Evolution de conscience et
affaires d’argent
Michael Ross
Résumé de Katharina Offenborn
Le développement des finances procède main dans la
main avec l’évolution de la conscience humaine. Cette
contribution voudrait parcourir « avec des bottes
de sept lieus » dans le cours de l’histoire de
l’argent en rapport avec l’évolution de la conscience
humaine et d’y montrer à l’occasion la raison pour
laquelle il est aujourd’hui indispensable de dompter
l’argent.
Dans le Cours d’Économie Politique (CEP),
Rudolf Steiner désigne le danger que les tendances
proliférantes de l’argent gagnent du terrain, c’est
pourquoi l’on devrait s’occuper des affaires d’argent
comme s’il s’agissait de dompter des animaux sauvages.
L’argent est une invention créatrice de l’être humain,
ce n’est rien de naturellement donné. Ce que nous
faisons de notre argent, comment nous nous y prenons
avec lui, cela dépend de la manière dont nous pensons
sur lui. Dans la Philosophie de la liberté,
il est question d’une culture de la conscience :
que l’être humain puisse se développer de son être
donné par les sens à un individu qui dispose d’un
penser libre, jusqu’à ce qu’il acquiert des
discernements dans les contextes du monde par des
intuitions, pour pouvoir librement agir [pour l’amour
de l’action, ndt]. L’évolution de l’argent et de
l’être humain est étroitement reliée — l’un détermine
l’autre. Déjà pour cette raison, nous ne devrions
jamais oublier l’être humain lors de la discussion sur
la question financière qui souvent apparaît si
abstraite.
Pour cela un exemple quotidien : je m’achète une
auto et je prends un crédit avec cela, le marchand de
voiture paye à son tour un crédit avec lequel il mène
son affaire. Les intérêts peuvent être déposés
en produits dérivés sur le marché financier et
contribuer ainsi aux spéculations financières, ce qui
en définitive attire une crise bancaire. Ensuite je me
retrouve à participer avec mon crédit à de lourdes
régressions sociales, bien que je ne voulais
qu’acheter une auto.
Étant donné que notre conscience ne va pas au-delà
souvent des limites du crédit personnel, nous
n’embrassons pas d’un coup d’œil les nombreuses
répercussions que nous déployons avec l’argent. Nous
devenons une partie du système et nous déclenchons par
nos actions une dynamique que nous ne voulions donc
pas. Comment une conscience se laisse-t-elle
développer qui ait en vue les mouvements dérivés de
l’argent ET les conséquences
sociales qu’il provoque ? La question monétaire
offre de la résistance au penser sur la base de sa
dynamique énorme, mais aussi parce que l’argent est si
étroitement lié à nos habitudes de vie et ne se laisse
pas observer comme isolé depuis l’extérieur. Avec
notre corps et notre âme nous sommes une partie du
processus.
L’histoire de l’argent (monnaie)
5000 à 3000 av. J.-C. : Voici
5000 ans, il y avait des communautés
d’auto-approvisionnement et les premières
villes. L’individu était un membre solide de la
communauté et de la nature. Les prêtres déterminaient
quelles tâche devaient être produites pour les
produits alimentaires, les constructions des édifices
et les services militaires. On ne payait pas, au
contraire on produisait quelque chose pour la
communauté. Le courant formateur de culture était
porté par le savoir des Mystères qui imprégnait aussi
les institutions sociales. L’autarcie économique
allait de paire avec la détermination d’autrui par la
communauté. Ce qui est produit dans l’agriculture
était en même temps le revenu de l’être humain qui
était « donné » sous une forme d’échange
naturel. Ces sortes d’échange sont pourtant placés
dans des limites étroites.
3000 à 650 av. J.-C. : L’argent
véritable ne naît qu’à partir de 3000 ans av. J.-C. du
culte des formes mésopotamiennes et égyptiennes des
sociétés théocratiques, en tant qu’offrande aux
prêtres et aux temples sous forme d’argent de
don, appelé aussi « argent
sacré » qui représentait un échange entre l’être
humain et la divinité. L’argent [Geld (Gild
en germanique ancien)] signifiait dans
l’ancienne langue germanique, « rétribution,
équivalent, offrande ». Une guilde était une
communauté d’offrande.[La guilde reste encore pour
nous une corporation de marchands, d’artisans ou
d’artistes, ou bien une association commerciale
pratiquant des tarifs préférentiels pour ses
adhérents, ndt]. Toutes les activités
étaient orientées sur le temple, le culte, les Dieux.
Les êtres humains disposaient d’une conscience
mythique ; les mythes étaient vécus comme des
vérités intérieures. La vie était spirituellement
portée et apparaissait ordonnée comme chargée de sens.
Une conscience de liberté n’était disposée qu’à l’état
de germe. Les prêtres étaient responsables de la
formation du prix et avec cela de l’équité sociale.
Or, argent et d’autres métaux devinrent des moyens
d’échange et de paiement, mais aussi les Bovins, en
tant qu’animaux sacrés, devinrent une échelle
de valeur et furent employés en tant qu’argent
marchand (obolus =
Bratspieß [broche]). Ne pouvait devenir
argent que ce qui possédait une haute mesure de valeur
sociale dans la société, et dans lequel s’exprimait
« l’éclat de l’esprit ». La monnaie, en tant
qu’échelle de valeur, permit plus de possibilités
d’échange que le troc naturel pur.
Avec le commerce éloigné [Fernhandel, rien à
voir avec le célèbre acteur français, ndt]
dans les millénaires suivants et cela jusqu’en 650 av.
J.-C., l’échange de marchandises se mit à croître et à
se différentier de plus en plus. Des facultés se
formant, naquit l’artisanat. Avec la fin de
l’autarcie, production et revenu se
dissocièrent : on produisait désormais pour
autrui, ce à quoi l’argent servait de médium en
reliant production et revenu : selon à chaque
fois la culture, les pierres, coquillages, le bétail,
ainsi que les métaux, étaient employés comme argent
d’affaires, qui fonctionnait comme symbole
de valeur, mais aussi comme moyen social d’expression.
Des morceaux d’or et d’argent trouvèrent une vaste
utilisation, parce qu’ils étaient divisibles à
volonté. L’argent métal du passé était donc un argent
de valeur constante. Mais l’ornement valait aussi
comme argent — dans cette mesure l’art est le parrain
de la découverte d’argent…
Dans son CEP Steiner expose que tout argent
repose sur la métamorphose de marchandises en argent.
L’argent dépasse pourtant en tant que tel la
marchandise, parce qu’il représente un équivalent général,
universellement utilisable : des marchandises
quelconques peuvent être échangées au moyen de
l’inter-convertibilité en argent, dans un circuit
marchandise-argent-marchandise. L’argent peut aussi
être utilisé en étant transposé temporellement, à
savoir que l’on peut acheter quand un besoin surgit —
avec cela entrent dans l’économie une dimension et une
dynamique temporelles. Dès le début l’argent à une
structure temporelle.
Dans l’évolution nonchalante entre 3000 et 650 av.
J.-C. les êtres humains furent en mesure d’accompagner
l’événement conformément à leur sensibilité.
Aujourd’hui c’est totalement différent : la
vitesse des changements est incomparablement plus
rapide. Nos sensibilités sociales ne tiennent pas le
tempo.
De 650 av. J.-C. au 15ème siècle
ap. J.-C., se réalisa à l’Est de la
Méditerranée, la transition de l’argent de marchandise
ou d’affaires en argent des pièces
de monnaie. Avec cela l’évolution de
la forme de l’argent parvint à un achèvement
provisoire. Les monnaies devinrent le type normal de
l’argent : elles portaient l’image du souverain
[ce qui en coûta sa tête à Louis XVI, reconnu ainsi à
Varennes… ndt], portaient souvent le nom de
son lieu d’émission. L’argent métallique représentait
une valeur non seulement juridique mais aussi
économique, à la stabilité de laquelle on pouvait s’en
remettre. Jusqu’au 17ème siècle, l’argent se
développa en argent d’achat, à savoir que l’achat
était l’action de base de l’argent qui déterminait de
plus en plus toute la société. L’argent énonçait une
revendication de marchandises. Avec l’argent
monétaire, la liaison à la nature était encore donnée
dans l’éclat de l’or et de l’argent : la
conscience humaine se rappelait ainsi de l’origine
cultuelle.
La philosophie grecque conduisit l’être humain du
mythe au Logos, à la raison et à
l’intellect. S’accomplit ainsi une émancipation hors
de la communauté conçue théocratique et antique. On
pouvait désormais échanger avec un membre quelconque
de la communauté. Les relations les uns avec les
autres devinrent plus libres, l’équité sociale devint
l’affaire de ceux qui achetaient et vendaient.
Aristote avait déjà posé la question du prix juste.
Thomas d’Aquin la reprit et rédigea de longs traité
là-dessus. La compréhension intellectuelle détermina
de plus en plus le comportement des êtres humains,
leur âme était encore plus sensiblement et
affectueusement reliée aux valeurs et normes
religieuses, qu’aux valeurs d’orientation culturelle
de la communauté. Ainsi l’interdit sur l’intérêt régna
jusqu’au 15ème siècle. Comme les métaux étaient
des richesses de la nature, dont l’exploitation
entraînait des coûts, la quantité d’argent s’en
trouvait naturellement limitée.
Le partage professionnel du travail et l’économie des
échanges s’étendirent. Celui qui n’avait pas d’argent,
ne pouvait pas prendre part aux formes déterminées de
la société. Cela mena à la pénurie d’argent et à
l’endettement. Étant donné que les paysans ne
pouvaient plus payer leurs taxes en produits du sol,
mais au contraire devaient donner une somme d’argent
correspondante, ils tombèrent souvent en servage. Ils
firent les frais de cette évolution. Aristote voyait
déjà ce problème qu’à côté de l’économie en tant
qu’économie domestique, surgit l’économie
d’acquisition d’argent. Accumuler des richesses
plutôt, au lieu de satisfaire les besoins d’autrui — la
véritable tâche de la vie économique —
Aristote trouvait cela abominable et contre
nature : aucun jeune ne pouvait plus recevoir de
l’argent… En écho à la culture antique, l’économie
était pourtant encore enchâssée dans l’élément
spirituel et religieux, ou selon le cas dans les
contextes ethniques (embedded economy).
À l’acquisition d’argent des limites étaient posées.
Des 15ème-17ème siècles
jusqu’à aujourd’hui : L’introduction
de la monnaie divisionnaire, avec laquelle la valeur
nominale l’emporte sur la valeur du métal, fit faire
un autre grand pas. Au 18ème siècle surgit le
papier-monnaie qui ne documente plus qu’un droit. La
valeur substantielle de l’argent fut de plus en plus
refoulée de la nature et finalement dissoute au cours
d’un long processus d’effacement : en Allemagne, il
existe depuis le commencement de la première Guerre
mondiale une vraie monnaie de papier.
Au 15ème siècle l’intérêt de l’argent en tant
que moyen d’échange se déplaça en intérêt de l’argent
en tant que moyen de crédit : la colonisation et
le progrès technique, sur la base de l’influence de
l’esprit humain sur l’économie des temps modernes par
les [grandes, ndt] découvertes, amenèrent
avec eux un grand besoin d’argent. L’industrialisation
au 18ème siècle, mena par ailleurs à une
augmentation énorme de la division [ou partage] du
travail et de la rationalisation. La transition de l’économie
d’échange à l’économie financière,
s’accomplit en tant que telle. Des produits de
l’artisanat furent remplacés par ceux de la production
industrielle de masse. La question de l’équité devint
explosive : dans le capitalisme de Manchester la
valeur de l’être humain, en tant que répercussion de
l’économie de multiplication d’argent, sombra au
niveau de celle de l’animal : à la plupart il ne
resta qu’un minimum qui consistait à exister en
végétant.
Jusqu’à aujourd’hui les cartels d’industrie ont visé
des lieux d’implantation aux coûts les plus bas leur
donnant un avantage concurrentiel, au moyen de
conditions de travail qui sont aussi mauvaises
qu’autrefois en Angleterre. L’économie d’accroissement
d’argent se répand sur la Terre, tirant des profits du
pays et de ses gens et laisse derrière elle souffrance
et pauvreté…
Le fait que des êtres humains devaient porter leur
peau au marché, la conscience [morale, ndt]
sociale, s’éveille. De plus en plus de gens font
attention à la protection des dignité de l’être humain
au sein des processus économiques. Le problème de
notre conscience intellectuelle c’est que nous nous
sommes asservis nous-mêmes, et nous avons méprisé
notre capacité créatrice. Nous nous faisons serviteurs
du gain financier et de la possession d’argent au
moyen d’une dynamique contre laquelle Aristote déjà
nous avait mis en garde, avec sa science de la
chrématistique (l’argent pour l’amour du profit de
l’argent) au commencement de l’économie d’échange. Ici
aussi il y a à observer un contrecoup de l’ancienne
attitude de conscience, pensée à partir de l’argent
d’achat : l’illusion de marchandise de l’argent
est un écho de l’ancien temps. Et aujourd’hui aussi il
y a un culte de l’argent, comme à son origine. Nous
nous rendons tous en pèlerinage aux temples, aux
banques, pour servir Mammon, la multiplication de
l’argent. C’est le culte actuel.
Aujourd’hui — circulation de paiement sans
numéraire : Avec l’argent de virement
ou argent de compte, qui n’a plus aucune valeur,
l’argent s’est volatilisé en tant qu’unité de calcul.
À l’époque des crédits il est devenu un simple
chiffre. La couverture ne se fait plus en marchandise,
mais elle est donnée par le processus de rendement.
L’argent à partir des crédits, qu’on appelle aussi
argent de prêt, qui est une expression de l’esprit
actif dans l’économie, ne peut pas être plus sûrs que
le processus économique, dans lequel il
« travaille » [guillemets du traducteur]. La
conscience du produit doit être remplacée par la
conscience du processus. Notre sensibilité n’avance
nonobstant plus au même pas que la séparation de
l’argent de la valeur de marchandise : nous avons
naïvement découvert l’argent comme réel et nous avons
tenté de faire encore plus d’argent avec l’argent.
Rudolf Steiner dit que lorsqu’on est d’avis que
l’argent a une couverture réel et qu’on peut agir avec
lui comme avec une marchandise, alors l’échange (Tauschen)
est devenu une « illusion »(Täuschen)
[le troc devient un truc ! ndt].
L’économie financière réclame un conscience totalement
autre que l’économie d’échange. L’illusion de détenir
l’argent comme une marchandise, et de le manipuler
comme s’il en était une, à des conséquences
dévastatrices : en font partie la problématique
des intérêts composés ainsi que le marché des
investissements d’argent et de capital, de la stase
d’argent dans les biens-fonds, de même de la stase
d’argent par connexion du capital d’avec le droit de
propriété.
Rudolf Steiner renvoie aussi à l’origine primordiale
de ces développements erronés : l’argent est un
concurrent irréel de la marchandise. Des marchandises
se détériorent par la consommation, l’argent, au
contraire, semble ne pas se détériorer. Mais si l’on
regarde les processus sociaux qui sont derrière, il se
dévalue très bien : par l’inflation, des crises,
— mais selon un genre et une manière funestes non
réglés. La question la plus importante de l’économie,
c’est par conséquent la question de savoir comment
l’argent peut être consommé raisonnablement au plan
social.
Perspectives à venir : cette
question trouve sa seule et unique réponse juste dans
le don à la vie de l’esprit qui par
l’éducation et la formation, a tout d’abord produit
tous les gains et tous les excédents qui ont fait
grossir la vie économique. Ce serait donc un genre de
merci que l’argent en excès revienne en riposte à la
vie de l’esprit et la nourrisse…
Notre conscience doit s’élargir pour être en
situation de concevoir le processus de l’argent comme
une sorte de tenue d’un livre de compte mondial, sur
lequel la réalité sociale est reflétée. Au lieu d’être
esclave de la valeur monétaire, elle devrait s’en
libérée c’est-à-dire s’efforcer de percer à jour
l’illusion de l’argent et s’aviser des conditions
sociales. L’être humain individuel ne peut pas
produire cela seul. Les êtres humains doivent s’unir
pour tenter de décider ensemble et de comprendre
comment des biens doivent être échangés de sorte que
tous ensemble prennent la direction de
l’équité sociale. La manière de s’y prendre avec
l’argent exprime quelle valeur suprême, quel principe
civilisateur, quel culte servent une communauté.
L’argent anti-social se trouve dans la logique et la
psychologie du possédant d’argent. L’argent social
sous la forme de l’argent de don se trouve au service
de l’évolution. La finance dans sa vraie forme est une
expression de l’esprit et suit le principe du produire
et du donner inépuisables. Et de la même façon qu’on a
caractérisé le premier argent, l’argent d’offrande,
comme aussi un argent-germe, ainsi peut-on qualifier
l’argent de don comme un argent-germe de la vie de
l’esprit, qui rend possible un degré supérieur de
l’individualité se développant vers la liberté. Mais
cette évolution vers la liberté est aujourd’hui
menacée, car l’être humain lui-même est économisé de
manière croissante — entre temps, hôpitaux, écoles,
universités et infrastructures communales, sont des
services avec lesquelles on peut gagner de
l’argent : le geste d’amour est repoussé par le
motif du gain d’argent. Penser dans l’argent détermine
aujourd’hui, en tant que type de penser la plupart des
sociétés mondiales. N’avoir aucune alternative à cela,
parce que c’est devenu un principe, met en danger
l’évolution vers la liberté. La solution serait :
faire mourir l’excédent financier, le consommer en le
donnant là où des êtres humains veulent se développer.
Sozialimpulse 1/2015.
(Traduction Daniel Kmiecik)
|
Bewusstseinsentwicklung und
Geldwesen
Michael Ross,
Zusammenfassung Katharina Offenborn
Die Entwicklung des Geldwesens geht Hand in Hand mit
der menschlichen Bewusstseinsentwicklung. Dieser
Beitrag möchte in Siebenmeilenstiefeln durch die
Geschichte des Geldes im Zusammenhang mit der
Entwicklung des menschlichen Bewusstseins führen und
dabei aufzeigen, warum es heute nötig ist, das Geld zu
zähmen.
Im Nationalökonomischen Kurs (NOK) benennt Rudolf
Steiner die Gefahr, dass Wucherungstendenzen des
Geldes überhandnehmen, weshalb man das Geldwesen so
kultivieren müsse, als würde man wilde Tiere zähmen.
Geld ist eine kreative Schöpfung des Menschen, ist
nichts Naturgegebenes. Was wir aus unserem Geld
machen, wie wir damit umgehen, hängt davon ab, wie wir
darüber denken. In der Philosophie der Freiheit ist
von der Kultivierung des Bewusstseins die Rede: dass
der Mensch sich vom sinnesgebundenen Wesen zu einem
Individuum entwickeln kann, das über ein befreites
Denken verfügt, bis dahin, dass er über Intuitionen
Einsichten in Weltzusammenhänge gewinnt, um in
Freiheit handeln zu können. Die Entwicklung von Geld
und Mensch ist eng verknüpft — eines bedingt das
andere. Schon deshalb dürfen wir den Menschen nicht
vergessen bei der Erörterung der oft so abstrakt
erscheinenden Geldfrage.
Dazu ein alltägliches Beispiel: Ich kaufe mir ein
Auto und nehme dazu einen Kredit auf, der Autohändler
bezahlt damit wiederum den Kredit, mit dem er sein
Geschäft betreibt. Die Zinsen werden vielleicht am
Geldmarkt in Derivaten angelegt und somit zu
Finanzspekulationen beitragen, die letztlich eine
Bankenkrise nach sich ziehen können. Dann bin mit
meinem Kredit mitbeteiligt an schweren sozialen
Verwerfungen, obwohl ich nur ein Auto kaufen wollte.
Da unser Bewusstsein oft nicht über die Grenze des
eigenen Kredits hinausgeht, überblicken wir die vielen
Wirkungen nicht, die wir mit dem Geld entfalten. Wir
werden zum Teil des Systems und lösen über unser
Handeln eine Dynamik aus, die wir so nicht wollten.
Wie lässt sich nun ein Bewusstsein entwickeln, dass
die verzweigten Geldbewegungen UND die sozialen
Konsequenzen im Blick hat? Die Geldfrage bietet dem
Denken Widerstand aufgrund ihrer ungeheuren Dynamik,
aber auch, weil Geld so eng mit unseren
Lebensgewohnheiten verknüpft ist und sich nicht wie
von außen isoliert betrachten lässt. Wir sind mit Leib
und Seele Teil des Prozesses.
Die Geschichte des Geldwesens
5000 v. Chr. — 3000 v. Chr.: Vor
5000 Jahren gab es Selbstversorgungsgemeinschaften
und erste Städte. Der einzelne war festes
Glied der Gemeinschaft und der Natur. Die Priester
bestimmten, welche Abgaben geleistet werden sollten an
Nahrungsmitteln, Bauleistungen und Kriegsdienst. Man
bezahlte nicht, sondern leistete etwas für die
Gemeinschaft. Der kulturbildende Strom war von
Mysterienwissen getragen, das auch die sozialen
Einrichtungen prägte. Die wirtschaftliche
Selbstversorgung ging einher mit kultureller
Fremdbestimmung durch die Gemeinschaft. Das in der
Landwirtschaft Produzierte war zugleich das Einkommen
der Menschen, das in Form von Naturaltausch
„ausgegeben" wurde. Dieser Art des Tauschens sind
jedoch enge Grenzen gesetzt.
3000 v. Chr. — 650 v. Chr.: Das
eigentliche Geld entstand erst 3000 v. Chr. aus dem
Kultus der theokratisch verfassten Gesellschaftsformen
Mesopotamiens und Ägyptens als Opfergabe an die
Priester und den Tempel in Form von Gabengeld,
auch „heiliges Geld" genannt, das einen
Austausch zwischen Mensch und Gottheit darstellte.
Geld (Gild) im Altgermanischen bedeutet Vergeltung,
Ersatz, Opfer. Eine Gilde war eine Opfergemeinschaft.
Alle ökonomische Tätigkeit war auf den Tempel, den
Kultus, die Götter ausgerichtet. Die Menschen
verfügten über ein mythisches Bewusstsein, die Mythen
wurden als innere Wirklichkeiten erlebt. Das Leben
war geistig getragen und erschien sinnvoll geordnet.
Freiheitsbewusstsein war nur keimhaft veranlagt. Die
Priester waren verantwortlich für die Preisbildung und
damit für soziale Gerechtigkeit. Gold, Silber und
andere Metalle wurden zu Tausch- und Zahlungsmitteln,
aber auch Rinder als heilige Tiere wurden zum Wertmaßstab
und als Warengeld eingesetzt
(obolus = Bratspieß). Zu Geld konnte nur werden, was
in der Gesellschaft ein höchstes Maß an sozialer
Geltung besaß, in dem der „Glanz des Geistes" zum
Ausdruck kam. Geld als Wertmaßstab ließ mehr
Tauschmöglichkeiten zu als der reine Naturaltausch.
Mit dem Fernhandel in den folgenden Jahrtausenden bis
ca. 650 v. Chr. nahm der Warenaustausch zu und wurde
immer differenzierter. Fähigkeiten bildeten sich aus,
das Handwerk entstand. Mit dem Ende der
Selbstversorgung fielen Produktion und Einkommen
auseinander: Man produzierte nun für einen anderen,
wobei das Geld als Medium diente, das Produktion und
Einkommen verband: Je nach Kultur wurden Steine,
Muscheln, Vieh sowie Metalle als Sachgeld verwendet,
das als Wertsymbol, aber auch als soziales
Ausdrucksmittel fungierte. Gold und Silberstücke
fanden eine breite Verwendung, weil sie beliebig
teilbar waren. Das Metallgeld der Vergangenheit war
also ein wertbeständiges Warengeld. Aber auch Schmuck
galt als Geld — insofern stand die Kunst Pate bei der
Geldfindung...
Im seinem Nationalökonomischen Kurs führt Rudolf
Steiner aus, dass alles Geld auf der Verwandlung von
Ware in Geld beruht. Geld geht als solches jedoch über
Ware hinaus, weil es ein allgemeines Äquivalent
darstellt, das universell einsetzbar ist: Beliebige
Waren können durch die Zwischenverwandlung in Geld
ausgetauscht werden im Kreislauf Ware — Geld — Ware.
Geld kann aber auch zeitlich versetzt eingesetzt
werden, d.h. man kann kaufen, wenn ein Bedürfnis
auftritt — dadurch kommt eine zeitliche Dimension und
Dynamik in die Wirtschaft hinein. Geld hat von Anfang
an eine Zeitgestalt.
In der gemächlichen Entwicklung zwischen 3000 —650 v.
Chr. konnten die Menschen empfindungsmäßig mit dem
Geschehen mitgehen. Heute ist es völlig anders: Die
Geschwindigkeit der Veränderungen ist unvergleichlich
höher. Unsere sozialen Empfindungen können mit diesem
Tempo nicht mithalten.
650 v. Chr. — 15. Jhdt.: 650
v. Chr. vollzog sich im östlichen Mittelmeerraum der
Obergang vom Waren- oder Sachgeld zum Münzgeld.
Damit kam die Entwicklung der Geldform
zu einem vorläufigen Abschluss. Münzen wurden zum
Normaltypus des Geldes: Sie trugen das Bild des
Herrschers, nannten aber oft auch den Ort, an dem sie
produziert wurden. Metallgeld stellte nicht nur einen
rechtlichen, sondern auch einen wirtschaftlichen Wert
dar, auf dessen Beständigkeit man sich verlassen
konnte. Bis ins 17. Jahrhundert entwickelte sich Geld
zum Kaufgeld, d.h. kaufen war die Grundwirkung des
Geldes, das mehr und mehr die ganze Gesellschaft
bestimmte. Geld drückte einen Anspruch auf Waren aus.
Mit dem Münzgeld war die Verbindung zur Natur im Glanz
von Gold und Silber noch gegeben:
Das menschliche Bewusstsein wurde dadurch an den
kultischen Ursprung erinnert.
Die griechische Philosophie führte den Menschen vom
Mythos zum Logos, zur Vernunft und zum Verstand. Eine
Emanzipation aus den alten theokratisch verfassten
Gemeinschaften vollzog sich. Man konnte nun mit einem
beliebigen Mitglied der Gemeinschaft tauschen. Die
Beziehungen untereinander wurden freier, soziale
Gerechtigkeit wurde zur Angelegenheit derer, die
kauften und verkauften. Aristoteles hatte bereits die
Frage nach dem gerechten Preis gestellt. Thomas von
Aquin griff sie auf und schrieb lange Abhandlungen
darüber. Der Verstand bestimmt zunehmend das Verhalten
der Menschen, ihre Seele war jedoch noch gemüthaft
verbunden mit den religiösen Werten und Normen, als
den kulturellen Richtwerten der Gemeinschaft. So galt
bis ins 15. Jahrhundert ein Zinsverbot. Da Metalle
Naturschätze waren, deren Abbau Kosten verursachte,
war die Geldmenge natürlich begrenzt.
Die berufliche Arbeitsteilung und die
Tauschwirtschaft weiteten sich aus. Wer kein Geld
hatte, konnte an bestimmten Formen der Gesellschaft
nicht teilnehmen. Das führte zu Geldnot und
Verschuldung. Da Bauern ihre Abgaben nicht mehr in
Naturalien leisten konnten, sondern Geldsummen
beibringen mussten, gerieten sie oft in
Leibeigenschaft. Bei dieser Entwicklung waren sie die
Leidtragenden. Bereits Aristoteles sah das Problem,
dass neben Ökonomie als Hauswirtschaft die Ökonomie
als Gelderwerb tritt. Reichtum anzuhäufen, anstatt die
Bedürfnisse des anderen zu befriedigen — die
eigentliche Aufgabe des Wirtschaftslebens — fand er
abscheulich und widernatürlich: Geld könne keine
Jungen bekommen... Als Nachklang der alten Kultur war
die Ökonomie jedoch noch eingebettet in
geistig-religiöse bzw. ethische Zusammenhänge
(embedded economy). Dem Gelderwerb waren dadurch
Schranken gesetzt.
15. — 17. Jahrhundert bis
heute: Die Einführung von Scheidemünzen,
bei denen der Nominalwert über dem Metallwert lag,
leitete einen nächsten großen Schritt ein. Im 18.
Jahrhundert entstand das Papiergeld, das nur noch ein
Recht dokumentiert. Der Substanzwert des Geldes wurde
im Zuge eines langen Ablöseprozesses von der Natur
immer weiter zurückgedrängt und schließlich aufgelöst:
In Deutschland gibt es seit Beginn des 1. Weltkrieges
eine reine Papierwährung.
Im 15. Jahrhundert verlagerte sich das Interesse vom
Tauschmittelgeld zum Kreditmittelgeld: Die
Kolonialisierung und der technische Fortschritt
aufgrund des Einwirkens von menschlichem Geist auf die
Wirtschaft in der Neuzeit durch Erfindungen brachten
einen großen Geldbedarf mit sich. Die
Industrialisierung im 18. Jahrhundert führte außerdem
zu einer enormen Steigerung von Arbeitsteilung und
Rationalisierung. Der Obergang von Tauschwirtschaft
zu Geldwirtschaft als solche vollzog sich.
Produkte aus Handwerk und Landwirtschaft wurden
ersetzt von industrieller Massenware. Die
Gerechtigkeitsfrage wurde laut: Im
Manchester-Kapitalismus sank als Auswirkung der
Geldvermehrungswirtschaft der Wert des Menschen auf
die Ebene der Tierheit: Den meisten blieb nur ein
Existenzminimum zum Dahin-Vegetieren.
Bis heute versuchen Konzerne über Standorte mit
niedrigen Lohnkosten Wettbewerbsvorteile zu erzielen,
durch Arbeitsverhältnisse, die ähnlich schlecht sind
wie damals in England. Die Geldvermehrungswirtschaft
verbreitet sich über die Erde, zieht Gewinn aus Land
und Leuten und lässt Leid und Armut zurück...
Die Tatsache, dass Menschen ihre Haut zu Markte
tragen mussten, weckte das soziale Gewissen. Immer
mehr Menschen achten auf den Schutz der Würde des
Menschen innerhalb der wirtschaftlichen Prozesse. Das
Problem unseres intellektuellen Bewusstseins ist, dass
wir uns selbst versklavt haben und unser kreatives
Vermögen verleugnen. Wir machen uns zum Diener des
Gelderwerbs und Geldbesitzes durch eine Dynamik, vor
der bereits Aristoteles mit seiner Wissenschaft der
Chrematistik (Geld um des Geldverdienens willen) in
den Anfängen der Tauschwirtschaft gewarnt hat. Auch
hier ist eine Nachwirkung der alten
Bewusstseinshaltung zu beobachten, vom Kaufgeld her
gedacht: Die Warenillusion des Geldes ist ein
Nachklang aus alter Zeit. Und auch heute gibt es einen
Kultus des Geldes, wie an seinem Ursprung. Wir pilgern
alle zu Tempeln, den Banken, um dem Mammon, der
Geldvermehrung, zu dienen. Das ist der gegenwärtige
Kultus.
Heute — bargeldloser
Zahlungsverkehr: Mit dem Giralgeld oder
Buchgeld, das gar keinen Wert mehr hat, hat sich das
Geld zur Recheneinheit verflüchtigt. Im Zeitalter der
Kredite ist es zu einer bloßen Zahl geworden. Die
Deckung ist nicht mehr durch eine Ware, sondern durch
den Leistungsprozess gegeben. Geld aus Krediten, auch
Leihgeld genannt, das Ausdruck des in der Wirtschaft
tätigen Geistes ist, kann nicht sicherer sein als der
Wirtschaftsprozess, in dem es arbeitet.
Produktbewusstsein muss von Prozessbewusstsein
abgelöst werden. Unsere Empfindung hat jedoch mit der
Ablösung des Geldes vom Warenwert nicht Schritt
gehalten: Wir halten Geld naiver Weise für dinglich
gedeckt und versuchen mit Geld noch mehr Geld zu
machen.
Rudolf Steiner sagt, wenn man der Meinung sei, dass
Geld eine dingliche Deckung habe und man damit handeln
könne wie mit einer Ware, dann sei aus dem Tauschen
ein „Täuschen" geworden. Die Geldwirtschaft erfordert
ein völlig anderes Bewusstsein als die
Tauschwirtschaft. Die Illusion, Geld für eine Ware zu
halten und es zu handhaben, als ob es eine sei, hat
verheerende Folgen: Dazu gehören die Problematiken des
Zinseszinses sowie des Geld- und Kapitalanlegemarktes,
der Geldstau in Grund und Boden sowie der Geldstau
durch die Verknüpfung von Kapital mit
Eigentumsrechten.
Rudolf Steiner weist auch auf die Ursache dieser
Fehlentwicklungen hin: Geld sei ein unreeller
Konkurrent von Ware. Waren nützen sich durch Gebrauch
ab, Geld dagegen nützt sich scheinbar nicht ab. Blickt
man aber auf die sozialen Prozesse dahinter, entwertet
es sich sehr wohl: durch Inflation, durch Krisen —
aber in einer sozial unheilvollen, ungeregelten Art
und Weise. Die wichtigste Frage der Ökonomie ist daher
die Frage, wie sich das Geld sozial vernünftig wieder
verbrauchen kann.
Zukünftige Perspektive: Diese Frage
findet ihre einzig richtige Antwort in der Schenkung
an das Geistesleben: Denn es ist letztlich
das Geistesleben, das durch Erziehung und Bildung alle
Gewinne und Überschüsse erst hervorgebracht hat, die
das Wirtschaftsleben groß werden ließen. Es wäre eine
Art Dank, wenn das überschüssige Geld im Gegenzug das
Geistesleben tragen und ernähren würde...
Unser Bewusstsein muss weit werden, um in der Lage zu
sein, Geldprozesse als eine Art Weltbuchhaltung
aufzufassen, über die soziale Wirklichkeit abgebildet
wird. Anstatt Sklave des Gelderwerbs zu sein, sollte
es sich befreien, d.h. sich bemühen, die Illusion des
Geldes zu durchschauen und die sozialen Verhältnisse
in den Blick zu bekommen. Das kann jedoch der einzelne
Mensch allein nicht leisten. Menschen müssten sich
zusammenschließen und zu verstehen versuchen, wie
Güter so ausgetauscht werden müssen, dass alle gemeinsam
die Richtung zur sozialen Gerechtigkeit
einschlagen. Der Umgang mit Geld drückt aus, welchem
höchsten Wert, welchem Zivilisationsprinzip, welchem
Kultus eine Gemeinschaft dient. Unsoziales Geld steht
in der Logik und Psychologik des Geldbesitzes.
Soziales Geld in Form von Schenkungsgeld steht im
Dienste der Entwicklung. Das Geldwesen in seiner
wahren Form ist Ausdruck des Geistes und folgt dem
Prinzip des unerschöpflichen Produzierens und
Schenkens. Und so wie man das erste Geld, das
Opfergeld, auch als Keimgeld bezeichnet hat, so kann
man das Schenkungsgeld als Keimgeld des Geisteslebens
sehen, das eine höhere Stufe der sich zur Freiheit
entwickelnden Individualität ermöglicht. Diese
Entwicklung zur Freiheit aber ist heute bedroht, da
der Mensch selbst zunehmend ökonomisiert wird —
inzwischen sind Krankenhäuser, Schulen, Universitäten
und kommunale Infrastruktur Leistungen, mit denen man
Geld verdienen kann: Die liebende Geste wurde vom
Motiv des Gelderwerbs verdrängt. In Geld zu denken
bestimmt als Denkungsart heute weltweit die meisten
Gesellschaften. Dafür keine Alternative zu haben, weil
es zum Prinzip geworden ist, gefährdet die Entwicklung
zur Freiheit. Die Lösung wäre: Das überschüssige Geld
zum Sterben zu bringen, es zu verbrauchen und zu
schenken, wo Menschen sich entwickeln wollen.
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