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Collection: 10 -Anarchistes, anarchisme,
et individualisme éthique.
Etat du Dieu allemand ou saloperie. Staat den Deutschen Gott oder Dreck.

 

 
Les références Rudolf Steiner Oeuvres complètes : 190 095-108 (1971) 30/03/1919
Traducteur: Daniel Simonnot Editeur: EAR

Il est nécessaire d'acquérir un sens particulier de ces choses, un sens qui vous fasse exiger d'entendre chaque mot d'une manière concrète, et, à propos de ce mot, comment on peut établir la relation entre le monde physique et le monde supra-physique.
Une fois ce sens acquis, vous pourrez revenir en arrière, vers des époques reculées où les hommes voyaient les mêmes choses, bien que sous un jour différent. Vous pourrez aussi vous tourner vers des événements d'importance majeure, mettant en jeu des intérêts à l'échelle mondiale.
Nous pouvons, par exemple, nous poser cette question: Pourquoi donc le fléau de la dernière guerre s'estil abattu sur la Terre entière? Tout bien considéré, la réponse est simple, en dernière analyse, c'est parce que les intérêts des hommes sont devenus trop mesquins, ils ne peuvent plus réfléchir au-delà de leurs soucis quotidiens. Inévitablement, lorsque nous cessons de nous intéresser à la marche des étoiles, nous tombons dans les discussions oiseuses de café du commerce. Lorsque nous renonçons à réfléchir aux principes supérieurs qui résument les liens existant entre les hautes hiérarchies, nous nous abandonnons à la facilité des tâches journalières qui nous sollicitent. Il suffit de voir sur quel genre de choses les classes dirigeantes portent leur intérêt depuis un ou deux siècles et quelles sont leurs occupations
du matin au soir! Nous comprenons alors par quel processus notre humanité est entrée dans son déclin. Nous sommes trop heureux de pouvoir former un jugement sur toute chose, en le résumant en quelques mots, sans plus de réflexion. Quel bonheur de pouvoir cerner la vérité à si bon compte.

 

Au fil de l'histoire, l'évolution de l'humanité est jalonnée, d'une manière très apparente, par des théories très diverses sur l'art de juger les choses. Nous en avons d'innombrables exemples. Prenons, si vous voulez, celui de la culture allemande dans ces dernières années, au cours desquelles Hegel a vécu, Hegel avec sa théorie de l'Etat. Il l'a dite ouvertement: somme toute, l'Etat est une sorte de dieu sur la Terre. C'est très joli, mais songez qu'à la même époque, ou à peu près, la vie spirituelle allemande a compté non seulement Hegel, mais Stirner. Alors que l'Etat était, pour Hegel, une sorte de dieu pèlerin, Stirner voyait en lui une véritable peste, une institution que l'on devait maudire.

Pourtant, ces deux hommes étaient presque contemporains. Vous ne pouviez pas imaginer un plus grand contraste dans la vie spirituelle allemande à une même époque.
Il faut bien procéder ainsi pour caractériser une certaine vie spirituelle. J'ai procédé ainsi, c'est un exemple, dans mes «Enigmes de la philosophie», où un penseur est jugé avec autant de compréhension que celui qui pense exactement le contraire. Si vous lisez mes appréciations sur Hegel, vous pouvez penser que je prends son parti. Mais, aussitôt après, vous pouvez croire que j'adopte le point de vue de Stirner. Par là, j'ai voulu montrer que nous devons habituer notre jugement à comprendre les hommes, aussi différents qu'ils puissent être, et développer en nous une disposition à la tolérance. Ce qui, dans l'âme des autres, pourrait contredire notre propre pensée, doit nous intéresser au même titre que la nôtre. Nous devons avoir le sentiment que toute pensée étangère complète la nôtre.

Disons les choses autrement, vous avez devant vous quelques individus, une dizaine, comme sur ce dessin, j'en fais partie, au même titre que les neuf autres. Voici comment je raisonne: j'ai un avis sur un certain sujet, le deuxième a un avis différent, le troisième également, et ainsi de suite. Tous ces avis divergent plus ou moins. Tout le monde a raison, personne n'a raison. Nous allons maintenant éprouver un sentiment qui serait comme la moyenne arithmétique de tous les avis exprimés. Ce sentiment sera un sentiment de solidarité. Nous sentirons, avec une égale attirance, que nous aimons faire partie d'une collectivité, en faisant abstraction de ce que nous pouvons penser ou de ce que les autres peuvent penser. A ce moment nous serons sur la bonne route, nous progresserons conformément à la tâche qui nous est assignée à l'avenir, à nous comme à tous les hommes. Nous devons l'accepter avec empressement parce que nous devons acquérir un nouveau sens, un sens social efficace. Pourquoi? Nous devons nous sentir participer à l'Esprit qui imprègne le génie du langage, également participer à une vie juridique commune, imprégnée par le génie du Droit, participer à la vie commune marquée par le génie de l'Economie. Seul, le sentiment que nous aurons de faire partie d'un tout, éprouvé par chaque individu pour son compte propre, en toute conscience et liberté, comme cela doit être à l'époque de l'âme de conscience, pourra guider l'humanité vers l'avenir, conformément à sa vocation.
Mais il est bien entendu que nous devons élargir constamment notre sphère d'intérêts, si nous voulons progresser vers nos objectifs à long terme. Ceci veut dire, en d'autres mots, que nous devons nous détacher toujours plus de nous-mêmes.

Mais oui, mes chers amis, si nous sommes sincères avec nous-mêmes, nous devons bien finir par trouver que ce qui, en dernière analyse, est le moins intéressant de tout ce qu'il peut y avoir au monde, c'est de penser à -soi tout seul, de sentir par soi tout seul, dans le cadre le plus étroit de son propre Moi. C'est pourtant le cas de beaucoup d'entre nous. Nous pensons et sentons beaucoup trop dans le cadre de notre propre Moi. Etonnez-vous après cela de l'ennui et de l'insatisfaction qui pénètrent dans notre vie. Nous n'éveillerons aucun intérêt autour de nous, si nous continuons à tourner en rond dans ce cercle. Nous devons agir autrement, regarder en dehors de nous, chercher de quelle manière le monde rayonne vers nous. En élargissant notre sphère d'intérêts, notre Moi deviendra intéressant pour les autres, il offrira un point de vue d'où il sera possible d'observer le monde extérieur. Notre Moi sera intéressant car il donnera un point de vue qui ne ressemblera à aucun autre. Chacun de nous offrira un point de vue original.

Für diese Dinge muß man durchaus ein Gefühl sich erwerben, ein solches Gefühl, daß man verlangt, im Konkreten zu hören über die Beziehungen der physischen und der überphysischen Welt.

Und nur wenn wir uns erfüllen mit solchen konkreten Vorstellungen des Zusammenhanges zwischen der physischen und der überphysischen Welt, können wir wiederum zurückkehren zu dem, was in anderer Weise Menschen älterer Erdepochen gehabt haben, können zurückkehren zu weit ausgreifenden Weltinteressen. Wir können fragen: Warum ist denn all das Unglück über die Erde hereingebrochen, das über die Erde hereingebrochen ist? Ja, der letzte Grund ist doch der, daß die Interessen der Menschen so enge geworden sind, daß sie kaum über das Alleralltäglichste hinausgehen. Selbstverständlich, wenn der Mensch aufhört, sich für die Sterne zu interessieren, dann beginnt er sich für den Kaffeeklatsch zu interessieren; wenn der Mensch aufhört, die Beziehungen der höheren Hierarchien in einigen Gedanken zu überblicken, so beginnt in ihm die Sehnsucht, seine Zeit im alltäglichen Spiel zu vertändeln. Man sehe sich nur die Interessen an, welche seit ein paar Jahrhunderten die führend gewordenen Kreise der Menschheit erfüllen, man sehe an, was diese Leute vom Morgen bis zum Abend tun! Und wenn man das mit Verständnis ansieht, so wird man sich nicht wundern, daß ein solches Debakel der Menschheit eingetreten ist, wie es eingetreten ist. Die Menschen sind ja heute froh, wenn sie über irgend etwas nur eine mit ein paar Worten umrissene Vorstellung gewinnen können! Sie sind froh, wenn sie in bequemer Weise das eine oder das andere umfassen können.

Die Entwickelungsgeschichte der Menschheit spricht ja laut und deutlich über die verschiedenen Möglichkeiten, die Dinge anzusehen. Unzählig sind in dieser Richtung die Beispiele. In den letzten Jahren hat man zum Beispiel der deutschen Kultur immer wieder und wiederum vorgeworfen, daß sie einen Hegel hat mit seiner Staatstheorie, daß von Hegel gesagt worden ist: der Staat ist zuletzt etwas wie eine Art Gott auf Erden. Ja, aber man bedenke, daß innerhalb des deutschen Geisteslebens nicht nur Hegel vorhanden war, sondern Stirner, und zwar gar nicht viele Jahre getrennt von Hegel. Während für Hegel der Staat etwas war wie der wandelnde Erdengott, war für Stirner der Staat überhaupt ein Dreck, etwas, was man nur zu negieren hat.

Die beiden lebten sehr nahe nebeneinander. Man kann sich keine größeren Extreme denken, beide aus demselben Geistesleben heraus. Will man dann solch ein Geistesleben darstellen, dann muß man es schon so machen, wie ich es zum Beispiel in meinen «Rätseln der Philosophie» gemacht habe, wo der eine mit demselben Anteil dargestellt wird wie der entgegengesetzt Denkende. Sie können bei mir zuerst so über Hegel lesen, daß Sie glauben könnten, ich stünde auf Hegelschem Standpunkt; dann können Sie bei mir lesen über Stirner so, daß Sie glauben könnten, ich stünde auf Stirnerschem Standpunkte. Damit soll aber nichts anderes angedeutet sein, als daß wir uns erziehen sollen zu einem Verständnis für die Vielseitigkeit der Menschen, zu einer inneren Toleranz! Uns soll interessieren dasjenige, was in der Seele des anderen ganz anders gedacht ist als unser eigenes Gedachtes; denn wir sollen das Gefühl haben, daß dieses Andere das Unsere ergänzt. Sagen wir, da seien einzelne Menschen, zehn einzelne Menschen (es wird gezeichnet), ich sei einer davon, die anderen neun sind da herum. Nun sage ich mir: Ich denke über gewisse Sachen so, der zweite denkt so, der dritte so, der vierte und fünfte so, alles untereinander mehr oder weniger variiert und verschieden; alle haben wir recht, keiner hat recht. Wenn wir ungefähr das arithmetische Mittel aus alledem erfühlen, wenn wir uns im Zusammenhang so fühlen, daß wir alles mit gleicher Liebe auffassen, gleichgültig ob wir es sagen, oder es die anderen sagen, daß wir lernen, uns in der Gesamtheit drinnen zu fühlen, dann eilen wir gemeinsam der Bestimmung entgegen, die für die Menschen der Zukunft da ist. Dieses Entgegeneilen müssen wir anstreben. Wir müssen es einfach aus dem Grunde anstreben, damit wir einen Sinn bekommen für wirkliches soziales Leben. Wir müssen lernen fühlen, drinnenzustehen in dem, was von dem Sprachgenius umfaßt wird, drinnenzustehen in dem, was von dem gemeinsamen Rechtsleben, von dem Rechtsgenius umfaßt wird; wir müssen lernen, drinnenzustehen in dem, was von dem gemeinsamen Wirtschaftsgenius umfaßt wird: erst dieses lebendige Sich-Drinnenfühlen in einem Ganzen, das sich bewußt der Mensch aneignen muß im Bewußtseinszeitalter, erst das treibt ihn der Zukunftsbestimmung der Menschheit entgegen. Dieses Entgegengehen der Zukunftsbestimmung können wir uns aber nicht anders aneignen, als wenn wir unsere Interessen immer weiter und weiter machen; das heißt aber mit anderen Worten: Wenn wir immer mehr von uns loskommen lernen.

 

 

Ja, meine lieben Freunde, geht man ganz ehrlich mit sich zu Rate, so wird man zuletzt doch finden, daß eigentlich das Alleruninteressanteste von der ganzen Welt dasjenige ist, was man selber über sich im Kreise des engsten Ich denken und empfinden kann. Über dieses engste Ich empfinden und denken allerdings viele Menschen in der Gegenwart sehr viel. Daher ist ihr Leben so langweilig, daher sind sie so unbefriedigt vom Leben. Wir werden niemals interessant, wenn wir uns in diesem Punkt nur immer so herumdrehen. Dagegen wenn wir nach außen schauen und immer auf das blicken, wie die Außenwelt zu uns hinstrahlt, wenn wir die Interessen immer mehr erweitern, dann wird unser Ich interessant dadurch, daß es uns einen Standpunkt abgibt für die Beobachtung der Außenwelt, dann wird unser Ich erst dadurch bedeutend, daß gerade in diesem Punkte des Ich nur wir ja die Welt sehen können, kein anderer. Ein anderer sieht sie wieder von einem anderen Standpunkte aus.