REVENU DE BASE ET «JUSTE PRIX

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Article traduit par René Wisser et Louis Defèche, pour "Nouvelles de la société anhroposophique en France" Mars-Avril 2014.
Légèrement revu par F.G.

Benediktus Hardorp

REVENU DE BASE ET «JUSTE PRIX».


Marc Desaules a récemment placé l’encouragement de Rudolf Steiner à un juste prix vis-à-vis de l’idée d’un revenu de base inconditionnel. S’agit –il de contraires dans les faits? ( 1 )

 

Dans son explication avec le revenu de base inconditionnel parue en juillet 2013, Marc Desaules rappelle avec raison à la formule de base de la vie économique, peu connue, mais décisive pour Rudolf Steiner : l’enseignement du « juste prix » ( 2 ).
Par elle Steiner rend clair dans le cours d’économie nationale » (1922), qu’un prix juste socialement ne se détermine pas, comme on le pense généralement, par le remboursement des coûts apparus pour le fournisseur (le vendeur) lors la fabrication ou de l’approvisionnement du produit – son côté passé - , mais que le regard doit être tourné vers l’avenir lors de la recherche du prix, et devrait être demandé : le fournisseur de la prestation pourra-t-il, avec la recette coulant vers lui par l’intermédiaire du prix, vivre et rester capable de prestation, avec ceux qui dépendent de lui, sa famille, ses collaborateurs (comme plus largement ses fournisseurs ), jusqu’au moment où il sera à même de mettre à disposition, renouvelé, des prestations pour d’autres (pour le marché)?
Ce prix rendant cela possible est décrit par Rudolf Steiner comme « le juste prix ».

Une formule aussi exhaustive que le théorème de Pythagore.
Cette formule signifie qu’on doit commencer avec tous les processus d’avenir sur la base des valeurs et ressources acquises et disponibles jusque là. Le passé n’a pas le droit d’être l’étalon pour les processus futurs construits sur lui; mais la mesure de moyen disponible devrait se montrer des conditions de la prochaine période future, sous constitution des représentations d’objectifs que nous avons pour eux. En procédant de la sorte, l’avenir auquel on aspire se réalisera par le moyen du « juste prix ».
Cette formule ajoute Rudolf Steiner « est aussi exhaustive que l’est le théorème de Pythagore pour tous les triangles rectangles !». Et plus loin : « La compréhension de comment on introduit dans cette formule l’ensemble du processus économique national, c’est justement science d’économie nationale» ( 3 ).
L’indication de Marc Desaules sur cette formule est par conséquent à souligner. Elle doit, en tant que formule valant universellement, toutefois aussi répondre à la question comment nous pouvons et voulons pourvoir les humains chômeurs apparemment exclus de ces processus d’un revenu nécessaire à l’existence !

Une forme précoce de cette formule de prix il y avait déjà chez Rudolf Steiner en 1905, dans la deuxième partie de son article de fond concernant le thème « Anthroposophie et question sociale » ( 4 ). Rudolf Steiner explique là le concept « d’exploitation », - un concept de combat social du mouvement ouvrier d’alors. En tant qu’enseignant à l’école berlinoise de formation des ouvriers de Wilhelm Liebknecht, Rudolf Steiner était étroitement lié à ce mouvement. Il expliqua là qu’exploitation apparaît toujours alors quand quelqu’un se procure des produits à « trop bon marché », donc ne paierait pas le prix juste qui assurerait la future capacité de prestation. Le regard sera conséquemment tourné vers l’devant, vers l’avenir de celui qui fait la prestation. Le bénéficiaire de la prestation doit donc se demander si il agit de manière « juste » par son paiement, en ce qu’il regarde vers la situation de celui qui a été actif pour lui, et si possible le restera par la suite, cela signifie s’il le « dédommage » ainsi et l’équipe des moyens lui permettant de réaliser à nouveau une prestation (de même manière), et s’il pourra ainsi vivre dignement et évoluer comme il se doit. Le bénéficiaire de prestation sera renvoyé par là à connaissance de soi-même dans le comportement social. La formule de prix suit le même principe et dit quand au sens la même chose pour les évènements de marché des entreprises que ce qui a été dit concernant les rapports de travail immédiats entre les humains.
Les formes d’organisation et les champs d’action qui peuvent et devraient pouvoir atteindre le « juste prix », Rudolf Steiner les appelle « associations » ( 5 ) . En tant qu’organes de conscience sociale, elles connaissent les conditions d’existence des institutions ou humains participants, et agissent à partir de là. Les associations représentent économiquement globalement, à la différence des entreprises créatrices de valeur, les formes d’organisations sociales formatrices de conscience d’une vie économique ; lesquelles aident à établir toujours à nouveau de « justes prix », pour empêcher l’exploitation.

Le revenu de base en contradiction à Steiner?

Pour cette forme d’économie, l’aspiration à un « revenu de base inconditionnel » constitue, selon Marc Desaules, plutôt un obstacle ou une contradiction. Il pense que l’inconditionnalité de cette allocation serait « dangereuse » et reviendrait à « jeter sans égard le bébé avec l’eau du bain ». Ces « injections d’argent régulières» concentreraient l’attention des hommes sur leur propre revenu, ne permettraient aucune rencontre avec les « réalités spirituelles » ( 6 )   et n’apporteraient avec cela en résultat seulement « misère, pauvreté et détresse », en bref : contredirait le «concept de base de l’enseignement Steinerien » du « juste prix ». Peut-on suivre la description de Marc Desaules ? Là serait avant tout à nommer le problème du chômage (ou de l’absence d’un revenu de manière régulière) -  un problème qui présente actuellement une dimension planétaire. Comme nous pouvons le voir chaque jour, une grande partie de la jeunesse européenne ne parvient pas à trouver un accès à la société qui lui permette de s’y intégrer activement tout en satisfaisant ses aspirations de vie. De gigantesques problèmes sociaux de démotivation par rapport  aux taches individuelles de l’existence et espérances d’une vie remplie de sens deviennent reconnaissables ; une radicalisation politique opposant riches et pauvres, Europe du Centre et Europe du Sud menace.Il nous appartient de reconnaître que notre manière actuelle de produire a pour conséquence un chômage qui ne cesse d’augmenter. Le travail diminue à vue d’œil, automatisé, assumé par des ordinateurs intelligents. Les robots travaillent plus rapides et « dociles comme moins onéreux ». Les hommes qui accomplissaient auparavant l’ancien travail et que nous avons cru avoir à payer comme « fournisseurs de la  marchandise force de travail » pour leur <fourniture>, mais que nous avons socialement intégrés dans nos entreprises, ont toujours moins pu se mesurer à la concurrence de la technique ; ils deviennent trop chers pour le management pensant en coûts, et conséquemment licenciés. Ainsi les entreprises diminuent le facteur « coût humain ». Mais de manière paradoxale, la même entreprise – et c’est là qu’apparaît à nouveau inopinément, le rapport social – sera obligée par la loi au cofinancement des conséquences du licenciement par les charges sociales lui étant imposées. L’entreprise unitaire travaille maintenant plus économiquement, mais laisse à la socialité la question comment les licenciés peuvent maintenant venir à de nouvelles missions et à un revenu assurant leur existence. Le souci pour les licenciés elle ne le regarde pas comme appartenant à ses devoirs, le licenciement étant intervenu, justement, pour se débarrasser de ce souci.

Qu’est ce qui suit ? Ces humains « mis au rebut » (NDT ou  « mis hors modèle », hors normes) seront contraint à la marge comme de seconde classe dans la société parce qu’ils ont perdus dans la lutte pour le travail. Ils essayent de cacher leur chômage car, comme beaucoup de leurs concitoyens, ils le vivent comme une honte. Leur volonté de travailler, non prise en considération mais dont eux-mêmes ne doutent pas, ils doivent à présent la prouver en se signalant régulièrement aux administrations du travail. Ils doivent rester à la disposition du marché du travail, celui-là même qui les a écartés auparavant, au cas où une entreprise voudrait tout de même les « acheter à bon prix » ( 7 ). En Allemagne cela s’appelle Harz IV, ou comme toujours sera nommé aujourd’hui système de contrôle  ou de transfert pour bas revenus. Gagner en plus est interdit, ou alors ce sera déduit, ce qui ne vaut donc pas le coût financièrement. La participation des « perdants » à la vie sociale sera réduite au minimum, devient indigne. Les problèmes sociaux de l’individu et de la société se brassent (NDT comme on brasse la bière …qui comme chacun sait, fait des bulles) ainsi ensemble. De la « valeur du travail comme gardienne de la dignité humaine », dont parle Marc Desaules, les concernés ne peuvent plus que rêver. Ils aimeraient l’avoir et aimeraient travailler pour leur revenu ! Mais quel chemin peut les y conduire ? Le revenu de base inconditionnel pourrait-il là aider plus loin ? Le revenu de base inconditionnel ne devrait pas autoriser sans limite de suivre l’oisiveté et à se coucher dans le « hamac social ». Il doit proposer une voie modeste vers une nouvelle activité qui respecte la liberté de choix, sans vouloir interroger et contrôler quand, comment, et si l’ainsi modiquement assuré vient à une décision, comment ça doit continuer. La possibilité de ne rien faire, d’après l’avis traditionnel, et de se contenter d’un modeste revenu de base est incluse.


Finalement, nous ne devrions pas ne pas le voir, c’est aujourd’hui d’ailleurs déjà possible quand quelqu’un a appris à se soustraire à toutes les exigences d’un monde de travail qui lui déplait et qui est peut-être même indigne, en présentant son inaptitude au travail, prétendue ou réelle, (cela s’appelle par exemple « certificat de maladie »). Finalement on pourra à peine l’empêcher, et pour cela il est économiquement plus concluant d’accepter cet état de fait sans contrôle supplémentaire, plutôt que de financer un appareil administratif onéreux qui n’aboutit pas à d’autres résultats. Cela conduit seulement à un jeu du chat et de la souris avec des arrêts de maladie fictifs ou réels.
Un revenu de base inconditionnel introduirait un socle de liberté de propre capacité à décider dans la vie sociale aussi pour ceux gagnant peu, qui améliorerait  ainsi énormément le climat des rencontres humaines en notre monde. Les entreprises devraient alors faire de la publicité pour des collaborateurs  plutôt que de pouvoir mettre économiquement sous pression des demandeurs de travail rémunéré. Du point de vue de l’ensemble de la société il ne s’agit aussi pas d’un « gaspillage d’argent », car dans l’économie réelle nous sommes obligés de subvenir aux besoins de tous les hommes. En fin de compte, le revenu de base prendra la forme plus rationnelle d’un revenu de transfert minimum, que nous devons de toute façon tenir à disposition, encaisser et serait à faire administrativement avec une fraction des frais de contrôle actuels. Nos jusqu’à présent contrôleurs se tiendront devant la tache de se tourner vers un travail créateur de valeur, travail productif, ou tâches pleines de sens dans la société humaine.
Trouver le chemin dans le travail.
Le revenu de base inconditionnel ouvrirait, comme des expériences sur le terrain, notamment en Afrique du Sud ( 8 ) l’ont montré par un revenu de base minime, un climat propice à l’initiative et donnerait à beaucoup d’humains la chance à des activités déterminées par eux-mêmes. Cela se manifestera par des processus de créations de valeurs supplémentaires et à la société des gains de prospérités au lieu de contribuer à des impossibilités de financement. Ceux à qui manque l’imagination nécessaire pour concevoir de telles solutions ne pourront ni penser et par conséquent calculer le revenu inconditionnel. A lieu de cela, ils partent d’hypothèses qu’ils élaborent de telle façon qu’elles finiront toujours en souricière à pauvreté pour les individus et la société. L’arbre les empêche de voir la forêt, comme on dit, et il est difficile d’obtenir leur compréhension. Ils utilisent la liberté pour sa négation ; mais cela aussi nous devons le subir, comme jusqu’à présent, et nous le pouvons aussi. La plus grande question est de savoir pendant combien de temps encore les exclus supporteront de jouer leur rôle d’inactifs. L’homme est un être d’action !
Par le revenu de base inconditionnel les humains seront mutés à suivre des buts fixés par eux même et les chemins vers eux de leur propre force. Ils peuvent parce que le démarrage leur sera rendu possible, déployer des initiatives et retrouver ainsi le chemin dans la société travaillant et créant des valeurs. Le monde du travail de la vieille systématique sociale leur avait proscris ce saut de départ. Grâce à ce nouvel espace de liberté, ils redécouvrent nouvelle leur dignité humaine dans l’activité pour les autres. Ils s’intègrent dans le monde, dans le « juste prix » de la vie et assurent l’avenir social, et contribuent ainsi à sa réalisation. Ils se retrouvent à la fin avec Marc Desaules car, en réfléchissant bien, nous pouvons inclure les bénéficiaires d’un revenu de transfert dans le monde de la formule englobante du « juste prix ». Le but proposé reste juste, et le chemin qui y conduit peut à nouveau, justement par le revenu de base inconditionnel, s’ouvrir à celui qui a été mis au rebut ou qui n’est pas intégré.
La connaissance du « juste prix » reçoit et garde aussi pour eux sa signification. Ce qui semblait, à première vue, être un état de fait particulier, se dévoile à la pensée comme faisant partie du tout. Car non le soin de divergences, mais la découverte de points communs (établits) nous conduit humains –aussi pensant différemment –plus loin. Et c’est de cela qu’il s’agit finalement. Anthroposophie veut et peut aider à cette découverte. La formule du prix montre le chemin pour tous.

 

( 1 )Marc Desaules, Juste prix à la place de revenu de base inconditionnel, in Mitteilungen aus dem anthroposophischen Leben in der Schweiz (Nr VII/VIII 2013) et Nr 14/2013,S3f. der Nachrichten für Mitglieder der anthroposophischen Gesellschaft, Dornach.
( 2 ) Rudolf Steiner, Cours d’économie nationale, GA 340
( 3 ) Ibid.
( 4 ) Rudolf Steiner, GA 34
( 5 ) Rudolf Steiner, GA 340. Pour les « associations » voir l’auteur : Elemente einer Neubestimmung des Geldes, Karlsruhe 2009
( 6 ) Cette dernière se produira certainement après la mort et préparera une évolution.
( 7 ) M. Harz avait été directeur du personnel chez Volkswagen. Pour lutter contre le chômage il y avait introduit la semaine de 4 jours / 28 heures. Plus tard, une fois membre du gouvernement Schroeder et à cause de la mauvaise presse de la semaine des 35 heures en France, il est devenu le « Monsieur petits boulots ». N. du T.
( 8 ) Der Spiegel et d’autres journaux les ont rapportées.

DAS GOETHEANUM Nr. 41 12. Oktober 2013 • ZUSAMMENHÄNGE p. 5- 7

Benediktus Hardorp


GRUNDEINKOMMEN UND RICHTIGER PREIS

Marc Desaules stellte kürzlich (1)Rudolf Steiners Forderung nach einem richtigen Preis der Idee eines bedingungslosen Grundeinkommens gegenüber. Sind es tatsächlich Gegensätze?

 

In seiner im Juli 2013 erschienenen Auseinandersetzung mit dem bedingungslosen Grundeinkommen erinnert Marc Desaules mit Recht an die wenig bekannte, aber für Rudolf Steiner entscheidende Grundformel wirtschaftlichen Lebens, die Lehre vom <richtigen Preis> (2). Durch sie macht Steiner im Nationalökonomischen Kurs (1922) deutlich, dass ein sozial gerechter Preis sich nicht, wie meist gedacht, aus der Erstattung der dem Lieferer (Verkäufer) für die Herstellung oder Beschaffung des Produktes entstandenen Kosten - seiner Vergangenheitsseite - bestimmt, sondern dass der Blick bei der Preisfindung in die Zukunft gerichtet sein muss und gefragt werden soll: Kann der Leistende mit dem ihm über den Preis zufließenden Erlös mit den zu ihm Gehörigen, seiner Familie und seinen Mitarbeitern (wie im Weiteren seinen Lieferanten), leben und leistungsfähig bleiben, bis er erneut Leistungen für andere (für den Markt) zur Verfügung zu stellen vermag? Der dieses ermöglichende Preis wird von Steiner als der «richtige Preis» bezeichnet.



So erschöpfend, wie der Phythagoräische Lehrsatz

Diese Formel bedeutet, dass man mit allen Zukunftsprozessen auf der Basis der bis dahin erarbeiteten und verfügbaren Werte und Ressourcen beginnen muss. Die Vergangenheit darf nicht Maßstab für die auf sie aufbauenden Zukunftsprozesse sein, sondern die Zumessung verfügbarer Mittel soll sich aus den Bedingungen der nächsten Zukunftsperiode unter Anlegung der Zielvorstellungen, die wir für sie haben, ergeben. Wird so verfahren, kommt die erstrebte Zukunft durch die Mittel des <richtigen Preises> zustande. Diese Formel, fügt Rudolf Steiner hinzu, «ist so erschöpfend, wie der Pythagoräische Lehrsatz erschöpfend ist für alle rechtwinkligen Dreiecke!» Und weiter: «Das Verständnis, wie man in diese Formel den ganzen volkswirtschaftlichen Prozess hineinbringt, das ist eben Volkswirtschaftswissenschaft.» (3) Der Hinweis Marc Desaules auf diese Formel, ist somit zu unterstreichen. Sie muss als allgemeingültige Formel allerdings auch die Frage beantworten, wie wir die aus den Prozessen scheinbar Entlassenen arbeitslosen Menschen mit einem für sie existenznotwendigen Einkommen ausstatten können und wollen!
Eine Vorform dieser Preisformel gab es bei Rudolf Steiner schon im Jahre 1905 im zweiten Abschnitt seines Leitaufsatzes über das Thema <Geisteswissenschaft und soziale Frage> (4). Rudolf
Steiner erläutert dort den Begriff der <Ausbeutung> - ein sozialer Kampfbegriff der Arbeiterbewegung jener Tage. Als Lehrer an der Berliner Arbeiterbildungsschule Wilhelm Liebknechts war Rudolf Steiner dieser Bewegung eng verbunden. Er stellte dort dar, dass Ausbeutung immer dann vorliege, wenn sich jemand die Produkte eines Leistenden <zu billig> verschaffe, also nicht den richtigen Preis zahle, der dessen zukünftige Leistungsfähigkeit sichere. Der Blick wird konsequent nach vorn, auf die Zukunft des Leistenden, gerichtet. Der Leistungsempfänger muss sich also fragen, ob er bei seiner Zahlung <recht> handelt, indem er auf die Lage dessen blickt, der für ihn tätig war und womöglich weiter sein wird, d. h. ob er ihn so <entgilt> und mit Mitteln ausrüstet, dass dieser in Zukunft wieder eine Leistung (gleicher Art) erbringen und dabei menschenwürdig-entwicklungsgerecht leben kann. Der Leistungsempfänger wird dadurch zur Selbsterkenntnis im sozialen Handeln angehalten. Die Preisformel folgt dem gleichen Grundsatz und sagt sinngemäß das Gleiche für das unternehmerische Marktgeschehen, was für die unmittelbare Arbeitsbeziehung zwischen Menschen gesagt wurde.

Die Organisationsformen und Handlungsfelder, die den <richtigen Preis> erreichen können und sollen, nennt Steiner «Assoziationen» (5). Als soziales Bewusstseinsorgan kennen sie die Lebensbedingungen von Institutionen oder beteiligten Menschen und handeln daraus. Assoziationen stellen gesamtwirtschaftlich im Unterschied zu Werte schaffenden Unternehmen die bewusstseinsbildenden sozialen Organisationsformen eines Wirtschaftslebens dar, welches <richtige Preise> immer wieder neu herstellen helfen, um Ausbeutung zu verhindern.

Grundeinkommen im Widerspruch zu Steiner?

Für diese Wirtschaftsform stellt nach Auffassung von Marc Desaules das Streben nach Einführung eines <bedingungslosen Grundeinkommens> eher ein Hindernis oder Gegensatz dar. Die Bedingungslosigkeit solcher Einkommensgewährung, meint er, sei «gefährlich» und stelle ein «sorgloses Ausschütten des Kindes mit dem Bade» dar. Es konzentriere die Menschen durch «regelmäßige Geldspritzen» auf das «eigene Einkommen», erlaube keine Begegnung mit den «geistigen Realitäten» (6) und bringe damit im Ergebnis nur «Elend, Armut und Not»; kurz: es widerspreche «dem Grundbegriff der Steiner'schen Wirtschaftslehre» vom <richtigen Preis>. Kann man Desaules' Darstellungen folgen? Da wäre vor allem das Problem der Arbeitslosigkeit (oder Einkommenslosigkeit regulärer Art) zu nennen - ein Problem, das gegenwärtig weltweite Dimension aufweist. Es findet, wie wir täglich erfahren, ein Großteil der Jugend Europas keinen Zugang zu einer ihre Lebenshoffnungen befriedigenden tätigen Eingliederung in die Gesellschaft. Riesige soziale Probleme der Demotivierung gegenüber individuellen Lebensaufgaben und sinnerfüllten Lebenshoffnungen werden erkennbar; eine politische Radikalisierung, arm gegen reich, Mitteleuropa gegen Südeuropa, droht.
Es gilt zu erkennen, dass aus der Art, wie wir heute produzieren, eine ständig wachsende Arbeitslosigkeit folgt. Die Arbeit wird automatisiert, von Computern intelligent übernommen; sie schrumpft zusehends zusammen. Der Roboter arbeitet schneller und <willig wie billig>. Die Menschen, die die alte Arbeit zuvor geleistet haben und die wir als <Lieferanten der Ware Arbeitskraft> für ihre <Lieferung> bezahlt zu haben glaubten, sie sozial aber in unsere Unternehmen eingegliedert haben, sind der technischen Konkurrenz immer weniger gewachsen; sie werden für das kostendenkende Management zu teuer und folglich entlassen.
So reduzieren die Unternehmen den Kostenfaktor Mensch. Paradoxerweise wird das gleiche Unternehmen aber - da meldet sich der soziale Zusammenhang unversehens zurück - zur Mitfinanzierung der Entlassungsfolgen über ihm auferlegte Sozialabgaben rechtlich verpflichtet. Das Einzelunternehmen arbeitet nun wirtschaftlicher, überlässt aber die Frage, wie die Entlassenen nun zu neuen Aufgaben und zu einem ihre Existenz sichernden Einkommen kommen können, der Sozialität. Die Sorge für die Entlassenen betrachtet es als nicht zu seinen Aufgaben gehörig; die Entlassung erfolgte ja, um sich dieser Sorge zu entledigen.


Was folgt? Die <ausgemusterten> Menschen werden in der Gesellschaft als zweitklassig an den Rand gedrängt weil sie im Arbeitskampf verloren haben. Sie versuchen ihre Arbeitslosigkeit zu verbergen, weil sie und viele ihrer Mitmenschen das als Schande erleben. Ihre nicht in Anspruch genommene <Arbeitswilligkeit>, an der sie selber keine Zweifel haben, müssen sie jetzt durch regelmäßige Meldungen bei der Arbeitsbehörde unter Beweis stellen. Sie müssen dem Arbeitsmarkt, der sie zuvor herausgedrängt hat, weiter zur Verfügung stehen für den Fall, dass ein Unternehmen sie doch noch <günstig einkaufen> möchte. In Deutschland heißt das <Hartz IV> - oder wie immer die Überwachungs- oder Transfersysteme bei niedrigen Einkommen heute genannt werden. Hinzuverdienen ist untersagt oder es wird angerechnet - lohnt sich also aus finanzieller Sicht nicht. Die Teilhabe der <Verlierer> am gesellschaftlichen Leben wird auf ein Minimum reduziert, wird unwürdig. Soziale Probleme des Einzelnen und der Gesellschaft brauen sich so zusammen.
Vom «Wert der Arbeit als Hüterin der Menschenwürde», von der Marc Desaules spricht, können die Betroffenen nur träumen. Sie hätten sie gerne - und würden gerne für ihr Einkommen arbeiten! Welcher Weg aber führt sie dorthin? Könnte uns da das bedingungslose Grundeinkommen weiterhelfen?
Das bedingungslose Grundeinkommen soll ja nicht erlauben, unbegrenzt dem Müßiggang nachzugehen und sich in die soziale Hängematte zu legen. Es soll vielmehr einen Weg auf bescheidenem Niveau zu neuer Tätigkeit ermöglichen, der die menschliche Entscheidungsfreiheit respektiert - ohne fragen und kontrollieren zu wollen, wann, wie und ob der so bescheiden Gesicherte zu einer Entscheidung kommt, wie es weitergehen soll. Die Möglichkeit, nach herkömmlicher Auffassung in dieser Lage (nichts zu tun), ist, wenn man sich mit einem bescheidenen Grundeinkommen begnügt, darin eingeschlossen. Letzteres ist übrigens, das sollten wir nicht übersehen, auch heute schon möglich, wenn jemand gelernt hat, sich allen Zumutungen einer ihm missfallenden oder gar unwürdigen Arbeitswelt durch Darstellung seiner angeblich oder tatsächlich mangelnden Eignung für sie (z. B. <Krankschreibung> genannt) zu entziehen.
Letztlich lässt sich das kaum verhindern - und darum ist es ökonomisch schlüssiger, diesen Tatbestand ohne zusätzlichen Prüfungsaufwand zu akzeptieren, als einen teuren Verwaltungsapparat zu seiner Vermeidung zu finanzieren, der keine anderen Ergebnisse erzielt. Dies führt nur zu einem Katz-und-Maus-Spiel mit echten oder falschen Krankheitsnachrichten.
Ein bedingungsloses Grundeinkommen würde einen Freiheitssockel eigener Entscheidungsfähigkeit in das gesellschaftliche Leben auch für Geringverdiener einführen, der das Klima menschlicher Begegnungen in unserer Welt enorm verbessern dürfte. Unternehmen müssten dann um Mitarbeiter werben, statt Erwerbsarbeit Suchende ökonomisch unter Druck setzen zu können. Es handelt sich gesamtgesellschaftlich auch nicht um eine <Geldverschwendung>, weil wir ja realwirtschaftlich gesehen alle Menschen zu unterhalten uns verpflichtet sehen. Das Grundeinkommen wird am Ende eine rationellere Form eines Mindest-Transfereinkommens, das wir sowieso bereitstellen müssen, einnehmen und administrativ mit einem Bruchteil des heutigen Überwachungsaufwandes zu machen sein. Die bisherigen Überwacher werden vor der Aufgabe stehen, sich einer Werte schaffenden, produktiven Arbeit oder sinnvollen Aufgaben in der menschlichen Gesellschaft zuzuwenden.


Den Weg in die Arbeit finden

Das bedingungslose Grundeinkommen würde, wie Feldversuche aus Südafrika zeigen', durch ein bescheidenes Grundeinkommen ein Klima der Initiativentfaltung eröffnen und vielen Menschen die Chance zu eigenbestimmten Tätigkeiten geben. Es wird sich in zusätzlichen Wertschöpfungsprozessen niederschlagen und der Gesellschaft dadurch zu Wohlstandsgewinnen statt zu Unfinanzierbarkeiten verhelfen. Diejenigen, denen die soziale Fantasie für solche Lösungswege fehlt, können das Grundeinkommen nicht denken und folglich auch nicht berechnen. Sie gehen stattdessen von Voraussetzungen aus, die sie so gestaltet haben, dass sie immer in der Armutsfalle des Einzelnen und der Gesellschaft enden. Sie sehen, wie man zu sagen pflegt, den Wald vor Bäumen nicht, sind aber in ihrem Verständnis schwer zu erreichen. Sie nutzen die Freiheit zu deren Negation - aber auch das müssen wir wie bisher ertragen und wir können es auch. Die größere Frage ist, wie lange die Ausgescherten ihre Sonderrolle des Nichtstuns aushalten werden. Der Mensch ist ein Tätigkeitswesen!
Durch das bedingungslose Grundeinkommen werden Menschen in die Lage versetzt, selbstgesetzte Ziele zu verfolgen und Wege zu ihnen aus eigener Kraft einzuschlagen. Sie können, weil ihnen der Start ermöglicht wird, Initiativen entfalten und so den Weg in die arbeitende und Werte schaffende Gesellschaft zurückfinden. Die Arbeitswelt alter sozialer Systematik hatte ihnen diesen Absprung verwehrt. Sie entdecken aufgrund des Freiraums ihre Menschenwürde in der Tätigkeit für andere neu. Sie ordnen sich in die Welt, in der <richtige Preise> das Leben und die gesellschaftliche Zukunft sichern, ein und schaffen sie auf diese Weise mit. Sie treffen sich am Ende mit Marc Desaules, denn wir können die Transfereinkommenbezieher bei genauer Überlegung in die umfassende Preisformel-Welt des (richtigen Preises) einbeziehen. Das Ziel, auf das hier aufmerksam gemacht wurde, bleibt richtig und der Weg zu ihm kann den sonst Ausgemusterten oder Nicht-integrierten gerade durch das bedingungslose Grundeinkommen wieder erschlossen werden. Die Erkenntnis des <richtigen Preises) bekommt und behält auch für sie Geltung. Was zunächst wie ein Sondertatbestand aussah, erweist sich als mitzudenkender Teil des Ganzen. Denn nicht die Pflege von Gegensätzlichkeiten, sondern die Entdeckung von (veranlagten) Gemeinsamkeiten führt uns Menschen - auch mit Andersdenkenden - weiter. Und darauf kommt es letztlich an. Anthroposophie will und kann zu deren Entdeckung helfen. Die Preisformel zeigt für alle den Weg.



Marc Desaules: (Der richtige Preis anstelle des bedingungslosen Grundeinkommens) in den (Mitteilungen aus dem anthroposophischen Leben in der Schweiz) (Nr. VII/VIII 2013) und in Nr. 14/2013, S. 3 f. der Nachrichten für Mitglieder der Anthroposophischen Gesellschaft, Dornach.
12 Vgl. R. Steiner: (Nationalökonomischer Kurs), GA 340, S. 82 13 R. Steiner, wie Anm. 2 14 Vgl. GA 34 15 Vgl. R. Steiner: GA 340, S. 82 f., S. 123, S. 152 f.,
zu (Assoziation) vom Verfasser: <Elemente eine Neubestimmung des Geldes), Karlsruhe 2009 (3), S. 266 f., 274 sowie 317
Letzteres wird sicherlich nachtodlich eintreten und Entwicklung vorbereiten.






(Der Spiegel) und andere Zeitschriften berichteten darüber.