revenu de base et tri-articulation
Institut pour une triarticulation sociale

 

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Une série au sujet du revenu de base                     sommaire - précédent


Le démon de l'Europe

Le revenu de base : pathologie et effet d’un mouvement social — VII


Johannes Mosmann


 

L'idée d'un revenu de base inconditionnel devrait maintenant être éclairée ci-après dans le contexte de la « politique mondiale ». En cela devient clair jusqu’où chaque revenu est déjà maintenant une « question de droit » et quelle perspective devrait être adoptée vis-à-vis de cela pour arriver à un revenu décent/digne de l’humain pour tous. Ensuite sera montré comment le néolibéralisme initie une polarisation de « l'opinion publique » et provoque avec cela que les pendants réels de la vie de l’économie restent méconnus.

 

Droit de l'humain ou prérogative nationale ?

 Comme est devenu visible dans les explications des chapitres précédents, l'introduction d'un revenu de base inconditionnel ne conduirait pas à un soulagement pour les ménages à faible revenu, mais aggraverait considérablement leur situation. Mais supposons que tous les arguments avancés ici seraient erronés et qu'il serait en effet possible de faire de la question du revenu une question de droit et d'aider ainsi chaque être humain à obtenir un revenu de base digne de l'être humain. Il faudrait alors clarifier qui est réellement « chaque être humain », c'est-à-dire qui devrait entrer en jouissance d'un tel droit ?

 Interrogé sur la question de savoir si l'introduction d'un revenu de base inconditionnel ne conduirait pas à une immigration massive, le chef de dm (NDT : chaine de drogueries + épicerie sèche bio) et anthroposophe proclamé Götz Werner répond en tout cas : « Nous avons depuis longtemps un ensemble de règles qui limitent l'immigration dans notre système social. La Suisse est encore plus restrictive à cet égard. On n'a pas besoin de trouver ce modèle bon, mais il montre : On peut effectivement fixer des limites à ce qu'on appelle l'immigration dans l'État-social »[1] Ça a l'air cynique. Ailleurs toutefois, Werner déclare également que le revenu de base serait à considéré comme un droit de l'humain et à cause de cela à introduire partout. Il considère donc manifestement l'introduction en Allemagne et la problématique de l'immigration qui en résulte comme une étape sur la voie d'un objectif plus grand. Ce point de vue est également exprimé sur le site web de l'initiative « Netzwerk Grundeinkommen ( Réseau revenu de base) » : « Le revenu de base est un droit de l'homme et non un droit lié à une nationalité particulière. L'objectif du réseau est l'introduction d'un revenu de base en Europe et dans le monde et l'accès de tous les humains à un revenu de base, où qu’ils vivent. Lorsqu'un revenu de base est introduit pour la première fois dans un pays, les étrangers devraient également obtenir le revenu de base »[2]

En conséquence, chaque humain sur cette terre devrait se voir accorder un revenu aussi élevé qu'il puisse satisfaire certains besoins fondamentaux indépendamment de son appartenance étatique. Il n’est pas permis de commencer à faire des différences dans la définition de la « dignité humaine », selon qu'on parle d'un Allemand ou, par exemple, d'un Congolais. Quand donc le droit de l'humain en Allemagne signifie, par ex., que chacun peut avoir une alimentation saine et équilibrée, porter de bons vêtements, payer un loyer, acquérir des meubles, rouler en auto, passer des appels téléphoniques standard IP et envoyer les enfants dans une bonne école, alors ce droit signifie la même chose au Congo.

Il ne devrait pas être supposé qu'un congolais doit quasi par nature satisfaire moins de besoins qu'un Allemand. Mais comment un tel droit pourrait-il être réalisé, comment l'humanité pourrait-elle parvenir à une véritable justice du revenu ?

 Comment le racisme nous nourrit

 Actuellement, le revenu réel d'un Congolais, même bien rémunéré, est nettement inférieur au revenu réel d'un bénéficiaire de Hartz IV en Allemagne – bien que les deux pays font partie de la même économie de division du travail. Environ 12 millions de Congolais travaillent dans l'industrie minière et produisent, entre autres, la majeure partie du cobalt et du coltan nécessaires à la fabrication de smartphones, d'ordinateurs portables et de batteries de voiture. Environ 40 000 de ces mineurs sont des enfants, souvent âgés de 7 ou 8 ans seulement, qui risquent vie et santé 12 heures par jour pour environ 50 euros par mois. Les Allemands consomment les matières premières extraites au Congo à l'aide d'appareils électroniques tels que réfrigérateurs, téléviseurs ou ascenseurs. Rien ne fonctionnerait en Allemagne sans la prestation surhumaine des habitants du « cœur de l'Afrique ». Une part substantielle du revenu réel des Allemands est ainsi générée par des Congolais. La première question est la suivante : si les Allemands ont apparemment besoin si pressement des produits des Congolais, comment se fait-il que les Congolais ne prennent pas pour eux les prix qui pourraient leur permettre de vivre dans la dignité ?

Pour comprendre cela, on doit suivre ce qui circule à l’inverse de l'Allemagne vers le Congo. Les entreprises allemandes fournissent principalement du savoir-faire et des machines, principalement pour l'exploitation des mines dans lesquelles les Congolais travaillent. Ce qui coule ainsi d'Allemagne au Congo, cependant, appartient à nouveau à des Allemands au Congo, ou à d'autres membres des consortiums internationaux qui y exploitent les mines, comme par exemple le groupe suisse Glencore mentionnée ici, ou Randgold Resources, dans laquelle la banque de l’ombre BlackRock détient à nouveau près de 18 %, et ainsi de suite. Cela signifie que les Congolais donnent le travail de leurs mains, les Allemands la technologie, le produit de leur vie de l’esprit - mais en fait les Allemands ne donnent pas vraiment leurs produits spirituels. car l'esprit se combine ici avec l'héritage romain sous la forme de la personne morale, du brevet, de la propriété vendable, etc. et s'accumule dans une certaine mesure en retour. Bien que située réellement en Afrique centrale, la plus grande partie de la création de valeur revient vu juridiquement à l'Occident, c'est-à-dire qu'elle devient « droit au revenu » entre autre aussi pour les citoyens allemands de l’état.

Tandis que les Blancs philosophent sur la désignation « politiquement correcte » pour un noir, ils vivent du racisme devenu un système. Au cours de l'histoire culturelle de l'Europe centrale, la vie de l’esprit des Blancs s'est épanouie dans les sciences de la nature, la technique et le système de l'argent et s’entend maintenant, grâce à ces inventions, à s’épargner à soi-même de manière croissante du travail en ce qu’il consomme les corps des Noirs. C'est le véritable sous-sol économique de cette "numérisation/digitalisation" dont le mouvement du revenu de base espère maintenant la « libération définitive du travail rémunéré ». Si un Noir réussit à s'enfuir en Europe, les Blancs l'appellent péjorativement un « réfugié économique », comme s'il s'agissait d'une chose peu respectable de se soustraire à l'exploitation. Mais l'autre chemin, à savoir rester dans son propre pays et le reconquérir, est hors de question. La « communauté occidentale des Etats » garantit la « sécurité juridique » des investisseurs occidentaux au Congo et conclut à cet effet des pactes avec les dictateurs et les seigneurs de guerre. Un élément important à cet égard sont les « accords de protection des investissements », qui existent entre tous les pays du tiers monde et les pays occidentaux, y compris entre la République fédérale d'Allemagne et la « République démocratique du Congo ». Les accords sont extrêmement roublards pour garantir l'exode des valeurs vers l'hémisphère occidental, « protéger » les groupes et les fonds de pension des évolutions démocratiques et délèguent les litiges aux tribunaux d'arbitrage internationaux. Cette architecture de l'exploitation, qui sera décrite plus en détail ci-dessous, a été mise en place par le gouvernement fédéral dans tous les pays « profitables » du tiers monde. A cet égard, l'opinion majoritaire des Allemands est que les « réfugiés de guerre » seraient (peut-être) les bienvenus, tandis que les « réfugiés de l’économie » devraient « rester chez eux » et mieux mettre en forme leur « propre » pays, dans le meilleur de cas l'expression d'une amnésie spirituelle complète du peuple qui fut une fois celui, des « poètes et penseurs », mais au pire des cas un opportunisme complètement conscient et inhumain.

L'architecture de l'exploitation

 Comme l'explique Friederike Diaby-Pentzlin, professeur de droit international des entreprises et de droit économique à l'Université de Wismar, l'Allemagne a été chargée de l’édification de cette architecture : « A partir des années 1950, en riposte aux perdants actuels, cela en vint à des expropriations spectaculaires dans le cadre des processus politiques et économiques de décolonisation. Les règles de protection de la propriété du droit international coutumier général (« droit étranger »), en revanche, n'offraient pas une protection suffisante du point de vue des investisseurs. C'est pourquoi, d'une part, on a tenté de faire passer les accords de concession entre l'investisseur et l'État hôte de la sphère du droit économique national au niveau du droit des peuples. Les « clauses de stabilité »ainsi nommées devaient geler le droit de l'État d'accueil à la date de la conclusion du contrat afin de rendre les expropriations ultérieures impossibles. Les « clauses d'internationalisation » devaient assurer la voie directe vers l'arbitrage international et l'application de la protection du droit international contre l'expropriation. En dehors de cela, en 1959, le directeur de Shell Petroleum, l'avocat Shawcross, et le conseil d'administration de la Deutsche Bank, Abs, ont rédigé un projet appelé convention Abs-Shawcross sur l'investissement à l'étranger, avec un niveau élevé de protection. Ils ont formulé un « traitement juste et peu cher »" (fair and equitable treatment – FET) des investissements et ont ainsi préparé le terrain pour le concept d'expropriations dites indirectes.[3]


Les expropriations « indirectes » sont des mesures qui réduisent la « valeur » d'un investissement. Si,par exemple, les relations juridiques à cet égard changent au détriment des entreprises, par exemple en faisant passer le salaire journalier de deux dollars à un salaire minimum digne de l’humain, ces dernières peuvent réclamer des dommages-intérêts sur la base des accords de protection des investissements, auxquels le gouvernement fédéral doit à nouveau répondre. Aussi loin, par exemple, que les rapports de droit dans les pays africains, qui justifient la « valeur » actuelle des investissements allemands, doivent être considérées comme une injustice au sens où nous l'entendons ici,le gouvernement fédéral garantit les relations d'injustice dans ces pays - où l'État allemand gagne un intérêt inhérent à coopérer avec les forcesantidémocratiques et anti-liberté dans ces pays et à soutenir les conflits armés correspondants.

Diaby-Pentzlin écrit plus loin : « Une interdiction de la discrimination et donc le principe d'égalité de traitement avec les entreprises nationales envisageait de rendre illégale la promotion et le traitement préférentiel des jeunes industries locales dans les pays d'accueil ; une clause parapluie (umbrella clause) encadrait les accords de concession et d'investissement entre les États et les entreprises et établissait désormais toutes les conditions cadres (taxes, exigences environnementales, etc.) des contrats avec des personnes privées au niveau du droit international, garantissant ainsi sans conteste et définitivement au niveau international, la renonciation, souhaitée par les investisseurs, des États d'accueil à leur souveraineté. Une annexe contenait des formulations sur l'établissement de l'arbitrage investisseur-État. En tant que convention, ce projet des capitaines économiques les plus importants d'Angleterre et d'Allemagne de l'époque a échoué. La même année, toutefois, les règles unilatérales sur la protection des biens étrangers ont conclu le premier accord bilatéral de protection des investissements entre l'Allemagne et le Pakistan. Aujourd'hui encore, plus de 3 000 accords bilatéraux de protection des investissements reposent en grande partie sur cette liste de souhaits de Shell et de la Deutsche Bank. L'idée de l'arbitrage investisseur-État a été mise en œuvre six ans plus tard, en 1965, par la Banque mondiale avec la création du Centre international pour le règlement des différends relatifs aux investissements (CIRDI)[...].

L'Allemagne est le leader avec plus de 130 accords de protection conclus depuis 1959. Une première génération d'accords bilatéraux d'investissement (AIB) a été modelée sur le projet Abs-Showcross et n'a ajouté que le principe du traitement de la nation la plus favorisée : tous les avantages reçus par une partie contractante doivent également être accordés à toutes les autres parties contractantes conformément à ce principe. Après la chute du mur de Berlin, une deuxième génération d'accords bilatéraux d'investissement a de nouveau sensiblement renforcé la protection des investissements, en particulier grâce à des clauses d'entrée sur le marché libre, en particulier dans les accords bilatéraux d'investissement américains, et en incluant des mécanismes de règlement inconditionnel des différends entre investisseurs et États.  
Le concept d'investissement dans les accords internationaux d'investissement de deuxième génération(bilatéraux, régionaux ou sectoriels) est interprété très largement en droit matériel/juridiquement-matériellement. Il s'agit de toutes les activités économiques transnationales, depuis la construction d'usines, la prestation de services, les fusions et acquisitions, l'acquisition d'actions, les droits de propriété intellectuelle et les concessions de droit public jusqu'à toutes les créances en argent servant à créer une valeur économique. Les réglementations sont interdites pour les États d'accueil, telles que l'obligation de tenir compte d'une certaine part de la main-d'œuvre locale, de réinvestir une certaine part des bénéfices de l'investissement ou d'exporter un certain pourcentage de la production de biens - toutes des exigences de « performance »conçues dans les années 1960 et 1970 pour tirer parti des investissements étrangers dans le droit des États d'accueil et par exemple très importantes pour le succès des États du Sud-est asiatique. La libre circulation des capitaux est largement prescrite jusqu'au transfert sans restriction des bénéfices vers un autre pays. Sous le radar du public, ce sont surtout les pays en développement qui ont été les premiers à ressentir les effets négatifs des accords bilatéraux d'investissement et de l'augmentation rapide des procédures d'arbitrage entre investisseurs et États. Qu'il s'agisse de protection de l'environnement, du travail, des consommateurs ou de la santé, d'augmentation du salaire minimum ou des impôts, les investisseurs peuvent toujours poursuivre les pays d'accueil s'ils voient réduites leurs « attentes légitimes » au profit. [4]

  L'idéal de la fraternité

Les Allemands dépendent des produits du travail des Africains. Si les Allemands n'avaient pas l'« Etat fort » derrière eux, les Congolais seraient aussi capables de fixer les prix qu'ils doivent effectivement prendre - et les Allemands, pour leur part, dépendraient de la demande des Congolais. Entre les revenus des Allemands et des Congolais, un niveau moyen s'établirait dès que prestation et contreprestation pourraient être librement négociées sans l'interposition de « droits ». Les habitants du Congo, si incroyablement riches en ressources du sol, recevraient un revenu digne de l’humain - alors que l'Allemagne serait probablement globalement plus pauvre. Aujourd'hui, l'idéal de « fraternité » devra être saisi en ces termes concrets - ce n'est pas une représentation morale abstraite, mais un principe ancré dans la nature de l'économie mondiale. Depuis la montée de l'économie mondiale, seul l'altruisme est possible vu économiquement, car qui nuit aux autres dans une économie mondiale basée sur la division du travail se nuit à lui-même - à moins d'avoir le « droit » de son côté. L'égoïsme peut seulement entrer dans l'économie par le détour de l'État, avec l'aide des moyens esquissés dans cet écrit. Mais l'économie en tant que telle s'efforce de le surmonter, parce que vu économiquement chaque être humain est le membre d'un organisme entier entourant le monde. Une société digne de l’humain n'est donc possible que si la vie de l’économie obtient la possibilité de se développer de manière autonome d’après ses propres lois - comment cela doit être compris et comment le libéralisme et le néolibéralisme se situent par rapport à cela sera expliqués encore plus exactement ci-dessous.

 

L'objection selon laquelle, aussi dans un échange direct et purement économique, une partie pourrait escroquer l'autre, par exemple parce que les Allemands sont supérieurs dans le domaine scientifique et que la vie intellectuelle joue donc toujours un rôle dans la vie économique sous la forme d'un avantage technologique, est correcte. C'est pourquoi il ne s'agit pas ici d'un dualisme entre l'État et l'économie, mais d'une Trinité composée de vies indépendantes de l'État, de l’économie et de l’esprit. Si l'État laisse d’un côté la vie de l’économie et de l'autre côté la vie de l’esprit dans la liberté, la possibilité d'atteler/d’embrigader les génies de cette terre pour l’escroquerie des autres cesse immédiatement. Car seulement aussi longtemps que l'État, par ex., enclenche le « brevet » dans l’échange de prestations entre les travailleurs physiques et spirituels, l'illusion est à entretenir  que des tiers pourraient « posséder » et même « faire commerce » de produits spirituels. Aujourd'hui, le continent noir doit payer pour les idées de génies européens souvent décédés lors de l'achat de machines et de technologies, mais aussi indirectement lors de l'achat de marchandises. Mais quand même ainsi que le théorème de Pythagore appartient à toute l'humanité, aussi, en vérité, la plus grande partie des quelque 140 000 brevets en possession de la firme Bosch. [5]


Seul le travailleur spirituel peut être rémunéré, aussi longtemps qu'il est en lien avec son produit spirituel, donc qu'au moins il vive - l'esprit lui-même, par contre, est inestimable/n’est pas payable. Si le pendant entre le génie actif et son produit spirituel est dissous, par exemple par la mort, la possibilité de payer quelqu'un, pour ce dernier, cesse aussi dans une vie libre de l’esprit. Le « progrès » ne peut plus asservir personne dès lors que non seulement la vie de l’économie,mais aussi la vie de l’esprit peuvent être placées sur leur propre sol et peuvent ainsi être considérées comme membres sociaux, c'est-à-dire lorsque le produit spirituel n'est plus subventionné par l'État et alors occupé selon l’économie privé, mais sert à la promotion réciproque de la culture dans le sens d’une« vie libre de l’esprit ». Alors ici aussi, des prestations et des contre-prestations se font immédiatement face, de sorte que le travailleur spirituel sera justement ainsi dépendant de la compréhension et l'appréciation de ses semblables, comme celui-ci d’après le besoin après les produits de leur travail manuel. La vie de l'État, devenant justement indépendante dans ce cas, devra désormais s'occuper exclusivement de questions purement juridiques et protégera donc pour la première fois réellement les humains qui travaillent corporellement de l'exploitation par ceux qui peuvent s'épargner un travail corporel grâce à leur génie - par exemple, par la réglementation démocratique du temps de travail déjà mentionnée ici.


Le mouvement du revenu de base néglige le fait banal (ou l'accepte avec approbation) qu'un droit s’exerce seulement alors sur le revenu quand il sera compris comme prérogative privée ou nationale d'une des parties concernées. Aussitôt par contre que le droit œuvre comme le droit humain de tous les égaux, il ne « pèse » plus rien du tout dans le rapport de prestation et de contre-prestation et n'est donc pas pertinent pour la hauteur du revenu. Si tous ont le même droit comme situation de départ, le revenu ne résulte plus d'un « droit », mais de la chose, c'est-à-dire de la relation librement négociée entre la prestation et la contre-prestation. A la place de la société de privilèges d'aujourd'hui, se présente une société de prestations au vrai sens du terme.[6] C'est seulement alors qu'un revenu digne de l’humain est possible pour tous les habitants de la terre. Les partisans d'un revenu de base inconditionnel confondent justement le droit avec la réalisation/l’accomplissement du droit : tout comme chaque humain devrait avoir le droit à sa libre opinion, mais ne peut recevoir cette opinion dite par l'État tout de suite à cause de cela, ainsi chaque humain devrait avoir le droit à un revenu digne de l’humain, ce pourquoi pas réalisé/effectué par un pouvoir de l’état, mais seulement par une vie économique s’administrant elle-même. Que ces pendants soient si difficiles à comprendre aujourd'hui pour beaucoup est en particulier à reconduire aux décennies de répétition du modèle de pensée néolibérale par les écoles, les universités et le « discours public », c'est pourquoi un coup d’œil devra être jeté  sur celui-ci dans ce qui suit.

 Lavage de cerveau néolibéral

 Le concept libéral d'« économie » provoque l'appel à un « État fort ». Les critiques « de gauche », cependant, ne se demandent toutefois pas si le libéralisme aurait reconnu correctement ce que serait « l'économie », mais veulent justement voir « l'État » renforcé contre « l'économie », ou dans les cas extrêmes, intégrer/incorporer « l'économie » dans « l'État ». Cela signifie qu'ils adoptent la définition libérale de l'« économie » comme une condition préalable incontrôlée et donnent ainsi les sparring partners/partenaires entraînement du libéralisme. Ils négligent en cela le fait que dans la dialectique entre « l'État » et « l'économie » initiée par le libéralisme, la vie réelle de l’économie et la vie réelle de l'État n'ont pas lieu du tout/ne se produisent pas. L'« économie » est notamment un conglomérat de processus économiques et d'institutions et instituts de droit qui ont grandies historiquement et les déterminent, tout comme inversement « l'État » est aujourd'hui essentiellement l'empreinte des forces économiques et idéologiques. A l'exemple de certains groupes/consortium, il a été montré ici comment l'État construit d'abord « l'économie » de la théorie libérale en créant, par exemple, une absurdité économique par la propriété achetable, et rend possible/facilite la manipulation des prix, tout comme à l’inverse, « l'économie » forme en premier « l'Etat » selon ses objectifs, par exemple en matière de retraite, de durée du travail etc. L'« État » et l'« économie » ne sont donc pas tous deux des fonctions primaires de la vie sociale, mais des produits d'une confusion des processus économiques, juridiques et culturels-spirituels.

Résultat d'une révision critique du libéralisme, le néolibéralisme est l'expression la plus pure de cette dialectique entre « l'État » et « l'économie ». Comme le socialisme, il peut lui aussi se penser une manifestation institutionnelle de la raison synthétique humaine seulement comme processus juridique-étatique parce que, comme le libéralisme, il se représente l'économie comme un appareil fondamentalement déraisonnable, naturel et mécanique. Par conséquent, il veut d'un côté, rendre possible le jeu « aveugle » de la « main invisible », mais d'autre part, il veut la modérer de l'extérieur avec l'aide des « règles du jeu » de l'État et, contrairement à l'opinion courant le pays, aussi absolument la socialiser. Aujourd'hui, la pensée de tous les partis se déroule dans les rails de cette dialectique. L'État, dans lequel la raison synthétique humaine se dépose dans des lois, devrait ériger des « glissières de sécurité » pour l'économie qui, dans ces «  conditions-cadre », se vit alors comme un « libre jeu des forces du marché ». Ou « l'État » devrait « rendre l'économie » synthétiquement raisonnable et « maîtriser/tenir la bride » ou même « piloter » l'économie par de meilleures règles. Les opinions de droite à gauche ne diffèrent que sur le rôle que « l'État » devrait jouer dans chaque cas, c'est-à-dire si l'État doit, par exemple, plutôt ériger des glissières de sécurité, des seuils de freinage, des aiguillages à péage ou des bornes pour le trafic/la circulation économique. A l'économie elle-même on ne reconnaît aucun rôle actif ; elle devrait justement être ce qu'elle est en soi selon la théorie libérale : un « jeu des forces du marché », qui est décrit, en référence à la science de la nature, comme un pendant de lois quasi-naturelles, non produites consciemment par l'humain.

Le néolibéralisme détermine avec cela les catégories dans lesquelles les questions sociétales pourront absolument être débattues aujourd'hui les uns avec les autres. Avons-nous besoin de « plus d'État » ou de « plus de marché » ? Que les deux serait erronés, cependant, parce que les questions pratiques sont complètement différentes, ne sera pas du tout envisagé en premier lieu. Cela rend par excellence insaisissables les profiteurs de la confusion de la vie de droit, de l’économie et de l’esprit. Les humains devraient d'abord se libérer des modèles de pensées donnés au préalable pour pouvoir intervenir immédiatement dans les conditions sociales/rapports sociaux. Mais à cela, la « science » se tient cependant à nouveau dans le chemin, qui, de son côté, est organisée étatiquement et poussée par l'économie. Notre système de formation ancre le prétendu savoir sur « l'État » et « l'économie » finalement aussi dans les cerveaux des adolescents, et d’ailleurs de manière durable, parce qu'en tant qu'enfant de l'État, il peut aussi se servir de ses moyens de violence/pouvoir (scolarité obligatoire et notes pour les enfants, droits d'accès pour les étudiants, accréditation et financement des universités, certification et permis d’enseigner pour les pédagogues, etc.) En conséquence, les causes profondes des rapports sociaux échappent de plus en plus à notre conscience. Au lieu de s'emparer de la vie sociale à ses trois racines, nous doctorons autour des résultats et nous nous empêtrons de plus en plus profondément dans la confusion. Un sentiment d'impuissance devient un état d'esprit moderne et finit par paralyser toute force d’initiative.

Le mouvement du revenu de base est un enfant de ces conditions. Au lieu de dissocier/scinder « l'économie » et « l’État », par exemple par un droit de propriété moderne, une réglementation contemporaine du temps de travail, un pilotage associatif du travail et une libération de la vie de l’esprit de la tutelle économique-étatique et ainsi atteindre le contrôle sur les trois domaines fonctionnels de la vie sociétale, le mouvement veut maintenant construire une autre glissière de sécurité qui devrait apporter une sorte de super-arme étatique de justice dans « l'économie ». Il pense pouvoir se passer fondamentalement d'une connaissance approfondie des pendants économiques, respectivement ne pressent pas une fois qu'avec la vie de l’économie, un domaine serait à conquérir, encore à peine ouvert tout d’abord à la mesure de la connaissance pour la science contemporaine.

Le travail humain, le travail des machines, le travail physique, le travail économique, le travail corporel, le travail spirituel, le chômage conditionné par la maladie, le chômage conditionné par le licenciement, les entrées de revenu, les débours de revenus, acheter, donner, les impôts, et ainsi de suite - de l'avis des défenseurs du revenu de base, c'est du pareil au même. Tout est un, et tout ira bien quand l'État me donne de l'argent. Toutes les questions compliquées s'effacent/tombent (apparemment) dès qu’on se représente : chacun a un revenu, simplement parce qu’on le décide. En même temps, le défi/l’exigence posé par l'économie mondiale de surmonter la perspective égocentrique est éliminée/mise de côté en ce qu’on met sur un pied d'égalité de courte main question sociale et personnelle : le « travail » est ce qui me semble significatif/m’apparaît sensé.  [7]  La simplicité de cette vision du monde est bien sûr captivante - d'autant plus urgente l’élucidation est nécessaire ici face à la situation actuelle du monde.


 


[1]  Entretien avec Götz Werner dans la Weser Kurier du 15.07.2017 - www.weser-kurier.de/bremen/bremen-wirtschaft_artikel,-unser-konzept-kostet-70- billion-euro-pro-jahr-jahr-_arid,1625104.html

[2] Network Basic Income, en ligne le 01.10.2018 sur www.grundeinkommen.de/grundeinkommen/fragen-und-antworten

[3] Prof. Dr. Jur. Friederike Diaby-Pentzlin : Foreign Droit de l’investissement à l’étranger et politique de développement – l’actuel droit international de protection des investissements est approfondi par  ;  Pauvreté; papiers des discussion de Wismar No. 05/2015, Accès Online du 01.10.2018 à www.econstor.eu/bitstream/10419/125134/1/841258074.pdf
[4] ibid.
[5] www.patsnap.com/resources/innovation/bosch

[6] Le fait que le libéralisme, qui a la plus grande peur d'une société dr ptrdtations, soit amené en pendant à ce concept, montre une fois de plus la perte de toute référence à la réalité dans ce qu'on appelle le « discours public ».

[7]Pourquoi l'objection selon laquelle de nombreux partisans d'un revenu de base inconditionnel voudraient bien orienter leur travail en fonction des besoins et en chercher le « sens », est trop à courte vue, a déjà été traitée en détail ici : Ils négligent le fait que si le revenu et le prix des biens étaient découplés, il ne serait plus possible d'orienter le travail en fonction des besoins - le sens du travail devrait en effet être déterminé subjectivement, ce qui, comme cela a été démontré ici, n'est toutefois pas possible.