triarticulation

Institut pour une triarticulation sociale
(version française du site allemand)
Conditions d'utilisation.

Accueil

 

Deutsch EnglishDutchSkandinaviskFrançais ItalianoEspañolPortuguês (Brasileiro)Russisch
Recherche
 Contact   BLOG  Impressum 

Collection: 07 - LES IDEAUX SOCIAUX
Sujet : Révolution française abstraite et Théosophie
 
Les références Rudolf Steiner Oeuvres complètes GA174b 226-255 (1974) 13/05/1917
Traducteur: Jean-Marie Jenni Editeur: EAR

 

10034 - Permettez-moi d’exposer une expérience réjouis­sante malheureuse. Curieuse expression n’est-ce pas ? Mais oui, réjouissante en raison de la personne concer­née dont je peux citer le nom et qui accueillit très ami­calement mon article Pensées sur le temps de la guerre, un homme des pays nordiques qui s’intéressa autant qu’il put aux événements du monde, un politologue maintenant enseignant à Uppsala, j’ai nommé Kjellén 80. Je ne veux absolument pas égratigner cet homme, ni le critiquer en quoi que ce soit, mais au contraire je le choisis parce qu’il est un de nos amis. Il a écrit récemment un livre intéressant, L’État comme forme vivante. Il y présente une vision plus profonde que l’on pourrait avoir de l’État. Il défend à nouveau un genre d’idée où l’État serait un organisme.

Pour celui qui observe les choses selon la science de l’esprit et sachant ce que devrait être une science politique pour être féconde, si une telle science devait exister, la lecture des propositions de Kjellén, tout ami qu’il soit, est une vraie torture. Pourquoi ? Voyez-vous, Kjellén ne parvient pas à dépasser la question suivante : si l’on considère l’État comme un organisme complet, nous avons, dans cet organisme, la vie de l’être humain et qu’est-ce qu’alors que l’être humain ? C’est évident : c’est une cellule ! L’être humain serait donc pour Kjellén une cellule de l’organisme État. Le livre de [251] Kjellén développe maintenant l’idée que l’homme est une cellule de l’État, tout comme il y a des cellules dans notre propre organisme. L’État serait l’organisme qui se forme de différentes cellules et s’organise par elles.

10035 - Voyez-vous, si on ne fait que comparer, or ici on ne fait rien de plus, on peut comparer tout à n’importe quoi. On peut défendre logiquement toutes les idées lorsqu’on n’en tire pas les conséquences. Si l’on ne tire pas les conséquences, on peut également comparer un organisme à un couteau de poche. Il s’agit vraiment partout d’avoir un sens de pénétration de la réalité. Et lorsqu’on applique ce sens au livre de Kjellén on abou­tit bien vite au fond d’une impasse, une impasse bien étrange. Dans un organisme, les cellules sont les unes à côté des autres, et l’organisme résulte de l’action des cellules ainsi juxtaposées. Or cela ne s’applique déjà pas à la coopération des hommes à l’intérieur d’un État. Bref, si l’on en reste à l’abstraction logique, on peut écrire un livre relativement épais avec toute idée riche d’esprit et se persuader qu’elle a des vertus pratiques. Mais pour peu qu’on dispose de l’esprit des réalités, il faut continuer d’élaborer l’idée. Il s’agit véritablement de la confronter avec la réalité, c’est là que réside la connaissance. Je vous recommande la lecture de ce livre, il est représentatif de notre époque. Achetez-le, lisez-le et éprouvez la torture dont je vous ai parlé. Il faut ajouter qu’une idée en jaillira : qu’est-il permis de comparer à un organisme si l’on veut appliquer cette idée à la vie sociale de l’humanité ? Eh bien, c’est la vie de l’humanité sur la terre entière. C’est là que les diffé­rents États peuvent ressembler à des cellules.

10036 - Si l’on peut comparer la vie humaine sur toute la planète à un organisme dont les États seraient les cel­lules, on ne le peut pas d’un seul État dont l’être hu­main serait une cellule. Mais, de toute manière, on ne [252] peut comparer cette vie des États qu’à un organisme végétal. Jamais à autre chose qu’à un organisme végétal. Si l’on veut s’en tenir au concept d’organisme, il fau­drait que l’on considère l’organisme certes, mais l’être humain serait en dehors de celui-ci. Car l’être humain se développe au-dessus de toute vie des États, il ne peut pas se fondre dans l’État comme les cellules dans l’organisme, il doit le dépasser. C’est-à-dire qu’il doit exister dans le développement humain des domaines qui ne peuvent aucunement appartenir à l’État. On verra que l’être humain doit atteindre un domaine spi­rituel et qu’il ne peut avoir dans la vie de l’État que son ancrage inférieur, tandis que vers le haut il a son an­crage supérieur. Et la chose intéressante est de voir que maints chercheurs se sont cassé le nez sur le fait que les humains des temps passés, les mystères existant encore, le savaient. Kjellén lui-même mentionne un livre inté­ressant, écrit voici cinquante ans par Fustel de Cou­langes, La Cité antique 81. Il arrive, également comme Fustel de Coulange, à la question déroutante que voici : Qu’était alors l’État antique ? Qu’était-ce ? Fustel de Coulanges en vient à dire que l’État était un service divin, car on sentait que l’être humain devait s’élever vers les mondes spirituels. On ne pouvait avoir voix au chapitre dans l’État que lorsqu’on était initié aux mystè­res et que l’on en avait reçu des directives concernant la structure de l’État. Lors des troisième et quatrième périodes de culture, il en était encore ainsi. Les cher­cheurs arrivent à cette conclusion, par leurs recherches extérieures, tout en ne pouvant rien en faire, alors que l’histoire même le leur donne à lire.

10037 - La lecture de la dernière page du livre de Kjellén L’État comme forme vivante est infiniment tragique. Kjellén tente d’édifier quelque chose qui serait une science de l’État et il se trouve complètement dépourvu [253] devant la question suivante : que va-t-on faire de la cellule ? Si l’on voulait réaliser l’idée de Kjellén, il ne resterait qu’à décapiter les hommes, car ils ne peuvent pas appartenir par leur tête à un État tel qu’il est conçu par la science de Kjellén, ils doivent nécessairement le dépasser par leur élément spirituel.

10038 - Voyez-vous, dès qu’on considère la vie en profon­deur, on arrive à des choses étranges. C’est pourquoi, tout ce qui se réclame aujourd’hui d’une quelconque politologie ne sait pas en fait ce qu’elle cherche. Il n’existe nulle part, aujourd’hui, de vraie politologie adaptée à notre époque. Tout n’est en ce domaine en­core que bavardage. On aura une véritable politologie qui mérite son nom lorsqu’on se sera orienté à nouveau sur la manière dont l’être humain est lié au monde spi­rituel, lorsqu’on saura de nouveau quelle part on peut organiser dans la vie terrestre et quelle part doit rester libre, en dehors. Ces choses doivent surgir d’une cer­taine profondeur. Vous sentez bien dans ce domaine, mes chers amis, combien les choses deviennent tragi­ques. L’humanité doit porter en elle-même les lois de son évolution. Elle doit être capable de les ressentir.

---------

Ce qui a pénétré dans cette quatrième période, c’est le mystère du Golgotha. Et comme l’esprit ne peut plus [276] provenir de la matière extérieure, il faut nécessairement qu’il fasse l’objet d’une reconquête. La montée de l’esprit à partir de l’intériorité a reçu une impulsion grâce au mystère du Golgotha. Mais nous vivons dans la cinquième période où cette reconquête n’a pas en­core beaucoup progressé, où précisément les forces, qui se sont manifestées sous une forme caricaturale chez les Romains, sont encore en l’être humain, où elles luttent contre l’impulsion de la montée de l’esprit ap­portée par le mystère du Golgotha. Il est ainsi compré­hensible que cette cinquième période postatlantéenne soit essentiellement le règne de la pensée matérialiste et du sentiment matérialiste.

Le Mystère du Golgotha a certes donné une impul­sion qui a fait quelque peu disparaître la corruption qui régnait chez les Romains, mais l’être humain n’est pas encore parvenu à faire refleurir naturellement en son âme l’élément psychique et spirituel. Il faut pour cela de nouvelles impulsions, une connaissance plus profonde et plus intense de l’impulsion christique. L’impulsion christique doit pénétrer toujours plus avant dans la vie humaine. lorsqu’il se ressent lui-même, l’être humain normal de la cinquième période culturelle ne se trouve pas placé devant son âme, à proprement parler. L’expérience intérieure de l’âme a disparu de l’être humain normal. L’être humain se ressent comme corps physique, comme corps physique naturel.

Expérience propre du corps ! C’est pourquoi l’élément de l’âme a disparu de la science et en dispa­raîtra encore davantage. Car il s’agit de reconquérir l’élément de l’âme à partir de l’intérieur. Or la cin­quième période qui a débuté vers 1413, 1415, ne fait que commencer. L’humanité devra s’y développer de manière à conquérir l’esprit de plus en plus et vérita­blement de l’intérieur. Mais précisément sur le terrain [277] de l’âme, il se fait valoir tout d’abord une manifestation très singulière dans l’âme, la manifestation de quelque chose de très matériel qui ne l’était pas auparavant : la pensée elle-même. Une pensée telle qu’elle prévaut dans la cinquième période postatlantéenne eût été im­possible aux époques grecque, égyptienne, chaldéenne ou perse. Derrière la pensée grecque il y avait encore, jusqu’à un certain degré, une représentation imaginative et, antérieurement aux Grecs, encore bien davantage. Celui qui est vraiment capable de lire Aristote y décou­vrira, même dans la sécheresse de sa langue, l’action des imaginations, car la pensée se déroulait encore plus consciemment dans le corps éthérique.

La pensée est maintenant totalement descendue dans le corps physi­que, elle est totalement une pensée du cerveau, où elle prend le caractère abstrait dont s’enorgueillit particuliè­rement notre époque. La pensée est devenue totale­ment abstraite. Elle est attachée complètement à la matière, à la matière du cerveau. Cette pensée se traduit dans les impulsions les plus dominantes de l’époque, lesquelles, à nouveau, doivent être approfondies, sans quoi la pensée deviendra de plus en plus matérialiste. Cette pensée devenant toujours plus matérialiste en­traînera avec elle une vie toujours plus matérialiste également. Les idées fondamentales qui doivent agir dans les impulsions, c’est la caractéristique de notre cinquième époque, ne peuvent être qu’abstraites.
Il y eut un apogée de la pensée abstraite où celle-ci formait le principe de vie. Tout est nécessaire, compre­nez-moi bien, je ne veux absolument pas critiquer quoi que ce soit par sympathie ou antipathie, mais seulement caractériser un fait, comme on le fait scientifiquement. Je ne veux nullement blâmer, et que personne n’aille croire cela, qu’il y a eu une époque où les idées cosmi­ques les plus abstraites ont fêté leur triomphe. Cette [278]
époque est celle où s’exprime, dans la forme la plus abstraite possible, les trois idées de liberté, égalité et fraternité. On les exprimait alors dans l’abstraction la plus extrême. Je ne le dis pas par une réaction conser­vatrice, mais pour caractériser le développement de l’humanité. À la fin du 18e siècle tout aspire à la liberté, à l’égalité et à la fraternité, mais ce, non à partir du cœur, mais à partir du cerveau pensant. Cela s’est pro­longé au 19e siècle de telle manière que nous en avons encore comme un retentissement dans les habitudes. Les hommes se sont tout à fait habitués à la pensée abstraite et ils s’y trouvent bien, ils s’y sentent ainsi intelligents. Ils croient avoir la vérité dans la pensée et n’éprouvent aucun besoin de confronter leur pensée avec la réalité. Or c’est une chose qu’il nous faut réap­prendre, sans quoi nous en resterons à la déclamation d’idées abstraites dépourvues de toute valeur pour la vie réelle.

La grande maladie de notre temps, c’est la déclama­tion d’idées abstraites dénuées de valeur pour la vie réelle. Lorsqu’on proclame aujourd’hui que les plus capables doivent occuper les postes importants, c’est, à vrai dire, une idée merveilleuse ! N’est-ce pas un idéal que de libérer la voie pour les plus capables ? On se sent, en notre période matérialiste, comme porteur en sa poitrine d’une valeur sans pareille pour l’avenir tout entier lorsqu’on déclame un tel idéal. Mais à quoi bon un tel idéal abstrait, si on en reste à déclarer son neveu ou son gendre comme étant le plus capable ? Il ne s’agit vraiment pas de reconnaître et de proclamer un idéal abstrait, mais de le confronter en son âme et de recon­naître la réalité en son essence, de la ressentir, de la pénétrer, de l’élaborer. Il sera de plus en plus nuisible de n’en rester qu’à la déclamation de belles idées, juste pour se faire du bien. C’est l’amour et la connaissance [279] de la réalité, l’adaptation à la réalité qui doivent pénétrer en notre âme. Mais cela ne peut se faire que si l’être humain apprend à reconnaître la totalité de la réalité dont la partie sensorielle ne forme que la coquille. Lorsqu’on est en présence d’un fer aimanté et qu’on prétend que c’est avec cela qu’on ferre le mieux un cheval, est-ce qu’on a reconnu la totalité de la réalité ? Non, on aura reconnu la totalité de la réalité lorsqu’on aura vu qu’il y a une force aimantée dans le fer. Or celui qui prétend établir une science naturelle ou une socio­logie en ne voulant prendre en compte que le visible et en ne cherchant à comprendre qu’au moyen de repré­sentations puisées dans le monde visible, agit comme un maréchal-ferrant qui ne sait pas reconnaître un ai­mant et avec lequel il ferrera un cheval. C’est cela l’abstraction extérieure nuisible, l’idéal abstrait. On ne reconnaît pas la nocivité de ces idéaux car ces idéaux sont vrais, sont bons, mais sans effet. Ils ne servent qu’à satisfaire l’égoïsme humain de la connaissance qui se goberge dans les idéaux. Mais on ne peut nullement agir sur le monde avec cela. Tout au plus peut-on, avec cela, régir le monde tel qu’il est devenu dans la pre­mière moitié du 20e siècle.

Voilà des sentiments qu’il faut cultiver en soi, si l’on veut comprendre plus profondément notre époque. La vie de l’âme qui, comme je l’ai évoqué, s’est formée peu à peu à partir de notre environnement et de notre conception du monde, doit se vivifier en l’être humain. Les idées doivent redevenir concrètes, vivantes. La fraternité est certes une belle idée, mais exprimée de manière abstraite, elle n’exerce aucun effet. Pour ne serait-ce que commencer à comprendre les trois idées, pour l’instant abstraites, que sont liberté, égalité et fra­ternité, il faut savoir premièrement que l’âme humaine vit sur terre à travers le corps physique humain, que [280] l’être humain est à la fois corporel et psychique, deuxièmement que l’être humain n’est pas seulement corporel et psychique mais qu’il est véritablement une âme, et troisièmement que cette âme est emplie d’esprit. Il faut donc savoir que l’être humain est cons­titué de trois parties, qu’il est triparti. Dire en général que les êtres humains dans l’abstrait doivent être frater­nels, libres et égaux n’est que balivernes. Ce qu’il faut, c’est acquérir une connaissance vivante que l’être hu­main, vivant dans un corps physique dans le monde physique, a besoin d’un ordre social qui repose sur une réelle fraternité, et que la fraternité ne peut être com­prise que si on considère les êtres humains comme des corps physiques. C’est le début d’une compréhension correcte de l’idée de fraternité. La fraternité n’a de sens que si l’on sait que l’être humain est une trinité formée de trois corps constitutifs et que la fraternité ne s’applique qu’au corps physique. La liberté, elle, concerne l’âme, car nous savons bien qu’il n’y a pas de liberté pour les corps physiques. Il n’existe aucune institution qui puisse rendre les corps physiques libres. Le développement humain ne peut conduire qu’à la libération de l’âme et rien d’autre. Exprimer la liberté comme une idée générale est une abstraction. Des âmes libres dans des corps fraternels, voilà une idée concrète. Quant à l’égalité, elle ne peut régner que dans l’esprit des êtres humains. Une vieille sagesse populaire dit que les êtres humains ne sont égaux que dans la mort ! C’est qu’on regardait alors l’esprit. Dans la mesure où les hommes vivent sur terre en tant qu’esprits, ils sont égaux, mais parler d’égalité entre les hommes n’a de sens que si l’on parle du troisième constituant de l’homme qu’est l’esprit. Il s’agit de rendre tout cela vivant, mes chers amis, si bien qu’il faut dire : ce qui déambule ici sur terre au sein d’un quelconque ordre [281] social vit dans le corps, dans l’âme et dans l’esprit. Le développement doit conduire à ce que les corps puis­sent se dépenser dans la fraternité, les âmes dans la liberté et les esprits dans l’égalité. Nous n’avons pas le temps aujourd’hui de développer davantage cette idée, mais vous voyez bien quelle grande différence il y a entre des idées de liberté, fraternité et égalité exprimées sous leurs formes abstraites ou sous leurs formes concrètes, percées par la connaissance et applicables correctement.
Sur quoi repose le fait que nous soyons devenus si abstraits ? C’est que, n’est-ce pas, l’humanité a perdu complètement quelque chose qui, il n’y a pas si long­temps encore, était une vérité des mystères anciens : l’être humain est constitué d’un corps, d’une âme et d’un esprit. Pour les Grecs il était encore tout naturel de voir en l’être humain un corps, une âme et un esprit. C’était encore évident également pour les Pères de l’Église. Le mouvement descendant qui se trouvait dans le développement humain et qui demande à retrouver une direction ascendante par l’impulsion du Christ, fut consacré en l’an 869 par le concile de Constantinople 86 lors duquel on fixa, par le dogme, l’abolition de l’esprit. Veuillez excuser mon expression caricaturale ! On n’a fait alors que constater extérieurement ce qui se faisait jour dans la conscience de l’être humain du fait des conditions que j’ai décrites. Depuis ce moment-là, il n’est plus admis par la théologie, d’enseigner que l’être humain est constitué d’un corps, d’une âme et d’un esprit, il faut au contraire enseigner qu’il n’a qu’un corps et une âme, comme l’enseigne d’ailleurs encore aujourd’hui tout professeur de philosophie. Lorsque ce bon philosophe Wundt, ou tout autre que lui, enseigne aujourd’hui encore que l’être humain est fait d’un corps et d’une âme, il ne sait pas, hélas, qu’il ne fait que [282]
prolonger une directive décidée en 869 par le concile de Constantinople. Il ne sait simplement pas que son en­seignement obéit à une décision conciliaire. Vous voyez qu’à l’examen de l’histoire de son développement, cette science, soi-disant dépourvue de préjugé, révèle de curieuses bases. On ne peut tout simplement pas concevoir notre science dite exempte de préjugés sans prendre en compte le concile de Constantinople, seu­lement ces messieurs ne le savent pas !
Ce qui a été occulté ainsi, c’est-à-dire que l’être hu­main est formé d’un corps, d’une âme et d’un esprit, doit être regagné par la science de l’esprit. C’est en pleine conscience de ce fait, dans mon livre, Théosophie, par lequel je tente de le faire valoir symptomatiquement (notamment dans notre science de l’esprit d’orientation anthroposophique de l’Europe du Centre) qu’il m’a fallu placer tout au début l’enseignement de la triple constitution de l’être humain en corps, âme et esprit. Tout le livre est édifié là-dessus. Il s’agit de le répéter sans cesse et de manière radicale devant l’humanité ; ainsi elle obtenait l’être humain triparti à partir de l’évolution.Vous voyez, sur le terrain de la science de l’esprit, même les détails trouvent leur explication, mais la science de l’esprit est également capable de nous four­nir, pour la pensée, le sentiment et la volonté, les im­pulsions qui peuvent faire de nous les véritables colla­borateurs du juste développement de l’humanité. Mon désir est toujours de parvenir à faire naître le sentiment que la science de l’esprit ne doit pas rester une théorie ou un enseignement, comme toute autre science, mais devenir quelque chose de véritablement vivant, impli­quant la vie de l’âme. Cela me semble plus important que la multiplication des concepts, qui sont certes éga­lement nécessaires, mais qui ne doivent surtout pas [283] rester inertes mais, au contraire, devenir vivants.