VII. La fondation de l'École Waldorf
Entre-temps, les préparatifs pour la fondation de
l'école de Stuttgart s'étaient tellement intensifiés qu'il
fallait maintenant que tout le monde s'entraide afin de
pouvoir la terminer le plus tôt possible, c'est-à-dire avant
la rentrée scolaire générale de l'automne. Rudolf Steiner
avait accepté de prendre la direction pédagogique de l'école
et de nommer les enseignants appropriés, tandis qu'Emil Molt
se préoccupait avant tout de répondre à toutes les exigences
extérieures. Il y avait un bâtiment très bien situé, un ancien
restaurant sur Kanonenweg, qui avait un nombre suffisant de
pièces et d'appartements pour le début. Il a dû être rénové et
équipé avec le mobilier nécessaire, les bancs d'école, les
tableaux noirs, l'équipement de gymnastique, etc. Emil Molt
avait bien à faire. Il était tout à fait dans son élément,
malgré les inquiétudes que lui causaient les divers fardeaux
financiers. Comme il l'écrit dans ses mémoires, il a été en
mesure de mettre à disposition le gros, pour l'époque, montant
de 100 000 marks, dont Rudolf Steiner, qui voyait beaucoup
plus loin, pensait que « çà suffirait pour un début ». Seule
l'acquisition du bâtiment et l'inscription au registre foncier
devaient être effectuées à temps et l'autorisation officielle
pour un fonctionnement scolaire devait être obtenue. Il s'est
avéré que de telles choses, qui découlent d'impulsions
spirituelles, sont favorisées par le destin, bien qu'à
l'époque on n'avait aucune idée qu'un mouvement mondial se
développerait à partir de cette petite école de travailleurs.
7 septembre 1919 : Quelle journée significative ! Une petite
école standard/unique/unitaire pour les enfants des
collaborateurs de l'usine de cigarettes Waldorf-Astoria a
ouvert ses portes. Les 191 enfants de travailleurs ont été
rapidement rejoints par un grand nombre d'enfants issus du
cercle des parents anthroposophes. La cérémonie d'inauguration
a eu lieu un dimanche dans la Stadtgartensaal avec une grande
participation, introduite par Emil Molt et honorée par Rudolf
Steiner d'un long discours. Il y faisait remarquer que les
plus grandes choses étaient encore nées de la nécessité.
Tant de choses ont déjà été écrites sur cette école et sa
signification qu'il ne semble pas nécessaire de la traiter ici
en détail.
L'ouverture de l'école Waldorf a été une grande joie, non
seulement pour Emil Molt, mais aussi pour beaucoup d'autres
qui avaient le sentiment que quelque chose d'extraordinaire
allait arriver. Les conférences de Rudolf Steiner sur
l'éducation populaire ont permis de faire connaître les
problèmes d'une nécessaire transformation du système scolaire
ainsi que ses vues sur la pédagogie et la didactique. La
nomination des premiers enseignants, qui devaient se réunir
pour former un collège, était unique. Rudolf Steiner les a
choisis d'une manière particulière parmi les membres de la
société et du mouvement anthroposophique. Il connaissait
chacun d'eux mieux que la personne concernée elle-même.
Certes, il est parti de l'expertise nécessaire pour enseigner
dans différentes classes. Mais il n'y avait qu'un seul
enseignant formé qui pouvait représenter l'école à
l'extérieur. C'est E.A. Karl Stockmeyer qui, le 13 mai 1919,
avec Rudolf Steiner et Emil Molt, rendit visite au ministre de
la Culture du Wurtemberg, Haymann, et reçut confirmation
qu'aucun examen d'État ne serait exigé pour le personnel
enseignant d'une école privée selon l'ancienne loi scolaire de
1836. Cela a donné libre cours à la fondation de l'école
Waldorf. Tous les futurs enseignants avaient été récemment
étudiants ou avaient exercé d'autres professions. Rudolf
Steiner leur offrait la pleine confiance qu'ils
s’élaboreraient dans la nouvelle pédagogie sans préjugés. Et à
quels humains magnifiques il avait confié ce premier collègue
d’enseignants. Tous avaient suivi son appel, même s'il leur
fallait d'abord rompre des liens professionnels45.
Des premiers professeurs, outre E.A. Karl Stockmeyer, que soit
aussi mentionner le Dr Herbert Hahn, qui avait donné le cour
pour les ouvriers de la fabrique de cigarettes. Puis les
quatre Viennois : le Dr Eugen Kolisko, le futur médecin de
l'école ; le Dr Walter Johannes Stein, le chercheur en
histoire ; l'ingénieur Alexander Strakosch, qui a dû se rendre
libre du service ferroviaire autrichien; le Dr Karl Schubert,
qui a ensuite dirigé la classe d’aide d'une manière unique. –
La Dr. Caroline von Heydebrandt, l'enseignante la plus
populaire pour les plus petits ; Ernst Uehli, qui a d'abord
enseigné l'allemand et l'art, puis est devenu professeur de
religion. Rudolf Treichler pour les langues étrangères ; Paul
Baumann, le professeur de musique qui a eu l'idée d'écrire de
merveilleuses chansons pour enfants ; son épouse Elisabeth
Baumann-Dollfuss et Nora von Baditz pour les leçons
d'eurythmie.
L'école n'était liée à aucune confession religieuse. En
revanche, l'instruction religieuse chrétienne libre a été
introduite plus tard. En particulier, elle n’avait pas la
permisssion d'être une école <Anthroposophique>, parce
que cette vision du monde n'était pas enseignée, mais se
tenait simplement derrière la mentalité et la puissance
cognitive/force de connaissance du collège des professeurs.
En août 1919, Rudolf Steiner donna un cours pédagogique de
deux semaines 46 aux douze premiers professeurs de l'école à
fonder, suivi d'un séminaire pour les préparer à leurs
nouvelles tâches. Il pouvait présupposer chez tous la
connaissance de la science de l’esprit, ainsi que la
connaissance de ses efforts sociaux au cours des derniers mois
pour la tri-articulée de l'organisme social.
C'est pour cette raison, dit-il, qu'ici, nous qui voulons
garder/préserver le système d'éducation et d’instruction de
son naufrage léniniste, qui pourrait aussi affecter l'Europe
centrale, nous approché tout autrement de la compréhension du
curriculum/plan scolaire qu’aujourd’hui celle du professeur
ordinaire qui s'approche du "Journal officiel/municipal", ...
mais qu'il regardera avec des sentiment très particuliers
d'obéissance quand il sera envoyé dans la maison par ses
camarades-dictateurs. Ce qui peut reposer dans le socialisme
comme tyrannie, cela se ferait sentir tout particulièrement
dans le domaine du système d’enseignement et d'éducation46).
-
Emil Molt 1922
Dans le cours, il a développé la nouvelle anthropologie et a
donné la méthodique-didactique pour la construction de l'école
Waldorf. Tout le monde a été très enthousiaste et profondément
impressionné par l'abondance de sagesse qui leur a été
partagé. Peu avant l'ouverture de l'école, a parlé aux parents
avec des mots extrêmement satisfaits de ce que réclamait
l'évolution des temps pouvait maintenant être réalisé.
La spacieuse maison de l'école, qui possédait une tour bien
connue dans tout Stuttgart et était située en face d'une
carrière romantique de Keuper qu’on appelait « le mur rouge »,
était idylliquement située et parfaite pour les
agrandissements ultérieurs. L'une des plus belles rues
panoramiques y passait, d'où l'on avait une vue magnifique sur
toute la ville avec ses châteaux, ses jardins, ses académies
et ses théâtres. Avant la révolution, il y avait là plusieurs
pièces d’artillerie et 101 coups de feu saluaient le jour de
l'anniversaire du roi. Derrière l'école, se dressait le bel
aménagement de Uhlandshöhe au-dessus du mur rouge cité.
C'était une habileté aimable que cet endroit
extraordinairement approprié de la terre puisse être acquis au
bon moment. (NDT voir
https://fr.wikipedia.org/wiki/Ludwig_Uhland)
Le fonctionnement de l'école a été retardé d'une semaine parce
que les installations n'étaient pas encore terminées et que
les pièces n'avaient pas encore été peintes. Même après,
certains enfants devaient encore écrire à genoux.
Parallèlement à la rentrée scolaire, des conférences
d'enseignants ont été mises en place, qui non seulement
traitaient plus intimement de l’essence de l’enseignement,
mais parlaient aussi des enfants en détail afin de les
promouvoir par des soins individuels appropriés. Ces
conférences sont maintenant disponibles en version imprimée,
elles donnent une foule de détails sur les suggestions
pédagogiques de Rudolf Steiner, que l'on appelle aujourd'hui
pédagogie Waldorf. Il existe une littérature complète sur le
sujet.
Cinquante ans plus tard, à l'occasion de l'anniversaire de la
fondation de l'école libre Waldorf à Stuttgart, les orateurs
officiels de la fête, même de l'administration, ont
souligné à maintes reprises d'autres caractéristiques de cette
pédagogie particulière comme l'enseignement par période, la
disparition des bulletins de notes, le fait que la classe
restait avec le même enseignant de la 1ère classe à la 8ème,
avant que professeurs spécialisés s’ajoutent ; alors de
nouveau le riche enseignement artistique avec peinture,
modelage, sculpture, le jeu de flûte en classe et la musique
jusqu'à l'orchestre de l'école et à l'art du mouvement de
l'eurythmie ou les pièces de théatre annuelles des classes
supérieures ; bref, on cherchait à découvrir l'essence même de
cette nouvelle pédagogie. Lors du banquet qui a suivi,
l'ancien Premier ministre du Wurtemberg, Reinhold Maier, s'est
levé et a déclaré : "Tout ce qui a été mentionné et qui mérite
d'être imité, ne réside pas dans ces détails. Le secret du
succès réside ailleurs, à savoir dans l'autonomie exemplaire
et infatigable du corps enseignant - Mais le secret du grand
succès est encore plus profond. Grâce à l'anthropologie
anthroposophique, ces enseignants ont acquis une toute
nouvelle relation avec les enfants qu'ils ont à enseigner.
Restaurant
Uhlandshöhe à Stuttgart
Pour étayer cela, que soit rapporté ici l'épisode pas tout à
fait inconnu qui s'est déroulé dans la classe de Walter
Johannes Stein. Celui-ci a raconté : « Alors que Rudolf
Steiner est venu dans ma classe, où j'enseignais l'histoire et
traitais de la guerre de Saxe de Charlemagne, je me suis
plaint au Dr Steiner des difficultés que j'avais à expliquer
aux enfants la cruauté des Francs qui avaient exécuté 10.000
Saxons simplement parce qu'ils ne se laissaient pas être
baptisés par la contrainte. Rudolf Steiner a répondu : Ce
n'est pas étonnant, car ils sont assis là, ces Saxons ! » Cet
indice jette non seulement une lumière cachée sur les
connexions karmiques de la nouvelle école avec les époques
antérieures, mais il montre aussi soudainement quelle vision
spirituelle profonde de l'humain ces enseignants ont dû
s’élaborer afin de rendre justice aux jeunes individualités
qui entrent sur terre avec la disposition à certaines
aptitudes. C'est la tâche des enseignants et en même temps la
clé du succès particulier de ces écoles que de faire
fructifier ce qui sommeille chez ces élèves.
Mais ces enseignants, s’étaient aussi engagés en conséquence
dans leur nouvelle profession. De tôt le matin jusqu'à tard le
soir, ils ont travaillé pour s'approprier leur substance. La
vie familiale était souvent négligée. Parmi les plus
enthousiastes se trouvaient le Dr Eugen Kolisko et le Dr
Walter-Johannes Stein. Le premier a même réussi à lire dans
une voiture ouverte et en mouvement. C'était un enseignant
exemplaire qui a su captiver ses élèves. En tant que médecin
scolaire, il était responsable de l'enseignement de l'histoire
naturelle. C'est devenu un mot ailé, comme il décrivait le
lion avec sa crinière : « Il ne tient pas à l'arrière ce qu'il
promet à l’avant! »> Il écrivait aux enfants un triangle
idéal dans l'air avec une telle clarté qu'ils pensaient le
voir. Il voulait détourner de la ligne matérielle tracée. Il a
écrit un premier traité sur la chimie phénoménologique.
Certes, il n'a pas été facile de maintenir le niveau du
premier collège introduit par Rudolf Steiner lui-même et de
toujours trouver les enseignants appropriés pour le mouvement
scolaire qui est aujourd'hui répandu dans le monde entier.
Mais dans les séminaires établis entre-temps, il est possible
d'acquérir les bases et de profiter de l'expérience acquise
entre-temps. Au début, il n'y en avait pas. Rudolf Steiner,
quant à lui, a dirigé lui-même les nombreuses conférences de
professeurs, dont l'étude revêt encore aujourd'hui une grande
importance. J'ai eu la chance de vivre toute cette évolution
et j'ai également pu participer aux cours sur la lumière et la
chaleur47 qui ont suivi pendant la période de Noël 1919 et
mars 1920, ainsi qu'au cours dit astronomique48 de janvier
1921.
C'était très intéressant de vivre Rudolf Steiner à ces cours.
Contrairement aux manifestations intimes de la branche ou même
aux conférences publiques animées, il s'exprimait ici de
manière tout à fait scientifique en phrases courtes, prêtes à
être imprimées, si l'on peut dire. C'était une continuation
intellectuelle des méthodes scientifiques précédentes. Cela
m'a particulièrement frappé avec le Cours d'astronomie48,
alors que dans onze conférences, on ne parlait guère du ciel
étoilé, mais seulement de son reflet sur la terre, par exemple
dans le comportement des plantes, de leurs secrets de
croissance dans différents endroits de la terre et bien plus
encore, des tendances spirales et autres, de ce qui est
imprimé aujourd'hui. Ce n'est que dans la douzième session
qu'il a révélé un système mondial complètement inattendu et
nouveau qui ne correspondait ni à la vision
ptolémaïque-géocentrique ni à la vision
copernico-héliocentrique du monde et qu'on ne peut appeler une
simple synthèse des deux. Il n'indiquait que de façon fugace
certains mouvements en spirale du soleil et des planètes,
comme si le temps ne semblait pas encore mûr pour comprendre
de tels secrets. En décrivant les grandes et les petites
boucles qui caractérisent les corps subséquents du monde, j'ai
dû penser à d'énormes changements dans les conditions
mondiales ou à des catastrophes mondiales que Rudolf Steiner a
associées ailleurs à la disparition de l'Atlantide antique, à
l'ère glaciaire et aux bouleversements similaires, et qui
provoqueront également de puissants changements à l'avenir.
Les enseignants ont ainsi été familiarisés avec les aspects
les plus importants de la terre et du développement humain
afin d'être en mesure de faire face à leur enseignement. La
pédanterie n'avait aucune place à l'école face à une telle
sagesse.
Rudolf Steiner était implacablement strict dans l'exercice de
sa profession. Lui-même venait à l'école très tôt et n'a
permis à personne d'être en retard. Même quand des enseignants
qui ont participé au cours d'agriculture à Koberwitz lui ont
demandé s'ils pouvaient suivre ce cours, si important pour
l'avenir de l'humanité, pendant encore deux jours, il a
seulement dit : "Mais demain l’enseignement à l’école commence
quand même !
Il est bien connu qu'il y avait une grande liberté dans les
classes, mais il y avait très rarement des abus. En revanche,
lorsque des élèves se comportaient de façon immorale Rudolf
Steiner ne reculait pas devant des exclusions de l'école. Mais
lorsqu'il a voulu représenter un professeur dans une classe
difficile, il s'est avéré que la paix ne pouvait être établie
par aucun moyen. Il a donc quitté la classe furieuse pour, le
dos contre la porte, bloquer la poignée de porte de
l'extérieur. Mais même lors de cet effort, l'humour ne l'a pas
quitté. Une autre fois, devait lui être présenté un enfant qui
n'était pas encore prêt pour l'école et qui inquiétait ses
parents de son caractère irascible. Grâce à l'intelligence, la
confrontation a finalement réussi. Mais dès que l'enfant a vu
le grand invité, il a crié : « Toi sale petit moineau » et
s'est enfuit dehors. Rudolf Steiner dut rire de bon cœur et
dit que la colère s'apaiserait bien déjà avec l'âge de
quatorze ans.
Un autre épisode s'est produit lors d'une visite de Rudolf
Steiner, où il était attendu par un garçon avec ses parents.
On pouvait voir l'invité venir du dernier étage. Quand il a
atteint la porte en bas, le garçon a craché en bas. On ne sait
pas s'il atteint son but ou non. En tout cas, les parents
s'excusent beaucoup. Mais Rudolf Steiner n'a pas laissé passer
ça. Il a dit, indiquant sur les intérêts mathématiques du
gamin, « Il voulait seulement calculer combien plus tôt il
devait cracher afin que ça m’atteigne en bas ». Du même
garçon, sa mère a raconté que Rudolf Steiner, lors de la
première rencontre où l'enfant était encore dans l'oreiller de
portage, l'a salué avec ces mots : « Bonjour Monsieur le
Docteur ! » Et quand le Dr Steiner a rendu visite à l'une de
mes filles, environ une semaine après sa naissance, il lui a
attrapé un temps la racine de son nez avec trois doigts et lui
a ensuite donné le nom.
Pour de nombreux parents, l'existence de l'école Waldorf était
un grand apaisement. Souvent, ils attendaient avec impatience
le changement de dents de leurs enfants, que Rudolf Steiner
avait indiqué comme un signe de maturité scolaire et qu'il
avait aussi justifié. Il est même arrivé que des dents de lait
soient cassées pour qu'un enfant soit admis un an plus tôt
chez un professeur particulièrement populaire. - On appréciait
aussi le fait que, dans les classes inférieures, la substance
était écrite par les enfants eux-mêmes dans des cahiers et
illustrée par des dessins pleins de fantaisie. Le cours
d'histoire était particulièrement vivant. Il était donné de
façon si proche de la réalité qu'on pouvait croire que le
professeur d'histoire pouvait voir les personnalités qu'il
décrivait devant lui. Pas étonnant que les enfants ne se
soient pas lassés de l'écouter. Si l'on compare la vision
historique cultivée dans les écoles Waldorf avec la façon dont
l'histoire est souvent enseignée aujourd'hui sur la base des
tableaux de dates, etc., il est absolument justifié de la
décrire comme « fable convenue » (R. Steiner).
Dans cette description de l'école Waldorf, quelques choses qui
ne datent pas de la première année scolaire, ont aussi été
entremêlées. Il s’agissait de montrer comment ici tout
provenait des impulsions d'une vie libre de l’esprit. Que le
caractère d'une école unique pour tous se perde pour toutes
les couche du peuple est dû, entre autres, aux frais de
scolarité. Au début de cette nouvelle fondation, les frais de
scolarité des enfants des travailleurs ont été payés par la
Waldorf-Astoria. Des parrainages ont été recherchés pour
d'autres enfants de parents pauvres. Si les autorités devaient
accorder le même montant, qui est dépensé pour chaque enfant
dans les écoles publiques, aux écoles indépendantes également,
parce qu'il s'agit d'économies, ou du moins permettre que les
dépenses des élèves des écoles privées puissent être déduites
de l'impôt sur le revenu, les écoles Rudolf Steiner seraient
également ouvertes aux enfants de parents pauvres, qui
dépendent aujourd'hui totalement des parrainages et autres. La
volonté des parents de faire des sacrifices, qui envoient
souvent leurs enfants dans ces écoles de loin et paient des
frais de scolarité considérables pendant de nombreuses années,
est un exemple exemplaire de financement des institutions
culturelles par le bas, c'est-à-dire du côté des
consommateurs, qui réclame de telles prestations. Pendant les
périodes de transition, les enseignants eux-mêmes, malgré tout
leur idéalisme, ont dû faire le sacrifice d'un niveau de vie
très faible.
Quelle satisfaction cela a pu être pour Emil Molt de voir
comment « son école » s'est développée. Non seulement il était
passé d'apprenti à directeur général d'une entreprise
industrielle bien connue, mais il pouvait encore aujourd'hui
agir comme père d'école, ou plus précisément comme protecteur
d'une école qui, contrairement aux écoles d'apprentissage
habituelles, était fondée sur des connaissances spirituelles
de l’esprit et contribuait ainsi à donner une impulsion
culturelle révolutionnaire au monde. Il n'avait certainement
pas été facile pour Molt de persuader les travailleurs de
confier leurs enfants à la nouvelle école, ou même de
convaincre ceux qui avaient déjà fréquenté d'autres écoles de
changer.
Dès le début, l'école Waldorf s'est orientée vers une manière
sociale de penser. C'est aussi la raison pour laquelle tous
les enfants ont été amenés dans les cours et ont donc même été
soutenus et encouragés par leurs camarades. Ce n'est que dans
les cas pathologiques qu'il y a eu des cours spéciaux, puis,
plus tard des classes spéciales et des écoles spéciales. Il
n'y avait pas non plus de notes, mais à la fin de l'année, les
enseignants ont fait des caractérisations de manière à ce que
les enfants eux-mêmes et les parents puissent voir où en
étaient les progrès et où une attention particulière devait
être portée. Dans la plupart des cas, ces témoignages se
terminaient par un proverbe qui encourageait l'enfant.
Naturellement, on a vu assez vite si certains enfants
tendaient aux matières pratiques, faisaient de beaux travaux
manuels en cours (par Berta Molt et Helene Rommel), ou s'ils
se montraient plus doués en langues ou en mathématiques.
Néanmoins, toutes les matières ont continué à être cultivées
car, d'une part, les tâches artistiques éveillent
l'imagination des élèves et, d'autre part, les talents
intellectuels n'apparaissent souvent pas immédiatement. Ce
n'est qu'à l'âge de quatorze ans qu'une bifurcation vers des
matières plus pratiques dans le sens de la technologie et de
l'artisanat a été prévue pour ceux qui n'aspirent pas à des
études universitaires. Du vivant de Rudolf Steiner, cette
bifurcation n'a pas pu être réalisée. Pour les classes
supérieures, il a donné des heures de consultation pour le
choix de la profession et a continué à donner des conseils aux
sortants de l'école. Par exemple, il ne considérait pas les
mariages de camarades de classe comme étant favorables en
général, parce qu'il s'agit surtout de karma qui a expiré.
Les exercices en langues étrangères, combinés à la récitation
et au chant pour développer le sens de la langue, ont
également été complètement nouveaux à partir de la première
classe. Une fois, une fille est rentrée à la maison
enthousiaste parce qu'on lui a permis de réciter un poème dans
une langue étrangère pour la première fois. Lorsqu'on lui a
demandé de quelle langue il s'agissait, elle a seulement
répondu : Vous savez, la langue « one, two, three, four, five
». Emil Molt lui-même avait un fils à l'école qui est devenu
plus tard un homme d'affaires international. Le fait que les
élèves de ces écoles libres choisissent en général plus de
professions artistiques, académiques et sociales que celles de
la vie économique est un fait important qui est probablement
lié aux conditions sociales insatisfaisantes de l'industrie.
L'attrait de l'école Waldorf se traduit par le fait que des
élèves des écoles publiques ont exprimé le souhait d'être
autorisés y passer. Il est également arrivé à plusieurs
reprises que des élèves qui avaient déjà réussi leurs examens
finaux ailleurs ressentent le besoin de vivre encore une année
à l'école Waldorf dans la classe supérieure.
Pour Rudolf Steiner, ce fut un moment très heureux où il a pu
laisser couler une partie de son expérience de vie dans cette
jeune école, et où il a trouvé un corps enseignant qui a
répondu de manière intensive et enthousiaste à ses intentions.
De nombreux aspects et détails de cette première période de
l'école sont décrits sont décrits par le Dr Erich Gaben dans
l'introduction aux conférences des enseignants avec Rudolf
Steiner. C’est de cela que je prends les statistiques sur le
développement étonnamment rapide de l'école avec les chiffres
suivants :
Première année scolaire : 8 classes, 12 enseignants, 256
enfants
Deuxième année scolaire : 11 classes, 19 enseignants, 420
élèves
Troisième année scolaire : 15 classes, 30 enseignants, 540
élèves
Quatrième année scolaire : 19 classes, 37 enseignants, 640
élèves
Cinquième année scolaire : 21 classes, 39 enseignants, 687
élèves
Sixième année scolaire : 23 classes, 47 enseignants, 784
élèves
Il est évident que cette croissance a rendu nécessaire très
rapidement la construction de nouveaux bâtiments avec une
salle des fêtes et un gymnase. Heureusement, le site se
prêtait également à l'introduction de cours d'horticulture, à
la construction de baraques pour une cantine et pour un très
beau jardin d’enfant (NDT : une « maternelle »).
Revenons au premier Noël de l'école, où les enfants pouvaient
déjà réciter des poèmes, ce dont Rudolf Steiner était très
heureux. Il a également exprimé son bonheur quant à la
prospérité générale de l'école. Dans un délicieux discours aux
enfants, il leur a parlé de l'Enfant Jésus, des fleurs et des
animaux. Il a parlé des oiseaux, qui peuvent même faire plus
que les humains, car ils ont des ailes pour voler. Mais aussi
les enfants humains pouvaient acquérir de telles petites
ailes, à savoir la diligence et l'attention>. Avec ces deux
ailes, ils deviendraient des gens capables. - A chaque
célébration, il demandait : "Aimez-vous vos professeurs ?" et
les enfants lui criaient un <Oui> d'encouragement comme
d'une bouche !
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