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Institut pour une triarticulation sociale
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Collection: 01-Questions fondamentales
Sujet: Besoins physiques et spirituels propres comme mesure de valeur
 
Les références Rudolf Steiner Oeuvres complètes 024 252-254 (1982) 00/01/1920
Traduction G. Klockenbring Editeur: Editions Anthroposophiques Romandes


012 - Celui qui raisonne exclusivement selon le principe de la rentabilité, ou de l'augmentation des salaires — ce qui en est la suite logique — perd la notion directe de l'influence des différentes branches de production sur le circuit économique. Lorsqu'il s'agit d'accroître le capital ou d'augmenter les salaires, le secteur de la pro­duction où ces opérations se déroulent devient indif­férent. Le lien naturel entre l'homme et le produit de son travail est coupé. Le montant d'une somme d'ar­gent ou d'un salaire reste le même, quelle que soit la marchandise achetée ou le genre de travail fourni en échange. Or ce qui donne aux biens de consommation leur caractère de «marchandise», c'est précisement le fait qu'on peut les acheter ou les vendre au moyen d'une somme d'argent qui ne reflète pas la spécifité du bien en question.
013 - Ce caractère de marchandise n'est compatible qu'avec les biens directement consommables par l'homme. Cela tient au fait que nous disposons à leur égard d'une échelle de valeurs immédiate fondée sur nos besoins cor­porels ou psychiques. Cette échelle de valeurs n'existe ni pour le sol, ni pour les moyens techniques de pro­duction. Leur évaluation dépend de facteurs discernables seulement à partir d'une vision globale de la structure sociale de l'existence humaine.
014 - Lorsque l'intérêt culturel exige qu'une partie du sol soit traitée de manière à limiter son rendement par rap­port à un autre mode d'exploitation, cette moindre rentabilité ne saurait porter un préjudice durable à la communauté. Car le faible rapport d'une branche de production donnée entraînera une baisse des prix pro­gressive dans les autres branches. Cette relation causale n'échappe qu'au jugement immédiat incapable de dépasser l'intérêt égoïste. Le marché régi par la loi de l'offre et de la demande, ne compte qu'avec de tels égoïstes. Cette mentalité égoïste ne peut être sur­montée que si l'échange et la production des biens de consommation sont réglés par des associations coopé­ratives sur la base d'une observation rationnelle des besoins humains. Ces associations pourront remplacer le mécanisme de l'offre et de la demande par le résultat de négociations à caractère contractuel entre consom­mateurs et producteurs d'une part, et entre les diverses branches de production d'autre part. Si ce genre d'étu­de du marché exclut qu'un individu puisse s'ériger en juge quant aux besoins d'un autre, les négociations seront fondées sur les seules possibilités offertes par les ressources naturelles de l'économie et le travail humain disponible.
015 - Une telle organisation de la vie sociale est rendue impossible par la mainmise de l'orientation capitaliste et salariale sur le circuit économique. Le résultat pra­tique de cette orientation est que l'on échange des biens qui n'ont aucun dénominateur commun comme par exemple le sol, les moyens de production, ou les biens destinés à la consommation directe. On subordonne jusqu'à la capacité de travail et l'utilisation des facultés spirituelles de l'homme à un critère abstrait, défini par le capital et le salaire; cette intrusion d'un principe abstrait dans l'échelle des valeurs et le travail détruit dans le jugement et dans l'ouvrage tout lien vivant entre l'homme et son champ d'activité.
016 - Tant que l'économie était fondée sur le troc de pro­duits naturels, ou sur un système monétaire simple, l'homme entretenait avec sa subsistance matérielle des rapports qui ne sont plus praticables dans les condi­tions de vie actuelles. La division du travail et les struc­tures sociales devenues nécessaires à l'époque moderne isolent le travailleur de celui qui utilise le produit de son travail. Ce fait et sa conséquence, la perte de l'intérêt immédiat porté au travail, ne saurait être combattu sans menacer l'ensemble de la civilisation moderne. En rai­son de nos conditions de vie modernes il nous faut donc admettre la disparition d'une certaine forme d'intérêt pour le travail. Or ce vide doit être comblé par l'ap­parition d'un autre genre d'intérêt, car l'homme a besoin de participer par son travail à la communauté sociale où il vit.