01010 - Pourquoi pensait-on alors qu'il était opportun d'introduire la notion de tripartition dans le plus grand nombre possible d'esprits ? Eh bien, sur le plan purement extérieur, l'important eût été de gagner le plus possible d'esprits ä la tripartition sociale avant que ne se manifestent les conséquences économiques qui se présentent maintenant. Pensez bien ä ceci : lorsque la tripartition sociale a commencé à être évoquée, nous n'étions pas encore aux prises avec les difficultés monétaires d'aujourd'hui ; au contraire, si la tripartition sociale avait été alors comprise, ces difficultés n'auraient jamais pu survenir. Une fois de plus, nous nous trouvions devant l'impossibilité pour les hommes de la comprendre dans un sens réellement pratique. Mais quand nous nous efforcions de rendre la tripartition sociale compréhensible, les gens rétorquaient : ce serait certainement très bien, nous l'admettons, mais nous devons d'abord lutter contre l'effondrement de la monnaie. Nous ne pouvions que leur répondre : la solution se trouve justement dans la tripartition ! Consentez ä la tripartition, c'est le seul moyen de lutter contre l'effondrement de la monnaie ! — Les gens voulaient alors savoir comment faire, alors que la solution est dans la tripartition. Ils ne la comprenaient pas, tout en prétendant le contraire.

(...)

01029- On pouvait croire, en 1919, du fait que tout était détruit de fond en comble, que les gens auraient compris qu'il fallait commencer par quelque chose de neuf. Or ce ne fut pas le cas. Les quelques personnes qui eurent cette conviction ne tardèrent pas ä succomber ä la facilité et dire : on ne peut vraiment rien faire Entre-temps survint la grande calamité, la dévaluation qui frappa les régions de l'Est et du Centre, provoquant un bouleversement complet des couches sociales ; car avec chaque dévaluation, celui qui vit de ce qui a été comparé à. l'ultraviolet, doit s'appauvrir, cela est compréhensible. Et cela se produira encore dans une bien plus large mesure qu'aujourd'hui. Il y aura un appauvrissement total. Le concept qui s'impose ici est celui « d'organisme social », car il est démontré que la dévaluation est déterminée par la délimitation nationale. Cette délimitation intervient dans le processus économique national. Il faut comprendre ce processus, mais il faut d'abord comprendre l'organisme social.

Mais toutes les théories économiques, ä commencer par celle d'Adam Smith' et jusqu'aux plus récentes, se fondent en fait sur des organismes sociaux établis sur de petits territoires. Elles ne se soucient pas, même pour une simple analogie, que celle-ci doit être correcte.

01030 - Avez-vous jamais vu un véritable organisme développé constitué de cette façon :

vous avez, par exemple, un homme, puis un autre homme et encore un autre etc., collés les uns aux autres, ce seraient de mignons organismes humains agglomérés de cette façon. On ne rencontre rien de semblable parmi les organismes développés. C'est pourtant ce qui se produit avec les États nationaux. Or tout organisme a besoin autour de lui d'un espace vide qui le sépare de l'autre. Vous pouvez tout au plus comparer les nations isolées avec les cellules d'un organisme, et comparer le corps économique de la Terre entière avec un organisme. Ceci est important. Cela saute aux yeux, depuis que nous avons une économie mondiale nous ne pouvons comparer les nations qu'à des cellules. La terre tout entière considérée comme un organisme économique, voilà ce qu'est l'organisme social.

01031 - Personne ne voit cela. La science économique est devenue quelque chose qui ne correspond plus du tout à la réalité, car elle a voulu la construire sur des principes qui ne s'appliquent qu'aux cellules isolées. Aussi trouverez-vous, en les étudiant, que les sciences économiques française, anglaise ou allemande revêtent des approches très différentes. Cependant, actuellement, en notre qualité d'économiste, nous avons besoin d'une compréhension pour l'organisme social tout entier. Voilà ce que je voulais vous dire aujourd'hui en introduction.