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Institut pour une triarticulation sociale
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Collection: 01-Questions fondamentales
Sujet: En Allemagne insister sur le démêlages des membres, en Angleterre leurs liens
 
Les références Rudolf Steiner Oeuvres complètes 305 202-205 (1979) 28/08/1922
Traducteur: Editeur: Centre Triades

 

 

C'est pourquoi, à un moment très important, entre la fin de cette guerre et la tentative de paix de Versailles, j'ai essayé de présenter en quelques traits 18 comment on pourrait concevoir, dans l'actuel organisme social, une répartition organique des trois parties de la vie sociale que je me suis permis de caractériser dans la conférence précédente.
11002 - Dans cette dernière conférence, j'ai rendu attentif au fait qu'au cours de l'évolution historique de l'humanité, trois courants très différents sont issus d'un courant originel, le courant théocratique, et qu'actuellement sont présentes côte à côte dans l'organisme la vie spirituelle, la vie juridique-étatique et la vie économique. J'avais fait expressément cette remarque : mon opinion n'est pas qu'on doive diviser tout d'abord théoriquement l'organisme social en ces trois parties. Dans ma manière de voir adaptée à la réalité, et non théorique, cela m'apparaîtrait comme si quelqu'un voulait réfléchir
à la façon de diviser l'homme en tête, poitrine et membres. La répartition dans l'organisme social s'est établie au cours de l'his­toire, et elle existe aujourd'hui simplement, et il ne s'agit pas aujourd'hui de réfléchir au partage de l'organisme social en trois parties, mais de trouver les éléments qui relieront entre elles ces trois parties.
11003 - Lorsqu'on veut penser cette question, la question sociale fonda­mentale, de manière juste, alors il faut penser tout à fait en conformité avec la réalité, uniquement en s'appuyant sur les faits. Mais alors on pense en vue d'un moment déterminé et d'un lieu déterminé. Et dans le livre Fondements de l'organisme social, parce que ce livre m'a été demandé en Allemagne du Sud, par des amis de Stuttgart 19 - je ne l'ai pas écrit proprio motu, on m'en a instam­ment prié —, je l'ai écrit dans la perspective de ce moment du printemps 1919, du lieu : l'Allemagne du Sud, parce que je me représentais que quand les hommes en viennent à vouloir, la volonté pourrait être de nature telle, à ce moment et en ce lieu, que l'on rencontrerait de la compréhension pour ce qui est esquissé dans ce livre sous la forme non pas de points d'un programme, mais sous celle d'orientations de la volonté.
11004 - Or, les choses sont telles que la question effleurée dans ce livre est très différente pour l'Est du monde civilisé, pour la Russie, l'Asie, tout autre pour l'Europe du Centre, et tout autre encore pour l'Ouest, pour l'Angleterre et l'Amérique. C'est ce qui résulte d'une activité pensante conforme à la réalité. Car ce que j'ai caractérisé dans la dernière conférence, l'apparition de l'ordre industriel du monde issu des deux ordres précédents, de telle sorte qu'il se situe à côté d'eux en constituant un courant particulier, s'est accompli essentiellement sous l'influence des pays occidentaux, sous l'influence de ce qui était au xvnie siècle dans les pays occidentaux moeurs, habitudes, ordre social, et s'y est adapté. Si l'on veut caractériser le fait plus concrètement, avec plus de précision, il faut dire : au cours de l'évolution historique récente, l'Angleterre est devenue la grande nation commerçante. Ce qui apparaît aujourd'hui tous les trois mots quand on traite de la
question sociale, du prolétariat : le capital, s'est développé sous l'influence des grandes structures créées par le commerce, et a pris la forme de capital commercial.
11005 - Oui, Mesdames et Messieurs, ceci donne à une chose un caractère bien défini, car la nature du commerce s'est développée à l'époque moderne à partir des habitudes de vie et des moeurs occidentales. Karl Marx a vu effectivement en Angleterre autre chose que ce qu'il avait autour de lui en Allemagne. Il n'a apporté d'Allemagne que la théorie, le mode de penser, la dialectique. Il a vu ici une structure sociale étrangère. Et c'est pourquoi il faut dire : tout ce qui est apparu : l'ordre industriel, est survenu en poursuivant son développement en tant qu'élément proche de l'évolution commerciale en Occident. L'industrie s'est développée organiquement à partir du commerce.
11006 - Ce ne fut pas le cas en Europe du Centre, ni dans le pays représentatif de cette Europe du Centre : l'Allemagne. Jusqu'au milieu du xixe siècle, l'Allemagne était pour l'essentiel un pays agricole, un pays où l'agriculture tenait la première place. Et l'industrie moderne qui apparaissait, ce courant de l'industrie moderne qui prit place à côté des deux autres, constituant le troisième, c'était une formation étatisée, une formation qui se consolidait de plus en plus dans le cadre de l'Etat, et qui pour cette raison développa la tendance à absorber l'industrialisme, à l'incorporer à l'Etat.
11007 - Comparez seulement, conformément à la réalité, l'Europe du Centre telle qu'elle était avant la guerre avec l'Europe occidentale avant la guerre. En Europe occidentale, l'élément économique a gardé une certaine indépendance vis-à-vis de l'Etat, et l'élément spirituel bien plus encore, qui garde ainsi une certaine autonomie vis-à-vis des deux autres.
11008 - En Europe du Centre, la vie spirituelle, la vie juridique, vie de l'Etat et de la Constitution, et la vie économique, ont formé une masse compacte. Il a fallu, en Allemagne, réfléchir au moyen de dissocier ces trois éléments pour les amener à collaborer organiquement, à prendre place les uns à côté des autres en étant efficaces, à établir des liens entre eux.
11009 - Ici, en Occident, il s'agit d'obtenir que les trois éléments se placent côte à côte, qu'ils soient distinctement séparés, que même dans l'espace on trouve la vie spirituelle concentrée comme ici à Oxford 20, où l'on a le sentiment qu'il n'y a plus ailleurs ni monde étatique, ni monde économique, et que tout ce qui relève du spirituel est là, autonome et souverain. Mais on a aussi le sentiment que ce qui se développe dans cette vie spirituelle souveraine n'a plus la force d'exercer une action sur les deux autres éléments. C'est quelque chose qui ne vit que pour soi, qui n'a aucun lien organique avec les deux autres éléments.
11010 - En Allemagne, on a le sentiment suivant : la vie spirituelle est si bien ancrée dans la vie de l'Etat qu'il faut d'abord l'aider à se mettre debout pour qu'elle s'y maintienne et soit autonome. Ici, on a le sentiment que la vie spirituelle est si indépendante qu'elle ne se soucie absolument plus des autres éléments. Ce qui donne une coloration bien différente quand on pense conformément à la réalité à la question sociale actuelle et à l'impulsion fondamentale de la question sociale de nos jours.l