Sans avoir d'estime particulière pour la
religion mais guidée par un instinct sûr, la
social-démocratie moderne a forgé cette sentence à
propos de la religion : il faut que la religion
soit une affaire privée. Dans le même sens, et si
bizarrement que cela sonne encore aujourd'hui à
l'oreille des hommes, il faut que toute vie
culturelle soit une affaire privée et repose sur
la confiance accordée par ceux qui veulent la
recevoir à ceux qui doivent la dispenser. Je sais
bien sûr que beaucoup craignent aujourd'hui que
notre progéniture à tous retombe dans
l'analphabétisme si nous avons la possibilité de
choisir nous-mêmes nos écoles. Nous n'avons pas de
souci à nous faire pour cela. Peut-être certains
membres des milieux dirigeants, dirigeants jusqu'à
maintenant, ont-ils justement de très sérieux
motifs de penser l'éducation en ces termes ; ils
se rappellent la peine qu'ils ont eue à acquérir
le petit peu de culture qui leur garantit leur
position dans la société. Mais l'exigence devant
laquelle l'organisme social tripartite place les
hommes ne risque pas de conduire à
l'analphabétisme sous l'influence du prolétariat
moderne si la vie culturelle est libre.
04036 - Je suis pleinement convaincu que si
on est en mesure de mettre ainsi en place un état
de droit qui garantit le droit ouvrier, dans
lequel tout homme a voix au chapitre quant à ce
qui est pareil pour tout le monde, le prolétariat
moderne en particulier se gardera bien de prôner
spécialement l'analphabétisme : la vie culturelle
étant libre, il ne tardera pas à réclamer de
lui-même qu'on ne conduise pas les hommes aux
urnes comme on peut parfois l'entendre dire de
certaines régions d'un état voisin où les moines
et les prêtres de campagne ont déménagé les asiles
d'aliénés et les établissements pour débiles
mentaux afin de conduire aux urnes des gens qui ne
savaient même pas comment ils s'appelaient.
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