De vrais prix au lieu d’un revenu de base
inconditionnel
Marc Desaules / Neuchatel, Suisse, été 2013
Nous vivons à une époque de prix bas. Moins il faut
payer pour quelque chose, mieux c’est – ce n’est
pas là seulement l’expression d’une opinion générale,
mais le dogme scientifique de l’économie
d’aujourd’hui. Cette énorme pression sur les prix
laisse entre autres toujours moins à disposition de
celles et ceux qui travaillent. Et le manque à gagner
conduit alors nécessairement à un endettement qui
croît partout et devient phénomène omniprésent de
moins en moins maîtrisable. La spirale s’est déjà
étendue à un tel point, qu’au niveau des États, seule
l’injection d’argent nouveau redonne encore une
bouffée d’air. L’argent n’a pas seulement au cours du
temps reçu une valeur pour lui-même, il est maintenant
pour ainsi dire devenu source de vie, enchaînant
encore plus l’être humain à son propre égoïsme et le
contraignant à la lutte pour l’existence.
Il y a urgence. C’est une question de survie. Mais
comment? Le revenu de base inconditionnel pour chacun
aimerait être une réponse, une réaction de protection
sociale à la puissance dévastatrice de la situation.
Par la garantie d’un revenu de base, il agit comme
assurance sociale fondamentale, par
l’inconditionnalité comme une libération de l’exigence
de travailler. Deux perspectives qui semblent
prometteuses. Mais en est-il bien ainsi?
En y regardant de plus près, la réalité est bien
différente: le revenu de base inconditionnel ne va pas
aux racines du problème. L’économie reste inchangée et
continue de se développer en une lutte pour la survie
de tous contre tous. En outre, il aggrave la situation
parce qu’il entache la
relation au travail, attaquant ainsi un refuge
important de la dignité humaine. Enfin, le revenu
tombant régulièrement du ciel conduit à une totale
dépendance – comme un troupeau face à son gardien.
Nous n’avons pas un problème de revenu
La question est: quelle est l’alternative ou comment
prendre en main l’économie pour pouvoir garantir à
chaque être humain un revenu digne de ce nom? Pour y
répondre, il faut oser s’approcher des causes du
problème. Là, il apparaît d’abord que nous n’avons pas
un problème de revenu, mais un problème fondamental de
dépenses, favorisé à l’arrière-plan par un problème
d’argent lourd de conséquences. Ensuite, nous pouvons
voir que nous devons prendre particulièrement soin
d’une saine relation au travail. Mais, aussi bien le
problème de dépense que celui de notre relation au
travail sont profondément enfouis dans nos habitudes
économiques de penser et d’agir – et il est de prime
abord désagréable de les admettre, et plus difficile
encore de s’en déshabituer. Je vais essayer d’aborder
ces deux aspects d’un peu plus près.
En ce qui concerne les dépenses, le prix aura bien
sûr un rôle central. Chacun regarde au prix lors d’un
achat – et c’est bien compréhensible. Mais avec quelle
attitude? Essayons ici pour une fois, malgré nos
habitudes de penser modernes, de nous représenter un
monde – nous laissons tout d’abord la question de
faisabilité de côté – où le prix de chaque prestation
est tel que celle ou celui qui l’a réalisé obtienne
«une somme suffisant à satisfaire ses besoins, tous
ses besoins, y compris naturellement les besoins de
ceux qui lui appartiennent, jusqu’à ce qu’il ait de
nouveau élaboré un produit semblable». Un tel «vrai
prix» ( 1 ) ne
se mesure pas du point de vue de l’acheteur, mais
exclusivement de celui du vendeur, du producteur. Et
seuls sont déterminants les besoins à venir, non les
coûts de production. La portée de ces gestes
formateurs d’un vrai prix est immense.
En satisfaisant ses propres besoins, l’acheteur
garantit par chacun de ses achats que les besoins de
tous les autres, engagés dans l’élaboration de la
prestation sont couverts, et ce intégralement, pas
seulement les besoins de base. Ceci n’est pas effectif
au niveau local seulement, mais est valable dans le
monde entier de manière égale pour toutes celles et
ceux qui travaillent à une prestation, où que soit
leur lieu d’activité. Lors de chaque achat, chaque
vrai prix a ainsi un effet soignant et dynamisant,
telle une préparation, sur l’ensemble de l’organisme
économique. C’est aussi à chaque fois une rencontre
planétaire d’égal à égal. Par ailleurs, cette formule
du vrai prix se base uniquement sur des grandeurs
économiques et chiffrées et non pas sur une attitude
morale ou éthique, ou sur une «bonté» particulière
acquise ou contrainte. Que le comportement humain
puisse apprendre quelque chose du vrai prix peut en
être une conséquence – mais en aucun cas une
condition.
L’orientation vers le futur de cette formule est
particulièrement déterminante: le vrai prix assure un
revenu qui couvre les besoins à venir. Le revenu ne
récompense pas du tout une prestation passée, il
couvre les coûts de la vie nécessaires pour refaire
une même prestation. Il y a d’abord un revenu, ensuite
seulement un travail. La simple logique temporelle
empêche le couplage du revenu au travail et induit de
fait une séparation du revenu et du travail. Ainsi le
vrai prix est à la fois le point d’ancrage social et
le chemin de réalisation d’une séparation réelle du
revenu et du travail qui permette au destin d’agir.
Finalement il y a ici encore un aspect et pas des
moindres. Par le fait de couvrir intégralement les
besoins à venir, la réalisation de vrais prix crée en
plus le terrain propre à la créativité et au
développement des facultés de chacune et chacun pour
répondre aux besoins des autres.
Il y a pourtant une difficulté sous-jacente au prix,
dont il faut avoir conscience: à chaque achat se mêle
l’argent et, avec lui, un problème déguisé qu’on ose à
peine aborder et remettre en question aujourd’hui sans
être taxé de farfelu ou pire encore. Au cours des deux
derniers siècles, l'argent tout en s’émancipant de
plus en plus de l'économie réelle s’est acquis une
valeur en soi et pour soi. Cette situation repose en
particulier sur trois pratiques omniprésentes: l'achat
de la terre (au lieu d’un droit d’usage exclusif), la
garantie matérielle exigée lors de prêts (au lieu du
crédit personnel) et l’accent mis sur la maîtrise de
l’inflation (au lieu du vrai prix) dans la régulation
monétaire. Les conséquences sont désastreuses et
prolifèrent sous la surface de l’économie, influençant
chaque transaction. Il est important de les considérer
tant elles font obstacle à toute tentative d’améliorer
les processus de l’économie réelle, mais d’y entrer
plus en détail dépasse le sujet de cet article.
Le travail, gardien de la dignité humaine
L’inconditionnalité exigée par le revenu de base
priorise les droits de l’individu, le réclamant libre
de toute contrainte venant de la communauté –
l’enfermant aussi sur lui-même. Elle met ainsi en
lumière le travail d’une manière erronée. Le travail
n’a rien à voir avec ce genre de liberté, mais avec le
karma. Le travail prend naissance là où l’engagement
de l’individu pour les autres rencontre la
reconnaissance de ceux-ci; il est rapport, relation,
rencontre du point avec sa périphérie. Il est le lieu
de déploiement du destin individuel en connaissance
des besoins des autres. Le résultat du travail de l’un
couvre ces besoins des autres; et ses propres besoins
sont couverts par le produit du travail des autres.
«[...] cette pensée: tel nombre de gens travaillent
afin qu’on ait le minimum vital, est inséparable de la
suivante: on doit en retour rendre à la société, non
pas avec de l’argent, mais de nouveau par du travail,
ce qui a été fait pour soi. Et c’est seulement
lorsqu’on se sent obligé de compenser par du travail,
sous quelque forme que ce soit, la quantité de travail
d’autrui dont on bénéficie, qu’on a de l’intérêt pour
ses semblables.» ( 2 )
Seul le travail permet d’apprendre à redonner ce qu’on
a reçu par le travail des autres. Ici, le sentiment
d’appartenance devient tangible, dans son sens
profondément social et humain. Avec le travail, on
entre dans la vie du droit – une réalité qui ne peut
être achetée avec de l’argent. Les droits viennent de
la communauté, mais aussi les devoirs, et le travail
en est justement un. «[...] Se référant aux
relations sociales, bien sûr que chacun a l’obligation
de travailler, l’on a que le choix, soit d’être affamé
( 3 ), soit de
travailler.» La formulation est forte, mais adéquate.
Un des plus importants mystères de l’incarnation
humaine est lié au travail: celui du déploiement de la
volonté. Bien des aspects de la civilisation actuelle
contribuent à paralyser, pour ne pas dire déchirer, le
lien entre le noyau intime de l’être humain et sa
volonté terrestre. Il en va de la dignité humaine,
rien de moins – et le travail en est dans ce sens pour
ainsi dire le gardien. Face à la gravité de la chose,
l’inconditionnalité postulée paraît bien dangereuse –
comme jeter sans ménagement le bébé avec l’eau du
bain.
Cherchant à garantir un revenu pour chacun, le revenu
de base inconditionnel et le vrai prix vont des
chemins qui s’opposent à bien des égards. Alors que
l’un aimerait couvrir les besoins de base par une
distribution régulière d’argent, l’autre s’emploie à
ce que chaque prestation soit payée correctement pour
couvrir la totalité des besoins. Du point de vue de
l’égoïsme: le premier se préoccupe de soi-même et du
revenu qui lui est dû, c’est-à-dire de l’argent
nécessaire à subvenir à ses besoins personnels, peu
importe d’où il vient et comment – sans rien changer
par ailleurs au mode de fonctionnement de l’économie.
Le second porte l’attention sur les autres et sur les
dépenses, plus précisément sur les besoins de celles
et ceux qui sont engagés, invisibles, derrière chaque
prestation – et par là même opèrent une transformation
saine de l’organisme social qui seul rend possible un
revenu durable pour chacun.
À propos d’égoïsme, il est un phénomène qui
appartient à ces considérations. L’accès au monde
spirituel est impossible sans une formation
appropriée. Celle-ci repose à notre époque justement
et avant tout sur une sérieuse éducation de l’égoïsme.
Chaque pas au-delà du seuil mu par un intérêt
personnel, un égoïsme qui ne s’est pas au préalable
élargi pour inclure le monde entier et toute
l’humanité, ne permet pas la rencontre des réalités du
monde spirituel: il ne conduit qu’à des images
illusoires, reflets des aspirations personnelles, et
cela si belles et apparemment si vraies soient-elles.
Avec la vie économique, nous entrons aussi dans un
autre monde. Or l’expérience de celui-ci apparaît par
bien des côtés comme celle du monde spirituel. Là non
plus, il n’y a pas de place pour l’égoïsme: il doit en
être «extirpé jusqu’à la racine» ( 4 )car il fausse les prix, leur donnant
une expression illusoire, mais encore parce qu’il
engendre nécessairement «la misère, la pauvreté et la
détresse» dans toute société humaine.
Pour que l’avenir soit notre affaire, je ne vois que
le chemin du vrai prix. La première étape serait de
rendre ce concept clé de l'économie selon Steiner, le
vrai prix, accessible et compréhensible pour chacun
avec toutes ses conséquences. Dans une deuxième étape,
il faudrait établir des
réseaux associatifs – ni trop petits, ni trop grands,
à leur tour reliés entre eux – pour observer et
évaluer les prix et créer ainsi de proche en proche
une conscience des vrais prix. Il en résulterait
progressivement une carte toujours plus globale et
complète des vrais prix, évolutive, fluctuante et
différenciée. Et une troisième étape serait alors
possible : en tirer des actions concrètes, isolées ou
concertées, locales ou générales, pour que les prix du
marché ici et là reflètent de mieux en mieux les vrais
prix. Et bien sûr en cela apprendre ensemble à faire
de l’économie, notre économie...
( 1 ) Cette
formulation du vrai prix (richtiger Preis) a selon
Rudolf Steiner une validité absolument exhaustive pour
la vie économique, tout autant que le théorème de
Pythagore pour les triangles rectangles – voir son
Cours d’économie, conférence du 29.7.1922, GA 340.
( 2 )Rudolf
Steiner précise ici comment seul le travail peut être
échangé contre le travail, et comment l’argent ne peut
en aucun cas remplacer le travail – 30.11.1918, GA
186.
( 3 )Extrait
d’une réponse de Rudolf Steiner à la question:
«L’obligation de travailler est-elle envisageable?» –
30.5.1919, GA 337a.
( 4 ) «[...]
l’économie dépend, pour son fonctionnement, d’une
extirpation radicale de l’égoïsme.» – 26.7.1922, GA 340.
«[...] toute la misère humaine est seulement une
conséquence de l'égoïsme, et quelle que soit l’époque la
misère, la pauvreté et la détresse s’installeront
nécessairement dans toute communauté humaine si celle-ci
est fondée de quelque manière que ce soit sur
l'égoïsme.» – Science de l’esprit et question sociale,
GA 34. |
Der richtige Preis anstelle des
bedingungslosen Grundeinkommens
Marc Desaules / Neuchatel, Schweiz, Sommer 2013
Wir leben in einer Zeit der tiefen Preise. Je weniger
für irgendetwas bezahlt wird, desto besser –
dies ist nicht nur weit verbreitete Meinung, sondern
wissenschaftliches Dogma der heutigen Wirtschaft.
Dieser enorme Druck auf die Preise lässt für die
arbeitenden Menschen immer weniger übrig. Als
Konsequenz führt das fehlende Einkommen zwangsläufig
zu Schulden, die überall wachsen und zu einem breiten,
kaum mehr zu beherrschendes Phänomen werden. Die
Spirale hat sich schon so weit gedreht, dass auf
Staatsebene nur noch Geldspritzen das nächste
Atemholen ermöglichen. Geld hat nicht nur einen Wert
für sich bekommen, es ist quasi zur Lebensquelle
geworden und fesselt den Menschen zunehmend an den
eigenen Egoismus – und drängt ihn immer mehr in den
Daseinskampf. Es besteht dringender Handlungsbedarf.
Die Idee eines bedingungslosen Grundeinkommens für
alle möchte eine Antwort darauf sein, als
sozialschützende Reaktion auf die verheerende
Gesamtsituation. Durch ein gesichertes Basiseinkommen
würde sie als Sozialgrundversicherung wirken, durch
die Bedingungslosigkeit als Befreiung vom
Arbeitszwang. Zwei Perspektiven, die zunächst viel zu
versprechen scheinen. Aber ist es wirklich so?
Bei näherer Betrachtung offenbart sich eine andere
Realität: Das bedingungslose Grundeinkommen geht nicht
an die Wurzel des Problems. Die Wirtschaft bleibt
unangetastet und entwickelt sich genau gleich weiter
im Überlebenskampf aller gegen alle. Darüber hinaus
verschlimmert es die Situation, indem es die Haltung
zur Arbeit verdirbt und dadurch einen wichtigen
Schutzraum der Menschenwürde angreift. Schliesslich
führt das regelmässig vom Himmel fallende Einkommen
den Menschen in eine völlige Abhängigkeit – ähnlich
der einer Herde von ihrem Halter.
Wir haben kein Einkommensproblem
Die Frage ist: Was ist die Alternative zum
bedingungslosen Grundeinkommen oder wo können wir
wirtschaftlich ansetzen, um allen Menschen ein
würdiges Einkommen zu sichern? Da müssen wir näher an
die Ursachen heran. Dann zeigt sich erstens: Wir haben
kein Einkommensproblem, sondern ein grundlegendes
Ausgabenproblem, gestützt durch ein genauso
folgenschweres Geldproblem. Und zweitens lässt sich
feststellen, dass wir für eine gesunde Einstellung zur
Arbeit Sorge tragen müssen. Sowohl das Ausgabenproblem
wie unsere Einstellung zur Arbeit sind tief in
unsere herkömmliche wirtschaftliche Denk- und
Handlungsweise eingebettet – und es ist unangenehm,
sich dies einzugestehen, und schwierig, sich dies
abzugewöhnen. Diese beiden Aspekte versuche ich näher
zu betrachten.
Bei den Ausgaben hat der Preis natürlicherweise eine
zentrale Rolle. Jeder schaut beim Kaufen auf den Preis
– das ist ja auch ganz verständlich. Nun versuchen wir
einmal, trotz unserer gegenwärtigen Denkgewohnheiten,
uns eine Welt vorzustellen – die Frage, ob und wie sie
machbar ist, lassen wir dabei zunächst beiseite –, wo
der Preis jedes Erzeugnisses so ist, dass der Mensch,
der es verfertigt hat, «so viel an Gegenwert bekommt,
dass er seine Bedürfnisse, die Summe seiner
Bedürfnisse, worin natürlich eingeschlossen sind die
Bedürfnisse derjenigen, die zu ihm gehören,
befriedigen kann so lange, bis er wiederum ein
gleiches Produkt verfertigt haben wird». So ein
«richtiger Preis» ( 1 ) ergibt sich also nicht aus der
Sicht der Käuferseite, sondern lediglich der
Verkäuferseite, der Produktionsseite. Und es sind nur
die zukünftigen Bedürfnisse, nicht die
Herstellungskosten massgebend. Die Tragweite dieser
Gestaltungsgesten eines richtigen Preis ist immens.
Indem der Käufer seine eigenen Bedürfnisse deckt,
wird dann bei jedem Kauf sichergestellt, dass die
Bedürfnisse aller anderen am Produkt Beteiligten
gedeckt werden, und zwar voll, nicht nur deren
Grundbedürfnisse. Dies wird nicht nur lokal wirksam,
es wird für alle Arbeitenden, wo immer sie in der Welt
an einer Leistung engagiert sind, gleichermaßen
gelten. Jeder richtige Preis wird somit bei jedem Kauf
ein heilendes Präparat, das durch seine Wirkung den
ganzen ökonomischen Organismus dynamisiert. Zugleich
ist es eine Begegnung auf Augenhöhe, weltweit. Dieser
Ansatz des richtigen Preises basiert auf
wirtschaftlicher und zahlengestützter Einsicht und
nicht auf einer moralisch-ethischen Grundhaltung oder
irgendeiner erworbenen oder erzwungenen «Güte». Ob
hingegen das moralische Verhalten des Menschen
schrittweise etwas davon lernen wird, mag eine
mögliche Konsequenz sein – es ist jedoch niemals
Voraussetzung.
Entscheidend ist die Zukunftsrichtung der Formel, denn
durch den richtigen Preis ist ein Einkommen
gewährleistet, das die kommenden Bedürfnisse deckt.
Das Einkommen belohnt nicht vergangene Leistung – es
deckt die Lebenskosten, die gerade erst am Entstehen
sind. Damit wird der richtige Preis zugleich zum
Ausgangspunkt und Weg einer realen sozialen und
schicksalswirksamen Trennung von Arbeit und Einkommen.
Zuerst wird das Einkommen gesichert und dann wird
gearbeitet. Dadurch kann rein zeitlich das Einkommen
nicht mehr an der Arbeit gemessen werden und
entkoppelt sich de facto davon. Sobald das Einkommen
durch richtige Preise alle künftigen Bedürfnisse
deckt, schafft es darüber hinaus den eigentlichen
Boden der Kreativität und Entfaltung der eigenen
Fähigkeiten für jeden Arbeitenden.
Die Schwierigkeit dabei: Bei jedem Kauf ist auch Geld
im Spiel und damit ein verschleiertes und kaum
antastbares Problem. Während der letzten Jahrhunderte
hat das Geld sich immer deutlicher von der
Realwirtschaft entfernt und einen Wert aus sich und
für sich gezogen. Das wirkt desaströs und fusst vor
allem auf drei Ebenen: dem Kauf von Grund und Boden,
der Art, wie Kredite gesichert werden, und der
kontrollierten Inflation. Es wäre eine Betrachtung für
sich, auf diese drei Aspekte genauer einzugehen, denn
diese im Hintergrund wuchernden Geldvorgänge stellen
sich jedem Schritt zu einer Verbesserung der realen
wirtschaftlichen Vorgänge als Hindernis entgegen.
Arbeit als Hüter der Menschenwürde
Die geforderte Bedingungslosigkeit des
Grundeinkommens betont die Rechte des Einzelnen,
befreit ihn von jeglichem Anspruch der Gemeinschaft –
darin wird er zugleich begrenzt. Und sie stellt die
Arbeit in ein falsches Licht. Arbeit hat nichts mit
einer solchen Freiheit zu tun, sondern mit Karma.
Arbeit entsteht dort, wo das Engagement des Einzelnen
für die anderen der Anerkennung der anderen begegnet,
sie ist Verhältnis, Beziehung, Begegnung des Punktes
mit dem Umkreis. Sie ist der Ort der Entfaltung des
eigenen Schicksals im Erkennen der Bedürfnisse der
anderen Menschen. Was dadurch geleistet wird, deckt
deren Bedürfnisse. Und das, was der Einzelne braucht,
ist dank der Arbeit der anderen geleistet worden.
«[...] dieser Gedanke: Soundso viel Leute arbeiten,
damit man des Lebens Minimum hat –, der ist ja
untrennbar von dem anderen Gedanken, dass man das
wiederum der Sozietät zurückgeben muss, nicht durch
Geld, sondern wiederum durch Arbeit, was für einen
gearbeitet wird. Und erst, wenn man sich verpflichtet
fühlt, das Quantum von Arbeit, das für einen geleistet
wird, auch wiederum zurückzuarbeiten in irgendeiner
Form, erst dann hat man Interesse für seine
Mitmenschen.» ( 2 ) Allein durch die Arbeit lernt
man wieder zu geben das, was man durch die Arbeit von
allen anderen bekommen hat. Da wird Zugehörigkeit real
gelebt. Und das ist Rechtsleben – es kann nicht mit
Geld gekauft werden. Rechte, aber auch Pflichten
kommen mit der Gemeinschaft, und Arbeit ist eine
solche. «[...] Natürlich ist ja jeder aus den sozialen
Verhältnissen heraus gezwungen zu arbeiten, und man
hat nur die Wahl, entweder zu verhungern ( 3 ) oder zu
arbeiten.» Die Formulierung ist scharf, aber
stimmig. Mit der Arbeit ist eines der wichtigsten
Inkarnationsmysterien des Menschwerdens auf der Erde
verbunden: das der Entfaltung des Willen. Viel wird in
der heutigen Zivilisation dafür getan, das Band
zwischen dem Menschenkern und seinem Erdenwillen zu
lähmen, wenn nicht gar zu zerreissen. Und eine
verborgene weise Stimme der Menschengemeinschaft sagt
mit der Pflicht zur Arbeit: «Daran darfst du nicht
rütteln» – in aller Freiheit natürlich, deshalb Rudolf
Steiners Formulierung «entweder verhungern oder
arbeiten». Es geht um Menschenwürde und ihre Zukunft
schlechthin – und Arbeit ist in diesem Sinne sozusagen
deren Hüter. Angesichts des Ernstes der Sache
erscheint die postulierte Bedingungslosigkeit als
gefährlich – als sorgloses Ausschütten des Bades mit
dem Kinde.
Auf der Suche nach dem Sichern des Einkommens stehen
sich das bedingungslose Grundeinkommen und der
richtigen Preise polar gegenüber. Während das eine
durch eine regelmässige Geldspritze die
Grundbedürfnisse decken möchte, sorgt das andere
dafür, dass jede Leistung richtig bezahlt und dadurch
die Fülle der Bedürfnisse gedeckt wird. Schaut man auf
den Egoismus, zeigt sich: Das erste konzentriert sich
auf das eigene Einkommen, also auf das zum Leben
notwendige Geld, egal wie es entsteht und woher es
kommt. Das zweite fokussiert sich auf das Ausgeben,
präziser gesagt auf die Situation der Menschen, die
hinter dem Kauf unsichtbar engagiert sind, und auf das
gesunde Leben des sozialen Organismus, das erst ein
Einkommen ermöglicht.
Mit einem Vergleich möchte ich diese Betrachtung
schliessen. Die geistige Welt lässt sich bekanntlich
nicht betreten ohne entsprechende Schulung. Heute
beruht diese vor allem auf einer strengen Erziehung
des Egoismus. Jeder Schritt über die Schwelle aus
persönlichem Interesse, mit einem Egoismus, der sich
nicht auf die ganze Welt und alle Menschen erweitert
hat, erlaubt keine Begegnung mit geistigen Realitäten:
Er führt in eine illusorische Spiegelung schönster
Bilder, durchdrungen von den eigenen Interessen. Mit
dem Wirtschaftsleben treten wir auch in eine andere
Welt. Diese erscheint in vieler Hinsicht wie ein
Abbild der geistigen. So wie bei den Griechen mit der
Philosophie, kann heute mit der Wirtschaft geübt
werden. Es gibt da, wie in der geistigen Welt, keinen
Platz für eigene Interessen; jedes egoistische
Betreten der Wirtschaftswelt verfälscht die Preise und
bringt nur «Elend, Armut und Not» ( 4 ) mit sich.
Damit die Zukunft unsere Sache wird, sehe ich nur den
Weg des richtigen Preises als möglich. Der erste
Schritt ist, den Grundbegriff von Steiners
Wirtschaftslehre, den richtigen Preis, bis in seine
letzten Konsequenzen zugänglich und verständlich zu
machen. In einem zweiten Schritt gilt es, assoziative
Netzwerke aufzubauen – nicht zu klein, nicht zu gross,
wiederum zusammen vernetzt – , um die Preise
wahrzunehmen, zu beurteilen und dadurch Transparenz
für die richtigen Preise zu schaffen: Was wäre richtig
für dieses Erzeugnis hier oder dort? Daraus würde
allmählich eine fluktuierende, weltweite
Wirtschafts-Landkarte der richtigen Preise entstehen.
Und als dritter Schritt würde dann möglich, daraus
konkrete Folgerungen zu ziehen – durch die Menschen
und für die Menschen – und daran gemeinsam zu
lernen...
( 1 ) Diese Charakterisierung eines richtigen
Preises war für Rudolf Steiner eine das Thema
wissenschaftlich erschöpfende Formel in seinem
Nationalökonomischen Kurs – 29.7.1922, GA 340, S. 82,
6. Auflage 2002.
( 2 ) Hier stellt Rudolf Steiner fest, wie nur
Arbeit gegen Arbeit auszutauschen ist, und wie Geld
auf keinem Fall Arbeit ersetzten kann – 30.11.1918, GA
186, S. 46, 3. Auflage 1990.
( 3 ) Auszug einer Antwort Rudolf Steiners auf die
Frage: «Ist Arbeitszwang in Aussicht genommen?» –
30.5.1919, GA 337a, S. 78, 1. Auflage, 1999.
( 4 ) «[...] dass alles menschliche Elend
lediglich eine Folge des Egoismus ist, und dass in
einer Menschengemeinschaft ganz notwendig zu
irgendeiner Zeit Elend, Armut und Not sich einstellen
müssen, wenn diese Gemeinschaft in irgendeiner Art auf
dem Egoismus beruht.» – Geisteswissenschaft und
soziale Frage, Oktober 1995, GA 34, S. 191, 2. Auflage
1987.
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