: même si beaucoup citent aujourd’hui Goethe, même si beaucoup croient connaître ses ceuvres, ce qui vit et agit vraiment dans sa conception du monde fait partie de l’élément le moins connu de l’évolution humaine ; mais c’est aussi, lorsque cet élément se manifestera avec plus de force dans l’évolution humaine, ce qui transformera fondamentalement la pensée scientifique, sociale et autre, et même les impulsions qui poussent l’être humain à agir. En dehors du mouvement anthroposophique il y a, à notre époque,
encore peu de forces, d’impulsions favorables à une compréhension de la conception gcethéenne du monde. Aussi justifié et magnifique en effet que soit le principe dit démocratique pour l’évolution humaine, lorsqu’il est compris au sens juste, il est un facteur destructif à notre époque, où il est souvent abordé et appliqué de la façon la plus erronée. Il règne à notre époque, dans nombre d’âmes, une aversion intense, une antipathie, et même plus, une haine intense, une hostilité envers une conception du monde de cette nature, qui a ses sources dans la façon de penser de Goethe et son attitude d’âme et d’esprit. Car cette conception du monde nécessite beaucoup, beaucoup de ce que notre époque apprécie précisément le moins. À notre époque chacun aimerait avoir en quelque sorte sa propre conception du monde, se bâtir sa propre conception du monde, être un indépendant de la conception du monde, sans s’être particulièrement approprié les fondements nécessaires. Le sentiment qui s’impose vite à chacun, c’est à peu près que les diverses conceptions du monde se juxtaposent à égalité les unes avec les autres. Ce qui chez Goethe apparaît de façon si extraordinaire dans l’aspiration de Faust, n’importe quel journaliste superficiel en parle aujourd’hui, et aussi toute personne qui répète ses propos. Mais de la connaissance du souffle le plus intime de cette quête de Faust, on ne peut parler aujourd’hui que dans une infime mesure.