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Institut pour une triarticulation sociale
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Préférant promouvoir positivement ce qui le mérite,  j'évite d'ordinaire de commenter (colonne de droite) directement des textes d'une tri-articulation que je considère comme erronée au sens de celle laissée en chantier par Rudolf Steiner. Je préfère aussi donner la parole à d'autres que moi.
Mais que ce texte (colonne de gauche), et sur ce sujet, ait été publié tel quel dans le bulletin international de la section pédagogique au Goethéanum du début d'été, est venu s'ajouter aux inquiétudes qu'on peut légitimement avoir face à ce qui se déploie ou est déployé (selon qu'on y prête ou non une intention de la part de certains milieux) actuellement.
F. G. 22/08/2021

Covid-19 & nouvel ordre mondial

Basé sur la triarticulation sociale de Rudolf Steiner

Dr Bindu Chowdary

Étude critique à la lumière d’une étude approfondie de la triarticulation tant humaine que sociale telle que laissée par l’œuvre de R. Steiner actuellement disponible

par F. Germani

Vasudhaiva Kutumbakam – le concept du Maha-Upanishad – qui signifie que « le monde est une famille », a été prouvé par la pandémie que le monde vit aujourd’hui. Il n'y a aucune discrimination de classe, caste, couleur, croyance, pays ou continent. Le monde entier souffre de difficultés en raison de l'éclosion de la menace qui nous a tous engloutis. Il semble que nous sommes tous un – dans la douleur, dans notre effort pour empêcher la progression de cette douleur, et dans la recherche de la solution à ce problème nouvellement apparu, inhabituel, imprévu et unique.

Considérer l'actuelle "pandémie" comme un "problème nouvellement apparu, inhabituel, imprévu et unique (par dessus le marché !)" montre déjà a quel point est encore vivace une aspiration humaine flottant encore dans les limbes et incapable de se saisir ne serait ce que de l'histoire. Cela R. Steiner en parle assez vite en son parcours quand il réalise les limites du mouvement théosophique qui accueilli d'abord. Bien entendu tout ce qui suit n'a peut être pas la même signification pour des êtres nés et vivant aujourd'hui encore en orient que pour nous en Europe, ou encore en occident.

L'assaut du virus Corona à conduit à de nombreuses spéculations. Mais ce n'est pas le sujet de discussion ici. La situation actuelle, la propagation du virus corona – la maladie et les décès – a toujours été flashés sur les médias sociaux depuis qu'il est devenu connu. Cela ne doit pas être réitéré ici.

Étrangement,ce qui me vint d'image à cette lecture, c'est celle des trois petits singes se bouchant respectivement les yeux, les oreilles et la bouche. Il semble qu'en milieux thérapeutique cela serait repris comme garantie de protection au patient, de la part du thérapeute, sur ce qu'il exprimera. Très bien, mais chacun peut aussi être amené à se protéger lui-même ainsi.

Nous devons nous éveiller aux leçons qu'il nous a enseignées et sûrement le monde ne sera pas le même après que les confinements soient levés. Il est maintenant temps de demander : Un nouvel ordre social émergera-t-il ou un nouvel ordre mondial peut-il être établi après cet événement massif qui a fait des ravages partout dans le monde?


Ici, on tente de comprendre l'impact de cette pandémie sur les trois domaines de l'existence humaine – économique, politique/légale et sociale/culturelle.

Le fond de tri articulation, pour qui veut vraiment l'étudier, peut aider chacun a sortir de la naïveté sociale puis tenter de contribuer a en faire évoluer les règles.

Le Dr Rudolf Steiner, philosophe autrichien, réformateur social, architecte et scientifique spirituel, a présenté son idée de «d’ordre social tri-articulé». Il a affirmé que les trois domaines de l'activité humaine – économique, juridique-politique et sociale-culturelle doivent être compris comme opérant indépendamment l'un de l'autre. Ce n'est que lorsque l'humanité reconnaît et comprend les caractéristiques de chaque domaine et organise la société de manière à ce que chaque sphère bénéficie de l'autonomie, que l'existence et la poursuite d'une société saine deviennent une réalité au niveau local et mondial.

Passablement loin de la fable maintenant convenue des trois domaines du journal de 20 heure distinguant affaires économiques (grands groupes internationaux), politique et culturelles,

R. Steiner nous montre comment trois systèmes de vie autonomes mais interdépendants permettent ou freinent, selon les cas, l'unilatéralité dangereuse de chaque autre. Cette triarticulation fonctionnelle, une fois préparée lors de la gestation dans le corps humain peut même ensuite être lue dans ses formes. Ce n'est pas aussi facilement le cas dans la vie sociale. Le rapport de cette triarticulation corporelle d'origine fonctionnelle à celle de la vie sociale ne saurait, sans de fréquentes et graves erreurs être reporté par de simples analogies. C'est malheureusement encore bien trop souvent le cas aujourd'hui.

La sphère économique s'intéresse à la conversion des ressources naturelles – royaumes minéraux, végétaux et animaux – en marchandises qui répondent aux besoins humains. Selon la perspective tri-articulée, l'activité économique devrait être organisée et réalisée dans l'esprit de la Fraternité avec le seul but de répondre aux besoins de tous les êtres humains sur cette terre.

C'est donc le domaine économique qui fascine actuellement au point de gommer quasiment les deux autres de la conscience. Certains font observer qu'il serait par essence déjà fraternel. Serait-ce en quelque sorte pour se défendre de l'ancienne approche qui y voit tous les tords et voudrait le régir moralement, le subordonner en quelque sorte (par nostalgie ?) via le droit à une vie de l'esprit qui semble s'évaporer de plus en plus partout. Mais malheureusement, il leur échappe quand même souvent encore les conditions dans lesquelles, cette essence pourrait s'exprimer vraiment. Pour cela il leur faudrait peut-être trouver les voies pour se soustraire à la fascination évoquée… Faire place, peut être à l'histoire des différents courants des civilisations préchrétiennes, aux conditions l'émergence, après la Grèce antique de la notion même de droit dans l'ancienne Rome puis à la lente émancipation individuelle qui suivit notamment au Moyen-âge , à la Renaissance, au temps dit des Lumières par la maîtrise grandissante, et se répandant, des facultés arrachées à l'esprit englobant de l'Orient (l'Inde aussi ?) d'avant l'histoire proprement dit.

Qu'est-ce que le virus corona a fait au monde ? Nous voyons cette Fraternité surgissant et répandant «l’importance du besoin vs profit». Les pays se sont dits prêts à s'aider mutuellement, que ce soit les États-Unis d'Amérique, par exemple, à demander des médicaments en provenance de l'Inde ou s'ils aident d'autres pays.


Les riches ont donné d’énormes quantités pour répondre aux besoins des personnes qu’ils ne connaissent même pas, mais seulement parce qu’ils font partie de la société humaine. Ces actes humanitaires reflètent le principe de la fraternité non seulement au sein d'une société, mais aussi parmi les nations. Ainsi, comme le principe va, il est maintenant très évident que les ayants ont à s'occuper des non ayants. La pandémie a contribué à susciter ce sentiment chez les êtres humains en général. Cette attitude humaine doit être propagée, cultivée, soutenue, même à l'avenir.

Comment se fait-ils que des "riches" auraient fait preuve d' "actes humanitaires" qui ne serait justement plus possible, et nécessaires, si était vraiment mises sur pieds les conditions sociales pour un véritable jugement économique des flux, tant de marchandises que de l'argent leur correspondant. Qu'en serait-il, dans ce dernier cas aussi, de tout cet argent, d'ailleurs le plus répendu, ne correspondant qu'à des fractions de pouvoir politique, - justement par absence de triarticulation -, mais a aucune marchandise consommable ? Ce jugement, R. Steiner l'a présenté comme seul vraiment efficace à travers des institutions partant du local, regroupant tous les acteurs aux intérêts d'abord contradictoires,des branches de l'économie, pour s'étendre au monde entier. Il les appelait "Assoziationnen" et les envisageait comme bien autre chose qu'humanitaires ou bêtement (instinctivement) "fraternelles". Bien qu'alors encore inspirant, le temps des fraternités des bâtisseurs de cathédrales était déjà révolu.

La sphère médiane de la tri-articulation sociale est la sphère des droits légaux ou politiques. Rudolf Steiner pensait que cette sphère devrait garantir que les humains sont traités de manière égale. De la perspective tri-articulée, cette sphère se rapporte aux droits de l'homme qui ne peuvent être entravés par les entités commerciales. Les questions politiques relatives aux droits de l'homme sont uniquement le sujet du domaine politique et juridique. Le principe à appliquer ici est l'égalité, dont la mise en œuvre ne peut être compromise en aucune circonstance, quelle que soit la caste, la couleur, la croyance ou le sexe.

S'il y a une sphère médiane dans l'organisme humain, bien plus délicat est d'en identifier une correctement dans le "corps" social. C'est le domaine le plus difficile à cerner et R. Steiner a utilisé plus de 700 expressions pour le qualifier. Cela tout en retirant tant de prérogatives à l'État "unitaire" de son temps, qu'on peut se demander lesquelles lui restaient. Mais alors d'autant plus vitales ! Pas des "droits de l'homme non entravés par l' économie"… Et des hommes égaux ? La belle affaire si on ne se pose donc pas la question de ce en quoi ils le sont vraiment et de ce en quoi il vaudraient mieux qu'ils ne soient jamais considérés comme tels (identiques). La première déclaration des droits de l'homme et du citoyen met quand même déjà un peu sur la voie en précisant : égaux en droit ! Mais si une chose est de réciter un credo, une autre de pratiquer l'égalité et la loi sans dégâts (pour le "génie de la nation" comme on disait autour de 1789). Et la dite crise attribuée au corona montre plutôt ça.

Qu'est-ce que le virus corona a fait ? Les détenteurs du pouvoir politique (Premiers Ministres & Présidents) mettent maintenant l'accent sur l'importance d'un but commun, c'est-à-dire de protéger le droit à la vie de tous dans la société. Ici, ils sont obligés d'appliquer le principe de l'égalité. Il ne peut y avoir aucune discrimination dans l'effort de sauver des vies. C'est la seule et la plus importante entreprise du domaine politique depuis que le confinement a été annoncé par divers gouvernements. Tout le monde doit suivre les règles établies et les gouvernements prennent très au sérieux la mise en œuvre de ces règles. Les personnes appartenant aux différentes strates de la société dans tous les pays sont touchées. Aucun gouvernement ne peut se permettre de négliger une partie de la société.

Ne faire aucune discrimination dans "sauver des vies" ? Quand la réalité d'une gouvernance centralisée ou hiérarchisée semble malheureusement, pour une conscience éveillée, devoir choisir forcément entre les vies à sauver de manière privilégiée ?

Et puis, plus profondément, l'être humain se résumerait-il maintenant uniquement à la vie ? Sans voir que cette vie que l'on prétend protéger ne réduit même pas l'humain à l'animal, mais au végétal. Végétal que d'ailleurs on malmène qui plus est partout depuis longtemps où on peut croire ne pas avoir à s'en soucier. Certes, ce qui en nous est visiblement vivant sur Terre, que nous avons tous bien en commun, ce sont les rythmes quasi identiques, non vraiment individualisables, de nos échanges physiques vitaux aériens et liquides, là où chacun sait quasiment aujourd'hui que l'accès tant à l'air qu'a l'eau pose déjà qualitativement des questions d'égalité. Et dans ces rythmes, justement, il n'est aucunement question de liberté, ni même de véritable conscience… ils sont souvent juste l'occasion de rêves et de sentiments encore a éclairer de notre individualité s'appuyant sur cette vie, la déconstruisant de ce fait.

Et l'état en chacun de nous de ce rapport construction-déconstruction (vie-mort) est-il encore seulement donné comme au tout début de l'humanité, comme aujourd'hui encore aux bêtes… ou bien est-ce qu'une quelque chose d'une hominisation d'abord, puis d'une individualisation ensuite, s'est-elle frayé un chemin dans le ressenti en une lente évolution ?

Qui est aujourd'hui garant de cet équilibre incontournable entre mort et vie en chacun de nous et à chaque instant ? Le président et son premier ministre ? Mon médecin ? Ou finalement déjà d'abord moi-même ?

Car sinon cela aurait-il un quelque sens d'insister encore sur un troisième domaine de l'organisation d'une vie en société dont la plupart aujourd'hui ne font de facto qu'un appendice de la vie de l’État ou de l'économie ? Ne pourrions-nous pas laisser plutôt l'affaire au mâle ou à la femelle dominante du troupeau ou de la meute ?

La leçon apprise pour l’avenir est que la vie de tous et le droit de vivre sont un droit fondamental de tous dans la société. Le système politique et juridique doit adopter cette pensée et la mettre en pratique.

C'est pourquoi cette façon de voir me semble surtout servir d'illusion venant d'un passé révolu satisfaisant, à l'ancienne, un sentiment présent encore non éclairé par une connaissance des tenants et aboutissants sociaux. Notre chère doctoresse semble non seulement dans le vœu pieu, mais aussi dans la soumission (aveugle?!) a une égalité rêvée ne faisant de plus finalement que peu de place à une pratique de la liberté.


Le troisième domaine – culturel/social – reconnaît que les capacités humaines sont des dotations spirituelles. Il a pour tâche de trouver le meilleur moyen de déployer ces capacités. Ici le principe clé est la Liberté. Le domaine culturel et social comprend l'éducation, la science, l'art, la religion et le travail des juges. Il vise à instaurer une certaine coopération entre les êtres humains, fondée sur la libre interaction et la libre association des individus avec l'individualité sans aucune force extérieure ni contrainte – politique ou économique. De telles forces extérieures ne font qu'entraver l'élargissement de la nature la plus intérieure des êtres humains. Ce n'est que par la liberté parfaite que l'on peut faire ressortir ce qui se trouve en un seul être.

Alors, si on parle de spirituel dans la société, il est permis de se demander duquel on parle. Et à partir de quelle compétence. Particulièrement intéressante alors est la mention du travail des juges qui dénote quand même une étude un peu plus poussée que d'ordinaire de la façon de voir de R. Steiner (même si, à ma connaissance, on est encore loin de s'accorder sur ce qu'il a ébauché là). Car généralement ce travail est assimilé au domaine de droit, aux rapports étatiques réduit abusivement à un juridique d'autant plus global et mythique, qu'il y est fait actuellement appel (parce que beaucoup se sentent plus malmenés par l’État que ce à quoi ils sont accoutumés d’ordinaire), en dernier recours, et avant désespoir, alors que d'habitude on le considère barbant ! Mais, malgré tout, ce spirituel continue a flotter, bien que dans sa vie quotidienne d'engagement pratique dans le domaine pédagogique, l'auteure ne flotte probablement pas dans les rapports interindividuels et de petits groupes pourvu qu'ils ne se heurtent pas a une vie de droit trop puissante (je suis peut être mal informé, mais comme dans beaucoup de pays dits du tiers monde - comme il y eu un tiers état chez nous avant la révolution (?) - il peut y avoir des lois, mais souvent des administrations bien moins puissantes de facto et qui de ce fait doivent d'avantage faire avec la médiation "populaire") et se satisfassent de l'ordre économique. En ce sens est alors extraordinairement intéressant et reste profondément consternant que soit oublié (après le travail du juge dans la vie de l'esprit dans l'application de la législation concoctée dans la sphère de droit si possible démocratique), qu'il devrait appartenir tout autant aux taches de la vie de l'esprit telle que conçue par R. Steiner, aussi l'administration des moyens de production (aussi bien les sols que les entreprises qui en élaborent les fruits annuels comme aussi les trésors accumulés aux fil des millénaires - minerais, huiles, gaz - ou qui offrent toutes sortes d'autres services, marchands ou non).

Ce que le virus corona a apporté dans cette sphère est difficile à mesurer. Mais chaque individu vit une sorte de liberté de faire ce qu’il aime parce qu’il n’y a pas de restrictions externes à la liberté des gens, sauf la règle de rester à la maison pour être en sécurité.

Et voici qu'évidemment, il lui est alors difficile de mesurer ce que cette vie de l'esprit, juste un peu plus confinée que d'habitude dans la conception ordinaire qu'elle semble en avoir. C'est à dire une vie apparemment confinée au sentiment et à l’esprit personnel. Ce faisant elle pratique presque (par besoin de positivité rassurante ?)  la tonalité ou orientation d'âme propagée par la réussite grandissante (et aux puissants moyens), cultivée mondialement par les principaux propriétaires des moyens de production mondiaux se regroupant en forum.

Les enseignants ont commencé à développer des moyens novateurs de rencontrer leurs étudiants. Ceux du domaine des arts s'expriment librement par la poésie, la peinture, la musique, etc. Les gens sont devenus plus spirituellement inclinés et ont commencé un processus d'introspection pour lequel ils ont rarement trouvé le temps et l'inclinaison avant l'épidémie. Les gens, de toutes les couches et de tous les horizons de la vie, ont connu une liberté nouvelle pour reconnaître leur individualité, car ils ont pu se libérer de l'ornière de la routine. Il est très important que les individus maintiennent cette liberté d'évoluer et cela peut se produire si la fraternité et l'égalité deviennent les normes de la société humaine.

Qu'est ce que pourrait donc bien générer d'autre sinon ce recours privé au devenu culturel, en si peu de temps, même s'il permet à certains adultes privilégiés, mais isolés des lieux d'exercices de l'individualisation à l'intérieur de corps sociaux qui ne soit ceux de la famille ou du clan, mais ceux de la recherche commune des formes sociales futures dont les rodages furent bien freinés par des politiques de confinement discutables souvent non concertées.

Si la vie de l'esprit est effectivement à centrer sur la promotion des facultés individuelles et l'avancée à connaître le monde toujours de manière nouvelle. Cela se fait toujours dans la rencontre. En ce sens, la culture comme traces sauvés dans le physique des acquis, du devenu de jadis, vaut surtout comme exercice ou entretien solitaire, chez l'adulte, pour au moins régénérer sa contribution seul ou dans une ou des communautés de travail, forcément tournées vers d'autres. On comprend alors mieux que l'essentiel du domaine social de la vie moderne de l'esprit, dans une gradation de libre à demi-libre, se trouve, socialement parlant, dans toute entreprise. Pas dans un éventuel "temps libre privé" en réalité destiné à la reconstruction des forces de vie. Et ce temps là peut d'ailleurs être fixé démocratiquement dans sa quantité moyenne (et prendre ce temps imposé de confinement pour du temps libre me laisse rêveur).

Si la société comprend la «liberté» comme caractéristique de ce domaine, alors même que le confinement se termine, ce domaine culturel peut exister en liberté. L'ingérence minimale des autorités politiques et juridiques dans les domaines de l'éducation, de l'art, de la science aidera les gens à enrichir leur soi interne en particulier, ainsi que la société dans son ensemble, rendant la vie utile et belle.

Qu'il s'agisse donc de :

  • s'exercer avec d'autres à comprendre les échanges économiques et s'y insérer adéquatement à ses aspirations à contribuer,

  • piloter l'évolution de ce qui peut faire l'objet de lois parce que concernant chacun de la même manière dans la rencontre démocratique,

  • et donc, bien sûr développer ou restaurer ses facultés d'abord individuelles auprès des personnes choisies aussi longtemps qu'on les juge aptes à aider pour ensuite connaître et transformer le monde ou en aider d'autres,

c'est toujours cette vie personnelle de l'esprit qui s’insère, sur trois modes, dans le corps social tout entier. Et lorsque il s'agit de vie sociale, pas personnelle, véritablement sociale de l'esprit au sens étendu de R. Steiner, on commence alors à comprendre pourquoi il en parle comme du métabolisme (et non du cerveau) à la base de la santé de l' "organisme" social, et pourquoi elle demande la plus grande diversité de traitements.

Citer Rudolf Steiner dans ce contexte est important parce qu'il reflète l'essence de ce qui est dit ici. Il a dit: «Une vie sociale saine ne se trouve que lorsque, dans le miroir de chaque âme, toute la communauté trouve sa réflexion, et quand, dans toute la communauté, vit la vertu de chacun».

Alors devient envisageable ce que la conscience encore bien trop symbolique de la Révolution française ne pouvait encore concevoir qu'en idéaux personnifiés en statues allégoriques, célébrer en culte de l'Être suprême avant de le noyer dans le sang de la Terreur puis dans la domination européenne de Napoléon.

Cette révolution mit cependant fin à la tripartition en trois états juridiques (clercs, noblesse,tiers) pour nous faire tous citoyens d'un même État républicain. On se libérait d'un ordre ancien et de l'embastillement arbitraire et cela semblait suffire à la Liberté. Et avant de penser Fraternité, on souligna d'abord le droit de tous (en principe) à la Propriété. Cela ne se sait peut-être pas encore aujourd'hui partout en/aux Indes. Et pas non plus que nous en sommes quasiment souvent encore là en notre fierté nationale.

Les trois principes de la Liberté, de l'Égalité et de la Fraternité était comprise la célèbre devise de la Révolution française. C'est alors que la nécessité d'un ordre social tri-articulé a été ressenti très profondément. Les trois sphères Social/Cultural, Politique et Economique doivent suivre le principe correspondant pour créer un nouveau système social dans tous les pays et aussi parmi les pays du monde entier. Ce n’est qu’à ce moment que l’idée de “Vasudhaiva Kutumbakam” fructifie.

Et ce que R. Steiner apporta environ 150 ans plus tard reste généralement encore reçu sur ce mode bien que lui descendit des aspirations et des idéaux dans des propos s'assimilant aux sciences sociales alors naissantes et aux « luttes » de son temps. C'est à dire aux conditions de réalisation du quotidien et du proche avenir, à ce qui lui permet de dire alors que c'est bien chaque individu qui, parce qu'il est désormais dans les trois domaines, contribuerait à réguler l'ensemble.

Oserais-je ajouter : pourvu qu'il s'en saisisse ! (Au delà de la fable convenue.)

Et c'est pourquoi il m'a semblé inacceptable que la section pédagogique au Goethéanum publie, sans plus, un tel propos par les temps qui couvrent et compte tenu de l'origine socio-spirituelle de l'école Waldorf. Certes, professeurs et parents sont aujourd'hui divisés face à la situation, mais un tel texte peut-il aider en quoi que ce soit ?

Par conséquent, devenons conscient que ces qualités appartiennent aux réalités spécifiques de la société, réfléchissons à leur mise en œuvre et apportons un changement très nécessaire. La pandémie a un but – la nature s'est nettoyée. Prenons cette occasion pour créer un nouveau monde en continuant les pratiques qui ont commencé pendant la période de crise en suivant les grands et fondamentaux principes de la Fraternité, de l'Egalité et de la Liberté.

J’espère ne pas avoir que critiqué, et remis quand même un peu des cheminements (*) de R. Steiner dans notre présent qui finalement en est resté en beaucoup de choses avant ce qu'il apporta au début du siècle qui précéda le notre. Il semble que nous avons donc encore 200 ans environ pour en faire quelque chose. Il serait donc dommage d'en rester a une triarticulation d'opérette qui, telle une bonne lessive, me semble laver plus blanc que blanc.


Ceci est un bref aperçu de l’ordre social tri-articulé et de ce que cette pandémie a fait à la société. L'idée de cette nouvelle société peut être amarrée et finalement transformée en réalité, faisant de cette planète un meilleur endroit pour vivre.

(*) Je pourrais, s'il en était vraiment besoin, documenter chacun de ceux évoqués ici par des liens aux citations correspondantes présentes sur le site que je documente maintenant depuis bientôt dix ans par de nombreuses traductions inédites (au sens d'éditions papiers classiques). Je me tiens donc à disposition.