| VII. La fondation de l'École Waldorf Entre-temps, les préparatifs pour la fondation de
                  l'école de Stuttgart s'étaient tellement intensifiés qu'il
                  fallait maintenant que tout le monde s'entraide afin de
                  pouvoir la terminer le plus tôt possible, c'est-à-dire avant
                  la rentrée scolaire générale de l'automne. Rudolf Steiner
                  avait accepté de prendre la direction pédagogique de l'école
                  et de nommer les enseignants appropriés, tandis qu'Emil Molt
                  se préoccupait avant tout de répondre à toutes les exigences
                  extérieures. Il y avait un bâtiment très bien situé, un ancien
                  restaurant sur Kanonenweg, qui avait un nombre suffisant de
                  pièces et d'appartements pour le début. Il a dû être rénové et
                  équipé avec le mobilier nécessaire, les bancs d'école, les
                  tableaux noirs, l'équipement de gymnastique, etc. Emil Molt
                  avait bien à faire. Il était tout à fait dans son élément,
                  malgré les inquiétudes que lui causaient les divers fardeaux
                  financiers. Comme il l'écrit dans ses mémoires, il a été en
                  mesure de mettre à disposition le gros, pour l'époque, montant
                  de 100 000 marks, dont Rudolf Steiner, qui voyait beaucoup
                  plus loin, pensait que « çà suffirait pour un début ». Seule
                  l'acquisition du bâtiment et l'inscription au registre foncier
                  devaient être effectuées à temps et l'autorisation officielle
                  pour un fonctionnement scolaire devait être obtenue. Il s'est
                  avéré que de telles choses, qui découlent d'impulsions
                  spirituelles, sont favorisées par le destin, bien qu'à
                  l'époque on n'avait aucune idée qu'un mouvement mondial se
                  développerait à partir de cette petite école de travailleurs.
 7 septembre 1919 : Quelle journée significative ! Une petite
                  école standard/unique/unitaire pour les enfants des
                  collaborateurs de l'usine de cigarettes Waldorf-Astoria a
                  ouvert ses portes. Les 191 enfants de travailleurs ont été
                  rapidement rejoints par un grand nombre d'enfants issus du
                  cercle des parents anthroposophes. La cérémonie d'inauguration
                  a eu lieu un dimanche dans la Stadtgartensaal avec une grande
                  participation, introduite par Emil Molt et honorée par Rudolf
                  Steiner d'un long discours. Il y faisait remarquer que les
                  plus grandes choses étaient encore nées de la nécessité.
 Tant de choses ont déjà été écrites sur cette école et sa
                  signification qu'il ne semble pas nécessaire de la traiter ici
                  en détail.
 L'ouverture de l'école Waldorf a été une grande joie, non
                  seulement pour Emil Molt, mais aussi pour beaucoup d'autres
                  qui avaient le sentiment que quelque chose d'extraordinaire
                  allait arriver. Les conférences de Rudolf Steiner sur
                  l'éducation populaire ont permis de faire connaître les
                  problèmes d'une nécessaire transformation du système scolaire
                  ainsi que ses vues sur la pédagogie et la didactique. La
                  nomination des premiers enseignants, qui devaient se réunir
                  pour former un collège, était unique. Rudolf Steiner les a
                  choisis d'une manière particulière parmi les membres de la
                  société et du mouvement anthroposophique. Il connaissait
                  chacun d'eux mieux que la personne concernée elle-même.
                  Certes, il est parti de l'expertise nécessaire pour enseigner
                  dans différentes classes. Mais il n'y avait qu'un seul
                  enseignant formé qui pouvait représenter l'école à
                  l'extérieur. C'est E.A. Karl Stockmeyer qui, le 13 mai 1919,
                  avec Rudolf Steiner et Emil Molt, rendit visite au ministre de
                  la Culture du Wurtemberg, Haymann, et reçut confirmation
                  qu'aucun examen d'État ne serait exigé pour le personnel
                  enseignant d'une école privée selon l'ancienne loi scolaire de
                  1836. Cela a donné libre cours à la fondation de l'école
                  Waldorf. Tous les futurs enseignants avaient été récemment
                  étudiants ou avaient exercé d'autres professions. Rudolf
                  Steiner leur offrait la pleine confiance qu'ils
                  s’élaboreraient dans la nouvelle pédagogie sans préjugés. Et à
                  quels humains magnifiques il avait confié ce premier collègue
                  d’enseignants. Tous avaient suivi son appel, même s'il leur
                  fallait d'abord rompre des liens professionnels45.
 
 Des premiers professeurs, outre E.A. Karl Stockmeyer, que soit
                  aussi mentionner le Dr Herbert Hahn, qui avait donné le cour
                  pour les ouvriers de la fabrique de cigarettes. Puis les
                  quatre Viennois : le Dr Eugen Kolisko, le futur médecin de
                  l'école ; le Dr Walter Johannes Stein, le chercheur en
                  histoire ; l'ingénieur Alexander Strakosch, qui a dû se rendre
                  libre du service ferroviaire autrichien; le Dr Karl Schubert,
                  qui a ensuite dirigé la classe d’aide d'une manière unique. –
                  La Dr. Caroline von Heydebrandt, l'enseignante la plus
                  populaire pour les plus petits ; Ernst Uehli, qui a d'abord
                  enseigné l'allemand et l'art, puis est devenu professeur de
                  religion. Rudolf Treichler pour les langues étrangères ; Paul
                  Baumann, le professeur de musique qui a eu l'idée d'écrire de
                  merveilleuses chansons pour enfants ; son épouse Elisabeth
                  Baumann-Dollfuss et Nora von Baditz pour les leçons
                  d'eurythmie.
 L'école n'était liée à aucune confession religieuse. En
                  revanche, l'instruction religieuse chrétienne libre a été
                  introduite plus tard. En particulier, elle n’avait pas la
                  permisssion d'être une école <Anthroposophique>, parce
                  que cette vision du monde n'était pas enseignée, mais se
                  tenait simplement derrière la mentalité et la puissance
                  cognitive/force de connaissance du collège des professeurs.
 En août 1919, Rudolf Steiner donna un cours pédagogique de
                  deux semaines 46 aux douze premiers professeurs de l'école à
                  fonder, suivi d'un séminaire pour les préparer à leurs
                  nouvelles tâches. Il pouvait présupposer chez tous la
                  connaissance de la science de l’esprit, ainsi que la
                  connaissance de ses efforts sociaux au cours des derniers mois
                  pour la tri-articulée de l'organisme social.
 
 C'est pour cette raison, dit-il, qu'ici, nous qui voulons
                  garder/préserver le système d'éducation et d’instruction de
                  son naufrage léniniste, qui pourrait aussi affecter l'Europe
                  centrale, nous approché tout autrement de la compréhension du
                  curriculum/plan scolaire qu’aujourd’hui celle du professeur
                  ordinaire qui s'approche du "Journal officiel/municipal", ...
                  mais qu'il regardera avec des sentiment très particuliers
                  d'obéissance quand il sera envoyé dans la maison par ses
                  camarades-dictateurs. Ce qui peut reposer dans le socialisme
                  comme tyrannie, cela se ferait sentir tout particulièrement
                  dans le domaine du système d’enseignement et d'éducation46).
 
 
  -
                  Emil Molt 1922 
 Dans le cours, il a développé la nouvelle anthropologie et a
                  donné la méthodique-didactique pour la construction de l'école
                  Waldorf. Tout le monde a été très enthousiaste et profondément
                  impressionné par l'abondance de sagesse qui leur a été
                  partagé. Peu avant l'ouverture de l'école, a parlé aux parents
                  avec des mots extrêmement satisfaits de ce que réclamait
                  l'évolution des temps pouvait maintenant être réalisé.
 La spacieuse maison de l'école, qui possédait une tour bien
                  connue dans tout Stuttgart et était située en face d'une
                  carrière romantique de Keuper qu’on appelait « le mur rouge »,
                  était idylliquement située et parfaite pour les
                  agrandissements ultérieurs. L'une des plus belles rues
                  panoramiques y passait, d'où l'on avait une vue magnifique sur
                  toute la ville avec ses châteaux, ses jardins, ses académies
                  et ses théâtres. Avant la révolution, il y avait là plusieurs
                  pièces d’artillerie et 101 coups de feu saluaient le jour de
                  l'anniversaire du roi. Derrière l'école, se dressait le bel
                  aménagement de Uhlandshöhe au-dessus du mur rouge cité.
                  C'était une habileté aimable que cet endroit
                  extraordinairement approprié de la terre puisse être acquis au
                  bon moment. (NDT voir
                    https://fr.wikipedia.org/wiki/Ludwig_Uhland)
 Le fonctionnement de l'école a été retardé d'une semaine parce
                  que les installations n'étaient pas encore terminées et que
                  les pièces n'avaient pas encore été peintes. Même après,
                  certains enfants devaient encore écrire à genoux.
 Parallèlement à la rentrée scolaire, des conférences
                  d'enseignants ont été mises en place, qui non seulement
                  traitaient plus intimement de l’essence de l’enseignement,
                  mais parlaient aussi des enfants en détail afin de les
                  promouvoir par des soins individuels appropriés. Ces
                  conférences sont maintenant disponibles en version imprimée,
                  elles donnent une foule de détails sur les suggestions
                  pédagogiques de Rudolf Steiner, que l'on appelle aujourd'hui
                  pédagogie Waldorf. Il existe une littérature complète sur le
                  sujet.
 Cinquante ans plus tard, à l'occasion de l'anniversaire de la
                  fondation de l'école libre Waldorf à Stuttgart, les orateurs
                  officiels de la fête, même de l'administration,  ont
                  souligné à maintes reprises d'autres caractéristiques de cette
                  pédagogie particulière comme l'enseignement par période, la
                  disparition des bulletins de notes, le fait que la classe
                  restait avec le même enseignant de la 1ère classe à la 8ème,
                  avant que professeurs spécialisés s’ajoutent ; alors de
                  nouveau le riche enseignement artistique avec peinture,
                  modelage, sculpture, le jeu de flûte en classe et la musique
                  jusqu'à l'orchestre de l'école et à l'art du mouvement de
                  l'eurythmie ou les pièces de théatre annuelles des classes
                  supérieures ; bref, on cherchait à découvrir l'essence même de
                  cette nouvelle pédagogie. Lors du banquet qui a suivi,
                  l'ancien Premier ministre du Wurtemberg, Reinhold Maier, s'est
                  levé et a déclaré : "Tout ce qui a été mentionné et qui mérite
                  d'être imité, ne réside pas dans ces détails. Le secret du
                  succès réside ailleurs, à savoir dans l'autonomie exemplaire
                  et infatigable du corps enseignant - Mais le secret du grand
                  succès est encore plus profond. Grâce à l'anthropologie
                  anthroposophique, ces enseignants ont acquis une toute
                  nouvelle relation avec les enfants qu'ils ont à enseigner.
 
 
  Restaurant
                    Uhlandshöhe à Stuttgart Pour étayer cela, que soit rapporté ici l'épisode pas tout à
                  fait inconnu qui s'est déroulé dans la classe de Walter
                  Johannes Stein. Celui-ci a raconté : « Alors que Rudolf
                  Steiner est venu dans ma classe, où j'enseignais l'histoire et
                  traitais de la guerre de Saxe de Charlemagne, je me suis
                  plaint au Dr Steiner des difficultés que j'avais à expliquer
                  aux enfants la cruauté des Francs qui avaient exécuté 10.000
                  Saxons simplement parce qu'ils ne se laissaient pas être
                  baptisés par la contrainte. Rudolf Steiner a répondu : Ce
                  n'est pas étonnant, car ils sont assis là, ces Saxons ! » Cet
                  indice jette non seulement une lumière cachée sur les
                  connexions karmiques de la nouvelle école avec les époques
                  antérieures, mais il montre aussi soudainement quelle vision
                  spirituelle profonde de l'humain ces enseignants ont dû
                  s’élaborer afin de rendre justice aux jeunes individualités
                  qui entrent sur terre avec la disposition à certaines
                  aptitudes. C'est la tâche des enseignants et en même temps la
                  clé du succès particulier de ces écoles que de faire
                  fructifier ce qui sommeille chez ces élèves.
 Mais ces enseignants, s’étaient aussi engagés en conséquence
                  dans leur nouvelle profession. De tôt le matin jusqu'à tard le
                  soir, ils ont travaillé pour s'approprier leur substance. La
                  vie familiale était souvent négligée. Parmi les plus
                  enthousiastes se trouvaient le Dr Eugen Kolisko et le Dr
                  Walter-Johannes Stein. Le premier a même réussi à lire dans
                  une voiture ouverte et en mouvement. C'était un enseignant
                  exemplaire qui a su captiver ses élèves. En tant que médecin
                  scolaire, il était responsable de l'enseignement de l'histoire
                  naturelle. C'est devenu un mot ailé, comme il décrivait le
                  lion avec sa crinière : « Il ne tient pas à l'arrière ce qu'il
                  promet à l’avant! »> Il écrivait aux enfants un triangle
                  idéal dans l'air avec une telle clarté qu'ils pensaient le
                  voir. Il voulait détourner de la ligne matérielle tracée. Il a
                  écrit un premier traité sur la chimie phénoménologique.
 
 Certes, il n'a pas été facile de maintenir le niveau du
                  premier collège introduit par Rudolf Steiner lui-même et de
                  toujours trouver les enseignants appropriés pour le mouvement
                  scolaire qui est aujourd'hui répandu dans le monde entier.
                  Mais dans les séminaires établis entre-temps, il est possible
                  d'acquérir les bases et de profiter de l'expérience acquise
                  entre-temps. Au début, il n'y en avait pas. Rudolf Steiner,
                  quant à lui, a dirigé lui-même les nombreuses conférences de
                  professeurs, dont l'étude revêt encore aujourd'hui une grande
                  importance. J'ai eu la chance de vivre toute cette évolution
                  et j'ai également pu participer aux cours sur la lumière et la
                  chaleur47 qui ont suivi pendant la période de Noël 1919 et
                  mars 1920, ainsi qu'au cours dit astronomique48 de janvier
                  1921.
 
 C'était très intéressant de vivre Rudolf Steiner à ces cours.
                  Contrairement aux manifestations intimes de la branche ou même
                  aux conférences publiques animées, il s'exprimait ici de
                  manière tout à fait scientifique en phrases courtes, prêtes à
                  être imprimées, si l'on peut dire. C'était une continuation
                  intellectuelle des méthodes scientifiques précédentes. Cela
                  m'a particulièrement frappé avec le Cours d'astronomie48,
                  alors que dans onze conférences, on ne parlait guère du ciel
                  étoilé, mais seulement de son reflet sur la terre, par exemple
                  dans le comportement des plantes, de leurs secrets de
                  croissance dans différents endroits de la terre et bien plus
                  encore, des tendances spirales et autres, de ce qui est
                  imprimé aujourd'hui. Ce n'est que dans la douzième session
                  qu'il a révélé un système mondial complètement inattendu et
                  nouveau qui ne correspondait ni à la vision
                  ptolémaïque-géocentrique ni à la vision
                  copernico-héliocentrique du monde et qu'on ne peut appeler une
                  simple synthèse des deux. Il n'indiquait que de façon fugace
                  certains mouvements en spirale du soleil et des planètes,
                  comme si le temps ne semblait pas encore mûr pour comprendre
                  de tels secrets. En décrivant les grandes et les petites
                  boucles qui caractérisent les corps subséquents du monde, j'ai
                  dû penser à d'énormes changements dans les conditions
                  mondiales ou à des catastrophes mondiales que Rudolf Steiner a
                  associées ailleurs à la disparition de l'Atlantide antique, à
                  l'ère glaciaire et aux bouleversements similaires, et qui
                  provoqueront également de puissants changements à l'avenir.
                  Les enseignants ont ainsi été familiarisés avec les aspects
                  les plus importants de la terre et du développement humain
                  afin d'être en mesure de faire face à leur enseignement. La
                  pédanterie n'avait aucune place à l'école face à une telle
                  sagesse.
 
 Rudolf Steiner était implacablement strict dans l'exercice de
                  sa profession. Lui-même venait à l'école très tôt et n'a
                  permis à personne d'être en retard. Même quand des enseignants
                  qui ont participé au cours d'agriculture à Koberwitz lui ont
                  demandé s'ils pouvaient suivre ce cours, si important pour
                  l'avenir de l'humanité, pendant encore deux jours, il a
                  seulement dit : "Mais demain l’enseignement à l’école commence
                  quand même !
 Il est bien connu qu'il y avait une grande liberté dans les
                  classes, mais il y avait très rarement des abus. En revanche,
                  lorsque des élèves se comportaient de façon immorale Rudolf
                  Steiner ne reculait pas devant des exclusions de l'école. Mais
                  lorsqu'il a voulu représenter un professeur dans une classe
                  difficile, il s'est avéré que la paix ne pouvait être établie
                  par aucun moyen. Il a donc quitté la classe furieuse pour, le
                  dos contre la porte, bloquer la poignée de porte de
                  l'extérieur. Mais même lors de cet effort, l'humour ne l'a pas
                  quitté. Une autre fois, devait lui être présenté un enfant qui
                  n'était pas encore prêt pour l'école et qui inquiétait ses
                  parents de son caractère irascible. Grâce à l'intelligence, la
                  confrontation a finalement réussi. Mais dès que l'enfant a vu
                  le grand invité, il a crié : « Toi sale petit moineau » et
                  s'est enfuit dehors. Rudolf Steiner dut rire de bon cœur et
                  dit que la colère s'apaiserait bien déjà avec l'âge de
                  quatorze ans.
 
 Un autre épisode s'est produit lors d'une visite de Rudolf
                  Steiner, où il était attendu par un garçon avec ses parents.
                  On pouvait voir l'invité venir du dernier étage. Quand il a
                  atteint la porte en bas, le garçon a craché en bas. On ne sait
                  pas s'il atteint son but ou non. En tout cas, les parents
                  s'excusent beaucoup. Mais Rudolf Steiner n'a pas laissé passer
                  ça. Il a dit, indiquant sur les intérêts mathématiques du
                  gamin, « Il voulait seulement calculer combien plus tôt il
                  devait cracher afin que ça m’atteigne en bas ». Du même
                  garçon, sa mère a raconté que Rudolf Steiner, lors de la
                  première rencontre où l'enfant était encore dans l'oreiller de
                  portage, l'a salué avec ces mots : «  Bonjour Monsieur le
                  Docteur ! » Et quand le Dr Steiner a rendu visite à l'une de
                  mes filles, environ une semaine après sa naissance, il lui a
                  attrapé un temps la racine de son nez avec trois doigts et lui
                  a ensuite donné le nom.
 Pour de nombreux parents, l'existence de l'école Waldorf était
                  un grand apaisement. Souvent, ils attendaient avec impatience
                  le changement de dents de leurs enfants, que Rudolf Steiner
                  avait indiqué comme un signe de maturité scolaire et qu'il
                  avait aussi justifié. Il est même arrivé que des dents de lait
                  soient cassées pour qu'un enfant soit admis un an plus tôt
                  chez un professeur particulièrement populaire. - On appréciait
                  aussi le fait que, dans les classes inférieures, la substance
                  était écrite par les enfants eux-mêmes dans des cahiers et
                  illustrée par des dessins pleins de fantaisie. Le cours
                  d'histoire était particulièrement vivant. Il était donné de
                  façon si proche de la réalité qu'on pouvait croire que le
                  professeur d'histoire pouvait voir les personnalités qu'il
                  décrivait devant lui. Pas étonnant que les enfants ne se
                  soient pas lassés de l'écouter. Si l'on compare la vision
                  historique cultivée dans les écoles Waldorf avec la façon dont
                  l'histoire est souvent enseignée aujourd'hui sur la base des
                  tableaux de dates, etc., il est absolument justifié de la
                  décrire comme « fable convenue » (R. Steiner).
 Dans cette description de l'école Waldorf, quelques choses qui
                  ne datent pas de la première année scolaire, ont aussi été
                  entremêlées. Il s’agissait de montrer comment ici tout
                  provenait des impulsions d'une vie libre de l’esprit. Que le
                  caractère d'une école unique pour tous se perde pour toutes
                  les couche du peuple est dû, entre autres, aux frais de
                  scolarité. Au début de cette nouvelle fondation, les frais de
                  scolarité des enfants des travailleurs ont été payés par la
                  Waldorf-Astoria. Des parrainages ont été recherchés pour
                  d'autres enfants de parents pauvres. Si les autorités devaient
                  accorder le même montant, qui est dépensé pour chaque enfant
                  dans les écoles publiques, aux écoles indépendantes également,
                  parce qu'il s'agit d'économies, ou du moins permettre que les
                  dépenses des élèves des écoles privées puissent être déduites
                  de l'impôt sur le revenu, les écoles Rudolf Steiner seraient
                  également ouvertes aux enfants de parents pauvres, qui
                  dépendent aujourd'hui totalement des parrainages et autres. La
                  volonté des parents de faire des sacrifices, qui envoient
                  souvent leurs enfants dans ces écoles de loin et paient des
                  frais de scolarité considérables pendant de nombreuses années,
                  est un exemple exemplaire de financement des institutions
                  culturelles par le bas, c'est-à-dire du côté des
                  consommateurs, qui réclame de telles prestations. Pendant les
                  périodes de transition, les enseignants eux-mêmes, malgré tout
                  leur idéalisme, ont dû faire le sacrifice d'un niveau de vie
                  très faible.
 Quelle satisfaction cela a pu être pour Emil Molt de voir
                  comment « son école » s'est développée. Non seulement il était
                  passé d'apprenti à directeur général d'une entreprise
                  industrielle bien connue, mais il pouvait encore aujourd'hui
                  agir comme père d'école, ou plus précisément comme protecteur
                  d'une école qui, contrairement aux écoles d'apprentissage
                  habituelles, était fondée sur des connaissances spirituelles
                  de l’esprit et contribuait ainsi à donner une impulsion
                  culturelle révolutionnaire au monde. Il n'avait certainement
                  pas été facile pour Molt de persuader les travailleurs de
                  confier leurs enfants à la nouvelle école, ou même de
                  convaincre ceux qui avaient déjà fréquenté d'autres écoles de
                  changer.
 Dès le début, l'école Waldorf s'est orientée vers une manière
                  sociale de penser. C'est aussi la raison pour laquelle tous
                  les enfants ont été amenés dans les cours et ont donc même été
                  soutenus et encouragés par leurs camarades. Ce n'est que dans
                  les cas pathologiques qu'il y a eu des cours spéciaux, puis,
                  plus tard des classes spéciales et des écoles spéciales. Il
                  n'y avait pas non plus de notes, mais à la fin de l'année, les
                  enseignants ont fait des caractérisations de manière à ce que
                  les enfants eux-mêmes et les parents puissent voir où en
                  étaient les progrès et où une attention particulière devait
                  être portée. Dans la plupart des cas, ces témoignages se
                  terminaient par un proverbe qui encourageait l'enfant.
                  Naturellement, on a vu assez vite si certains enfants
                  tendaient aux matières pratiques, faisaient de beaux travaux
                  manuels en cours (par Berta Molt et Helene Rommel), ou s'ils
                  se montraient plus doués en langues ou en mathématiques.
                  Néanmoins, toutes les matières ont continué à être cultivées
                  car, d'une part, les tâches artistiques éveillent
                  l'imagination des élèves et, d'autre part, les talents
                  intellectuels n'apparaissent souvent pas immédiatement. Ce
                  n'est qu'à l'âge de quatorze ans qu'une bifurcation vers des
                  matières plus pratiques dans le sens de la technologie et de
                  l'artisanat a été prévue pour ceux qui n'aspirent pas à des
                  études universitaires. Du vivant de Rudolf Steiner, cette
                  bifurcation n'a pas pu être réalisée. Pour les classes
                  supérieures, il a donné des heures de consultation pour le
                  choix de la profession et a continué à donner des conseils aux
                  sortants de l'école. Par exemple, il ne considérait pas les
                  mariages de camarades de classe comme étant favorables en
                  général, parce qu'il s'agit surtout de karma qui a expiré.
 Les exercices en langues étrangères, combinés à la récitation
                  et au chant pour développer le sens de la langue, ont
                  également été complètement nouveaux à partir de la première
                  classe. Une fois, une fille est rentrée à la maison
                  enthousiaste parce qu'on lui a permis de réciter un poème dans
                  une langue étrangère pour la première fois. Lorsqu'on lui a
                  demandé de quelle langue il s'agissait, elle a seulement
                  répondu : Vous savez, la langue « one, two, three, four, five
                  ». Emil Molt lui-même avait un fils à l'école qui est devenu
                  plus tard un homme d'affaires international. Le fait que les
                  élèves de ces écoles libres choisissent en général plus de
                  professions artistiques, académiques et sociales que celles de
                  la vie économique est un fait important qui est probablement
                  lié aux conditions sociales insatisfaisantes de l'industrie.
 L'attrait de l'école Waldorf se traduit par le fait que des
                  élèves des écoles publiques ont exprimé le souhait d'être
                  autorisés y passer. Il est également arrivé à plusieurs
                  reprises que des élèves qui avaient déjà réussi leurs examens
                  finaux ailleurs ressentent le besoin de vivre encore une année
                  à l'école Waldorf dans la classe supérieure.
 Pour Rudolf Steiner, ce fut un moment très heureux où il a pu
                  laisser couler une partie de son expérience de vie dans cette
                  jeune école, et où il a trouvé un corps enseignant qui a
                  répondu de manière intensive et enthousiaste à ses intentions.
                  De nombreux aspects et détails de cette première période de
                  l'école sont décrits sont décrits par le Dr Erich Gaben dans
                  l'introduction aux conférences des enseignants avec Rudolf
                  Steiner. C’est de cela que je prends les statistiques sur le
                  développement étonnamment rapide de l'école avec les chiffres
                  suivants :
 Première année scolaire : 8 classes, 12 enseignants, 256
                  enfants
 Deuxième année scolaire : 11 classes, 19 enseignants, 420
                  élèves
 Troisième année scolaire : 15 classes, 30 enseignants, 540
                  élèves
 Quatrième année scolaire : 19 classes, 37 enseignants, 640
                  élèves
 Cinquième année scolaire : 21 classes, 39 enseignants, 687
                  élèves
 Sixième année scolaire : 23 classes, 47 enseignants, 784
                  élèves
 Il est évident que cette croissance a rendu nécessaire très
                  rapidement la construction de nouveaux bâtiments avec une
                  salle des fêtes et un gymnase. Heureusement, le site se
                  prêtait également à l'introduction de cours d'horticulture, à
                  la construction de baraques pour une cantine et pour un très
                  beau jardin d’enfant (NDT : une « maternelle »).
 Revenons au premier Noël de l'école, où les enfants pouvaient
                  déjà réciter des poèmes, ce dont Rudolf Steiner était très
                  heureux. Il a également exprimé son bonheur quant à la
                  prospérité générale de l'école. Dans un délicieux discours aux
                  enfants, il leur a parlé de l'Enfant Jésus, des fleurs et des
                  animaux. Il a parlé des oiseaux, qui peuvent même faire plus
                  que les humains, car ils ont des ailes pour voler. Mais aussi
                  les enfants humains pouvaient acquérir de telles petites
                  ailes, à savoir la diligence et l'attention>. Avec ces deux
                  ailes, ils deviendraient des gens capables. - A chaque
                  célébration, il demandait : "Aimez-vous vos professeurs ?" et
                  les enfants lui criaient un <Oui> d'encouragement comme
                  d'une bouche !
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