Il est tenu plus aux chemins (principe) qu'aux buts (illustration)

Institut pour une triarticulation sociale
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Collection: 01-Questions fondamentales



Sujet: Il est tenu plus aux chemins (principe) qu'aux buts (illustration)

 

Les références Rudolf Steiner Oeuvres complètes 023 007-018 (1980) 00/00/1919





Traducteur: Gérard Klockenbring Editeur: EAR

 

 

001 - Les tâches qu'impose la vie sociale actuelle ne peuvent être que méconnues par celui qui les aborde avec la pensée qu'il s'agit d'une quelconque utopie. Partant de certaines conceptions et de certains sentiments, on peut être amené à croire que telle ou telle institution, élaborée dans sa propre pensée, pourrait faire le bonheur des hommes; et cette croyance peut même s'armer d'une puissante force de persuasion. Cependant, en faisant valoir une telle croyance, on peut passer complètement à côté de ce que signifie exactement la "question sociale" actuelle.

002 -On peut, aujourd'hui, pousser comme il suit cette allégation, au point qu'elle en paraisse absurde, et l'on constatera qu'elle est pourtant justifiée On peut supposer que quoiqu'un, en possession d'une "solution" théorique parfaite de la question sociale, fasse néanmoins preuve d'un manque total de sens pratique en voulant proposer à l'humanité cette "solution" élaborée dans sa pensée. Car nous ne vivons plus à l'époque où la disposition mentale des hommes était telle qu'ils puissent se dire, en ce qui concerne la vie publique:"Voilà quelqu'un qui comprend quelles sont les mesures sociales nécessaires, réalisons ses intentions."

003 - Ce n'est pas du tout de cette manière que les hommes veulent recevoir les idées sur la vie sociale. Le présent ouvrage, qui a maintenant déjà connu une certaine diffusion, tient compte de cette réalité. Ceux qui lui ont attribué un caractère utopique ont complètement méconnu les intentions sur lesquelles il se fonde. S'y sont les plus acharnés, ceux-là mêmes qui ne veulent penser que d'une manière utopique; ils voient chez autrui ce qui est précisément le trait essentiel de leurs propres habitudes de pensée.

004 - Pour celui qui pense d'une manière pratique, le fait qu'on ne puisse rien entreprendre avec une idée de caractère utopique, si convaincante qu'elle paraisse, fait déjà partie des expériences de la vie publique. Cependant, beaucoup ont le sentiment qu'il leur faut, dans le domaine économique par exemple, aborder leurs semblables avec une idée de cette nature. Ils devraient se convaincre qu'ils ne parlent qu'inutilement. Ceux auxquels ils s'adressent ne peuvent rien entreprendre avec ce qu'il proposent .

(...)

019 - La "question sociale" n'est pas un problème qui, ayant fait son apparition dans la vie humaine à l'époque actuelle, puisse être résolu maintenant, par quelques hommes ou par des parlements, et l'être une fois pour toutes. Elle est une partie constituante de toute la nouvelle civilisation, et elle le restera puisqu'elle a fait son apparition. Elle devra être résolue de nouveau à tout instant de l'évolution mondiale. Car, avec les temps nouveaux, l'existence humaine en est arrivée à une situation telle que l’antisocial provient sans cesse des institutions sociales. Il s'agit donc de surmonter continuellement cet élément antisocial. De même qu'un organisme rassasié revient, après quelque temps, dans un état de faim, ainsi l'organisme social retourne-t-il, de l'ordre dans les relations, au désordre. Il n'existe pas plus de remède universel pour établir l'ordre dans les relations sociales qu'il n'existe un aliment qui rassasie pour toujours. Pourtant, il est possible à des hommes d'entrer dans des communautés, de telle sorte que leurs communes initiatives donnent sans cesse à l'existence une orientation sociale. Une telle communauté est l'élément spirituel de l'organisme social, qui s'administre lui-même.

020 - De même que la nécessité sociale de la libre autogestion résulte, pour la vie spirituelle, des expériences du présent, de même, pour la vie économique, résulte la nécessité du travail en association.

(...)

024 - Il ne s'agit pas là d'une utopie. Car il n'est nullement dit qu'une chose doit être réglé comme ceci ou comme cela. Mais il est seulement indiqué comment les hommes réglerons eux-même les choses, s'ils veulent agir au sein de communautés correspondant a leur entendement et leurs intérêts.

025 - Que de telles associations se fondent, la nature humaine s'y emploie d'un côté, car la nature crée les besoins, pour autant que l'intervention de l'Etat ne l'empêche pas. D'autre part, la vie spirituelle libre peut s'en charger aussi car elle apporte la compréhension qui doit agir dans la communauté.. Une pensée qui se fonde sur l'expérience doit reconnaître que de telles associations peuvent se former à chaque instant, et qu'elles n'ont rien d'utopique. Rien ne fait obstacle à leur formation, si ce n'est la volonté de l'homme actuel d'organiser, de l'extérieur, la vie économique; en ce sens que pour lui la pensée d'organisation est devenue une obsession. A cette forme d'organisation dirigée qui, de l'extérieur, veut grouper les hommes en vue de la production, s'oppose celle qui est basée sur la libre association.

Dans le cadre de l'association, un être humain se lie à un autre et l'ordonnance de l'ensemble prend forme grâce à la raison de chaque individu.

(...)

027 - Ainsi l'organisme social peut se partager en deux éléments autonomes qui se soutiennent l'un l'autre, précisément par le fait que chacun à son autogestion spécifie issue de ces forces particulières. Un troisième élément devra cependant vivre selon ses propres forces, entre les deux précédents : l'organe spécifique de l'Etat, dans l'organisme social. (...)

029 - L'unité de tout l'organisme social résultera de l'épanouissement autonome de chacun de ces trois domaines. Ce livre montrera comment l'activité des liquidités financières, des moyens de production, et l'utilisation des propriétés foncières peut se développer par l'interaction de ces trois domaines. Celui qui cherche à "résoudre" la question sociale par un système économique élaboré à partit des idées, ou par tout autre moyen, ne trouvera pas cet ouvrage réaliste. Mais celui qui grâce à une expérience de la vie, veut inciter les hommes à des groupements, tel, qu'en leur sein ils puissent percevoir au mieux les tâches sociales et s'y consacrer, celui-là ne contestera tout de même pas à l'auteur la tentative pour une pratique réaliste de la vie.

030 - Le livre a d'abord été publié en avril 19l9. J'ai apporté des compléments à son contenu par les fragments écrits dans la revue: « Tripartition de l'organisme social » ( "Dreigliederung des sozialen Organismus" ) qui ont été rassemblés et publiés sous le titre: « In Ausführung der Dreigliederung des sozialen Organismus ».

031 - On pourra trouver que ces deux ouvrages traitent moins des "buts" du mouvement social que des voies qui devraient être empruntées dans la vie en société. Qui pense en réaliste sait qu'en fait certains buts peuvent apparaître sous des formes différentes. Seul celui dont la pensée est abstraite voit tout sous un profil nettement caractérisé. Il critique souvent ce qui est réaliste parce qu'il ne le trouve pas exposé avec assez de précision et de clarté. Beaucoup de ceux qui se croient des esprits pratiques sont justement prisonniers de l'abstraction. Ils ne soupçonnent pas que la vie peut connaître les formations les plus variées. C'est un élément fluide .Et qui veut avancer de concert avec elle doit aussi adapter ses pensées et ses sentiments à cette fluidité, qui est son caractère fondamental. Les tâches sociales ne pourront être saisies que par une telle façon de penser.

032 - Les idées de cet ouvrage ont été conquises grâce à l'observation de la vie C'est aussi à partir de l'observation de la vie qu'elles voudraient être comprises.