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Collection: 07 - LES IDEAUX SOCIAUX
Sujet : Egalité de tous les humains par l'initiation chrétienne 
 
Les références Rudolf Steiner Oeuvres complètes GA197 036-039 (1967) 07/03/1920
Traducteur: Claudine Villetet Editeur: EAR

 

Les représentants occidentaux de la science initiatique répètent sans cesse qu’il serait tout à fait inopportun qu’un chercheur décide de divulguer les connaissances initiatiques auxquelles il serait parvenu. Vous constaterez donc toujours que, lorsque des initiés de l’ouest exposent des éléments de science initiatique dans des écrits publics, ils refusent d’accéder eux-mêmes par expérience à la connaissance des choses dont ils font part. Exemple typique : un auteur publie des faits qui relèvent de la
science initiatique – cela se produit surtout en Amérique – et, c’est la technique usuelle, annonce dans le préambule que naturellement, ce n’est pas lui qui a trouvé toutes ces choses, sinon, il ne les rendrait pas publiques. Vérifiez : vous trouverez cela dans de nombreux documents émanant précisément de la
science initiatique de l’ouest. Et si vous demandez la raison de ces procédés, on vous donne une réponse tout à fait pertinente pour la science initiatique occidentale, dans certaines limites. On vous dit : « Celui qui apprend quelque chose directement, immédiatement dans le monde spirituel, celui qui connaît les secrets du monde spirituel, ne peut pas dire à une autre personne qu’il tire ces connaissances d’une expérience personnelle. » – Tels seront en général les mots de la réponse – car, s’il reconnaît posséder des connaissances initiatiques par expérience personnelle, il devient dépendant, pour le restant de ses jours, de celui à qui il a révélé son secret.

Cette conception, qui tient à la nature de la
science initiatique occidentale, a fait naître un discours très extérieur sur tout ce qui est relatif à l’initiation dans les sociétés initiatiques occidentales, et a permis que circulent à l’ouest des initiés dont nul
ne sait qu’ils le sont. L’époque moderne doit dépasser cette conception, qui ne saurait prévaloir en Europe moyenne. L’esprit qui devrait y régner doit
même la combattre. Cet esprit de l’Europe moyenne doit la combattre en acquérant une nouvelle compréhension spirituelle du Mystère du Golgotha, de la
vie avec le Christ.

Il y a ici un important mystère. Dans les pays occidentaux, la science initiatique usuelle est en général
éloignée du christianisme. Sinon, la Société théosophique n’aurait pas exclu le christianisme, ou du moins introduit, avec un christianisme caricatural,
une sagesse purement orientale, indienne, une sagesse pré-chrétienne, présentée comme quelque chose de nouveau. C’est une caractéristique de la science initiatique occidentale que l’initiation ne profite à l’initié que si ce dernier a au moins un disciple
qui répète ses enseignements. Avoir la science initiatique pour soi seul, cela ne sert à rien. De même que vous ne verriez rien avec vos yeux si aucun objet ne
vous renvoie son image, vous ne touchez pas vos propres concepts spirituels, si vous êtes un initié occidental et que vous ne pouvez pas regarder la répétition de vos représentations chez un autre. Cela
a déjà été formulé maintes fois, sous une forme ou une autre, mais pas vraiment intégré. En fait, lorsque quelqu’un confie à un autre qu’il est initié, il tombe à
vie au pouvoir de ce dernier ; car l’autre peut refuser le service demandé et dire : « Je ne répète pas tes enseignements. » – Ce principe engendre une certaine dépendance. C’est un trait caractéristique de la science initiatique que je vous ai décrite par ailleurs comme la science initiatique dominante de l’ouest.

Il n’existe qu’une parade contre ce lien de dépendance avec des disciples : entrer dans la communauté du Christ, que l’on peut vraiment trouver sur terre
depuis le Mystère du Golgotha. Celui qui entretient des liens de compagnonnage non pas avec un être humain non perceptible, mais avec le premier frère
qui a cheminé parmi les hommes, avec le Christ vivant qui marche parmi nous, n’a pas à redouter de faire part au monde de sa propre sagesse. Il entre tient avec le Christ ces liens qu’il fallait avoir avec un
autre être humain dans l’initiation pré-chrétienne. Mais il n’y a actuellement pas d’autre voie pour révéler une sagesse initiatique originelle que l’union avec le Christ. Il n’y a pas d’autre chemin. Et c’est pourquoi la sagesse initiatique moderne devra chercher cette communauté avec le Christ. S’il était impossible de la chercher, cette science initiatique, nous ne pourrions pas avancer dans le domaine des connaissances sociales. Car aucune pensée sociale n’est aujourd’hui possible sans l’apport de l’initiation.
Et nous avons précisément besoin d’une pensée sociale. Si la sagesse initiatique occidentale seule donnait naissance à un système social, elle devrait garder secrets de vastes domaines, jusqu’à des niveaux inférieurs – il n’est pas possible actuellement de dévoiler aux hommes certains domaines supérieurs, parce qu’une préparation est nécessaire. Mais ce secret est incompatible avec le principe d’égalité
de tous les hommes, vers lequel tend l’humanité européenne moderne, et plus généralement l’humanité civilisée moderne.
Là où l’on trouve la sagesse initiatique intervient l’énorme différence entre les
dispositions des habitants de l’Europe moyenne et ceux de l’ouest.

La différence est bien plus nette lorsqu’il s’agit de science initiatique que lorsqu’il s’agit des sujets habituels sur lesquels on ne fait que
se croiser, en imaginant qu’il est possible de mettre l’humanité dans un moule abstrait unique. Cela, on ne le peut pas. L’humanité est différenciée, et cette
diversité devient particulièrement manifeste quand on pénètre dans les profondeurs de la science initiatique.