ici pas de pro­gramme tout prêt, on part au contraire de l'idée que le corps social lui-même, en d'autres termes la vie des hommes en société, doit être articulé d'une cer­taine façon, articulé de manière à gérer séparément la vie économique et la vie démocratique, politique ou juridique, et à respecter l'indépendance de la vie culturelle.
06077 - Ceci étant, on a beau jeu de dire : mais voilà que tu coupes en trois, non ? ce qui doit nécessairement ne faire qu'un, la société humaine dans son ensem­ble, la société humaine une et indivisible. Mais c'est justement en donnant aux trois parties leur autono­mie qu'il sera possible d'asseoir l'unité qui convient à ces parties. Il ne s'agit pas, comme beaucoup l'ont cru, de remettre au goût du jour la triade scolaire, militaire, alimentaire, préconisée par la vision pré-chrétienne, platonicienne. Non, on a alors réparti l'humanité en tant que telle en trois états de sorte que l'on appartenait à l'un, à l'autre ou au troisième. On se propose justement d'éviter que les hommes se répartissent en états sans pouvoir faire partie du tout. Le but n'est pas d'articuler l'humanité, en tant que telle, mais d'articuler la vie humaine. Et celui qui a sa place dans la vie a d'une certaine manière sa place sur les trois plans : la vie de l'esprit dans la mesure où il a concrètement part à la vie de l'esprit sous une forme ou sous une autre ; la vie juridique, tout ce qui concerne le droit, parce qu'il s'est désormais éman­cipé en ce domaine, soit directement par referen­dum, soit indirectement par mandat interposé ou autre, et, grâce à son crédit personnel ou à sa com­pétence et à son professionnalisme, il est membre d'un secteur économique donné auquel il est intégré par le biais d'une association ; toute la vie économi­que a sa propre articulation.