sur la nature, rien de cette
atmosphère qui traverse
nos philosophies, conceptions du monde et
notre modernisme trivial,
mais plutôt cette conscience dans l’âme, de
ressentir quelque
chose d’au-delà du monde, d’au-delà des sens,
c’est cela
déterminait l’Oriental dans tout ce qui
conférait un contenu, à
ce que lui aurait pu appeler sa conception de
monde.
Avec
cette
façon, je ne veux pas dire, de penser sur le
monde spirituel,
mais avec cette façon de se placer par rapport
au monde
suprasensible, avec cette façon de ressentir
au sujet de ce qui peut
se révéler du monde suprasensible au sein de
celui sensible, ceux
qui appartenaient à la civilisation
occidentale, au fond ne surent
rien commencer depuis très longtemps. C’est
abstraitement, qu’est
bien apparu dans la vie morale extérieure de
ce que l’on appelle
l’homme supérieur dans l’homme. Mais cette
expérience
puissante, immédiate, par laquelle un homme
supérieur se met à
créer une culture spirituelle dans ce monde
sensible physique, qui
devient une expression directe du
suprasensible, celle-ci au fond
s’est perdue à un degré très élevé. Cela, on
devrait
aujourd’hui à la vérité l’admettre au bilan
universel de la
vie de l’âme et de l’esprit comme un résultat
sincère, loyal.
Considérons
à
présent des phénomènes singuliers. D’un coté,
nous voyons —
comme j’ai déjà attiré l’attention là-dessus —
comment
l’impulsion du Christ est passée dans tous nos
courants culturels.
Elle entra une fois avec une énergie de
pénétration énorme dans
la vie de l’Occident. Elle perdit cette
énergie de pénétration.
Si nous remontons en arrière dans les
anciennes époques
chrétiennes, nous découvrons alors que les
hommes qui voulaient
sérieusement se nourrir de la conception
chrétienne du monde,
voulaient appréhender le personnage du Christ
par un savoir
suprasensible. Au dix-neuvième siècle, les
théologiens
progressistes, les spécialiste progressistes,
sont carrément
devenus très fiers d’écarter le suprasensible
de cette figure du
Christ et il a existé, et il existe toujours
des professeurs de
théologie universitaire chrétienne qui
s’enorgueillissent de
prendre en compte seulement le « homme
simple de Nazareth »
(b), qui sont donc fiers de considérer
aussi peu que possible
l’élément sur-humain de cette figure qui est
entrée et a été
amenée à intervenir dans la vie terrestre.
Nous voyons comment
s’est évaporé peu à peu, pour le dire ainsi,
le sens de
percevoir le suprasensible, et aussi vis-à-vis
des convictions les
plus saines de l’humanité occidentale, souvent
même justement
chez les esprits les plus en vue. Les hommes
en Occident ne surent
même pas quoi faire de ce qui leur était
parvenu de l’esprit de
l’Orient et qui s’était développé pendant des
siècles. Ils
l’ont matérialisé. Le phénomène le plus
significatif c’est la
matérialisation du christianisme par la
théologie, car il s’agit bien d’une
matérialisation lorsque l’entité, l’essence du
Christ, qui doit être pensée comme
transcendantale, unie à la
personnalité de Jésus de Nazareth, est
effacée, lorsqu’on ne
regarde plus simplement que les
caractéristiques personnelles de
Jésus de Nazareth comme on le fait sur un
autre phénomène
historique.
Nous
pouvons
aussi voir à d’autres exemples comment cet
esprit
occidental se comporte remarquablement par
rapport à l’oriental.
Maintes gens confondent, parfois
inconsciemment et parfois
consciemment, parfois de bon gré et parfois
avec malveillance, notre
science spirituelle d’orientation
anthroposophique avec se qui
s’appelle Théosophie dans les régions
anglophones. Je ne veux
vraiment pas aujourd’hui parler de notre
relation de science
spirituelle d’orientation anthroposophique
avec ce qui a été
appelé Théosophie en Angleterre sous Blavatsky
et Besant,
mais je veux faire remarquer que la conquête
du monde par
l’Angleterre dans le troisième tiers du siècle
passé était un
phénomène remarquable, quand bien même petit
comparé à toute la
culture anglaise, qui s’est exprimée dans le
mouvement
théosophique de là-bas. Que voulait ce
mouvement théosophique à
l’intérieur de la culture occidentale, au sens
le plus éminent du
terme ? Il voulait un approfondissement
de l’expérience
spirituelle, il voulait partir à la recherche
des sources de
l’expérience spirituelle. Qu’est-ce qu’il fit.
Les membres du
peuple conquérant aspirèrent aux sources de
l’esprit, ils se
rendirent chez les peuples conquis de l’Inde
et leur empruntèrent
la sagesse de l’ancien Orient. Que nous ne
puissions imiter cela
(5), c’est justement la raison pour
laquelle on nous a
traités d’hérétiques de divers côtés de la
théosophie. Et si
l’on compare ce qui vit au sein de cette
théosophie anglaise, ce
qui est entièrement emprunté à l’esprit indien
oriental, avec ce
qui vécut là-bas en Inde autrefois comme
sagesse, alors on doit
voir dans tout ce qui a été traduit, disons,
par « corps
éthérique », « corps astral »,
une
matérialisation de ce qui était pensé de
l’autre côté en
Orient comme purement spirituel. Mais ceci est
caractéristique pour
un autre fait concret, que j’ai justement
rapporté. Pour ceux qui
appartiennent à cette culture occidentale
anglaise, il est aussi peu
possible de mettre en mouvement à partir
d’eux-mêmes un tel
effort vers les sources d’une nouvelle vie de
l’esprit, au point
qu’ils en viennent à s’adresser à l’époque
décadente d’une
vie de l’esprit orientale, pour lui faire un
emprunt, et le ramener
tel un bien étranger à l’autre bout du
continent vers l’Occident.
C’est justement à cet exemple que l’on peut
voir combien il
existe peu de talent propre à l’Occident pour
produire lui-même
ce que sont ces productions de cet être humain
qui vit comme homme
supérieur, homme spirituel, en tant qu’homme
éternel, homme
immortel, au sein de l’homme mortel, et dont
la culture de l’esprit
orientale en est encore l’expression pourtant
définitive. C’est
pourquoi l’Oriental comprend fort bien ce
qu’est la nature de
l’humain supérieur en l’homme, ce qu’est
l’humain qui ne vit
pas purement sur la Terre, mais dans les
mondes spirituels au-dessus
et en dehors de la Terre.
Qu’avons-nous
donc
comme analogue dans la vie de l’esprit
occidental, et
qu’avons-nous qui puisse passer pour plus
qu’un élément
analogue, plus nous progressons vers l’Ouest,
qu’avons à mettre
en face de cet humain supérieur, que j’ai
tenté ici de
caractériser par des termes hésitants, pour la
vie de l’esprit
oriental — qu’avons-nous à proprement parler
en Occident comme
correspondant dans l’ordinaire et courante vie
de l’esprit au
quotidien ? On doit longuement y
réfléchir, pour parvenir à
trouver ce qui, dans la culture occidentale
qui donne le ton
aujourd’hui, existe comme une correspondance
de ce qu’a l’homme
de culture spirituelle supérieure en Orient.
Quand on donne un coup
d’œil dans les librairies en usage sur le
peuplement de notre
Terre, on indique comme il est connu que sur
la Terre vivent environ
1 500 millions d’êtres humains. C’est juste,
au fond, si l’on
considère ces êtres humains qui créent pour la
culture de
l’humanité, parce qu’ils cheminent sur la
surface du globe sur
leurs deux jambes, mais ce n’est plus juste
pour notre époque
actuelle, si nous nous interrogeons sur la
quantité du travail que
les hommes ont produite presque seulement et
uniquement par eux-mêmes
pour la culture de l’humanité, il y a
relativement pas très
longtemps encore. Par les conquêtes de la
culture occidentale, nous
avons contribué à substituer, dans une mesure
plus que suffisante,
le travail humain par le travail mécanisé, et
nous disons pour
cela : dans le cours de ces trois ou
quatre derniers siècles,
ce qui a été fabriqué, produit, pour notre
culture, ne l’a plus
été que par le résultat du travail humain,
mais celui que fournit
le travail mécanisé. Si les machines
n’existaient pas, on verrait
combien les hommes devraient produire pour
maintenir la condition de
vie qui est maintenue actuellement avec l’aide
des machines. On
peut à présent calculer combien d’hommes en
plus devraient vivre
sur la Terre pour produire par le travail
humain ce que les machines
produisent, ce qui est produit par la
mécanisation. Je me suis
efforcé de le calculer, et pour une journée de
travail de huit
heures — on peut encore compter selon la
consommation de charbon ou
autre —, on peut dire qu’environ 700 à 750
millions d’êtres
humains devraient travailler en plus sur la
Terre, que ceux qui
existent actuellement en chair et en os. Cela
signifie, et ce n’est
que nécessairement juste — si nous regardons
la quantité de
travail produite — que nous avons peuplé la
Terre de 1 500
millions d’hommes. Mais nous l’avons peuplé
plus encore, mais de
ce qui n’est plus vraiment des hommes, mais à
la vérité des
homunculus, des machines, mais qui
produisent le travail
qu’autrement les hommes devraient effectuer. À
l’oriental, cette
idée est assez malcommode, d’une certaine
manière en relation
avec sa propre disposition d’âme, cette idée
d’homunculus
humains, qui ont fait irruption dans la
culture humaine, ces 700 à
750 millions d’humains qui ne sont plus des
êtres humains, mais
des machines.
Cette
sorte
« d’humains », qui collaborent là,
qui sont les
porteurs, les porteurs mécaniques de l’énergie
humaine, c’est
l’analogue important, ce qui correspond
vraiment dans la culture
occidentale normale, cette sous-hominisation
qui fait le pendant à
ces hommes plus élevés, plus spirituellement
élevés, de l’Orient.
Et je ne crois pas qu’aujourd’hui quelqu’un
puisse honnêtement
faire un bilan universel de la vie de l’âme et
de l’esprit, sans
admettre dans cette réflexion comptable, dans
les meilleures
époques, ce qu’a donné à l’humanité la culture
spirituelle
orientale qui culmine dans l’homme supérieur,
vis-à-vis de ce qui
a été finalement produit par la culture
occidentale : le
sous-humain, la machine qui exécute le travail
humain.
Certes,
ces
derniers temps, les Orientaux ne sont très
certainement pas
restés des idéalistes, mais ils se sont
appropriés ce que doit
produire la machine de l’Occident, mais pour
la configuration
d’ensemble de leur vie de l’esprit, je
rencontre encore et
toujours ce fait caractéristique, qui eut lieu
voici quelques 45
ans. C’est alors que les Japonais reçurent le
premier croiseur de
guerre des Anglais et ils étaient très fiers
de pouvoir faire ce
que les Anglais faisaient, à savoir commander
un croiseur de guerre
en mer. Et ils remercièrent leurs maîtres
anglais et sortirent donc
en mer. Les gens regardaient depuis la côte la
manière dont un
capitaine de croiseur de guerre ferait
naviguer son bateau de tous
côtés sur la mer. Mais il se sentirent bientôt
mal à l’aise :
le croiseur virait et virait, sans cesser de
virer. Car il devait
effectivement virer; le commandant anglais
avait effectivement été
relevé de ses fonctions et remercié, lequel
avait compris, au moyen
d’un dispositif adéquat, comment pour ce faire
on faisait dévier
la vapeur. Et c’est ainsi que le capitaine
japonais vira et vira
sur la mer, jusqu’à ce que la vapeur soit
totalement consommée.
Certes, cela n’arrive plus désormais dans la
vie extérieure, mais
dans la disposition de l’âme et de l’esprit,
dans la
configuration intérieure, cela se produit
encore maintenant.
L’érudit oriental se situe au fond en face de
la culture
spirituelle de l’Occident de la même façon que
ce capitaine
japonais sur son croiseur de guerre, qui ne
comprenait pas le
maniement du dispositif qui permet de relâcher
la vapeur pour virer.
Il y a un puissant abîme entre les
configurations intérieures,
celle orientale et celle occidentale de ces
vies de l’esprit. Et il
est tout aussi difficile pour l’Occidental de
se retrouver vraiment
intérieurement de bonne foi dans la vie
spirituelle orientale, qu’il
est difficile, d’un autre côté, à l’Oriental
de se retrouver
dans la culture occidentale.
C’est
pourquoi
nous en sommes arrivés à présent, en
particulier pour
nous au centre en Europe — qui sommes,
pourrais-je dire, enclavés
(a) entre la vie spirituelle de
l’Orient et celle de l’Occident
— à une difficulté. Ce que je vous ai exposé
juste à l’instant
pour la vie spirituelle orientale, est au fond
un élément
caractéristique de la vie spirituelle
orientale d’autrefois. Ce
qu’on peut encore en rencontrer, à savoir ce
qui est déjà en
train d’évoluer vers une nouvelle
métamorphose, n’en est au
fond qu’un ultime prolongement. Pour ceux
seulement qui y
comprennent quelque chose, ce prolongement
renvoie à ce que fut en
vérité la vie spirituelle orientale. Mais
nous, dans la mesure où
nous appartenons à l’Occident, nous nous
sommes déjà longuement
nourris de ce qui nous est parvenu de cette
vie spirituelle
orientale. On ne doit pas dire que l’événement
du Golgotha est
venu lui-même de la vie spirituelle orientale.
Il s’est produit en
Orient, mais il est un fait concret qui s’est
accompli pour
l’humanité entière. Par contre, ce que
l’Occident a compris
jusqu’à présent du Mystère du Golgotha, au
travers de sa
disposition d’âme et d’esprit, cela vint d’une
tradition
orientale. Et notre façon de penser en
Chrétiens sur le Mystère du
Golgotha est même, pour celui qui peut
observer cela avec un regard
non prévenu, le dernier résultat de ce que
nous avons de la
tradition orientale.
Notre
culture
normale, notre culture quotidienne ordinaire,
vit encore en
prolongement des courants en provenance de
l’Orient, et elle n’a
pas encore actualisé de nouveaux élans, pour
appréhender d’une
nouvelle façon l’événement du Golgotha et
d’autres
suprasensibles. Mais ce qui est déjà en déclin
là-bas en Orient,
à savoir ce qui en représente encore là-bas un
élément
correspondant pour l’Oriental, qu’est-il
devenu chez nous au
travers de l’Europe entière jusqu’à
l’appendice européen,
jusqu’en Amérique ? Cela est devenu des
phrases. Nous pouvons
montrer en des points importants que ce qui
est devenu des phrases,
ce que nous avons encore dans les veines de
nos âmes pour comprendre
le suprasensible et ce qui, dans les veines de
nos âmes, a été
introduit par les courants spirituels
orientaux primordiaux, auxquels
nous n’avons encore rien ajouté de neuf à
partir de notre culture
quotidienne ordinaire. Celui qui s’attache
réellement aujourd’hui
à notre vie d’âme et d’esprit, celui-là doit
se dire :
beaucoup, infiniment beaucoup, dans cette vie
de l’esprit et de
l’âme n’est rien de plus que des phrases, a
perdu tout contenu.
Nous pensons encore dans les mots, qui nous
ont été transmis soit
directement de l’élément linguistique
oriental, soit qu’ils ont
été forgés sur celui-ci. Mais tout cela est
devenu de la
phraséologie et la phraséologie est devenue
pour une grande part
notre vie de l’esprit. Nous prononçons des
paroles pour ce qui
autrefois, dans l’ancienne culture orientale,
avec un sens
grandiose, mais n’est plus que phraséologie
dans notre bouche,
dans la compréhension que nous en avons et
dans notre cœur.
L’homme
ne
ressent pas encore cela aujourd’hui dans une
mesure suffisante
et c’est bien là le malheur de notre époque.
Car à partir de
phrases, naissent certes des programmes de
partis, des conceptions du
mondes, qui restent bel et bien phraséologie,
or à partir de la
phraséologie jamais ne naîtront des faits et
des idées féconds
pour la réelle poursuite de l’évolution de
l’humanité. On peut
se livrer à l’agitation avec des phrases, mais
avec des phrases on
ne peut rien faire. Nous regardons en
direction de la vie de l’esprit
orientale avec son héritage pour nous et nous
disons : ce qui a
vécu en tant que monde spirituel, c’est devenu
des phrases. Et
nous regardons à présent ce qui est essentiel
— et que nous
avons pu caractériser passablement — de la vie
spirituelle de
l’Occident, à savoir l’élément mécaniste.
Comment cela
peut-il être ressenti, si ce n’est absolument
plus dans la tension
d’une vie spirituelle que nous avons ressentie
autrefois, sinon à
peu près alors, comment cette vie mécaniste
peut-elle être
ressentie ? Peut-on désavouer ce à quoi
nous nous sommes
habitués : que l’énergie mécanique a
remplacé 700 à 750
millions d’hommes sur la Terre, peut-on nier
cela, au point que
cela domine nos idées sociales, nos
idées sur l’État, que
cela s’est introduit dans nos têtes — peut-on
disconvenir de
cela?
Il
est
vrai des hommes — mais ce sont des exceptions
— au sein de
l’humanité occidentale ont profondément
ressenti cela et de
nouveau on peut renvoyer à une création pleine
de sens du poète
autrichien Robert Hamerling, à son
« Homunculus ».
Il y tenta, à la fin des années quatre-vingts
du siècle passé, de
tracer l’image de cet homme qui a grandi à
partir de la culture
mécaniste moderne dans toute sa vie et toute
l’essence de son âme
et de son esprit. Il tenta de caractériser la
manière de penser qui
en résulte, la forme véritable de l’effort
égoïste. Hamerling
essaya de caractériser tout cela dans son
« Homunculus ».
Il esquissa un être humain sans âme, parce que
la manière
mécaniste du penser avait évacué complètement
son âme ; il
esquissa un homme qui avait grandi à partir
des usages de cette
culture mécaniste. Cet homme devient
milliardaire. Et Hamerling
décrivit d’avance maintes caractéristiques de
ce qui n’était
pas une réalité alors ; il dépeignit la
navigation aérienne
et toutes les choses qui n’avaient pas cette
sorte de réalité.
Comme un homunculus, comme un homme artificiel
mécanisé dans sa vie
d’âme et d’esprit, ainsi apparut l’homme
occidental pour
Hamerling. En tant qu’homunculus, Hamerling ne
caractérise pas ce
type d’homme normal occidental, tel celui qui
charpente sa vie à
partir d’impulsions spirituelles, à partir du
suprasensible, qui
se manifeste au plus profond de son essence
d’être humain, pas du
tout, mais comme ce type d’homme qui est étayé
par les puissances
mécanistes du monde extérieur.
Et
l’on
doit dire : justement, quand on considère
quelque chose
comme cela, qui dépeint profondément les
sentiments, que l’actuel
Oriental cultivé possède sur la vie de
l’Occcident, alors on
ressent soi-même, alors on entre dans le
sentiment de cet Oriental,
par exemple de Tagore, lequel, avec toute
l’ardeur d’une
conception spirituelle du monde, appréhende de
nouveau son monde
spirituel oriental : il contemple tout ce
qu’il peut observer
dans le monde occidental en manières de voir
la nature, l’État,
les idées sociales ; il les dépeint d’une
manière telle que
l’on se dit — sinon justement avec les
nuances, dans lesquelles
s’exprime un Oriental — : ainsi cet
Oriental cultivé
d’aujourd’hui dépeint tout cela comme
l’homunculus.
L’Occidental porte dans sa vie d’âme et sa vie
d’esprit les
relents de ce qui fut autrefois grand en
Orient, telles des phrases.
L’Oriental ressent ce que la culture
occidentale a produit de plus
grand jusqu’à présent, comme une culture de
l’homunculus.
Je
sais
très bien que des gens paresseux disent que
ces choses sont
exagérées ; Mais cela dérive du fait que
l’on n’a pas le
courage d’appeler justement les choses par
leurs noms. Il est
pourtant nécessaire et honnête de tirer un
bilan de la vie de l’âme
et de l’esprit. Et pour cela, nous avons
indiqué ce qui
caractérise à la vérité cette culture
occidentale, ce sur quoi
tout particulièrement de nos jours, il faut
attirer l’attention.
N’est-il donc pas palpable ce fait qu’avec la
dernière
catastrophe mondiale des situations se sont
développées qui, même
si elles sont difficilement concevables, font
finalement comprendre
ce qu’un regard non prévenu pouvait voir
depuis longtemps, et même
bien avant 1914 ? N’est-il donc pas
palpable que sous la forme
de l’empire anglais, cette nature
anglo-américaine, et justement
avec sa nature d’homunculus, s’est étendue en
grande partie sur
la Terre ?
Je
ne
dis pas cela par exemple pour la raison que je
vous parle ici d’un
lieu d’Allemagne. Des choses analogues, j’en
ai dit ces dernières
semaines et depuis longtemps aussi aux membres
du peuple
anglo-américain lui-même. J’ai dit calmement à
ces gens :
au fond, pour les Allemands qui vivent dans la
Mitteleuropa,
la situation est à présent encore plus aisée
que pour vous, parce
que de par la façon dont les choses ont évolué
et la tournure
qu’elles ont prise, une grande part de la
responsabilité prise par
les Allemands revient à quelqu’un autre !
—, une part de
cette responsabilité est passée à présent sur
les épaules de
l’élément anglo-américain. On a moins à
réfléchir de ce côté,
au sujet du — effectivement comment dois-je
l’appeler ? —
un anglais éclairé me l’a récemment désigné
comme un « brigandage conjoint des
différentes régions du monde » ;
peut-être sera-ce plus convenable d’utiliser
cette expression, que
de choisir une désignation allemande — on a
donc d’autant moins
à y réfléchir à ce brigandage conjoint ;
on a bien plus à
penser que c’est là un fait concret, qui
s’installe, et que ceux
qui portent encore un sentiment humain dans
leur poitrine doivent
ressentir cette responsabilité gigantesque de
l’évolution à
venir de l’humanité qui repose sur eux, parce
qu’ils se trouvent
au sein de cet extension du monde
anglo-américain.
Mais
nous,
comment avons-nous à en tenir compte, quel est
à proprement
parler l’essentiel de cette culture mondiale
représentée par le
monde anglo-américain, avec son caractère
mécanique ? Ne
croyez pas que justement un membre de la
science spirituelle,
voudrait de manière réactionnaire fulminer et
lancer des
invectives contre cette culture mécaniste, ne
croyez pas que je
veuille ici rechercher un instant
d’approbation, en exprimant
n’importe quelle idée réactionnaire, en
conjurant d’anciennes
institutions, ou bien la moindre conquête de
cette nouvelle
culture ! Celle-ci y est pour moi de la
même nécessité
qu’autrefois la culture spirituelle. Des
nécessités de
l’évolution du monde doivent être prises en
compte comme il se
doit. Mais quel est l’essentiel ? Aussi
grand qu’était,
autrefois en Orient, cet effort en direction
de l’homme supérieur,
vers ce qui peut se révéler de spirituel en
l’être humain, comme
homme divin, pourtant en Orient, cette
élévation de soi à l’homme
spirituel est finalement tombée en décadence,
de sorte
qu’aujourd’hui il y a quelque chose qui a
grandi à partir
d’impulsions dégénérées par le martyre de cet
Orient, ce qui
même vient se confondre aujourd’hui dans de
grandes régions de
l’Orient, en tant que vie communautaire
sociale se fondant sur des
bases spirituelles, avec la soi-disant vie
sociale qui elle, est à
la traîne de l’Europe de l’Ouest — nous
voyons : ce qui
autrefois fut grand en Orient, cela ne l’est
plus, cela a perdu sa
véritable impulsion intérieure ; c’est du
passé et le
souffle du passé pèse sur toute la vie
spirituelle et la culture spirituelle de
l’Orient. Et c’est une décadence de
l’Occident,
un extorsion de tous les bons esprits de
l’humanité occidentale,
si beaucoup de gens découvrent aujourd’hui
quel secours ils
recherchent pour leur vie spirituelle
occidentale en empruntant à la
nature orientale. Ainsi comme là-bas plane le
passé au-dessus de ce
qui existe extérieurement maintenant — aussi
grotesque que cela
ait l’air —, de même plane au-dessus de ce
qu’est la culture
mécanique de l’Ouest aujourd’hui, un avenir.
Je
ne
parle pas en réactionnaire de cette culture de
l’Ouest, je ne
parle pas comme si l’on devait se tromper d’un
seul point sur l’i
de cette culture ; mais de la manière
dont elle s’est étendue
au moyen du sous-humain mécanique à 700, 750
millions
d’exemplaires, c’est un fait concret, que nous
ne disposions pas
encore aujourd’hui de vie de l’esprit et vie
d’âme qui puisse
s’installer de tout son poids et force de
pénétration dans un
monde, qui est si mécaniste. Et c’est ma foi,
que j’ai
caractérisée ici souvent non pas comme un
simple acte de foi, mais
comme un acte de connaissance émanant de la
science spirituelle,
c’est mon acte de foi, donc, que ce qui est
appelé science
spirituelle d’orientation anthroposophique,
qui a été portée
comme telle depuis deux décennies, naît de
cette même énergie
d’esprit qui, lorsqu’elle se tourne sur le
simplement temporel,
spatial et sensible, devient mécanique
extérieure et se disperse en
technique grandiose. Une telle vie de l’esprit
qui crée les
machines et la culture mécanique, elle aurait
mis en déroute les
hommes qui autrefois, à partir de l’homme
oriental spirituel ont
créé la culture spirituelle de l’Orient, elle
les aurait mis en
déroute car il leur aurait été impossible de
relier cela à leur
sorte de vie spirituelle. À eux, il ne leur
revenait pas d’avoir
une telle vie mécanique extérieure dans leur
environnement ; à
nous, en Occident, cela nous revient d’avoir
une telle vie dans
notre environnement et d’utiliser notre
intelligence, toutes nos
énergies humaines d’esprit et d’âme, de sorte
que nous ayons
les fortes puissances intérieures pour
maîtriser tout ce qui se
produit dans nos cultures mécaniques
électrotechniques.
C’est
à
partir de la même configuration spirituelle
que doit croître
cette force de l’âme humaine en s’élevant
au-dessus du sensible
dans le suprasensible, cette force que j’ai
décrite dans mon
ouvrage « Comment acquiert-on des
connaissances des mondes
supérieurs ? » et dans la seconde
partie de ma « Science
de l’occulte » — cette force doit croître
pour nous
conduire d’une manière, qui n’exista jamais en
Orient, dans les
mondes suprasensibles. Avec cela, l’humanité
de l’Occident n’en
est qu’au commencement, pour cela seul le
point de départ existe
et il y a encore peu de gens aujourd’hui pour
admettre qu’il est
possible, en effet et même qu’il est
nécessaire, à partir du
même esprit qui pénètre les lois de nos
machines, qui travaille
dans notre électrotechnique, à partir de ce
même esprit, de
s’élever progressivement par une évolution
spirituelle
intérieure, par un apprentissage intérieure
strict de l’âme,
comme seule la science la plus stricte s’élève
progressivement à
ses propres résultats, à l’endroit où l’on
contemple
pareillement, seulement d’une autre manière,
ce qu’autrefois
l’homme oriental a contemplé dans les mondes
spirituels. Nous
devons en arriver à une science de l’esprit
qui, par toute la
manière de sa vie intérieure d’esprit et
d’âme, est de cette
sorte de science et d’effort vers la
connaissance de l’époque
moderne en Occident. Nous ne devons pas en
revenir à ce qui n’est
devenu que phraséologie dans les multiples
religions
confessionnelles, nous ne devons pas en
revenir non plus à cette
réutilisation bon marché des vieilles phrases
pour tenter de
caractériser la nouvelle science de l’esprit.
Cette nouvelle
science doit être crée avec le même sérieux,
la même force de
pénétration du discernement — sinon d’une
manière spirituelle
— de la même façon que la science extérieure.
C’est
ce
qui ressort quand on tente d’une manière
raisonnable de dresser
les attributions de bilan passives et actives
de notre époque. Si
nous continuons, à ne faire que construire
même nos manières de
voir le social sur ces fondements que nous ont
donnés les sciences
naturelles sensibles, alors nous n’obtenons
que les actifs inscrits
sur la page de droite de notre livre de
compte, du bilan d’âme et
d’esprit, alors par une telle manière de voir
sociologique ou
historique, nous ne faisons qu’appréhender que
ce qui va à la
ruine dans la vie sociale et historique. Car
avec les sciences
naturelles extérieures nous n’appréhendons que
la mort, et si
nous appliquons cette science de la mort à ce
qui est contenu dans
la vie sociale ou dans la vie historique,
alors nous n’y
appréhendons que le dépérir. C’est pourquoi
les nouvelles
théories sociales, qui à présent se jettent
sur la réalité,
après n’avoir été jusqu’à présent que de
simples critiques
de ce qui existe, exterminent ainsi la vie
réelle parce qu’elles
sont conformées d’après la mort. Nous n’avons
une manière
d’envisager les choses réellement sociales que
si nous puisons aux
même sources à partir desquelles aujourd’hui,
comme je l’ai
décrit, doit puiser notre vie suprasensible.
Nous voyons purement et
simplement comme passif ce qui provient de la
manière mécaniste de
voir la nature. Nous considérons aussi comme
passif toutes les
confessions qui furent conformées dans les
anciens siècles et qui
ont perdu leur force, car plus que tout autre
force, l’humanité
actuelle a besoin de la force du Christ. Mais
elle a besoin d’un
nouveau cheminement pour la conduire au
Christ. Tout ce qu’il y a
d’ouvert ou de voilé qui mène sur d’anciens
chemins, cela se
trouve aux articles passifs du bilan. Nous
avons besoin des articles
actifs. Ce sont ceux qui proviendront d’une
renouveau apporté par
une considération spirituelle du monde. C’est
encore bien
difficile aujourd’hui pour maintes personnes,
en particulier dans
les pays occidentaux, d’où provient cette
curiosité orientée
dans une direction spirituelle, mais où le
cheminement dans le monde
spirituel n’est pas recherché par les fortes
énergies de l’âme
elle-même, mais où l’on donne l’occasion, par
une sorte de
singerie d’expérimentation scientifique, aux
dieux ou aux esprits
et aussi aux âmes des défunts, d’entreprendre,
par-ci où par-là,
une visite dans le monde physique sensible et
de s’exhiber dans un
costume physique sensible. Le spiritisme
s’abandonne à cette
manière de loger des invités, entreprise
par-ci par-là en
s’attifant comme au théâtre. Nous sommes là
carrément à
l’opposé d’une réelle recherche de l’esprit.
Voulons-nous
aujourd’hui rechercher réellement l’esprit,
alors cela ne peut
pas consister à s’égarer en matérialisant et
extériorisant la
vie et à se mettre, dans la vie extérieure, en
quête d’êtres
spirituels qui sont nulle part, mais seulement
de loger des invités,
par-ci par-là, comme dans un théâtre,
soudainement pour qu’ils
nous informent qu’il y a un monde spirituel au
sujet duquel nous ne
devons pas du tout nous soucier. Qu’ont fait
avec cela des
investigateurs de la sorte d’un lombroso ?
(7) Les
sciences naturelles sont demeurées pour eux
sans esprit ; qu’à
cela ne tienne, l’idée leur vint de découvrir
quelque chose d’une
manière spirite en dehors de la nature, afin
qu’ensuite ils
pussent s’activer d’autant plus en
matérialistes, dans ce qu’est
la vie humaine et l’environnement humain. Nous
avons besoin d’un
approfondissement spirituel qui peut pénétrer
vraiment ce qui est
matériel et qui peut accompagner notre vie du
même pas.
Vous
dépeindre
une telle vision spirituelle de la vie, qui
est à même
de former vos idées et vos actes, qui devienne
en même temps une
morale, à partir de votre force d’âme, qui à
partir de vos
forces d’âmes peuvent engendrer en même temps
une vénération
religieuse, vous indiquer qu’il existe une
telle science de
l’esprit, c’est ce qu’à présent deux décennies
d’existence
de cette science me permettent de vous le
dire, et c’est ce qui
sera en outre ultérieurement ma tâche. Je
voulais indiquer
aujourd’hui de quelle manière cet effort
spirituel devait être
actuellement placé pour venir en face, en tant
qu’actif, du passif
de notre vie de l’esprit et de l’âme. Étant
donné que nous
sommes enclavés entre l’Est et l’Ouest, en
tant que membres du
peuple allemand, — ce peuple allemand si
éprouvé, qui s’enfonce
dans une grande détresse — ne devrions-nous
pas être en
situation, à partir de ce qui pré-existait de
l’élan vers la
spiritualité qu’avaient entrepris nos grands
prédécesseurs, nos
grands hommes d’esprit, de découvrir une voie
d’investigation
nouvelle de l’esprit ? Alors il peut se
produire ce qu’on
veut au plan politique : si nous avons
l’énergie de nous
tourner vers cette voie d’investigation de
l’esprit, pour avoir à
dire quelque chose d’une vie de l’esprit à
l’avenir à
l’Oriental, cette fois sous une autre forme
que celle qu’il
posséda autrefois, mais qu’il perdit, pour
qu’il la reçoive
donc de nous; s’il nous est possible, à nous
en Occident, de dire
quelque chose sur la vie de l’esprit, qui un
jour pourra venir
répondre à toutes ces exigences, qui ont
découlé de cette culture
simplement mécaniste, alors nous aurons dans
ce centre de l’Europe,
si nous recherchons une telle voie, alors ici
en ce centre de
l’Europe nous aurons réalisé notre mission.
Il
semble
que les événements catastrophiques ont révélé
quelque
chose de particulier aux Allemands. Certes,
les Allemands aussi ont
d’un côté participé à cet abandon de soi, à
l’inondation de
la vie économique encore prématurée de
l’Ouest, ils ont
participé à cette faiblesse d’énergie, cette
mollesse qui
consiste à se tourner vers l’Orient, quand il
importait de
rechercher un renouvellement de l’esprit. Mais
il semble — je dis
bien : il semble, pour ne pas dire ce qui
serait bien mieux pour
moi : il en est ainsi — il semble, donc,
que les Allemands
aussi dans l’époque où ils se sont évertués au
matérialisme
ont même prouvé qu’ils n’avaient aucun talent
pour le
matérialisme. Ce talent doit être recherché
ailleurs dans le
monde. Si nous reconnaissons à partir de notre
détresse que les
Allemands n’ont aucun talent pour le
matérialisme, alors peut-être
l’impulsion d’entrer dans une investigation de
la spiritualité
nous viendra de cette reconnaissance. Mais
alors, à partir de cette
nécessité, l’impulsion viendra par un effort
individuel à
l’esprit, et non par un emprunt à
l’Oriental ; et peut-être
même à partir de cette forme de l’aspiration
spirituelle la plus
épurée que nous avons découverte chez les
Allemands au tournant
des dix-huitième et du dix-neuvième siècles,
au moyen d’une
connaissance exacte des racines où puisait
cette énergie allemande
pour le travail spirituel que nous avons vue
naître pour toute
l’évolution à venir de l’humanité. Quel que
puisse être sinon
le destin allemand — alors nous pouvons
dire : pour ce que
nous pouvons conquérir, en en revenant aux
sources de nos forces de
vie de l’esprit et de l’âme, nous avons le
droit de dire :
l’esprit allemand n’est pas accompli (8),
il veut vivre
dans les actes futurs, dans les préoccupations
du futur et il faut
espérer qu’à partir de ces points de vue
spirituels il aura
encore, entre maintes autres choses, beaucoup,
vraiment beaucoup à
dire.
Notes :
(1) « L’extirpation
de l’esprit allemand… »,
Littéralement : « Mais de toutes
les mauvaises
conséquences que la dernière guerre (1870,
ndt)
menée contre la France a entraînées dans
son sillage, la pire est
peut-être une méprise générale qui s’est
largement répandue, à
savoir que la culture allemande aurait
aussi vaincu en prenant part à
ce conflit et que, pour cette raison, elle
devrait à présent être
décorée des couronnes conformes à ces
résultats et succès
extraordinaires. Cette chimère est
extrêmement funeste : non
pas parce que c’est une illusion — car les
illusions des plus
salutaires et des plus prospères, il en
existe bien — mais parce
qu’elle est en situation de transformer
notre victoire en en
complète défaite : dans
la déroute, effectivement,
l’extirpation, de l’esprit allemand
au profit de « l’empire
allemand » »
Tiré de « Considérations
intempestives », Premier
article : « David Friedrich
Strauß, le sectateur et
l’écrivain », 1873.
(2)
« Rabindranath
Tagore » :
1861-1941,
écrivain, philosophe et pacifiste engagé,
descendant
d’une famille bengalaise qui remonte au
dramaturge sanskrit du 8ème
siècle Bhatta-Narajana.
(3)
« Helena
Petrovna Blavatsky » :
1831-1891, fonda avec Henry Steel Olcott
en 1875, la Société
Théosophique.
(4)
« Annie
Besant »
1847-1933, à partir de 1907, présidente de
la Société
Théosophique.
(5)
« que
nous ne puissions imiter »
comparez avec Rudolf Steiner :
« Mein Lebensgang »
(Autobiographie) GA
28,
Chap.XXXI.
(6)
Robert
Hamerling,
1830-1889. Son « Homunkulus ».
Épopée
moderne en 10 chants parut en 1888. Voir
aussi la conférence :
« Homunkulus », Berlin, 26 mars
1914, dans « Science
spirituel en tant que bien de vie »,
GA
63
et encore « Robert Hamerling — un
poète et un penseur et un
homme », en mémoire du même, édité
par Marie Steiner,
Dornach (1939).
(7)
Cesare
Lombroso (1836-1909),
professeur de médecine légale et de
psychiatrie à Turin, connu
dans le vastes cercles par sa doctrine de
la relation entre génie et
démence.
(8)
« l’esprit
allemand n’est pas accompli »,
parole de vérité donnée à la fin de la
conférence: « L’âme
germanique et l’esprit allemand du point
de vue de la science de
l’esprit », Berlin, 14 janvier 1915,
dans « Aus
schicksaltragender Zeit »,
GA
64;
voir « Paroles de Vérité »
GA40.
Notes
du traducteur
(a)
« Und
wir hier in Mitteleuropa, sind wir
denn....»
Donc,
nous sommes bien à Stuttgart, lieu où fut
donnée cette conférence,
au beau milieu de la Mitteleuropa :
celle -ci n’est pas donc l’Europe du
centre, mais „l’Europe
au centre“, à bon entendeur pour
d’éventuels historiens
ex-nostalgiques de l’Empire
austro-Hongrois, ce que manifestement
n’était pas Rudolf Steiner... Ce point est
d’ailleurs confirmé
en plusieurs endroits du texte présent.
(b)
Quand
ce n’est pas déjà maintenant le
« brave type » de
Nazareth…
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