Il est cependant nécessaire que nous fassions des compromis. Des compromis sont indispensables, car nous ne sommes pas encore suffisamment avancés pour accomplir un acte véritablement libre. L’État nous prescrit de mauvais objectifs d’enseignement, de mauvais objectifs finaux. Ces objectifs sont les plus mauvais que l'on puisse concevoir, et on leur attribue les qualités les plus hautes que l’on puisse imaginer. La politique, l’activité politique d’aujourd’hui s’exprimera en traitant l’homme selon des schémas préétablis, en essayant plus qu’on ne l’a jamais fait d’enfermer l’homme dans des schémas. On traitera l’homme comme un objet à manier avec des fils, et l’on s’imaginera que cela représente le plus grand progrès concevable. Sans aucune adéquation à la réalité et avec la suffisance la plus grande, on mettra sur pied des choses analogues à ce que sont les établissements d’enseignement. L’organisation des écoles bolcheviques, en Russie, en est un exemple et un avant-goût : ce sont de véritables sépultures de l’être véritable de l’enseignement. Nous allons au-devant d’un dur combat, mais nous devons tout de même accomplir cet acte de civilisation.
Nous avons à harmoniser deux forces opposées. Nous devons, d’un côté, savoir quels sont nos idéaux et nous devons cependant avoir la souplesse de nous adapter à des choses qui s’éloigneront beaucoup de ces idéaux. La manière de mettre ces deux forces en harmonie sera pour chacun d’entre vous un problème difficile. Cela se réalisera si chacun met en jeu sa personnalité toute entière. Chacun doit mettre en jeu dès le début son être tout entier.
C’est pourquoi nous organiserons l'école non comme un gouvernement, mais comme une administration, et nous l'administrerons selon des principes républicains. Dans une véritable république d'enseignants, nous ne pourrons nous appuyer sur des coussins, sur des dispositions émanant du directeur ; au contraire, nous devrons apporter ce qui nous rend la chose possible, ce qui donne à chacun de nous la pleine responsabilité pour ce que nous avons à faire. Chacun doit être pleinement responsable.
Nous aurons quelque chose à mettre à la place de ce que ferait un directeur par le fait que nous organisons ce cours de préparation, et en assimilant ici par notre travail ce qui fera de l'école une unité.

Nous apprendrons à constituer ce caractère unitaire par ce cours si nous travaillons avec un vrai sérieux.
Voici le contenu du cours :
— Premièrement, nous nous occuperons de questions pédagogiques d’ordre général.
— Deuxièmement, nous traiterons de questions de méthodes spécifiques aux principales matières enseignées.
— Troisièmement, nous aurons une sorte de travail de séminaire qui englobera les tâches d'enseignement qui seront les nôtres.