Institut pour une
triarticulation sociale
|
||||||||||||||||||
Accueil
nv>actualités
|
|
|||||||||||||||||
Johannes Kiersch - L’ÉSOTÉRISME INDIVIDUALISÉ DE RUDOLF STEINER AUTREFOIS ET MAINTENANT À propos du développement de l'Université libre pour la science de l’esprit retour au sommaire 5 L'évolution supplémentaire jusque vers la Seconde Guerre mondiale Avec la mort prématurée et pleinement inattendue de Rudolf Steiner le 30 mars 1925, la situation de l'université, qui était encore en construction, changea brutalement de manière dramatique. Les membres restant du conseil de fondation de la nouvelle Société anthroposophique étaient en même temps membres du Collège de l’université et du conseil d'administration du Goetheanum Bauverein (association pour la construction).166 Les « Statuts » prévoyaient que Rudolf Steiner avait à nommer son « successeur éventuel » (§ 7). Cela ne s'était pas passé. Le conseil fondateur orphelin s'est retrouvé complètement renvoyé à son propre jugement. En particulier, il avait à clarifier comment la gestion de l'université, qui était jusqu'alors presque exclusivement liée aux décisions de Rudolf Steiner, devait être traitée en plus des structures de gestion et de décision complètement différentes de la Société anthroposophique. Si maintenant, sans les conseils habituels de Rudolf Steiner, des solutions claires et praticables à la question de direction pourraient être trouvées, dépendait avant tout de comment dans le cercle du comité respectivement dans le collège de l’université, dans le cadre d'un processus de compréhension prudent, pouvaient venir en l’état des décisions unanimes. Lors du Congrès de Noël, Rudolf Steiner avait réuni les personnalités de domaines d'activité et de destin très éloignés se trouvant maintenant devant cette tâche inattendue. Ils avaient à peine eu plus d'un an pour mieux se connaître et tester leur capacité à coopérer entre eux. Pourraient-ils déjà s'entendre sans le grand enseignant et aide et développer une compétence commune en matière de direction ? De la « périphérie » vint tout d’abord une sympathie unanime aux cinq autres membres restant du comité de la Société anthroposophique. Partout, on espérait que les processus de développement initiés lors du Congrès de Noël en 1923/24 pourraient être poursuivit par les personnalités compétentes choisies par Rudolf Steiner. 166 Pour les
différentes fonctions associées, voir EZ III, p.19 et
suivantes. Cependant, très peu de gens ont
remarqué que cela était lié à une attente initialement non
réfléchie qui devait mettre toutes les parties impliquées
sous une pression désastreuse en cas de crise. Au cours de
sa dernière année de travail, Rudolf Steiner avait qualifié
toujours de nouveau le nouveau comité
d'« ésotérique ». Grâce à sa participation,
l'afflux direct de conseils et d'aide du monde de l’esprit,
qui a été souligné avec cette marque, a été une réalité
vécue ensemble. Son autorité, justifiée par le travail de sa
vie ainsi que par sa personne et la nature de son travail, a
donné à ses décisions une certitude qui réconcilie et calme
toutes les contradictions de la vie. Beaucoup des membres,
probablement la majorité écrasante, s'attendaient maintenant
à ce que le conseil d'administration nommé par Rudolf
Steiner continurait d'être « ésotérique » : du
monde des esprits, n'agissant pas conventionnellement comme
une association, mais d'un « ésotérisme réel et
véritable » tel qu'il avait été cultivé dans
l'université, porté par des relations personnelles vivantes
aux membres dans le monde entier, et avant tout agissant à
l'unanimité dans le sens de l'union des cœurs, dont il avait
été si pressement parler lors du Congrès de Noël. Lors des explications concernant cela, il y a pour l’essentiel trois principales façon de voir qui se font remarquer après le décès de Rudolf Steiner. L’une suppose que les déclarations de Rudolf Steiner continuent à s'appliquer et que les personnalités qu'il a appelées au comité forment un comité « ésotérique » même sans sa participation terrestre au sens d'une « succession spirituelle ». 80 Ce point de vue est porté lié aux
sentiments traditionnels, comme la transmission de
l'ordination sacerdotale au sens d'une « succession
apostolique », que Rudolf Steiner respectait dans un
contexte religieux. Le deuxième point de vue est fondé sur
la conviction que Rudolf Steiner continuait à donner
l'impulsion et à diriger le cercle qu'il avait mis en place
même après son passage à travers le seuil de la mort. Emil Leinhas, l'un des
collaborateurs les plus anciens et les plus engagés de
Rudolf Steiner, a résumé le problème en termes simples
lorsqu'il a été mené à la première controverse ouverte.
« Je ne reconnais pas le principe », écrit-il,
« que Rudolf Steiner travaille à travers le Comité de
Dornach, parce qu'il est une profession de foi. (Et je ne
souscrit pas au principe selon lequel le Dr Steiner a la
possibilité de travailler à travers l’ensemble du Comité,
pas plus que je ne souscrirait au principe selon lequel il
est possible qu'il pleuve après-demain.) Si et comment et
par qui Rudolf Steiner travaille, il ne peut y avoir qu'une
seule chose là-dessus : un profond silence ».167 Mais
peu de gens pensèrent de cette façon. Et avec cela, le
problème donné avec la mort de Rudolf Steiner était écarté
si le Comité - et donc aussi, en quelque sorte, la direction
de l'université - pouvaient continuer à être considéré comme
« ésotérique », par une pression cachée d'attente
de la discussion ouverte et prudente qui était maintenant
attendue. 167 Réponse
ouverte au Dr Rittelmeyer et à tous ceux qui veulent
l'entendre - Noël 1926, p.5 Archive Goeth. Pour une
discussion plus approfondie sur le concept de "conseil
ésotérique", voir en particulier J. v. Grone à Steffen,
10.12.1926, la soi-disant "manifestation", dans Kolisko
1961, p. 158 et suivantes, ainsi que MSt : contemplation
de fantômes (25.2.1927), Goeth. archives, plus loin les
votes/verdicts de S. E. Lauer et K. Ingerö sur le G. u.
V., 25.4.1930, p. 54 et 64 et suivantes. Goeth Archive. Sur la poursuite de l’Université sera simplement annoncé que les
demandes d'admission en première année seraient à adresser
« à la secrétaire, Dr I. Wegman ». On ne sait pas
encore si dans le cercle du comité, respectivement du
collège de l'université, ont été donné des conseils plus
détaillés pour trouver des solutions conjointement
responsables. Les témoignages actuels indiquent plutôt le
contraire. Ainsi, le développement ultérieur, au cours de
l'année qui a suivi la mort de Rudolf Steiner, a d'abord été
motivé par des décisions et des actions spontanées, qui ont
trop rapidement donné lieu à des contrariétés et des
discordes. Les discours encore courants jusque dans les
années trente, et dans certains endroits au-delà, de Comité
« ésotérique » sont devenus des fictions vides
après peu de temps.169 Les accusations mutuelles conduisent
déjà à une crise grave au cours de l'hiver 1925/26, qui agit
largement dans la compagnie des membres. De longs débats,
salués avec soulagement par Albert Steffen dans la Feuille
d’information comme « catharsis »170, n'apportent
qu'un calme temporaire et superficiel. La chaîne fatale des
« cliques », comme l'appelait Rudolf Steiner, des
alliances changeantes, des malentendus et des insultes
mutuelles qui ont façonné le destin du mouvement
anthroposophique jusqu'à la fin du XXe siècle commence
inéluctablement, poussée vers l'avant et considérablement
exacerbée par les préoccupations pour l'avenir et les
besoins d'autorité de groupes de membres plus ou moins
petits ou grands. 169 Même dans
la période d'après-guerre, l'idée de l'existence continue
du "Comité ésotérique" était encore partiellement
respectée. Emil Leinhas écrit avec une amertume
perceptible : "Nous avons un Comité <ésotérique>. Il
se compose heureusement encore de trois personnalités,
dont le président déclare publiquement qu'il ne peut plus
travailler avec l'une de ces personnalités. Le 24 juin de
cette année, il y en avait quatre, en mots : quatre ans
depuis que ce conseil <ésotérique> a tenu sa
dernière réunion". (Extrait de mon journal intime de
Dornach. Tirage manuscrit, printemps 1947. Goeth Archive. Cachée de manière semblable que le problème de savoir dans quelle mesure les remarques de Rudolf Steiner sur le « conseil ésotérique » étaient encore valables, une deuxième difficulté subsistait dans un premier temps : la relation tendue entre Marie Steiner et Ita Wegman. Nous avons déjà rencontré les constellations de destin dont ce problème émerge dans le chapitre précédent. Marie Steiner a été intimement associée au fondateur de l'anthroposophie en tant que collaborateur le plus proche pendant les années de reconstruction après le tournant du siècle, en tant qu'âme sœur et épouse. Avec sa question sur la nécessité « d’appeler à la vie un mouvement spirituel en Europe », elle avait engagé tout son travail pour le mouvement anthroposophique au début du siècle.171 Il avait confié l'administration de son leg à elle seule. Elle avait une position exceptionnelle dans les contextes de l'ésotérisme précoce, avait rempli d’une nouvelle vie l'art de formation de la parole et du théâtre au Goetheanum, favorisé de manière significative le développement de l'eurythmie. Elle jouissait de la plus haute considération dans tout le mouvement anthroposophique. L'étroite collaboration de Rudolf Steiner avec Ita Wegman n'a pas remis tout cela en question, mais l’a quand même poussé sous un autre jour. Elle, Marie Steiner, qui avait été la confidente la plus proche de l'initié pendant trois septaines, avait dû endurer le fait qu'un autre humain était maintenant évidemment aussi proche de lui et lui avait ouvert des opportunités qui allaient bien au-delà de ce à quoi avait été aspiré jusque-là. Elle n’a pas seulement été affectée en privé par cela, mais aussi dans sa position dans le mouvement anthroposophique, sa dignité. Comme le montre la lettre susmentionnée de Rudolf Steiner de février 1925, elle s'est sincèrement efforcée d'aborder la nouvelle situation difficile avec compréhension. Pendant plusieurs semaines après la mort de Rudolf Steiner, elle cherche encore des possibilités de coopération/collaboration productive avec sa partenaire de destin, si difficile à supporter, sans succès durable. Ita Wegman se trouve dans une situation intérieure complètement différente. Ses conversations ésotériques avec Rudolf Steiner, qu'il ne pouvait mener qu'avec elle seule, l'ont remplie de la conscience écrasante d'une mission spirituelle intouchable. Elle peut en espérer que les autres membres du « conseil/comité ésotérique » seront capables d'établir à leur manière une relation intérieure similaire à l'enseignant de l'esprit qui travaille maintenant au-delà du seuil, comme elle -même le ressent de toute son âme comme réel. 171 Wiesberger
1988, p.116 s. « Rien n'a changé »,
dit-elle à Martin Münch à Berlin en octobre 1925 en réponse
à sa question de savoir si sa « coopération à
l'admission des membres de la classe » par Rudolf
Steiner a un « caractère testamentaire ».172 Avec
cela ne doit pas être pensé qu'elle se réfère à une
nomination officielle, comme lui a été allégué par la suite.
La réponse est venue de la plénitude du cœur, avec la
certitude intuitive de son accord avec les intentions de
Rudolf Steiner. Elle attend confiante conformément à cela
que le conseil « ésotérique » puisse aussi
continuer à travailler d’un esprit commun. Dans son essai
dans la Feuille d’informations du 26 avril 1925, qu'elle
laisse publier entièrement sous sa propre responsabilité,
sans consultation avec le collège du Comité, elle est allée
jusqu'à considérer le défunt comme le « premier
président », une façon de voir dont l'insoutenabilité
juridique ne
peut lui avoir échappée, mais avec laquelle elle affirme de
tout cœur l'unité espérée au sein du conseil
d'administration. Elle y écrit : « Il était clair pour
nous, qu'il avait choisi comme membre du Comité, que nous
n'étions pas autorisés à quitter le poste déterminé par lui
; il était clair pour nous qu'il était un devoir sacré de
prendre au sérieux ce que le Maître nous avait transmis du
monde spirituel afin de rester groupés autour de lui, de
sorte que bien que n'étant plus physiquement parmi nous, il
puisse encore travailler parmi nous et en nous. Cet état
d'esprit a prévalu en nous. C'est pourquoi nous considérons
toujours Rudolf Steiner comme le premier président au milieu
de notre comité et tous les membres du comité dans les
fonctions dans lesquelles Rudolf Steiner les a
installé ».173 Dans ses contributions bientôt si controversés pour la Feuille d'informations, qu'elle intitule avec la formule « Aux membres » d'après l'exemple de Rudolf Steiner, elle représente vigoureusement les tâches urgentes du futur proche, qui peuvent être abordées courageusement à partir de cette unité. En cela, il lui est pleinement éloigné de prendre en charge pour elle la gestion de l'université. Elle insiste à juste titre sur le fait qu'elle a toujours signé « pour » la direction, au nom de tout le conseil "ésotérique" qui pour elle détient la fonction de direction. Cela correspond - du moins dans un premier temps - à sa pratique d'admission.174 Elle ne s'intéresse qu'aux actes qui sont maintenant à fournir ensemble. 172 M. Münch à
Steffen, 14.2.1926. Goeth Archive. Un « château de Michael » lui est le Goetheanum se trouvant en construction.175 Un « courant de Michael » veut « se vivre par l'anthroposophie dans le développement de la terre...... ». Il s'agit du sauvetage de l'intelligence humaine. « Une image puissante doit émerger, illuminée par les nouvelles impulsions de Michaël, de tout le savoir spirituel anthroposophique qui doivent être relevé de l'efficacité conforme à une secte à l'effet universel englobant tout le monde qui est toujours pendant à Michaël. Dans la société anthroposophique où l'anthroposophie est enseignée, n’ont pas la permission d’apparaitre des îles particulières, mais à cela pourrait être oublié d’accentuer le renforcement de ce savoir avec les impulsions de Michaël »176. Et si dans le cercle des « jeunes médecins » ne s’était pas montré de manière exemplaire où pouvait conduire la confiance que Rudolf Steiner espérait et qualifiait d'indispensable placée concrètement dans le Goetheanum ? Willem Zeylmans en Hollande, Norbert Glas à Vienne, les jeunes médecins d'Arlesheim n'auraient pas gagné une force étonnante pour leur travail externe grâce à la relation de travail ésotérique avec leur chef de section ? Ne pouvait pas être attendu des autres membres du « conseil ésotérique » ce que les jeunes médecins ont accompli avec tant de succès : travail ésotérique énergique basé sur le bien de sagesse mantrique qui leur a été confiée, confiance sans réserve les uns dans les autres et en elle en tant que « co-directeur » de la section, fondé sur une conscience claire de la communauté karmique, travail décisif dans le monde, aussi pour l'anthroposophie en tant que telle ? Il a dû être difficile pour Ita Wegman de comprendre pourquoi elle a rencontré de la résistance. Pourquoi n'a-t-elle pas réussi à réchauffer les membres de la Société anthroposophique et de l'Université dans son ensemble pour ses impulsions sincères ? A-t-elle dû lutter, comme si souvent aussi Rudolf Steiner, contre l'inertie des cœurs ou contre les résistances insurmontables de l'ensemble de la situation temporelle ? Ou est-ce que les difficultés qui s'accumulaient de plus en plus contre elle au cours de l'année 1925 résident aussi dans la façon de son travail ? Dix ans plus tard, Elisabeth Vreede se souvient avoir éprouvé la confiante contribution dans la Feuille d’informations du 26 avril comme extrêmement « tendancieuse ». 175 feuilles,
3.5.1925, p.70. « Par ces mots, écrit-elle, aussi vrais qu'ils aimeraient être, Madame le Dr Steiner a dû se sentir exclue du conseil, voire violé directement dans sa décision de rester quand-même après l'échec de ses tentatives de restructuration du conseil. Par le fait que cet essai de M[adame] Dr. W[egman] seule, est paru sans discussion préalable au Conseil, elle s'est présentée en quelque sorte comme représentante et porte-parole aussi des autres membres du Conseil d'administration, sans qu'ils connaissent l'essai en détail ».177 Il sera rapporté différemment qu’il n’arrivait pas facilement à Wegman de percevoir comment elle a œuvré sur son environnement. Son collègue Oskar Schmiedel, engagé par elle, écrit que c'est seulement après une discussion de plusieurs heures avec Rudolf Steiner qu'il a pu être empêché d'abandonner complètement sa collaboration avec elle.178 Son biographe Emanuel Zeylmans critique chez elle « un mode d'expression peu clair, des déclarations irréfléchies et d'autres manques de formes », une tendance à des accès de colère et un style autoritaire de direction.179 Toutes ces particularités sont contrebalancées par son engagement inconditionnel envers les erreurs et les échecs de ses collaborateurs, son engagement social étendu, sa sureté sur l’avenir (« Je suis pour le progrès ! »).180 Néanmoins, une cécité presque naïve pour certaines situations sociales ne peut être négligée. Rudolf Steiner a formulé la célèbre « devise de l'éthique sociale » pour Edith Maryon : « Salutaire est seulement quand / Dans le miroir de l’âme humaine / Se forme toute la communauté ; / Et dans la communauté / Vit la force de l’âme particulière »181. Ita Wegman a travaillé dans la communauté du conseil « ésotérique » et de la Société anthroposophique avec toute la force de sa grande âme ; laisser se former l'image de la communauté dans le miroir de cette âme lui était difficile. Dans la Société anthroposophique, par exemple, ses lettres « Aux membres » provoquent une gêne considérable à laquelle elle ne peut remédier par des tentatives ultérieures de justification, aussi convaincantes soient-elles.182 177 Vreede
1934. Mais avant tout, de nombreux membres de la Société anthroposophique se sentent irrités par le puissant contenu de ses contemplations. Les habitants de Dornach et quelques autres participants aux conférences de septembre 1924 ont peut-être reconnu ce qu'ils avaient entendu de Rudolf Steiner sur le karma des différents courants anthroposophiques et de leurs opposants, sur les secrets de l'Arthurien et du Graal, sur les expériences communes dans le suprasensible avant leur incarnation et sur les Mystères de Michaël. Mais les transcriptions de ces conférences n'avaient auparavant été transmises qu'à un petit nombre de personnes choisies. Encore longtemps pas elles ne furent pas, comme aujourd’hui, objet de travail de branche anthroposophique.183 Pour la grande majorité des membres, le contenu annoncé par Wegman était complètement nouveau. Très peu d'entre eux avaient réalisé que Rudolf Steiner appelait ses auditeurs à la connaissance de soi, à saisir consciemment leurs impulsions karmiques communes. Pour eux, le soupçon était plus probable que Wegman poursuivait des intentions très personnelles avec une mythologie privée imaginativement gonflée, qu'elle voulait gagner des partisans pour elle-même et ainsi mettait en danger la prise de décision uniforme et urgente du conseil « ésotérique ». Au cours de l'été, alors que se répandaient des rumeurs selon lesquelles elle avait des revendications fondées sur des incarnations antérieures,184 ses efforts sincères furent discrédités, son impulsion enthousiaste empoisonnée.185 Parmi les membres, qui, en mai, avaient accueilli avec soulagement le maintien et la continuité du travail du « conseil ésotérique », des doutes agonisants se firent jour.186 183 Comme J. E.
Zeylmans van Emmichoven l'a découvert, les essais de
Wegman à dix endroits contiennent également des citations
de paroles de méditation que Rudolf Steiner lui a confiées
personnellement au cours de sa dernière année de vie (EZ
II, p. 119). Ita Wegman conclut son grand projet
d'apporter le contenu des dernières conférences sur le karma
de Rudolf Steiner aux membres de la Société anthroposophique
et de les persuader ainsi de travailler ensemble, avec une
vue intime, presque lyrique, des événements historiques
entourant le Temple d'Artémis d'Ephèse, dont Rudolf Steiner
avait parlé lors de ses conférences à Torquay l'année
précédente.187 Beaucoup de choses semblent avoir été
incorporées ici, ce qu'elle doit non seulement aux
transcriptions de la conférence mais aussi à sa conversation
personnelle avec le grand enseignant, peut-être aussi à ses
propres impressions d'une vie antérieure. A partir de ce
moment-là, elle n'apporte plus que des rapports dans les
Feuilles d'information, principalement du travail de sa
section. En attendant, cependant, elle s'en tient à sa
fonction de secrétaire du conseil et avec cela de la
direction de l'université. Elle veille à ce que les demandes
d'admission, qui sont adressées toujours de nouveau à
d'autres membres du conseil, passent par ses mains, s'assure
que les secrétariats des sociétés nationales reçoivent les
listes des membres de l’université et s'occupe de la
correspondance pertinente.188 C'est avec une profonde tristesse qu'Ita Wegman a dû se rendre compte, au cours de l'année 1925, que beaucoup de membres éminents de la Société anthroposophique ne pouvaient pas se joindre à ses impulsions et que ceux qui les défendaient avec empressement n'avaient pas compris sa préoccupation centrale. Entre-temps, cependant, leurs divergences avec Marie Steiner ne pouvaient plus être comblées. Dès les premières semaines qui ont suivi la mort de Rudolf Steiner, tous les efforts de compréhension et de coopération qui ont pu être observés des deux côtés se sont essoufflés, notamment en raison des activités opposées des partisans respectifs. Comment cela s'est produit n'est pas sans signification pour le développement dans le domaine de la première classe de la Freie Hochschule. Nous en revenons donc une fois de plus à la période de transition critique du début de l'été 1925. Dans la distance historique donnée aujourd'hui, deux particularités des deux figures féminines importantes émergent brillamment : la confiance courageuse d'Ita Wegman dans le progrès de la cause anthroposophique ; la clarté sobre de Marie Steiner dans son jugement de la nouvelle situation qui a surgi - en plus du sentiment de tragédie écrasante.189 187 nbl,
25.10.1925. Comme document sympthomatique de cette lucidité peut valoir la lettre importante que Marie Steiner a écrite à Eugen Kolisko immédiatement après l’événement choquant de la mort.190 Dans cette lettre, elle nie d'abord résolument l'existence continue du Conseil, comme Rudolf Steiner l'a compris : « J'ai clairement reconnu que notre Conseil, tel qu'il est maintenant, est orphelin dans sa phase d'enfance, n'est rien ». Elle-même voulait se retirer de ce comité et se consacrer au travail de sa section. A sa place, Maria Röschl, la responsable de la section jeunesse, devrait entrer dans le conseil. Eugen Kolisko devait devenir le premier président. Lili Kolisko est la mieux placée pour diriger l'université. De même, le même jour, Marie Steiner écrit à Albert Steffen qu'elle propose d'élire Maria Röschl au conseil d'administration et poursuit : « Avec un grand sens du bonheur, j'ai découvert un moyen de vous garder[Steffen] au conseil d'administration et en même temps de vous renvoyer. C'est quand Kolisko transfère son efficacité à Dornach et devient le premier président. Il peut parler, il peut tenir, il peut diriger ; il a maintenant montré beaucoup d'énergie et acquis de l'expérience. Il a pénétré profondément dans l'histoire de la société [anthroposophique] ; il a de la finesse et du tact. Donc il pourrait vous être un rempart, et si vous ne l'obtenez pas, nous sommes tous perdus. C'est le seul, il le fera donc. De toute façon, l'institut de recherche devait être affilié à Dornach, de sorte qu'il pourra être transféré. La précieuse force de Mme Kolisko serait aussi nécessaire d'urgence ici ». 191 190 MSt à E. Kolisko, 4.4.1925. Dans : Kolisko 1961, p. 104f. Aussi dans :
MSt 1981, p.92f. Voir l'annexe 6. Tout d'abord, on est tenté de saisir
ces deux lettres comme une réaction spontanée, à ne pas
prendre pleinement au sérieux, aux événements tragiques des
jours précédents : l'arrivée retardée au lit de mort, les
obsèques la veille, alors avant tout, pendant le trajet en
voiture de Bâle au Goetheanum, le vilain différend autour de
la place correcte pour l’urne 192 En y regardant de plus
près, elles se laissent comprendre à juste titre plutôt
comme un témoignage situationnel surprenant de la présence
la plus élevée de l'Esprit. Dans sa lettre significative à
Marie Steiner du 27 février 1925, peu de semaines avant sa
mort, Rudolf Steiner affirmait une fois de plus
affectueusement son profond attachement à sa compagne de vie
et soulignait en même temps une qualité particulière qu'il
avait appris à apprécier en elle pendant toutes ces années
d'étroite collaboration : « Je peux ressentir et penser
ensemble dans le jugement seulement avec toi ».193 Il
écrit ces mots sur son lit de malade dans l’atelier, où Ita
Wegman s'occupe de lui, peut-être même en cette/sa présence.
Si nous prenons sa formulation au sérieux, nous devons quand
même volontiers supposer qu'est jeté ici un coup d’œil vers
une particularité de l'âme qu'il ne trouvait pas ainsi chez
son amie médecin. Cette phrase de poids ne donne-t-elle pas
une raison de comprendre les lettres de Marie Steiner du
lendemain des funérailles comme l'expression de la plus
haute compétence de jugement spirituel ? Ne pourrait-ce pas
être que l’ébranlement de ce qu'elle venait de vivre la
rendait réceptive à des inspirations tout à fait
appropriées, même si tout d’abord elles contredisaient
complètement les idées et les sentiments des acteurs
impliqués ? Eugen Kolisko n'était pas seulement
un médecin éprouvé et un professeur Waldorf actif, un
écrivain productif, mais - pensez à son courageux plaidoyer
pour les impulsions de Rudolf Steiner lors du Congrès
Ouest-Est à Vienne - l'un des représentants les plus
remarquables de l'anthroposophie vis-à-vis du public. Il
appartenait aux sept premiers membres du « noyau »
ésotérique de la Section Médicale et entretenait une
relation de confiance étroite avec Ita Wegman, mais en même
temps, comme le montre la lettre qu'elle lui a adressée,
Marie Steiner lui a témoigné une appréciation étonnante en
raison de son âge relativement jeune. Comme presque personne
d'autre, il aurait été capable de faire preuve de tact entre
les deux. Lili. Kolisko avait travaillé en étroite
collaboration avec Rudolf Steiner dans le domaine de science
de la nature pendant de nombreuses années et avait été loué
à plusieurs reprises par lui pour la détermination
spirituelle de ses approches de recherche. 192 Le résumé
de ces événements par Emil Leinhas (MSt1981, p. 89 et
suiv.) a entre-temps été considérablement élargi et
concrétisé par Heinz Matile (2003), en utilisant les notes
du journal intime d'Albert Steffen. Plus d'informations
dans Vreede 1934. Elle était la seule à qui il avait confié la tâche spéciale de lire les leçons de classe, et elle avait fait ses preuves dans cette tâche. Maria Röschl avait été appelée à la tête de la section jeunesse par Rudolf Steiner lui-même et se trouvait déjà en contact de travail avec les membres du conseil. Rétrospectivement, les propositions de Marie Steiner pour la nomination de nouveaux membres au Conseil de gestion semblent remarquablement appropriées. Cela vaut aussi pour son évaluation de la situation d'Albert Steffen, à laquelle elle voit des charges intolérables dont elle voudrait le protéger.194 Les développements des années suivantes lui ont donné raison sur ce point en particulier. Elle juge aussi ses propres possibilités avec sobriété et précision. Depuis le début du siècle, travaillant de manière désintéressée pour des tâches administratives aux dépens de son travail artistique et complètement surchargée, elle aurait pu se concentrer pleinement sur les fonctions de direction au sein de sa section et, dans une large mesure, éviter les problèmes de communication et de prise de décision inévitablement prévisibles dans la nouvelle situation. On ne peut exclure que ses propositions surprenantes, si elles avaient pu être adoptées à l'unanimité, auraient amorcé un travail de développement raisonnablement calme et constructif dans cette phase de transition critique.195 Dans une lettre supplémentaire à Steffen, Marie Steiner souligne aussi que Kolisko n'était pas fixé unilatéralement et que sa coopération pouvait neutraliser la représentation douteuse de la continuation de Rudolf Steiner, caractérisé ci-dessus par le « conseil ésotérique ». Elle écrit qu'elle restera seulement alors au Conseil « si règne de la vérité et non des cliques avec prise par surprise, du sérieux strict et non de la comédie sentimentale. 194
"Et
pour le plus beau flux spirituel, il n'y a plus que
Steffen. Il doit être protégé du monde extérieur brutal"
(MSt to E. Kolisko, 4,[4. 1925. Dans : MSt 1981, p.92.
Voir aussi l'annexe 6). Cela sera seulement atteint quand parmi les autres raisons que j'ai données pour cela, s’ajoute un non-partisan comme Kolisko, et quand comme premier président on n'appelle pas un esprit que chacun interprète à la façon de son esprit ».196 Eugen Kolisko, contrairement à son épouse ainsi qu'Elisabeth Vreede et Willem Zeylman 197 de nombreuses années plus tard, était initialement tout à fait disposés à accepter la proposition de Marie Steiner, mais seulement à condition qu'elle soit soutenue à l'unanimité par les autres membres du conseil.198 Ce n'est que lorsqu'il s'avère que cet accord ne peut être atteint, que l'idée, soulignée plus tard par Lili Kolisko comme le seul motif de la continuité nécessaire du « conseil ésotérique », gagne l'excès de poids. C'était probablement l'expectative que la démission de Marie Steiner du conseil provoquerait des troubles considérables parmi la majorité des membres de la Société anthroposophique, qu'Albert Steffen et ensuite les autres membres du conseil d'administration - à l'exception de Wegman, qui, comme nous l'avons vu, a prôné la continuation de l'existence du "conseil ésotérique" pour des raisons complètement différentes – laisse rejeter effrayé la proposition de Marie Steiner. Encore le même jour, Steffen a répondu que cette suggestion ne pouvait pas être « mise en œuvre du tout ». « La volonté claire du Dr Steiner en ce qui concerne la composition du Conseil devait être respectée. « Lorsque j'ai informé les membres du conseil de votre proposition conformément à vos souhaits, elle a été décrite comme impensable avant que je ne donne ma propre opinion. Nous vous prions d'y renoncer ».199 Ce vote massif, représenté conjointement par tous les autres membres du conseil, a finalement pour effet que Marie Steiner reste formellement au conseil, mais néanmoins, comme elle l'avait prévu, elle devient active avant tout pour sa section et pour la gestion de la succession. 196 TVA à
Steffen, 5.4.1925. Goeth Archive. En conséquence, elle manque toujours
de nouveau dans les mois et les années suivantes lors des
session du conseil pour raisons de santé et de surcharge, ce
qui entraîne
des problèmes constants de communication, des malentendus et
des opérations de justification correspondantes, ce qui
contribue de manière significative au fait que les
désaccords des premiers jours après la mort de Rudolf
Steiner se poursuivent et s'accentuent. Marie Steiner s'en tient
remarquablement longtemps à sa proposition d'amener les deux
Koliskos à Dornach. Par cela se donne encore une fois
supplémentaire la possibilité d’une issue à la situation
déjà menaçante. Le 12 avril, elle s'entretiendra avec Ita
Wegman et Albert Steffen au sujet de la poursuite de la
première classe. Tout d'abord, elle réitère sa proposition
du 4 avril de confier les heures de classe pressement
attendues à Lili Kolisko, qui a fait ses preuves à
Stuttgart. Ita Wegman ne peut en aucun cas être d'accord
avec cette solution, mais elle cherche une issue pratique et
suggère une sorte de division du travail : Elle-même pouvait
quand même lire les textes des heures et Marie Steiner
pourrait prononcer les mantras. Steffen trouve cela
convaincant. Ce serait, selon lui, « un beau
symbole », à savoir la coopération harmonieuse sous les
yeux des membres. Marie Steiner n'est pas en mesure de
répondre immédiatement à cette proposition, mais elle ne la
rejette pas d'emblée. Elle demande un temps de réflexion.200
Deux semaines plus tard, l'essai de Wegman discuté ci-dessus
apparaît dans la Feuille d’informations, duquel, comme nous
l'avons vu, Marie Steiner doit se sentir impitoyablement
ignorée : ses lettres du 4 avril à Kolisko et Steffen
semblent ici, vis-à-vis des membres, comme ne pas exister,
ses objections à l'idée douteuse de la poursuite du travail
de Rudolf Steiner en tant que premier président du conseil
regardées comme dépourvues d’objet. 200 Dans son
journal, Steffen note : "Discussion du Dr Steiner, du Dr
Wegman et de moi-même à cause des heures de classe. Madame
Dr Steiner suggère Mme Kolisko. Ça fait mal à Mme Wegman.
C'est impossible, aussi. Les gens doivent déjà s'unir
autour du conseil d'administration. Enfin, le Dr Wegman
laisse les sentences Mme Dr Steiner pendant qu'elle prend
elle-même la conférence. J'ajoute : ce serait un beau
symbole. Mais Mme le Dr Steiner veut du temps pour y
réfléchir. "Elle a peur qu'une mort-née spirituelle
émerge." (12.4.1925. Archives de la Fondation Albert
Steffen) Fin mai seulement elle abandonne finalement l'idée qu'Eugen et Lili Kolisko devraient collaborer à Dornach.201 Le facteur décisif à cet égard est très probablement celui de la tentative insupportable dans la forme et le contenu de Walter Johannes Stein et des deux Koliskos de la convaincre que Rudolf Steiner aurait destiné la fonction de direction de la société et l'université à Ita Wegman. Comment cela en vint à cela montre particulièrement clairement que maintenant que les personnalités donnant le ton ne peuvent s'entendre, leurs partisans respectifs prennent l'initiative et sont entraînés dans une action hâtive au vu d’une situation qui leur semble plus menaçante qu'elle ne l'est réellement pour le moment.202. Dans la Feuille d’informations, à l'article de manière si problématiquement confiant de Wegman du 26 avril, suit déjà le 17 mai 1925 sa première lettre « Aux membres ! », avec des directives jointes, qui de manière possible étaient connues de la conférence à Stuttgart. Peu de temps avant, la comtesse Johanna Keyserlingk, qui se trouvait à Dornach à l'époque, était convaincue que la position de Marie Steiner en Allemagne devait être renforcée. Elle a incité le comte Keyserlingk à Koberwitz d’envoyer un télégramme à Stuttgart avec la suggestion que Marie Steiner - qui n'en savait rien - se voit offrir la présidence d'honneur de la Société anthroposophique en Allemagne. En accord avec la comtesse, Mieta Waller-Pyle, colocataire de longue date et amie de Marie Steiner, s'est rendue à Stuttgart pour soutenir cette initiative. Le télégramme est arrivé à Stuttgart le 17 mai. Carl Unger a estimé qu'il était nécessaire de familiariser sans délai l’ensemble des directeurs de branche allemandes, avec la proposition, également par télégraphe. Jürgen von Grone, Walter Johannes Stein et Eugen Kolisko ont déclinés cela. Kolisko s’est exprimé indigné que Unger n'ait pas dit un mot sur l'importante lettre aux membres de Wegman dans la soirée de branche, alors qu'il en a lui-même parlé pendant deux heures. « Il pleut ! Il pleut » (NDT : «Es strömt! Es strömt!» « Il y a du/des courant/s ! » serait peut être plus juste), aurait il crié informe Marie Steiner d'un ton critique Probablement déjà le lundi 18 mai, Eugen et Lili Kolisko et Walter Johannes Stein se rendront à Dornach pour convaincre Marie Steiner de la justification de la prétention d'Ita Wegman à la direction. 201 MSt
à Steffen, 28.5.1925. Dans : MSt 1981, p.107. La conversation du lendemain matin dure cinq heures.203 La façon dont elle s'est déroulée en détail n'émerge pas des sources. On ne sait pas non plus si la visite spontanée avec Ita Wegman a été convenue. Ce n'est probablement pas le cas. Il n'y a pas de témoignage authentique que Wegman n’ait jamais prétendu avoir été nommé par Rudolf Steiner comme seul directeur de l'université. Elle supposait - comme nous l'avons vu - que même sans la présence physique du Maître, le « conseil ésotérique » serait d'un seul esprit avec elle ; au moins elle espérait avec confiance qu’il pourrait l’être. Elle ne s’est jamais référée non plus aux conversations intimes de Rudolf Steiner au sujet de leur karma commun. Il lui était complètement éloigné d'en tirer des revendications de pouvoir. (Plus tard, lorsque par des amis anglais lui sera suggéré de faire usage des notes qui en découlent, elle s'est clairement dissociée d'une telle approche).204 Ainsi il ne pouvait pas lui être imputé de mettre Marie Steiner sous pression de quelque façon que ce soit. Mais c'est exactement ce que font les trois jeunes visiteurs ce matin fatal. Nous avons la permission de supposer qu'ils ont argumenté de façon très similaire, au moins le plus fougueux d'entre eux, Walter Johannes Stein, comme celui-ci et Eugen Kolisko l'ont fait vis-à-vis d’Albert Steffen deux semaines plus tard, après la première heure de classe dornachoise de Wegman. Steffen a soigneusement retenu, séparée de son commentaire sur cela, les formulations décisives de Stein et Kolisko dans cette conversation étroitement chronométrée : 203 D’après Colazza, qui s'en souvient plus de vingt ans plus tard, la conversation n'a eu lieu qu'en juin. Mais la lettre de Marie Steiner à Steffen le 28 mai contredit cette affirmation, dans laquelle elle renonce clairement aux Koliskos. La déclaration de L. Kolisko selon laquelle la rumeur de l'offre de la Présidence d'honneur avait été la raison du voyage à Dornach suggère également un rendez-vous immédiatement après le 17 mai. Une note de journal d'Albert Steffen du 21/22 mai indiquant que Marie Steiner avait rejeté cette offre, et une autre du 22 mai qui semble se référer directement à la conversation fatidique ("... hier (après les pourparlers avec Stein et Kolisko)...."), exclue une date postérieure au 20 mai. Le 21 mai, Marie Steiner a remis à Steffen son "Message privé", daté du 19 mai, pour publication dans la Feuille d’information (Archives de la Fondation Albert Steffen). 204 IW à W. J.
Stein 9 janvier 1935, SR III, 5,112 f. Voir aussi Selg
2005 a, p. 161. que Wegman avait « non la
direction comme secrétaire responsable, mais comme directeur
ésotérique effectif », que l'autorisation de tenir des
heures de classe ne pouvait venir que d'elle, « mais
pas du conseil », et qu’elle, parce qu'elle tient
l'école de Michael, serait aussi « le directeur
spirituel de la société » (voir annexe 12). Les mêmes
formulations ou des formulations très similaires peuvent
avoir déjà joué un rôle décisif dans la conversation avec
Marie Steiner. Stein et Kolisko se sont sentis poussés à
prendre des mesures décisives par la situation globale de
plus en plus critique et surtout par l'offensive du comte
Keyserlingk, que Carl Unger avait si spectaculairement tenté
de soutenir. Ils n'ont pas vu qu'ils devaient finalement
désavouer par leurs actions, l'espoir d'Ita Wegman d'une
« harmonie des cœurs » prometteuse dans le
« conseil ésotérique ».205 La tentative de Stein
de légitimer ses représentations par des références aux
relations karmiques entre Rudolf Steiner et Ita Wegman a
plutôt été accessoire. Marie Steiner rapporte plus tard,
qu’elle aurait dit : « Cela ne m'impressionne pas
du tout ». 205 W J. Stein
a regretté son inconsidération bien plus tard. Dans
l'ébauche d'une lettre à Marie Steiner, qu'il n'a pas
envoyée, il laisse entrevoir que Rudolf Steiner aurait eu
l'intention de convaincre Marie Steiner de la nécessité
d'accepter Wegman comme sa successerice immédiatement
avant sa mort. Il écrit : « Ce qui a suivi a été
tragique. Je m'en souviens ainsi : le Dr Steiner avait
l'intention de régler maintes choses. Mais il voulait
régler ça avec vous personnellement. Nous le savions parce
qu'il l'avait dit à Madame le Dr Wegman et qu'elle l'a dit
à quelques amis. Mais - ainsi je me souviens de l'avoir
entendu de vous -même- La voiture qui devait vous ramener
de Stuttgart a été retardée. Votre arrivée a été retardée
et la conversation avec vous, dont dépendait tant de
choses, n'était plus possible. / Nous avons alors agi
[après la mort de Steiner], en nous faisant l'avocat d'une
chose qu'il s'était réservé pour lui-même. C'est je crois
le point où Madame le Dr Wegman et nous manquions. Ainsi
je le vois aujourd'hui. Nous voulions encore faire aboutir
d’une quelque façon ce que seule la sagesse et la bonté du
Dr Steiner pouvait réaliser » (Stein à MSt 30. 3.
1948. Archive Nachl. Avec une formulation différente dans
MSt 1981, p. 142). Pourtant, elle se sent placée sous une pression extrême par l'enthousiasme et le zèle des trois visiteurs. Avec les larmes aux yeux, elle prie Lili Kolisko d’assumer la lecture des leçons à Dornach. (Il se peut qu'il ait déjà été convenu par le conseil à ce moment que - comme nous en discuterons plus tard - Wegman devrait tenir une classe à Paris pour la première fois, et alors aussi à Dornach). Une entende ne fut pas atteinte. Marie Steiner écrit une
« communication privée » aux membres de la Société
anthroposophique, dont elle date la version finale du 19
mai, la date la plus probable de la discussion avec les
visiteurs de Stuttgart.206 Elle établit/constate, saisissant
sa décision du 4 avril : « Ce n'ai pas mon intention de
participer maintenant immédiatement activement à la
direction de la Société. Pour cela des forces plus jeunes
sont là ». Elle voulait se concentrer sur le travail
dans sa section et sur la supervision de la succession des
écrits de Rudolf Steiner. Elle rejette l'offre d’une
présidence d'honneur. (Albert Steffen qualifie cette
décision dans une note de journal quotidien du 21/22 mai 207
de « victoire morale de Madame Dr Steiner ». Dans
les jours qui ont suivi, probablement aussi sous
l'impression d'un article supplémentaire « Aux membres
! » de Wegman dans le bulletin du 24 mai, qu'elle
éprouve comme « démagogique », se consolide chez
elle toujours plus fortement, la représentation qu'elle a
affaire à un véritable complot, une habile conspiration du
« sur-conseil » de Stuttgart, comme elle l'écrit
maintenant. 206 Elle avait
déjà travaillé sur un projet dans les jours précédents. La
"Communication privée" a été publiée dans le bulletin
d'informations du 31 mai. Il y avait là de la stupéfaction, de l'étonnement, même un certain bouleversement. Aucun des membres du conseil présents (et tous étaient justement présent) n'a exprimé le moindre doute quant à l'exactitude de cette réponse par ses paroles ou son comportement ; un tel doute n'était aussi justement dans la situation, purement humainement et objectivement - pas possible. Mme Dr W[egman] a encore dit alors : « Je peux donc vous le montrer par écrit de la part du Dr. si vous le souhaitez ». Avec cela pour tous les présents,
dans la salle protégée du Conseil encore nommé par Rudolf
Steiner, était établi un rapport direct, les concernant tous
les uns les autres aux contenus porteurs d’avenir des
conférences sur le karma de l'année précédente. Personne
n'aurait pu douter de la réponse très simple de Wegman.
« Aussi Madame Docter St[einer] », écrit Vreede,
« a été, au premier moment où les paroles affirmatives
du Dr Wegman sont tombées avec une calme certitude,
stupéfaite, elle a été incertaine pendant un moment - je ne
pouvais pas comprendre de quoi il s'agissait à
l'époque ». Elle se serait alors « mi-plaisantant,
mi-embarrassée », aidée à surmonter la situation avec
une remarque dédaigneuse.208 Il pourrait être oiseux de spéculer
sur ce qui se serait passé si les membres du conseil
rassemblés avaient accepté l'offre de Wegman et prendre
impartiaux de visu les pièces écrites qu'elle avait
strictement tenues secrètes jusque là et nous sont
disponibles rassemblés aujourd'hui dans le quatrième volume
de l'ouvrage biographique d'Emanuel Zeylman. La référence
claire de ces notes aux conférences sur le Karma de l'été
1924 aurait peut-être pu jeter une lumière salvatrice sur la
situation déjà presque totalement désespérée de tous les
participants. Mais cela ne s'est pas produit. Quelques jours
plus tard, Marie Steiner se distancie définitivement des
deux Koliskos. Au cours des mois et des années suivantes, ce qu'elle exprime à partir de maintenant se transforme de plus en plus en représentations-clichés (stéréotypes) déformés accompagnés d'émotions extrêmes, ce qui empêche toute perception impartiale des efforts et des développements de l'autre côté. La faculté de jugement sobre, si affectueusement caractérisé par Rudolf Steiner, qui encore peu de semaines auparavant, ressortait si impressionnant devient de plus en plus troublé. 208 Vreede
1934, p. 9 s. D’après l'insertion dans le journal
quotidien d'Albert Steffen du 3 juin 1925, l'interview a
eu lieu "vers le 26 mai" (archives de la Fondation Albert
Steffen). Vreede le date de "vers la fin de mai". A la lumière des recherches récentes sur les conflits, un stade de division a donc été atteint qui ne peut être inversé sans l'aide d'une tierce partie.209 Ce qui continue à se produire semble inéluctable à partir de là. On aimerait être enclin à chercher la faute chez Marie Steiner et ses amis seuls pour la propagation rapide des rumeurs sur l'incarnation-Alexande de Wegman, par laquelle a définitivement été empêché une solution à la crise de mai 1925.210 Mais il y a de clairs indices pour que la pression à laquelle Marie Steiner s’est vue soumise ne parti par aucun chemin seulement d’elle et de son antipathie seulement trop compréhensible contre Wegman. Certes Walter Johannes Stein et Eugen Kolisko, qui avaient déjà reconnu au cours de l'été 1924 que Rudolf Steiner avait indiqué sur des pendants avec sa propre personne dans les conférences sur le karma, 211 et Wilhelm Rath, qui était arrivé à la même vue d'une manière des plus étrange et humainement mouvante indépendamment de cela, avait d'abord gardé le précieux secret pour soi.212 Probablement qu’un petit cercle de jeunes médecins avait alors été placés en connaissance de cela par Kolisko.213 Et comme le montre une lettre de Kurt Walther à Marie Steiner, l'ensemble du « Cercle ésotérique de la jeunesse »214 en a été informé en mai 1925 au plus tard.215 209 Énoncé avec
Friedrich Glasl, c'est l'entrée dans la "zone diabolisée"
de l'escalade du conflit (Glasl 1990, p. 284). Les exposés de Wegman sur les mystères d'Ephèse, d'Aristote et d'Alexandre dans ses lettres « Aux membres ! »dans la Feuille d’informations du 24 mai culmine dans l’appel : « Préparez-vous, vous les plus jeunes. »216 Il est difficile de se représenter que les membres du cercle de la jeunesse, dont plusieurs étaient actifs à l'école Waldorf de Stuttgart, gardent entièrement pour eux leur enthousiasme de jeunesse pour l'idée d'une campagne spirituelle modelée sur les actes héroïques d'Alexandre le Grand sur leurs lieux de travail respectifs et n’en aient pas fait la publicité. Les conflits bien connus entre les générations à Stuttgart à cette époque ont probablement intensifié encore plus l'enthousiasme. Cela aussi appartient au contexte des événements tragiques qui ont suivi la mort de Rudolf Steiner. La situation intérieure dramatique dans laquelle Walter Johannes Stein et Eugen Kolisko en particulier se sont trouvés après la mort de Rudolf Steiner devient plus facile à comprendre quand on réalise comment les allusions au destin commun du couple d'amis paradigmatiques leur sont devenues transparentes en premier progressivement dans les conférences sur le Karma de 1924. Emanuel Zeylmans, qui a pu avoir un aperçu des journaux intimes de Stein, qui ne sont actuellement pas accessibles pour la recherche, écrit à ce sujet : Les journaux intimes de Steins de
1924 et 1925 montrent qu'il a effectué les exercices de
karma du 9 mai 1924 sous la direction de Rudolf Steiner.
Après les conférences de Steiner sur le karma du 28 juillet
et du 1er août 1924 (GA 237), il se tourna vers Ita Wegman
pour savoir si les déclarations de Steiner sur Aristote et
Thomas von Aquin se réfèrent sur celui-là même - ce qui lui
était devenu évident lors de ses exercices. Après avoir
consulté Steiner, Wegman lui a confirmé cela. Là-dessus
Stein a dirigé ses recherches occultes sur la question de
savoir quelle individualité Rudolf Steiner identifiait à
Alexandre de Macédoine. Au cours de l'hiver 1924-1925, il a
eu des discussions répétées avec Wegman à ce sujet, qui,
encore une fois après consultation de Steiner, ont été
réorientés par Wegman, lui - Stein - ne devrait pas
concentrer ses enquêtes/examens sur l'époque d'Alexandre,
mais sur le neuvième siècle après le Christ. 216 Feuille
d’informations, 24 mai 1925, p. 83. Le 20 avril 1925, après une conversation avec elle, s’ouvre à lui la connaissance du karma d'Ita Wegman.217 Stein nota là-dessus dans son journal quotidien : 20.IV.1925 Conversation merveilleuse avec Mme Dr Wegman. Le plus jeune Dominicain p. 18 21 VIII 1924 [maintenant GA 240, p. 129, voir aussi la conférence de Steiner du 1. 7. 1924, GA 237, p. 28] est Alexander, le plus vieux Thomas. Alexandre a dû surmonter un combat avec des démons avant qu’il arrive en descendant d'Alanus à Thomas. [...] Donc Wegman est Alexander. Le Dr[Steiner] envoie maintenant le reste de son être aux anthroposophes afin qu'il s'incarnerait. Nous sommes tous seulement incarnés à moitié. Je lui ai promis la fidélité avec une poignée de main quand j'ai reconnu qui elle était.218 Il se laisse penser quelle impression écrasante dans la situation déprimante/oppressante trois semaines après la mort de Rudolf Steiner, la nouvelle découverte a déclenchée chez Stein et son ami Kolisko. « Wegmann es donc Alexandre ! » L'enthousiasme avec lequel ils répondent tous les deux aux lettres qu'Ita Wegman a écrites « Aux membres ! » quatre semaines plus tard, leur prise en charge de l'impulsion ardente de la volonté qui ressort de ces lettres, est seulement trop compréhensible. Tous deux oubliaient que les projets d'aujourd'hui ne peuvent se justifier en s'appuyant sur les actes d'une vie antérieure. Rudolf Steiner le soulignait déjà en 1912 - ce qui n'était pas conscient aux deux - avec des paroles d'avertissement : « Un principe important dans le développement occulte est de ne s'attacher aucune valeur autre que celle qui provient des prestations dans le monde physique au sein de l'incarnation actuelle ».219 En regardant en arrière sur tous ces événements, il est frappant à quel point se comporte, prudente et réservée face au conflit en cours entre les deux grandes dames, la troisième figure significative de ces jours dramatiques : Albert Steffen. Steiner a admiré et apprécié l’engagement désintéressée pour la rédaction de l'hebdomadaire, mais avant tout sa spiritualité particulière et son génie de poète. 217 EZ III, 5
175 s. Il a encore eu de longues conversations avec lui au lit de malade, finalement sur le mystère de l'inspiration des esprits pionniers de l'âge de l'âme de conscience par Christian Rosecroix.220 Quand Steffen est maintenant défié à de nouvelles tâches après le départ du grand maître, il adhère strictement à son principe de ne pas s'immiscer dans la liberté de qui que ce soit. D'autre part, il est frappant qu'il oppose à la prétention de Wegman à la direction, affirmée par Stein et Kolisko, une résistance persistante, quoique silencieuse. La raison en était une conversation avec Wegman immédiatement après la mort de Steiner, à laquelle Steffen attachait un grand poids. Il est difficile d'interpréter ses notes de journal quotidien de façon exhaustive. Wegman et aussi Steffen lui-même ont été chargés au plus extérieur par les événements de la maladie et la catastrophe de la mort qui s'est finalement produite malgré tous les espoirs. Ce qui est dit dans une telle situation, alors que le défunt est encore allongé exposé dans la pièce voisine, ne peut prétendre à une validité objective sans plus. Indéniables est dans le rendu de Steffen l’effort deWegman pour rendre proche aux compagnons et collègues du « conseil ésotérique », ce que le grand enseignant lui a confié depuis les conversations à Pentnaenmawr au cours de l'année écoulée sont indubitables, quels espoirs il a placé en elle et quels chemins d’exercices exigeants il a essayé de parcourir avec elle, tout cela donc que nous avons devant nous aujourd'hui en détail grâce à la recherche d'Emanuel Zeylmans, mais qui doit paraître particulièrement étrange à l'interlocuteur et ne peut pas le convaincre. Justement aussi clair est aussitôt qu'il s'agit d'un aveu d'échec. Elle serai » "responsable/coupable" parce qu'elle « aurait été incapable à la promotion/l’ascension ».221 La scène de cette « confession » a quelque chose de sinistre en soi. L'incident étrange et mystérieux est comme une ombre sur le comportement de Steffen envers Wegman jusqu'à sa mort. Il attend constamment à ce qu'elle admette de manière autocritique qu'elle ne peut pas être considérée comme un successeur possible de l'initié parce qu'elle n'aurait pas atteint « un certain stade/niveau ». 220 Voir le
regard rétrospectif de Steffen dans Das Goetheanum, 12
avril 1925, p. 114. Encore lors de la réunion des secrétaires généraux et du Conseil en novembre 1930, où Steffen se voit dans la nécessité d’un mot ouvert sur l’état des faits,222 ce reproche tut des années durant joue un rôle. Albert Steffen pouvait seulement laisser valoir Ita Wegman comme « secrétaire » du conseil. En décembre 1925, après de longues hésitations, Albert Steffen, suivant les nécessités du droit suisse des associations, prend la fonction de premier président de la Société anthroposophique (NDT : nottons en passant que, littéralement, le mot « Vorsitzende » se traduirait « celui qui siège devant »). Ce faisant, il déclare expressément qu'il n'aurait pas pris en même temps la direction de l’université libre de science de l’esprit, « car elle consiste justement dans les sections. Là chacun doit être responsable pour lui-même ».223 Malgré tout, la question de la direction de l’Université se pose nouvellement. En janvier 1926, Wegman tente encore une fois de parvenir à un consensus en proposant que Marie Steiner puisse faire revivre l'ésotérisme des premières années aux côtés de l’« Ecole de Michael », pour laquelle elle se considère toujours comme avant avoir été nommée/instituée par Rudolf Steiner. « Il se produirait immédiatement un grand calme si elle rassemblait de nouveau autour d'elle tous ceux qui étaient là à ce moment-là, et encore ceux qu'elle voudrait avoir avec elle. L'ensemble de la société serait immédiatement à nouveau solidement liée si ce qui a fleuri jadis d'ésotérisme et ce qui [sera] voulu avec l'école de Michael peuvent coexister pacifiquement, en se soutenant et en se stimulant mutuellement ».224 Mais déjà au début du mois de février, elle reconnaît sans réserves Albert Steffen comme directeur de l'Université. « J'aimerais », dit-elle lors de la réunion turbulente des membres de la classe le 7 février 1926 à Dornach, où elle se voit confrontée à des reproches massifs, « avec cela exprimer clairement que je reconnait pleinement et entièrement Monsieur Steffen dans sa fonction de 1er Président de la Société dans tous ses droits et responsabilités, et que je tiens pour évidant qu'il dirigera désormais l'école Michael et pore aussi toute la responsabilité pour cela. »225 222
Protocole
p. 235 et suiv. Goeth Archive. En conséquence, elle transfère à partir de la - tout d’abord – les demandes d’admission à Steffen.226 A partir d'avril, les cartes bleues de l'université seront signées conjointement par Albert Steffen, Marie Steiner et Ita Wegman, « les membres du Conseil tiennant des heures de classe ».227 Dans le cours dramatique de ces événements, devient saisissable maintenant lors d’un exament plus exact, comment la nouvelle forme des leçons de classe s’en développe. Ita Wegman, visiblement ennuyée qu'elle n'ait pas été impliquée dans la détermination du programme du premier congrès de Pâques au Goetheanum après la mort de Rudolf Steiner, critique chez Albert Steffen, qu'aucune leçon de classe n'est prévue, autrement que l'année auparavant. « Les membres », écrit-elle, « s'attendaient à cela ; on aurait bien pu lire une conférence d’heure de classe du docteur ».228 Déjà ici se montre comme est devenu évident que des leçons de classe seraient à tenir sous forme de la lecture à haute voix. Dans des notes préparatoires aux heures de classe que Wegman a tenues à l'extérieur de Dornach au cours de l'été 1925, se trouve alors la constatation encore plus claire : « Cela pourra seulement être lu à haute voix, mes chers amis, parce que par là, les paroles de Michael vous seront reproduites inchangées, tout comme le Dr Steiner les a prononcées ».229 Wegman ne donne ici aucune autre justification argumentative supplémentaire. Ce qu'elle écrit correspond au sentiment général qui s’est installé entre temps dans le souvenir plein de piété à la splendeur de 1924, et peut-être aussi de l'expérience/du vécu de l’impressionnante activité de lecture de Lili Kolisko. Que là dedans pourrait reposer un problème ne sera pas vu, bien que Wegman écrit finalement : « Pour la première fois, une loi a été enfreinte avec cela : à savoir que de l'ésotérique a été directement inscrit/prescrit. Il n'a jamais été coutume, pas même dans les temps anciens, que la sagesse ésotérique soit transmise par l'alphabet/écriture de lettres. C'était toujours par tradition orale que l'ésotérique a été annoncé ». 226 Voir, par
exemple, Walter Aerni ( ?) à Steffen, 22.2.1926. Goeth Archive. Elle ne fait aucune mention du fait que Rudolf Steiner a strictement refusé jusqu'à la fin de transmettre les transcriptions des leçons de classe pour la lecture ou même pour la lecture à haute voix, ou qu'il a lui-même ordonné à plusieurs reprises pendant les leçons que les notes devraient être brûlées au plus tard après huit jours.230 Ce n'est que dans sa lettre de justification à Albert Steffen du 16 mars 1926 que se trouve l’indication que Rudolf Steiner aurait décliné des demandes de différents côtés pour être autorisé à lire les textes à haute voix, comme Mme Kolisko.231 La pensée qu'une heure d’enseignement de l’Université dans le sens de l'ésotérisme vivant des années précoces et aussi des heures de classe elles-mêmes, qui prennent donc chaque fois des formes complètement nouvelles dans les leçons de répétition et les leçons en dehors de Dornach, pourrait être créée de l'intuition d'esprit actuelle, recule complètement derrière la possibilité de s'appuyer sur une tradition sacrée sous la forme des textes reçus. Ce n'est que des années plus tard qu'Ita Wegman envisagera des pensées divergentes et conduisant plus loin. Pour l'instant, il reste seulement la possibilité d’exécuter la lecture des textes à haute voix avec la plus intime participation intérieure. « C'est pourquoi nous devons aborder ces heures de classe avec beaucoup de chaleur, beaucoup d'enthousiasme, pour rendre de nouveau aussi vivant ce qui se tient maintenant écrit là comme cela l’a été quand cela coula par la bouche du grand Maître et nous a été donné. Et ainsi j’aimerai en appeler à votre chaleur de cœur, à votre plein enthousiasme, à participer et à vivre dans cette heure d’une façon et dans une mentalité correcte ».232 Une divergencetrès similaire
se montre chez Marie Steiner entre la pratique éprouvée
seule possible de la lecture et les intentions originelles
de Rudolf Steiner. Probablement au printemps 1926, alors
qu'elle prépare une adresse pour les membres de la classe,
elle écrit dans son cahier de notes : « .... il s'est
défendu très énergiquement contre ce que ces transcriptions
soient données à lire à quiconque, et serait-ce même aux
plus éminents porteurs du travail à l'étranger, s'ils
venaient à Dornach pour une courte période et voulaient les
lire dans notre maison : <elles n'existent pas du
tout…>, ainsi s'exprimait-il entièrement décidé. Si je
réalise ce que ces mots signifient pour moi, j'arrive au
résultat suivant : Cela ne reposait pas dans
l’orientation/la direction de sa volonté que ces conférences
soient lues à haute voix ». 233 230 GA 270/3,
P.45, 63, 83, 103, 122, 122, 127. Un regard dans les considérations
encore inédites qui se rattache à cette constatation montre
comment Marie Steiner s'efforce d’amener en accord le rejet
abrupt de Rudolf Steiner avec ses souvenirs à tout ce qu'il
lui a dit sur la manière appropriée de traiter les mantras
des leçons de classe (voir Annexe 8). Néanmoins, elle aussi
considère la lecture comme le seule chemin tout d’abord
praticable. C’est dans ce contexte qu’est à voir la décision d'Ita Wegman de lire elle-même pour la première fois une leçon de classe de Steiner Rudolf aux membres de l'université, le 25 mai 1925 à Paris, à l’occasion de l'Assemblée générale de la société de pays de là-bas. Selon Elisabeth Vreede, elle a informé ses collègues du collège immédiatement avant son départ qu'elle avait l'intention « de tenir là, pour la première fois, une leçon de classe, à la manière d’un exercice, dans un cercle petit et lui étant de mentalité sympathique ».234 En tout cas, elle ne s'est pas heurtée à la résistance de ces collègues, y compris Marie Steiner, lorsqu'elle a décidé de lire aussi à Dornach après son retour. Albert Steffen, qui - comme il s'avère plus tard - a de fortes réserves contre cela, l'introduit le 4 juin 1925 avec des mots neutres et amicaux aux membres réunis dans la menuiserie, accentuée non comme directrice de l'université, mais comme « secrétaire » (si c’est de l'université ou du Conseil, reste en cela peu clair aux auditeurs).235 234
"Malheureusement, d'abord", ajoute Vreede, "alors que Mme
Dr Steiner avait déjà quitté l’atelier." Mais elle,
Vreede, pensait qu'elle en avait entendu parler par
Steffen ou Wachsmuth, "sinon elle n'aurait pas gardé le
silence à ce sujet plus tard, et probablement pas non plus
approuvé la première leçon de Dornach[tenue par Wegman], à
laquelle elle a participé dans une attitude de
protestation" (Vreede 1934, 5. 15). D’après une note dans
le journal d'Albert Steffen, Marie Steiner a été persuadée
de participer par la
conversation intime, rendue plus haut, avec le cercle du
Comité, qui a eu lieu le 26 mai. (Voir ci-dessus p.98,
note 208.) D'un échange de lettres avec Alice Sauerwein
(A. Sauerwein à E. Vreede, 8.5.1925,IW à A. Sauerwein,
14.5.1925, Archive IW. Aussi dans EZ III, p. 165 et
suiv.), il semble que Marie Steiner ait au moins envisagé
de voyager à Paris avec Wegman, et que la lecture de
l'heure de classe n'était pas au centre de la réunion,
mais plutôt en périphérie d'une conférence d'Elisabeth
Vreede. Avec cela la pratique de la lecture à haute voix est aussi établie au centre de l'université. D'une conversation entre Emil Leinhas et Walter Johannes Stein, qui a peut-être déjà eu lieu en mai 1925, nous apprenons que le Conseil avait décidé que « chaque membre du Conseil, à l'exception du Dr. Wachsmuth qui est trop jeune, devrait être justifié de tenir des heures de classe à l’intérieur de sa section ».236 Marie Steiner tient sa première heure de classe pour la fête du premier anniversaire de la mort de Rudolf Steiner, le 30 mars 1926, sous prise en compte d’éléments rituels du vieil ésotérisme.237Albert Steffen commence probablement au début du mois d'avril 1926. 236 W. J. Stein
à 1W, non daté. Archive IW. Il a obtenu les textes des heures de classe le 8 mai par Marie Steiner 238 et est maintenant - après une courte hésitation - prêt à lire la première heure dans le cadre du Congrès de Pâques : « J'ai lu le texte, sans les signes ». 239 Dans une lettre à Steffen, Wegman fait référence au fait qu'il avait été convenu au printemps 1927 que Steffen devrait lire pour tous les membres de la classe présents lors des Congrès au Goetheanum, Wegman et Marie Steiner seulement dans leurs cercles respectifs. Steffen, cependant, avait déjà de nouveau annulé cette séparation de secteurs le 4 avril.240 Au début de février 1926 Steffen justifiait encore son hésitation par le fait qu'il n'était pas suffisamment informé sur l'ésotérisme du cercle des jeunes de Stuttgart,241 du cercle interne de la Section Médicale et du corps enseignant de l'Ecole Waldorf de Stuttgart. « Je peux seulement assumer l'école moi-même quand j'embrasse tout du regard. Les cercles secrets dont je ne sais rien de ce qui se passe. Je ne les (re)connait pas, ainsi je ne peux pas agir librement ».Valait quand même la déclaration de Rudolf Steiner que « progressivement tout l'ésotérisme avait à s’élever dans l'école de Michael ».242 238 Journal de
Steffen, note du 10.3.1926. Archives de la Fondation
Albert Steffen. Ita Wegman forme « un état dans
l'état, tout comme l'ésotérisme de l'école Waldorf et
l'ésotérisme de l'école Waldorf, de la Société
libre ».243 Aussi lors de la réunion des membres de la
classe le même jour, il s'exprime en ce sens : « Je
peux seulement prendre la direction de l'école de Michael
quand j’embrasse reès exactement du regard tout ce qui est
en ésotérique dans la société ».244 Et avec une audace
étonnante, Albert Steffen, qui est habituellement si
sensible et prudent - du moins pour lui-même - envisage une
conclusion radicale à un stade de développement si précoce :
« A partir de maintenant, il n’y absolument plus de
permission d’aucun ésotérisme. Tout est devenu
publique ».245 Une autre note de 1928 montre que de
telles pensées dans l'œuvre d'Albert Steffen ne proviennent
pas d'une humeur temporaire, peut-être pessimiste, mais
plutôt qu'il y réfléchit longtemps et les associe à des
espoirs particuliers pour l'avenir : 243 Journal
Steffen, 7.2.1926. Archives de la Fondation Albert
Steffen. Et ça pourrait faire pousser l'ésotérisme sur la base vraie, des cœurs pénétrés du christ éclairant et réchauffant. /Il germerait vers en haut peut-être alors de nouveau un nouveau contenu de la section générale qui pourrait y être représenté. Ces conférences devraient alors être accessibles à tous les membres. Et il pourrait y avoir des membres individuels avancés qui parlent dans cette section. / Je vais moi-même commencer avec une telle conférence. / Alors, la classe recevra de nouveau du contenu. / Le contenu de cette conférence doit être : Sur l’ambiance du cœur qu'il faut gagner avant de vouloir faire de la recherche. ... (J'ai alors l'intention de parler de la différence entre le sacrifice d'Abraham et celui de Melchizédek dans la première heure ésotérique que je tiendrai.) »248. Dès 1925, Ita Wegman lisait elle-même des heures de classe à Stuttgart,249 à Cologne,249 à Hambourg, Prague et Vienne,251 à partir du 28 juin 1925, régulièrement, avant tout en Angleterre, en communication permanente avec Harry Collison et George Kaufmann, les personnes de confiance là-bas, 252 en même temps aussi en Hollande. Comme motif central dans les explications introductives de son activité de lecture semble être l'affirmation qu'il s'agit maintenant avant tout de « garder » le bien de sagesse reçu et de « répéter » la formulation de Rudolf Steiner. Comme elle l'écrit dans la Feuille d’informations du 14 juin 1925 : « Il était clair pour nous[le conseil] qu'il était nécessaire pour l'instant de garder l'ésotérisme qui a été donné et d'amener les forces qui se trouvent dans cet ésotérisme à l’œuvre de manière vivante parmi les membres par la répétition ».253 Pour les premières heures à Prague et à Londres, elle note : « Il nous était conscient que par cette continuation de l'ésotérisme ne pouvait pas être donner quelque chose de nouveau dans l'ésotérisme. La suite devait être comprise dans le sens que la sagesse donnée serait gardée de la bonne manière ; que la répétition des leçons de classe déjà données se passe de la façon correcte. ... 248 Journal, 28
janvier 1928. archives de la Fondation Albert Steffen. Les
paragraphes sont marqués avec /. A partir de cette situation, me revient avec l'accord des autres membres du Comité de Dornach, le devoir de m'assurer que ce que le Dr Steiner a transmis aux membres de la première classe de l'Université pour la science de l’esprit soit gardé et répété ».254 Dans une première lettre de justification à Albert Steffen en août 1925, la raison impérieuse de son attitude plutôt rétrograde et conservatrice devient évidente : « Depuis que le Docteur a dit et répété toujours de nouveau que l'école de Michael a été instituée par le monde spirituel et n'était pas une institution humaine, je me sentais engagé par le monde spirituel et n'avais aucune justification pour permettre que des changements se produisent après la mort du Docteur. La question pour moi était seulement ceci : puis-je, en tant que deuxième directeur, après que le premier, le directeur principal, ne pouvait plus diriger directement, protéger l'école en tant que telle et continuer la direction dans le sens que la sagesse de l'école de Michael, qui a été donnée par le Dr Steiner dans les heures de classe (dans l'école de science de l'esprit), soit répétée ? »255 Seulement plusieurs années plus tard Ita Wegman remettra en question cette position. Il est difficile de dire si l'instruction de Rudolf Steiner à Helene Finckh, la sténographe, de transmettre les transcriptions des textes de classe à Wegman,256 voulait garder ouverte pour un avenir plus lointain la possibilité qu'à côté de Lili Kolisko aussi le « second directeur » nommé par lui pourrait transmettre le contenu des leçons ésotériques par le chemin de la lecture, ou aussi des personnes supplémentaires.257 Pour quelques années, l'enseignement du contenu de la classe par la lecture s'est établi dans plusieurs pays européens ; en Angleterre et en Hollande principalement par Ita Wegman, en Scandinavie principalement par Marie Steiner, en Allemagne par les deux. 254 EZ III, p.
63 et suiv. Un événement particulier dans
l'histoire du travail de l’université est le Congrès d'été à
Riiig, Hedemark (Norvège) en 1934 est à relever, où Marie
Steiner a lu toutes les dix-neuf heures de classe.258 Sur
l'insistance de divers membres, en particulier Helga
Geelmuyden en Norvège, des discussions ont eu lieu au début
des années 1930 sur la question de savoir si les textes
devraient être lus à haute voix à un plus grand groupe de
personnes. Marie Steiner a plaidé pour l'inclusion d'au
moins quatre des collaborateurs éprouvés qui avaient été
mandatés par Rudolf Steiner lui-même pour la transmission
des mantras : Adolf Arenson, Harry Collison, Helga
Geelmuyden et Anna Gunnarsson Wager. Ita Wegman, d'autre
part, a décidé de réduire le cercle et de limiter le
privilège de la lecture – il s’agit maintenant de cela - aux
membres du conseil de Dornach.259 Mais Marie Steiner avait
déjà transmis des conférences de classe particulières à Anna
Gunnarsson en Suède en 1926 pour la traduction préparatoire
et alors, en 1929 aussi pour la lecture à haute voix, dont
Helga Geelmuyden en Norvège avait probablement eu
connaissance, et un groupe plus important de membres de la
classe de Stuttgart avait demandé la permission pour Adolf
Arenson.260 L'objectif de Wegman de limiter le privilège de
lecture au cercle des membres du conseil ne pouvait pas être
maintenu.261 Marie Steiner a transmis les textes à des
responsables de classe particuliers,262 plus tard aussi Ita
Wegman. 258 Helga
Geelmuyden à MSt, 18. 2. 2. 1934, au sujet de son plan, de
« rassembler » autant que possible d'"étudiants
de l'école ésotérique.....". dans un endroit rural pendant
trois semaines pour travailler toutes les heures de
classe." Archive Nachl. |