11009 - Ici, en Occident, il s'agit d'obtenir que les
trois éléments se placent côte à côte, qu'ils soient
distinctement séparés, que même dans l'espace on
trouve la vie spirituelle concentrée comme ici à
Oxford 20, où l'on a le sentiment qu'il n'y a plus
ailleurs ni monde étatique, ni monde économique, et
que tout ce qui relève du spirituel est là, autonome
et souverain. Mais on a aussi le sentiment que ce qui
se développe dans cette vie spirituelle souveraine n'a
plus la force d'exercer une action sur les deux autres
éléments. C'est quelque chose qui ne vit que pour soi,
qui n'a aucun lien organique avec les deux autres
éléments.
11010 - En Allemagne, on a le sentiment suivant : la
vie spirituelle est si bien ancrée dans la vie de
l'Etat qu'il faut d'abord l'aider à se mettre debout
pour qu'elle s'y maintienne et soit autonome. Ici, on
a le sentiment que la vie spirituelle est si
indépendante qu'elle ne se soucie absolument plus des
autres éléments. Ce qui donne une coloration bien
différente quand on pense conformément à la réalité à
la question sociale actuelle et à l'impulsion
fondamentale de la question sociale de nos jours.
205[...]242
12054 - Si j'ai tenté d'exposer ce qui concerne
l'éducation d'une part, et d'autre part la question
sociale, je voudrais cependant rendre attentif au fait
que ceci doit être cultivé à Dornach comme ayant
valeur universelle. On est tout d'abord parti du point
de vue de la conception du monde, de la connaissance,
lorsque le mouvement anthroposophique fut fondé. Et
c'est seulement quand les hommes ont vu et ressenti à
notre époque les forces de décadence qui l'habitent,
ont ressenti qu'il faut qu'il se passe quelque chose
en matière d'éducation et aussi dans le social, que
les gens sont venus me demander : qu'est-ce que
l'anthroposophie a à dire en matière de fondation
d'écoles qui comptent avec la plénitude de la vie,
avec un avenir qui naîtrait des forces humaines les
plus profondes ? Car pour l'instant, rien ne peut être
acquis pour l'avenir si l'on ne puise que
superficiellement à ces forces.
12054 - Ce n'est pas d'une lubie quelconque, ni d'une
idée abstraite, qu'est né le courant pédagogique, mais
parce que des hommes sont venus qui ont posé cette
question à l'anthroposophie, qui voulaient savoir ce
qu'elle avait à dire en fonction de la vie, et non pas
pour satisfaire une aspiration sectaire.
12055 - Ce fut le cas dans une bien plus grande mesure
encore avec la question sociale. Là aussi des hommes
sont venus dont le coeur se brisait à voir ce qui, à
l'époque présente, conduit à la décadence, qui
voulaient savoir ce que la connaissance
anthroposophique, en pénétrant réellement dans la
réalité, a à dire des impulsions qui doivent aller du
présent vers l'avenir.
12056 - D'avoir trouvé ici de la compréhension pour
cela, j'exprime pour terminer mon plus chaleureux
remerciement en soulignant encore que ce qui doit être
dit ainsi justement, doit être accueilli dans la
plénitude de la vie, et agir en partant du Collège
vers le monde où se trouvent les hommes ; qu'il ne
s'agit donc pas d'une science dépassée, et que c'est
justement dans les lieux de la vie spirituelle que
naissent les impulsions dont l'action fait que dans
les usines se trouvent les hommes qui conviennent, qui
administrent le capital, et qui sont à la source de
cette vie. Ceci a été caractérisé à l'aide d'exemples
qui se présentaient, et l'on ne m'en voudra pas si
d'autre part je répète ce que j'ai déjà dit plusieurs
fois : j'ai éprouvé un sentiment de bonheur tout
particulier à pouvoir exposer ces impulsions ici à
Oxford, où chaque pas dans la rue nous inspire, de par
l'âge vénérable des choses, où agit tout
particulièrement ce dont a besoin celui qui veut
parler en puisant à l'esprit.
12057 - Dans le passé, l'esprit n'était pas vivant
qui doit le devenir aujourd'hui, et qui doit agir en
direction de l'avenir, mais un esprit vivait. Et cet
esprit peut exercer une action inspiratrice. C'est
pourquoi j'ai été aussi profondément satisfait de
pouvoir donner ces conférences à Oxford, ici
justement, sous l'impression de ce passé vénérable,
digne de vénération, et de pouvoir donner ces
indications stimulantes.
|