A propos des traductions
Voici bientôt deux ans que je me mis à traduire de l’allemand
diverses contributions sur le revenu de base inconditionnel,
puis sur la triarticulation de l’organisme social, jusque
finalement aussi des extraits ou conférences entières de R.
Steiner.
Dans un passé récent, j’en effectuais déjà de temps à autres
quelques unes, pour l’un ou l’autre, sur des thèmes liés à la
sélection des plantes ou a leur simple description dans un
catalogue de semences. Il y a plus longtemps, ce désir était
présent, et a part quelques traductions orales sur thème
biodynamique lors de visite de ou chez des biodynamistes, rien
ne dépassant vraiment l’usage personnel ne fut fait. Il faut
dire que mes choix professionnels n’en laissaient pas le temps
et en quelque sorte, se suffisaient à eux-mêmes.
Aujourd’hui, les choses ont changé et me voici même confronté
aux appréciations autour de cette activité.
Une chose tout d’abord.
En vingt ans, une partie de la question
« traduction » à beaucoup changé du fait de ce que
l’on appelle « Internet ». Je ne parlerai pas ici
des possibilités de traduction automatique, qui au fond ne
sont que des outils (souvent décevants) pour le traducteur.
Par contre, l’accès souvent très immédiat, à foule de
lexiques, dictionnaires, ou tout simplement aux usages d’un
mot quelque soit sa langue s’avèrent d’un bon soutien.
C’est plus la révolution dans la publication qui change les
conditions de traduction : ce qui devait absolument
atteindre un certain niveau, une certaine reconnaissance pour
être proposer à la lecture du fait des coûts d’édition, peut
être partagé à n’importe quel stade sans que soit exercé un
choix autre que celui du traducteur qui publie et du lecteur
qui lit. Toute la filière de « l’autorité » de la
chose imprimée disparaît.
Est-ce un bien, est-ce un mal ? Et, qu’en est-il en
matière anthroposophique ?
Une chose de laquelle la matière anthroposophique est encore
un peu protégée, parce qu’il n’y a pas encore abondance, est
que chacun sera de plus en plus confronté à choisir lui-même.
Pour l’instant, il y a plus de traductions imprimées de
« la philosophie de la liberté » que de versions
simplement numériques.
Et là, le lecteur strictement francophone peut déjà s’exercer
à la réalité : Rudolf Steiner n’est accessible
« directement » qu’en allemand (ou par
approfondissement spirituel personnel direct). Et ce que
disaient certains anthroposophes alsaciens pour de mauvaises
raisons (sentimentales) est effectivement vrai.
Désolé pour les stricts francophones qui pourtant devraient se
réjouir de la multiplicité des traductions comme autant de
tentatives sincères de partager avec eux ce qui a été compris,
apprécié, aimé. Sur internet, ils ne peuvent même pas se
plaindre d’avoir payé pour quelque chose qui ne leur
conviendrait pas. Ne reste alors que le temps investit,
l’effort fourni. Mais quelle différence avec d’autres
relations humaines ? Car au fond, publié, le propos
n’est au fond que filtré par les exigences du moment d’un
éditeur. Celui qui accède aux deux langues le sait bien :
ces choix peuvent être très variables, et relativement à l’un
ou l’autre passage d’un ouvrage : tout à fait.
Ne vous méprenez donc pas !
Mes traductions sont donc ce qu’elles sont et ne m’ont coûtées
que mon enthousiasme à découvrir le propos traduit et à le
partager avec un lecteur le plus souvent inconnu. Elles ne
sont au fond que mon récit partiel de ce que j’ai vécu au
contact de l’original, tout comme R. Steiner encourageait
chacun, rentré chez lui, après un moment passé à Dornach, de
faire ainsi. De plus, les moyens de communication
contemporains offrent de multiples formes pour que l’écriture
anonyme devienne échange, approfondissement humain.
P.S. : concernant la
situation du traducteur proprement dite dans le rapport des
deux langues, et de celle de R. Steiner voir : http://www.editions-novalis.com/Lettre/Lettre.html
26/12/2011 16:42
Plus de 10 ans
après, ce qui a changé.
Des
progrès ont été faits.
D'un côté, ma pratique de l'allemand (y compris par la
fréquentation de rencontres et séminaires) et de l'œuvre de
Steiner et de son "parler", ainsi qu'une vision plus globale
du sujet de la tri-articulation me facilite la tâche. Et puis,
ayant entrepris de me relire dans ces conditions, avec le
recul, et aussi de revoir les traductions que j'avais
simplement reprises de l'existant, je me suis en quelque sorte
décomplexé quant aux miennes. Ne vaut-il pas mieux parfois un
propos littéral un peu trop rugueux, qu'un français qui coule
dans l'abstraction. Notamment là où Steiner la combat et
parfois même, là où le traducteur explique ce qu'il croit
avoir compris et qui n'a parfois presque rien à voir avec ce
qui est dit (surtout sur certains sujets politiques ou
économiques). Cela parfois au point d'avoir du mal à retrouver
la phrase du français à l'allemand !
Et
puis, de l'autre, depuis maintenant environ 3 ans, un nouvel
acteur de la traduction automatique (Deepl) a permis un saut
qualitatif, notamment de l'allemand au français par une
structuration bien meilleure des phrases.
Même avec des conférences assez complexes de Steiner, on se
retrouve avec des phrases qui ne demandent que d'affiner
certains choix de mots et de débusquer quand même quelques
contresens et approximations. Cela allège très nettement le
travail et facilite la lecture.
Je maintiens cependant mon avertissement : ces traductions,
surtout quand il s'agit de Steiner, reste des traductions "en
chantier", tout comme notre âme devrait y rester.
20/03/2022 08:20
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