Si vous embrassez du regard le temps qui s'est écoulé depuis la grande catastrophe atlantéenne — qui a tellement modifié le visage de la terre qu'un continent situé entre l'Afrique, l'Amérique et l'Europe actuelles s'est alors effondré —, vous pouvez distinguer plusieurs époques au cours desquelles ont fleuri les grandes civilisations postatlantéennes : celles de l'ancienne Inde, de l'ancienne Perse, l'égypto-chaldéenne, la gréco-latine et la nôtre ; à celle-ci succédera une sixième, puis une septième. Tout cela est dû à l'action successive de différents inspirateurs de peuples. Nous savons que la civilisation égypto-chaldéenne s'est prolongée longtemps après le début de la grecque, et que celle-ci florissait encore au moment où la civilisation romaine commençait à se répandre. Des peuples ont ainsi coexisté et ont succédé les uns aux autres.
Mais en plus de tout ce qui s'est développé de la sorte, dans et par les peuples, autre chose s'est finalement produit : c'est le progrès de l'évolution humaine. Peu importe qu'une civilisation nous apparaisse comme supérieure ou inférieure à une autre. On peut avoir une préférence pour celle de l'Inde par exemple ; c'est une affaire personnelle. Mais quiconque n'en reste pas à une opinion personnelle se dira : peu importent nos appréciations, le cours inéluctable des choses pousse l'humanité en avant, même si l'on estime plus tard qu'il y a eu décadence. La nécessité fait avancer l'humanité. Comparons
différentes époques : 5 000 ans avant J.-C., 3 000 ans avant J.-C. et 1 000 ans avant J.-C. — il y a là quelque chose qui dépasse l'action des Ames des peuples, bien qu'elles y soient intéressées.
Voyez ce qui se passe de notre temps. D'où vient que tant de personnes se soient réunies dans cette salle, venant des pays les plus divers, et qu'elles cherchent à s'entendre sur ce qu'il y a de plus important au monde, et qui est la raison même de leur réunion ? Toutes ces personnes viennent de régions qui dépendent d'Ames des peuples fort différentes ; il y a pourtant un domaine où elles se comprennent. De même, les divers peuples se sont jadis compris les uns les autres, cela parce qu'à chaque époque il y a toujours quelque chose qui, dépassant l'Ame du peuple, peut rapprocher les diverses Ames des peuples, quelque chose qu'on comprend plus ou moins partout.
C'est ce qu'on appelle d'un terme assez faux quoique usuel l'Esprit du temps ou encore l'Esprit de l'époque. L'Esprit du temps est autre à l'époque grecque qu'à l'époque actuelle. Or ceux qui comprennent ce que c'est que l'esprit à notre époque sont poussés vers la science spirituelle. Cet intérêt pour l'esprit, venant de l'Esprit du temps, s'élève au-dessus des différentes Ames des peuples. Au temps où le Christ-Jésus est apparu sur la terre, son précurseur Jean-Baptiste a évoqué l'esprit qu'on pouvait alors qualifier d'Esprit du temps par ces mots : « Changez la disposition de vos âmes, car les Royaumes du Ciel sont proches ».

Chaque époque a donc son Esprit du temps, et c'est cela qui intervient dans l'activité des Ames des peuples, dans l'activité de certains Archanges. Pour le matérialisme d'aujourd'hui, l'Esprit du temps est une abstraction sans aucune réalité ; on ne peut guère lui suggérer qu'il s'agit d'un être véritable.
C'est pourtant un être réel qui se cache derrière le terme d'Esprit du temps, un de ces êtres qui se trouvent de trois degrés en avance sur l'humanité. Ces entités ont déjà passé par le stade humain sur l'ancien Saturne, la plus reculée des époques d'évolution de la Terre ; elles travaillent aujourd'hui, depuis la périphérie, à la transformation de cette Terre et, ce faisant, elles achèvent de transformer leur corps physique en Homme-Esprit.
Nous avons ici à faire à de hautes entités dont les attributions ont de quoi nous donner le vertige. Nous pourrions dire que ce sont les véritables Inspirateurs — ou plutôt, pour nous servir des termes techniques de l'occultisme, — les véritables « Intuiteurs » de l'Esprit ou des Esprits du temps. Ces Etres agissent alternativement, chacun prêtant aussi la main à l'autre. D'époque en époque, ils se transmettent leur tâche. L'Esprit du temps qui agissait pendant l'époque grecque a confié sa mission à celui qui est intervenu plus tard, et ainsi de suite. Ils se relayent donc. Il y a, nous l'avons vu, un certain nombre de ces Esprits de la personnalité qui agissent en tant qu'Esprits
d'une époque. Ils sont d'un rang plus élevé que les Ames des peuples. A chaque époque, l'un d'eux agit d'une façon prépondérante en marquant cette époque de sa signature, en donnant ses instructions aux Ames des peuples, afin que ce qui est l'esprit général de l'époque se spécialise, s'individualise selon les Ames des peuples. A l'époque suivante, cet Esprit du temps est remplacé par un autre, un autre Esprit de la personnalité, un autre Archée.

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Pour que, sur la terre, soit réparti entre différents peuples ce qui progresse d'époque en époque, qu'une multitude de créations puissent apparaître sur tel ou tel territoire, dans telle ou telle communauté de langue, dans l'architecture, l'art, la science, que toutes ces créations puissent se métamorphoser et recevoir ce que l'Esprit du temps peut inculquer à l'humanité — pour tout cela, nous avons besoin des Ames des peuples qui, dans l'échelle des Hiérarchies, font partie des Archanges.
Mais il nous faut encore un intermédiaire entre les Ames des peuples avec leur grande mission et les êtres qu'ils doivent inspirer ici-bas. Vous reconnaîtrez sans peine, en théorie tout au moins, que ces intermédiaires, ce sont les Anges. Ceux-ci constituent le chaînon qui relie l'Ame du peuple à l'individu. Pour que chacun puisse recevoir ce que l'Ame du peuple doit donner au peuple tout entier, pour que tout homme devienne l'instrument de la mission du peuple, il nous faut ces intermédiaires entre l'individu et l'Archange du peuple.