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Institut pour une triarticulation sociale
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Collection: 05 - LA VIE JURIDIQUE DEMOCRATIQUE
Sujet: Droit comme rajustement
 
Les références Rudolf Steiner Oeuvres complètes 190
Traducteur: Daniel Simonnot Editeur: Editions Anthroposophiques Romandes

 

04007 - Je vais maintenant vous poser une question. Combien d'hommes sont-ils capables de penser concrètement en lisant des comptes rendus d'audiences judiciaires où des juges ont été amenés à mettre le droit en pratique avant de prononcer un jugement, à exercer une activité basée sur l'application du droit? Y a-t-il un endroit au monde où l'on soit capable de penser concrètement en entendant prononcer le mot «Droit», employé comme substantif. Vous représentez-vous ce qu'il peut y avoir d'abstraction nébuleuse dans le cerveau d'une personne entendant prononcer le mot «Droit», l'exercice du «Droit», la définition de la chose juste? Qu'est-ce au juste que ce vocable qui apparaît dans le langage sous le nom de «Droit»? Nous avons souvent dit que l'Etat devait être avant tout une organisation juridique, basée sur le «Droit». Qu'est-ce que le «Droit». Ce mot n'est, pour la plupart d'entre nous, qu'une représentation très floue, une abstraction des plus stériles et vides de con­tenu. Comment pouvons-nous arriver à nous en faire une représentation concrète. Essayons un peu d'exami­ner la chose dans un cas particulier très précis.
04008 - Vous avez déjà entendu dire d'un homme: il est «gauche». Qu'est-ce au juste qu'un gaucher? Voyez-vous, ce que nous essayons de faire de la main gauche, nous le faisons maladroitement, à moins d'être préci­sément un gaucher. Nous ne sommes pas adaptés à nous servir de la main gauche. Lorsqu'une personne agit normalement dans la vie avec la même maladresse que
si elle se servait de sa main gauche, on dit qu'elle est gauche. Il y a donc une représentation très concrète sur laquelle le mot «gauche» repose. Un homme est gauche lorsqu'il agit avec la même maladresse que celle dont je fais preuve en me servant de la main gauche. Il n'y a là aucune abstraction mais, au contraire, une notion très concrète. Il se comporte de la même façon que moi lorsque je me sers de la main gauche. Vous voyez naître ici une notion très concrète, une opposition de senti­ment entre le gauche et le droit, entre ce qu'on fait avec la main gauche et ce qu'on fait avec la main droite. Et ce qui est fait de la main droite, cela devient un substantif, «le droit». A l'origine, le droit qualifiait l'acte exécuté avec la même habileté, par rapport à la réalité des choses, que ce qu'on fait avec la main droite et non avec la main gauche.
04009 - Vous venez de rendre cette notion très concrète. Ima­ginez maintenant une autre situation, vous vous trouvez par exemple en présence d'une montre, mais vous pour­riez aussi bien imaginer une quantité d'autres situations. Lorsque vous voulez mettre une montre à l'heure', vous vous servez généralement de la main droite et non pas de la gauche, c'est avec la main droite que vous mettez la montre à l'heure. Cette rotation de gauche à droite, exécutée avec la main droite, c'est le sens concret du mot «mettre à l'heure», «redresser l'heure». On dit aussi, mettre à «l'heure juste», à «l'heure de la justice»,
1 R. Steiner emploie ici le mot «Richten» pour l'action de mettre une montre à l'heure. La traduction française ne peut qu'obscurcir l'explication donnée par R. Steiner. Une traduction rigoureuse donnerait, en mot à mot, «mettre à l'heure droite» c'est-à-dire à l'heure juste. (N. d. t.).
à «l'heure voulue par le droit»1. Vous avez ainsi la représentation concrète du mouvement circulaire de gauche à droite. Un homme qui agit comme s'il était devenu gauche, ce qu'il ne devrait pas faire, est redressé «remis droit» par le juge, par «l'homme du droit».