société civile et vie de l'esprit chez Steiner

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Le concept « société civile » et le concept de « vie spirituelle libre » de Rudolf Steiner

Thomas Brunner

6/2001
Traduction FG v.2 au 27/01/2014 - original

Le débat actuel, stimulé par Nicanor Perlas, sur le concept de la société civile peut apporter des éclaircissements essentiels aux « Points fondamentaux de la question sociale » qui, orientés vers l'avenir, ont été rendus publics déjà par Rudolf Steiner, mais qui n'ont pas encore trouvé l'attention suffisante.

Celui qui au temps de l’activité de Rudolf Steiner, comme auditeur de conférence anthroposophiquement intéressé, regardait seulement les revendications politiques du prolétariat celui-là ne pouvait pas comprendre pourquoi tout de suite Steiner a vu venir, en particulier dans les profondeurs du vouloir prolétaire les germes sociaux futurs. Rudolf Steiner thématisa toujours de nouveau que derrière les programmes socialistes et les slogans de guerre de classe voulait se sortir des rails l’avant-garde d'un mouvement de libération de l'homme en général. « L’humain entier est venu en mouvement par le détour de l’humain prolétarien. Là œuvrent de plus profonds motifs. "

Comme le prolétariat du 19e Siècle, cependant, ne put se résoudre à un libre mouvement de connaissance, mais acquitta l’effort d’« unité prolétarienne » (NDT « proletarischer Vereinigung ») , ainsi s’est formée aussi d’abord une fois la société civile dans une sorte d'opposition contre l’establishment formé de l’économie et de l’État. De même, que Rudolf Steiner à l'époque a entrepris de dégager les «motifs profonds» de l’idéologie unilatérale de combat de classe du mouvement ouvrier, et alors développa le concept de vie spirituelle libre englobant l'individualité purement humaine, il vaut aujourd’hui de reconnaitre la société civile dans sa propre tâche. 
Au temps de Steiner interféra avant tout à la nécessité réelle du temps l'utopie d’une «grande coopérative économique réglée marxistement», le danger actuel de la société civile repose dans une orientation unilatéralement politique. Harri Salman reprend cette unilatéralité dans sa réplique à Nicanor Perlas lorsqu’il définit «consciemment la société civile sur la démocratisation de la société» et reconnait à l’Europe du centre la tâche « d’organiser nouvelle la vie du droit et façonner l'état de droit ». 

Justement, Joseph Beuys nommé par Salman dans ce contexte souligne toujours à nouveau : « Mais on devrait clarifier l'ensemble du complexe à partir du début, pourquoi il s'agit d'une question de l'organisme social, et pas seulement une question de démocratie, bien que le concept de la démocratie dans l'organisme social est un concept très important. Mais qu’avec la démocratie on ne puisse encore longtemps pas tout faire, c'est ça le problème. [...] Malgré tout, l'organisation a fait un travail préparatoire assidu, par ex. pour l’école supérieure libre. [...] Mais c’est malgré tout encore déterminé trop unilatéralement sur le concept de démocratie. "

Comme Beuys comprend ici le mouvement démocratique comme seulement une conséquence de la réelle (selon la société civile) coopération, ainsi peut être trouvé chez Steiner des pensées nodales déjà pionnières pour le développement de la société civile : « Il y aussi peu de remède universel pour la régulation des relations sociales qu’un aliment qui rassasie pour tous les temps. Mais les gens peuvent entrer dans des communautés telles, que, par leur coopération vivante soit toujours à nouveau donnée à l’être-là (NDT le « Dasein » ou l’existence) la direction du social. Une telle communauté est le membre spirituel s’administrant de manière autonome de l'organisme social ».

Ce « membre spirituel de l'organisme social » englobe tous les humains (« Chaque humain est un artiste» J. Beuys) dans leurs capacités individuelles : « [...] des plus hautes prestations spirituelles dans l'art, la science, la vie religieuse jusqu’en bas à chaque forme de mise en œuvre de capacités humaines, comme elles sont basées plus ou moins dans l'âme, qui doivent être utilisées dans les processus ordinaires matérialistes, reposant sur une base capitaliste, jusque dans le processus économique qu’habituellement on nomme avec un mot péjoratif le domaine matériel ».

 

 

Seuls peu des disciples immédiats de Rudolf Steiner ont compris ses propos dans leur totale portée, comme Karl Heyer: « Qui ne parvient pas à placer la revendication de la vie spirituelle libre dans le contexte global à laquelle elle appartient, ne peut lui rendre justice. Tout autant une grande partie de l'élan provient de l'Europe centrale, devrait être saisi par les Allemands de manière proactive, ainsi devrait-il d’abord en tant que tel montrer sa pleine fertilité dans le plus grand contexte international, où il est en mesure de conduire les communautés de  vie par-dessus les frontières politiques.et avec cela pareillement dépolitiser la vie économique.
Qui considère cela impossible, parce que non habitué et par la plupart par manque de compréhension encore de loin pas voulu, ne peut qu'abandonner tout espoir de jamais venir au façonnement des relations humaines sur la Terre conforme au temps, voulu par l’esprit du temps. [...] La liberté ne peut pas être décrétée. Personne ne peut y être contraint. Elle doit être voulue. Et cette volonté doit, pour atteindre des buts, être une volonté de force élémentaire, s’enracinant dans une puissante conviction. Plus des cercles plus larges la saisiront,  plus tôt pourront être accompli des actes de libération ».

 

L'interprétation de Nicanor Perlas de la société civile comme un « pouvoir culturel » ouvre la possibilité de conduire la société civile plus près de sa nécessaire compréhension d’elle-même. Mais à cette image de soi ne se tient pas seule en vis-à-vis l’unilatérale politisation, endiguée par la conception de Perlas, mais les formes d’organisation économique privée ou d’égoïsme d’entreprise des institutions culturelles (et particulièrement aussi anthroposophiques) elles-mêmes. Qu’aujourd'hui la société civile et l'anthroposophie la plupart du temps se font face à peine compatible, est une expression de cette misère. Mais que l'anthroposophie dans le cadre de cette société civile est encore trop souvent ressentie comme sectaire ou même fascistoïde repose juste en cela qu’elle est encore à peine mise en valeur comme science de l’esprit. La question soulevée par Perlas de la « réduction de la culture au développement économique » est justement aussi un problème central au sein du mouvement anthroposophique. Le mouvement des écoles Waldorf, par exemple, a souvent perdu tout effort à prise d’initiatives à l’association économique par son haut degré de subventionnements étatiques. L'idée d'une "Association scolaire mondiale" a disparu de la scène, bien que Steiner articulait avec elle une impulsion essentielle pour une vie culturelle et un système éducatif libre : « L'association scolaire mondiale peut financer toutes les institutions culturelles [souligné par TB] si elle est comprise de manière correcte ».

Rudolf Steiner a caractérisé clairement les causes de ce refoulement rétrécissant. Complètement sans ambiguïté Steiner esquisse dans des contextes précédents, la nécessité impulsée avec l'Association scolaire mondiale : « Retirez les écoles de l'État, retirez-lui la vie spirituelle, fondez la vie spirituelle sur elle-même, laissez-la s’administrer par elle-même, alors vous aurez forcé [souligné TB] cette vie de l’esprit à conduire la lutte permanente de ses propres forces : mais alors cette vie spirituelle pourra aussi se placer à partir d’elle-même de manière correcte à l'État de droit et à la vie économique, devient par exemple tout de suite la vie spirituelle - j'ai exposer cela dans mon écrit social [ Les points clés de la question sociale ], qui sera maintenant terminé dans les prochains jours - alors la vie spirituelle sera également le correct administrateur du capital ».

 

Certes il existe de rares observations sociologiques qui mettent sur le tapis le caractère manipulateur du financement de l'État pour la vie de la formation, la prise d’influence indue qui est incorporée à l'organisme social par le parrainage économique est aussi discutée, mais la plupart du temps règne toujours une large confusion en rapport à la nécessité de financer culture et formation fondamentalement «individuellement». Rudolf Steiner différencie clairement, d'une part : les « impôts » (NDT : « Abgaben », on pourrait aussi traduire par « dépenses contraintes » ou au moins face à une forme d’obligation) qui sont « nécessaires à la vie du droit », qui seraient à régler « par accord entre les responsables de la vie juridique et ceux de la vie économique », et d'autre part : « tout ce qui pour le maintien de l'organisation spirituelle est nécessaire, lui coulera à partir de la compréhension libre de la valorisation ayant lieu pour elle des personnes individuelles impliquées dans l'organisme social » ( soulignéTB). À ce financement libre de la vie de l’esprit sont confrontés des doutes qui voient violé « le droit égal à l'éducation » par le découplage du financement étatique, et pour cela privilégient de nouveau le financement public des écoles ou viennent à la notion de « don institutionnel ». Toutefois, ces doutes ne sont dans le noyau que l'expression d'un manque de différenciation des questions spirituelles et juridiques. « Même droit à l'éducation » ne peut donc pas signifier que l'état comme «organisateur d'éducation » défini et instaure l’institution «école» (et donc « enclenche à l’identique » le domaine pédagogique), mais seulement que les conditions sont créées que par une vie économique associative l'individu soit renforcé pour pouvoir contribuer au financement du système de formation. « Il va donc aujourd'hui à travers le pays, l’appel : la gratuité de l'école. Oui, qu'est-ce que cela signifie au juste ? Il pourrait donc seulement aller l'appel par le pays : Comment socialise-t-on, de sorte que tout le monde a la possibilité de créer sa contribution équitable à l'éducation »? En ce que Steiner parle de « contribution équitable  au système scolaire », il devient clair qu'il aborde l'individu pas seulement en tant que consommateur privé d’enseignement, mais lui attribue la capacité de responsabilité au tout social, car la justice requise ici ne peut donc être pensée prescrite par l'État, si elle ne devrait pas de nouveau avoir une tutelle de la vie de l’esprit comme conséquence. L’«égoïsme» redouté est justement lui-même l’expression, de l’entité humaine - déformée par la tutelle étatique –, qui, dans la mesure où elle peut se développer librement en soi trouve aussi « l'amour de l'ordre social humain ».

 

 

La principale problématique n’est pas que cette séparation de la vie spirituelle du financement économique d'État semble encore à peine possible, mais que ces pensées ne sont presque pas du tout pensées pleines de vie, oui sont dégradée en « Utopie » du côté pragmatique. Cependant, ce pragmatisme méconnait que seul de la polarité du maintenant-possible et du pensable-nécessaire peut provenir du développement. Car sinon, « nous révolutionnons le monde afin que tout reste au vieux », comme Rudolf Steiner le formula une fois. La Société anthroposophique elle-même Steiner la comprenait comme un point de départ de cette évolution en ce qu’il demanda : « Est-ce que cette Société anthroposophique n’a jamais eu dans un quelque État une subvention d’État ? [...]  N’est-elle pas en rapport à cela tout simplement l'idéal le plus pratique ? » et de cela formula la tâche : « que vous portez cela dehors dans l’autre monde, faire comprendre aux gens que toute vie spirituelle doit être de cette sorte, doit être de cette sorte de constitution ». En rapport à cette thématique, règne encore une erreur étendue, que naturellement des «institutions libres » peuvent aussi adopter des structures semblables aux structures culturelles d'État - ce n’est pas par hasard que la Société anthroposophique a un problème de constitution depuis la mort de Steiner... Cependant aussi par ex. les collaborateurs de la Banque GLS, qui propagent un «investissement éthique», montrent qu'ils donnent l’avantage à Emmanuel Kant face à « l'individualisme éthique» de Rudolf Steiner.

Là-dedans réside la haute actualité de l'œuvre de Rudolf Steiner : « Qui pense sincère tout de suite avec la question sociale dans le présent, celui-là doit toujours de nouveau et à nouveau souligner : avant toute chose est nécessaire un libre déploiement de science spirituelle. Ce n'est pas en quelque sorte l'introduction du non-pratique dans la vie présente, mais c'est le tout tout plus pratique, car c’est immédiatement vraiment nécessaire ».

Encore souvent la société civile est suspendue à une compréhension littérale comme «société citoyenne» dans l'unilatéralité d’un concept social-démocratique de la société et c’est un malentendu de vouloir inclure absolument le mouvement anthroposophique comme collaborateur dans cette orientation. Les monstrueuses formations de capital privé et de redistribution des dernières années n’ont pas le droit d’être comprises primairement comme l'expression d'un manque de lois sociales, parce que cette évolution est avant tout la conséquence d'un développement unilatéral de la science (produisant toute la technique moderne). Surmonter cette unilatéralité de la science récente, signifie travailler pour la libération de la vie spirituelle. « Et puis, quand vous regardez la chose de cette façon, si vous distinguez correctement, que sur la question : d’où donc devrait venir la vie spirituelle libre ? Vous saurez répondre avec conviction : Oui, nous n’avons pas seulement à parler de la nécessité de la vie de l'esprit libre, mais nous avons quelque chose que nous pouvons aussi déposer dans ces cadres libres de la vie de l'esprit libre, que l'Esprit produit, qui est esprit vivant, - nous indiquerons alors sur la source anthroposophique qui appartient à cela ».

 

En ce sens, l’engagement de Nicanor Perlas pour une «anthroposophie vivante" en tant que stimulus important pour la vivification du mouvement pour la triarticulation est à saluer.


Source : Bulletin triarticulation de l’organisme social, 06/2001. Reproduction révisée et approuvée par l’auteur. Sauf traduction.